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| La
mer
de Chine s'étend sur une vaste zone du Pacifique
occidental et se divise en deux grands ensembles : la mer de Chine orientale,
au Nord, et la mer de Chine méridionale séparée de la précédente
par Taiwan et le détroit de Taiwan. Elle est
délimitée par des arcs insulaires, des péninsules et des plateaux continentaux
qui déterminent des paysages maritimes contrastés.
La mer de Chine dans
son ensemble est aujourd'hui l'une des régions maritimes les plus stratégiques
de la planète, où concentre une part essentielle du trafic mondial, notamment
pour le pétrole venant du Moyen-Orient et destiné à l'Asie oriental,
et qui constitue aussi un espace de confrontation entre logiques de puissance,
où se mêlent ambitions nationales, enjeux énergétiques et contrôle
des flux maritimes.
Carte de la mer de Chine. Géographie physique.
Dans la mer de Chine orientale, les profondeurs dépassent rarement 200 mètres sur la plus grande partie de la surface. Elle s'appuie sur l'immense plateau continental de la Chine orientale, recouvert de sédiments apportés par de grands fleuves, en particulier le Yangzi Jiang, qui alimente d'importants dépôts deltaïques. Vers le sud-est, les fonds s'enfoncent progressivement au contact de la fosse de Ryūkyū, qui marque une zone de subduction et atteint plus de 7000 mètres de profondeur. La mer de Chine méridionale présente une configuration beaucoup plus complexe. Son espace central est occupé par le bassin de la mer de Chine méridionale, vaste fosse océanique dont la profondeur moyenne oscille entre 4000 et 5000 mètres, avec un maximum supérieur à 5500 mètres. Ce bassin est bordé de marges continentales élargies au nord et à l'ouest, et parsemé de reliefs insulaires et de hauts-fonds coralliens au centre et au sud. Les archipels des Paracel et des Spratly sont constitués d'atolls, de récifs émergés et de bancs coralliens qui reposent sur des structures volcaniques et tectoniques. Les échanges d'eau et les mouvements marins y sont fortement influencés par les régimes de mousson. En été, les vents de sud-ouest favorisent l'apport d'eaux chaudes et salées depuis l'océan Indien, tandis qu'en hiver, les vents de nord-est refoulent vers le sud des masses d'eau plus fraîches issues des zones tempérées. Cette dynamique, combinée aux apports massifs des grands fleuves asiatiques (Mékong, Perle, Fleuve Rouge), entretient une stratification thermique et haline saisonnière, ainsi qu'un régime de courants côtiers puissants. Le contexte géologique révèle une zone en activité tectonique continue, où les mouvements de divergence, de subduction et de collision se superposent. La présence de bassins arrière-arc, de marges effondrées et de failles actives explique la diversité morphologique des fonds. De fréquents séismes et, plus rarement, des tsunamis, témoignent de cette instabilité structurelle. Le climat marin est marqué par un fort gradient latitudinal. Au nord, la mer de Chine orientale subit l'influence directe des masses d'air continentales d'Asie orientale, avec des hivers froids et des étés chauds et humides. Vers le sud, la mer de Chine méridionale présente un caractère nettement tropical, soumis aux typhons qui se forment en saison chaude et qui constituent un facteur majeur de remodelage des côtes et des fonds marins. Biogéographie.
Les mangroves se développent le long des littoraux tropicaux du sud de la Chine, du Vietnam, des Philippines et de la Malaisie. Elles constituent des zones de transition entre milieu terrestre et marin, assurant une fonction essentielle de nurserie pour les poissons et crustacés. Elles piègent aussi les sédiments fluviaux et filtrent une partie des nutriments, ce qui contribue à l'équilibre des eaux côtières. Les prairies sous-marines, formées de phanérogames marines comme l'herbier de zostères, sont particulièrement étendues dans les zones peu profondes de la mer de Chine méridionale. Elles fixent les fonds sableux, stockent du carbone et servent de refuge à de nombreuses espèces menacées, notamment les dugongs et les tortues marines. La diversité biologique est soutenue par l'apport massif en nutriments des grands fleuves, qui enrichissent les eaux côtières et favorisent une forte productivité primaire. Les zones d'upwelling saisonnier, notamment le long des côtes du Vietnam et de l'île de Luçon, renforcent cette fertilité en ramenant vers la surface des eaux profondes riches en sels nutritifs. Cependant, ces milieux sont fragiles. La pression humaine est intense, avec la surpêche, la destruction des récifs pour la construction ou l'extraction, la pollution industrielle et agricole, et l'urbanisation côtière rapide. Les changements climatiques aggravent ces menaces, par l'élévation du niveau marin, le réchauffement des eaux et l'acidification des océans, qui fragilisent directement les coraux et les écosystèmes associés. Histoire.
Ă€ partir du XVIe
siècle, les puissances ibériques, puis hollandaises, anglaises et françaises
intégrent la mer de Chine à leurs routes maritimes mondiales. Macao,
Manille
et plus tard Hong Kong deviennent des plaques
tournantes du commerce international. La mer se transforme en un espace
stratégique, où les rivalités impériales se superposent aux réseaux
marchands asiatiques existants. Au XIXe
siècle, avec les guerres de l'opium ( Au XXe siècle, la décolonisation et la montée en puissance des États riverains transforment l'espace maritime en enjeu national. Les îles et récifs de la mer de Chine méridionale, longtemps négligés en raison de leur isolement, acquièrent une importance nouvelle avec l'identification de ressources stratégiques : hydrocarbures offshore, zones de pêche et routes maritimes vitales. Les archipels des Spratly et des Paracel deviennent le coeur de litiges territoriaux entre la Chine, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, chacun avançant des titres historiques ou géographiques pour justifier ses revendications. La République populaire de Chine, s'appuyant sur la « ligne en neuf traits » tracée en 1947, affirme une souveraineté historique sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale. Cette position se heurte aux droits reconnus par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), qui attribue aux États riverains des zones économiques exclusives s'étendant jusqu'à 200 milles nautiques. Les tensions se cristallisent avec la construction par la Chine d'îles artificielles et d'infrastructures militaires sur des récifs contestés, suscitant l'opposition des autres États riverains et la préoccupation des puissances extérieures. Les États-Unis, alliés de Taiwan contre la Chine continentale, qui se posent en garants de la liberté de navigation, mènent régulièrement des opérations de « libre passage » à proximité des zones militarisées par Pékin. Le Japon, l'Australie et l'Inde participent également à des coopérations navales pour contenir l'expansion chinoise. Dans le même temps, l'ASEAN tente de promouvoir un code de conduite commun, mais les divisions internes affaiblissent son action. Au nord, la mer de
Chine orientale est marquée par un autre foyer de tension autour des îles
Senkaku (Diaoyu en chinois), administrées par le Japon mais revendiquées
par la Chine et Taiwan. La proximité de gisements gaziers et la montée
du nationalisme renforcent la dimension conflictuelle de ce différend.
Carte politique de la mer de Chine. Enjeux contemporains
en mer de Chine méridionale.
Les routes commerciales actuelles se caractĂ©risent par trois vecteurs d'enjeu distincts mais interdĂ©pendants. • D'abord le trafic pĂ©trolier et Ă©nergĂ©tique. - Des millions de barils par jour empruntent des passages Ă©troits comme le dĂ©troit de Malacca et les eaux adjacentes, ce qui expose l'approvisionnement Ă©nergĂ©tique Ă des risques gĂ©opolitiques et d'interruption.Ces routes et infrastructures posent des « points de rupture » gĂ©ographiques : Ă©troits (dĂ©troits, goulets) ou concentrĂ©s (chantiers portuaires, routes de câble), ils crĂ©ent des leviers stratĂ©giques. Le dĂ©troit de Malacca, le passage entre les Philippines et TaĂŻwan, et les approches des grands ports chinois et singapouriens sont des exemples oĂą une fermeture partielle, une congestion ou une menace militaire produiraient des effets en chaĂ®ne sur les prix de l'Ă©nergie, les dĂ©lais d'acheminement et la stabilitĂ© Ă©conomique rĂ©gionale. Les Ă©tudes et rapports rĂ©cents insistent sur l'effet de concentration des flux et sur la nĂ©cessitĂ© d'une rĂ©silience accrue (diversification des routes, stockage, redondance des câbles). La militarisation croissante de certains Ă®lots et rĂ©cifs contestĂ©s a transformĂ© ces enjeux Ă©conomiques en leviers de puissance. La construction d'infrastructures (pistes, radars, installations portuaires) et la prĂ©sence permanente de bâtiments militaires et de garde-cĂ´tes sur des features contestĂ©s accroissent la capacitĂ© d'un État Ă contrĂ´ler ou Ă contester l'usage des mers adjacentes; ces actions ont dĂ©clenchĂ© des rĂ©actions diplomatiques et des opĂ©rations navales interprĂ©tĂ©es comme des dĂ©monstrations de « libertĂ© de navigation ». Les observatoires et analyses satellitaires documentent l'ampleur des travaux de remblai et d'occupation depuis 2015. Pour rĂ©pondre Ă
ces développements, des puissances extérieures et des coalitions régionales
multiplient manoeuvres navales, patrouilles et opérations d'affirmation
du droit maritime. Les opérations dites de « freedom of navigation »
(FONOP) menées par la marine américaine et des alliés cherchent à contester
des prétentions jugées excessives et à maintenir les normes de passage
marin; elles provoquent fréquemment des incidents diplomatiques et des
confrontations de proximité entre bâtiments et patrouilleurs, illustrant
le risque d'escalade accidentelle. Ces opérations sont documentées par
des communiqués officiels ainsi que par des comptes rendus de presse sur
des incidents récents.
On constate que la combinaison d'une militarisation matérielle (pistes, radars, postes avancés) et d'un recours intensif à des moyens « gris » (gardes-côtes, milice de pêche) a rendu la gestion des incidents plus fréquente et plus ambiguë juridiquement. Le recours à la voie juridique (PCA 2016) a clarifié des points de droit mais n'a pas suffi à empêcher les faits accomplis sur le terrain ; la dissociation entre droit et capacité d'application est au centre de la dynamique régionale. Les FONOPs et la présence navale extérieure (États-Unis, partenaires régionaux) réduisent certes le risque d'établissement d'un contrôle exclusif mais augmentent en miroir la probabilité d'incidents de proximité. Le droit international (notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer - CNUDM) fournit le cadre légal formel pour trancher juridiquement les revendications d'espaces maritimes (territorial sea, ZEE, plateau continental), mais l'application reste fortement politisée : des décisions judiciaires (ex. l'arbitrage de 2016 initié par les Philippines) n'ont pas obligatoirement réglé les différends sur le terrain, faute d'un mécanisme coercitif et parce que certains États contestent la compétence ou le résultat. En pratique, la coexistence durable dépendra de compromis politiques, d'accords bilatéraux/multilatéraux et, possiblement, d'un code de conduite régional — un processus toutefois freiné par les asymétries de puissance et les intérêts contradictoires des riverains. (La CNUDM reste la référence juridique; le règlement effectif relève de la diplomatie et de l'équilibre des forces.) Les câbles sous-marins et les plateformes énergétiques ajoutent une couche non-conventionnelle de vulnérabilité : sabotage, coupures accidentelles par ancres ou travaux de dragage, cyber-attaques ciblant des systèmes de maintenance et revendications sur les droits d'intervention dans les eaux proches des zones occupées sont devenus des scénarios plausibles. Les analyses de politique publique recommandent des mesures de protection (coordination multilatérale, surveillance, redondance technique) et des cadres de gestion des incidents incluant acteurs privés (opérateurs de câbles, compagnies pétrolières) et États. Enfin, la géopolitique
de la mer de Chine combine des dimensions économiques, militaires et civiles
: la sécurité des routes maritimes se lie directement à la prospérité
régionale; les rivalités d'influence cherchent à façonner les règles
d'accès et d'exploitation des ressources marines; et la sensibilité des
infrastructures (câbles, pipelines potentiels, terminaux) propulse la
région au premier plan des stratégies de résilience numérique et énergétique.
Parmi les trajectoires possibles, on observe soit un renforcement d'un
ordre régional normé par des accords contraignants et des mécanismes
de gestion des crises, soit une fragmentation croissante oĂą puissance
et présence militaire finiront par redéfinir les conditions d'usage pacifique
de ces mers.
Carte de la mer de Chine Méridionale (îles Paracel et Spratly). |
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