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Vietnam
Cong Hoa Xa Hoi Chu Nghia Viet Nam

16 00 N, 106 00 E
Le Vietnam est un Etat de l'Asie du Sud-Est, occupent toute la bordure orientale de la Péninsule indochinoise. Il est riverain de la mer de Chine méridonale et frontalier avec la Chine, le Laos et le Cambodge

C'est un Etat communiste, qui a déclaré son indépendance en 1945, et constitué dans sa forme actuelle après la réunion, en 1975, du Viet Nam du Nord et du Viet Nam du Sud. Adminsitrativement le pays est divisé aujourd'hui en 59 provinces (tinh) and 5 municipalités (thanh pho). On en trouvera la liste dans la page consacrée au Tableau de bord du Vienam.  La capitale du Vietnam est Hanoï (Ha Noi). Les autres grandes villes sont : Ho Chi Minh (anc. Saïgon), Dan Nang, Haïphong, Rech Gia,  Can Tho, My Tho, Da Lat, Nha Trang, Qui Nhon et Hue. La population est d'environ 100 millions d'habitants (2025), pour une superficie de 329 560 km².
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Carte du Vietnam.
Carte du Vietnam. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géographie physique du Vietnam

Dans cette section, nous  reprendrons  les trois anciennes divisions de la contrée (Tonkin, Annam et Cochinchine). Elles ne représentent pas vraiment des régions naturelles, mais peuvent au moins servir à organiser notre exposé de façon simple.
Le Tonkin occupe tout le Nord du Vietnam. Il se divise en deux parties : le Delta (du Song Hong et du Thaï-binh), plaine alluviale de 15,000 km², qui dépasse à peine le niveau de la mer, et la région montagneuse du Haut-Tonkin qui l'entoure au Nord et à l'Ouest. C'est dans les montagnes du Nord que se trouve le point culminant du pays, le Fan Si Pan ( 3144 m).

L'Annam, au centre, apparaît comme une longue et étroite bande. Cest une grande terrasse inclinée en pente douce vers la mer de Chine, terminée à l'Est et au Sud par des montagnes granitiques couvertes de forêts, présentant sur ses flancs un plateau fertile et bien arrosé, et formant le long du littoral une région basse.

La Cochinchinese situe à la pointe Sud du pays. Elle est essentiellement formée par le delta du Mékong, les hautes terres n'en occupent qu'une minime partie et les montagnes y sont rares et de médiocre altitude.

La côte et les îles.
La côte du Vietnam a un développement de 3444 km, sans compter les îles.

Tonkin.
La côte du Tonkin est basse et marécageuse le long du Delta, elle se relève à l'Est, de la presqu'île de Boson et de l'île de Cac-ba et présente des falaises à pic, où s'ouvrent quantité de criques précédées d'archipels rocheux et d'écueils; ces milliers de rochers de toute forme et d'aspect pittoresque, sont disposés selon les axes anticlinaux de chaînes soulevées au Mésozoïque; les îles sont couvertes de forêts. 

Partant de la frontière chinoise, nous rencontrons l'île de Traco et les îlots des Lionceaux en face de Monkaï, la longue île de Kersaint, l'île triangulaire de Kebao (gisements houillers), abritant la rade de Tien-Yen, l'île de la Table, l'archipel et la rade  très sûre de Fitz-Long, la passe étroite par où l'on accède à la baie d'Along, parsemée d'îlots de calcaire gris; au Nord de celle-ci, la baie de Hongay (anc. Port-Courbet); ces trois baies de Fitzlong, d'Along et de Hongay communiquent aisément avec le delta tonkinois. Au Sud est la grande île de Cac-ba, creusée à l'Est par le profond havre de Port-Bayard; au Sud-Est et au large sont les hautes îles Norway et, au milieu du golfe, l'îlot de Bachlongvi.

Le rivage du delta commence au canal de Lach-buyen entre l'île de Cac-ba et une autre; mais ses alluvions sont encore encadrées de rochers abrupts jusqu'à la presqu'île de Doson; au delà viennent déboucher, par de nombreux bras ou koua (tua), le Thaï-binh et le Song Hong (fleuve Rouge) : on en compte six pour le Thaï-binh (Lach-huyen, Nam-trien, Cam, Lach-traï, Vanonk, Taï-binh); les quatre premiers aboutissent à la baie de Doson; puis se présentent le Dienho, embouchure du canal des Bambous, et les cinq koua du fleuve Bouge (Traly, Balaï, Halan, Namlaï et Namdaï). Ces douze bouches, reliées les unes aux autres par de nombreux bras latéraux ou arroyos, permettent à la navigation locale de communiquer aisément avec la mer et, par les baies bien abritées du Nord du delta, de conduire les barques et jonques derrière l'écran des îlots jusqu'à la frontière chinoise. 
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Une plage de la mer de Chine Méridionale, à Vinh-Moc. Photo : The World Factbook.

Les côtes basses du delta se prolongent jusqu'à 20 km en mer par des bancs de vase et de sable fréquemment déplacés et arrêtant les grands navires; à marée basse, les barres sont infranchissables. Les fleuves débouchant dans la mer sans que rien les protège, leurs eaux chargées de limon et de sable sont brusquement en contact avec le courent de la marée auquel le voisinage du détroit d'Haïnan dans lequel il se précipite ou d'où il vient fait prendre une direction parallèle à la côte. La mousson qui suit également la direction du littoral concourt à arrêter le courant du fleuve; les matières en suspension se déposent et forment les barres qui en obstruent l'entrée. Les bouches du Song Hong et les deux bouches méridionales du Thaï-binh sont impraticables aux navires de mer; celles qui aboutissent à la baie de Doson ouvrent passage aux bâtiments à marée haute : le Koua-Cam jusqu'à Haïphong, malgré une barre de 2,80 m en vase; le Nam-trien et le Lach-huyen jusqu'à Kouang-yen, malgré des barres de 3,50 m; les baies profondes et sûres sont au Nord de l'île de Cac-ba. 

Cochinchine.
La côte orientale, faisant suite à celle d'Annam, est facilement abordable, quoique très haute; l'aspect change au cap Saint-Jacques, où s'ouvre la baie de Ganh-ray dans laquelle débouche le Dongnaï. Après la baie marécageuse on se jette le Dong-naï, le delta du Mékong s'avance dans la mer, coupé par les différents bras du fleuve que nous énumèrerons ci-dessous. Les barres des embouchures du Dong-naï et du Mékong se prolongent dans la mer par des bancs à fleur d'eau. Les bancs de vase du Mékong s'étendent à 10 milles au large et empêchent l'atterrissage. Du côté de l'Ouest, où les écueils sont nombreux, nous trouvons le cap Camau ou Cambodge, grande langue de terre basse et couverte de palétuviers, qui sépare la mer de Chine du golfe de Thaïlande. La côte, qui jusqu'ici se dirigeait du Nord-Est au Sud-Ouest, remonte vers le Nord. Elle est creusée par le golfe au fond duquel se trouve Rach-gia, golfe fermé au Nord par le cap de la Table. 

Un certain nombre de petites îles se trouvent au large des côtes de  la Cochinchine. Les plus connues sont celles de Poulo-Condore (596 m d'altitude), assez éloignées du continent. Citons aussi celle de Poulo-Obi, la grande île de Phu-Quoc, dans le golfe de Thaïlande, longue de 8 km du Nord au Sud; elle est accidentée et renferme un sommet de 603 m d'altitude. Il faut enfin mentionner plusieurs îlots inhabités : Hou-nang-ngoaï, Hounang-trung, Hou-nham, Hou-chanli; les îlots de la pointe de la Table, les îles Hou-tre et Hou-raï ou de la Tortue, dans la baie de Rach-gia, le groupe de Poulo-Dama, les îles des Pirates.

Orographie.
Tonkin.
La plaine à laquelle on donne le nom de Delta, parce qu'elle est essentiellement formée du delta où se confondent les embouchures du Song Hong (fleuve Rouge) et du Thaï-binh, commence à la frontière annamite, embrasse la basse vallée du Daï avec la ville de Ninh-binh, celle du Song Hong en aval de Hong-hoa, puis le delta proprement dit jusqu'au pied du massif de Dong-trien. L'aspect est celui d'une plaine horizontale où émergent seulement quelques anciens îlots rocheux, aujourd'hui monts de la Pagode (260 m), des Pachydermes, de l'Eléphant (160 m), etc. Cette plaine est découpée en damier par les arroyos aux eaux limoneuses et occupée par les rizières parsemées de bouquets de bambous. Le Song Hong, qui entraîne annuellement 2 milliards de m. c. d'alluvions, refoule rapidement les eaux du golfe; Hong-yen, actuellement à 60 km dans les terres, était port de mer au XVIIe siècle; Hanoï, qui est à 150 km de la mer par le fleuve, se trouvait au bord il y a 1300 ans, et le niveau du sol n'y est que de 4 m au-dessus de celui des marées. Les digues, dont les habitants ont bordé les cours d'eau, en limitant au lit le dépôt des alluvions, en ont exhaussé le fond, si bien que les rizières voisines sont maintenant en contre-bas. 

Le Haut-Tonkin est divisé par le Song Hong en deux parties : celle du N., qui prolonge les massifs du Kouang-si et dont les sommets de grès et de schiste ont des pentes assez douces, revêtues d'herbes, est souvent nommée région des plateaux; celle du Sud-Ouest, prolongement du Yunnan, comprend des massifs calcaires abrupts et est revêtue d'épaisses forêts, d'où la qualification de région forestière. Dans l'orographie générale, on a cru pouvoir discerner plusieurs alignements se succédant parallèlement à la cote, c.-à-d. en arc de cercle, du Nord-Est au Sud-Ouest. Le premier est représenté par les îlots rocheux de la côte, île de la Table (397 m), de Kebao (405 m) et se termine à la montagne de l'Eléphant; le second va du mont Nouidok, près de Monkaï, aux Sept-Pagodes, le long du delta; l'altitude y atteint 1200 m; ce sont les monts de Yenton, de Dongson, des Noui, de Kaytram. Un troisième alignement va du Maouson (1200 m), sur la frontière chinoise (près de Langson), à Thaï-nguyen, traversé par les cols ou Deo Kouan et Van et longé par le chemin de fer de Phulangthuang à Langson. Plus au Nord sont le massif longtemps inabordable du Yenthé, les monts de Caobang, d'autres qui dépassent 2000 m au Sud du lac Babé, les chaînes de Kaomaï, entre la rivière Claire et le Song-thaï, et de Konvoï, entre le Song-chaï et le Song Hong.

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Dans la région forestière, au Sud-Ouest du fleuve, dont l'altitude moyenne serait de 1500 m, on distingue le pays muong et le Sip-song-chan-thaï, séparés par la rivière Noire. Le pays muong, très tourmenté, s'abaisse progressivement à mesure qu'on s'écarte du Yunnan : de 2000 m à la frontière, à 1500 m au plateau de Thoulé (en face Yenbaï), à 1250 m au mont Bavi, au delà du défilé de Chobo, creusé par la rivière Noire, à 400 m à la Grande Dent, près de Ninh-Biuh. Le Sip-song-chan-thaï offre un spectacle analogue; les passes vers le Laos sont assez rares et difficiles.

Annam.
L'Annam n'est pas seulement, "le bâton réunissant les deux gros sacs de riz " (la Cochinchine et le Tonkin). Il est par lui-même assez fertile. II faut, il est vrai distinguer la montagne et les plaines.

Le Nord-Annam n'est qu'un prolongement du Tonkin méridional : même structure, même irection vers le sud-est des chaînes dont les altitudes croissent vers le sud de 1200 à 1.700 mètres, mais pour s'abaisser brusquement, au delà du col de Hop-ham(1280 mètres), par des brèches qui laissent passer les effluves brûlants du oyen-Laos. La montagne est couverte encore de forêts, et où l'on peut trouver tous les bois précieux. C'est une longue chaîne de montagnes dont les plus hauts sommets ont de 1000 à 1500 m, parallèle aux côtes, sépare le bassin de l'Annam de celui du Mékong. Parmi les contreforts qui s'en détachent à l'Est et ses principaux sommets il faut citer en allant du Sud au Nord : la Tai-kou (400 m), Tai-ne-mai (500 m); à la baie de Qui-nhon le Nui vondua (565 m), la Table ronde (670 m), le Double Pic (700 m), les Mamelles (910 m), le Sommet plat (870 m); au nord de la baie de Tourane, les Portes de fer (1200 m), le Sommet triple (1350 m); derrière la plaine de Hué, les monts Buong-tan, Da-Ban, HonDun (416 m), le Pic du Midi (700 m); à l'Ouest le Double Pic (1810 m), le Morne Cachalot (700 m), la Dent du Tigre (1300 m); entre les caps Lay et Vungchua, le Grand Sommet (1660 m); puis Dong-hoi sur le Cua-hoï où se trouve l'ancienne frontière entre le Tongkin et l'Annam; enfin le Dong Hoanh (500 m). 

Les plaines qui s'échelonnent au pied de la Cordillère, larges parfois de 50 km sont au contraire des réions de culture: on y cultive le riz et la canne à sucre. Sur les collines peinent venir le thé et le café. Enfin, l'Annam est la grande région de culture du mûrier et d'élevagedes vers à soie.

Cochinchine
Les plus hautes montagnes sont dans la région septentrionale : le Ba-dinh, près de Tayminh, atteint 884 m; le Chua-chang en a 600. Dans la région occidentale, du côté de Hatien et de Chaudoc, les collines ont de 3 à 500 m. Le sol est presque entièrement formé d'alluvions; il est exclusivement argileux dans les parties basses; dans l'Est, des terrains paléozoïques forment le noyau des montagnes.

Hydrographie.
Le Tonkin.
Le Tonkin est essentiellement formé des bassins du Song Hong et du Thaï-binh. En dehors, on ne trouve que le cours supérieur du Song-ma, petit fleuve annamite; ceux du Song-bang-kiang (rivière de Caobang) et du Song-ki-koog (rivière de Langson), qui passent bientôt en Chine ou ils se réunissent avant de se déverser dans le Si-kiang; enfin les petits fleuves côtiers de Monkaï, Tien-yen, Kouang-yen.

Le Song Hong ou fleuve Rouge, né au Yunnan, aborde le Tonkin à Longpo et lui appartient tout entier à partir de Laokaï; il descend de nombreux rapides et se grossit de petits torrents ans la région montagneuse et forestière; entré en plaine, il reçoit à Hong-hoa la rivière Noire ou Nam-té qui vient du Yunnan, passe à La chan, traverse le pays muong et se replie vers le Nord par le défilé de Chobo; un peu plus bas, le fleuve Rouge absorbe la rivière Claire ou Tsin-ho, son grand affluent de gauche, qui, née au Yunnan, arrose Hagiang, et reçoit à Tuyen-quan le Song-Gam, et en aval le Song-chaï (dr.). En aval de Son-kaï le delta commence au Loc-nanh qui joint le Song Hong au Thaï-binh; plus importantes sont les communications établies par le canal des Rapides, et plus bas, par le canal des Bambous. Le fleuve Rouge se bifurque presque aussitôt, détachant vers le Sud le Daï qui va droit à la mer par Ninh-Binh; le bras principal, que des canaux transversaux joignent au Daï, passe à Hanoï, Hong-yen, Nam-dinh et se divise en quatre autres bras. 

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Le Thaï-binh ou Song-Kan, né au Nord de Thaï-nguyen, se divise en deux bras aux Sept-Pagodes : celui du Nord, appelé Song-Kinh-taï; passe à Haïphong et finit par trois embouchures, relativement profondes et accessibles, Lach-huyen, Namtrien et Cam; celui du Sud, qui conserve le nom de Thaï-binh, finit aussi par trois bouches, mais obstruées par des barres. 

La partie des deltas voisine de la mer est basse et fertile; la crue annuelle des rivières y est peu sensible; les eaux fluviales sont refoulées journellement par la marée qui, montant de 3 à 4 m, en décuple la masse et les rend non potables; les digues qui bordent le fleuve sont peu élevées et nécessaires seulement contre les grandes marées; mais à mesure qu'on remonte le fleuve, et dès Hanoi, l'influence de la marée s'efface; les digues s'élèvent et s'élargissent, à peine suffisantes pour contenir les hautes eaux de la crue d'été; le fleuve monte de 6 à 8 m dans ses deux crues de fin mai et surtout d'août-septembre, le courant acquiert une force torrentielle, s'écoulant avec une vitesse de 8 à 10 km à l'heure; les eaux s'étalent au loin. L'inégale vitesse de ces courants charriant du sable déplace les barres et le chenal (lequel ne disparaît jamais aux plus basses eaux) et augmente les difficultés de là navigation.

La grande importance du Song Hong tient à ce qu'il forme une voie d'accès directe vers le Yunnan et l'intérieur de la Chine. Toutefois, la navigation en est assez incommode. Les bateaux ne remontent pratiquement que jusqu'à Yenbaï et Than-Kouan; en amont est un escalier de 35 rapides, à peu près infranchissables aux basses eaux durant trois mois, le tirant d'eau s'abaissant parfois à 0,50 m; aux hautes eaux qui noient ces obstacles, le courant prend une vitesse moyenne de 5 noeuds, souvent dépassée, et crée ainsi une autre difficulté. 

Le Song Hong a, surtout dans sa partie moyenne, le défaut d'être d'une profondeur variable et de déplacer fréquemment son lit. Des affluents du Song Hong, la rivière Claire et la rivière Noire (Song Da), seules navigables, sont comme lui coupés de rapides; on ne peut remonter pratiquement la rivière Claire que jusqu'à Tuyen-quan, la rivière Noire que jusqu'au défilé de Chobo; toutefois, les pirogues vont; sur l'une et l'autre, jusqu'au voisinage de la frontière de Chine. Le Thaï-binh n'est navigable que jusqu'à Thaï-nguyen.

L'Annam.
La position même de l'Annam qui forme une bande étriquée de terrain d'une largeur moyenne de 1409 km le long d'un littoral d'environ 1300 km indique le peu d'importance des cours d'eau qui arrosent le pays. Les principaux fleuves, de médiocre étendue et peu profonds, sont les rivières de Phu-yai, de Phanri où arriva en 1720 l'incident de la Galathée, de Phu-yen, de Fai-Fo, fréquemment visitée au XVIIIe siècle par les bâtiments étrangers, et communiquant avec la baie de Tourane, de Tourane, bien connue par l'expédition de l'animal Rigault de Genouilly, de Hué et le Sang Gianq dont nous avons déjà parlé à cause de l'importance de sa position.

Cochinchine.
La Cochinchine comprend deux bassins fluviaux distincts, celui du Dong naï et celui du Mékong.

Le Dong naï prend sa source sur le revers occidental des montagnes de l'Annam. Il coule vers le Sud-Ouest et la moitié inférieure de son cours appartient à la Basse-Cochinchine. Son lit est trop complètement obstrué par des rochers qui y forment des rapides, pour pouvoir servir à la navigation. Le flottage même du bois y est impossible dans la partie supérieure. Après son confluent avec le Song-bé, il devient navigable, mais les rochers le rendent toujours dangereux. L'affluent principal du Dong-naï est la rivière de Saïgon (Ho Chi Minh) qui y débouche à Nhâ-bé, à 40 km de la mer. Cette rivière, qui descend des montagnes du Cambodge, est navigable même pour les grands navires. Le Dong-naï se jette dans la mer par plusieurs branches. Les principales portent les noms de Soïrap et Dong-naï. Celle-ci est la plus navigable. Malheureusement, au milieu, se trouve un banc de corail que les navires ne peuvent franchir u'à marée haute. Une île partage le Soïrap en deux bras; l'un va déboucher dans la jolie baie de Ganh-ray, non loin du cap Saint-Jacques. Avant de se perdre dans la mer, le bras le plus occidental du Dong-naï reçoit le Vaïco formé par la réunion du Vaïco oriental et du Vaïco occidental ou petit Vaïco qui traversent la Cochinchine du Nord-Ouest au Sud-Est. Le premier est navigable sur une longueue de 130 km; le second l'est sur une étendue un peu moindre. Il est grossi par les infiltrations du Mékong, dont le sépare la marécageuse plaine de joncs formée par les alluvions du grand fleuve. Les crocodiles y vivent et les moustiques la rendent presque inhabitable. Les petites rivières qui alimentent à l'Est le Dong-naï ont le même régime que celles de l'Annam, ce sont de petits torrents qui différent complètement des arroyos de la Cochinchine occidentale. 

Le delta du Mékong occupe toute la partie méridionale de la Cochinchine. 
Ce delta empiète aussi sur le Cambodge, et c'est dans ce pays, à la hauteur de Phnom Penh,  à 60 km avant de pénétrer au Vietnam , que le Mékong se partage en deux bras, le fleuve antérieur (Tien-giang) à l'Est, le fleuve postérieur (Han-giang) à l'Ouest. Tous deux coulent lentement à travers la plaine d'alluvions qu'ils ont formée; de nombreuses îles les divisent. Le fleuve antérieur se partage définitivement à Vinh-long en deux bras, lesquels se subdivisent pour aboutir à la mer de Chine par six embouchures; elles sont dénommées, de l'Est à l'Ouest : Cua-tien, Cna-daï, Cua-ba-laï, Cua-ham-long, Cua-co-chien, Cua-coung-haou. Le fleuve postérieur se déverse par trois embouchures: Cua-din-an, Caa-ba-thac, Cua-tran-dé. Ces neuf embouchures sont toutes obstruées par des bancs de vase; deux seulement sont navigables pour les bâtiments d'un faible tirant d'eau. Les fleuves antérieur et postérieur sont reliés l'un à l'autre par plusieurs bras transversaux. Le plus large et le plus profond est celui de Vam-nao. Plusieurs canaux mettent en communication le fleuve postérieur avec le golfe de Thaïlande. Toute cette plaine d'alluvions est d'ailleurs sillonnée, outre les grandes artères fluviales, par un grand nombre de canaux naturels ou artificiels qu'on appelle arroyos; plus ou moins profonds et larges, ces arroyos forment un réseau fluvial inextricable de plus de 220,000 km voies navigables, lesquelles relient entre eux non seulement les rivières, mais tous les centres de population du pays dont ils sont les véritables voies de communication. 

Des arroyos artificiels, les plus remarquables sont l'arroyo de la Poste, qui relie le Mékong au Dong-naï par My Tho, et un autre creusé de 1875 à 1877 par ordre de l'amiral Duperré, le canal de Chogao. Au moment des grandes crues annuelles du Mékong, produites par la fonte des neiges des montagnes de l'Asie centrale et coïncidant avec la saison des pluies, tout le plat pays peut se trouver inondé. Ces crues, qui ont, dépassé 12 m, ont du moins l'avantage de fertiliser le sol, où les eaux abandonnent le limon dont elles sont chargées. Les arroyos servent aussi à assurer l'arrosage et le drainage des terres qu'ils sillonnent. L'eau potable est fournie par des sources très nombreuses, et surtout par des puits. La nappe d'eau est à une faible profondeur et donne une eau excellente, même pendant la saison sèche. 

Climat.
Comme toutes les régions de l'Asie méridionale et orientale, le Vietnam appartient à la zone des climats de moussons. Mais il est très allongée en latitude et occupée en partie par des plateaux. Aussi trouvera-t-on sur son territoire des différences de climat assez appréciables entre le Nord et le Sud, la côte et l'intérieur.

Dans le Tonkin, la chaleur est très forte dans la saison des pluies; en revanche, la saison fraîche dure plusieurs mois, d'octobre à mars, avec la mousson du Nord-Est, la température varie alors de +10 °C à +24 °C avec une moyenne de +18 °C à Hanoï; elle se relève en avril et durant l'été, saison pluvieuse réglée par les moussons du Sud-Ouest, la moyenne dépasse +28 °C; les pluies sont le plus abondantes en août, parfois 100 mm en vingt-quatre heures. Leur hauteur totale est de 1600 mm à Haïphong et 1800 à Hanoï, dont 100 à 200 pour l'hiver (novembre à mars), il pleut cependant en hiver un jour sur deux, mais c'est une petite pluie fine, d'ailleurs fort désagréable. 

En Annam, la température est un peu moins variable (Hué : + 19° C) et la pluie, amenée par la mousson d'été et aussi par celle d'hiver, tombe surtout pendant les derniers mois de l'année. Elle atteint sur la côte 2,50 m (Hué).

Les parties du Vietnam situées au sud dit 12e parallèle (Sud de l'Annam et Cochinchine), ont un climat presque équatorial. Les variations de température sont très faibles. La moyenne est de +27°C. Les différences entre le mois le plus chaud (ici le mois de mai) et le mois le plus froid (décembre) sont faibles : Ho Chi Minh Ville +25 °C et + 29°C.  Les chaleurs sont tempérées par le voisinage de la mer. Le jour a sensiblement la même durée pendant toute l'année : 11 h 28 mn au solstice d'hiver, 12 h 46 mn au solstice d'été.

Les typhons des mers de Chine se propagent parfois jusqu'en Cochinchine; ils se produisent en novembre. 

Vers le mois de mai, la mousson du Sud-Ouest amène les pluies, d'abord par orages, puis abondantes et régulières en juin; une courte accalmie interrompt la saison des pluies dont les grands orages du mois d'août sont le moment extrême. La pluie est très abondante; Ho Chi Minh, 1,80 m. Mais la mousson d'hiver elle-même n'est pas complètement sèche. Celle-ci commence en octobre; elle est tout à fait accentuée en mars où les rizières perdent leur eau. 

La végétation herbacée grandit à partir de mai, encombre tout en septembre et ne dépérit tout à fait qu'à la fin de l'hiver. Les variations de température ne coïncident pas complètement avec celles de l'état hygrométrique. Le mois le plus froid est janvier; celui où la chaleur est le plus accablante est mai. 
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Des tombes dans une rizière, au Vietnam. 

Biogéographie du Vietnam

Le Nord montagneux, notamment les provinces frontalières avec la Chine, le Laos et le Yunnan, présente une topographie escarpée avec de hautes altitudes dépassant parfois 3000 mètres, comme au mont Fansipan (le point culminant du pays). Cette région abrite une faune et une flore influencées par les biomes subtropicaux sino-himalayens. On y trouve des forêts d'altitude, des formations de bambous, des fougères arborescentes et des espèces relictuelles endémiques, telles que le sapin du Vietnam (Abies delavayi var. fansipanensis).

La région du Nord-Est et du delta du fleuve Rouge est une zone de plaines alluviales très densément peuplée, mais encore partiellement bordée de collines calcaires et de formations karstiques spectaculaires comme celles de Ninh Bình et de la baie d'Ha Long. Ce type de relief favorise la présence d'espèces spécialisées, notamment des chauves-souris cavernicoles, des escargots endémiques et une végétation adaptée aux sols pauvres et alcalins.

Le Centre du Vietnam, étroit et allongé, est une zone de transition écologique importante. Il comprend la chaîne Annamitique (Trường Sơn) qui s'étend du Nord au Sud en formant une barrière climatique entre les influences maritimes et continentales. Cette chaîne est reconnue comme un point cahud mondial de biodiversité. On y recense des espèces rares comme le saola (Pseudoryx nghetinhensis), découvert seulement en 1992, le muntjac géant, ainsi que plusieurs primates endémiques, tels que le douc à pattes rouges. Les forêts de cette région sont mixtes, incluant des forêts sempervirentes, semi-décidues et des zones de conifères à haute altitude. Le climat y est influencé par les moussons et peut varier fortement entre versants est et ouest.

Les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên), qui couvrent des provinces comme Gia Lai, Đắk Lắk, Kon Tum et Lâm Đồng, possèdent des sols volcaniques fertiles et une couverture forestière autrefois dense, aujourd'hui fragmentée par l'agriculture intensive (notamment la culture du café). Ces forêts hébergent une diversité remarquable d'orchidées, de papillons, de reptiles et d'oiseaux rares. On y trouve également le pin de Bidoup (Pinus dalatensis) et le sapin du plateau de Lang Biang. L'altitude modérée et les précipitations abondantes favorisent l'existence de microclimats et de niches écologiques uniques.

Le Sud du Vietnam est dominé par deux grands ensembles : les collines de basse altitude et les vastes plaines alluviales du delta du Mékong. Le delta constitue une zone humide essentielle, traversée par un réseau dense de canaux, bras fluviaux, rizières, forêts inondées et mangroves. C'est l'une des régions les plus productives en matière agricole et piscicole, mais aussi l'une des plus vulnérables au changement climatique et à l'élévation du niveau de la mer. La mangrove du delta (notamment à Cà Mau) abrite une faune spécifique, incluant des oiseaux migrateurs, des crabes, des poissons amphibiotiques, et des plantes halophytes. Les estuaires et les zones côtières du Sud sont riches en biodiversité marine, avec des récifs coralliens, des herbiers marins et des zones de ponte pour les tortues marines.

La flore du Vietnam comprend environ 16 000 espèces de plantes vasculaires, dont plus de 10 % sont endémiques. La faune compte plus de 300 espèces de mammifères, 850 espèces d'oiseaux, 300 espèces de reptiles, et plus de 150 espèces d'amphibiens. Parmi les espèces emblématiques, on trouve le tigre d'Indochine, l'éléphant d'Asie, le gibbon à joues blanches et le langur de Delacour. Beaucoup de ces espèces sont menacées en raison de la déforestation, du braconnage et de la perte d'habitats.

La pression anthropique sur les écosystèmes vietnamiens est considérable. L'expansion agricole, l'exploitation forestière illégale, l'urbanisation rapide, la pollution industrielle et la construction d'infrastructures affectent gravement la biodiversité. Des politiques de conservation ont été mises en œuvre, incluant la création de plus de 30 parcs nationaux et réserves naturelles, tels que le parc national de Cát Tiên, de Cúc Phương ou de Phong Nha-Kẻ Bàng, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Toutefois, la gestion de ces espaces reste complexe, en raison du manque de ressources, des conflits d'usage avec les populations locales et du commerce illégal d'espèces sauvages.
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Vietnam : Hoa Lu.
Paysage de Hoa-Lu, "la baie d'Along terrestre".

Géographie humaine du Vietnam

Population.
Le Vietnam compte une population de plus de 100 millions d'habitants, ce qui en fait l'un des pays les plus peuplés d'Asie du Sud-Est. La population est concentrée majoritairement dans les régions de plaine et les deltas, notamment le delta du fleuve Rouge au nord et celui du Mékong au sud. Les zones montagneuses du Nord-Ouest, du Centre et des Hauts Plateaux (Tây Nguyên) sont beaucoup moins peuplées, mais abritent une grande diversité ethnique. L'urbanisation s'est fortement accélérée ces dernières décennies, avec un taux d'urbanisation et dépasse les 40 %.

La transition démographique du Vietnam s'est opérée rapidement. Le taux de fécondité, autrefois très élevé, a considérablement baissé à la suite de campagnes nationales de planification familiale. Le pays affiche aujourd'hui un taux de natalité stabilisé autour de 2 enfants par femme, ce qui est proche du seuil de remplacement. L'espérance de vie a fortement augmenté et dépasse les 75 ans, grâce aux progrès dans le système de santé, à la vaccination généralisée et à la baisse de la mortalité infantile. La pyramide des âges commence à refléter une population vieillissante, avec une augmentation progressive de la proportion des personnes âgées.

La jeunesse vietnamienne représente néanmoins encore une force active majeure. Environ 50 % de la population a moins de 35 ans, avec un accès croissant à l'éducation, à l'internet et à la mobilité. Cette jeunesse, de plus en plus instruite, constitue un moteur de transformation culturelle et économique. Le taux d'alphabétisation est supérieur à 94 %, et le système éducatif vietnamien est souvent salué pour ses performances, malgré des disparités régionales. Les examens nationaux, très compétitifs, rythment le parcours éducatif, et la pression sociale pour la réussite scolaire reste forte.

La structure familiale traditionnelle vietnamienne repose sur un modèle patriarcal multigénérationnel, où plusieurs générations cohabitent souvent sous un même toit, avec une forte importance accordée aux liens familiaux et au respect des anciens. Cependant, l'urbanisation, la migration interne et les évolutions culturelles remodèlent progressivement ce schéma. Dans les grandes villes comme Hanoï ou Hô Chi Minh-Ville, les familles nucléaires deviennent plus courantes, et les normes sociales évoluent vers plus d'individualisation.

Les femmes jouent un rôle de plus en plus central dans l'économie et la société. Bien qu'encore confrontées à des inégalités en matière d'accès à certaines positions de pouvoir, elles sont très présentes dans la vie professionnelle, l'éducation supérieure et les sphères communautaires. Le Code du travail reconnaît l'égalité des sexes, et des campagnes gouvernementales promeuvent l'autonomisation économique des femmes, notamment en zone rurale. Toutefois, des formes persistantes de patriarcat subsistent, en particulier dans les pratiques liées à l'héritage, à la filiation ou aux préférences pour les garçons.

De nombreux Vietnamiens quittent les campagnes pour les villes à la recherche d'emploi dans les zones industrielles, les services ou la construction. Cette migration entraîne des déséquilibres régionaux, mais soutient aussi la croissance économique urbaine. Par ailleurs, une diaspora vietnamienne significative, estimée à plus de 4 millions de personnes, est installée à l'étranger, notamment aux États-Unis, en France, en Australie et au Canada. Les transferts de fonds qu'elle envoie représentent une part notable du PIB vietnamien et participent à l'amélioration des conditions de vie de nombreuses familles.

La société vietnamienne est également caractérisée par une forte culture du travail, une discipline collective héritée de l'histoire socialiste, et un sens de la communauté très développé. La hiérarchie sociale reste marquée, notamment dans les relations entre générations, les statuts professionnels et les interactions publiques. Le respect des normes sociales, du groupe, et l'évitement du conflit ouvert sont des éléments structurants du comportement social.

Le développement économique a entraîné une amélioration générale du niveau de vie, mais aussi une montée des inégalités, particulièrement entre les zones urbaines et rurales, et entre les groupes ethniques. Les minorités vivant dans les montagnes sont  plus exposées à la pauvreté, à l'analphabétisme et à un accès limité aux services de santé et d'éducation. Des programmes gouvernementaux visent à réduire ces écarts, mais les résultats varient selon les régions.

Quelques-unes des principales villes du Vietnam

Hanoï. - Environ 8 millions d'habitants. Hanoï est le centre politique et économique du pays, avec des secteurs en forte croissance comme le commerce, le tourisme et les technologies. Ancienne capitale de plusieurs dynasties, Hanoï est riche en histoire et en culture, ayant été un centre de la résistance pendant la guerre du Vietnam.  Monuments :Temple de la Littérature, Mausolée d'Hô Chi Minh, Lac Hoan Kiem.

Ho Chi Minh-Ville (Saïgon). - Environ 9 millions d'habitants. Principal centre économique et commercial du Vietnam, avec un fort développement dans l'industrie, le commerce et les services. Anciennement une ville coloniale française, Ho Chi Minh-Ville a été un important site pendant la guerre du Vietnam. Monuments :  Palais de la Réunification, Cathédrale Notre-Dame de Saïgon, Musée des vestiges de la guerre.

Hải Phòng. - Environ 2 millions d'habitants. Port principal du Vietnam, Hải Phòng est crucial pour le commerce maritime et l'industrie. Ville portuaire importante, Hải Phòng a été fondée au XIXe siècle et a joué un rôle clé dans le développement industriel. Monuments : Pagode Du Hang,       Maison de l'Opéra, Plage de Do Son.

Đà Nẵng. - Environ 1,2 million d'habitants. Centre touristique et économique du centre du Vietnam, avec une forte industrie hôtelière et des infrastructures de transport. Ancienne ville portuaire, Đà Nẵng a une histoire riche liée aux cultures Cham et vietnamienne. Pont d'or (Golden Bridge), Marble Mountains, Musée de la sculpture Cham.

Cần Thơ. - Environ 1,2 million d'habitants. Principal centre 

économique du delta du Mékong, avec une forte agriculture, notamment dans le riz et les fruits. Cần Thơ est connue pour sa culture riche et son rôle dans l'agriculture du delta du Mékong. Marché flottant de Cai Rang, Pagode Binh Thuy, Jardin des plantes de Cần Thơ.

Nha Trang. - Environ 500 000 habitants. Ville balnéaire populaire, Nha Trang est un important centre de tourisme et de loisirs. Ville côtière avec des influences Cham, Nha Trang est devenue un site touristique clé dans les années 1990. Tour Po Nagar, Plage de Nha Trang,       Sanctuaire de Long Son.

Huế. - Environ 300 000 habitants.Économie basée sur le tourisme culturel et l'artisanat traditionnel. Capitale du Vietnam sous la dynastie Nguyễn, Huế est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Cité impériale, Tombeaux des empereurs (comme celui de Minh Mang), Pagode de Thiên Mu.

Vũng Tàu. - Environ 350 000 habitants. Centre de l'industrie pétrolière et gazière, avec un développement touristique en cours. Ville balnéaire ayant une histoire liée à l'exploitation pétrolière et à la colonisation française. Statue du Christ Roi, Plage de Back, Phare de Vũng Tàu.

Quy Nhơn. - Environ 300 000 habitants. Économie axée sur le tourisme et l'agriculture. Ville côtière avec des vestiges de la culture Cham et une importance historique dans le commerce maritime. Tour de Bánh Ít, Plage de Ky Co, Musée de la sculpture Cham.

Nam Định. - Environ 1 million d'habitants. Agriculture et industrie textile. Ancienne capitale du Vietnam, Nam Định a une riche tradition culturelle et historique. Cathédrale de Nam Định, Pagode de Quán Sứ, Monument de Trần Hưng Đạo.

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Groupes ethnolinguistiques.
Le Vietnam abrite officiellement 54 groupes ethniques. Ces groupes appartiennent à cinq grandes familles linguistiques : austroasiatique, austronésienne, tai-kadai, hmong-mien et sino-tibétaine. Les Kinh sont le groupe largement majoritaire. Les minorités ethniques sont plus nombreuses dans les zones montagneuses du Nord et du Centre, et dans les hauts plateaux du Sud (Tây Nguyên). 

Plus de 100 langues sont parlées dans le pays, souvent sans lien direct entre elles. De nombreuses langues minoritaires n'ont pas de tradition écrite, et certaines sont en voie d'extinction en raison de la pression du vietnamien, de l'urbanisation et de la migration. Des politiques éducatives ont été mises en oeuvre pour promouvoir l'enseignement bilingue dans certaines zones ethniques, mais les résultats varient fortement selon les régions et les groupes.

La langue vietnamienne  (tiếng Việt), d'origine austroasiatique, utilise un système d'écriture romanisé appelé quốc ngữ, introduit par les missionnaires européens au XVIIe siècle, puis généralisé pendant la colonisation française. Le vietnamien est une langue tonale avec six tons principaux et un lexique largement influencé par le chinois classique, surtout dans le vocabulaire savant et administratif. Plusieurs dialectes coexistent, les plus notables étant ceux du Nord (Hanoï), du Centre (Huế) et du Sud (Hô Chi Minh-Ville), chacun portant des nuances phonétiques et lexicales.
Les relations entre les groupes ethniques sont généralement façonnées par des dynamiques d'intégration, de marginalisation et de reconnaissance culturelle. L'État promeut une politique d'« unité dans la diversité », avec des mesures de développement dans les zones montagneuses et un soutien symbolique aux cultures minoritaires, notamment par les festivals nationaux et les musées d'ethnographie. Toutefois, des tensions subsistent autour des questions foncières, de l'accès à l'éducation, de la reconnaissance des identités culturelles et de la représentation politique des minorités.

Kinh (Viêt).
Le groupe des Kinh (ou Viêt) représente environ 85 % de la population. Les Kinh vivent principalement dans les régions de plaine, les grandes villes, les deltas du fleuve Rouge et du Mékong, et sont les porteurs de la langue vietnamienne. Ce groupe a historiquement construit l'État vietnamien, centralisé et unifié, et constitue le vecteur principal de la culture nationale dominante, de l'écriture quốc ngữ et des institutions politiques et administratives.

Autres groupes austrasiatiques.
Parmi les groupes austroasiatiques, on trouve les Khmer Krom, vivant principalement dans le delta du Mékong, parlant le khmer méridional, et culturellement proches des Cambodgiens. Les Mường, très proches linguistiquement des Kinh, habitent les zones montagneuses du nord et ont conservé des éléments culturels archaïques. Les Ba Na, Sedang et autres groupes montagnards du Centre appartiennent également à cette famille, souvent organisés en communautés villageoises autonomes avec des traditions orales riches.

Austronésiens.
Les groupes austronésiens sont représentés par les Chăm et les groupes des hautes terres comme les Jarai, Rhade (Ê Đê) et Raglai. Les Chăm, descendants de l'ancien royaume du Champā, parlent le cham (langue austronésienne) et vivent surtout dans le Centre-Sud (Ninh Thuận, Bình Thuận), avec une minorité musulmane (Chăm Bani) et une autre hindouiste. Les autres groupes austronésiens vivent dans les hauts plateaux du Tây Nguyên, dans des maisons sur pilotis, et sont connus pour leur musique, leurs rituels funéraires et leur système matrilinéaire.

Groupes tai-kadai.
La famille tai-kadai comprend les Thaï, Tày, Nùng et Lào. Ils vivent principalement dans le Nord-Ouest. Ils parlent des langues proches du lao ou du thaï, et possèdent des cultures agraires centrées sur la riziculture en terrasses, la fête du Nouvel An lunaire et des danses rituelles. Les Tày et les Nùng sont parmi les minorités les plus intégrées à la société dominante, parlant souvent aussi le vietnamien.

Hmong-Mien.
Les Hmong-Mien (aussi appelés Miao-Yao) comprennent les Hmong (ou Mèo) et les Dao (ou Yao), présents dans les montagnes du nord. Les Hmong se subdivisent en plusieurs sous-groupes (Hmong fleuris, Hmong verts, Hmong blancs), chacun ayant ses propres costumes, coutumes et dialectes. Leur langue, de la famille hmong-mien, n'est pas écrite traditionnellement, mais des systèmes d'écriture latinisés ont été introduits au XXe siècle. Les Dao ont une tradition d'écriture basée sur des caractères chinois modifiés, utilisée dans les textes religieux. Ces groupes sont réputés pour leur artisanat textile, leurs rituels chamaniques et leur organisation communautaire structurée.

Sino-tibétains.
Les groupes sino-tibétains sont les Hoa (Chinois du Vietnam), les San Diu, les Lô Lô, les Phù Lá, les Hà Nhì, les Si La, entre autres. Les Hoa, concentrés dans les villes (notamment Hô Chi Minh-Ville, Cần Thơ, Chợ Lớn), parlent des dialectes chinois (cantonais, hakka, etc.) et ont longtemps dominé certains secteurs du commerce urbain. D'autres groupes comme les Hà Nhì et les Lô Lô vivent dans des zones reculées près de la frontière chinoise, et pratiquent une agriculture de montagne et des rites funéraires distinctifs.

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Vietnam : Hoi-An.
Hoi-An, un village de l'Annam qui a conservé son cachet traditionnel.
Photos : © Angel Latorre, 2008.

Culture.
La culture du Vietnam est le fruit d'un héritage millénaire profondément enraciné dans les traditions autochtones austroasiatiques, influencé par la civilisation chinoise pendant plus de mille ans, enrichi par l'héritage colonial français, et marqué par des échanges constants avec les autres cultures de l'Asie du Sud-Est et du monde. 

Le socle culturel vietnamien repose sur une organisation sociale traditionnelle fondée sur la famille, le respect des aînés, le culte des ancêtres et les valeurs confucéennes comme la piété filiale, la loyauté, la retenue et la hiérarchie. Le foyer est le centre religieux de la vie quotidienne, et les autels domestiques dédiés aux ancêtres occupent une place centrale dans chaque maison. Les cérémonies de commémoration des morts, les offrandes et les prières domestiques rythment l'année, en parallèle des grandes fêtes officielles.

Les pratiques religieuses au Vietnam sont caractérisées par un syncrétisme  qui mêle bouddhisme, confucianisme, taoïsme et cultes populaires. Le bouddhisme mahāyāna est la religion la plus répandue, généralement pratiqué de manière intergénérationnelle dans les pagodes. Le confucianisme influence fortement les structures sociales et éducatives, tandis que le taoïsme se manifeste dans les pratiques magico-religieuses et les croyances populaires liées à la nature, aux esprits et aux énergies vitales. Le culte des Mères (Đạo Mẫu) et des héros nationaux est également très présent dans les campagnes. Le catholicisme, introduit par les missionnaires européens, représente environ 7 % de la population, et l'islam, le protestantisme et le caodaïsme, religion syncrétique née au sud du pays, complètent ce paysage religieux varié. 

Les fêtes traditionnelles sont des moments essentiels de la vie collective. Le Tết Nguyên Đán (Nouvel An lunaire) est la fête la plus importante de l'année. C'est un moment de retrouvailles familiales, de culte aux ancêtres, de purification symbolique du foyer, de souhaits de prospérité, et de pratiques culturelles telles que les danses du dragon, les enveloppes rouges (li xi) et les feux d'artifice. D'autres fêtes populaires incluent le Tết Trung Thu (fête de la mi-automne), centré sur les enfants et les lanternes, ainsi que les festivals bouddhistes, les fêtes villageoises et les commémorations historiques.

La cuisine vietnamienne repose sur un équilibre entre saveurs, textures et principes d'harmonie entre les éléments : chaud et froid, acide et sucré, croquant et moelleux. Le riz est la base de l'alimentation, accompagné de légumes frais, d'herbes aromatiques (menthe, coriandre, basilic thaï), de viandes, poissons ou fruits de mer. Des plats emblématiques comme le phở (soupe de nouilles au bœuf ou au poulet), le bánh mì (sandwich inspiré de la baguette française), le bún chả (nouilles avec viande grillée), ou encore les rouleaux de printemps (gỏi cuốn) illustrent la diversité et la finesse de cette gastronomie. L'usage des baguettes, des sauces de poisson (nước mắm) et des condiments maison est généralisé, et la cuisine varie considérablement d'une région à l'autre.

La musique traditionnelle se décline en plusieurs genres comme le ca trù (chant cérémonial), le quan họ (chant alterné des villages du Nord), et le nhạc tài tử (musique du Sud, ancêtre du cải lương, théâtre chanté moderne). Les instruments traditionnels comme le đàn bầu (monocorde), le đàn tranh (cithare), ou le đàn nguyệt (luth lunaire) témoignent d'une grande sophistication musicale. Le théâtre classique comme le tuồng et le chèo, inspiré de formes chinoises et autochtones, mélange musique, chant, mime et récit historique.

L'art visuel vietnamien combine des influences anciennes et modernes. Les estampes populaires de Đông Hồ, aux couleurs vives et symboliques, racontent des scènes de la vie quotidienne ou des récits moraux. La laque, la céramique, le tissage et la sculpture sur bois sont des formes artisanales toujours vivantes. La peinture moderne, influencée par l'École des Beaux-Arts de l'Indochine, a vu émerger des artistes qui fusionnent les techniques européennes avec des thèmes vietnamiens. L'architecture, quant à elle, montre une variété allant des temples confucéens, pagodes bouddhistes, maisons communautaires (đình), jusqu'aux bâtiments coloniaux de Hanoï ou de Hô Chi Minh-Ville.

Le rôle des femmes, les normes sociales, l'éducation et les relations intergénérationnelles sont également façonnés par la culture vietnamienne. Bien que les structures patriarcales restent fortes, l'histoire met en valeur des figures féminines héroïques comme les sœurs Trưng, symboles de résistance contre l'envahisseur chinois, ou des figures littéraires comme Hồ Xuân Hương, poétesse audacieuse du XVIIIe siècle. L'éducation est hautement valorisée, et la réussite scolaire est perçue comme un vecteur essentiel de mobilité sociale et de prestige familial.

Dans les sociétés contemporaines vietnamiennes, urbaines et rurales, la culture évolue rapidement. Les jeunes générations adoptent des formes modernes d'expression – musique pop, cinéma, médias sociaux – tout en maintenant un lien fort avec les traditions familiales. Cette hybridation culturelle est visible dans l'espace public, dans la mode, dans les modes de consommation, et dans l'architecture des villes en pleine transformation.

Economie.
L'économie du Vietnam a connu une transformation rapide depuis les réformes économiques du Đổi Mới lancées en 1986. Ce tournant a permis la transition d'une économie centralisée, inspirée du modèle soviétique, vers une économie de marché socialiste, intégrant progressivement les mécanismes du capitalisme tout en conservant un contrôle politique centralisé par le Parti communiste vietnamien. Depuis, le pays a connu une croissance soutenue, une réduction significative de la pauvreté,  une montée en puissance sur la scène commerciale mondiale, et est devenue l'une des plus dynamiques d'Asie du Sud-Est.

L'industrie manufacturière est un pilier essentiel, notamment dans la production textile, l'électronique, les équipements électriques et les télécommunications. Le pays est devenu un acteur majeur dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, et attire des investissements directs étrangers importants, notamment de la part de grandes entreprises sud-coréennes, japonaises, taïwanaises, et plus récemment américaines, en raison de la stratégie de délocalisation hors de Chine. Samsung, Intel, LG et Foxconn figurent parmi les plus gros investisseurs industriels au Vietnam, et ont transformé le pays en plateforme de production technologique.

L'agriculture reste un secteur important, bien que son poids relatif dans le PIB ait diminué. Elle emploie encore une part notable de la population. Le Vietnam est l'un des premiers exportateurs mondiaux de riz, de café (notamment le robusta), de poivre, de noix de cajou, et de fruits tropicaux. Le développement de l'aquaculture, en particulier l'élevage du pangasius et des crevettes, a également consolidé la place du pays comme fournisseur de produits halieutiques sur les marchés internationaux.

Les services ont connu une forte expansion, notamment dans les domaines du tourisme, de la finance, de la logistique et des technologies de l'information. Le tourisme international, bien que fortement affecté par la pandémie de covid-19, a retrouvé une trajectoire ascendante grâce aux efforts de modernisation des infrastructures, à la promotion de destinations comme la baie d'Ha Long, Hội An ou Đà Nẵng, et à une politique de visas plus souple. Les villes comme Hô Chi Minh-Ville et Hanoï se sont affirmées comme des centres urbains en pleine croissance, capables d'attirer des jeunes entreprises technologiques et des centres de services partagés.

Le commerce extérieur est au coeur de la stratégie de développement vietnamienne. Le pays est signataire de nombreux accords de libre-échange, dont l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), l'accord de libre-échange UE-Vietnam (EVFTA), et le Partenariat économique régional global (RCEP). Ces accords ont permis une intégration accrue dans les réseaux commerciaux asiatiques et mondiaux, et ont renforcét la compétitivité des exportations vietnamiennes, notamment les vêtements, les téléphones, les ordinateurs et les produits agricoles transformés.

L'économie numérique constitue un autre  axe stratégique de développement. Avec une population jeune, fortement connectée, et un taux de pénétration mobile élevé, le Vietnam connaît une explosion du commerce en ligne, des services fintech, et des startups technologiques. Des hubs d'innovation émergent, et des politiques incitatives cherchent à faire du pays un centre régional pour les technologies de l'information et les services logiciels.

La politique monétaire et budgétaire reste relativement prudente, ce qui a contribué à maintenir une stabilité macroéconomique appréciée des investisseurs étrangers. Le taux de croissance du PIB est resté robuste pendant plusieurs années, généralement supérieur à 6 %, même si la pandémie a temporairement ralenti cette progression. Le gouvernement a mis en place des réformes pour améliorer l'environnement des affaires, réduire la bureaucratie et renforcer la transparence, bien que des défis subsistent en matière de corruption, de gouvernance locale et de justice économique.

Cependant, le Vietnam fait face à plusieurs défis structurels. Le vieillissement démographique, la pression sur les ressources naturelles, la pollution, la vulnérabilité au changements climatique – notamment dans le delta du Mékong – et les inégalités territoriales constituent des menaces pour la durabilité de sa croissance. Par ailleurs, bien que le niveau de vie ait augmenté, les salaires restent relativement bas, et le pays est confronté à la nécessité de passer d'un modèle de croissance basé sur les bas coûts à un modèle fondé sur l'innovation, la montée en gamme et la productivité.

L'économie informelle demeure importante, notamment dans le commerce, les services de rue, la construction et l'agriculture. Elle concerne des millions de travailleurs sans protection sociale ni stabilité contractuelle. En parallèle, le développement d'une classe moyenne urbaine ouvre des perspectives de croissance intérieure, avec une consommation accrue dans les biens de consommation, l'éducation, la santé et les loisirs.



Suzanne Held, Hervé Beaumont, Viêt Nam, la route mandarine, Ed. Chapitre Douze, 2005. 
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