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Taiwan
T'ai-wan

23 30 N, 121 00 E
Taiwan (Taïwan) est un Etat insulaire de la mer de Chine. Les navigateurs espagnols l'avaient nommée Hermosa ou Formosa (Formose), c'est-à-dire la Belle, à cause de ses paysages enchanteurs. Sa superficie est de 35 980  km²; sa population de 23,5 millions d'habitants (2025). 
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C'est une grande île séparée de la province chinoise de Fujian (Fou-kien) par le détroit de Taiwan ou Taiwan Haixia (anc. détroit des Pescadores), des îles Bâshi (Philippines) par le détroit de Luçon ou Bashi Haixia, et du Japon par les îles Ryu-Kyu.
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Carte de Taiwan.
Carte de Taiwan. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Taiwan est une démocratie pluraliste. C'est une république divisée administrativement en 18 hsien (provinces), 5 shi (municipalités et 2 chih-hsia-shih (municipalités spéciales). L'archipel des Pescadores (P'enghu Ch'üntao) à l'Ouest de l'île principale forme l'une de ses provinces. Le pays possède en outre quelques petites îles (Quemoy, Matsu, etc.) près de la côte de la province chinoise de Fujian. La Chine, qui ne reconnaît pas l'indépendance de Taiwan, considère toute l'île comme sa 23e province. Capitale Taipei (T'aipei). Autres grandes villes : Kaohsiung, Chilung, T'aichung, T'ainan et Hsinchu.

Les divisions administratives de Taiwan

Hsien

Changhua
Chiayi
Hsinchu
Hualien
Kaohsiung
Kinmen
Lienchiang
Miaoli
Nantou
Penghu
Pingtung
Taichung
Tainan
Taipei

Taitung
Taoyuan
Yilan
Yunlin
Shih

Chiayi 
Hsinchu
Keelung
Taichung
Tainan

chih-hsia-shih

Kaohsiung
Taipei 

Note : certains comtés portent le même nom que la municipalité qu'ils
renferment, mais il s'agit bien d'entités administratives distinctes.

Géographie physique de Taiwan

Côtes.
La côte Ouest de Taiwan, à partir du cap Sud jusqu'à la pointe Fu-kuei Chiao, au Nord de l'île, est formée par une plaine, peu accidentée, qui n'est qu'un étroit cordon littoral du cap Sud jusqu'au port de Fangshan, qui s'élargit considérablement ensuite pour redevenir une bande étroite dans le Nord-Est, un peu au-dessous de Miao-Li. La côte Est est formée de rochers arides, très escarpés et d'abords très difficiles. 
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Taiwan.
L'île de Taiwan vue de l'espace. Image : Nasa World Wind.

Montagnes.
La grande arête montagneuse qui sépare ces deux côtes, dirigée du Nord-Est au Sud-Ouest, est nommée Chungyang Shanmo. Elle présente des sommets très élevés, entre autres le Yü Shan ou mont Morrison (3952 m), qui est le point culminant, et le Hsüeh Shan ou mont Sylvia (3931 m). C'est une chaîne volcanique où l'on trouve de nombreuses solfatares et un petit volcan en activité près de la ville de Kiaï-chan. 

Cours d'eau.
Les rivières sont nombreuses, mais peu importantes : elles mériteraient mieux le nom de torrents. Les principales aboutissent à la côte Ouest; on peut citer le Kao-p'ing Hsi, le Tsung-wen Hsi, le Cho-shui Ho, le Ta-chia Hsi et le tan-shui Ho, qui arrose Taipei. 

Climat.
Le climat est très chaud en juin, juillet, août et septembre, atteignant en moyenne 21°C à 22°C, et en janvier 10°C. Des pluies abondantes tombent pendant le mois de janvier, février, mars et mai. La végétation est luxuriante; les fleurs, surtout les orchidées, atteignent des proportions et un éclat peu communs; des forêts considérables occupent toute la région de montagnes.

Biogéographie de Taiwan

La variabilité climatique de Taiwan, combinée aux gradients altitudinaux prononcés de l'île, génère une zonation écologique verticale nette : les forêts sempervirentes de basse altitude, les forêts de feuillus montagnards, les forêts de conifères à haute altitude, puis des prairies alpines. L'insularité de Taïwan, combinée à sa topographie et à son climat, a aussi favorisé des processus de radiation adaptative dans plusieurs groupes taxonomiques. Cela en fait un laboratoire naturel idéal pour les études de biogéographie, d'évolution et de conservation.

La flore de Taïwan inclut des éléments relictuels du Tertiaire, notamment des fougères arborescentes et des espèces de Lauraceae, témoignant d'un passé paléotropical. La faune comprend également des amphibiens et reptiles endémiques, dont beaucoup sont menacés par la fragmentation de l'habitat et les espèces exotiques envahissantes.

La richesse en espèces est remarquable : plus de 4000 espèces de plantes vasculaires, dont environ 25 % sont endémiques. L'isolement relatif de Taiwan, combiné à son passé de connexions intermittentes avec le continent asiatique via des ponts terrestres durant les périodes glaciaires, a favorisé la spéciation locale. Plusieurs espèces emblématiques témoignent de cette endémicité, telles que le faisan de Swinhoe (Lophura swinhoii) ou l'ours noir de Formose (Ursus thibetanus formosanus).

Sur le plan zoogéographique, Taïwan fait partie de la région orientale (ou paléarctique/indomalaise selon les écoles), mais constitue une sous-province unique dans la région sino-japonaise. Elle partage des affinités floristiques et faunistiques avec l'Asie continentale du Sud-Est, le sud de la Chine et les Ryūkyū. Toutefois, certaines espèces montrent aussi une origine himalayenne ou japonaise, notamment en haute altitude.

Les zones humides, comme les marais côtiers, les lagunes et les estuaires, abritent une avifaune migratrice importante. Taiwan se trouve sur la voie migratoire Asie de l'Est-Australasie, et attire des milliers d'oiseaux chaque saison, notamment des limicoles et des hérons.

L'histoire géologique de l'île, issue de la collision des plaques eurasienne et philippine, a engendré des soulèvements et des failles actifs. Ces mouvements tectoniques ont modelé des écosystèmes distincts sur les versants est et ouest. Le versant oriental, plus abrupt et exposé au Pacifique, présente une végétation plus dense et humide, tandis que l'ouest, plus urbanisé et cultivé, a vu ses milieux naturels fortement fragmentés.

L'activité humaine, surtout dans les plaines de l'ouest, a entraîné la disparition de nombreux habitats naturels. Toutefois, environ 20 % du territoire est protégé sous forme de parcs nationaux ou de réserves, ce qui permet une certaine conservation des milieux montagnards et côtiers.

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Taiwan : lac du Soleil et de la Lune.
Le lac du Soleil et de la Lune, à Taiwan. - Il doit son nom à sa forme : la partie orientale est supposée ressembler au Soleil, l'occidentale au Soleil. Bien que d'origine naturelle, le lac a été 
agrandi pendant l'occupation japonaise de l'île après le détournement du cours d'une rivière proche
dans le but de produire de l'électricité. La région entourant le lac a été habitée historiquement
par les Taho, une des populations aborigènes de Taiwan. Source : The World Factbook.

Géographie humaine de Taiwan

Population.
Taïwan compte environ 23,5 millions d'habitants, concentrés principalement dans les plaines occidentales, notamment autour de la capitale Taipei, ainsi que dans les grandes agglomérations de Taichung, Tainan et Kaohsiung. Le territoire, très montagneux dans sa moitié orientale, reste peu peuplé sur ces versants. La densité démographique globale dépasse 650 habitants au km², mais peut atteindre plus de 10.000 habitants/km² dans certaines zones urbaines.

La population a crû rapidement durant la seconde moitié du XXe siècle, avant d'entrer dans une phase de stagnation, puis de décroissance, amorcée dans les années 2020. Le taux de fécondité (autour de 1,0 enfant par femme) est aujourd'hui parmi les plus bas du monde, bien en dessous du seuil de remplacement. L'âge médian dépasse désormais les 42 ans, et la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans augmente rapidement (plus de 17 %), ce qui pose des défis majeurs en matière de retraites, de santé publique et de main-d'oeuvre.

Avec son vieillissement démographique rapide, sa chute de la natalité et sa pénurie de main-d'oeuvre, Taïwan est confrontée aujourd'hui à de nouveaux défis sociétaux : montée des inégalités intergénérationnelles, accès au logement dans les grandes villes, et intégration des travailleurs migrants venus du Sud-Est asiatique. Ces mutations redessinent en profondeur la sociologie de l'île, désormais entrée dans une phase post-industrielle et multiculturelle.

Le modèle sociologique taïwanais a connu une modernisation rapide. Le taux d'urbanisation dépasse les 80 %, avec un mode de vie de plus en plus individualiste, caractérisé par la diminution des structures familiales étendues au profit de familles nucléaires ou monoparentales. Le marché du travail est fortement tertiarisé, même si l'industrie de haute technologie (notamment les semi-conducteurs) joue un rôle stratégique dans l'économie. Le statut des femmes a également évolué : leur taux de participation à l'emploi atteint 51 %, et elles sont majoritaires dans l'enseignement supérieur. Néanmoins, les inégalités de genre persistent, notamment en termes de salaires et d'accès aux postes de direction.

L'identité taïwanaise est un thème sociopolitique central. Les enquêtes montrent que la majorité des habitants se définissent désormais comme Taïwanais plutôt que Chinois  ou Chinois-Taïwanais, ce qui traduit une évolution marquée depuis les années 1990. Cette affirmation identitaire s'accompagne d'un attachement fort au système démocratique pluraliste, aux libertés publiques et à la société civile dynamique, qui contraste avec le modèle autoritaire de la Chine continentale. Les mouvements étudiants comme le Mouvement des Tournesols en 2014 ont illustré ce rôle actif de la jeunesse dans la construction d'une société politique engagée.

Quelques-unes des principales villes de Taiwan

Taipei (台北市, Táiběi). - Environ 2,6 millions d'habitants (7 millions dans l'aire métropolitaine du Grand Taipei). Capitale de Taïwan. Centre politique (siège du gouvernement taïwanais), culturel et économique du pays. Ville moderne avec des gratte-ciel comme le Taipei 101 et de nombreux sites culturels comme le Musée national du Palais. Importante destination touristique.

Kaohsiung (高雄市, Gāoxióng). - Environ 2,75 millions d'habitants. Principal port maritime de Taïwan. Centre industriel, maritime et commercial. Proposant de nombreuses attractions touristiques, telles que le Lac du Lotus, la Tour 85 Sky et le Love River. Ville moderne avec des infrastructures de transport comme le MRT de Kaohsiung.

Taichung (台中市, Táizhōng). - Environ 2,8 millions d'habitants. Située dans le centre-ouest de l'île, Taichung est une grande ville industrielle et culturelle. Ville avec un climat agréable et un développement rapide. Connue pour ses attractions touristiques comme le Lac du Soleil et de la Lune (Sun Moon Lake), ainsi que ses marchés nocturnes et ses parcs. Centre éducatif et technologique avec plusieurs universités.

Tainan (台南市, Táinán). - Environ 1,9 million d'habitants. Ancienne capitale de Taïwan et l'une des villes les plus anciennes du pays. Réputée pour ses nombreux temples historiques, ses sites culturels et ses traditions culinaires. Des sites majeurs incluent le Fort Provintia, le Temple de Confucius, et la Tour Chihkan. Ville importante pour son patrimoine et son histoire liée à la colonisation hollandaise et à la dynastie Qing.

New Taipei (新北市, Xīnběi). -  Environ 4 millions d'habitants, ce qui en fait la ville la plus peuplée de Taïwan. Ville qui entoure Taipei et fait partie de sa région métropolitaine. 

C'est une ville moderne  avec de nombreuses zones résidentielles et industrielles. Plusieurs attractions naturelles comme les chutes d'eau de Shifen et les plages de Fulong. Importante en tant que banlieue de Taipei, avec un développement rapide dans divers secteurs économiques.

Hsinchu (新竹市, Xīnzhú). - Environ 450.000 habitants. Située au nord-ouest de Taïwan, c'est le centre de la haute technologie de l'île. L'Hsinchu Science Park est l'une des principales zones industrielles de Taïwan, spécialisée dans les semi-conducteurs et l'électronique. Ville universitaire avec un fort accent sur la recherche et l'innovation technologique.

Keelung (基隆市, Jīlóng). - Environ 370.000 habitants. Grand port maritime situé au nord-est de Taïwan, proche de Taipei. Importante ville portuaire, spécialisée dans le commerce maritime et la pêche. Keelung possède des attractions comme le marché nocturne de Miaokou et le port de Keelung, ainsi que des festivals religieux.

Chiayi (嘉義市, Jiāyì). Environ 270 000 habitants. Située dans le sud-ouest de Taïwan. Ville historique , point d'accès vers la chaîne de montagnes d'Alishan et le parc national de Yushan. Importante pour l'agriculture et le tourisme de montagne, avec un riche patrimoine culturel.

Changhua (彰化市, Zhānghuà). -  Environ 230 000 habitants. Ville du centre de Taïwan, située dans la plaine de Changhua. Réputée pour le Grand Bouddha de Baguashan et son industrie manufacturière. Ville agricole importante, avec une grande production de légumes et de riz.

Miaoli (苗栗市, Miáolì). - Environ 90 000 habitants. Située dans le nord-ouest, Miaoli est connue pour sa forte population hakka et son importance culturelle. La ville est entourée de collines et de paysages agricoles, avec un riche patrimoine culturel hakka.

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Groupes ethnolinguistiques.

La population de Taïwan est composée majoritairement de Han (environ 97 %), subdivisés en plusieurs groupes historiques. Les Hoklos (ou Minnan), arrivés du Fujian dès le XVIIe siècle, représentent le groupe dominant culturellement et numériquement. Les Hakkas, venus également du sud de la Chine, forment une autre composante importante. Les « continentaux » ou Waishengren, arrivés massivement avec le Kuomintang en 1949 après la guerre civile chinoise, constituent une minorité visible surtout dans les élites politiques et économiques. À côté de cette majorité han, une petite fraction de la population est constituée de peuples autochtones austronésiens. 

Taiwan est aussi une société plurilingue. Le mandarin standard est la langue officielle, mais le taïwanais (ou hoklo) est largement parlé dans les échanges quotidiens, de même que le hakka et plusieurs langues austronésiennes dans les populations autochtones. L'évolution identitaire contemporaine de Taïwan complexifie les appartenances linguistiques. De nombreux Taïwanais sont désormais multilingues, utilisant au quotidien le mandarin, mais aussi des langues locales selon le contexte familial, régional ou générationnel. Des politiques linguistiques récentes cherchent à valoriser cette diversité, après plusieurs décennies de domination exclusive du mandarin imposé par le régime nationaliste après 1949. Des efforts politiques et académiques sont menés pour promouvoir une société « plurilingue égalitaire », où les langues autochtones, le hakka et le taïwanais soient reconnues et protégées au même titre que le mandarin. 

Hoklos.
Les Hoklos, aussi appelés Minnans, constituent le plus grand groupe ethnolinguistique de Taiwan ( environ 70 % de la population). Originaires du sud du Fujian (région de Quanzhou et Zhangzhou), ils ont commencé à s'installer massivement à partir du XVIIe siècle, notamment sous la dynastie Ming puis sous la domination de Koxinga. Leur langue maternelle est le taïwanais (ou minnan taïwanais), une langue sinitique dérivée du minnan du Fujian. Cette langue est encore largement parlée dans la vie quotidienne, en particulier dans les zones rurales et dans le sud de l'île, bien que le mandarin domine dans les sphères formelles.

Hakkas.
Les Hakkas représentent environ 15 % de la population. Ils sont également originaires de Chine du Sud, principalement du Guangdong, du Jiangxi et du Fujian. Le terme  Hakka  signifie littéralement « famille invitée », en référence à leur histoire de migrations internes en Chine. Ils se sont établis dans les régions montagneuses du nord et du sud de Taiwan, notamment à Miaoli, Hsinchu, Pingtung et Meinong. Leur langue, le hakka, possède plusieurs variantes, avec une phonologie distincte du mandarin ou du taïwanais. Malgré un net recul dans sa transmission intergénérationnelle, elle connaît un renouveau grâce à des politiques culturelles de revitalisation.

Waishengren.
Les Waishengren (littéralement « personnes des provinces extérieures ») constituent environ 10 à 13 % de la population. Ce groupe désigne les Chinois venus du continent après la guerre civile de 1949, accompagnés de l'armée nationaliste et du gouvernement du Kuomintang. Ils parlent majoritairement le mandarin, devenu langue officielle et véhiculaire à Taiwan, et ont longtemps dominé les sphères politiques, militaires et administratives. Leur répartition est plus urbaine, notamment à Taipei et dans les grandes villes. Leurs enfants nés à Taiwan sont souvent bilingues mandarin-taïwanais et intégrés aux autres groupes culturels.

Populations austronésiennes.
Les peuples autochtones austronésiens de Taiwan représentent environ 2,5 % de la population. Ils sont considérés comme les premiers habitants de l'île, présents depuis des millénaires, et rattachés à la famille linguistique austronésienne qui s'étend de Madagascar à la Polynésie. Seize groupes sont officiellement reconnus par l'État taïwanais, dont les Amis, Atayals, Paiwan, Bunun, Rukai, Puyuma, Tsou, Tao (Yami) et Saisiyat. Chacun possède sa propre langue, ses traditions et son organisation sociale. Les langues autochtones sont menacées par l'urbanisation, l'assimilation culturelle et la domination du mandarin, bien que des politiques de revitalisation linguistique soient mises en place depuis les années 2000, avec l'introduction de l'enseignement des langues autochtones dans certaines écoles.

Autres groupes.
À ces groupes traditionnels s'ajoutent de nouveaux groupes issus de migrations récentes. Depuis les années 1990, Taiwan accueille de nombreux travailleurs migrants originaires des Philippines, d'Indonésie, du Vietnam et de Thaïlande, principalement employés dans le secteur domestique, l'industrie manufacturière ou les soins aux personnes âgées. Ces populations, bien que minoritaires numériquement, introduisent une nouvelle diversité linguistique et culturelle. Le vietnamien et l'indonésien sont devenus des langues visibles dans l'espace public urbain (signalétiques, formulaires, médias communautaires).

Une dynamique particulière concerne les femmes migrantes venues du Sud-Est asiatique dans le cadre de mariages transnationaux avec des hommes taïwanais, notamment dans les zones rurales. Ces femmes, souvent originaires du Vietnam, de Thaïlande ou d'Indonésie, contribuent à une nouvelle mosaïque sociolinguistique dans les foyers taïwanais. Leurs enfants, appelés parfois « nouveaux Taïwanais », font l'objet de politiques éducatives spécifiques pour promouvoir le bilinguisme et l'intégration culturelle.
Culture.
La base culturelle dominante de Taiwan provient de la tradition chinoise, notamment celle des provinces du sud-est comme le Fujian et le Guangdong, d'où sont originaires les premières vagues de migrants han. Ces traditions ont été adaptées au contexte insulaire et aux rythmes locaux. Elles s'expriment dans la cuisine, les rituels familiaux, le respect des ancêtres, la médecine traditionnelle, mais aussi dans l'architecture des temples et les festivals populaires. Des fêtes comme le Nouvel An lunaire, la fête des lanternes, celle des bateaux-dragons ou la fête des fantômes sont célébrées avec ferveur, dans un esprit communautaire et rituel.

Sur le plan religieux, Taïwan présente une remarquable diversité et un syncrétisme caractéristique de l'aire sinisée. Bouddhisme, taoïsme et religions populaires locales se mêlent dans des pratiques ritualisées ancrées dans la vie quotidienne, en particulier dans les campagnes. Le christianisme, introduit par les missionnaires occidentaux et plus présent parmi les peuples autochtones, reste minoritaire (environ 4 %). Les lieux de culte – temples, sanctuaires, églises – sont très nombreux, souvent vecteurs de vie communautaire.

Chaque quartier ou village possède son ou ses temples dédiés à diverses divinités, comme Mazu (déesse de la mer), le roi des médicaments ou le dieu de la guerre Guan Gong. Ces temples sont à la fois des lieux de culte, de rencontres sociales, de spectacles traditionnels (opéra taïwanais, danses de lions ou de dragons), et des centres d'organisation de festivals. 

Les cultures autochtones austronésiennes contribuent également à la richesse culturelle de Taïwan, bien que longtemps marginalisées. Chaque groupe indigène possède des rituels, des mythes fondateurs, une musique, une danse et un artisanat qui lui sont propres. Par exemple, les Atayals se signalent par leurs motifs tissés géométriques et leurs tatouages faciaux traditionnels. La transmission culturelle dans ces groupes passe aujourd'hui par des programmes de revitalisation linguistique, des festivals autochtones et la réappropriation de territoires rituels.

La période coloniale japonaise (1895–1945) a laissé une empreinte durable, notamment dans l'urbanisme, l'éducation, les habitudes alimentaires, la propreté publique et l'esthétique architecturale. De nombreuses villes possèdent encore des bâtiments coloniaux réhabilités, des bains publics, des gares ferroviaires et des jardins japonais. Cette influence se retrouve aussi dans la cuisine (bento, ramen, desserts à base de haricots rouges), ainsi que dans le goût pour le design, l'ordre et la discipline collective. Les générations plus âgées ont souvent une certaine nostalgie de cette époque, perçue comme une période de modernisation rapide.

La culture populaire taïwanaise contemporaine est caractérisée par une grande créativité et une expression libre. La scène musicale a vu émerger des genres hybrides allant de la pop mandopop aux musiques indépendantes mêlant rock, folk et rap en mandarin, taïwanais ou hakka. Des artistes comme Jay Chou ou A-Mei ont acquis une renommée panasiatique. Le cinéma taïwanais est reconnu pour son esthétique et son engagement, avec des figures comme Hou Hsiao-Hsien, Edward Yang ou, plus récemment, Ang Lee (Tigre et dragon, Brockeback Mountain, l'Odyssée de Pi), qui a remporté plusieurs Oscars.

L'espace médiatique est dense et pluraliste. La liberté de la presse est protégée, ce qui favorise une culture politique vivace, nourrie de débats publics, de talk-shows et d'activisme. Taïwan dispose d'une scène littéraire dynamique, dans plusieurs langues, où se croisent récits postcoloniaux, autofictions identitaires et littérature de genre. La bande dessinée taïwanaise (manhua) et les romans graphiques ont aussi trouvé leur public.

Le système éducatif valorise fortement les humanités, les sciences et les langues étrangères, mais est parfois critiqué pour son élitisme et la pression académique. Les jeunes générations participent à une culture numérique mondialisée, consommant autant des contenus sud-coréens, japonais que taïwanais ou occidentaux. La culture gaming, les animes, les réseaux sociaux et les plateformes de streaming façonnent les identités culturelles nouvelles.

La gastronomie taïwanaise est une des expressions les plus identitaires de la culture locale. Elle est réputée pour sa diversité, son accessibilité et ses marchés de nuit emblématiques. On y trouve des influences chinoises, japonaises et autochtones, dans des plats comme le boeuf mijoté, les raviolis, les boulettes de riz gluant, les soupes aux nouilles, les fruits de mer ou le tofu fermenté. Le bubble tea, inventé à Taïwan, est devenu un symbole mondial de la jeunesse taïwanaise.

La société taïwanaise est également pionnière en matière de droits civiques en Asie. Taïwan a été le premier pays asiatique à légaliser le mariage homosexuel (2019), et de nombreux festivals, comme la Taipei Pride, témoignent d'une culture LGBTQ+ vivante et intégrée. Les mouvements sociaux, portés par les étudiants, les femmes ou les minorités, contribuent à une culture civique démocratique très active.

Economie.
Fondée sur un modèle exportateur fortement industrialisé, caractérisé par un fort degré de spécialisation technologique, notamment dans le secteur des semi-conducteurs, l'économie taïwanaise est l'une des plus dynamiques d'Asie. Elle se classe même parmi les vingt premières économies mondiales en termes de PIB nominal et dispose d'un revenu par habitant élevé, qui reflète un niveau de développement avancé. Le pays s'est transformé en quelques décennies, en passant d'une économie agraire à une puissance technologique mondiale.

La croissance économique de Taïwan a connu une accélération spectaculaire à partir des années 1960, grâce à une politique volontariste d'industrialisation par substitution aux importations, puis par promotion des exportations. L'État a joué un rôle central dans la planification économique, en créant des zones industrielles, en soutenant la recherche et en orientant l'investissement privé. Ce « miracle taïwanais » s'est appuyé sur une main-d'oeuvre qualifiée, une forte épargne intérieure, des infrastructures efficaces et une culture entrepreneuriale dense fondée sur un tissu de PME innovantes.

Le secteur manufacturier reste la colonne vertébrale de l'économie, avec une spécialisation mondiale dans les composants électroniques. Taïwan est le leader incontesté de la fabrication de semi-conducteurs, notamment grâce à l'entreprise Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui fournit les géants mondiaux comme Apple, Nvidia ou AMD. L'archipel est également très actif dans les industries de la mécanique de précision, des produits optiques, de l'informatique et des équipements de télécommunication. L'électronique représente plus de 35 % des exportations totales.

Les services constituent désormais plus de 60 % du PIB, ce qui reflète la transition vers une économie post-industrielle. Le secteur bancaire est solide, avec une forte régulation. Le tourisme, bien qu'impacté par la pandémie de covid-19, représente une source de revenus non négligeable. L'éducation, la santé, les technologies de l'information et la logistique constituent aussi des piliers du secteur tertiaire, avec un développement rapide du commerce électronique et des technologies vertes.

L'agriculture ne représente plus que 1 à 2 % du PIB, mais elle reste symboliquement importante. Elle se caractérise par une production intensive et diversifiée sur des surfaces réduites : riz, légumes, thé, fruits tropicaux, porc et produits de la pêche. Elle bénéficie d'un soutien étatique important pour maintenir la sécurité alimentaire et préserver le tissu rural.

Le modèle taïwanais repose sur une forte ouverture commerciale. L'île est très dépendante des exportations, qui représentent environ 70 % du PIB. Ses principaux partenaires sont la Chine continentale, les États-Unis, l'Asie du Sud-Est, le Japon et l'Union européenne. Cette dépendance commerciale envers la Chine est toutefois devenue une source de vulnérabilité géopolitique, en particulier dans le contexte de tensions croissantes dans le détroit de Taïwan.

Taïwan ne fait pas partie de l'ONU ni de nombreux organismes internationaux à cause de la pression diplomatique exercée par la Chine. Cela limite sa participation à certains accords économiques multilatéraux. Toutefois, elle est membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sous l'appellation « Territoire douanier distinct de Taïwan, Penghu, Kinmen et Matsu » et cherche à intégrer des accords régionaux comme le CPTPP (Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership).

L'économie taïwanaise est aujourd'hui confrontée à plusieurs défis structurels : le vieillissement rapide de la population, la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, les tensions commerciales avec la Chine et la nécessité d'accélérer la transition énergétique. Le gouvernement mise sur l'innovation, la transition numérique et la diversification industrielle pour assurer sa résilience. Des secteurs comme l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables, la biotechnologie et la robotique sont ciblés comme axes de développement stratégique.

Les inégalités sociales, bien que moins marquées que dans d'autres pays asiatiques, tendent à se creuser, en particulier entre les jeunes générations et les populations âgées, entre zones urbaines et rurales. Le marché immobilier est tendu, avec des prix très élevés dans les grandes villes, ce qui alimente un sentiment de précarité chez les jeunes travailleurs, malgré un bon niveau global d'éducation.

Taiwan est également un modèle de développement écologique en devenir. Le gouvernement s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Des efforts sont déployés pour développer l'éolien offshore, le solaire, les véhicules électriques et la décarbonation de l'industrie. Toutefois, la dépendance persistante aux énergies fossiles reste un frein à une transition énergétique rapide.

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