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L'histoire du Touât
Le Touât est un groupe d'oasis du Sahara algĂ©rien; on applique souvent ce nom Ă  l'ensemble des oasis situĂ©es au Sud de l'Oranais et au Nord-Ouest du massif du Hoggar; mais il dĂ©signe spĂ©cialement le groupe occidental de ces oasis; celui du Nord Ă©tant le Gourara, et celui du Sud-Est, le Tidikelt. On tend Ă  concilier les deux appellations en qualifiant l'ensemble des trois groupes d'Archipel touatien, pour rĂ©server celui de Touât au groupe du Sud-Ouest, situĂ© dans le bassin de l'oued Saoura. 

GĂ©ographie.
L'ensemble de l'archipel touatien reprĂ©sente une dĂ©pression Ă  laquelle viennent aboutir les eaux descendues de l'Atlas et des massifs des Touareg; elle est limitĂ©e : au Nord, par les dunes de l'Erg occidental et la falaise du plateau crĂ©tacĂ© du TademaĂŻt; au Sud, par le plateau dĂ©vonien du Mouydir; les oasis du Nord, alimentĂ©es par les eaux filtrĂ©es sous la dune, forment le Gourara; celles du Sud-Est, alimentĂ©es par les eaux du TadĂ©maĂŻt et du Mouydir, forment le Tidikelt; quant au Touât, il reprĂ©sente le fond de la cuvette et est crĂ©Ă© par les eaux de l'oued Saoura ou Messaoud, venu du Maroc et grossi Ă  Igli par la Zousfana; le Touât ne comprend que le bassin infĂ©rieur de l'oued Saoura; au moment des pluies, l'eau y arrive jusqu'aux premières oasis, rarement jusqu'Ă  l'extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale de la dĂ©pression qui n'est guère qu'Ă  une centaine de mètres au-dessus de l'OcĂ©an. La vallĂ©e est large sur un sol d'alluvions; la nappe souterraine drainĂ©e par les feggaguir (galeries souterraines joignant le puits) est abondante. 
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Carte du Touat.
Carte du Touât et des régions environnantes.

Histoire.
L'histoire du Touât n'est connue que depuis la conquête musulmane. La population primitive, formée peut-être des Harratin ou Maures Noirs (Mélano-Gétules des Anciens), avait été de longue date subjuguée par les Berbères Zenata.

Au VIIIe siècle, les Miknasa, fraction de cette grande tribu convertie Ă  l'islam, occupaient la rĂ©gion de l'oued Saoura et fondèrent au Taplelt le petit Etat de Sidjelmassa. Sous la dynastie des Beni Midrar, ils affirmèrent leur autonomie en adhĂ©rant au schisme religieux des Chiites; le Touât et le Gourara suivirent cet exemple vers l'an 800. 

Bien que cet antagonisme religieux ait cessĂ© lors du dĂ©membrement de l'Empire musulman, le dualisme et les rivalitĂ©s qu'il traduisait ont durablement persistĂ©. Les ksour de l'oued Saoura demeurèrent du cĂ´tĂ© des dissidents. Lors de la seconde invasion arabe, dite hillabienne, les MĂ©rinides, fraction des Zenata, se rĂ©fugièrent au Gourara (XIe siècle); plus tard, devenus maĂ®tres du Maroc, ils voulurent Ă©tendre leur autoritĂ© vers le Sud. En 1315, le fils du sultan Abou Ali, parti du Tafilelt, fait la conquĂŞte du Touât, du Gourara et de Tamentit; mais lui-mĂŞme, puis son frère s'y rendirent indĂ©pendants et tout lien de vassalitĂ© fut presque aussitĂ´t rompu. 

En 1492, un agitateur religieux du Gourara fait massacrer les juifs et tente de rĂ©volutionner le Maroc. La première occupation effective par une armĂ©e marocaine eut lieu en 1540, sous la dynastie des Chemfa Saadiens qui s'appuyaient sur le Tafilelt, Mouley Abmed et Mansour dut recommencer la conquĂŞte en 1588, quand il entreprit celle du Soudan; le Gourara et le Touât se rebellèrent presque aussitĂ´t et une nouvelle expĂ©dition Ă©choua. La dynastie rĂ©gnante au Maroc obtint en 1662 et 1668 un hommage nominal; puis il ne fut plus question de suzerainetĂ© jusqu'en 1808 oĂą une colonne marocaine vint prĂ©lever son tribut. 
Le traité de 1845, entre la France et le Maroc, stipulait qu'au Sud des ksour de Figuig et de Moghar, le pays étant désert, la délimitation est superflue. Le Gourara, le Touât et le Tidikelt restaient donc en dehors du territoire marocain aussi bien que français; comme ils étaient à l'Est du méridien où s'arrêtait la frontière, ils étaient dans la zone d'influence française.

La conquête française.
En 1873, le gĂ©nĂ©ral de Gallifet ayant occupĂ© El GolĂ©a, les djemaa (assemblĂ©es) de Timimoun, de l'Aougguerout et d'In-Salah lui offrirent de se soumettre. La situation fut modifiĂ©e par le massacre de la mission Flatters, concertĂ© dans une rĂ©union tenue Ă  ln-Salah, en dĂ©cembre 1880, par les Touareg, les Ouled-sidi-Cheikh dissidents et la famille des Badjouda qui dominait Ă  In-Salah; l'oasis d'In-Rhar (Tidikelt) fournit mĂŞme vingt chameaux au rezzon des Touareg. A partir de cette Ă©poque les gens d'In-Salah, comme les Touareg Hoggar, s'efforcèrent de trouver au Maroc une protection. 

En 1886 et 1887, les chefs du Touât et du Gourara firent des dĂ©marches auprès du sultan; la France protesta Ă  Fès, et les querelles des djemaas berbères du Gourara, avec les chefs nobles arabes du Touât, paralysèrent l'effet de ces dĂ©marches. Toutefois, au Touât, un personnage Ă©tabli dans l'oasis de Timmi prit le titre de pacha marocain. Les oasis touatiennes Ă©taient trop divisĂ©es pour accepter de s'unir sous un gouverneur. 

Elles furent, en premier lieu, divisées en deux grands partis ou Sofs, Ihammed et Sefian, division qui remontait à l'époque des Almohades (XIIIe siècle); elles l'étaient en Berbères administrés par leurs assemblées (djemaa) qui dominaient au Gourara, et Arabes obéissant à leurs chefs religieux ou nobiliaires; d'une manière générale le Sof des Sefian représentait l'élément berbère et le Sof Ihammed l'élément arabe; elles l'étaient encore en partis religieux affiliés à des ordres rivaux : de Mouley-Taieb dont le chérif d'Ouezzan était le chef; héritiers de la dynastie des Edrisites, les Taïbya étaient assez mal disposés pour la dynastie marocaine; l'ordre des Ouled-sidi-Cheikh dont l'importance a été plus politique que religieuse; les descendants de Sidi Cheikh étaient, lors de la conquête française, les chefs féodaux du Sahara algérien; leur influence a été considérable au Gourara; le célèbre Bou Amama, chef de l'insurrection du Sud oranais, en 1882, était de cette famille; il se retira après l'insurrection à Deldoul, oasis du Gourara, et de là consolida son influence sur les nomades sahariens depuis les Bebères marocains jusqu'aux Touareg; il a ensuite quitté ces parages pour s'installer à Figuig; l'ordre des Kadria (Sidi Abd-el Kader Djilani) était, comme dans toute l'Afrique musulmane, important, mais peu militant; celui de Kerzaz, qui se rattachait aux Edrisites, avait son centre sur l'oued Saoura, au Nord du Touât, il était pacifique et favorable à l'entente française; la confrérie des Bekkaya, qui avait son centre à Tombouctou, dérivait des Kadria, influent dans les oasis méridionales d'Akabli (Tidikelt); lnzegmir (Touât), était également pacifique en principe; l'ordre des Senoussi, qui passait pour très hostile aux Européens, dominait à In-Salah.

Après avoir projetĂ© une extension d'influence et suivi Ă  cet effet des pourparlers assez stĂ©riles avec les Ouled-sidi-Cheikh, le gouvernement français, poursuivant la jonction de l'AlgĂ©rie et du Soudan, entrepit l'occupation des grandes oasis sahariennes du Touât. Ce fut la consĂ©quence de la mission Flamand, mission gĂ©ologique escortĂ©e par le capitaine Pein avec 140 hommes. Parvenue près d'In-Salah, elle fut attaquĂ©e Ă  Igosten par 1200 combattants, leur infligea une sanglante dĂ©faite (28 dĂ©cembre 1899); le lendemain elle occupa In-Salah; presque tous les Badjouda avaient pĂ©ri dans la lutte; le 5 janvier 1900, elle dĂ©fit des contingents venus d'Inrhar; toutefois, le commandant Baumgarten, venu avec 400 hommes renforcer la garnison, ne put prendre Inrhar (24 janvier); il fallut y envoyer une colonne avec de l'artillerie sous les ordres du lieutenant-colonel d'Eu; le 19 mars, il s'empara d'Inrhar, fit prisonnier le pacha de Timmi, chef du Touât; il soumit ensuite les oasis d'Akabli et d'Aoulep, achevant la conquĂŞte du Tidikelt. Celle du Gourara fut l'oeuvre du colonel Menestrel s'empara de Tabelkoza et de Timimoun (mai 1900). Une autre colonne avait occupĂ© le 5 avril. Igli, Ă  la tĂŞte de l'oued Saoura, pour couper le Touât du Maroc; en mĂŞme temps, le chemin de fer du Sud oranais Ă©tait poussĂ© jusqu'Ă  Duveyrier (Djenien-Bou-Rezg), en face de Figuig. Cependant, au Sud du Gourara de sanglants combats eurent lieu, en septembre, aux ksour de Sahela et de Metarfa, les ksouriens Ă©tant appuyĂ©s par des Berbères venus du Maroc mĂ©ridional. 

Une nouvelle colonne fut formĂ©e en janvier 1901, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Servière; il soumit le Deldoul, avec Sahela et Metarfa, Brinken et le Touât (fĂ©vrier 1901) ; Ă  ce moment, il apprit que les Berbères avaient tentĂ© sur Timimoun une surprise repoussĂ©e avec pertes (18 fĂ©vrier); il se porta contre eux dans l'oasis de Charouin, leur infligea de grosses pertes et acheva la soumission de ces ksour. Une autre colonne, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Risbourg, avait en partant de Duveyrier occupĂ© les oasis du Nord de l'oued Saoura, Beni Abbès et Kerzaz (mars 1900). La prise de possession des oasis du Touât, du Gourara et du Tidikelt, qui adminstrativement allait prendre le nom de "Territoire des oasis sahariennes" (l'un des quatre Territoires du Sud), coĂ»ta Ă  la France environ 40 millions de francs, en raison des frais Ă©normes des convois de dromadaires qui accompagnaient et ravitaillaient les colonnes, et de la mortalitĂ© de ces animaux dont plus de 60.000 succombèrent. 

Des postes fortifiĂ©s furent installĂ©s Ă  In-Salah, Inrhar et Tit, au Tidikelt, Ă  Timimoun, au Gourara, Ă  Adrar, au Touât, Ă  Beni-Abbès (après Igli), au Nord de l'oued Saoura; une piste carrossable reliera ce dernier point Ă  Djenan-ed-Dar, près de Duveyrier, en attendant la voie ferrĂ©e; une autre est tracĂ©e d'El GolĂ©a Ă  El Hadadra. L'administration des oasis Ă©tait assurĂ©e par la crĂ©ation d'annexes du service des affaires indigènes d'AlgĂ©rie Ă  In-Salah, Timimoun et Adrar; la police Ă©tait confiĂ©e Ă  des maghzen, cavaliers locaux dĂ©pendant des officiers chefs d'annexe. 

Sous administration française jusqu'à l'indépendance de l'Algérie, le Touât a été brièvement occupé par le Maroc au lendemain du départ des troupes françaises. . (A.-M. B.).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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