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Périclès est un célèbre homme d'État athénien, de l'ancienne famille des Buzyges, né en 499 av. J.-C, mort en 429, fils de Xanthippe, l'un des généraux vainqueurs à Mycale, et d'Agariste qui descendait de l'illustre famille des Alcméonides. Par sa mère, il était ainsi le peti-fils de Clisthène, qui avait renversé les Pisistratides. Son éducation se ressentit de cette origine et des grands souvenirs de famille au milieu desquels il fut élevé. Physiquement fort et bien équilibré, il acquit, en suivant les leçons des plus célèbres philosophes de son temps, Zénon, Anaxagore, Protagoras, une vue très haute des choses, une grande puissance oratoire et une clarté d'esprit qu'il mit au service de ses concitoyens : la richesse de sa nature et de son intelligence se manifestèrent dès sa jeunesse. II fut d'abord suspecté à cause de l'aristocratie de sa nature et de ses attaches et prit part avec distinction, sous la direction de Cimon, à plusieurs expéditions de guerre. Ce ne fut qu'après la mort d'Aristide qu'il se consacra à la politique. Thémistocle, banni par le peuple et compromis dans les intrigues de Pausanias, s'était réfugié en Asie; Cimon restait seul, chef du parti conservateur ou oligarchique, et formait la ligne des villes ioniennes sous la direction d'Athènes contre les Perses (Les guerres Médiques) : il se proposait de maintenir dans Athènes la constitution de Clisthène telle que l'avait modifiée Aristide (tous les citoyens devant être admissibles aux fonctions publiques), et de conserver à l'extérieur l'alliance de Sparte. Périclès consacra son influence et ses talents à l'autre parti qui cherchait à réformer dans le sens démocratique la constitution de Clisthène et à remplacer l'alliance onéreuse de Sparte par une ligue terrestre avec d'autres villes de la Grèce. Défenseur du peuple, il dédaigna tous les moyens des démagogues et évita la popularité facile, ne paraissant à la tribune qu'à de rares et décisives occasions; sa vie simple et sans faste contrastait avec la prodigalité de Cimon; il vivait dans l'intimité des philosophes, de Damon le musicien, de Phidias et de la célèbre Aspasie, dont la haute intelligence et l'esprit, disait-on, égalaient la beauté. Aidé d'Ephialte, il commença dès 468 une opposition dont les moyens consistaient à traduire en justice les magistrats sortant de charge; Cimon lui-même fut mis en jugement en 463; mais le parti oligarchique fit facilement acquitter son chef. Mais Cimon se perdit en conseillant d'envoyer une armée au secours des Spartiates, en guerre avec les Hilotes, malgré l'opposition d'Ephialtes. Les Spartiates soupçonneux renvoyèrent injurieusement l'armée athénienne, et Cimon fut banni sous l'indignation causée à Athènes par cette aventure. Périclès et Ephialtes avaient dès lors la majorité, et commencèrent à exécuter leurs projets de réforme (461). Ils retirèrent le pouvoir judiciaire à l'Aréopage et au conseil des Cinq-Cents qui l'exerçaient en même temps que le pouvoir politique. Le pouvoir judiciaire fut confié à des dicastes ou jurés choisis au sort parmi les citoyens, qui n'étaient frappés d'aucune incapacité légale. Tous les fonctionnaires pouvant être mis en jugement pour abus de pouvoir ou prévarication, cette mesure plaçait sous le contrôle direct du peuple les actes du gouvernement. Cette réforme fut complétée par la création de deux commissions : l'une de sept magistrats ou nomophylaces qui devaient s'opposer à toute mesure contraire aux lois existantes; l'autre, plus nombreuse, celle des thesmothètes, qui proposait la révision des lois mauvaises. Le reproche d'avoir corrompu la démocratie en payant les dicastes tombe de lui-même : leur indemnité ne dépassa jamais trois oboles par jour. Le parti oligarchique, effrayé par ces réformes, fit assassiner Ephialtes, mais ne parvint pas à effrayer Périclès qui restait seul chef du parti démocratique. Son administration commençait par des succès extérieurs : l'alliance de Mégare, une guerre heureuse contre Corinthe et Egine; en même temps, craignant une attaque de Sparte, Périclès proposa de joindre la ville à la mer par deux remparts de 40 et de 35 stades, pour fermer Athènes, le Pirée et Phalère, et garder toute liberté sur mer. Les Spartiates considérèrent ce projet comme un défi et franchirent l'isthme de Corinthe : le patriotisme de Cimon, qui ne voulut pas laisser le parti oligarchique abandonner la démocratie, sauva Athènes; après une défaite à Tanagra (457), Cimon fut rappelé d'exil, et les Athéniens remportèrent une victoire décisive sur les Béotiens à Oenophyte. Une trêve de cinq ans fut conclue avec les Spartiates, une convention signée avec les Perses, dans les conditions les plus avantageuses pour les villes d'Ionie et les îles de la mer Egée. Le siège de la confédération ionienne passa de Délos à Athènes qui reçut le tribut des villes; mais les Athéniens ne surent pas ménager la susceptibilité des alliée, et les Béotiens se révoltèrent: le général athénien envoyé pour la réprimer fut vaincu et tué à Chéronée. Les Spartiates reparurent dans l'Attique, et Athènes dut conclure en 445 avec Sparte et ses alliés une trêve de trente ans où elle renonçait à la suprématie sur la Grèce continentale et ne gardait que l'empire de la mer. Cependant les alliés étaient mécontents que l'on disposât de leur tribut sans les consulter : Samos s'était révoltée en 440, mais avait été réduite, après un siège de neuf mois, par une flotte que Périclès commandait; à son retour, il prononça l'oraison funèbre des Athéniens morts au siège de Samos. En 434, Corcyre, colonie émancipée de Corinthe, se révolta contre sa métropole à propos de la ville d'Epidamne; elle demanda l'alliance d'Athènes et l'obtint avec l'aide de Périclès. Les Corinthiens, repoussés par la flotte athénienne, poussèrent à la révolte Potidée, alliée d'Athènes; en même temps, les Mégariens qui avaient abandonné l'alliance d'Athènes furent mis par elle hors la loi. Les Corinthiens et les Mégariens s'adressèrent à Sparte, et la guerre la plus terrible qui eût ravagé le monde grec commença (Les rivales : Athènes, Sparte, Thèbes). Les Spartiates convoquèrent (novembre 432), un congrès général des Etats doriens qui vota le guerre contre Athènes à une forte majorité (janvier 431). Quand cette nouvelle arriva à Athènes le position de Périclès était affaiblie; le parti démocratique écoutait plus volontiers des orateurs plus ardents, et le parti aristocratique n'avait jamais désarmé. En 433 et 432, Périclès avait vu frapper ses amis les plus chers : Phidias, accusé d'impiété, était mort en prison; Anaxagore avait dû s'exiler; Aspasie même, accusée d'impiété, n'avait pu être sauvée que par les larmes et les prières de Périclès. Les Spartiates tentèrent d'abord, mais sans succès, de le faire exiler, Périclès, parti avec une flotte de cent trirèmes, dut ramener au Pirée ses vaisseaux ravagés par la peste. Son influence, jus que là toute-puissante puisqu'il avait encore, en novembre 431, prononcé l'éloge des guerriers morts dans la première campagne, était battue en brèche par les chefs de l'opposition, Cléon, Lacrotidas, Simmias (juin 430) : Périclès ne fut pas réélu stratège et fut même condamné à l'amende pour malversation; en même temps, de cruels malheurs domestiques vinrent le frapper; il perdit ses deux fils légitimes. Xantippe et Paralus, de la peste, ainsi que sa soeur et plusieurs de ses amis les plus chers; lui-même fut atteint par le fléau mortel. Le peuple cependant n'avait pas tardé à se repentir et le renomma stratège, en regrettant le jugement inique qui l'avait frappé. Périclès vécut encore un an, miné par la fièvre, et s'occupant cependant avec la même attention des affaires publiques. Il s'était maintenu trente ans au pouvoir par sa sagesse, son éloquence, sans faire jamais de concession aux basses passions de la démocratie; la dignité de son caractère, son humanité, son honnêteté incorruptible lui vaudront la première place dans l'histoire d'Athènes. Sa perte fut un malheur irréparable. Le peuple se laissa conduire par des démagogues qui le menèrent en peu de temps à la ruine. Le fils que Périclès avait eu d'Aspasie, et qui portait son nom, reçut du peuple, sur la demande du grand citoyen, et après la mort de ses deux fils légitimes, Xantippe et Paralus, les droits d'un enfant légitime et fut reconnu citoyen d'Athènes, malgré les prescriptions de la loi. II fut un des généraux qui en 406 prirent part au combat et à la grande victoire navale des Arginuses. Mais les généraux athéniens n'ayant pu ensevelir leurs morts furent, à leur retour à Athènes, mis en accusation, convaincus de sacrilège et condamnés; les principaux, et parmi eux le fils de Périclès, furent mis à mort. (Ph. B.). |
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