| Diogène Laërce, Laertius, est un écrivain grec, souvent cité, auteur d'un ouvrage intitulé Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, (De vitis, dogmatibus et apophthegmatibus clarorum Philosophorum), où se trouvent rassemblés les principaux renseignements que nous avons sur les philosophes grecs. La vie de ce personnage est très peu connue; on ne peut même fixer avec précision l'époque où il vécut; c'est probablement vers le milieu du IIIe siècle ap. J.-C. Il était peut-être natif de Laërte en Cilicie Diogène Laërce est un compilateur inintelligent et sans critique, qui rassemble de toutes parts une foule de détails, qu'il ne se préoccupe pas de mettre d'accord entre eux, qu'il ne contrôle pas du tout, et qu'il accompagne de réflexions ou d'épigrammes de sa composition, pour plupart ridicules; tel qu'il est cependant, ce recueil est un des plus précieux textes que nous ait laissés l'Antiquité. D'abord l'auteur y cite un certain nombre de passages empruntés aux ouvrages des philosophes anciens, et quelquefois des documents d'une grande importance, tels que : le testament d'Épicure, les trois lettres du même philosophe et ses préceptes essentiels, fragments dont l'authenticité n'est pas contestée. En outre, bien que les renseignements rassemblés par Diogène soient présentés sans ordre et au hasard, ils sont parfois empruntés à de bons historiens, et comme le compilateur indique presque toujours la source où il puise, il est possible, par des recherches et des comparaisons minutieuses, de se rendre un compte assez exact de leur valeur. La critique moderne en recherchant les origines des indications fournies par Diogène, en reconstituant l'histoire des écrivains qu'il copie, en remontant aussi près que possible de leur source, a accompli de véritables merveilles de sagacité et d'ingéniosité : elle est parvenue à faire un usage vraiment scientifique de ces matériaux confus. Le recueil de Diogène est divisé en dix livres, les sept premiers consacrés à l'école ionienne, à laquelle sont rattachés, on ne sait pourquoi, Socrate, Platon, Aristote, les académiciens et les stoïciens. A l'école ionienne ainsi entendue, par une bizarrerie inexplicable, Diogène oppose l'école pythagoricienne, à laquelle il consacre son huitième livre, et à laquelle se rattachent selon lui l'école sceptique et l'épicurisme. De ces divers chapitres, les plus intéressants sont le septième à cause des renseignements qu'il renferme sur le stoïcisme, et le dixième consacré à l'épicurisme. Le développement donné à ce dernier, les pièces authentiques qui y sont citées, dit férents autres passages encore ont quelquefois donné à penser que Diogène se rattachait lui-même à la secte épicurienne. L'ouvrage tout entier était dédié à une femme platonicienne, que l'on croit être Arria, contemporaine d'Alexandre Sévère, et citée par Galien. Diogène parle souvent d'un autre livre de lui, un recueil de poésies diverses, qui est perdu et n'était peut-être que la collection de ses épigrammes. (V. Brochard).
| Éditions anciennes. - Le texte de Diogène Laërce nous est parvenu plein de fautes et d'altérations. Un grand nombre de travaux considérables ont été publiés sur les sources auxquelles Diogène a puisé. Les principales éditions sont celles de Bâle (1533), d'Amsterdam (1696 et 1698), cette dernière tenant compte des travaux d'Henri Estienne, de Casaubon, d'Aldobrandini, de Ménage, de Meihom, de Kuhn. Citons encore parmi les érudits qui ont examiné le texte de Diogène, Rossius, et Gassendi qui a commenté, avec une hardiesse souvent excessive, le dixième livre consacré à Epicure. Des éditions ultérieures ont été données par Hübner (Leipzig, 1828 et 1831, 4 vol.) et par Cobet (Paris, 1850). Il y a deux traductions latines d'Ambroise de Camaldule (Venise, 1457) et d'Aldobrandini (Rome, 1594). Enfin l'ouvrage e été traduit en français, par Fougerolle (Lyon, 1602), par Gilles Boileau (Paris, 1688), par un anonyme (peut-être Chauffepied, Amsterdam, 1758; Paris, 1796), plus tard encore par Zévort (Paris, 1847). | | |