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Troyes |
Troyes, Trecae, et Augustobona Tricassirun. - Ville de France, chef-lieu du département de l'Aube, à 150 kilomètres au Sud-Est de Paris, sur la Seine, dans une large plaine d'alluvions, où la Seine se divise en plusieurs bras et reçoit deux petites rivières, la Vienne à gauche, la Barse à droite. Altitude 110 m; population 60.960 habitants (2012). Le canal de la Haute-Seine divise Troyes en deux parties : à droite s'étend la ville basse, la plus ancienne, habitée jadis par le clergé et la noblesse; à gauche s'étend la ville haute, où l'on peut distinguer deux quartiers : le quartier du Sud-Ouest, où se trouvaient autrefois les tanneries, filatures et autres ateliers industriels et où sont concentrés aujourd'hui les établissements de commerce; le quartier du Nord-Ouest, sorte de ville neuve où sont disséminées, au milieu de petits enclos, des pavillons. Dans la ville neuve, les rues ont été tracées régulièrement, les maisons sont construites en briques ou en pierre. Un des quartiers du centre-ville a conservé une physionomie du Moyen âge (par exemple, la curieuse ruelle des Chats). Les remparts de Troyes ont été démolis et remplacés par de larges et belles promenades plantées d'arbres, les mails.
Monuments. La cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul. Une seule tour, celle du Nord, a été achevée, en 1648; elle atteint une élévation de 64 m; elle est carrée, et présente des tourelles de 10 m au sommet de deux de ses angles. Son étage supérieur, terminé par un couronnement corinthien, est en désaccord avec le reste de l'édifice. Le portail du croisillon septentrional, construit au XIIIe siècle, est divisé horizontalement par des balustrades en trois étages : le porche, une colonnade gothique formant fenêtres, et une rose de style rayonnant. Il a pour pignon terminal un pan de bois recouvert d'ardoises et tout à fait disgracieux. L'intérieur de l'église, à 5 nefs, tout badigeonné en 1779, se distingue par la richesse de la perspective et l'élégance des formes : la longueur totale dans oeuvre est de 120 m environ; la largeur, au transept, de 48 m; la hauteur sous voûte, de 30 m. Les piliers sont flanqués de légères colonnettes destinées à supporter les retombées des voûtes; autour de l'abside, ce sont de grandes colonnes monocylindriques accompagnées de deux colonnettes qui ne leur sont réunies que par les bases et les chapiteaux : sur ces derniers s'élève un faisceau de trois colonnettes appliquées, qui soutiennent les voûtes du sanctuaire, et dont le fût est interrompu par des dais hexagonaux recouvrant autrefois des statues. La galerie ou triforium est à claire-voie. Les fenêtres qui éclairent la cathédrale de Troyes sont larges, divisées en quatre compartiments par des meneaux que surmontent des roses à six feuilles, et garnies de magnifiques verrières de toutes les époques. Les vitraux des roses du transept sont également très remarquables. Les chapelles absidales sont admirables de tous points, surtout celle de la Vierge; les chapelles des collatéraux sont moins grandes, et attirent peu l'attention par leur architecture. Église Saint-Urbain. L'édifice n'a pas été achevé : il ne contient que le choeur, les transepts, et les premières travées de la nef, dont la voûte a une hauteur de 26 m A envisager la largeur des quatre piliers de la croisée, ils devaient supporter une tour probablement fort élevée. Deux porches profonds, bien abrités, donnent entrée dans les deux branches de la croix : au-dessus du rez-de-chaussée, à la hauteur de 3,30 m, toute la construction ne présente plus qu'une lanterne vitrée, d'une extrême légèreté, maintenue par des contre-forts pleins jusqu'aux chéneaux supérieurs. L'architecte de Saint-Urbain a fait sa bâtisse résistante en pierre commune, dite de Bourgogne, sorte de moellon piqué, et tout ce qui n'était qu'accessoire, décoration, chêneaux, claires-voies, en pierres de Tonnerre, basses de banc, très fermes, mais de grandes dimensions en longueur et en largeur; ces pierres ne sont réellement que des dalles de champ ajourées. La claire-voie du sanctuaire est un charmant monument de l'art du XIIIe siècle, qu'on a eu la malheureuse idée de masquer par une énorme décoration de sapin et de carton-pierre peinte en blanc. Église Sainte-Madeleine. Le jubé de l'église Sainte-Madeleine, à Troyes. L'Église Saint Pantaléon. Les autres églises.
Histoire. La rue de la Cité, à Troyes, sur une ancienne photographie. A droite, l'entrée de l'Hôtel-Dieu, au fond, la cathédrale. La Champagne fut réunie au domaine royal par Philippe le Bel en 1285, mais la capitale conserva presque tous ses privilèges. Pendant la guerre de Cent ans, les grandes compagnies et les troupes anglaises ravagèrent le pays, sans prendre la ville. En 1417, Jean sans Peur voulut faire de Troyes la capitale du royaume de France; d'accord avec la reine Isabeau de Bavière, il y transporta le siège du gouvernement, avec une Cour, un Conseil, un Parlement et une Chambre des comptes. C'est là que fut signé, en 1420, le célèbre traité qui donnait la couronne de France à Henri V, roi d'Angleterre, après la mort de Charles VI. Les Anglais et les Bourguignons occupèrent la ville jusqu'à l'arrivée de Jeanne d'Arc, qui sous Charles VII, s'en empara avec l'aide des habitants en 1429. Pendant le Moyen âge, Troyes se composait de deux villes : la Cité, habitée par le clergé et la noblesse, et la ville haute, centre industriel et commercial. Dans le voisinage étaient les bourgs de Croucels, Saint-Martin-ès-Vignes, aujourd'hui réunis à la ville, et de Sainte-Savine. On comptait 45.000 habitants sous Charles VI, 23.000 sous Louis XII. La ville était administrée par un maire élu, assisté de 8 échevins et d'un conseil de ville de 24 bourgeois; elle était défendue par un fossé et une muraille crénelée garnie de tours. Elle fut dévastée à plusieurs reprises par la guerre, la famine, les épidémies, et il y eut jusqu'à 6000 mendiants. Néanmoins, l'industrie était prospère-: dans la ville haute existaient 400 ateliers de tanneurs et 3000 métiers de drapiers; le papier et les ouvrages d'orfèvrerie s'exportaient dans tout le royaume. Des foires importantes se tenaient à Troyes deux fois par an, à la Saint-Jean et à la Saint-Rémi, sous la direction du maître des foires ; elles disparurent au XVIe siècle. Les Troyens souffrirent beaucoup des guerres de François ler et de Henri Il; il fallut plusieurs fois payer des contributions très lourdes, vendre les objets d'art, jusqu'aux reliquaires des églises. A l'époque de la Réforme, plusieurs milliers d'habitants se convertirent au calvinisme; les massacres des Guerres de religion et la révocation de l'édit de Nantes en firent disparaître un grand nombre. Le XVIIe siècle fut une époque malheureuse : la famine et les impôts causèrent plusieurs émeutes sous Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, les privilèges municipaux furent abolis et la mairie devint une charge héréditaire. Le XVIIIe siècle a été, au contraire, une période calme, troublée seulement par la querelle des jésuites et des jansénistes; il y eut un peu d'agitation en 1787, lorsque le Parlement de Paris fut exilé à Troyes par Louis XVI. Pendant la période révolutionnaire, les Troyens adoptèrent avec ardeur les idées nouvelles et les réformes; plus tard, ils acceptèrent facilement le despotisme de Napoléon et les institutions impériales. En 1814, Troyes fut un des principaux points d'appui de la défense du territoire; des combats acharnés furent livrés dans la Champagne, mais la ville ne fut pas attaquée. Le XIXe siècle a été une période de tranquillité, pendant laquelle s'est développée l'industrie de la bonneterie. Les premiers statuts des bonnetiers de Troyes datent de 1554 ; l'industrie bonnetière fut prohibée en 1700, autorisée de nouveau en 1754. Vingt ans plus tard, ou comptait 700 métiers à Troyes et plusieurs centaines encore dans les environs. L'industrie textile a été pendant longtemps florissante : en 1785, il y avait 2700 métiers à toiles et l'on exportait pour 1.750.000 livres de toiles. L'industrie des toiles a souffert beaucoup des traités de commerce signés avec l'Angleterre. (H. Conrad / B). |
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