|
. |
|
|
Le Danemark était habité au commencement de l'ère chrétienne par les Jutes ou Goths, par les Cimbres et par les Angles. Il eut longtemps pour rois des princes goths, qui se prétendaient issus d'Odin (La Religion nordique), et qu'on nomme Skjoldungiens, du nom de Skjiold, qui régna le premier. Le Christianisme ne fut adopté par la classe dirigeante que vers 826. A partir du VIIIe siècle, les Danois s'adonnèrent à la piraterie, ainsi que les Norvégiens, avec lesquels on les comprend souvent sous le nom de Northmans, ou Normands (hommes du Nord), aussi appelés Vikings. Ils secoururent les Saxons contre Charlemagne, mais furent enfin obligés d'implorer la paix en 803. Leurs fréquentes incursions désolèrent l'empire carolingien, l'Allemagne, l'Espagne et surtout la Grande-Bretagne pendant un siècle. Deux fois ils conquirent presque toute l'Angleterre : la 1re en 878, au temps d'Alfred, qui bientôt reprit sur eux une partie du pays; la 2e en 1015, à la mort d'Edmond Côte de Fer, et sous Canut (Knut ou Knud) le Grand; mais leur domination en Angleterre ne dura que jusqu'en 1042. La dynastie skjoldungienne s'éteignit au Danemark en 1047 et fut remplacée par les Esthrithides (Estritides), fondée par Svend Estridsen. Sous cette dynastie, les règnes de Valdemar le Grand, de Knud VI, et de Valdemar II, étendirent la domination danoise sur tout le littéral méridional de la Baltique. Le Danemark acquit l'île de Rügen (1168), la Slavenie, le Mecklembourg (1184-88), la Pomérélie (1210), et s'éleva à son apogée. Mais la perte de la majeure partie de ces conquêtes marque la fin du règne de Valdemar II. La puissance royale s'affaiblit bientôt au profit de la féodalité, au point que Christophe II fut obligé de signer, en montant sur le trône, en 1320, une capitulation qui restreignait ses droits et étendait ceux de l'aristocratie. Il fut déposé en 1326, et le Danemark demeura plongé dans l'anarchie jusqu'à l'avènement de son fils, Valdemar III, en 1340. Avec ce prince s'éteignit en 1375 la dynastie de Svend Estridsen. Les Esthrithides s'étant éteints en 1375, la succession devint litigieuse jusqu'à ce que la tutrice du Danemark, Marguerite, fille de Valdemar IV, eût donné la couronne à Éric de Poméranie (1396). Elle l'avait déjà fait roi de Norvège en 1389; elle le fit couronner roi de Suède en 1397, par la célèbre union de Kalmar, qui fondait les trois États en un seul. Mais cette union n'exista guère que nominalement après avoir été plusieurs fois rompue de fait, notamment en 1448, elle le fut enfin pour toujours en 1523, à la suite de la révolte de Gustave Wasa contre Christian II. La Norvège resta néanmoins unie au Danemark, qui conserva de plus en Suède 5 provinces maritimes de la Gothie. En 1448, après la mort de Christophe de Bavière, Christian Ier, de la maison d'Oldenbourg, fut élu roi par les Danois et devint le chef de la maison qui conservera le trône, sinon le pouvoir cédé en 1863, jusqu'à l'époque contemporaine : il réunit le Holstein à ses États qui comprenaient l'archipel danois, le Jutland et le Slesvig (Schleswig) (1460). | ||
La dynastie Skjoldungienne En référence à Skjold, fils d'Odin, qui passe dans les mythes de fondation pour avoir régné le premier sur les Danois, les plus anciens rois connus du Danemark sont appelés Skjoldungiens ou Skjoldungs, c. à d. fils de Skjold. Quelques rois de leur dynastie sont mentionnés et leurs moeurs décrites dans le poème de Beowulf, composé chez les Jutes et les Angles, qui s'étaient établis dans la Grande-Bretagne. De façon plus générale, les sources écrites qui deviennent plus nombreuses et surtout beaucoup plus prolixes à partir du VIIIe siècle donnent déjà à connaître les habitants du futur Danemark. Les annales et chroniques anglo-saxonnes, irlandaises, franco-latines, arabes, grecques nous renseignent sur les Vikings (corsaires) qui ravageaient les cloître où elles étaient écrites; les vieilles traditions scandinaves recueillies au Moyen âge dans les Eddas, la Heimskringla, le Landnàmabok, les Sagas, les Gesta Danorum de Saxo, ne sont pas toutes fabuleuses; les hagiographies et Adam de Brême nous éclairent sur les progrès du christianisme au Danemark aux IXe et Xe siècles. Il nous reste d'ailleurs quelques inscriptions en runes plus récentes (alphabet de seize lettres) gravées sur pierre; elles sont dans la langue que les autres Scandinaves eux-mêmes appelaient doensk tunga. La progression du christianisme - Quoique l'on puisse signaler, pour cette période, de magnifiques tombeaux dans des tertres, les sépultures sont généralement en pleine terre, comme dans les cimetières des pays chrétiens. Au Danemark l'odinisme (La Religion nordique) perdit plus tôt ses adhérents qu'en Suède et en Norvège et nous le connaîtrions fort peu, si nous n'avions que des documents danois à notre disposition. Vers l'an 700, saint Willibrord avait prêché l'Evangile au delà de l'Elbe; Ogier le Danois, l'un des preux de Charlemagne (Le Poème d'Ogier le Danois), rebâtit un monastère à Cologne; en 823, l'archevêque de Reims, Ebbo, fit des néophytes à la cour du roi jutlandais Harald Klak, qui vint se faire baptiser à Mayence et qui, en s'en retournant, emmena les apôtres du Nord, saint Ansgar et Autbert (826-27). Des évêchés furent fondés à Slesvig, à Ribe, à Aarhus (Jutland) vers 948, à Odense (Fionie) en 988, à Roskilde (Sélande) en 1022, enfin à Lund (Skanie) en 1048. Gorm l'Ancien, arrière-petit-fils de Ragnar Lodbrok, fut le dernier roi païen du Danemark. Sa femme Thyra était chrétienne et leur fils Harald Blaatand se fit baptiser vers 960.Dans les guerres civiles entre les roitelets qui se partageaient le Jutland et les îles, plusieurs d'entre eux, comme Harald Klak, s'étaient reconnus vassaux de l'empire franc, quoique Godfred eût tenu tête à Charlemagne et que son neveu Hemming eût conclu avec l'empereur (811) un traité par lequel l'Eider devait être à perpétuité la limite entre les deux États. Dan Mykillali, c. à d. le Magnifique, réunit le Seeland et les autres îles danoises à la Scanie, et en forma sous le nom de Danemark un État séparé du reste des peuples scandinaves. Gorm le Vieux acheva, par la conquête du Jutland en 865, de constituer la monarchie danoise, et son fils Harald Blaatand (= Harald à la Dent bleue) étendit sa domination sur toute la Norvège méridionale; mais, bien que sa mère eût restauré le Danevirke, il ne put le défendre contre l'empereur Otton II, qui en brûIa les parapets en bois et s'avança jusqu'au Limfjlord (974). Svend Tveskjoeg ou Tsveskaeg (= Suénon à la Barbe fourchue), fils de Harald, à qui il avait disputé le trône, régna après lui non seulement en Danemark (985), mais encore en Angleterre (1013). Il eut pour successeur dans le premier de ces deux royaumes son fils cadet Harald (1014), dans le second Knud le Grand qui, à la mort de son frère (1018), réunit de nouveau les deux États. Il se rendit maître d'une partie de l'Écosse et du pays vende d'entre L'Elbe et l'Oder; il conquit aussi toute la Norvège (1027), dont il donna le gouvernement à son neveu, Haakon Eiriksson, puis à son fils Svend. A sa mort (1035), un de ses fils, Harald Harefod, fut proclamé roi en Angleterre, un autre, Hardeknud, en Danemark. Celui-ci, étant sur le point de livrer bataille à Magnus le Bon, roi de Norvège, convint avec lui que si l'un d'eux mourait sans enfants, l'autre lui succéderait. C'est ce qui advint à son décès (1042); en Angleterre où il avait remplacé son frère (1040), il eut pour successeur l'Anglo-Saxon Édouard, et au Danemark, Magnus le Bon. Malgré son surnom, celui-ci ne put supplanter chez ses nouveaux sujets l'affection pour l'ancienne dynastie. Un membre de celle-ci, qu'il avait fait jarl (= duc) du Danemark, Svend, fils d'Estrid, soeur de Knud le Grand, se révolta à plusieurs reprises contre Magnus qui, à sa mort (1047), le reconnut pour son héritier au Danemark. ll eut à lutter jusqu'en 1064 contre Harald Hardrâdé, le nouveau roi de Norvège; ensuite contre Guillaume le Conquérant auquel il disputa vainement l'héritage de Knud le Grand; enfin, contre les Vendes (Slaves) dont la défaite à Lyrskov (1043) n'avait pas arrêté les incursions. Naissance d'une puissance régionale Les Esthrithides. Pendant que les princes se querellaient, les Vendes, qui occupaient tout le littoral au Sud de la Baltique, saccageaient le Danemark et s'attaquaient même à des villes fortes comme Odense et Roskilde. Les particuliers durent s'associer sous la conduite de Vetheman pour résister aux pirates à qui ils enlevèrent plus de quatre-vingts navires. Les affaires prirent une meilleure tournure dès que le dernier des trois prétendants, Valdemar Ier, eut réuni toutes les parties du Danemark. Pour ne pas être gêné du côté de l'Allemagne, il rendit hommage à Frédéric Barberousse (1162), en se réservant l'exemption de tout service militaire. Il avait assez que de faire la guerre pour son propre compte : il entreprit une vraie croisade avec indulgences contre les corsaires vendes, dont il prit les citadelles d'Arkona dans l'île de Rügen (1168), de Julin à l'embouchure de l'Oder (1177) et de Stettin (Poméranie). Son intervention dans les affaires de Norvège lui valut la possession du littoral du Sud-Est. Il eut à tenir tête à l'archevêque de Lund, Eskil, aux prétendants Buris, petit-fils de Svend Grade, et Magnus, fils d'Erik Lam; et à réprimer les Skaniens soulevés contre leur archevêque, le célèbre Absalon (1181). Son fiIs Knud VI, qu'il avait fait reconnaître pour héritier présomptif dès 1170, lui succéda sans difficulté en 1182. Les Vendes de Poméranie, encouragés par Frédéric Barberousse dont il avait refusé de reconnaître la suzeraineté, ayant attaqué l'île de Rügen, il les battit (1184), soumit la Poméranie antérieure, puis le Mecklembourg et prit le titre de Rex Vandalorum (Vendernes Konge) qui est resté à tous ses successeurs. II étendit la croisade jusqu'à l'Estonie (1194-1196) qu'il conquit et fit évangéliser. Il vainquit deux prétendants, Harald Skraeng, petit-fils de Harald Kesia et chef d'une jacquerie skanienne, et l'évêque de Slesvig, Magnus, fils de Knud V, soutenu par la Norvège et par plusieurs princes allemands. Sa victoire sur ces derniers le rendit maître du Holstein, de Hamhourg et de Lübeck. Son frère, Valdemar II le Victorieux, qui avait largement contribué à ces victoires, lui succéda en 1202. Voulant profiter des troubles des pays voisins, il intervint avec peu de succès dans les affaires de Suède; réussit mieux en Norvège, où l'un des rois, Erling Steinvegg, lui rendit hommage (1204); obtint de l'empereur Frédéric II (1214) la confirmation de ses conquêtes au Nord de l'Elbe; fit une nouvelle croisade contre les Estoniens renégats, s'empara de l'île d'Oesel, soumit une partie de la Prusse (1210) et reconquit l'Estonie (1219). Il était ainsi maître de presque tout le rivage méridional de la Baltique, mais cet empire éphémère reposait sur des bases si fragiles qu'un simple accident le fit écrouler. Après avoir été surpris à la chasse (1223), il fut tenu en captivité pendant trois ans et ne recouvra la liberté (1225), qu'en renonçant à la suzeraineté sur le Holstein, Hambourg, Lübeck, le comté de Schwerin. Il ne put prendre sa revanche à la bataille de Bornhoeved (1227) et il ne lui resta avec le Danemark que l'île de Rügen, une partie du Mecklembourg et de la Prusse, et l'Estonie. Ce n'était pas assez de ce démembrement de l'empire, il fallut encore que Valdemar Il lui-même morcelât le royaume. En faisant proclamer pour héritier son fils Erik (1231), il créa des fiefs personnels en faveur de ses autres fils; le duché de Slesvig pour Abel; les îles de Laaland et Falster pour Christophe; le Bleking pour Knud; le Halland pour son petit-fils Niels. Erik Plovpenning était à peine monté sur le trône (1241) que les nouveaux ducs se déclarèrent indépendants. II les fit rentrer dans l'obéissance, soumit les Skaniens révoltés et fit une heureuse expédition en Estonie, mais il fut assassiné en 1250. Ses deux frères, Abel, qui passait pour être l'instigateur du crime, et Christophe ler, régnèrent successivement, l'un jusqu'en 1252, l'autre jusqu'en 1259. Ce dernier, ayant été élu au détriment des fils d'Abel encore mineurs, dut investir l'un d'eux du duché de Slesvig, qui fut ainsi de nouveau séparé des domaines directs de la couronne. Aux luttes à propos de ce fief se joignirent des querelles religieuses avec l'archevêque de Lund, Jacob Erlandsen. Elles n'étaient pas terminées à la mort de Christophe Ier (1259). Son fils, Erik Glipping, qui lui succéda sous la régence de sa mère, l'énergique Marguerite Sprenghest, eut à lutter contre le même prélat; contre les ducs de Rügen (Jarimar) de Sudjutland et de Halland, deux fiefs qu'al réunit temporairement à la couronne; contre Magnus Lagabaeti, roi de Norvège, à propos d'une dot; enfin contre sa propre noblesse qui le fit égorger (1286). Sous son fils Erik Menved, les assassins bannis se coalisèrent avec le roi de Norvège et l'archevêque de Lund, Jens Grand, qui mit le royaume en interdit. La paix ne fut rétablie que par les traités de Copenhague (1309) et de Helsingborg (1310). Les expéditions contre les pays vendes, où il s'empara de Rostock et Wismar, et contre la Suède, furent contrariées par la turbulence de la noblesse, l'hostilité de l'archevêque de Lund, Esger Juel, et de son propre frère, qui lui succéda (1319) sous le nom de Christophe ll. Lors de son élection, celui-ci, qui avait pour concurrent le duc de Slesvig, Erik, dut confirmer par une capitulation les privilèges de la noblesse et du clergé, mais il se hâta de les violer. A la suite de ses luttes avec ses vassaux, il fut expulsé (1326-1330) et remplacé pendant ce temps par Valdemar III, duc de Sudjutland. II ne recouvra la couronne qu'en aliénant la totalité de ses possessions directes. A sa mort (1332), le royaume était divisé entre une douzaine de grands vassaux, dont le plus puissant, Geert, comte de Holstein, fut poignardé par le chef des Jutlandais soulevés, Niels Ebbesen (1340). Ce fut la fin d'un interrègne de huit ans pendant lequel Otte, l'un des fils de Christophe II, avait tenté vainement de recouvrer le trône paternel. Les Jutlandais, délivrés du joug de l'étranger, élurent pour roi l'un des fils de Christophe II, Valdemar III, qui mérita le surnom de Restaurateur. Il reconquit, en effet, ou racheta successivement tous les territoires démembrés; il annexa même au Danemark (1361) les îles suédoises d'Öland et de Gotland, d'où le titre de roi des Goths qu'ont porté tous ses successeurs. Il prépara l'union dano-norvégienne en fiançant (1363) sa fille Marguerite avec le roi Haakon ; mais, pour se procurer des ressources, il dut vendre l'Estonie aux chevaliers teutoniques (1346). Il fut toute sa vie aux prises avec les princes voisins et les villes hanséatiques qui lui imposèrent un onéreux traité de commerce (1370) et contre ses propres sujets, fatigués par ses perpétuelles demandes d'hommes et d'argent. A sa mort (1375), le royaume était puissant et prospère, malgré les pertes causées par les guerres, les révoltes et la peste noire (1350). Avec lui s'éteignit la descendance agnatique de Svend Estridsen. L'union et la désunion scandinaves. Les premiers des Oldenburg. Son fils Jean eut bien de la peine à lui succéder quoiqu'il eût été proclamé héritier des trois royaumes et des deux duchés (le comté de Holstein avait été élevé au même rang que le Slesvig en 1474). Son élection fut pourtant confirmée en Danemark (1481), en Norvège (1483) ; mais, par les intrigues du président Sten Sture, elle fut retardée en Suède jusqu'en 1497, quoiqu'il eût cédé à ce royaume l'île d'Oeland, danoise depuis 1361. Les duchés, ou il ne put être élu que conjointement avec son frère Friedrich, furent partagés (1490) en parties royale et gottorpienne ou ducale. Les deux ducs, dans l'espoir de s'agrandir, envahirent la petite république des Ditmarches, mais leur armée fut détruite (1500). A cette nouvelle, les Suédois firent de nouveau défection (1501), les Norvégiens les imitèrent (1502) et les villes hanséatiques attaquèrent le roi Jean (1510), parce qu'il prétendait leur interdire tout commerce avec les révoltés. II mourut (1513) peu après avoir conclu la paix avec elles et avec la Suède (1542). Entre-temps, le Danemark, devenu un pays européen parmi d'autres, avait suivi l'évolution culturelle du reste du continent. L'imprimerie avait fait son irruption en 1489. Le Moyen âge ici aussi devait céder la place à la Renaissance. (A19). |
. |
|
| ||||||||
|