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Jacques-Nicolas
Augustin' Thierry
est un historien français,
né à Blois le 10 mai 1795, mort
à Paris le 22 mai 1856. Son père, qui exerçait les
fonctions de bibliothécaire de la ville de Blois, obtint pour lui
une bourse communale au collège, où il étudia surtout
les sciences physiques et la langue
allemande. C'est au collège même, qui découvrit
son goût pour l'histoire pittoresque en lisant les Martyrs
de Chateaubriand . En 1844, âgé
de moins de dix-sept ans, le jeune homme entra à l'Ecole normale
où il étudia, toutefois les mathématiques
et la physique et devint bachelier ès sciences.
- Buste d'Augustin Thierry, à Blois. Photo : © Serge Jodra, 2010. En octobre 1843, il fut envoyé comme régent de cinquième au collège de Compiègne, qu'il quitta pendant l'invasion pour venir se fixer à Paris, en 1814. Abandonnant l'Université, il s'attacha à Saint-Simon, dont il déclarait être l'élève et le fils adoptif et avec lequel il publia des ouvrages ou des articles de sociologie, de politique et d'histoire. En 1817, il se brouilla avec le maître et l'abandonna tout à fait. Il entra comme collaborateur au Censeur européen. Pour combattre les théories des nobles et montrer l'inanité de leurs prétentions, il étudia hâtivement l'histoire de France et publia, de 1817 à 1820, une série d'articles réunis plus tard dans ses Dix ans d'études historiques. De juillet 1820 à janvier 1824, il écrivit, dans le Courrier français, des Lettres sur l'histoire de France, avec une hardiesse qui le fit congédier. Dès lors, Augustin Thierry se consacra exclusivement aux études historiques. En 1825, il publia la Conquête de l'Angleterre par les Normands. L'année suivante, il perdit la vue et vécut désormais dans la retraite, tristement, soigné avec sollicitude par son entourage, assisté d'amis dévoués. L'Académie des inscriptions lui accorda une pension en 1826 et le prit parmi ses membres en 1830. Thierry se rendit alors auprès de son frère Amédée, préfet de Vesoul, où il résida quatre ans et où il se maria. En 1835, il fit paraître les Récits des temps mérovingiens, dédiés au duc d'Orléans qui le fit nommer bibliothécaire du Palais-Royal. L'Académie lui décerna en 1841 le grand prix Gobert et le lui laissa toute sa vie, comme une sorte de majorat littéraire. Devenu veuf en 1844, il mena une vie encore plus monotone, pencha peu à peu vers la dévotion et modifia dans ses ouvrages les passages hostiles à l'Eglise catholique. Voici la liste des ouvrages d'Augustin Thierry : Profession de foi des auteurs de l'ouvrage annoncé sous le titre de défenseur de la charte et des idées libérales, au sujet de l'invasion du territoire français par Napoléon Bonaparte, par H. de Saint-Simon et A. Thierry (Paris, 1814); De la Réorganisation de la société européenne, etc., par H. de Saint-Simon et A. Thierry, son élève (Paris, 1814); Opinions sur les mesures à prendre contre la coalition de 1815, par H. de Saint-Simon et A. Thierry (Paris, 1815); l'industrie littéraire et scientifique liguée avec l'industrie commerciale et manufacturière, t. I, 2e partie, Politique des nations et de leurs rapports mutuels, par Augustin Thierry; Histoire de la Conquête de Angleterre par les Normands (Paris, 1825, 3 vol.); Résumé de l'histoire d'Ecosse, par Armand Carrel (secrétaire de Thierry), introduction d'Augustin Thierry (Paris, 1825); Lettres sur l'histoire de France (Paris, 1827); Dix ans d'études historiques (Paris, 1834); Rapport sur les travaux de la commission des documents inédits de l'histoire du tiers état (Paris, 1837); Récits des temps mérovingiens (Paris, 1840, 2 vol.); Récit historique des rivalités et des luttes de la France et de l'Angleterre, par Laponneraye, précédé d'une lettre à l'auteur par Augustin Thierry (Paris, 1845); Recueil des monuments inédits de l'histoire du tiers état (avec la collaboration de F. Bourquelot et Ch. Louandre, 1850-1856, 2-vol.); Essai sur l'histoire du tiers-état (Paris, 1853, 2 vol.).Furne et Didier ont publié ses Oeuvres complètes en 8 volumes en 1846-1847 et en 10 volumes en 1855; elles ne renferment pas les ouvrages de jeunesse. Guigniaut a lu en 1862 à l'Académie des inscriptions une Notice historique sur Augustin Thierry, où il a parfaitement apprécié ses écrits et son caractère. -
A la patience et à l'érudition d'un bénédictin, cet historien unissait l'art d'un grand écrivain et l'imagination d'un poète : Chateaubriand voyait en lui l'Homère de l'histoire. Cependant, Augustin Thierry ayant eu pendant une grande partie de son siècle la réputation d'un grand historien, il importe d'étudier avec soin sa méthode de recherche et d'exposition pour se rendre compte de la valeur de son oeuvre sur le plan littéraire comme de ses limites sur celui de l'histoire proprement dite. Augustin Thierry a fait la plupart de ses travaux à l'aide de livres d'érudition : Scriptores rerum gallic. et francic., Gallia christ., Ordonnances des rois de France, Mathieu. Paris, Chronique saxonne, etc.; c'est le recueil des Scriptores rerum gallic. et francic. qui a servi de base à tous ses travaux sur l'Angleterre aussi bien que sur la France, et ce n'est que pour l'Histoire du tiers état qu'il a consulté les documents inédits. Partant d'une idée préconçue, ce qu'il appelle un point de vue, sur une question d'histoire, il recherche les faits susceptibles d'appuyer sa théorie. Il recueille indistinctement tous les détails qui lui paraissent soutenir sa conception, mais laisse de coté tous ceux qui peuvent l'ébranler ou la détruire. Il prend des renseignements dans les récits les plus légendaires, et, si invraisemblables qu'ils soient, les emploie tous; c'est ainsi qu'il a utilisé l'oeuvre de Grégoire de Tours, Sidoine Apollinaire, V. Fortunatus, les Niebelungen, les sagas, les poésies des troubadours, les chants bretons et saxons, etc. Il n'a guère souci de la chronologie, emploie des documents beaucoup trop postérieurs aux événements qu'il raconte (il fait par exemple l'histoire de certains hors-la-loi du XIIe siècle d'après une romance du XVe siècle) et reproduit comme authentiques la plupart des discours trouvés chez les chroniqueurs, les poètes et dans les récits les plus légendaires. Il compose ses ouvrages comme des romans historiques, retouchant les documents, modifiant le fond et la forme, amplifiant les récits, dénaturant la signification de certains passages ou exagérant leur portée, traduisant d'une façon inexacte et quelquefois même faisant des contresens. Quant aux théories dont il essaye de démontrer l'exactitude, il les a empruntées à ses prédécesseurs ou aux contemporains; il doit à Sieyès, Saint-Simon, Guizot l'idée, vite écartée après lui, de l'antagonisme créé par la conquête dans plusieurs grands pays d'Europe. Il fait surtout de l'histoire narrative, et pour lui le récit est « la partie essentielle de l'histoire ». Il considère une oeuvre historique comme une restitution : « Les hommes et même les siècles passés doivent entrer en scène dans le récit, ils doivent s'y montrer en quelque sorte tout vivants ».II n'a pas de méthode précise et se laisse guider seulement par un certain nombre d'idées et de sentiments : croyance au fatalisme, intervention de la Providence, individus prédestinés, idée que la lutte des classes n'est toujours qu'une lutte de «-races », sentiment de pitié pour les faibles et les opprimés qui est pour lui « l'âme de l'histoire-». Thierry a exercé une action considérable sur le public et sur les historiens de son époque. En critiquant ses prédécesseurs, il a donné aux nouvelles générations le goût de la recherche des documents inédits. Il a attiré l'attention des chercheurs sur l'histoire des communes et dirigé les travaux de plusieurs historiens tels que Ch. Louandre, Granier de Cassagnac, Fauriel, Bourquelot, Lalanne. Il a été le promoteur de la renaissance des études historiques en France au XIXe siècle. Si les ouvrages d'Augustin Thierry n'ont
plus depuis longtemps l'autorité d'ouvrages historiques, leur auteur
gardera néanmoins, toujours une grande place dans l'histoire
littéraire du XIXe siècle,
au milieu des écrivains romantiques,
à cause de l'influence presque extraordinaire qu'il a eue sur ses
contemporains. (H. Conrad).
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Amédée
Simon-Dominique Thierry est un historien français, né
à, Blois le 2 août 1797, mort à Paris le 27 mars 1873,
frère du précédent. Il fit de bonnes études
au collège de cette ville.
Se destinant d'abord à l'administration, il entra comme rédacteur au ministère de la marine, en 1820. A l'exemple de son frère, il s'adonna aux études littéraires et historiques, collabora au Globe, à la Revue encyclopédique et à la Revue française. En 1826, il publia son premier ouvrage, Résumé de l'histoire de Guyenne, qui fut bien accueilli; deux ans plus tard, parut le premier volume de l'Histoire des Gaulois, qui valut à l'auteur la chaire d'histoire à la Faculté des lettres de Besançon. Mais bientôt le gouvernement suspendit son cours, à cause de ses tendances libérales. Après la chute de Charles X, Guizot fit nommer Amédée Thierry préfet de la Haute-Saône, où son frère vint le rejoindre et résida quelques années. Amédée s'occupa avec beaucoup de zèle et de tact de ses fonctions administratives et fit d'utiles réformes qui le rendirent populaire dans le département. Il fut élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1841, fat ensuite nommé conseiller d'Etat et sénateur (1860). Il poursuivait toujours ses études historiques et publiait plusieurs récits sur la société romaine à l'époque des invasions dans la Revue des Deux Mondes. Amédée Thierry a été un imitateur de son frère, et il a développé comme son aîné la «-théorie des races ». Ses ouvrages d'histoire sont des récits parfois longs, où le plan n'apparaît pas nettement, mais écrits dans un style simple et facile. Le meilleur est l'Histoire des Gaulois, où l'on trouve une étude approfondie des origines, avec des aperçus originaux sur les Galls et les Kymris; les autres sont inférieurs pour la narration et la critique. Amédée Thierry emploie les mêmes procédés et admet les mêmes idées que son frère : il croit à la persistance des races, à l'intervention de la Providence dans les affaires humaines, aux hommes prédestinés, etc. La critique des documents est souvent insuffisante, et il a reproduit tous les discours qu'il trouve dans les chroniques et les récits les plus légendaires. (H. Conrad). Voici la liste des ouvrages d'Amédée Thierry : Résumé de l'histoire de la Guyenne (Paris, 1826, in-8); Histoire des Gaulois jusqu'à la domination romaine (Paris, 1828-1834-1845, 3 vol. in-8); D'Ausone et de la littérature latine en Gaule au IVe siècle (thèse, Besançon, 1829, in-4); Histoire de la Gaule, sous l'administration romaine (Paris, 1840-1847, 3 vol. in-8); Lettres à M. Genoux, député (Paris, 1845-1846, in-4); Histoire d'Attila, de ses fils et de ses successeurs jusqu'à l'étalotissement des Hongrois en Europe (Paris, 1856, 2 vol. in-8); Tableau de l'Empire romain (Paris, in-8); Récits de l'histoire romaine au Ve siècle (Paris, 1860, 6 vol. in-8); De la Société romaine et de l'Etat du christianisme aux IVe et Ve siècles, suite d'articles dans la Revue des Deux Mondes (1861-.1865). |
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