| Robert le Fort, comte d'Anjou et de Blois, est l'ancêtre des Capétiens, le père d'Eudes et de Robert Ier, rois de France. Il est mort à Brissarthe en octobre 866. Il semble qu'il appartenait à une famille des bords de la Loire, d'origine saxonne, qu'il était né en Neustrie et que son père était Witichin, Germain établi dans le pays. Nous ignorons quels étaient ses biens patrimoniaux, et ce n'est que par une pure conjecture qu'on lui a attribué ceux que nous voyons plus tard appartenir à ses descendants dans la région de la Loire. Son nom apparaît au moment où les Vikings, après avoir pillé Nantes, remontent le fleuve. En 852, il était recteur de l'abbaye de Marmoutiers. En 853, il était investi de la charge de missus dans le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Corbonnais et le pays de Séez. Puis il prend part à la révolte des seigneurs neustriens qui appellent Louis le Germanique contre Charles le Chauve, lorsque celui-ci en 856 donne à son fils Louis le Bègue une sorte de vice-royauté entre la Seine et la Loire pour défendre le pays contre les Vikings, les Bretons et les Aquitains. En juin 859, lorsque Louis le Germanique a été repoussé, Robert est encore allié à Pépin, roi d'Aquitaine, et à Salomon de Bretagne contre Charles le Chauve dont il se trouve ainsi être un adversaire dangereux. Aussi en 861, Charles le Chauve, par le traité de Meung-sur-Loire, le détache de Salomon et s'assure ses services en lui donnant entre la Seine et la Loire un commandement militaire analogue à celui qu'avait déjà exercé Louis le Bègue, et en le nommant comte d'Anjou et de Blois. Chargé de résister aux deux grands ennemis de Charles le Chauve, les Bretons et les Vikings, il devient un des principaux conseillers du roi pour tout ce qui concerne la Neustrie, et, avec l'aide des principales familles du pays, il s'acquitte vaillamment jusqu'à sa mort de la tâche qui lui est confiée. En 862, il défait une troupe de Vikings au service de Salomon, en prend une autre à sa solde et la lance contre Salomon. La même année il a à lutter contre Louis le Bègue qu'il a supplanté dans son commandement, et qui, uni aux Bretons et aux seigneurs neustriens, jaloux de la situation prépondérante faite à Robert, ravage l'Anjou. Robert le défait deux fois, l'oblige à prendre la fuite et contraint ainsi Salomon à signer avec Charles le Chauve la paix d'Entrammes (863). En 864, il prend une part importante au concile de Pitres où il reçoit le comté d'Autun et, où il amène prisonnier un des instigateurs de la révolte de Charles d'Aquitaine, fils du roi. La même année, il massacre une troupe de Vikings, est battu et blessé dans un autre combat, mais en 865 il défait une nouvelle bande qui, après avoir pillé Fleury-sur-Loire, Orléans et Poitiers, regagnait la Loire avec son butin. C'est au milieu de ces succès qu'avec son propre consentement il est remplacé dans son commandement par Louis le Bègue et envoyé dans l'Est où le roi lui donne les comtés d'Auxerre et de Nevers. Mais Louis n'ayant pas su empêcher les Bretons et les Vikings, de nouveau coalisés, de piller le Mans et de ravager toute la contrée, Robert est rappelé en Neustrie où il reprend ses possessions et reçoit, en outre, l'abbaye de Saint-Martin de Tours. Il attaque alors à Brissarthe les Bretons et les Vikings qui avec leur chef Hastings ramenaient le butin sur leur flotte. C'est là qu'il est tué en repoussant sans casque ni cuirasse une sortie des Vikings qu'il avait enfermés dans l'église (octobre 866). Ses deux fils, Eudes et Robert, étant encore tout jeunes, ses biens et son commandement passèrent à Hugues l'Abbé. Ce sont là les seuls renseignements certains que les contemporains nous fournissent sur le rôle joué par Robert le Fort dans sa lutte contre les invasions normandes du bassin de la Loire. C'est seulement lorsque ses descendants sont montés sur le trône que la vie de Robert a pris un caractère légendaire, dont on trouve la trace chez les chroniqueurs qui ont comparé ses actions à celles de Machabée. (François Galabert). | |