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Le Directoire 27 octobre 1795 - 10 novembre 1799 | ![]() |
Aperçu | Causes | Constituante | Législative | Convention | Directoire |
![]() | Succédant à la Convention, le Directoire ou Directoire exécutif de la République française, gouverna la France![]() Conformément à la Constitution de l'an III , et suivant la procédure singulière que nous avons exposée dans notre page sur le Conseil des Cinq-Cents, les nouvelles assemblées législatives, définitivement constituées le 8 brumaire avaient élu le 10 les membres du Directoire exécutif. La Reveillère-Lepaux avait obtenu 317 voix, Rewbell, 246; Sieyès, 239; Letourneur, 214; Barras, 206; Cambacérès, 143. Sieyès démissionna aussitôt (11 brumaire) sous le bizarre prétexte que sa personnalité n'était pas de nature à favoriser l'union entre les partis. Il fut remplacé le lendemain par Carnot. Tous les directeurs étaient d'anciens conventionnels ayant voté la mort de Louis XVI. Ainsi l'avaient voulu les Cinq-Cents, pour mieux tenir en mains le gouvernement de leur choix. La Reveillère-Lepaux, l'un des fondateurs de la secte des théophilanthropes, fort intolérant comme tous les créateurs de systèmes, esprit étroit et nuageux, mais austère et désintéressé, plein de zèle pour la République, avait la nuance politique des Girondins; Rewbell avait celle des Jacobins. Il trouvait, si l'on en croit les mémoires de Carnot, que Robespierre « avait été trop doux », et il avait une fâcheuse tendance à découvrir partout des conspirations. Il possédait de réelles qualités d'homme d'État et une entière probité. Barras, ancien officier criblé de dettes, joueur et débauché, élégant et don-juanesque, avait servi un peu tous les partis avec l'unique préoccupation de se mettre en lumière et de jouer un premier rôle, plutôt par vanité que par ambition. Il était totalement incapable de rien comprendre au maniement des affaires et s'en souciait peu; mais il savait se former des opinions conformes à ses appétits et les faire prévaloir, étant doué d'une volonté ferme et d'un caractère absolu. Carnot, l'organisateur de la victoire, administrateur de talent, inclinait vers les solutions modérées; de même Letourneur, caractère effacé et timide. En somme, le Directoire, composé de personnalités d'opinions politiques différentes, presque dissemblables, destinées à se heurter fatalement et à s'entre-détruire, était bien créé à l'image de cette époque troublée qui suivit la période conventionnelle : sorte de chaos où les éléments sociaux les plus contradictoires s'agitaient à grand bruit. A peine sortie des rigueurs révolutionnaires, lassée d'une continuelle tension des nerfs, la société se précipitait frénétiquement vers les plaisirs. Jamais les moeurs ne furent plus dissolues, les divorces plus fréquents et plus faciles, l'agiotage et le jeu plus effrénés, la licence de la presse et du livre plus entière, l'audace des spectacles plus grande. Cette détente tournant parfois à l'excès ne se manifestait pas seulement dans la vie privée. Il n'existait plus d'autorité dans le gouvernement, d'ordre dans les finances, de régularité dans l'administration. Les Compagnies de Jésus (ou de Jéhu) et du Soleil ensanglantaient le midi de la France Les directeurs, qui s'étaient donné pour rehausser leur prestige un costume fort brillant : hermine, chapeau à grandes plumes, manteau théâtral, s'établirent au Luxembourg « Notre ferme volonté est de consolider la République et de donner à la Constitution toute son autorité et toute sa force [...]. Faire régner la concorde, ramener la paix, régénérer les moeurs, rouvrir les sources de la production, ranimer le commerce et l'industrie, étouffer l'agiotage, donner une nouvelle vie aux arts et aux sciences, rétablir l'abondance et le crédit public, remettre l'ordre social à la place du chaos inséparable des révolutions, voilà la tâche de la Législature et du Directoire exécutif! »Ce programme était trop vaste et trop compréhensif pour qu'on pût espérer le réaliser entièrement. Le Directoire s'y attacha néanmoins et envoya à ses commissaires près les administrations centrales de département des instructions détaillées où tout de suite on découvre les caractéristiques de la politique de bascule qu'il se proposait d'appliquer pour dominer les partis, en leur accordant et en leur retirant tour à tour les faveurs et l'appui du gouvernement : « Pour écraser le royalisme et l'anarchie, disait-il, pour détruire l'agiotage, pour rendre à la nation sa physionomie, sa moralité, pour rappeler la confiance et ramener l'abondance, pour éteindre le volcan de la VendéeMême recommandation pour les prêtres insoumis et les émigrés : « Le mauvais prêtre, instruit, accoutumé à publier effrontément ce qu'il ne pense pas, vit de mensonges, d'intrigues et de conjurations [...] que vos regards n'abandonnent pas un seul instant ces instruments de meurtre, de royalisme et d'anarchie, et que la loi qui comprime, qui frappe ou qui déporte les réfractaires reçoive une prompte et entière exécution. Les émigrés! ceux-là sont les auteurs de toutes les calamités qui nous désolent; ils ont armé l'univers contre leur patrie [...], ils ont trempé leurs mains parricides dans le sang de leurs frères : ce sang ne s'effacera-plus [...]. Déployez contre ces assassins la toute-puissance nationale; qu'ils fuient du territoire français, ou, s'ils ont l'audace de fouler encore la terre de la liberté, que cette terre les dévore! Prêchez les moeurs, républicains, donnez les premiers l'exemple, rendez au nom sacré de citoyen sa pureté originelle, sa religieuse grandeur; soyez les prêtres de la morale publique, exercez ce grand sacerdoce avec ce zèle, avec cet enthousiasme, avec ce fanatisme qui fait des martyrs et des héros! »Réellement, la situation politique et économique de la France ![]() « Les intentions pures qui ont dirigé le Directoire dans le choix des citoyens auxquels il a confié des fonctions publiques ont pu être entravées par les efforts de l'intrigue et de la malveillance; il ne veut pas souiller l'autorité en la laissant entre les mains d'hommes dénoncés pour vols ou pour assassinats, ou de ceux qui ont coopéré aux crimes commis par les scélérats connus sous les dénominations de Compagnies de Jésus, du Soleil ou autres. »La presse réactionnaire et la presse ultra-révolutionnaire l'inquiétaient : leurs attaques incessantes, leur polémique d'une violence furieuse, dénonçaient l'existence de deux partis puissants, d'opinions politiques très divergentes, mais acharnés à la destruction du Directoire. Il réclama et obtint (1er janvier 1796) la création d'un ministère de la police dont fut chargé Merlin, remplacé à la justice par Génissieu. Il poursuivit les journaux devant le jury qui les acquitta. Alors il ferma le club du Panthéon où prêchait Gracchus Babeuf, deux autres clubs révolutionnaires et plusieurs cercles catholiques, fit arrêter force déserteurs et force réfractaires qu'il envoyait soit aux travaux forcés, soit aux armées, étouffa le complot de Babeuf où Barras avait trempé, réprima l'insurrection du camp de Grenelle, et la conspiration royaliste de Brottier et Lavilleheurnois. Les mesures de vigueur coïncidèrent avec la répression définitive des troubles de Vendée « Je l'ai dit vingt fois au Directoire; si l'on n'admet la tolérance religieuse, il faut renoncer à l'espoir de la paix dans ces contrées. Le dernier habitant, acharné d'aller en paradis, se fera tuer en défendant l'homme qu'il croit lui en avoir ouvert les portes. Qu'on oublie une fois les prêtres et il n'y aura plus ni prêtres ni guerre; qu'on les poursuive collectivement et l'on aura la guerre et des prêtres pendant mille ans [...]. Je le demande hardiment, cette multitude qui ne connaît que ses prêtres et ses boeufs peut-elle adopter tout à coup des idées de morale et de philosophie? D'ailleurs faut-il fusiller les gens pour les éclairer? »Charette et Stofflet furent pris et fusillés. Les royalistes eux-même se décourageaient. Cadoudal, qui se soumit le dernier, pressait les curés de désarmer les paroisses, et à un récalcitrant écrivait : « Toutes les puissances reconnaissent la République; le pape lui-même traite avec elle. Quel secours attendre de l'empereur qui tout récemment vient de signifier au roi de France l'ordre de quitter l'armée de Condé? et quelles pourraient être nos ressources à l'intérieur?-»La guerre civile était terminée. La guerre étrangère cependant était poursuivie avec vigueur. Pour ses débuts, le Directoire avait eu à enregistrer de graves insuccès. Pichegru avait laissé prendre Mannheim, Jourdan avait battu en retraite jusqu'à Dusseldorf; la situation sur le Rhin était compromise. Fort heureusement, l'Autriche ![]() ![]() ![]() A ce moment s'ouvre la cinquième campagne des guerres de la Révolution ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Les victoires persistantes de la France A l'intérieur, la situation ne s'améliorait pas. Les troubles persistaient, bien qu'on eût donné la police à Cochon de Lapparent, plus vigoureux que Merlin qui reprit son portefeuille à la justice. La légion de police, qui causait du désordre au lieu de le réprimer, fut dissoute : on renouvela une partie des maires et adjoints de Paris, et on continua d'expulser une foule de suspects, principalement des fonctionnaires destitués ou d'anciens militaires sans emploi. Privé de la ressource du papier-monnaie, le Directoire fit appel au commerce pour fonder une banque. Il pria les grandes villes de déléguer à Paris les plus notables commerçants. Quelques-unes refusèrent de participer à cette mesure; beaucoup de députés élus n'acceptèrent pas leur mandat. Ceux qui se réunirent s'emportèrent tout d'abord contre les valeurs fiduciaires. Ils ne parlèrent que de la ruine du commerce, de la disparition des capitaux, du bouleversement causé par les perpétuels changements apportés dans les lois. Finalement ils tombèrent d'accord pour déclarer « que le succès d'une banque leur semblait impossible dans les circonstances actuelles ». Si d'une part les victoires des armées françaises avaient jeté un très vif éclat sur le Directoire qui les avait préparées, d'autre part, il avait soulevé contre lui une légion de mécontents. On lui reprochait ses persécutions continuelles contre les émigrés et les prêtres, ses actes de despotisme, et pardessus tout le désordre des finances produit par les dilapidations qu'il semblait autoriser, les orgies de Barras et l'espèce de marché qu'il avait institué au Luxembourg où il trafiquait des emplois administratifs, des postes judiciaires, des commandements militaires, des subsistances du peuple, des fournitures de l'armée. Aussi les élections de l'an V pour le renouvellement du Corps législatif furent-elles désastreuses pour le gouvernement (20 mai 1797). Elles furent faites la plupart sous l'influence des réactionnaires qui entrèrent en masse dans les conseils. Le directeur sortant désigné par le sort, Letourneur, fut remplacé par F. Barthélemy, ministre de France « Dirai-je que j'ai été conduit par l'espoir de trouver dans le Directoire les éléments d'une pacification générale? J'ai pensé qu'après un grand développement de force et de puissance, la République française se montrerait juste et pacifique même envers ses plus cruels ennemis! »Carnot approuva ces tendances : « Vos vastes connaissances et l'esprit de modération qui vous anime sont un sûr garant du succès avec lequel vous travaillerez, de concert avec nous, à l'achèvement du grand ouvrage de la paix. »Mais leurs collègues étaient d'avis tout différent, non seulement au sujet de la politique extérieure, mais surtout à l'occasion de la politique intérieure qui prenait un caractère de plus en plus agressif. La guerre était en effet déclarée entre les conseils et le Directoire. Dans l'ardeur de leur victoire les réactionnaires ne parlaient rien moins que de l'abrogation de toutes les lois révolutionnaires et de la mise en accusation du Directoire. II fallait, ou briser cette opposition nombreuses, ou traiter avec elle à d'onéreuses conditions. Carnot et Barthélemy, fidèles à leurs idées de pacification, voulaient céder, ce qui eût été plus conforme au régime constitutionnel. Mais La Réveillère, Barras, Rewbell n'entendaient pas composer avec le parti royaliste. Ils ne cachaient guère leurs intentions, et des bruits de coups d'Etat commencèrent à courir avec persistance. L'affaire de la marche inconstitutionnelle des troupes ( « La cause de la démarche des défenseurs de la patrie est dans l'inquiétude générale qui depuis quelques mois s'étant emparée de tous les esprits a succédé à la tranquillité profonde qui régnait et à la confiance qui s'établissait de toutes parts; elle est dans le défaut des revenus publics qui laisse toutes les parties de l'administration dans la situation la plus déplorable et prive souvent de leur solde et de leur subsistance ces hommes qui, depuis des années, ont versé leur sang et ruiné leur santé pour servir la République; elle est dans la persécution et les assassinats exercés sur les défenseurs de la patrie et pour mieux dire sur tous ceux qui ont osé se montrer amis de la République; elle est dans L'impunité du crime et dans la partialité de certains tribunaux; elle est dans l'insolence des émigrés et des prêtres réfractaires qui, rappelés et favorisés ouvertement, débordent de toutes parts, soufflent le feu de la discorde et inspirent le mépris des lois; elle est dans cette foule de journaux dont l'armée est inondée comme l'intérieur, dans ces fouilles qui ne prêchent que le meurtre des soutiens de la liberté, qui avilissent toutes les institutions républicaines, qui rappellent sans ménagement et sans pudeur la royauté, etc.-»Le 10 fructidor, La Reveillère, qui présidait alors le Directoire, répondit officiellement à Bernadotte qui lui présentait, au nom de Bonaparte, des drapeaux conquis en Italie ![]() « Brave général, c'est en vain que les éternels ennemis de la liberté française redoublent d'efforts pour la renverser; c'est en vain que, pour les seconder, de lâches déserteurs de la cause républicaine ont, par un pacte honteux, vendu à l'étranger et à la race des Bourbons et leur honneur et leur patrie! [...] Le Directoire exécutif bravera tout pour assurer aux Français leur liberté, leur constitution, leurs propriétés, leur repos et leur gloire, fruits trop mérités de sept ans de travaux et de malheurs et d'une suite inouïe des plus étonnantes victoires. Il ne pactisera point avec les ennemis de la République pour en faire un honteux trafic. Ses devoirs seuls seront sa règle: il ne se laissera point effrayer par les dangers les plus réels, non plus que séduire par de trompeuses promesses. Il ne reconnaîtra d'autorités que celles que la constitution a créées et il ne les reconnaîtra que dans la ligne qu'elle leur a tracée. Il n'oubliera pas qu'elle doit également régner sur tous et que l'autorité qui se place au-dessus d'elle a par là même cessé d'être légitime. »Ce discours était fort clair. Une semaine plus tard, le coup d'Etat du 18 fructidor qu'il annonçait était un fait accompli. La veille (17 fructidor) les trois conjurés avaient siégé très tranquillement en conseil avec les deux collègues qu'ils devaient proscrire. Carnot, averti, se donna philosophiquement le spectacle de la joie contenue et, malgré tout, débordante de La Reveillère. « Un poignard, écrit-il, semblait s'élancer de chacun des angles de sa figure; sa tête était penchée sur son épaule; ses yeux devenus presque opaques regardaient obliquement; le haut de ses joues était agité d'un mouvement convulsif et ses lèvres s'entrouvraient et se portaient en avant comme à l'approche d'une coupe remplie du sang de sa victime. »II put s'enfuir à temps. Il y eut des proscriptions en masse. Cent quatre-vingts prêtres furent déportés en Guyane ![]() « Un grand nombre d'émigrés, d'égorgeurs de Lyon, de brigands de la Vendée, attirés ici par les intrigues du royalisme et le tendre intérêt qu'on ne craignait pas de leur témoigner publiquement, ont attaqué les postes qui environnaient le Directoire exécutif, mais la vigilance du gouvernement et des chefs de la force armée ont rendu nuls leurs criminels efforts. »Le ministère avait été remanié : il y entrait des hommes dont le nom seul prêtait une signification particulière au revirement politique qui venait de se produire. Talleyrand prenait les affaires étrangères, Scherer la guerre, l'amiral Pleville la marine, François de Neufchâteau l'intérieur, Sottin de Plantes la police. Carnot et Barthélemy furent remplacés par Merlin de Douai et François de Neufchateau qui cédèrent leurs portefeuilles à Lambrechts et à Letourheur. Augereau, qui avait commandé la force armée pendant le coup d'Etat, obtint un assez grand nombre de voix et il se montra fort mécontent de n'être pas élu. A ce moment, Bonaparte avait signé le traité de Campo-Formio « Tout en Bonaparte, disait Talleyrand, est l'ouvrage de cet amour insatiable de la patrie et de l'humanité et c'est là un fonds toujours ouvert que les belles actions, loin de l'épuiser, remplissent chaque jour davantage [...]. II déteste le luxe et l'éclat, misérable ambition des âmes communes; et il aime les chants d'OssianEt Barras : « La nature a épuisé toutes ses richesses pour créer Bonaparte. Bonaparte a médité ses conquêtes avec la pensée de Socrate ; il a réconcilié l'homme avec la guerre. »On chanta un hymne patriotique de Chénier, puis Joubert et Andréossy apportèrent un immense drapeau, hommage de la République à l'armée d'Italie, où étaient inscrits les noms de dix-huit victoires. La foule enthousiasmée criait : Vive Bonaparte! Vive la République! Le général se montra peu satisfait de cette réception trop pompeuse et trop théâtrale pour être sincère. Il ne se trompait pas. Fort inquiets de son ambition, les directeurs cherchèrent à lui opposer Augereau qui, prenant son rôle au sérieux, inonda la France ![]() ![]() « Lorsque le bonheur du peuple français sera assis sur de meilleures lois organiques, l'Europe entière deviendra libre. »En dépit de toutes les protestations officielles en faveur de la paix, la guerre continuait. L'Angleterre ![]() ![]() « Le roi ne peut plus traiter dans un pays ennemi sans être certain que les coutumes établies entre toutes les nations civilisées à l'égard des ministres publics et spécialement de ceux qui sont chargés de négocier le rétablissement de la paix seront respectées. »Le Directoire, de son côté, récrimina contre la mauvaise foi de l'Angleterre, et Pitt prêta au gouvernement français les mêmes intentions qu'il donnait au sien. « Pour moi, toutes mes conjectures me donnèrent la forte conviction que les démonstrations pacifiques du Directoire n'avaient rien de sincère et qu'elles n'étaient qu'un piège adroit tendu à l'opinion publique. »Le Directoire persista à poursuivre la politique qui consistait à créer tout autour de la France une série de républiques dotées de constitutions copiées sur la constitution de l'an III. Il résolut d'abord de détrôner le pape, fit éclater une révolution à Rome et ordonna au général Berthier de s'emparer de Pie VI, de le conduire au Portugal ![]() ![]() ![]() ![]() A ce moment, Bonaparte était parti pour l'Egypte « Ces hommes couverts de sang et de rapines, prêchant le bonheur commun pour s'enrichir sur la ruine de tous, ne parlant d'égalité que pour être despotes, capables de toutes les bassesses et de tous les crimes, soupirant après leurs anciens pouvoirs; ces hommes enfin qui, au 8 thermidor, étaient les agents de Robespierre et occupaient les places dans toute la République, et qui, depuis le 9 thermidor, avaient figuré dans tous les mouvements, trempé dans toutes les machinations, qui étaient les affidés de Babeuf et les conspirateurs du camp de Grenelle! »Il usa par ailleurs d'indignes artifices pour éliminer des conseils le plus qu'il put d'opposants ( ![]() Treilhard fut élu au Directoire par 126 voix sur 163 suffrages, en remplacement de Français de Neufchâteau. A partir de cette époque, la situation à l'extérieur s'assombrit et à l'intérieur prend une tournure menaçante pour le gouvernement. Une seconde coalition des puissances se formait contre la France De lui-même, le Directoire se désagrège. Barras, habile à séparer sa cause de celle des collègues dont il prévoit la perte, attaque publiquement Rewbell et La Reveillère. C'est à ce montent critique que se font les élections de floréal an VII. De nombreux patriotes et militaires furent élus, Rewbell est remplacé par Sieyès, le plus grand détracteur du Directoire. Et comme les défaites s'accentuent, que les alliés s'avancent sur les frontières de la France, les récriminations contre le gouvernement redoublent et les conseils législatifs, jusquelà asservis par lui, prennent une tardive énergie et manient à leur tour l'arme à double tranchant du coup d'Etat. Ils obligent Treilhard à se démettre, le remplacent par Gohier, forcent La Reveillère et Merlin à abdiquer, les remplacent par Roger-Ducos et le général Moulins (coup d'Etat du 30 prairial). « Le Directoire, avec son système de bascule, ses moyens de police et ses coups d'Etat, s'était aliéné tout le monde, aussi bien les révolutionnaires que les contre-révolutionnaires; même les patriotes étrangers le blâmaient. Au lieu d'appeler et de rallier à lui la masse des hommes d'ordre toujours prêts à soutenir le gouvernement de fait, ils l'avaient écartée et rendue au moins indifférente. Il s'était enfermé dès les premiers jours dans un cercle étroit et il l'avait continuellement rétréci davantage. Enfin il s'était aliéné l'armée et ne trouvait plus partout que malveillance et hostilité. Après s'être longtemps maintenu en équilibre, il tombait tout à coup faute d'appuis. » (Dareste).En même temps que les conseils prenaient de la force, le Directoire, où jusqu'alors l'entente n'avait jamais pu s'établir, tombait dans la pire anarchie. Sieyès ne rêvait qu'à désorganiser entièrement ce qui restait du gouvernement créé par la constitution de l'an III. Il ne cachait d'ailleurs pas son jeu. Ses premières paroles à Gohier furent : « Nous voilà membres d'un gouvernement qui est, nous ne pouvons le dissimuler, menacé de sa chute prochaine; mais, quand la glace se rompt, les pilotes habiles savent échapper à la débâcle. Un gouvernement qui tombe n'entraîne pas toujours dans sa perte ceux qui sont à sa tête. »Dans cette oeuvre de destruction, il eut pour appuis son collègue Roger-Ducos et le conseil des Anciens. Barras, qui avait admirablement réussi à se maintenir par l'unique raison qu'il ne suivait aucune politique personnelle et ne s'embarrassait d'aucun principe, avait entamé des négociations avec Louis XVIII; mais, suivant son habitude, il n'avait pris aucun engagement formel, se réservant la faculté de choisir à son heure, entre la monarchie ou le gouvernement quelconque qui l'emporterait sur elle. Moulins et Gohier tenaient pour le maintien de la constitution et ils étaient soutenus par le conseil des Cinq-Cents et le club républicain du Manège formé des débris des clubs de Salm, du Panthéon et des Jacobins. Mais Sieyès avait encore pour lui l'armée et la classe moyenne lassée de tant de changements politiques et réclamant avec insistance quelque stabilité dans l'Etat : aussi devait-il l'emporter. Le 9 messidor (27 juin 1799), le Directoire adressa aux conseils un message sur les dangers de la patrie. II insistait sur la gravité de la situation intérieure et sur l'urgente nécessité de réformer les administrations peuplées d'hommes faibles, de stimuler la mollesse des tribunaux, de détruire le brigandage qui renaissait dans l'Ouest et dans le Midi, de conjurer la guerre civile prête à reparaître à cause du grand nombre des conscrits réfractaires. Il rejetait sur ses prédécesseurs la responsabilité de ces malheurs et les accusait formellement de n'avoir pas su défendre la Révolution. Des emplois furent partout donnés aux patriotes ardents c'était une satisfaction donnée aux Cinq-Cents. Bernadotte fut pourvu du portefeuille de la guerre. Mais comme les revers continuaient en Italie ![]() ![]() ![]() « que les lumières doivent céder à l'ignorance, la sagesse à la folie, la réflexion à l'emportement [...] où tous ceux qui avaient servi ou étaient capables de servir la patrie étaient déconsidérés, outragés, persécutés, où l'autorité la plus tutélaire était la plus haïe par cela même qu'elle était autorité; où toutes les notions étaient confondues au point que tous ceux qui ne devaient être chargés de rien se chargeaient obstinément de tout ». Il flétrit les hommes « insensés et féroces qui créaient des obstacles, détruisaient les moyens, s'irritaient des résistances et punissaient la France de leur incapacité à gouverner ». II combattit ceux qui pensaient « qu'affermir un gouvernement est une lâcheté et que détruire est toujours une gloire; qui, ennemis effrénés de tout ce qui est ordre ou même apparence d'ordre, voulaient gouverner par des cris et non par des lois ».Ces accès d'éloquence et les coups de force qui les suivirent ne parurent qu'envenimer les choses. Il y eut des troubles à Bordeaux, à Marseille ![]() ![]() ![]() ![]() « Qu'avez-vous fait de cette France que j'avais laissée si brillante? J'avais laissé la paix, j'ai retrouvé la guerre; j'avais laissé des victoires, j'ai retrouvé des revers ; j'avais laissé les millions de l'Italie, j'ai retrouvé des lois spoliatrices et la misère! Que sont devenus cent mille hommes qui sont disparus du sol français? C'étaient mes compagnons d'armes! ils sont morts! Un tel état de choses ne peut durer : il mènerait au despotisme par l'anarchie!-» (R. S.). |
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