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J.
B. Bernadotte, roi de Suède
sous le nom de Charles XIV ou Charles-Jean, est né
à Pau en 1764, mort en 1844 était
fils d'un avocat. Il s'engagea comme simple soldat, et n'était encore
que sergent-major en 1789. Après s'être distingué aux
armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse, il fut proclamé, par
Kléber, général de brigade
sur le champ de bataille en 1794, devint peu de mois après général
de division, contribua puissamment aux victoires de Fleurus et de Juliers
(1794), fit capituler Maastricht et prit Altdorf
(1795). Chargé en 1797 de conduire à Bonaparte
en Italie 20 000 hommes de l'armée de Sambre-et-Meuse, il rivalisa
d'ardeur avec le jeune général, et, quoiqu'il éprouvât
peu de sympathie pour lui, soupçonnant ses desseins ambitieux, il
le seconda de tout son pouvoir : il eut une part glorieuse au passage du
Tagliamento, prit Gradiska, Trieste,
Laybach, Idria, et vint après la campagne présenter au Directoire
les drapeaux enlevés à l'ennemi.
Envoyé en
Autriche comme ambassadeur (1798), il
y excita une émeute pour avoir arboré le drapeau tricolore,
et quitta bientôt Vienne, parce qu'on
lui refusait des réparations. Porté au ministère de
la guerre par l'influence de Barras après le 30 prairial, il réorganisa
en 2 mois (2 juillet - 11 septembre 1799) les services qui étaient
dans un état déplorable; déjà il avait rappelé
la victoire sous les drapeaux français quand il fut écarté
par une intrigue de Sieyès. Après la révolution du
18 brumaire, à laquelle
il avait refusé de concourir, il fut envoyé par les consuls
dans la Vendée (1800)-:
il sut par ses habiles dispositions empêcher les Anglais de débarquer
à Quiberon et rétablir la
tranquillité dans le pays. En 1804, il reçut de Napoléon
le bâton de maréchal, avec le gouvernement du Hanovre;
il forma dans ce pays un beau corps d'armée, à la tête
duquel il exécuta plusieurs brillants faits d'armes ainsi, en 1805,
il rétablit dans Munich l'électeur
de Bavière, allié de la France,
conquit le pays de Salzbourg et contribua
à la victoire d'Austerlitz, après
laquelle il reçut la principauté de Ponte-Corvo; en 1806,
il battit les Prussiens devant Halle et à Lübeck,
où il fit Blücher prisonnier; puis, Marchant sur la Pologne,
passa la Vistule ,
occupa Elbing, Braunsberg, et défit
les Russes à Mohrungen et à Spanden sur la Passarge, où
il fut grièvement blessé (1807).
Nommé, après
sa guérison, gouverneur des villes
hanséatiques et chargé d'opérer contre la Suède,
il suspendit les hostilités dès qu'il eut appris qu'une révolution
avait précipité du trône Gustave IV, seul hostile à
la France (13 mars 1808); cette conduite loyale lui concilia l'estime et
l'affection des Suédois, mais elle paraît avoir excité
le mécontentement de
Napoléon, dont elle contrariait les
projets. En 1809, il commanda le neuvième corps, composé
en grande partie de Saxons, et contribua puissamment avec eux à
la victoire de Wagram; mais il se retira après
la bataille, ne trouvant pas que l'Empereur eût dans ses bulletins
rendu justice à ses troupes. Il n'en fut pas moins chargé
de repousser les Anglais débarqués à Walcheren (juillet
1809); il accomplit en 60 jours cette difficile mission. Malgré
ce nouveau succès, il se vit encore une fois privé de son
commandement; il était en disgrâce complète lorsqu'un
trône lui fut offert.
Élu le 20
août 1810 prince royal de Suède, adopté par le roi
Charles
XIII, il partit avec l'assentiment de Napoléon.
Il consentit d'abord à seconder la politique de l'Empereur et accéda
même au blocus continental; mais au commencement de 1812, les troupes
françaises ayant envahi le territoire suédois, il rompit
avec Napoléon et entra dans la coalition contre la France. Nommé
généralissime. de l'armée du Nord, le prince royal
débarqua à Stralsund avec
30 000 Suédois, vainquit Oudinot à Gross-Beeren, Ney
à Dennevitz, et eut une part décisive à la bataille
de Leipzig (1813); toutefois, il ne pénétra
pas à main armée sur le territoire français, et s'arrêta
sur les bords du Rhin ;
il tenta même, mais inutilement, de déterminer
Napoléon
à la paix, et de détourner les alliés de passer le
Rhin. A peine de retour en Suède, où il fut reçu avec
enthousiasme, il marcha sur la Norvège, dont la possession lui avait
été assurée par les alliés, et s'en rendit
maître en 15 jours (1814).
Reconnu roi de Suède
à la mort de Charles XIII, en
1818, Charles-Jean ne s'occupa plus que de faire prospérer ses États;
il cimenta l'union des Suédois et des Norvégiens, tout en
laissant à chacun des deux peuples sa constitution propre, développa
l'instruction publique, l'agriculture, l'industrie et le commerce. et réunit,
par le canal de Gothie, l'Océan Atlantique
et la mer Baltique
(1822) il avait pris pour devise : L'amour de mon peuple est ma récompense. |
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