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Les
Cacatoès au sens large (ou Plictolophidés)
constituent une famille de Psittaciformes (Perroquets)
bien définie par ses caractères, ses formes et la couleur
du plumage qui est blanc, noir, plus rarement gris ou rose. Ce sont généralement
des Perroquets de grande taille et tous sont propres à la région
australienne (de Timor aux Philippines, à la Nouvelle-Bretagne et
à la Tasmanie). Outre les Cacatoès proprement dits (Cacatua),
auxquels sera consacré cet article, cet groupe renferment l'ordre
des Calyptorhynques, et les Microglosses.
Les Cacatoès
ou Cacatuas sont des Perroquets de forte taille ou de dimensions moyennes,
aux formes ramassées, à la queue courte, aux ailes
médiocrement développées, au bec
robuste, à la tête ordinairement surmontée d'une huppe
et au plumage teint de couleurs peu variées
et largement distribuées. Le blanc pur domine généralement
sur leurs livrées, mais il est surtout
relevé par du jaune soufre, du jaune citron, du rouge ou du rose
chair, et quelquefois le manteau se colore en gris cendré, tandis
que les parties inférieures du corps passent au rose vif.
Ces Psittacidés
vivent en Australie et, de là, s'avançent
jusque dans l'île de Sulawesi (Indonésie),
aux Philippines, à la Nouvelle-Guinée,
aux îles Salomon et en Tasmanie, en
subissant des modifications plus ou moins profondes sous le rapport du
plumage et des dimensions. Dans l'aire occupée par ces oiseaux on
constate cependant d'étranges lacunes; ainsi tandis que Sulawesi,
Céram et Morotaï nourrissent plusieurs espèces de Cacatoès,
on n'en trouve pas à Bourou, ni à Soula, et, ce qui est plus
étonnant, on n'en rencontre pas dans les Iles de la Sonde.
Les Cacatoès
préfèrent aux forêts touffues
les plaines entrecoupées de bouquets d'arbres
et remontent sur le flanc des montagnes jusqu'à
une assez grande altitude. A l'état sauvage ils vivent en troupes
nombreuses qui parfois même ne se dissocient pas complètement
à l'époque de la construction des nids
et qui jouent dans la région indo-australienne à peu près
le même rôle que les Perroquets amazones
dans les contrées tropicales de l'Amérique
du Sud. Comme les Amazones ils se retirent pour passer la nuit sur
les cimes des arbres les plus élevés, et au moment de prendre
leur repos, aussi bien que le lendemain à leur réveil, ils
font retentir l'air de leurs cris discordants. Comme les Amazones, ils
peuvent devenir un véritable fléau pour l'agriculture en
rongeant les champs de céréales, en mettant au pillage les
jardins et les vergers.
Certains Cacatoès
font leurs nids sous des troncs d'arbres, à la manière de
la plupart des Perroquets, mais d'autres déposent dans des fentes
de rochers, sur le bord des rivières, leurs
oeufs qui sont de couleur blanche et à coquille
lisse. Les petits, au nombre de deux ou trois par couvée,
naissent couverts d'un long duvet blanc, mais revêtent,
dès la première mue, la livrée
des parents qu'ils accompagnent de très bonne heure dans leurs excursions.
Grâce à leurs ailes munies de pennes
fortes et résistantes, les Cacatoès peuvent se soutenir pendant
assez longtemps dans les airs et, en se servant alternativement de leur
bec et de leurs pattes, ils
grimpent jusqu'au sommet d'un arbre avec une prestesse
singulière. Sur le sol au contraire ils sont d'une insigne maladresse
et ne s'avançent qu'en titubant.
On prétend
même que le mot Cacatoès, qui est devenu le nom de ces Perroquets
et qu'ils redisent volontiers, n'est pas un cri naturel, mais un mot qui
leur a été appris et qui est une altération du mot
malais Kakatu, signifiant pince. Quoiqu'il en soit, le nom de Cacatoès
a été latinisé en Cacatua par Brisson,
qui a créé pour ces oiseaux un
genre particulier, aux dépens du grand genre Psittacus de Linné,
et il a été légèrement modifié par Rafinesque
et par Kuhl en Cacatus ou Kakadoë; enfin Vigors a proposé de
lui substituer le nom de Plyctolophus ou même Plictolophus qui signifie
huppe plissée. Chez beaucoup de Cacatoès en effet, tels que
le Cacatoès de Leadbeater (C. Leadbeateri Vig.), le Cacatoès
soufré (C. sulphurea Gr.), le Cacatoès de Ducrops (C. Ducropsi
J. et P.), le Cacatoès à huppe citron (C. citrino-cristata
Fras.), le Cacatoès à casque (C. galerita Lath.) et le Cacatoès
triton (C. triton Tem.), la huppe est formée de plumes étroites,
pliées suivant leur axe, légèrement recourbées
et complètement accolées quand l'oiseau est au repos; mais
ce n'est pas la règle absolue et d'autres Cacatoès, comme
le Cacatoès rose (C. roseicapilla V.), le Cacatoès à
crête (C. cristata Ruhl), le Cacatoès des Moluques (C. moluccensis
Gin.) etc., ont la huppe formée de plumes larges et étalées.
C'est par ces variations
de formes de la huppe, combinées avec des différences dans
les couleurs du plumage et dans les proportions des diverses parties du
corps, que les espèces ci-dessus indiquées se distinguent
facilement ainsi le Cacatoès des Moluques se fait remarquer non
seulement par sa grande taille et par sa huppe large et rejetée
en arrière, mais par son plumage
blanc glacé et rose, tandis que le Cacatoès à crête
porte une livrée blanche avec un peu de jaune à la base des
rectrices et des rémiges; le Cacatoès à casque est
blanc avec une huppe étroite et recourbée d'un jaune soufre
et quelques plumes jaunes aux ailes et à la queue; le Cacatoès
de Leadbeater porte une huppe tricolore, blanche, jaune et rose et a les
flancs, les pennes alaires et caudales fortement lavées de rose;
le Cacatoès rose, qui est d'assez petite taille et que C.-L. Bonaparte
plaçait dans un genre particulier (Eolophus), porte un manteau gris
perle, contrastant de la façon la plus agréable à
l'oeil avec la couleur carminée des parties inférieures du
corps, etc.
Chez tous les Cacatoès,
le tour de l'oeil est dénudé, et chez
une espèce des îles Salomon,
appelé pour cette même raison Cacatoès ophthalmique
(C. ophthalmicus Selat.), cet espace dégarni est coloré en
bleu vif. Enfin, si chez la plupart de ces oiseaux la mandibule supérieure
est fortement busquée avec la pointe du rostre verticale et de longueur
médiocre, dans deux espèces de Cacatoès (C. nasica
Tem. et C. pastinator Gould), que l'on a voulu placer dans un genre particulier
(Licmetis), la mandibule extérieure est moins busquée avec
la pointe du rostre dirigée obliquement et fortement proéminente.
(E. Oustalet). |
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