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Mue (zoologie),
du latin mutatio = changement. - Le corps des animaux
est enveloppé par la peau, qui porte à
sa surface l'épiderme. Cet épiderme
est un produit organique, et non, comme la peau proprement dite, un organe
vivant, de sorte qu'une fois produit, il doit tomber d'une manière
quelconque ou séjourner indéfiniment à la surface
de la peau. De ces deux hypothèses, la première seule est
compatible avec les changements de volume et souvent de forme que prend
le corps des animaux aux premières époques de leur vie; elle
seule permet aussi de concevoir comment l'épiderme n'augmente pas
d'épaisseur avec le temps.
Chez l'humain, cette chute de l'épiderme
se fait par menues parcelles qu'enlèvent à tous moments les
soins de propreté, le contact des vêtements; les cheveux et
les poils se renouvellent un à un et successivement, non pas tous
ensemble, et à certaines époques déterminées.
Mais il n'en est pas ainsi chez les animaux sauvages; chez la plupart des
espèces terrestres et même chez plusieurs espèces aquatiques,
l'épiderme et les productions de nature épidermique, comme
les poils des mammifères,
les plumes des oiseaux,
le test des grands crustacés, tombent et se renouvellent avec une
périodicité régulière, selon l'âge et
les saisons; ce renouvellement périodique, souvent marqué
par des changements très sensibles dans la coloration, les formes
des animaux, se nomme la mue. Les conditions factices où
l'humain place les animaux domestiques altèrent plus ou moins la
périodicité des mues, les suppriment même en grande
partie dans certaines espèces.
Chez les mammifères,
le principal phénomène des mues est le renouvellement du
pelage; ce renouvellement a lieu habituellement
en automne et au printemps, de façon à recouvrir successivement
l'animal d'un pelage d'hiver et d'un pelage d'été, chacun
en rapport par sa nature et sa couleur avec la saison à laquelle
il est destiné. Ainsi l'hermine, le lièvre
changeant, sont vêtus de blanc en hiver, de fauve ou de roux
en été; ainsi les visons, les zibelines, les martes portent
en hiver seulement ces chaudes et épaisses fourrures si recherchées,
et sont en été bien plus légèrement couverts.
Les mammifères des régions froides ou tempérées
offrent seuls ces différences remarquables; ceux des pays chauds
ont à peu près le même pelage en toutes saisons. Chez
les Oiseaux on observe aussi une mue en automne
et une autre au printemps; chez quelques espèces on n'a constaté
chaque année qu'une seule mue, celle d'automne ou celle de printemps.
Durant les premières années
de la mue des mammifères et des oiseaux, ce phénomène
est l'occasion d'un changement dans la coloration et l'aspect du pelage
ou du plumage, et chacun des vêtements
temporaires que revêtent ainsi un grand nombre d'espèces peut
servir à reconnaître leur âge et a été
désigné sous le nom de livrée.
On donne encore ce nom ou celui de parures de noces aux pelages ou plumages
particuliers que prennent beaucoup d'espèces à la mue qui
précède la saison où ils produisent des petits.
Chez les autres vertébrés,
Reptiles, Batraciens,
et les Poissons qu'on a pu observer, l'épiderme
tombe d'une seule pièce à des époques plus ou moins
éloignées; il en est de même des Arthropodes.
On connaît, et beaucoup de personnes ont observé les mues
des vers à soie, qui sont un exemple de celles que subissent les
insectes pour parvenir à leur état
parfait; on trouve fréquemment sur les toiles d'araignées
des épidermes entiers d'araignées, vêtements abandonnés
par l'animal à quelque mue; enfin, chacun a entendu parler des mues
annuelles des écrevisses, exemple de celles que subissent tous les
crustacés, et où leurs téguments,
résistants à toute autre époque, offrent momentanément
une consistance molle et membraneuse. (Ad. F.). |
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