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Nouvelle-Calédonie
Territoire de Nouvelle-Calédonie et Dépendances

21 30 S, 165 30 E
La Nouvelle-Calédonie est une île de l'Océanie située dans l'Océan Pacifique, à  1440 kilomètres l'Australie, à 1550 de la Nouvelle-Zélande et à 1770 de la Nouvelle-Guinée. Elle est longue et étroite et orientée du nord-ouest au sud-est; sa longueur est de 400 km et sa largeur moyenne de 55 km. Sa superficie est de 19 060 km²  et sa population de 270 000 habitants environ (2025); capitale : Nouméa.
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Carte de la Nouvelle-Calédonie.
Carte de la Nouvelle-Calédonie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Avec ses dépendances (l'archipel des îles Loyauté, et de nombreuses autres îles du voisinage), la Nouvelle-Calédonie constitue un territoire d'outre-mer (TOM) de la France, qui en a pris possession en 1853, mais qui lui accorde aujourd'hui une large autonomie à défaut de la souveraineté réclamée par une partie de la population.

Géographie physique de la Nouvelle-Calédonie

Le relief.
L'île de la Nouvelle-Calédonie est montagneuse; sa région la plus élevée est un plateau situé au-dessus de Pouebo et Oubatche. Les hauteurs principales en partant de Nouméa et en montant vers le nord sont : le pic Humboldt (1850 m), la Dent de Saint-Vincent (1547), la Table-Unie visible des deux rives, le pic Table (1243m), le pic Homédéboua (1200 m), le Panié (1628 m, point culminant), le Kaata (1083 m). Les autres sommets sont inférieurs à 1000 mètres. En somme, les montagnes sont un peu éparses; la moitié la plus septentrionale de l'île, dans le sens de la longueur, est cependant à peu près bordée par une chaîne qui longe une de ses côtes, celle où se trouvent l'aiguille de Muéo, le mont Témala, le pic Homédiboua et le Kaata. Cette chaîne se continue, moins distinctement, sur la même côte et dans la moitié sud, par des chaînons. Le centre de l'île est formé par une vallée dont la largeur n'excède pas 45 km. Les montagnes sont généralement ravinées profondément, escarpées et couvertes de sombres forêts; les collines qui s'élèvent entre elles et la mer sont souvent cultivables jusqu'à une altitude assez grande. En beaucoup d'endroits, ce sont des plaines d'alluvion très fécondes, qui séparent la base des montagnes de la mer.

L'hydrographie.
Le Diahot est le seul cours d'eau un peu considérable de la Nouvelle-Calédonie; sa largeur minima ne permettrait d'ailleurs pas aux rivières d'avoir un cours bien long; des pluies abondantes les rendent cependant nombreuses, mais ce sont en général des torrents rapides, encombrés de rochers pittoresques, riches en chutes et barrés à leur embouchure. Nous ne pouvons guère que nommer, en partant de la pointe sud et en faisant le tour de l'île par la côte nord : la rivière de Yaté, une des plus abondantes de l'île, longue de 50 km, large en moyenne de 40 mètres, avec  une profondeur de 5 à 8 mètres; la rivière de Canala, offrant 13 km navigables; la rivière Tiouaca, arrosant des vallées étroites et boisées, très pittoresques; le Diahot, long d'un peu plus de 80 km, dont 50 sont navigables, parcourant des pays très fertiles, et riche en rapides et en cascades; il s'apaise ensuite, devient large de 50 à 100 mètres et reçoit, en amont de Bondi et grâce à la marée, des embarcations de 2 à 3 mètres de tirant d'eau; son estuaire a 1200 mètres de largeur. Sur l'autre côté, on remarque : la rivière de Voh, la Foya, la Nera, qui passe à Bouraïl, la Foa, qui sort de la Table-Unie et se jette dans la mer par un large estuaire, sur la rive duquel est bâtie Ouaraïl, la Voya qui baigne Bouloupari, la Tontouta, très abondante, et la Dumbra, navigable sur quelques kilomètres.

Les terrains bas et fangeux de certaines parties de l'île ne sont pas, comme les apparences pourraient le faire croire, des marais; l'eau n'est pas stagnante, mais elle est renouvelée sans cesse par des sources qui jaillissent de l'intérieur du sol. Le sous-sol contient certainement de puissantes nappes souterraines, qui déversent leur trop plein quand les pluies leur ont apporté un tribut plus élevé que de coutume. Dans la région où se dresse le Humboldt, de nombreux cours d'eau circulent avec rapidité et fracas sous le sol; la Tontouta jaillit d'une fente de rochers à plus de 1200 mètres d'altitude ; ses eaux se perdent sur une certaine longueur et ne paraissent que dans le temps des pluies. Au nord, les ruisseaux sont nombreux, et ils offrent souvent des températures très différentes à quelque distance les uns des autres.

Le littoral et les autres îles.
Le littoral de la Nouvelle-Calédonie est profondément découpé; il est protégé par une ceinture de récifs, qui dépassent un peu l'île des Pins au sud et se prolongent beaucoup plus loin au nord, par les récifs des Français et le récif d'Entrecasteaux. Cette ceinture laisse entre elle et la côte un canal d'eau tranquille, relié à la haute mer par des passes nombreuses, situées souvent vis-à-vis des embouchures des cours d'eau de l'île. Les principaux accidents des côtes sont en reprenant le même itinéraire que pour la description des fleuves: la baie de Yaté qui n'a pas de récifs pour l'abriter, la baie de Ouinné, la baie profonde de Canala, à laquelle on accède par un étroit goulet et qui renferme quatre ports naturels, la rade de Couaoua, très sûre, la baie de Tiouaca, le mouillage d'Hiengouène, que signale la haute roche calcaire dite « les tours Notre-Dame », le bon port de Pouebo, le havre mal protégé de Balade, la baie d'Harcourt qui reçoit le Diahot, la haie de Banari, la baie de Neoué, la baie de Gomen, la baie de Mouéo, celles de Bouraïl, d'Ouaraïl, de Saint-Vincent (celle-ci fermée par de nombreuses îles), puis la baie sûre et spacieuse de Nouméa. Il n'y a plus ensuite qu'une échancrure assez notable qui forme les baies de Prony, du sud et du nord; cette échancrure s'enfonce de 13 km dans les terres et possède deux puissantes sources chaudes, qui jaillissent du fond de la mer et ont formé, par leurs sédiments calcaires, un récif qui porte des huîtres superbes.

Pour en finir avec la partie maritime, indiquons les îles qui dépendent de la Nouvelle-Calédonie : l'île Ouen à l'est de Nouméa, l'île Nou, vis-à-vis de la rade de Nouméa, les îles Lepredour, Ducos et Huron, qui sont les principales de celles qui ferment la baie de Saint-Vincent, les îles Néba, Paâba et Boualabio. Dans l'axe de la Nouvelle-Calédonie se trouve, à 30 milles de l'extrémité Sud, l'île des Pins, de 16 kilomètres sur 14, que sèment de nombreux écueils, et les îlots Koutoma et Nokanhoui, en dedans de l'anneau de corail, mais celui-ci ne se manifestant que par quelques récifs à peine émergents. Au Nord, à une distance de 27 milles, le groupe de Bélep, comprenant les îles d'Art et de Pott, s'élève dans le lagon, dont la ceinture ne se referme qu'autour des îles Huon, Fabre, Leleizour et Surprise, en constituant un véritable et vaste atoll. En dehors, mais sur le socle, est la chaîne des îles Loyauté (Loyalty), parallèle à la grande île néo-calédonienne. Elle commence au Nord-Ouest, par le récif de l'Astrolabe, comprend les îles Ouvéa, avec une pléiade d'îlots; Lifou, la plus grande de l'archipel, 50 km sur 27; et Maré, quadrilatère de 21 km environ dans ses diamètres; enfin la petite île Walpole. Cet archipel constitue avec la Nouvelle-Calédonie un ensemble géographique, mais diffère de celle-ci en ce que sa chaîne de montagnes sur lesquelles les polypiers ont bâti est plus ou moins profondément sous-marine. Quant aux îles Chesterfield, à 320 milles au Nord-Ouest et aux îles de leur voisinage (île de sable, Caye de l'Observatoire, récif Bellona), bien qu'administravement rattachées à Nouvelle-Calédonie, elles ne sont pas une dépendance géographique de la grande île, étant placées sur un socle différent, seuil prolongé de la Nouvelle-Zélande, émergeant pour former en passant l'île Norfolk.
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Les îles de la Nouvelle-Calédonie
Grande Île, île des Pins, Îles Belep.
Iles Loyauté Ouvéa, Lifou, Tiga, Maré, Récifs de l'Astrolabe.
Autres Iles Chesterfield, Sable, Récifs d'Entrecasteaux, Huon. 

I. Matthew, Hunter, Walpole, Durand.

La géologie.
L'ossature de la Nouvelle-Calédonie est constituée par des roches de serpentine, formant une chaîne qui suit, dans le Sud, l'axe de l'île, et où s'élèvent les hautes cimes de Humboldt, de Saint-Vincent, de Table Unie; elle se divise entre Ouarail et Canala et se manifeste par de nouvelles rangées de monts, sur la côte Ouest jusqu'à l'archipel de Bélep, tandis qu'à l'Est elle forme une chaîne de Canala à Mou, se retrouve dans l'intérieur et disparaît sous les schistes micacés de la chaîne qui s'étend de Touho à l'île Balabio. Cette chaîne schisteuse est pittoresque et donne à cette portion orientale de l'île le plus agréable aspect. En dehors des terrains serpentineux et de ce lambeau de terrain cristallin, il est des terrains sédimentaires, fréquemment métamorphosés par des roches éruptives mélaphyriques ; c'est à l'Ouest qu'on les rencontre. On signale, parmi les roches, en outre de celles magnésiennes serpentineuses et des porphyres mélaphyriques, des syénites, des diorites, des trachytes, même des pierres ponces en galets roulés par la mer, indices d'anciennes éruptions. Comme il y a une grande ressemblance géologique avec l'Australie orientale, il n'est pas étonnant que de l'or existe en Nouvelle-Calédonie; des veines aurifères ont été observées dans la partie nord. Mais ce sont surtout les métaux communs qu'on y rencontre. 

Le groupe du fer est représenté : d'abord, par le fer lui-même, à l'état d'oxydule et d'hématite brune, particulièrement dans le Sud, et à fleur du sol; par le manganèse; par le chrome ou fer chromé, également au Sud; par le cobalt, très répandu (île Ouen, baie du Sud, cap Bocage, Nakéti, îles Yandé et Bélep, etc.); enfin, principalement, par le nickel, la grande richesses minérale de la Nouvelle-Calédonie, à l'état d'un minéral nouveau, silicate de nickel et de magnésie (à Boulari, Thio, Canala, Houailou, etc.). Tout ce groupe appartient aux régions serpentineuses. L'or, le cuivre, l'antimoine et le plomb se rencontrent dans les terrains anciens du Nord. Le cuivre sulfuré existe dans la vallée du Diahot, à Balade, Oégoa et à Koumae. Le sulfure d'antimoine a été découvert dans le district de Nakéti. Des gisements de plomb sulfuré argentifère ont été trouvés à Koumac, avec la pyrite cuivreuse et dans la mine d'or de Fern-Hill, où la galène est accompagnée de blende. La houille, si importante, a offert des affleurements sur la côte ouest. On a aussi découvert des pierres lithographiques dans le Sud, notamment à l'île Mato.

En ce qui concerne les madrépores, les passes que présente la ceinture de récifs dépendraient plutôt de l'isolement primitif des roches sous-adjacentes sur lesquelles les polypiers ont bâti, que de la destruction de ces animaux par le mélange avec la mer de l'eau douce des rivières; car les passes ne correspondent pas ici d'ordinaire avec les embouchures des cours d'eau. Il est à remarquer que la croissance des coraux s'y fait avec une rapidité extraordinaire; on y observe des astrées gigantesques de 9 m de tour, dans les parties exposées aux vagues. Aux îles Loyauté, des coquilles appartenant aux espèces actuelles, sont situées au-dessus du niveau de la mer. Il faut y signaler des fissures nombreuses dans les falaises extérieures.
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Nouvelle-Calédonie : le nord de l'île et sa barrière de corail l'espace.
Le Nord de la Nouvelle-Calédonie et sa barrière de corail depuis l'espace. 
Source : Nasa.

Le climat.
Le climat est tempéré; le thermomètre oscillant de 8 à 24 °C; il est, de plus, rendu agréable, grâce aux brises de mer qui rafraîchissent l'île, aux niaouli odorants qui jouent le rôle des eucalyptus dans d'autres pays; grâce enfin à l'élévation du sol qui atteint rapidement 600, 1000, et même 1700 mètres. Les pluies, comme dans les régions tropicales, y tombent périodiquement, du milieu de décembre au milieu d'avril.

La température, si clémente pour les habitants, donne aussi au sol une fécondité remarquable; les bois sont abondamment pourvus d'essences précieuses pour la construction et l'ébénisterie : le sandal et le bois de rose, qui disparaissent, faute de modération dans la coupe; le niaouli, le pin calédonien ou kaori, le tamanou, le gaïac, le bois de fer, l'acajou.
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Iles Loyauté.
Grottes, forêts, cocotiers et habitants
sur une ancienne photographie des îles Loyauté.

Biogéographie de la Nouvelle-Calédonie

La flore.
La richesse de la flore de la Nouvelle-Calédonie, ou toutes les classes du règne végétal sont représentées. Sans compter les cryptogames amphigènes, algues, champignons, lichens, il y aurait plus de 1500 espèces de plantes. Les cryptogames acrogènes sont surtout représentées par les fougères, souvent arborescentes; il y a plus de 1100 dicotylédones. Les graminées, dont il n'y a que 160 espèces, sont surtout nombreuses en individus. On remarque les familles suivantes : mimosées, césalpiniées, protéacées, santalacées; le santal (Santalum austro-caledonicurn), abondant jadis, est devenu fort rare; laurinées; saxifragées arborescentes; nyctaginées; malvacées; tiliacées; euphorbiacée : (Aleurites); térébinthacées; sapindacées; méliacées; ulmacées (Ficus, Artocarpus); combrétacées (les badamiers); rhizophorées (les palétuviers); myrtacées (Melaleuca viridiflora ou niaouli); elles sont fort nombreuses; rubiacées (divers Gardenia); borraginées ligneuses; apocynées; sapotacées; ébénacées (Diospyros); styracées; épacridées, conifères (Araucaria, Dammara ou kaori), casuarinées (le filao); cycadées; palmiers; pandanées; dioscorées (Dioscorea, Tacca); musacées (les bananiers); aroïdées (Colocasia); cypéracées; graminées; fougères, etc.

Un très grand nombre d'espèces sont ligneuses et constituent les diverses essences des forêts. La végétation est inégalement répartie. Dans la région du Sud, aux terrains éruptifs inféconds, il est des espèces spéciales de myrtacées, casuarinées, conifères; mais non les plantes constituantes des pâturages. Celles-ci, graminées, papilionacées, composées, sont abondantes sur les terrains sédimentaires du Nord. Malheureusement, une graminée envahissante, Andropogan allionii, ne permet pas l'élevage des brebis, ses graines s'accrochant à leur toison et déterminant des ulcères.

La faune.
La Nouvelle-Calédonie est pauvre en mammifères terrestres. On n'y trouve guère que 2 variétés de roussette (Pteropus), P. rubricollis, grandes chauves-souris atteignant 0,80 m d'envergure; une petite espèce de vespertilion, et 2 variétés de rats. Les mammifères marins sont. le phoque, le morse, le marsouin, le cachalot. Les mammifères introduits : chat, chien, cochon, cheval et âne, importés d'Australie; boeuf, chèvre, mouton, également d'Australie; lièvre, cerf.

Les oiseaux sont nombreux en espèces, plus d'une centaine : l'île, par plusieurs espèces, se rattache aux aires de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et des îles de la Sonde. Les passereaux dominent; ils chantent et sont très vifs. Les palmipèdes et les échassiers sont abondants; puis les oiseaux de proie et les grimpeurs. Les tourterelles offrent des espèces agréablement nuancées. Le bagou (Rhinochetos jubatus), qui ressemble aux hérons et aux grues, est fort curieux, il tend à disparaître. Il faut citer encore le n'dino (Gallirallus Lafresneyanus) et le talève, poule sultane superbe, etc. Ont été introduits : poules, paons, pintades, pigeons, canards, oies, dindons, perdrix de Californie.

La classe des poissons est fort nombreuse et utile pour l'alimentation, mais certaines espèces sont dangereuses par leur piqûre venimeuse (Dindon tigrinus, etc.) ou par une chair toxique, ex. la Sardine vénéneuse (Meletto venenosa). Ces propriétés n'existent pas pour les poissons d'eau douce, qu'on peut manger sans crainte. Des raies pèsent jusqu'à 200 kg. Les requins sont  nombreux.

Les reptiles sont peu nombreux en espèces. Les genre lézards dominent. Il n'y a pas d'ophidiens terrestres venimeux, mais des serpents d'eau ou hydrophides, sur la côte, qu'on a crus inoffensifs, parce qu'ils mordent difficilement, ayant la bouche petite, en réalité deux espèces venimeuses des genres Platurus et Hydrophis. Il faut s'en méfier. Des tortues vivent en abondance dans les récifs; on pêche la tortue caret dont l'écaille est précieuse. Les crustacés, fort nombreux en individus, ont des espèces remarquables. Plusieurs (lupées, langoustes) ont une chair délicate. Les insectes, s'ils offrent des espèces curieuses, des papillons brillants, n'en ont que trop de nuisibles, sauterelles, moustiques, puces répandues dans les champs, etc. Parmi les arthropodes, d'autres espèces sont des arachnides (scorpion) et des myriapodes. Il est des annélides terrestres ou marins. Les mollusques, entre tous, se font remarquer, terrestres, fluviatiles ou marins; ils sont souvent alimentaires. Des nautiles, des Turbos sont nacrés. On remarque des Pinna et des bénitiers de plus d'un mètre. Les huîtres perlières (Meleagrina margaratifera) se trouvent généralement par de grandes profondeurs; il y en a un banc sur le récif entre l'île Balabio et la pointe Nord. C'est dans les rayonnés qu'on range les holothuries ou Tripangs ou biches de mer, aliment prétendumment aphrodisiaque. Enfin, les coraux eux-mêmes, si abondants, méritent l'attention.
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Nouvelle-Calédonie : Nouméa depuis l'espace.
Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, depuis l'espace.

Géographie humaine de la Nouvelle-Calédonie

Population.
La Nouvelle-Calédonie a une population estimée à environ 270 000 habitants. Celle-ci est composée principalement de Kanak (peuple autochtone mélanésien), de Caldoches (descendants des colons européens), de Polynésiens (principalement Wallisiens et Futuniens), d'Asiatiques (notamment Indonésiens, Vietnamiens et Chinois) et de Métropolitains venus de France. La province Sud, qui comprend Nouméa, concentre environ 75 % des habitants, avec une forte proportion de non-Kanak, tandis que les provinces Nord et des ÃŽles Loyauté sont majoritairement peuplées de Kanak. Cette répartition spatiale reflète également des inégalités socio-économiques : la province Sud est plus développée économiquement, avec une concentration des emplois, des infrastructures et des services publics, alors que les provinces Nord et les ÃŽles Loyauté souffrent encore de sous-développement relatif. 

La Nouvelle-Calédonie est traversée par des tensions identitaires et politiques profondes, habituellement centrées autour de la question de l'indépendance. Le processus de décolonisation engagé avec les Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) a conduit à plusieurs référendums sur l'indépendance, le dernier en 2021, marqué par une très forte abstention du camp indépendantiste. Ce contexte alimente un débat social vif autour de la reconnaissance des droits des Kanak, de la répartition des ressources, notamment minières, et de la définition d'une citoyenneté calédonienne.

Les Kanak vivent encore souvent dans un cadre coutumier, régi par des chefferies, des clans et un droit coutumier reconnu par la République française. Ce système coexiste avec les institutions républicaines modernes. Cette dualité institutionnelle engendre parfois des tensions, mais aussi des formes d'adaptation et de dialogue interculturel. Les autres communautés, bien que non régies par un droit coutumier, maintiennent également des liens communautaires forts, notamment les Wallisiens et Futuniens, très organisés autour des paroisses et des chefferies importées de leurs îles d'origine.

La Nouvelle-Calédonie connaît un vieillissement progressif de sa population, combiné à une baisse de la natalité. L'indice synthétique de fécondité est en recul depuis les années 1990. L'émigration vers la France métropolitaine, notamment pour les études, et l'immigration métropolitaine ou océanienne influencent également la dynamique démographique. Le niveau de vie et l'accès aux services sociaux, à l'éducation et à l'emploi varient sensiblement selon les groupes ethniques et les régions, ce qui accentue les clivages sociaux.

Groupes ethnolinguistiques.
Les Kanak représentent environ 41 % de la population, les Européens environ 24 %, les Wallisiens et Futuniens autour de 9 %, et le reste se compose d'autres groupes ou personnes issues de métissages.  Le français est la langue officielle et dominante de la vie publique, administrative et scolaire. Il est la langue de scolarisation obligatoire et le vecteur de communication interethnique. Cependant, les langues kanak bénéficient d'un statut symbolique et culturel reconnu dans la législation locale, notamment depuis les Accords de Nouméa (1998), qui affirment la nécessité de reconnaître et promouvoir les langues autochtones. Cette reconnaissance ne s'est pas encore traduite par une généralisation dans les médias, mais elle est présente dans les cérémonies officielles, les signalétiques et les programmes éducatifs dans certaines zones. La question linguistique, notamment autour des langues kanak et du statut du français, reste intimement liée aux débats politiques sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et sur la reconnaissance pleine des peuples autochtones.

Kanak.
Les Kanak appartiennent au vaste ensemble mélanésien et sont répartis en une trentaine de aires coutumières, regroupant près de 300 tribus. Sur le plan linguistique, ils parlent des langues kanak, qui appartiennent à la famille des langues austronésiennes. On en dénombre 28 langues et une trentaine de dialectes. Parmi les plus parlées figurent le drehu (Île Lifou), le nengone (Maré), le paicî (région de Poindimié), et l'ajië (région de Houaïlou). Bien que le français domine dans la sphère publique, les langues kanak sont parlées dans les tribus, transmises dans les familles et enseignées dans certaines écoles, avec le soutien de l'Académie des Langues Kanak (ALK) fondée en 2007. Le bislama et d'autres créoles peuvent être compris par des Kanak en contact régulier avec les populations mélanésiennes voisines (Vanuatu, Salomon). Malgré les efforts de revitalisation, plusieurs langues sont menacées d'extinction. Certaines ne comptent que quelques centaines de locuteurs.

Caldoches.
Les Caldoches sont les descendants des premiers colons européens — pour la plupart d'origine française (dont une proportion notable de Corses), avec parfois des ascendances allemandes  ou italiennes — installés depuis plusieurs générations. Ils forment un groupe hétérogène, ancré principalement dans le Sud et dans les zones rurales de la Grande Terre. Leur langue principale est le français, mais teintée d'un lexique et d'un accent locaux qui reflètent l'histoire coloniale et le contact avec les autres communautés. Ils développent une culture propre, marquée par la « brousse » (vie rurale calédonienne), la valorisation de la propriété foncière et une identité locale qui se distingue à la fois des Métropolitains récents et des Kanak.

Métropolitains.
Les Métropolitains, parfois appelés « Zoreilles », désignent les Français venus de l'Hexagone, généralement dans un cadre professionnel ou administratif. Ils parlent le français standard et sont davantage concentrés dans l'agglomération de Nouméa. Bien que parfois en contact limité avec les autres groupes culturels, ils constituent un vecteur d'influence linguistique et sociale majeur, notamment par leur présence dans les institutions, les écoles et les médias.

Wallisiens et Futuniens.
Originaires des îles Wallis et Futuna, les Wallisiens et Futuniens sont des migrants polynésiens arrivés en nombre à partir des années 1950, notamment pour travailler dans les secteurs du BTP et du nickel. Ils parlent respectivement le wallisien (fakaʻuvea) et le futunien (fakaʻfutuna), deux langues polynésiennes proches du tongien et du samoan. Ces langues sont couramment parlées à la maison, dans les paroisses et dans les fêtes communautaires. Les Wallisiens et Futuniens sont fortement ancrés dans la culture chrétienne catholique et vivent selon des principes communautaires et hiérarchiques très codifiés, sous l'autorité de chefs coutumiers.

Indonésiens.
Les Indonésiens, descendants de travailleurs javanais amenés au début du XXe siècle sous colonisation française pour les plantations, constituent une minorité visible. Leur langue ancestrale, le javanais, tend à disparaître chez les jeunes générations, mais quelques expressions et éléments culturels persistent, notamment dans la cuisine et la musique.

Vietnamiens.
Les Vietnamiens, installés depuis l'époque coloniale également (venus de l'Indochine pour travailler dans les mines ou comme domestiques), sont bien intégrés dans la société calédonienne. Leur langue d'origine, le vietnamien, n'est plus largement pratiquée sauf chez les personnes âgées. Toutefois, ils maintiennent une identité culturelle forte, notamment à travers la gastronomie, les fêtes traditionnelles et les cultes religieux.

Chinois.
Les communautés chinoises, issues en grande partie de Cantonais arrivés à la fin du XIXe siècle, sont présentes dans le commerce, notamment à Nouméa. Le cantonais, et dans une moindre mesure le mandarin, est encore parlé dans certaines familles, bien que la tendance à l'assimilation linguistique par le français soit forte. Le Nouvel An chinois et d'autres pratiques rituelles restent des marqueurs culturels importants.

Autres groupes.
On trouve également de plus petites communautés originaires des Antilles, de La Réunion, du Liban, du Vanuatu, du Japon ou encore d'Australie. Chacune contribue à l'environnement multilingue, bien que souvent de manière privée ou communautaire restreinte. Le bislama, le créole vanuatais, est ainsi parlé par les travailleurs saisonniers ni-vanuatais employés dans l'agriculture ou les services.
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Culture.
Les dynamiques culturelles sont très riches : la Nouvelle-Calédonie est un territoire où coexistent le festival mélanésien, les danses wallisiennes, le hip-hop urbain de Nouméa, et la gastronomie française. Cette coexistence, parfois harmonieuse, parfois conflictuelle, fait de la société calédonienne une société en transition, tiraillée entre les aspirations à l'émancipation culturelle et politique, et l'attachement au cadre républicain français, entre revendication identitaire et vivre-ensemble.

Les jeunes générations créent de nouvelles formes culturelles hybrides, empruntant au kaneka, au rap, au slam, à la danse urbaine et à la mode mondiale. Les réseaux sociaux et les plateformes numériques diffusent une culture locale modernisée, mais aussi une conscience politique accrue, notamment autour des questions d'indépendance, de décolonisation, de justice sociale et de reconnaissance culturelle. La culture est ainsi à la fois un espace de résistance, de dialogue et d'innovation. Elle reflète les contradictions du territoire — entre passé colonial et avenir incertain, entre particularisme kanak et citoyenneté commune — mais elle constitue aussi l'un des socles les plus vivants et dynamiques de la Nouvelle-Calédonie.

Au coeur de cette culture se trouve la tradition kanak, ancrée dans un rapport intime avec la terre, les ancêtres et la communauté. La coutume kanak, plus qu'un ensemble de rites, est un système de valeurs fondé sur le respect, la solidarité, l'oralité et la hiérarchie clanique. Elle s'exprime dans les cérémonies de dons et contre-dons, les mariages, les deuils, les fêtes coutumières et les prises de parole collectives. Les objets rituels comme les flèches faîtières, les cases traditionnelles, les nattes et les sculptures en bois portent des significations symboliques fortes. L'art kanak, à la fois ancestral et contemporain, valorise la représentation du monde spirituel, de la filiation, et de la relation aux éléments naturels. Le Centre Culturel Tjibaou à Nouméa incarne cette volonté de préserver et moderniser l'expression artistique kanak, mêlant architecture mélanésienne et art contemporain.

Les langues kanak sont porteuses de culture, d'histoire orale et de savoirs ancestraux. Les contes, les chants, les proverbes et les généalogies sont transmis à travers ces langues, souvent liées à un territoire précis. L'oralité occupe une place centrale dans l'apprentissage des valeurs et la construction de l'identité. La danse traditionnelle, notamment le pilou, reste un moment de célébration collective, ordinairement accompagnée de chants polyphoniques et de percussions.

La culture européenne, notamment française, s'est imposée dans la scolarité, les institutions, les médias et les arts classiques. Elle se manifeste à travers l'architecture coloniale de Nouméa, la gastronomie (pain, fromages, vin, pâtisseries), les fêtes républicaines et les références littéraires et artistiques. Toutefois, cette culture s'est aussi acclimatée au contexte local, générant des formes hybrides. La culture dite « caldoche » valorise un mode de vie rural, la chasse, l'élevage, la vie en brousse, et une forme d'identité enracinée dans le territoire.

Les populations wallisienne et futunienne apportent un riche héritage polynésien fondé sur la religion chrétienne, les danses rituelles (notamment le siva et le tauolunga), les chants liturgiques et la culture du kava. Leurs fêtes religieuses et familiales sont spectaculaires, avec des tenues traditionnelles colorées, des banquets et des processions. L'église catholique joue un rôle central dans l'encadrement de ces traditions.

La présence vietnamienne, indonésienne et chinoise a aussi laissé une empreinte dans la culture calédonienne. On la retrouve dans la cuisine, les marchés, les commerces de quartier, et certaines fêtes traditionnelles comme le Nouvel An chinois. Cette multiculturalité se vit aussi dans les écoles, les quartiers de Nouméa, et dans les pratiques culinaires partagées.

La cuisine calédonienne reflète cette hybridation : on y trouve des plats traditionnels comme le bougna kanak (plat de légumes, viandes ou poissons cuits dans des feuilles de bananier avec du lait de coco), des plats européens (rôtis, quiches), asiatiques (pho, nems), ainsi que des produits de la mer (poissons, crustacés) abondamment consommés. La diversité gastronomique témoigne du métissage culturel et des échanges entre communautés.

Les pratiques artistiques sont également multiples. Le chant choral est très présent dans toutes les communautés, de la tribu au temple, en passant par les groupes de jeunes. Le reggae, le hip-hop, le kaneka (musique populaire d'inspiration kanak) et la variété française cohabitent dans les radios locales. Des artistes comme Edou ou le groupe Mexem ont contribué à faire connaître une musique engagée et identitaire.

Les fêtes et célébrations sont nombreuses : la fête de la citoyenneté (24 septembre), la fête du chef, les jours coutumiers, les fêtes religieuses chrétiennes, la fête de la Musique, et les nombreux festivals culturels comme le Festival des Arts du Pacifique. Ces événements sont souvent l'occasion d'un brassage culturel et de reconnaissance mutuelle entre les différents groupes.

Le sport, notamment le football, le rugby, la pétanque et les sports nautiques, joue un rôle de lien social fort. Il permet de transcender les appartenances communautaires, en particulier lors des Jeux du Pacifique.

• Symbole de la Nouvelle-Calédonie : le cagou (un oiseau).

• Hymne : Soyons unis, devenons frères. Paroles et musique de la Chorale Melodia (une chorale locale). Adopté en 2008, cet hymne contient un mélange de paroles en français et en nengone (une langue locale). En tant que  territoire autonome de la France, la Nouvelle-Calédonie a, en plus de l'hymne local, La Marseillaise comme hymne officiel.

Economie.
L'économie de la Nouvelle-Calédonie repose sur un équilibre fragile entre ressources naturelles, transferts financiers de la France métropolitaine et un tissu économique local dominé par quelques grands secteurs. Ce territoire, bien que relativement développé par rapport à ses voisins de la région, présente de fortes dépendances structurelles et une économie très concentrée.

Le pilier principal de l'économie calédonienne est le secteur minier, et plus précisément l'exploitation du nickel, dont la Nouvelle-Calédonie possède environ 20 à 25 % des réserves mondiales. Le nickel représente environ 90 % des exportations du territoire. Trois grandes usines (SLN, Prony Resources et KNS) dominent le secteur, chacune avec des enjeux économiques, sociaux et environnementaux majeurs. Toutefois, la volatilité des cours mondiaux, les coûts de production élevés et les tensions sociales récurrentes fragilisent la rentabilité de cette industrie. 

Le secteur public, fortement soutenu par les transferts financiers de l'État français, joue un rôle structurant. Ces transferts représentent environ 15 % du PIB et couvrent près des deux tiers du budget des collectivités locales. Ils permettent de financer les dépenses sociales, la santé, l'éducation, l'emploi public (qui représente plus de 20 % de l'emploi total) et de soutenir l'investissement public. Cette dépendance financière assure une certaine stabilité économique, mais limite aussi les marges de manoeuvre pour un développement endogène autonome.

L'emploi privé est dominé par le commerce, la construction, les services et le tourisme, mais ces secteurs restent vulnérables. Le tourisme, bien que porteur de potentiel, est encore marginal dans l'économie (moins de 1 % du PIB) en raison de l'éloignement géographique, des coûts élevés et de la concurrence régionale. La construction, quant à elle, est fortement dépendante des projets publics et des programmes de logements sociaux.

L'agriculture et la pêche demeurent très marginales en termes de contribution au PIB, malgré leur importance culturelle et sociale pour certaines populations, notamment kanak. La dépendance alimentaire est élevée : environ 80 % des produits alimentaires sont importés. Cela engendre une balance commerciale structurellement déficitaire, aggravée par une faible diversification de l'exportation.

Le marché du travail présente des tensions marquées : un taux de chômage structurel élevé (autour de 10 à 13 % selon les années), des inégalités territoriales (notamment entre la Grande Terre et les îles Loyauté), une jeunesse confrontée à des difficultés d'insertion, et une dualité entre secteur public stable et secteur privé plus précaire. En parallèle, les écarts sociaux sont très prononcés, tant entre les communautés qu'en termes de revenus, ce qui alimente régumièrement des tensions politiques.

Le système monétaire repose sur l'utilisation du franc Pacifique (XPF), arrimé à l'euro, ce qui garantit une certaine stabilité monétaire mais limite les capacités d'ajustement compétitif par la dévaluation. L'inflation est globalement maîtrisée, mais les prix à la consommation restent élevés, en particulier pour les produits importés.

Enfin, l'économie de la Nouvelle-Calédonie est inséparable de ses enjeux institutionnels et politiques. Les débats sur l'indépendance et l'avenir institutionnel du territoire (notamment après les référendums successifs) influencent les investissements, la confiance des entreprises et les perspectives de long terme. Le climat politique, incertain, pèse sur les choix économiques majeurs, notamment en matière de gouvernance des ressources minières, de politique de développement, de fiscalité et de répartition des richesses.

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