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Les Arachnides
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Araignées
Acariens
Scorpions
Les Arachnides sont une classe d'Arthropodes qui, réunie aux Mérostomes (Limules) et aux Pycnogonides, forme le sous-embranchement des Chélicérates. Cette classe a été  établie par Lamarck pour un certain nombre d'animaux, tels que les Araignées, les Scorpions,  les Acariens, les Mites, etc., qui avant lui n'avaient pas été séparés de la classe des Insectes, et que tous les anciens naturalistes avaient, à l'exemple de Linné, confondus dans l'ordre peu naturel des Aptères. Lamarck comprenait cependant encore dans la classe des Arachnides, sous le nombre d'Arachnides antennistes, un grand nombre de types qui, avec juste raison, en ont été séparés depuis, et c'est à Latreille que l'on doit la première définition exacte de cette classe, qu'il désigna d'abord sous le nom d'Acères, puis enfin sous celui d'Arachnides, créé par Lamarck et universellement adopté depuis. Les limites de la classe des Arachnides n'ont pas varié depuis Latreille (sauf pour ce qui concerne le rattachement à cette classe, admis quelque temps, des Tardigrades). Plusieurs naturalistes ont aussi rapproché des Arachnides les Pentastomes ou Linguatules. Presque tous les auteurs récents ont rendu au groupe des Pantopodes la place que lui avait donnée Latreille dans le voisinage des Acariens, mais les affinités de ce petit groupe sont assez obscures, et nous devons rappeler que Kroyer et Milne-Edwards l'avaient détaché de la classe des Arachnides pour le reporter dans celle des Crustacés

Les Arachnides différent à première vue des Insectes par la soudure de la tête et du thorax en une seule pièce appelée céphalothorax, par l'absence des antennes ou peut-être leur transformation en organes de préhension appelés chélicères, par l'état rudimentaire des pièces buccales proprement dites, la présence d'une paire de pattes-mâchoires et de quatre paires de pattes locomotrices. Ces mêmes caractères les différencient des Crustacés, mais il faut ajouter que, chez ces derniers, presque tous aquatiques, la respiration est branchiale, tandis que chez les Arachnides elle s'effectue au moyen de trachées semblables à celles des Insectes ou de sacs pulmonaires qui ne sont autres que des trachées modifiées; enfin, chez les Crustacés, les segments abdominaux sont pourvus de pattes plus ou moins modifiées, mais analogues à celles de la région thoracique, tandis que chez les Arachnides l'abdomen est toujours dépourvu d'appendices. 

Les sexes des Arachnides sont séparés. Chez les Araignées, il y a deux organes mâles débouchant par un canal déférent unique à la base de l'abdomen; les femelles, qui sont généralement de bien plus grande taille que les mâles, possèdent deux ovaires réunis en une seule masse, avec deux oviductes qui vont s'ouvrir par un orifice unique situé également à la base de l'abdomen. Particularité : au moment de l'accouplement, le mâle recueille son liquide spermatique avec une de ses mâchoires et l'introduit ensuite dans l'orifice de l'oviducte.

Organisation anatomique des Arachnides

Chez les Arachnides la forme générale est des plus variées; les Araignées, les Faucheurs, les Scorpions, connus de tout le monde, peuvent donner une idée de la forme des types les plus élevés en organisation, forme qui se modifie graduellement en se simplifiant chez les types inférieurs. Tantôt, comme chez les Demodex, les membres sont presque rudimentaires, et l'abdomen, très long et en continuité avec les autres parties du corps, donne à l'ensemble un aspect vermiforme; tantôt, au contraire, comme chez les Pantopodes, l'abdomen est rudimentaire, tandis que les pattes, très développées, renferment dans leur partie basilaire presque tous les organes essentiels. Dans la classe des Arachnides on peut en effet suivre,  mieux que dans aucune autre classe de l'embranchement des Arthropodes, la dégradation rapide du type. Tandis que ses premiers représentants sont égaux, sinon supérieurs aux Insectes, par la perfection de leur organisme, chez les derniers, presque tous parasites, cet organisme se simplifie au point que des systèmes entiers peuvent manquer; c'est ainsi que chez beaucoup d'Acariens, il n'y a pas d'organes spéciaux pour la circulation et le sang baigne directement les organes; chez ces mêmes animaux, de même que chez les Pantopodes, la fonction respiratoire est presque toujours exclusivement remplie par la peau.

A l'exception des Scorpions et de quelques Acariens, qui sont ovo-vivipares, les Arachnides sont ovipares. Les espèces qui possèdent des filières, comme les Araignées, s'en servent pour envelopper leurs oeufs de cocons souvent très compliqués; d'autres fois les oeufs, fortement agglutinés, forment une masse qui reste jusqu'à l'éclosion attachée au ventre de la femelle, comme par exemple chez les Chernètes. Chez les Pantopodes, il existe même une paire d'appendices spéciaux, en forme de petites pattes, destinés à porter les oeufs. Chez les Araignées, les organes sexuels, très apparents, ceux des mâles étant en partie contenus dans le dernier article des pattes-mâchoires, ne permettent pas de confondre les sexes; mais chez les autres Arachnides, le pénis simple (Faucheurs) ou double (Chernètes, Scorpions), malgré son développement souvent excessif, n'est visible qu'au moment de l'accouplement. Toutefois, les sexes diffèrent presque toujours par la taille, le mâle étant généralement plus petit, ou dans certain cas par l'adjonction à l'abdomen d'organes de fixation (beaucoup de Sarcoptides), ou bien par des caractères secondaires portant sur la sculpture des téguments, la forme de certains articles des pattes ou des chélicères; c'est ainsi que chez les Galéodes, ces dernières portent, chez le mâle, un appendice styliforme qui manque chez la femelle. 
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Scorpion.
Un Scorpion.

Les Arachnides supérieurs n'ont pas de métamorphoses; ils sortent de l'oeuf avec la forme de l'adulte, mais pendant la durée de leur croissance ils subissent un certain nombre de changements d'épiderme et ce n'est qu'à la suite du dernier que les organes copulateurs offrent leur complet développement. Chez les Chernètes cependant le jeune présente, au moment de la naissance, des caractères larvaires bien prononcés. Chez les types inférieurs, particulièrement chez les Acariens, il y a
de véritables métamorphoses qui ne se bornent pas, comme on l'a cru longtemps, à l'adjonction d'une ou de plusieurs paires de pattes.

A part quelques Acariens qui s'attaquent aux végétaux, tous les Arachnides sont carnivores. Les plus inférieurs sont parasites des Vertébrés et des Insectes, pendant toute la durée de leur existence (Sarcoptides), ou à l'état de larve seulement (Trombidides, Hydrachides); tous les autres Arachnides se nourrissent de proies vivantes, qu'il saisissent à l'aide de leurs chélicères, conformées en crochet ou en pince, ou à l'aide de leurs pattes-mâchoires souvent terminées par une main puissante (Scorpion) ou par de fortes épines (Gonyleptides, Phrynides); beaucoup possèdent même des armes plus terribles, qui leur permettent de se rendre maîtres des proies les plus vigoureuses; tels sont les organes venimeux logés soit dans les chélicères (Araignées), soit à l'extrémité de l'abdomen terminé par un aiguillon (Scorpions); enfin beaucoup d'Arachnides tendent des embûches à leurs ennemis et sont pourvus à cet effet d'organes de sécrétion spéciaux leur permettant de tendre ces toiles et ces filets souvent si compliqués que tout le monde connaît. 

Le céphalothorax.
Le céphalothorax est quelquefois entièrement confondu avec l'abdomen et le corps entier ne parait former qu'une seule masse (Acariens). Le plus souvent il est recouvert d'une plaque distincte, homogène ou gardant les traces des sutures des diverses pièces dont elle est formée chez l'embryon; rarement les segments thoraciques restent complètement distincts en tout ou en partie (Galéodes). L' abdomen est souvent attaché au céphalothorax par un court pédicule (Araignées), d'autres fois il est de même largeur et en continuité avec lui. Ses téguments sont souvent homogènes sur toute la surface et n'offrent point trace de segmentation (Acariens, Araignées à l'exception du Liphistus); d'autres fois il est nettement segmenté et chacun de ses segments est recouvert de plaques tergales et ventrales indépendantes, réunies par des parties membraneuses. Tantôt ces segments sont homogènes et l'anus est terminal (Faucheurs), tantôt les segments postérieurs, très différents des autres, affectent la forme d'une queue; ce post-abdomen, très développé chez les Scorpions, existe à l'état plus ou moins rudimentaire chez beaucoup d'autres types; chez les Thélyphones, il est même prolongé par un long appendice filiforme.
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En règle générale, le dessous de la partie thoracique est occupé par un "sternum" formé de deux pièces, une antérieure, petite, communément appelée lèvre inférieure, placée entre les hanches des pattes-mâchoires et souvent même soudée avec elles, et une postérieure placée entre les hanches des pattes ambulatoires. Cette dernière, très développée chez les Araignées, chez les Phrynes où elle est elle-même segmentée, est réduite chez les Scorpions à une petite plaque carrée ou triangulaire logée entre les hanches postérieures; chez les Galéodes et les Chernètes, elle fait même complètement défaut et les hanches juxtaposées forment seules le plancher inférieur de la cavité thoracique

Les organes buccaux.
Les organes buccaux proprement dits sont à l'état rudimentaire. Chez quelques types, comme les Galéodes, on distingue cependant deux petits lobes pourvus chacun d'une soie, qui représentent les mâchoires et leurs palpes. Les organes qui concourent à la manducation sont les chélicères et les pattes-mâchoires. Les chélicères ont été regardées pendant longtemps comme analogues aux mandibules des Insectes. Latreille a le premier reconnu qu'elles n'étaient autres que des antennes modifiées. Si les chélicères diffèrent grandement, par la forme et les fonctions, des antennes des Insectes, elles ne s'éloignent pas moins à ce double point de vue des mandibules. Elles sont formées de deux ou trois articles, dont le dernier, en forme de crochet ou de pince, sert à harponner ou saisir la proie et non à la broyer. Les chélicères sont insérées en avant du front, immédiatement au-dessus de la cavité buccale. Les appendices de la seconde paire, anciennement appelés mâchoires et palpes maxillaires, en remplissent les fonctions, mais il appartiennent réellement à la région thoracique et représentent exactement l'une des paires de pattes-mâchoires des Crustacés-Décapodes; leur article basilaire ou hanche est ordinairement dilaté en forme de lame plus ou moins mobile, quelquefois soudée avec la pièce labiale en une grande plaque fermant, en dessous, la cavité buccale (Acariens); les articles suivants sont allongés. Chez les Araignées et les Galéodes, ils ne diffèrent des pattes locomotrices que par un article de moins, l'absence de griffe ou la présence d'une seule griffe au lieu de deux. D'autres fois, chez les Pédipalpes, beaucoup d'Opiliones et d'Acariens, le tarse de la patte-mâchoire se termine par une longue griffe acérée qui, se repliant sur le côté interne des articles précédents pourvus eux-mêmes de très fortes épines, constitue une arme redoutable; enfin, chez un grand nombre d'Arachnides, les deux derniers articles de la patte-mâchoire forment une pince, ressemblant beaucoup à celle de la première paire de pattes des Crustacés-Décapodes. 

Les pattes.
Les pattes locomotrices sont normalement au nombre de huit, excepté chez les Acariens, qui au moment de leur naissance n'en présentent que six ou même quatre; le nombre de leurs articles peut varier, mais il se répartissent toujours en quatre groupes : les hanches, fermant latéralement la cavité thoracique; elles sont quelquefois soudées entre elles, quelquefois les antérieures portent des lobes maxillaires plus ou moins rudimentaires (Faucheurs, Scorpions); le second groupe est le fémur, dont l'article principal est allongé et articulé sur la hanche par une petite pièce appelée trochanter; quelquefois cette pièce est elle-même divisée; dans ce cas, la seconde porte le nom de trochantin. Le troisième groupe ou tibia est ordinairement de deux articles, dont le premier, plus court et courbe, est le genou ou patella. Enfin la quatrième ou tarse est ordinairement formé de deux ou trois articles, mais dans certains cas, chez les Faucheurs, par exemple, le nombre des articles est très considérable. Le dernier article du tarse porte une, deux ou trois griffes, simples ou pectinées sur leur bord inférieur, souvent accompagnées de brosses de poils appelées scopulas, et, chez les espèces parasites, d'organes adhésifs en forme de ventouses. Les pattes sont souvent homogènes; souvent aussi l'une des quatre paires, principalement la première, se distingue des autres par des caractères spéciaux; c'est ainsi que cette première paire acquiert une longueur excessive chez les Pédipalpes. Dans beaucoup de cas, les caractères spéciaux des pattes sont sexuels. 

Le tube digestif.
Le tube digestif, qui s'étend de la bouche à l'extrémité postérieure du corps, est toujours assez simple et presque en ligne droite; il se compose, chez les espèces inférieures, d'un oesophage court et d'un intestin presque d'égale largeur dans toute son étendue, présentant le plus souvent, en avant, des caecums latéraux plus ou moins apparents; ces caecums atteignent leur maximum de longueur chez les Pantopodes où ils pénètrent dans l'intérieur des pattes et s'étendent jusqu'à leurs derniers articles. Chez les Scorpions, l'intestin est simple et en ligne droite, sans élargissement sensible dans la partie médiane, sans replis, ni caecums. La distinction nette de l'estomac - et de l'intestin - ne s'observe que chez les Faucheurs et les Araignées. Chez les premiers, l'estomac est une vaste poche surmontée de trente caecums très volumineux paraissant remplir entièrement la cavité du corps et s'ouvrant tous par groupes à la partie supérieure de l'estomac, au fond de dépressions disposées symétriquement; ces caecums pénètrent par leurs extrémités dans la base des pattes, ce qui rappelle la disposition remarquable des Pantopodes. L'estomac des Araignées est d'une forme singulière; il est annulaire et de chaque côté de cet anneau partent quatre longs caecums, d'abord dirigés en dehors, puis repliés en dessous, sous la masse nerveuse, où ils se ramifient et s'anastomosent; l'intestin proprement dit, qui fait suite à l'estomac, est un tube toujours simple, tantôt droit, tantôt un peu courbe et aboutissant à l'anus. Le tube digestif reçoit, dans l'abdomen, le produit de la sécrétion d'un foie souvent très volumineux et, plus en arrière, la sécrétion urinaire, qui lui est apportée par des canaux de Malpighi plus ou moins développés. L'orifice anal est longitudinal chez les Acariens; chez tous les autres Arachnides, il est transverse, très rarement circulaire. 

La circulation du sang.
La circulation s'effectue d'une manière générale comme chez les Crustacés. Le sang qui sort des organes se rend à l'appareil respiratoire et de là, dans le coeur dorsal, qui les renvoie dans les différentes parties du corps. Comme nous l'avons déjà dit, chez les Acariens, il n'y a pas d'organes spéciaux pour la circulation du sang. Chez les Pantopodes, cependant inférieurs aux Acariens sous d'autres rapports, il existe un vaisseau dorsal précédé d'une courte branche aortique, Chez tous les Arachnides supérieurs, le coeur est un gros vaisseau dorsal, divisé par des cloisons transverses en plusieurs loges pourvues chacune de deux orifices latéraux pour la rentrée du sang; le sang est chassé dans le céphalothorax par un vaisseau antérieur ou aorte antérieure et souvent dans l'abdomen par une aorte postérieure; il est de là répandu dans tous les organes par des artères et ramené au coeur par un système veineux plus complexe que celui des Insectes, mais jamais complètement exempt de lacunes. Chez les Arachnides pourvus de sacs pulmonaires, comme les Araignées et les Scorpions, on remarque, à la face ventrale de l'abdomen, un réservoir sanguin plus ou moins développé.

La respiration.
Les organes respiratoires manquent complètement chez les formes les plus inférieures de l'ordre des Acariens, particulièrement chez les Sarcoptides; chez tous les autres Arachnides la respiration est trachéenne. Les trachées, très analogues à celles des Insectes, s'ouvrent par des stigmates disposés par paires et placés à la face ventrale de l'abdomen, excepté cependant chez les Ixodes où ils sont situés près de la base du rostre. Chez les Arachnides supérieurs, tels que les Araignées, les Pédipalpes et les Scorpions, on trouve en outre des organes respiratoires plus localisés, appelés poumons ou sacs pulmonaires, mais qui anatomiquement doivent être regardés comme des trachées profondément modifiées. Le sac pulmonaire est une cavité placée à la face inférieure de l'abdomen, s'ouvrant à l'extérieur par un stigmate en fente transverse, tapissée d'une fine cuticule qui n'est que le prolongement de l'épiderme chitineux des téguments, et renfermant un certain nombre de minces lamelles parallèles fixées aux parois en avant et latéralement. Ces lamelles limitent, deux à deux, des cavités aplaties qui débouchent en arrière dans un vestibule commun; de plus, les deux cavités pulmonaires d'un même segment communiquent par un canal transverse. C'est dans cet appareil compliqué que l'air est mis en contact avec le sang. Chez les Scorpions, il y a quatre paires de cavités pulmonaires; chez les Pédipalpes, deux; chez les Araignées, deux ou plus rarement quatre. La plupart des Araignées sont en outre pourvues de stigmates trachéens, séparés ou confluents sur la ligne médiane et plus ou moins éloignés des stigmates pulmonaires. 

Le système nerveux.
Le système nerveux est des plus simples chez les Acariens et presque toujours réduit à une petite masse ganglionnaire placée à la partie antérieure et inférieure du corps. Chez les Arachnides plus élevés dans la série, on remarque, comme chez les Insectes, un ganglion sus-oesophagien, quelquefois appelé cerveau, fournissant des nerfs aux yeux, et une longue chaîne ganglionnaire ventrale, dont les premiers ganglions, réunis au sus-oesophagien par de courts connectifs, forme une sorte de collier autour de l'oesophage ou intestin antérieur. Chez les Scorpions, la chaîne ganglionnaire ne diffère pas essentiellement de celle de beaucoup d'Insectes, mais chez les Araignées tous les ganglions sont soudés en un large plexus nerveux discoïde, occupant la face ventrale du céphalothorax. Les Mygales diffèrent des autres Araignées par la présence d'une paire de ganglions abdominaux. Indépendamment de ce système nerveux central, on a signalé, chez les Scorpions, les Araignées et même les Faucheurs, un système nerveux splanchnique se composant de un ou de plusieurs petits ganglions envoyant des nerfs au tube digestif

Les organes des sens.
Les yeux sont toujours simples et semblables aux ocelles ou stemmates des Insectes; leur nombre est variable. Chez les Faucheurs, il n'y a généralement que deux yeux, élevés sur un tubercule médian; chez les Scorpions, deux yeux médians également élevés et plusieurs paires d'yeux latéraux beaucoup plus petits; chez les Araignées, il y a huit ou six yeux, très rarement deux (Nops), groupés sur la partie antérieure du céphalothorax. Chez les espèces sédentaires, qui guettent leur proie à l'angle d'une toile, les yeux sont presque égaux. Chez les espèces vagabondes, comme les Lycoses et les Attides, les yeux sont, au contraire, très inégaux. Chez les Araignées, les yeux sont de deux sortes; les uns sont plats, incolores et de forme irrégulière, tandis que les autres sont parfaitement ronds, convexes et diversement colorés; ces derniers se remarquent principalement chez les espèces exclusivement diurnes. Chez les Arachnides qui, vivent dans l'obscurité des cavités souterraines, les yeux s'atrophient plus ou moins et peuvent même disparaître complètement; tel est le cas des Anthrobia, des Stalita, des Hadutes, des Blothris, des Belizarius, qui habitent les grottes profondes des Etats-Unis, de la Carniole et des Pyrénées. Chez presque tous les Acariens parasites les yeux manquent normalement.
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Acarien : Ixode.
Un Ixode de l'Afrique centrale,
vecteur de fièvre récurrente.

On ne connaît pas aux Arachnides d'organes spéciaux pour l'odorat et l'ouïe; d'anciens auteurs ont pris pour un tympan de petites cavités qui paraissent fermées par une membrane, sur le céphalothorax des Faucheurs, mais on sait aujourd'hui que ces cavités se rattachent à des glandes spéciales. Le sens de l'ouïe existe cependant, car plusieurs Arachnides font entendre une vive stridulation. Chez les mâles de plusieurs Théridions, cette stridulation est produite par le frottement d'un rebord de l'abdomen sur un espace finement strié du céphalothorax. D'après Wood-Mason, chez une grande Mygale de l'Inde et un Scorpion, la stridulation est au contraire produite par les articles basilaires des pattes-mâchoires. 

Le sens du toucher est très développé. Les poils qui garnissent les téguments, principalement les longs poils rigides insérés dans de petites fossettes si fréquentes chez les Acariens et chez les Scorpions, à la face inférieure de la main, doivent être regardés comme des organes tactiles; il en est de même des fines brosses de poils ou scopulas qui revêtent le dessous des tarses de beaucoup d'Araignées. Les longues pattes multiarticulées des Faucheurs et les pattes antérieures des Pédipalpes sont conformées pour palper et reconnaître les objets à grande distance. Mais le sens du toucher ne se localise dans des organes spéciaux que chez les Scorpions et les Galéodes; chez les premiers, l'abdomen présente en dessous à la base une paire d'appendices lamelleux appelés peignes, formés de pièces plates juxtaposées et pourvus, sur leur bord postérieur, d'une série de dents ou de lamelles. Ces peignes sont parcourus par un fort tronc nerveux qui envoie une ramification dans chacune des lamelles où elle se termine par un grand nombre de papilles tactiles. Chez les Galéodes, les articles basilaires des pattes postérieures offrent de chaque côté en dessous cinq appendices lamelleux et sécuriformes, dont la structure et les fonctions paraissent être les mêmes que celles des peignes des Scorpions. 

L'appareil génital et la reproduction.
L'orifice génital est situé, dans les deux sexes, à la face inférieure de l'abdomen, plus ou moins près de la base et loin de l'orifice anal. Les Cheylètes font seuls exception à cette règle; chez ces Acariens, en effet, l'orifice génital s'ouvre en arrière et presque sur la face dorsale. Le mâle est pourvu d'un pénis simple chez les Acariens et les Faucheurs, où il est très long, double chez les Chernètes et les Scorpions; chez ces derniers, les deux pénis sont réunis par une membrane commune. Les Araignées n'ont pas de pénis. L'organe copulateur est contenu dans le dernier article des pattes-mâchoires, et le mâle recueille sa propre liqueur séminale avant d'en féconder la femelle. Il a presque toujours deux testicules en forme de longs tubes enroulés et pelotonnés et se terminant par un double canal déférent. 

Chez les Faucheurs cependant, il n'y a qu'un seul testicule, mais deux canaux déférents, longs et enroulés, se réunissent ayant de pénétrer dans le long pénis, L'orifice génital de la femelle diffère peu de celui du mâle; chez les Faucheurs cependant il y a un très long oviducte externe protractile. Chez les Araignées, on remarque presque toujours soit une plaque operculaire, soit un crochet appelé épigyne. Comme les testicules, les ovaires sont au nombre de deux, en forme de grappes volumineuses accompagnées de deux oviductes, se réunissant près de l'orifice externe et souvent pourvus, en ce point, d'un réservoir séminal.
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Acarien : sarcopte.
Sarcopte de la gale.
a, 1re paire de membres; d et d', 2e et 3e paires terminées
par une petite ventouse c; e,  4e paire; g, anus.

Le développement embryonnaire qui a été étudié par Herold, Claparède, Balbiani, Hubert, Ludwig, Metschnikoff, etc., dans les divers ordres de la classe des Arachnides, ne diffère pas essentiellement, au moins dans ses premières phases, de celui des autres Arthropodes. Arrivé à un certain degré de développement, l'embryon présente, même chez les types où la segmentation est nulle (chez les Araignées, par exemple), un nombre de segments égal à celui des paires d'appendices, et dans bien des cas les segments abdominaux offrent des membres rudimentaires. Dans le petit groupe des Chernètes, ces membres abdominaux persistent même assez longtemps après la sortie de l'oeuf.

Classification des Arachnides

La classe des Arachnides, renfermant des types très dissemblables au moins en apparence, se prêtait mieux qu'aucune autre à être subdivisée en ordres et en familles; aussi depuis Iongtemps des classifications ont-elles été proposées. Latreille, se basant uniquement sur les organes respiratoires, avait divisé les Arachnides en pulmonaires et trachéens et chacun de ces ordres en plusieurs familles, dont les noms et la composition varient un peu dans ses différents ouvrages. L'ordre des Pulmonaires renfermait les Aranéides (Araignées), les Pedipalpes (Phrynes) et les Scorpionides (Scorpions); celui des Trachéens, les Pseudo-Scorpions (Chernètes, Galéodes), les Phalangiens (Faucheurs), les Pycnogonides et les Acariens. La division en Pulmonaires et Trachéens a été abandonnée depuis, le caractère sur lequel elle repose n'ayant pas l'importance que lui prétait Latreille, et les deux sortes d'organes, poumons et trachées, existant simultanément chez un grand nombre d'espèces.

Dugès, en 1834, divisa aussi la classe des Arachnides en deux ordres, mais uniquement d'après la forme extérieure : le premier ou Hologastres ne contenait que les Acariens, le second ou Tumogastres renfermait tous les autres Arachnides sous les noms de Chélignathes (Faucheurs), Dactylognathes (Araignées), Chélipalpes (Scorpions), etc. Nous ne parlerons que pour mémoire d une classification proposée presque à la même époque par de Siebold, dans laquelle la classe est divisée en quatre ordres, le premier renfermant les Tardigrades (qui ne sont plus rangés parmi les Arachnides dans les classifications contemporaine) et les Pycnogonides, le second correspondant aux Trachéens de Latreille, le troisième renfermant seulement les Araignées et enfin le dernier contenant les Scorpions et les Pédipalpes.

Walckenaer, qui a jeté les premières bases de l'étude des Araignées, n'admettait pas la classe des Arachnides; revenant à la classification linnéenne, il réunissait dans un même ordre presque tous les Arthropodes sans ailes, autres que les Crustacés, et son principal ouvrage porte le titre de Histoire naturelle des lnsectes aptères (suites à Buffon). P. Gervais, continuateur de Walckenaer pour les deux derniers volumes de cet important ouvrage, répartissait les animaux qui nous occupent en cinq ordres, les Aranéides, les Phrynides, les Scorpionides (renfermant les Scorpions, les Thélyphones et les Chélifères), les Solpugides, les Phalangides et les Acariens; les Pycnogonides sont exclus de la classe des Arachnides.
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Les changements apportés par Gervais à la classification de Latreille n'ont pas paru très heureux; c'est ainsi que les Thélyphones sont aujourd'hui regardés comme beaucoup plus voisins des Phrynes (ou Tarentules) que des Scorpions, et que les Chélifères ou Chernètes forment un ordre spécial dont les plus étroites affinités sont avec les Solpugides (ou Galéodes). Nous devons encore signaler la classification de C. L. Koch, dont le grand ouvrage Die Arachniden, commencé par C.-W. Hahn, est resté longtemps classique; l'auteur admet sept ordres sous les noms le Araneae, Phalangia (Phrynes ou Tarentula), Murotricha (Thelyphonus), Scorpions, Pseudo-Scorpions (Chernètes) et Solpugae, comprenant les Galéodes et les Faucheurs, rapprochement assez singulier qui n'a pas été admis par les auteurs modernes. 

Par la suite, les auteurs se sont mis à peu près d'accord sur le nombre des divisions à admettre dans la classe des Arachnides et les classifications modernes ne varient
guère que sur l'ordre qu'il convient de leur donner. Ces divisions ou ordres sont : les Araignées (Araneae), les Pédipalpes (Tarentula et Thelyhonus), les Scorpions, les Opiliones (Faucheurs), les Solifugae (Galéodes), les Chernètes (Chélifères), les Acariens et les Pantopodes (Pycnogonon). Ces ordres sont en général nettement délimités. Quelques types aberrants ont cependant donné lieu à des discussions; c'est ainsi que les genres Siro Latr. et Gibacellum Stecker, considérés par le Dr Joseph comme types d'un ordre spécial, sont rapprochés par les uns des Opiliones et par les autres des Chernètes. Le genre Paecilophysis, décrit par Cambridge comme type d'une division primaire, nous paraît se rattacher, d'assez loin il est vrai, aux Solifugae. Il sera, par contre, probablement nécessaire d'isoler complètement le singulier genre Cryptostemma Westwood, dont les affinités sont difficiles à saisir.

Paléontologie des Arachnides

Les plus anciennes Arachnides que l'on connaisse datent du Silurien (Paléozoïque). Ainsi le Scorpion découvert par Lindstram dans les couches de Ludlow (île de Gotland, en Suède), appartenant au Silurien supérieur, et dont on a fait le genre Palaeophoneus (Thorell et Lindstr.); une espèce du même genre a été signalée par Hunter dans les couches contemporaines d'Ecosse. L'exemplaire du Gotlandest assez bien conservé pour qu'on distingue l'empreinte des stigmates, ce qui prouve qu'il s'agit bien d'un animal terrestre respirant l'air en nature, et non d'un arthropode aquatique.

Les Arachnides deviennent plus nombreuses dans les couches carbonifères où les quatre groupes des Scorpions, des Pédipalpes, des Anthracomarti, et des Territelariae sont représentés. Mais c'est seulement dans les terrains éocène supérieur et miocène (Cénozoïque) que ces animaux ont laissé des restes nombreux en Europe et en Amérique, et que les familles actuelles font leur apparition, particulièrement dans l'ambre jaune des bords de la Baltique, dans les marnes d'eau douce d'Aix-en-Provence, et dans le gisement contemporain de Florissant (Colorado), en l'Amérique du Nord.

Les Arachnides paléozoïques présentent des caractères assez tranchés pour qu'on ait formé pour plusieurs types des familles et même des ordres particuliers. Tel est l'ordre des Anthacomarti (Karsch), qui vient s'intercaler entre les Faux-Scorpions (Chelifer), et les Pédipalpes et qui renferme quatre familles toutes éteintes. Dans l'ordre des Pédipalpes, les Geralinuridae (Scudder), de l'époque carbonifère, prennent place près des Télyphones. Dans le groupe des Scorpions, le sous-ordre des Anthracoscorpii (Thorell) a pour type les Palaeophonidae siluriens, et comprend, en outre, la famille des Eoscorpionidae (Scudder), qui s'étend du Silurien au Carbonifère. Le sous-ordre des Neoscorpii (Thorell), qui comprend les Scorpions actuels et les Phalangiens (Faucheurs), fait son apparition dans l'ambre cénozoïque. 

Les véritables Araignées (Araneae), à part les deux espèces de Territelariae que nous avons signalées dans le Carbonifère, ne sont connues qu'à partir de l'Eocène supérieur, et il en est de même des Acariens dont les débris microscopiques ne se sont bien conservés que dans l`ambre jaune, mais qui remontent vraisemblablement à une époque antérieure. (E. Simon./ E. Trouessart).

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