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Philippe Desportes
est un poète français, né à Chartres
en 1546, mort à Bonport le 5 octobre 1606. Il était fils
d'un riche bourgeois de Chartres, dont une soeur devait être la mère
de Regnier. Il fut d'abord, à Paris, clerc d'un procureur qui le
congédia, dit-on, pour avoir fait la cour à sa femme. Agé
d'une vingtaine d'années, il fut choisi pour secrétaire par
l'évêque du Puy, qui l'emmena au delà des Alpes; comme
la plupart des écrivains du XVIe
siècle, Desportes connut donc intimement l'Italie,
qui devait être sa grande inspiratrice.
Au retour, il devint l'ami du jeune Claude de Laubespine et secrétaire particulier du ministre d'Etat Villeroy qui avaient tous deux à peu près son âge et furent ses introducteurs à la cour. Sa fortune y fut rapide; en 1572, il publiait ses premiers vers, imités de l'Arioste, et les offrait au roi et à son frère : déjà courtisan raffiné, « il s'adresse à Charles IX, prince bouillant et impétueux, avec les fureurs de Roland en main et avec les fiertés de Rodomont; au duc d'Anjou, plutôt galant et tendre, il dédie les beautés d'Angélique et la douleur de ses amants ». (Sainte-Beuve). Les deux princes le choisirent bientôt pour confident et chantre attitré de leurs amours dont il se faisait, sans aucun scrupule, le ministre dévoué. Il composait pour l'un les vers qu'il destinait à Marie Touchet, pour l'autre ceux qui devaient émouvoir le coeur de Mlle de Châteauneuf et de la princesse de Condé; il racontait dans un style décent et grave les aventures galantes de ses patrons (Elégies, livre II, Aventure première, Eurylus). En 1573, il publie, aux frais du duc d'Anjou,
une splendide édition de ses oeuvres comprenant : Diane, premières
amours, en deux livres; les Amours d'Hippolyte (le recueil de
Cléonice ou Dernières Amours ne parut qu'en 1583);
Elégies en un livre (le second ne fut publié que plus
tard); Imitations de l'Arioste; Diverses Amours; Bergeries, Masquarades,
Epitaphes, OEuvres chrétiennes (ces dernières iront grossissant
d'édition en édition, en attendant les Psaumes dont
les soixante premiers ne parurent qu'en 1592); c'est là en somme
la plus grande partie et la meilleure de son bagage poétique.
En 1573, il suit le duc d'Anjou en Pologne, mais il n'y reste que neuf mois, et, en partant, lance aux Polonais une furieuse invective. Son protecteur, devenu roi de France, encouragé sans doute par le duc de Joyeuse auquel Desportes s'était attaché, le comble de faveurs; il devient successivement, bien qu'il ne fut jamais entré dans les ordres, abbé des Vaux-de Cernay, de Tiron, de Josaphat, de Bonport, et chanoine de la Sainte-Chapelle. Ses petits vers et ses menus offices lui avaient valu plus de 10,000 écus de rente. En 1587, la mort de Joyeuse le décide à la retraite; il se retire à Bonport, se proposant d'y finir sa vie dans la solitude. Mais la guerre civile le prive de toutes ses abbayes et le chasse de celle-là; il se réfugie avec l'amiral de Villars au Havre, puis à Rouen. Après avoir servi d'intermédiaire entre Villars et Sully, il se décide à passer du côté de Henri IV, quand il a l'assurance que ses abbayes lui seront rendues. II vieillit tranquillement à Bonport, achevant la traduction des Psaumes et se faisant volontiers le protecteur et le Mécène des jeunes poètes (il soutint Du Perron à ses débuts et fit à V. de la Fresnaye des offres de service qui furent repoussées). Il était, en effet, nous disent ses biographes, affable, obligeant et généreux; il est certain que cet homme accablé de dons était relativement désintéressé il refusa la charge de secrétaire des commandements du roi et l'archevêché de Bordeaux; mais il alliait à ses qualités une sorte d'inconscience morale qui lui permit de faire des besognes avilissantes sans qu'il cessât de se croire honnête homme et même bon chrétien, et qui explique, au moins autant que son talent, sa haute fortune. Non seulement Desportes a été
le « mieux renté des beaux esprits » de son temps, mais
il a joui, de son vivant même, d'une gloire incontestée :
poète très inférieur à Ronsard, il avait éclipsé
Ronsard. Ce succès serait un des étonnements
de la critique, si la critique avait songé à s'occuper sérieusement
de lui (l'article de Sainte-Beuve n'est qu'une spirituelle biographie);
en effet, Desportes n'a fait que suivre une voie tracée depuis trente
ans : il a imité parfois les élégiaques latins, mais
surtout les sonnettistes italiens, comme l'avaient fait Saint-Gelais, Du
Bellay, Ronsard et leurs émules.
Il est beaucoup moins original qu'eux tous: quand on publia à Lyon, en 1604, les Rencontres des Muses de France et d'Italie, où étaient dévoilés quarante-trois de ses plagiats les plus flagrants, il se contenta de dire que « si l'auteur l'avait consulté, il lui aurait fourni de bons mémoires ». Il emprunte aux Italiens, non seulement leur moule préféré du sonnet, mais la forme même de leurs recueils, variant, comme Pétrarque, les sonnets par les chansons, y ajoutant, comme l'Arioste, des élégies. Qu'a-t-il donc de particulier? On pourrait dire en un mot qu'il a le génie du style et du rythme véritable don de nature, puisqu'il avait composé ses meilleurs vers à vingt-sept ans. On nous opposera sans doute le nom de Ronsard, ce maître incomparable en fait de rythme et de style. Mais Desportes a su, tout en suivant les traces de celui-ci, prendre une place qu'il avait laissée libre, que Du Bellay eût occupée peut-être s'il eût vécu. Il faut bien avouer que Ronsard, dans la poésie amoureuse et en particulier dans ses imitations des Italiens, a plus de force que de grâce : ses vers sont d'un style très ferme, très franc, mais un peu secs (le vers même de dix syllabes, qu'il emploie de préférence, est facilement brusque et saccadé); il abuse de la mythologie, des souvenirs classiques : il est souvent pédantesque. Desportes le premier eut l'harmonieuse fluidité, la langueur enveloppante et molle de ses modèles; bien plus, comme l'a remarqué H. Estienne, il ajoute souvent à leur grâce, à leur « mignardise ». Il a fait en courtisan ce que Ronsard avait fait en écolier. Il était bien le poète qu'il fallait à cette cour des derniers Valois, plus vraiment, plus naturellement élégante que les précédentes. Sans doute, c'est par la facilité gracieuse qu'il se distingue surtout; cependant, qu'on le lise avec attention, on sera frappé de la variété de son style, de son étonnante virtuosité dans tous les genres : il y a de lui des sonnets admirables de netteté précise et forte; si le sujet était autre, on dirait que ce sont des vers à la Malherbe et à la Corneille; il y a dans ses Elégies une abondance de développement, une franchise de tour étonnantes, et surtout une science incomparable de la période; jamais la phrase poétique n'avait eu un courant aussi large et aussi limpide; c'est la phrase de Ronsard, avec moins de fière grandeur peut-être, mais aussi avec moins d'aspérités. Il a poussé si loin la souplesse, l'art d'accommoder le ton au sujet, qu'il a su retrouver dans quelques chansons la simplicité, et presque la naïveté de la muse populaire (V. ses Villanelles), et que, d'autre part, dans quelquesunes de ses Poésies chrétiennes (nous ne parlons pas de ses psaumes, qui sont une oeuvre sénile), il s'est élevé à une grandeur majestueuse et sobre, digne des livres saints style admirable, en somme, qui unit la liberté, l'aisance d'allures de celui du XVIe siècle à la correction du XVIIe. Boileau, dans son Art poétique, lui donne le même éloge qu'à Bertaut. Quant aux remarques brutales et mesquines dont Malherbe a prétendu le flétrir, elles ne peuvent faire tort qu'à Malherbe lui-même : elles ne laissent debout en effet que les pièces les plus médiocres; disons du reste à la décharge de Malherbe qu'il attaquait en Desportes beaucoup moins le poète, auquel il ressemblait par tant de points, qu'une renommée gênante pour la sienne qui commençait à grandir. Nous avouons sans peine qu'on trouve chez Desportes tout le pitoyable attirait de la poésie amoureuse de cette époque, en particulier ces métaphores et ces antithèses, devenues grotesques (et qu'il développe avec une conscience désespérante), qui faisaient alors le fond du jargon érotique (V. en particulier pp. 31, 33, 38, 40, 93, etc.); mais il serait puéril de s'arrêter à ce fatras qui ne lui appartient pas et n'ôte rien aux qualités qui lui appartiennent. Enfin, il a manié avec une aisance admirable les rythmes les plus variés et les plus gracieux (pp. 77, 206, 224, 371, 440, 445), non seulement tous ceux que Malherbe consentira à conserver, mais ceux aussi qu'a repris aux poètes du XVIe siècle notre grande école lyrique du XIXe. De même qu'il avait filtré la langue de la Pléiade, il a simplifié ses rythmes et opéré entre eux la sélection nécessaire : Malherbe, à ce point de vue, n'aura plus rien à faire, et ce qu'il fera sera peut-être de trop. Il semble résulter de tout ce qui précède que Desportes avait rendu par avance inutiles les réformes de celui-ci, et qu'il faudrait faire honneur à l'un de tout ce qu'on attribue ordinairement à l'autre. Ce serait dépasser notre pensée. Il a manqué à Desportes pour être un grand poète une seule chose, mais essentielle; il n'a jamais eu ni une idée originale (ou même intéressante) ni un sentiment profond. Il a chanté trois maîtresses, réelles toutes trois, et n'a pas trouvé moyen de nous les faire distinguer : ce sont trois poupées, sans charme et sans vie. Il a publié son principal recueil en 1573, et pas un mot n'y est inspiré par les tragiques événements auxquels il assistait : s'il a parlé une fois des Guerres de Religion, ç'a été pour y chercher l'obet d'une choquante comparaison avec les troubles de son coeur. Ses vers, les plus admirables peut-être, au point de vue technique, que le XVIe siècle nous ait laissés, sont froids; comme tous les vers de pur dilettante. Aussi Malherbe, venant après lui, aura ce bonheur de paraître presque un penseur et de faire vibrer tous les coeurs en développant quelques lieux communs de morale universelle. Il lui sera de toucher à quelques grandes idées peur passionner un public à qui les poètes, depuis cinquante ans, sauf Du Bartas qui n'avait eu qu'un succès de surprise (d'Aubigné était inédit), n'offraient que de brillants colifichets. Desportes, beaucoup plus encore que Ronsard, a eu le tort d'ignorer son époque, de s'enfermer dans l'atelier où il ciselait ses gracieux et futiles chefs-d'oeuvre; dans ce siècle qui a produit tant de héros, il a pensé et vécu en enfant : il lui eût suffi d'être un homme pour devenir un poète tout à fait grand. Il a porté la juste peine de ce défaut absolu de caractère dont nous parlions, et prouvé par son exemple (conclusion peut-être banale, mais consolante en somme) que l'esprit ne suffit pas à tout. (Alfred Jeanroy). |
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François-Alexandre
Desportes est un peintre français,
né à Champigneul (Champagne)
le 24 février 1661, mort à Paris
le 20 avril 1743. Fils d'un riche laboureur, il vint à Paris chez
un de ses oncles, à l'âge de douze ans, et reçut ses
premières leçons de Nicasius, un vieux peintre flamand, alors
fort déchu, mais qui avait été élève
de Snyders, et non sans réputation comme animalier. Cela décida
de toute sa carrière. II tâtonne pourtant quelque peu au début,
rêve de grand art, s'emploie aussi pour vivre à de menues
oeuvres de décoration an service d'autres peintres, surtout de Claude
Audran, dans des châteaux princiers ou à Versailles,
tout en s'essayant par-ci par-là au portrait. Il y eut du succès.
Etant parti en 1695 pour la Pologne, avec une permission de Louis
XIV, pour tenter la fortune, en ce pays où les bons peintres
n'abondaient pas, il devint à la mode; il fut portraitiste en titre
du roi, de la reine, de toute la cour. Cette époque glorieuse de
sa vie dura environ deux ans.
Rappelé en France par Louis XIV, après la mort de Jean Sobieski, vers la fin de 1696, estimant qu'il ne pourrait lutter contre les Largillière ou les Rigaud, il s'en tint de plus en plus au genre vers lequel Nicasius avait pu le guider et dont il fut l'introducteur dans l'art français : les sujets de chasse ou de nature morte, la peinture des animaux. Son tableau de réception à l'Académie de peinture et de sculpture, où il fut admis le 1er août 1699, est encore à mi-chemin entre ses deux manières. Il s'y est représenté en chasseur avec du gibier et des chiens. Cet intéressant portrait, aujourd'hui au Louvre, peut être regardé comme son chef-d'oeuvre. On lui en demanda d'autres. Le roi lui accorda ses faveurs, pension et logement au Louvre. II en fit une sorte d'historiographe de ses chasses, comme Van der Meulen l'avait été de ses guerres, le peintre de sa meute, des animaux rares envoyés de l'étranger dans sa ménagerie, et un des décorateurs de ses châteaux. Le dauphin l'occupa aussi bien que son père. Il y eut des oeuvres de Desportes à Meudon comme à Marly. Le prince de Condé, le duc du Maine, le comte de Toulouse, les grands seigneurs suivirent l'exemple. Le 17 mars 1704, il fut élu conseiller à l'Académie. Sa réputation passa également en Angleterre. Il y vint lui-même en 1712, à la suite du duc d'Aumont, ambassadeur près de la reine Anne, y resta six mois, et ce fut un redoublement de vogue. Pendant la Régence, sous Louis XV, il continue ses travaux de peintre officiel, exécute des tableaux pour le Palais-Royal ou le château de la Muette, plus tard pour ceux de Compiègne ou de Choisy. II donne des modèles de paravents ou meubles pour la manufacture de tapis turcs de Chaillot, de tapisseries pour les Gobelins. En France comme à l'étranger,
il fut très goûté en son genre, surtout dans
la peinture des animaux; ou le comparaît à La
Fontaine. Sa manière nous paraît aujourd'hui bien solennelle,
bien apprêtée. Ses chiens posent pour leurs portraits, comme
posaient les grands seigneurs pour les leurs. Mais il a ouvert une voie
inexplorée par la peinture en France et y a marché le premier,
non sans talent, en élève tardif et assagi des grands animaliers
de l'école de Rubens. (Paul
Leprieur).
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Claude-François Desportes est un peintre français, né à Paris en 1695, mort à Paris la 31 mai 1774. Fils et élève de François Desportes, il a continué sa manière avec moins de talent, et s'est également voué comme lui aux animaux; mais il a infiniment moins produit. On ne trouve de tableaux de lui qu'aux Salons de 1737 et de 1739. Le 25 septembre 1723, il avait été reçu académicien sur un morceau de réception, aujourd'hui au Louvre (Gibier, animaux et fruits). Il fut plus tard conseiller de l'Académie. C'était un bel esprit, qui se piquait de littérature. II fit représenter une pièce en 1721, la Veuve coquette, au Théâtre-Italien. | ||||
Nicolas Desportes est un peintre français, né à Busancy (Ardennes) le 17 juillet 1718, mort à Paris le 26 septembre 1787. Neveu de François Desportes et autre continuateur de sa manière, en même temps qu'élève de Rigaud, il fut agréé à l'Académie le 34 mai 1755 et reçu académicien le 30 juillet 1757, avec un tableau représentant des Chiens poursuivant un sanglier. Il a exposé aux Salons de 1755, 1757, 1759, 1761, 1763, 1765, 1769, 1771, et toujours des sujets de nature morte ou des animaux. | ||||
Nicolas-Félix Desportes
est un diplomate et administrateur français, né à
Rouen le 5 août 1763. II était
petit-neveu du poète Philippe Desportes. En 1790, il exerçait
les fonctions de maire de Montmartre. En
1791, il fut chargé d'une mission confidentielle en Suisse,
auprès de l'avoyer de Berne, Steiger,
ennemi de la France, et il obtint le retrait de mesures malveillantes prises
par les cantons contre la France. Dumouriez
le nomma, en 1792, ministre plénipotentiaire à la cour de
Deux-Ponts, et le 25 février 1794, il devint ministre de la République
près le duc de Wurtemberg. La guerre l'empêcha de rejoindre
son poste.
Alors Le Brun le chargea de suivre à Metz une secrète . négociation de paix avec le baron d'Esebeck, intermédiaire masqué de le Prusse. (Sur cette curieuse négociation, V. la revue la Révolution française, t. XVIII , p. 238 et suiv.). Résident à Genève sous le Directoire, il prépara le traité de réunion de cette ville à la France (1798), et fut chargé d'organiser le territoire annexé en département du Léman. Préfet du département du Haut-Rhin de 1802 à 1813, il fut créé, le 28 janvier 1809, baron de l'Empire avec majorat. Aux Cent-Jours, Napoléon l'envoya à Bâle pour essayer avec l'Europe une négociation pacifique qui échoua. Député du Haut-Rhin à la Chambre de 1815, il y soutint avec énergie les idées libérales et fut proscrit en 1816. Traqué en Allemagne par la diplomatie de Louis XVI, il ne put trouver d'asile que dans le grand-duché de Hesse-Darmstadt. Il rentra en France en 1819. Nous ignorons le lieu et la date de sa mort. Il publia plusieurs mémoires relatifs à la diplomatie et à l'administration. (F.-A. A.). |
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Andréa-Emma-Félicie Desportes de la Fosse, née Beuselin, est une peintre française, née à Paris en 1810, morte à Paris le 19 mai 1869. Elève de Vinchon, cette artiste se consacra à la peinture des fleurs et y conquit une véritable renommée par la fraîcheur, la vivacité de son coloris et par l'ingénieux arrangement de ses sujets. On peut citer comme les meilleurs, parmi les nombreux tableaux de fleurs, fruits et gibier, qu'elle peignit à l'huile, à l'aquarelle ou au pastel : Vase de fleurs, aquarelle (S. 1840; méd. de 3e cl.); Vase de roses, Panneau de fleurs, aquarelle (S. 1842; méd. de 2e cl.); Fleurs et Fruits, tableau à l'huile (S. 1861; rappel de méd.); Même sujet (S.1866; au musée d'Amiens). (Ad. T). |
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