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Chanson. - Petite pièce de vers lyrique (ainsi nommée du latin cantio) que l'on chante sur quelque air, et qui se divise en couplets : chaque couplet est ordinairement terminé par un refrain. Cette forme n'est devenue définitive que dans les temps modernes, et la chanson n'a même commencé d'être un genre littéraire distinct que vers le XVe siècle. Chansons anciennes Les chansons érotiques abondaient chez Alcée, dont il nous reste aussi une sorte de chant militaire plein d'une mâle vigueur. Les chansons de table qui se chantaient communément ne roulaient pas toujours sur les plaisirs de la table : c'étaient aussi des sujets de la morale la plus grave; quelquefois elles rappelaient un événement public remarquable, comme le meurtre d'Hipparque par Harmodius et Aristogiton; ou bien elles contenaient quelque trait satirique; d'autres fois enfin elles appartenaient au genre lascif. La chanson à boire par excellence était la scolie. On la chantait chacun à son tour, en tenant une branche de myrte, que l'on se passait de main en main. La chanson d'Harmodius et d'Aristogiton était une scolie. Nous possédons une très belle scolie philosophique d'Aristote sur la mort de son ami Hermias, Athénée cite de Pindare six scolies, et Strabon deux autres. On en cite également du satirique Timocréon, son contemporain. Au reste, Athénée et Plutarque nous ont conservé quelques échantillons complets ou partiels des diverses variétés de la chanson grecque; ils roulent sur toutes sortes de sujets ( le t. IX des Mém, de l'Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, pages 338 et suiv.). Il y avait : le Bucoliasme, chanson des bergers; le Lytherse, chanson des moissonneurs, ainsi nommée d'un fils de Midas qui s'occupait par goût à faire la moisson; l'Hymée ou Epiaulie, chanson des esclaves qui puisaient de l'eau; l'Epinoste ou Epimulie, chanson des meuniers; l'Epilène, chanson des vendangeurs; l'Eline, chanson des tisserands; la Catabaucalèse, chanson pour calmer les cris des enfants, et la Nummie, pour les endormir; le Nomion, chanson des amants; la Calyce, chanson des femmes; l'Harpalyce, chanson des filles; l'Hyménée ou Epithalame, chanson des noces; l'Ialème et le Linos, chansons funèbres, etc. Chez les Romains, la chanson de table était usitée : grave d'abord et morale, consacrée à l'éloge des ancêtres et des personnages illustres, elle devint, dans les derniers temps de la République, libre et lascive. Les modèles de la chanson littéraire latine sont Catulle et Horace; chez le premier, elle est toujours érotique; chez le second, à la fois érotique et bachique. Au reste, ces deux poètes ont beaucoup imité les Grecs, et quelquefois même Catulle les traduit. Deux genres de chansons, qui semblent particuliers aux Romains, sont la chanson de triomphe : lo! triumphe!
Vers la fin du XIVe siècle, au milieu des désastres de la lutte contre les Anglais, la chanson commence à paraître avec ce caractère populaire et national, satirique et gai, qui est resté imprimé à la chanson française. Au XVe siècle appartient la Chanson de l'homme armé, qui fut en vogue dans toute l'Europe, et qui servit de thème à presque tous les musiciens de l'époque, Dufay, Busnois Josquin Després, Tinctor, Moralés, Palestrina, etc. (l'Annuaire de la Société de l'histoire de France, 1837.). Chansons modernes. Mazarin, qui connut si bien la nation, s'informant avec un peu d'inquiétude de l'effet que de nouveaux impôts produisaient sur le peuple, disait, dans son français italianisé: "Cante-t-il? - Oui, monseigneur. - S'il cante, il payera." La chanson était l'opposition d'autrefois; elle éclosait, pour ainsi dire, toute seule, et les noms des auteurs des chansons qui furent le plus populaires sont inconnus aujourd'hui, et le furent peut-être aussi de leur temps. Les chansons représentent si bien l'esprit du peuple, qu'elles appartiennent à l'histoire politique comme matériaux. Dans l'histoire littéraire française, les chansonniers de profession ont leur place. Les plus célèbres sont : au XVe siècle, Olivier Basselin; au XVIIe, maître Adam, Benserade, l'abbé Perrin, Linière, Dufrény, Boursault; au XVIIIe, Panard, Collé, Boufflers, l'abbé Latteignant, Gallet; Pirron, Favart, le vicomte de Ségur, Piis, Badet, Laujon; au commencement du XIXe siècle, Désaugiers, A. Gouffé, les membres du Caveau, Rougemont, Ourry, Brazier, Debraux, et surtout Béranger, qu'il faut nommer à part. La chanson française peut se monter au ton de l'ode pour inspirer les sentiments les plus élevés : on le voit par la Marseillaise de Rouget de Lisle, et le Chant du Départde M.-J. Chénier. Béranger a presque atteint la gravité de l'histoire dans quelques-unes de ses chansons, telles que : les Enfants de la France, le Cinq mai, Octavie, et même, pour le fond au moins, la Cocarde blanche, les Mirmidons ou les Funérailles d'Achille : mais il préféra d'ordinaire la gaieté : ainsi le Roi d'Yvetot, donné en 1812, se rapproche, par l'intention, des anciennes chansons satiriques, et paraît dirigé contre la manie des conquêtes. Sous la Restauration, Béranger, écho du peuple, se fit une arme terrible de la chanson satirique et politique; d'ailleurs, il réussit également bien dans la chanson philosophique, la chanson à boire et la chanson érotique.
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