| Marly-le-Roi est une ville de France, dans le département des Yvelines, dans une situation pittoresque sur la colline qui borde la rive gauche de la Seine. Si Marly doit sa réputation et son surnom à la résidence royale, éphémère pourtant, qui s'y créa à la fin du XVIIe siècle, il ne lui doit pas son origine, qui est: beaucoup plus ancienne. Dès le temps de Philippe-Auguste, le bourg était assez important pour former deux paroisses, l'une dédiée à Notre-Dame, l'autre à saint Vigor, évêque de Bayeux, sans doute à cause des reliques de ce prélat qui y avaient été apportées à une date que l'on ignore. Les deux paroisses furent réunies en 1681 sous le vocable de Saint-Vigor, dont l'église fut entièrement reconstruite en 1689, dans le style de Notre-Dame de Versailles. Marly eut, de même, deux châteaux, l'un féodal qu'occupèrent ses seigneurs au Moyen âge, les Thibaud, les Mathieu, les Bouchard de Marly ; puis, la famille de Lévis au XIVe et XVe siècles, avant que la seigneurie ait passé à divers autres personnages jusqu'en 1676, époque à laquelle Louis XIV en fit L'acquisition. Ce château, dont il ne reste plus aucun vestige, était situé dans le haut du bourg, tout proche de l'église Saint-Vigor. C'est vers 1693 que Louis XIV décida de se créer à Marly une sorte d'ermitage où il pourrait se reposer des solennités de Versailles. « Il trouva, dit Saint-Simon, derrière Lucienne, un vallon étroit, profond, à bords escarpés, inaccessible par ses marécages, sans aucune vue, enfermé de collines de toutes parts, extrêmement à l'étroit, avec un méchant village sur le penchant d'une de ces collines, qui s'appelait Marly. Cette clôture sans vue ni moyen d'en avoir fit tout son mérite. L'étroit du vallon où on ne se pouvait étendre, en ajouta beaucoup [...]. L'ermitage fut fait. Ce n'était que pour y coucher trois nuits, du mercredi au samedi, deux ou trois fois l'année, avec une douzaine au plus de courtisans en charge, les plus indispensables. » On sait que l'ermitage devint un palais, oeuvre de Mansard, qui fit l'admiration de tous les contemporains; on sait aussi quel honneur ce fut d'y être reçu, d'être, comme on disait, sur la liste « des Marly ». Toute cette gloire ne survécut pas à Louis XIV. Déjà le château était fort dégradé sous son successeur, et on se borna alors à des réparations sommaires. Il fut vendu comme bien national par la Révolution à un individu appelé Saniel, qui en acheva maladroitement la destruction totale en y installant une fabrique de drap où il se ruina d'ailleurs. Il n'en reste aujourd'hui que l'abreuvoir, construction qui a conservé un réel caractère de noblesse. C'est autour de cet abreuvoir qu'avaient été disposés les fameux Chevaux de Marly, oeuvres de Coysevox et de Coustou, qui orneront plus tard les entrées du jardin des Tuileries et des Champs-Élysées, à Paris. Le site où s'élève Marly est, en dépit du jugement de Saint-Simon, des plus agréables qui soient; aussi y voit-on de nombreuses et fort belles propriétés, parmi lesquelles il faut citer celle de Victorien Sardou, la maison qu'habitait Alexandre Dumas fils et où il mourut, le château appelé Mes Délices, où le président Carnot fit un séjour officiel de quelques semaines, en 1893, etc. A signaler encore dans les environs de Marly-le-Roi : La Machine de Marly. - Bien qu'elle soit située sur le territoire de la commune de Bougival, il convient de parler à cette place de la célèbre machine élévatoire des eaux de la Seine connue sous le nom de machine de Marly. C'est durant les années 1676-82 qu'elle fut construite par un artisan liégeois appelé Rennequin Sualem, sur les plans du chevalier de Ville. Elle consistait alors en un jeu de quatorze grandes roues installées dans le fleuve et qu'une chute d'eau faisait mouvoir; leur action se transmettait à un ensemble de 221 corps de pompes qui élevaient l'eau jusqu'au sommet de la colline d'où elle était dirigée sur Versailles, Marly, Louveciennes et Saint-Cloud. Le modèle du système construit par Rennequin Sualem existe encore aujourd'hui au Conservatoire des Arts-et-Métiers. En 1807, on substitua l'action de la vapeur à celle de la force hydraulique, mais on revint à cette dernière en 1854, en construisant une nouvelle machine, composée de six roues de 12 m de diamètre. Au XXe siècle, l'électricité fut employée jusqu'à l'arrêt définitif de la machine en 1968. L'Aqueduc de Marly. - L'eau étant amenée au sommet de la colline, un aqueduc était nécessaire pour lui faire traverser la vallée de Louveciennes. C'est alors que fut construit l'aqueduc dit de Marly dont l'aspect, vu de tous les points de la région, est fort imposant. Haut de 23 m, il se compose de 36 arcades et a 600 m de longueur. La Forêt de Marly. - A l'extrémité même du bourg commence la forêt de Marly, l'une des plus belles et des moins fréquentées des environs de Paris. Sa superficie est d'environ 2300 hectares, et sa plus grande largeur de 42 kilomètres. Le chemin de fer la traverse entre Noisy-le-Roi et Saint-Nom-la-Bretèche; on y remarque des sites plus particulièrement pittoresques : le Désert, la Montjoye, Joyenval, les cantons de Sainte-Jamme et de La Bretèche, le Trou-d'Enfer, etc. La forêt de Marly n'est séparée de celle de Saint-Germain que par l'étroit vallon de Saint-Léger. (Fernand Bournon). | |