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Du Bartas

Guillaume de Salluste, seigneur du Bartas est un poète français du XVIe siècle, né à Montfort, près d'Auch, en 1544, mort à Paris en juillet 1590. On possède peu de détails sur sa vie. Son père était gentilhomme de la chambre du roi de Navarre et trésorier de France. Dès son enfance il fut élevé dans les exercices militaires, devint gentilhomme de la chambre d'Henri IV et remplit différentes missions diplomatiques à l'étranger, notamment en Angleterre ou Jacques Vl lui fit un accueil flatteur et chercha à le retenir. Du Bartas assista à la bataille d'Ivry; il y fut grièvement blessé.

Ce poète a joui au XVIe siècle d'une immense faveur; il a balancé la gloire de Ronsard qui se montra fort piqué du succès de son rival après avoir écrit lui-même : 

« Il est temps que Ronsard descende du Parnasse et cède la place à du Bartas que le ciel a fait naître un si grand poète. »
A la requête de Jeanne d'Albret, il avait composé un poème en six chants sur Judith. En 1578, il publia son chef-d'oeuvre, la Semaine ou la création du monde, qui, dans l'espace de cinq ou six ans, eut plus de trente éditions et fut traduit en latin, en italien, en anglais, en allemand. En 1584, il donna la Seconde Semaine : il avait l'intention de tracer l'histoire générale du monde depuis la création. Il publia beaucoup d'autres poésies, parmi lesquelles Uranie, le Triomphe de la foi, un Cantique sur la Victoire d'Ivry, etc. 

Aujourd'hui, on ne lit plus beaucoup Du Bartas quoique le poème de la création renferme des passages d'un grand souffle héroïque et des qualités littéraires de premier ordre. Mais à côté de ces beautés on lui a trouvé une foule de défauts, certains réels, d'autres qui ne sont qu'affaire de goût : une recherche excessive des mots nouveaux, des tournures grecques et latines, des comparaisons bizarres; un entassement d'épithètes étranges qui n'ont pas peu contribué à décourager les lecteurs. Il mériterait pourtant d'être redécouvert. On a souvent cité sa fameuse description du cheval :

Le champ plat bat, abat, destrape, grape, atrape
Le vent qui va devant.
Ou celle de l'alouette :
La gentile alouëte avec son tire-lire
Tire l'ire aux faschez; et d'une tire tire
Vers le pôle brillant.
On connaît moins l'invocation à la Terre :
Je te salue, ô terre, ô terre porte-grains,
Porte-or, porte-santé, porte-habits porte-humains,
Porte-fruits, porte-tours, ronde, belle, immobile,
Patiente, diverse, odorante, fertile,
Vestue d'un manteau tout damassé de fleurs,
Passementé de flots, bigarré de couleurs.
Du Bartas a passé fort longtemps à l'étranger, en Allemagne notamment, pour le roi des poètes français. Goethe l'avait en grande estime; il reprocha vivement aux Français l'injuste dédain dans lequel ils tenaient un de leurs meilleurs poètes.  (B. S.).
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Les Pyrénées (publié en 1611)

Nous citons ce sonnet d'un tour un peu trop grandiloquent, mais dont l'inspiration dénote une puissante imagination.

« François, arreste toi, ne passe la campagne
Que Nature mura de roches d'un costé,
Que l'Auriege [= l'Ariège] entrefend d'un cours precipité
Campagne qui n'a poinct en beauté de compagne.
Passant, ce que tu vois n'est poinct une montagne 
C'est un grand Briarée, un geant hault monté,
Qui garde ce passage et deffend, indompté, 
De l'Espagne la France, et de France l'Espagne.
Il tend à l'une l'un, à l'aultre l'aultre bras;
Il porte sur son chef l'antique faix d'Atlas;
Dans deux contraires mers il pose ses deux plantes [= pieds]
Les espaisses forests sont ses cheveux espais, 
Les rochers sont ses os; les rivieres bruyantes 
L'éternelle sueur que luy cause un tel faix. »

(Du Bartas, extrait des Neuf Muses).


Anciennes éditions - Les premières oeuvres de du Bartas ont été imprimées sous le titre de Muse chrestienne (Bordeaux, 1573, in-4) Les Oeuvres complètes ont eu de nombreuses éditions. Les meilleures sont celles de Paris (1579, in-4) et de Paris et Bordeaux (1641, in-fol.), avec commentaires de Simon Goulart.
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