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L'histoire de la Bolivie

La Bolivie précolombienne

Cultures anciennes et premières civilisations.
Cultures archaïques (jusqu'à 2000 av. JC).
Les premières traces d'occupation humaine en Bolivie remontent à environ 10 000 av. JC, avec des groupes de chasseurs-cueilleurs. Des outils en pierre et des vestiges de campements montrent une présence humaine dans les vallées et les hauts plateaux de l'actuelle Bolivie.

Civilisations pré-Incaïques.
La civilisation de Tiahuanaco (Tiwanaku) (ca. 300 - 1000 ap. JC), située près du lac Titicaca, est l'une des plus importantes de la région andine. Le site archéologique de Tiwanaku est l'un des centres culturels les plus impressionnants. On y trouve des constructions monumentales comme le temple de Kalasasaya, la Porte du Soleil et l'Akapana. Tiwanaku révèle une société complexe avec une agriculture avancée, utilisant des techniques comme les champs surélevés (suka kollus) pour maximiser la production agricole. La religion et les pratiques rituelles incluent des sacrifices et des cérémonies élaborées.

Les Moxos (ca. 2000 av. JC. - 1000 ap. JC), situés dans les plaines de l'actuel département de Beni, développent une société complexe avec des systèmes hydrauliques avancés, incluant des canaux et des monticules artificiels pour l'agriculture et la gestion de l'eau.

La culture Wari ou Huari (ca. 500 - 1000 ap. JC), originaire de l'actuel Pérou, étend son influence dans certaines régions de la Bolivie actuelle, notamment par des conquêtes militaires et des échanges commerciaux. Les Wari sont connus pour leur urbanisme avancé et leurs techniques agricoles, influençant les cultures locales dans les Andes boliviennes.

Civilisation inca.
L'empire Inca (ca. 1438 - 1533), avec son centre à Cuzco (dans l'actuel Pérou), commence à s'étendre sous le règne de Pachacuti. Vers la fin du XVe siècle, les Incas conquièrent les hautes terres de l'actuelle Bolivie, intégrant des cultures locales comme les Aymaras dans leur empire.

Les Incas imposent leur système de gouvernance, basé sur des réseaux de routes (le Qhapaq Ñan) et une administration centralisée. La société inca est hiérarchisée et collectiviste, avec une forte régulation de la production et de la distribution des ressources.

La religion inca, centrée sur le culte du Soleil (Inti), intègre des éléments des croyances locales. Les pratiques agricoles incas, comme les terrasses (andenes), améliorent la productivité des terres montagneuses.

La Bolivie de l'arrivée des Espagnols à 1900

La Bolivie, connue avant l'indépendance (1825) sous le nom de Haut-Pérou, faisait partie avant l'arrivée des Espagnols de l'empire des Incas

Il était habité principalement par des populations de langue Aymara qui occupaient la contrée voisine du lac Titicaca et tout le pays à l'Ouest de ce lac, et de langue Quechua qui occupaient la partie orientale. Les Antis, soumis aux Incas, se trouvaient dans la région des crêtes orientales jusque vers l'emplacement actuel de Santa Cruz de la Sierra; les Charcas, dans les vallées du Sud-Est. La grande plaine subandine n'était pas soumise aux Incas; elle était habitée : 

1° par de nombreuses populations pampéennes dont les plus connues aujourd'hui sont les Moxos dans le bassin du Mamoré et les Chiquitos au Sud-Est; 

2° par des peuples de langues guaranies, les Guarayos, les Chiriguanos; les fréquentes migrations de ces nomades ne permettent pas de dire avec exactitude le nom, le nombre des tribus et la contrée où elles vivaient.

Le Haut-Pérou suivit la fortune de l'empire des Incas; il fit partie, sous la domination espagnole, de la vice-royauté du Pérou. Dès l'an 1539, Pedro Anzurez, lieutenant de Pizarro, après avoir réduit par force les Charcas, établit dans l'ancienne ville indienne de Chuquisaca une colonie espagnole sous le nom de Ciudad de la Plata; mais l'ancien nom prévalut et même celui de Charcas fut donné à la province. En 1545, la découverte d'une riche mine d'argent par un esclave, conducteur de lamas, amena la fondation par Juan Villaroel et Diego Centeno de la Villa impériale que les indiens condamnés à exploiter cette mine désignèrent sous le nom de Potosi (prononcer pototchi), « la montagne ». Trois ans après la défaite de Gonzalès Pizarro et la fin de la guerre civile, la ville de Nuestra Señora de la Paz « Notre-Dame de la paix » (La Paz) fut fondée par ordre du gouverneur général Pedro de la Gasca, en mémoire de la pacification du Pérou, sur l'emplacement de la ville indienne de Chuquiyapu, «-le champ de grains d'or-». Furent fondées ensuite Santa Cruz de la Sierra (1557) qui, détruite par les Indiens, fut rétablie plus au Nord-Ouest (1596); Ciudad de Oropesa (1572) qui ne tarda pas à prendre le nom indien de la rivière Cochabamba, Tarija (1591), poste avancé contre les Indiens du Tucuman. Au milieu du XVIIe siècle, les jésuites pénétrèrent dans les plaines orientales et fondèrent des missions chez les Chiquitos et les Moxos qui, jusqu'à leur expulsion, en 1767, prospérèrent : Trinidad de Mojos fondé en 1687, San Javier en 1691, Exaltacion de la Cruz en 1696, San Juan (qui a été plusieurs fois déplacé) en 1699, Santa Ana en 1705, etc. 

En 1559, une audience royale ou tribunal supérieur avait été institué à Charcas; jusqu'en 1765 elle a étendu sa juridiction non seulement sur le Haut-Pérou, mais sur toute la Plata. Aussi les Espagnols désignaient-ils ordinairement le Haut-Pérou sous le nom d'audience de Charcas. Cette audience, divisée en intendances de La Paz, de Chuquisaca, de Cochabamba, de Santa Cruz, fut détachée du Pérou en 1796 pour faire partie de la vice-royauté de la Plata.
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L'exploration de la Bolivie

Découverte presque à la même date que le Pérou, la Bolivie n'intéressa d'abord les Espagnols que par ses riches mines d'argent, qui devinrent immédiatement l'objet d'une exploitation très importante; quant à l'exploration du pays, on n'en eut aucun souci, et c'est seulement après la constitution de la Bolivie en république indépendante que la géographie du pays s'est réellement constituée. Presque seules, auparavant, les Lettres édifiantes fournissent de précieux renseignements sur l'état général et sur les anciennes populations du pays. 

Alcide d'Orbigny de 1826 à 1833, Francis de Castelnau, Weddell, Tschudi (1837-1842), les frères Grandidier, Pissis, Wiener, etc. sont, vers le milieu du XIXe siècle, les principaux explorateurs de la Bolivie, dont les cartes d'Ondarza (1842 à 1851) et d'Hugo Reck (1865) sont les plus exactes. Depuis cette époque, Musters, Minchin et Cilley ont ensuite déterminé les coordonnées astronomiques de bon nombre de positions dans le pays (1875), tandis que des voyageurs, des savants, des industriels, des missionnaires ont apporté des contributions précieuses à la connaissance de l'hydrographie bolivienne, dont ils poursuivaient encore l'exploration (colonel Pando, etc.) au début du XXe siècle. Mais à cette époque, il n'existait encore, en réalité, aucun levé précis du pays, et les levés approximatifs eux-mêmes étaient loin d'en embrasser la majeure partie. 

C'est à Chuquisaca que commencèrent les mouvements insurrectionnels du Pérou. L'audience ayant rendu le gouverneur suspect au peuple, une émeute éclata (25 mai 1809), et le gouvernent, fut arrêté. Mais le général Goyoneche rentra dans la ville (14 décembre 1809). Il eut à lutter contre l'invasion des Argentins conduits par Balcarce (batailles de Cotagaïta, de Suipacha, 1810, de Huaqui, 1811), et il fut, en 1813, vaincu par une autre armée argentine commandée par Belgrano; mais Belgrano fut à son tour rejeté dans le Tucuman par le général Pizuela (batailles de Vilcapujio et d'Ayohuma, 1813). Le Haut-Pérou demeura soumis au gouverneur espagnol du Pérou, Olañeta, jusqu'après la bataille d'Ayacucho (décembre 1824). Olañeta ayant pu s'entendre avec Bolivar, fut vaincu par son lieutenant, le général Sucre, et blessé mortellement à Tumurla (1er avril 1825). Un congrès, qui s'était réuni à Chuquisaca, proclama l'indépendance du nouvel Etat (6 août 1825), qui comprit l'ancien Haut-Pérou et le désert d'Atacama et auquel le congrès donna, par reconnaissance pour Bolivar, le nom de Bolivie (11 août 1825). 

Simon Bolivar fut proclamé président et donna au pays une constitution (25 août 1825) d'après laquelle la présidence était à vie. Sucre gouverna en son nom; mais, n'ayant pu établir la concorde dans une population indisciplinée, il se retira en 1828. Cependant, sous l'administration du général Santa Cruz (1828-1839), la Bolivie eut quelques années de prospérité relative. Mais Santa Cruz, ayant eu l'ambition de former une confédération de la Bolivie avec le Pérou qui aurait été divisé en deux États pour assurer la prépondérance des Boliviens, s'attira une guerre avec le Chili et dut s'enfuir après la défaite de Yungay (1839). 

A partir de cette époque et pendant plusieurs décennies, l'anarchie n'a pour ainsi dire pas discontinué et l'histoire de la Bolivie n'a été malheureusement pour une population qu'une suite de révolutions stériles; la constitution, remaniée en 1828, en 1831, en 1863, en 1880, est à peu près restée lettre morte, la plupart des présidents ayant été élevés au pouvoir par des coups d'Etat. La guerre civile de 1867 à 1870 a été particulièrement violente. Lorsque l'exploitation de l'argent et du salpêtre eut attiré des colons dans le désert d'Atacama, la Bolivie conclut avec le Chili un traité de limites (1866) dont elle n'exécuta pas les clauses financières; puis, elle confisqua à son profit les salpêtrières. La guerre fut déclarée. 

Les Chiliens s'emparèrent du port d'Antofagasta (février 1879) et écrasèrent les forces réunies de la Bolivie et du Pérou. Après l'occupation de Lima par l'armée chilienne, la Bolivie parut un moment se résigner à traiter en cédant au Chili tout le littoral maritime (1882); cependant elle n'a signé, le 4 avril 1884 (ratifiée le 20 novembre), qu'une convention d'armistice par laquelle elle a consenti à l'occupation provisoire de la province d'Atacama : depuis 1880, elle ne possède plus effectivement de territoire riverain de l'océan Pacifique. 

L'année 1903 a  tranché le différend qui, à propos de leurs frontières respectives, avait surgi entre le Brésil et la Bolivie. L'accord dit 17 novembre 1903 a désigné comme limite des deux Etats le rio Aquiry ou Acre, affluent droit du rio Purus, dans son cours supérieur; pour dédommager la Bolivie de la perte des riches territoires forestiers et miniers qu'elle abandonnait au Brésil, il lui a attribué le triangle précédemment brésilien formé par le confluent, du Madeira avec son affluent l'Abuna. Du fait de cette convention, la Bolivie se trouve pourvue, d'un bout à l'autre de son territoire confinant au Brésil, d'une frontière définitive; mais il n'en est de même nulle part ailleurs; du côté du Pérou et du Chili, certaines limites sont encore à l'époque sujettes à contestation, et il n'est pas un point de la frontière méridionale, confinant à la république Argentine et au Paraguay, qui, au début du XXe siècle, puisse être tenu pour définitivement déterminé.

En 1898, éclate ce qu'on a appelé la Guerre fédérale, un conflit qui dure jusqu'à l'année suivante, entre libéraux et conservateurs, qui conduit à la victoire des libéraux et au transfert de la capitale législative à La Paz, bien que Sucre reste la capitale officielle. Le pays va bientôt entrer dans une période marquée par une série de coups d'État et de changements fréquents de gouvernement. Le pouvoir est disputé entre diverses factions de l'élite.

Histoire de la Bolivie  au XXe siècle

Lea première moitié du XXe siècle.
Au début du XXe siècle, l'économie bolivienne est dominée par l'industrie minière, en particulier l'étain, qui devient la principale exportation du pays. La famille Patiño, avec Simón Iturri Patiño, devient l'une des plus influentes du pays grâce à ses mines d'étain.

En 1920, Hernando Siles est élu président et tente de mettre en oeuvre des réformes sociales et économiques. Cependant, son mandat est perturbé par des crises politiques. 

La guerre avec le Paraguay (Guerre du Chaco), entre 1932 et 1935, , un conflit sanglant pour le contrôle de la région du Gran Chaco, supposée riche en pétrole, se solde par une nouvelle défaite pour la Bolivie, qui cède la majeure partie du territoire disputé au Paraguay. La guerre cause également des pertes humaines importantes et une crise nationale. Elle met en évidence les faiblesses de l'armée bolivienne et entraîne une remise en question des dirigeants politiques.

Une longue période d'agitation intérieur s'ouvre alors qui se terminere qu'au milieu du siècle. La Grande Dépression mondiale des années 1930 aura aussi un impact significatif sur l'économie bolivienne, entraînant une chute des prix des minéraux et une crise économique profonde.

Entre 1936 et 1939, les gouvernement de David Toro et de Germán Busch (des militaires)  introduisent des réformes nationalistes, notamment la nationalisation des compagnies pétrolières étrangères et la création de Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB).

En 1943, un coup d'État porte le Major Gualberto Villarroel au pouvoir. Son gouvernement est marqué par des tentatives de réforme sociale, mais il est renversé et assassiné en 1946. La période voit l'émergence du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), qui prône des réformes sociales profondes et la nationalisation des ressources naturelles.

Histoire de la Bolivie de 1950 à 2000.
Au milieu du XXe siècle, la Bolivie reste un pays en proie à des inégalités sociales et économiques significatives, avec une population majoritairement indigène souvent marginalisée. L'économie dépend toujours principalement de l'exploitation minière, en particulier de l'étain.

En 1952 avec la Révolution nationale, une révolution conduite par Victor Paz Estenssoro et Hernân Siles Suazo et leur MNR. Des réformes sociales sont alors engagées : réforme agraire visant à redistribuer les terres aux paysans indigènes, nationalisation des mines d'étain, jusque là entre les mains de trois seules grandes familles et d'intérêts étrangers; introduction du suffrage universel qui permet à tous les adultes de voter, indépendamment de leur alphabétisation ou de leur propriété foncière. Paz Estenssoro est réélu en 1956 et tente de stabiliser l'économie en collaborant avec le Fonds monétaire international (FMI), ce qui entraîne des mesures d'austérité impopulaires.

En 1964, le vice-président René Barrientos, un général, avec le soutien de l'armée, renverse le gouvernement de Paz Estenssoro. Barrientos devient président et initie une période de domination militaire. Dans les années qui suivent,  Barrientos consolide son pouvoir mais meurt dans un accident d'hélicoptère en 1969. Son mandat a été marqué par des répressions contre les mouvements de gauche et les syndicats.
 

Che Guevara en Bolivie

Après avoir joué un rôle central dans la révolution cubaine de 1959, Ernesto « Che » Guevara (le Che) est devenu une figure emblématique du mouvement révolutionnaire international. Convaincu de la nécessité de propager la révolution socialiste en Amérique latine, il quitte Cuba en 1965 pour soutenir des mouvements révolutionnaires ailleurs dans le monde. En 1966, le Che et un petit groupe de guérilleros cubains et boliviens  débarquent en Bolivie, avec l'intention de former un mouvement de guérilla pour renverser le gouvernement bolivien et déclencher une révolution socialiste. La guérilla vise à mobiliser les paysans pauvres et les travailleurs ruraux contre le gouvernement, en espérant que la révolte se propagerait à travers le pays. Cependant, elle rencontre rapidement des difficultés. Le terrain difficile des montagnes boliviennes, le manque de soutien local et les actions des forces de sécurité boliviennes affaiblissent le groupe. Malgré des tentatives de recrutement parmi les paysans, la guérilla ne réussit pas à obtenir un soutien populaire significatif, en partie à cause de la méfiance des communautés locales et aussi à cause de la propagande anti-guérilla menée par le gouvernement. En octobre 1967, après plusieurs mois de traque par l'armée bolivienne avec le soutien des États-Unis, le Che est blessé et fait prisonnier dans la région de Vallegrande. Le lendemain, le 9 octobre 1967, il est exécuté par l'armée bolivienne sur ordre du président Barrientos. Sa mort a un impact profond dans le monde. Che Guevara s'affirme vite comme une icône révolutionnaire mondiale et son image devient emblématique de la lutte pour la justice sociale et contre l'impérialisme. Ainsi, bien qu'elle ait été un échec militaire, n'atteignant pas ses objectifs stratégiques, la guérilla guévariste en Bolivie aura renforcé la mythologie entourant le Che et influencé de nombreux mouvements révolutionnaires ultérieurs en Amérique latine et ailleurs.

Le successeur de Barrientos, Juan José Torres mène un gouvernement de gauche mais est renversé en 1971 par un coup d'État militaire dirigé par le colonel Hugo Bánzer Suárezr.  Banzer impose une dictature répressive, mais son régime est également caractérisé par une croissance économique temporaire. Il est finalement contraint de démissionner en 1978 sous la pression internationale et nationale. La Bolivie connaît alors une série de coups d'État et de gouvernements de courte durée. L'instabilité politique et les violations des droits humains sont fréquentes.  La dernière dictature, entre 1980 et 1981, est celle de Luis Garcia Meza, qui est aussi un trafiquant de drogue. 

Un régime civil démocratique est finalement établi en 1982, avec Hernán Siles Zuazo, du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), qui devient président. Mais les dirigeants sont  confrontés à des problèmes persistants de pauvreté profonde, de troubles sociaux, d'hyperinflation et, de plus en plus, de production illégale de drogues. Après l'échec de la coalition de centre-gauche de H. Siles Zuazo, Paz Estenssoro revient au pouvoir entre 1985 et 1989. Après sa réelection, il met en place des réformes économiques néolibérales, incluant des privatisations et des réductions des dépenses publiques. Des mesures qui stabilisent l'économie mais augmentent les inégalités sociales.

Elu en 1993, Gonzalo Sánchez de Lozada continue les politiques néolibérales de son prédécesseur et met en oeuvre des réformes controversées, telles que la capitalisation des entreprises publiques et la réforme de l'éducation. Il parvient à jugulier la monstrueuse inflation qui gangrène l'économie du pays. Mais sa politique ne fait qu'agraver les inégalités sociales. En 1997, Hugo Banzer, l'ancien dictateur converti à la démocratie, se fait élire à la présidence. Son mandat est marqué par la lutte contre le narcotrafic, mais aussi par des tensions sociales croissantes.

La Bolivie au début du XXIe siècle

À Cochabamba, des manifestations massives éclatent en 2000 contre la privatisation de l'eau, menée par une entreprise internationale. La révolte, connue sous le nom de guerre de l'eau, aboutit à l'annulation de la privatisation après des affrontements violents. 

La période est particulièrement instable.  Jorge Quiroga Ramírez est élu à la présidence en 2001. En 2002, C'est au tour de Gonzalo Sánchez de Lozada. Mais son second mandat est marqué par la continuation et l'agravation des conflits sociaux. En 2003, des protestations éclatent contre un projet d'exportation de gaz naturel à travers le Chili. Les manifestations deviennent violentes, entraînant des affrontements avec la police et l'armée. Sánchez de Lozada démissionne et fuit aux États-Unis. Carlos Mesa devient président par intérim. En 2005, Carlos Mesa doit démissionner après des mois de protestations contre son gouvernement. Eduardo Rodríguez, le président de la Cour suprême, assume la présidence par intérim et appelle à des élections anticipées. 

Evo Morales, leader du Mouvement vers le socialisme (MAS) et ancien leader syndical des cultivateurs de coca, est élu président avec une majorité écrasante. Il devient le premier président indigène de la Bolivie. Morales nationalise les industries du gaz et du pétrole en 2006, augmentant les revenus de l'État et finançant des programmes sociaux. Une nouvelle constitution est adoptée en 2009, renforçant les droits des peuples indigènes et redéfinissant la Bolivie comme un État plurinational. Son gouvernement réussit à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie grâce à des politiques sociales et économiques. Cependant, il est critiqué pour la corruption et la gestion des ressources naturelles.

En 2014, Morales se présente pour un troisième mandat après une décision controversée de la Cour constitutionnelle. Il est réélu, mais des accusations de fraude électorale marquent son administration. En février 2016, Morales perd de peu un référendum sur un amendement constitutionnel qui doit lui permettre de concourir à l'élection présidentielle de 2019. En dépit de cela, après une nouvelle décision de la Cour suprême en sa faveur (2017), Morales se présente de nouveau  aux élections du 20 octobre 2019, à l'issue desquelles il sera encore déclaré vainqueur, mais des accusations de fraude électorale conduisent cette fois à des protestations massives. Sous la pression des forces armées et des manifestants, Morales démissionne et s'exile au Mexique.

La sénatrice Jeanine Áñez Chavez assume la présidence par intérim et promet de nouvelles élections. Son gouvernement est à son tour marqué par des controverses et des accusations de répression contre les partisans de Morales. En novembre 2019, la répression prend un tour particulièrement tragique avec les massacres de Sacaba et Senkata (deux localités de Cochabamba et de La Paz) dus à l'action des forces armées contre des manisfestants (22 morts et près de 200 blessés). En 2020, Luis Arce, candidat du MAS et ancien ministre de l'Économie sous Morales, remporte l'élection présidentielle avec une majorité écrasante. Arce met en œuvre des politiques pour relancer l'économie affectée par la pandémie de covid-19 et les crises politiques précédentes. Parmi les défis auxquels il est confronté figurent la gestion de la dette, la lutte contre la pauvreté et la corruption. La Bolivie continue de faire face à des tensions politiques entre le gouvernement du MAS et l'opposition. Les divisions régionales et ethniques persistent, exacerbées par des conflits sur les ressources naturelles et les droits des peuples autochtones.

En mars 2021, le parquet bolivien a ordonné l'arrestation de Jeanine Áñez et de plusieurs de ses ministres accusés de crimes de sédition, de terrorisme et de conspiration, en raison de leur participation aux événements de 2019, que l'institution a qualifiés de « coup d'État ». La défenseuse des droits du pays a parlé de « crime contre l'humanité », à ce propos.

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