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 Histoire de l'Amérique > L'Amérique précolombienne
Les populations autochtones d'Amérique du Nord
Les Indiens d'Amérique du Nord
Les populations (ou peuples) autochtones d'Amérique du Nord ou Amérindiens des Etats-Unis et du Canada, également désignés dans le langage courant sous le nom d'« Indiens d'Amérique » (héritage d'une grossière erreur géographique, rejeté au Canada où l'on préfère parler de Premières Nations, mais à tout prendre bien préférable à celui, détestable, de « Peaux-Rouges », qu'on leur appliquait autrefois) ont une histoire riche et ancienne, marquée par des milliers d'années de développement culturel, d'adaptation environnementale, de commerce, de conflits, et de résilience. Avant l'arrivée des Européens, l'Amérique du Nord était peuplée par des centaines de nations différentes aux langues, modes de vie et croyances variés.

Les premières cultures et modes de vie

Les premiers habitants  d'Amérique seraient arrivés depuis l'Asie via le détroit de Béring, un pont terrestre aujourd'hui submergé, pendant la dernière période glaciaire, il y a environ 15 000 à 20 000 ans. Ces groupes de chasseurs-cueilleurs se sont dispersés vers le sud et l'est, adaptant leur mode de vie aux divers climats et géographies du continent nord-américain. Les premières cultures (cultures paléoindiennes et cultures archaïques), entre 10 000 et 1000 av. JC, témoignent des débuts de l'occupation humaine du continent après la fin de la dernière période glaciaire. Cette ère pré-agricole a été marquée par des modes de vie fondés sur la chasse, la cueillette et, dans certains cas, la pêche, et elle a vu la création de groupes aux cultures diverses, adaptés à leurs environnements variés. Ces cultures fondatrices ont jeté les bases des civilisations ultérieures d'Amérique du Nord. 

Les Paléoindiens.
Les Paléoindiens ont vécu en Amérique du Nord entre environ 10 000 et 8000 av. JC. Cette période suit la fin de la dernière ère glaciaire et se caractérise par des cultures de chasseurs-cueilleurs très mobiles, qui dépendaient largement de la chasse de gros gibier. Les Paléoindiens sont associés à plusieurs cultures, identifiées principalement par leurs outils en pierre, notamment des pointes de projectiles. 

Culture Clovis.
La culture Clovis ( Environ 11 000 à 10 500 av. JC), qui s'est étendue sur grande partie de l'Amérique du Nord, des États-Unis actuels jusqu'au Mexique, se signale notamment par ses pointes de projectiles distinctives en forme de lance, appelées pointes Clovis. Ces pointes, finement façonnées et cannelées (avec une rainure longitudinale), permettaient de fixer facilement les pointes aux hampes de lance. Elles étaient ordinairement utilisées pour chasser de grands animaux comme les mammouths, les mastodontes, et les bisons. Les groupes Clovis étaient très mobiles et suivaient les troupeaux de gros gibier dans leurs migrations saisonnières. Leur mode de vie reposait donc sur la chasse de grands animaux, complétée par la cueillette de plantes sauvages. Des sites comme Blackwater Draw (Nouveau-Mexique), Lehner et Murray Springs (Arizona) sont associés à cette culture et ont fourni des indications archéologiques de la chasse aux mammouths.

Culture Folsom.
Principalement  présente dans les Grandes Plaines, du Texas au Canada, et certains sites dans le sud-ouest des États-Unis, la culture Folsom (environ 10 500 à 8 000 av. JC) est identifiée par des pointes de projectile plus petites et plus fines que celles de Clovis, connues sous le nom de pointes Folsom. Ces pointes ont une cannelure particulièrement prononcée, et elles étaient probablement mieux adaptées pour chasser les bisons, qui devenaient plus courants avec la disparition des  mammouth. Les Paléoindiens de la culture Folsom semblent s'être spécialisés dans la chasse aux bisons, en utilisant des techniques de chasse coopérative qui les amenaient à piéger des troupeaux entiers dans des ravins ou des encaissements naturels. Le site de Folsom (Nouveau-Mexique) et le site de Lindenmeier (Colorado) sont des sites importants de cette culture, où de nombreux outils de pierre et vestiges de bisons ont été retrouvés.

Culture Plano.
La culture Plano (à partir de 8000 av. JC) s'est développée elle aussi dans les Grandes Plaines entre le Texas et le Canada. Elle se distingue par une grande variété de pointes de projectiles, comme des pointes en forme de feuille, mieux adaptées aux animaux plus petits. Contrairement aux pointes Clovis et Folsom, les pointes Plano ne sont pas cannelées. Avec l'extinction progressive des grandes espèces animales de la mégafaune, les Plano se sont davantage orientés vers la chasse de bisons modernes et d'autres gibiers de taille moyenne. Ils ont aussi diversifié leur alimentation en intégrant des ressources végétales locales et en exploitant des habitats variés. Des sites Plano se trouvent dans tout le Midwest et les Grandes Plaines, avec des vestiges de campements saisonniers et des outils en pierre liés à la préparation de la viande.

Culture de la Côte Nord-Ouest (côtes des actuels Alaska et Colombie-Britannique).
Les Paléoindiens de la côte Nord-Ouest (période paléoindienne tardive, avec des variantes régionales.) ont développé des technologies de chasse et de pêche adaptées aux environnements maritimes. Ils se sont appuyés davantage sur la pêche, les ressources marines, et la chasse aux mammifères marins. Contrairement aux cultures Clovis et Folsom, ces groupes côtiers avaient un mode de vie moins mobile, profitant des ressources côtières disponibles de manière plus régulière. Ils fabriquaient des outils en os et en pierre pour obtenir les poissons et autres ressources marines. Des sites côtiers comme ceux de Namu en Colombie-Britannique montrent des outils en pierre, des artefacts en os et des signes d'exploitation intensive de la pêche.

Groupes paléoindiens de la région des Grands Lacs et du Nord-Est.
Des groupes vivant dans la la région de Grands lacs et du Nord-Est, de la période paléoindienne à la période archaïque (environ 10 000 - 8 000 av. JC. et au-delà), utilisaient des pointes de lance semblables aux pointes Clovis, mais adaptées aux gibiers plus petits, comme le caribou et l'élan, présents dans cette région. Les groupes du Nord-Est s'adaptaient aux environnements boisés et lacustres en diversifiant leurs techniques de chasse et de pêche. En plus du gibier terrestre, ils pêchaient dans les lacs et rivières de la région. Le site de Debert en Nouvelle-Écosse montre des traces d'occupation paléoindienne avec des outils en pierre pour la chasse au caribou.

Les cultures archaïques.
Avec la disparition de la mégafaune, les cultures nord-américaines ont commencé à s'adapter à des ressources locales plus diversifiées. Cette période, dite archaïque, s'étend d'environ 8000 à 1000 av. JC. Elle peut être divisée en sous-périodes, caractérisées par le développement de stratégies de subsistance plus complexes.

Dès cette époque, des signes de pratiques funéraires montrent l'importance des croyances religieuses et des rituels. Certains sites de sépultures, avec des offrandes comme des outils et des ornements, indiquent des rituels de respect pour les morts. Les populations archaïques, comme les Paléoindiens ont laissé des peintures rupestres et des pétroglyphes dans plusieurs régions, représentant des scènes de chasse, des animaux et des symboles abstraits.

Période archaïque ancienne (8000 - 5000 av. JC).
Les changements climatiques après la période glaciaire ont entraîné une stabilisation du climat et le développement de forêts, de prairies et de zones humides. Les populations chassaient des animaux de taille moyenne comme les cerfs et les bisons, pêchaient dans les rivières et cueillaient des plantes, des fruits et des noix. Ils utilisaient de nouveaux types d'outils, comme des pointes plus petites et des grattoirs pour traiter les peaux.

Période archaïque moyenne (5000 - 3000 av. JC).
Au cours de cette période, les groupes archaïques commencent à fabriquer des outils plus spécialisés, notamment des filets, des hameçons et des mortiers pour broyer les plantes. Dans certaines régions, comme la côte ouest et la région des Grands Lacs, des groupes ont établi des campements saisonniers, revenant sur les mêmes sites pour exploiter des ressources spécifiques, notamment les poissons et les coquillages. Les premiers réseaux d'échange apparaissent, avec des objets comme des pierres, des coquillages et des pigments de couleur circulant entre différents groupes.

Période archaïque tardive (3000 - 1000 av. JC).
Cette période voit une sédentarisation plus marquée dans certaines régions, comme les vallées du Mississippi et de l'Ohio. Des structures de campement semi-permanentes apparaissent, ainsi que des monticules (mounds) primitifs pour des pratiques rituelles ou funéraires, notamment parmi les populations précurseures des Mound Builders. Certaines cultures ont commencé à expérimenter des formes d'agriculture rudimentaire. Les populations de la vallée du Mississippi, par exemple, cultivent des plantes indigènes telles que l'amarante et le tournesol, bien avant l'adoption du maïs (une culture qui arrivera plus tard d'Amérique centrale). La sédentarisation et les surplus alimentaires ont permis des structures sociales plus organisées, avec des signes d'une hiérarchie sociale émergente et des rites funéraires de plus en plus élaborés.

Les cultures archaïques régionales.
La période archaïque en Amérique du Nord  est caractérisée par une grande diversité culturelle, en raison des variations climatiques, écologiques et géographiques. On peut déjà dans une large mesure définir les grandes zones culturelles qui seront encore pertinentes à l'époque historique.

Culture du Désert (Sud-Ouest des États-Unis).
Dans le Sud-Ouest des États-Unis (notamment le Nevada, le Nouveau-Mexique, l'Arizona, et une partie de la Californie), les habitants vivaient dans des environnements désertiques où les ressources étaient limitées. Ils ont développé des techniques de subsistance adaptées, en collectant des plantes sauvages (glands, pignons de pin, etc.) et en chassant de petits animaux.  Ils utilisaient des outils en pierre et des techniques de conservation des aliments comme le séchage. Vers la fin de la période archaïque, certains groupes commencent à cultiver du maïs, introduisant une transition vers une économie agricole.

Culture archaïque de l'Est.
Les populations  de la culture archaïque de l'Est (vallée du Mississippi, Grands Lacs, et régions boisées de l'est des États-Unis) vivaient principalement dans des environnements boisés riches en ressources, notamment en noix, baies, poissons et gibier. Cette région a vu  l'émergence des premières plantes cultivées en Amérique du Nord, notamment la courge, le tournesol et d'autres plantes indigènes. On observe les premières traces de monticules cérémoniels et funéraires, indiquant une organisation sociale plus complexe et des pratiques rituelles développées (comme à Watson Brake et Poverty Point).

Culture du Grand Bassin.
Les populations archaïques du Grand bassin (couvrant l'Utah, le Nevada, et une partie de la Californie)  vivaient dans un environnement aride, où ils pratiquaient la collecte de plantes sauvages (glands, racines, graines) et chassaient des petits animaux. Les ressources en eau étaient rares, ce qui influençait fortement leurs déplacements et leurs pratiques de subsistance. Les groupes du Grand Bassin étaient semi-nomades, se déplaçant selon les saisons et les ressources disponibles. Ils utilisaient des outils rudimentaires en pierre, tels que des grattoirs et des pointes de projectile, adaptés à la chasse et à la cueillette.

Culture de la Côte Nord-Ouest.
Les groupes de la Côte Nord-Ouest  (littoral de l'actuel Canada et de l'Alaska) vivaient dans un environnement côtier, riche en ressources marines. Ils se nourrissaient principalement de poissons (notamment le saumon), de fruits de mer, et de mammifères marins. Contrairement à d'autres régions, les populations de la Côte Nord-Ouest étaient en partie sédentaires grâce à l'abondance des ressources naturelles. Ces cultures sont reconnues pour leurs premiers objets d'art et outils en os, en bois, et en pierre. Elles possédaient aussi des structures sociales complexes avec des pratiques rituelles élaborées.

Culture des Plaines.
Les habitants des Grandes Plaines, incluant les plaines centrales des États-Unis (actuels Dakota, Nebraska, etc.), étaient principalement des chasseurs-cueilleurs spécialisés dans la chasse de petits animaux, ainsi que dans la collecte de plantes et de graines. La période archaïque voit une transition vers la chasse de petits gibiers et une diversification des sources alimentaires, avec un usage intensif des plantes sauvages. L'utilisation de pointes de projectiles et d'outils en pierre est caractéristique de cette région. La période voit aussi, tardivement, l'introduction de l'arc et des flèches.

Culture archaïque maritime (région Atlantique).
La culture archaïque qui s'est développée le long du littoral Atlantique du Nord-Est des États-Unis jusqu'au Canada exploitait les ressources côtières (fruits de mer, poissons, mammifères marins) et les ressources forestières environnantes. Comme pour la culture de la Côte Nord-Ouest, l'abondance des ressources côtières permettait à certains groupes de devenir semi-sédentaires. On y rencontre des outils de pêche spécialisés et des objets en os, et aussi des objets d'art et des bijoux en coquillages, indiquant des pratiques culturelles et sociales élaborées.

Les premières sociétés agricoles

Le développement des sociétés agricoles en Amérique du Nord, de 1000 av. JC. à 1500 ap. JC, marque un tournant dans l'évolution de nombreuses cultures indigènes, qui passent progressivement de modes de vie de chasseurs-cueilleurs à des sociétés agricoles sédentaires. L'agriculture en Amérique du Nord s'est largement fondée sur la propagation de cultures domestiquées dans le sud, principalement de Mésoamérique. Le maïs, la courge et les haricots (les « trois soeurs ») sont devenus les cultures de base pour de nombreuses sociétés.
La culture « trois soeurs » est un modèle agricole traditionnel utilisé par plusieurs populations autochtones d'Amérique du Nord. Cette technique consiste à cultiver ensemble trois plantes complémentaires : le maïs, les haricots et les courges. Chaque plante apporte des avantages spécifiques aux autres, créant un écosystème autosuffisant et durable qui enrichit le sol et améliore les rendements. Le maïs pousse droit et sert de tuteur pour les haricots. Son envergure protège les autres plantes des vents forts. Les haricots sont des légumineuses capables de fixer l'azote dans le sol grâce à une symbiose avec des bactéries rhizobium. Cet apport en azote enrichit le sol, ce qui profite aux autres plantes, notamment au maïs, qui en a grand besoin. Les larges feuilles de la courge forment un couvert végétal qui réduit la croissance des mauvaises herbes et conserve l'humidité du sol. Les courges dissuadent également certains animaux nuisibles grâce à leurs feuilles épineuses. 
L'agriculture a permis le développement de communautés stables, favorisé l'émergence de centres politiques et religieux, et transformé l'organisation sociale et économique des sociétés. Dans le Sud-Ouest, par exemple, des systèmes d'irrigation sophistiqués permettaient de cultiver dans des zones arides, tandis que dans les zones boisées de l'Est, les populations pratiquaient le défrichage des terres et la culture en terrasse. L'agriculture a permis aux populations de se sédentariser et de construire des villages permanents. Cette stabilité a favorisé l'accroissement démographique et la complexification sociale. Avec des surplus agricoles, les sociétés ont pu nourrir des artisans, des chefs, des prêtres et d'autres spécialistes qui n'étaient pas directement impliqués dans la production de nourriture. Ceci a mené à des structures hiérarchiques dans lesquelles une élite dirigeait et gérait les ressources. Les surplus agricoles ont permis l'émergence de réseaux d'échange commerciaux, facilitant la circulation de biens artisanaux, de matières premières et de produits agricoles entre différentes cultures nord-américaines. 

Le Sud-Ouest : les Anasazis, les Hohokams et les Mogollons
Les premières sociétés agricoles du Sud-Ouest des États-Unis, ont été principalement représentées par les Hohokam, les Mogollon et les Anasazi. Elles ont légué des techniques agricoles et des savoirs qui ont influencé les Pueblos modernes (comme les Hopi et les Zuñi). Leurs techniques d'irrigation, leur organisation sociale et leurs croyances ont marqué profondément la culture amérindienne de la région.

Les Hohokam.
Les Hohokam  (300-1500 ap. JC) vivaient principalement dans la région qui est aujourd'hui l'Arizona. Leur culture s'est particulièrement développée dans les vallées des rivières Gila et Salt. Ils ont maîtrisé l'irrigation, construisant de vastes réseaux de canaux pour apporter l'eau des rivières jusqu'aux zones arides. Ces canaux, parmi les plus anciens d'Amérique du Nord, permettaient l'irrigation de grandes étendues de terres cultivables. Les Hohokam cultivaient principalement le maïs, les haricots, et la courge, mais aussi le coton, qu'ils tissaient pour fabriquer des vêtements. L'irrigation leur permettait de faire plusieurs récoltes par an. Leur civilisation s'est éteinte vers 1450, probablement en raison de la sécheresse et des conflits.

Les Mogollon.
Les Mogollon (200-1450 ap. JC) habitaient principalement les montagnes du Nouveau-Mexique, de l'ouest du Texas et de l'Arizona. Leur société est surtout connue pour ses compétences en poterie et en céramique. Les Mogollon cultivaient également du maïs, des haricots et des courges, bien qu'ils aient été moins dépendants de l'irrigation que les Hohokam, grâce à des techniques de culture en milieu sec, adaptées à leur environnement montagneux. Ils habitaient dans des villages permanents composés de maisons-puits (pit houses) creusées dans le sol pour se protéger des températures extrêmes. La culture Mogollon a progressivement disparu au cours du XVe siècle, probablement à cause de facteurs climatiques et sociaux.

Les Anasazi.
Les Anasazi (500-1300 ap. JC) occupaient une grande partie des Quatre Frontières  (où se rencontrent l'Arizona, le Nouveau-Mexique, le Colorado et l'Utah). Ils ont bâti notamment  des habitations troglodytes dans les falaises, comme celles de Mesa Verde.  Contrairement aux Hohokam, les Anasazi utilisaient des méthodes de rétention des eaux de pluie pour irriguer leurs champs, car ils n'avaient pas accès aux grandes rivières. Ils cultivaient également du maïs, des haricots, et des courges, et leur alimentation était complétée par la chasse et la cueillette.  Leur culture est marquée par des traditions architecturales uniques et des kivas (salles de réunion souterraines) qui avaient une signification religieuse. L'abandon de leurs sites principaux vers la fin du XIIIe siècle est pourrait être dû à des changements climatiques (sécheresses), à des pressions environnementales et à des conflits internes.

La région des Grands Lacs et la Vallée du Mississippi : les Mound Builders
Les Mound Builders (bâtisseurs de tumulus) étaient des populations qui se sont caractérisées, comme leur appellation d'indique, par la construction  grands tertres (ou mounds) de terre, construits entre environ 3500 avant notre ère et 1500 de notre ère. Ces civilisations ont prospéré le long des rivières du Midwest, du Sud-Est, et de l'Est de l'Amérique du Nord. L'agriculture, pratiquée avec des outils simples en bois, en os et en pierre, était le pilier de l'économie des Mound Builders. il cultivaient eux aussi les "trois soeurs" (maïs, courges et haricots), ainsi que le tabac, qui avait des usages rituels et médicinaux. Ils pouvaient aussi  des plantes comme le tournesol, l'amarante et le chénopode. L'agriculture de subsistance était complétée par la chasse, la pêche et la cueillette. Certaines populations faisaient aussi de l'irrigation primitive et avaient des techniques de conservation des sols. 

Les Mound Builders étaient intégrés à des réseaux commerciaux étendus Par exemple, on a retrouvé des coquillages marins, des outils en cuivre, et d'autres objets exotiques qui venaient de régions éloignées, preuve d'un commerce actif avec des zones aussi lointaines que les Grands Lacs ou le Golfe du Mexique. Dans les centres importants comme Cahokia (près de l'actuelle ville de Saint Louis), des artisans spécialisés travaillaient dans la poterie, le tissage, le travail du cuivre, et d'autres métiers. La spécialisation du travail suggère une hiérarchie sociale dans laquelle certains membres de la société se consacraient à des tâches non agricoles, rendant possible l'émergence d'une classe dirigeante ou religieuse. La construction des monticules nécessitait une main-d'œuvre importante et organisée, impliquant des dirigeants et des autorités locales capables de coordonner le travail. Ces monticules servaient généralement de bases pour des temples, des résidences de chefs, ou des cérémonies religieuses. Grâce aux excédents de production agricole, les dirigeants pouvaient redistribuer les ressources pour nourrir des groupes de travailleurs spécialisés ou lors de rassemblements cérémoniels, un moyen d'affirmer leur pouvoir et leur statut.

Les Mound Builders ne représentent pas une seule civilisation ou groupe ethnique, mais seulement une série de cultures distinctes qui partageaient cette pratique architecturale. Les premiers monticules connus, comme ceux du site de Watson Brake en Louisiane, remontent à 3500 à 1000 avant notre ère (culture archaïque). La période de la culture de la vallée de l'Ohio (1000 avant notre ère - 500 de notre ère) est représentée par des cultures la cuture Adena, puis la culture Hopewell, à l'origine de tertres funéraires et cérémoniels. Vient ensuite la culture Mississippienne (800 - 1600 de notre ère), la plus avancée et prospère des cultures Mound Builders, avec de grands  centres urbains comme Cahokia.

Culture Adena.
La culture Adena (1000 - 200 avant notre ère) se  situait principalement dans l'Ohio et la vallée de la rivière Ohio, mais aussi dans des parties de la Virginie-Occidentale, de l'Indiana, du Kentucky et de la Pennsylvanie. Les Adena construisaient de grands tertres funéraires de forme généralement conique. Ces tertres contenaient souvent des chambres funéraires en bois où étaient enterrés les individus importants, parfois avec des objets rituels comme des outils en pierre et en os, des objets en cuivre, des perles et des sculptures. Ils vivaient dans des villages dispersés avec des habitations en bois et en écorce. C'étaient des chasseurs-cueilleurs, mais il pratiquaient aussi l'agriculture (maïs, courges et tournesols). Les objets funéraires sont très variés. On a trouvé de nombreux artefacts en cuivre et en pierre, des pipes en pierre sculptées et des bijoux. Ces objets suggèrent une société hiérarchisée.

Culture Hopewell.
La culture Hopewell  (200 av. JC - 500 ap. JC) s'est principalement épanouie dansl'Ohio, mais  elle s'est aussi étendue vers l'Illinois, le Missouri, le Tennessee et la Géorgie. Les Hopewell ont construit  es tertres avec des formes  géométriques (cercles, carrés et octogones) qui servaient principalement à des fins cérémonielles et funéraires. Les sites hopewelliens présentent fréquemment des agencements complexes de tertres entourés de murs de terre, formant de grandes enclos cérémoniels. Les Hopewell avaient une société plus  développée que les Adena, avec une hiérarchie sociale bien établie et des chefs religieux. Ils étaient également d'excellents artisans. Ils avaient établi des liens commerciaux sur de grandes distances, faisant venir notamment des coquillages du Golfe du Mexique, du cuivre du Michigan et de l'obsidienne des Montagnes Rocheuses. Les artefacts funéraires montrent une grande sophistication, incluant des sculptures en pierre, des ornements en cuivre, des outils et des masques en mica. Les Hopewell sont associés à des objets de cérémonie et des pipes sculptées dans des formes animales.

Culture Mississippienne.
La culture Mississipienne (800 - 1600 de notre ère) s'étendait largement dans le sud-est des États-Unis, avec des centres majeurs dans les vallées du Mississippi et de l'Ohio. Le site principal est Cahokia, près de l'actuelle Saint-Louis (Missouri). Les Mississippiens construisaient de grands tertres en forme de pyramide tronquée, qui servaient de fondations pour les bâtiments importants, comme les habitations des chefs et les temples. Le plus grand tertre de cette époque, Monks Mound, se trouve à Cahokia et mesure environ 30 mètres de haut. La culture mississippienne était la plus avancée et la plus hiérarchisée des cultures des Mound Builders. Elle reposait sur un système social complexe avec une classe dirigeante héréditaire, et ses villes étaient des centres d'administration, de commerce et de religion. L'agriculture intensive du maïs, associée à d'autres cultures, soutenait de grandes populations urbaines. Les Mississippiens suivaient une religion centrée sur un culte du soleil, qui était pratiqué dans de vastes complexes cérémoniels. Parmi leurs artefacts on trouve des poteries, des statues en pierre et en céramique, des armes en cuivre et des bijoux. Les motifs et sculptures représentent ordinairement des figures animales et des symboles célestes.

Les sociétés agricoles du Nord-Est et des Grandes Plaines.
A côté des sociétés agricoles du Sud-Ouest et des Mound Builders, d'autres populations autochtones de l'Amérique du Nord ont également pratiqué précocement l'agriculture. Ainsi, dans les forêts de l'actuel nord-est des États-Unis et du sud-est du Canada, les Iroquois ont développé des villages agricoles basés sur la culture des « trois soeurs » (maïs, haricots et courges). Les femmes, qui étaient en charge de l'agriculture, jouaient un rôle central dans la société iroquoise, une culture matrilinéaire où les biens et les terres étaient transmis par les femmes. Les Wendats (ou Hurons), commeles Iroquois, pratiquaient une agriculture stable et avaient des villages fortifiés avec de longues maisons communes. La production de maïs, de haricots et de courges suffisait pour nourrir des populations permanentes. Avant l'introduction du cheval, les habitants des Grandes Plaines, comme les Mandans et les Hidatsas, pratiquaient eux  aussi l'agriculture dans les vallées fluviales, où l'irrigation naturelle facilitait la culture du maïs. La vie agricole était généralement combinée avec la chasse au bison. Les villages fortifiés et semi-permanents de ces populations montrent une adaptation efficace à l'agriculture tout en maintenant des pratiques de chasse.

Diversité culturelle dans l'Amérique du Nord pré-européenne 

Vers 1500 ap. JC, juste avant l'arrivée des Européens, l'Amérique du Nord abritait une vaste diversité culturelle, avec des centaines de populations autochtones qui avaient chacune leurs langues, modes de vie, structures sociales et systèmes de croyances et de valeurs Cette diversité était en grande partie façonnée par la géographie variée du continent, qui allait des forêts denses aux déserts arides, des montagnes aux plaines ouvertes. On a ainsi pu distinguer  plusieurs aires culturelles (Forêts du Nord-Est, Grandes Plaines, Subarctique, etc.). Outre l'environnement physique (climat, végétation, faune), qui dicte les ressources disponibles et les techniques de subsistance (chasse dans les Grandes Plaines, pêche sur la côte Nord-Ouest,  agriculture dans les régions arides du Sud-Ouest), les structures sociales à l'intérieur de chaque aire culturelle présentent des similitudes, elles-mêmes en partie influencées  en partie par les ressources disponibles et les modes de vie. es sociétés de la Côte nord-ouest étaient généralement organisées de manière hiérarchique, avec des clans et des chefs héréditaires; les populations des Grandes Plaines avaient des systèmes plus flexibles, fondés sur des alliances tribales et des chefs de guerre; celles  du Sud-Ouest  vivaient dans des villages et avaient des structures de gouvernance communautaires particulières. Les systèmes de croyances constituent également une base de distinction des aires culturelles. Par exemple, les populations des Plaines pratiquaient des cérémonies comme la Danse du Soleil, axées sur la chasse.  Les groupes de la Côte nord-ouest avaient des rituels de potlatch, où le don et la redistribution de richesses étaient centraux. Les cultures du Sud-Ouest intégraient des éléments religieux dans leurs pratiques agricoles, et avaient des rituels particuliers pour la pluie et la fertilité des sols. Dans une certaine mesure, les langues peuvent aussi ejntrer en compte dans la définition des aires culturelles. Les langues algonquiennes sont parlées dans l'Est forestier, les langues athapascanes dans le Subarctique et le Sud-Ouest, les langues uto-aztèques dans le Sud-Ouest.
 
L'introduction du cheval en Amérique du Nord

Avant l'introduction du cheval en Amérique du Nord, qui a commencée avec l'arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les Amérindiens dépendaient principalement de la chasse à pied (ec qui demandait beaucoup d'efforts et de stratégies) et de méthodes de transport plus lentes. 

Avec le cheval, dont l'adoption complète date du XVIIe siècle,, plusieurs aspects clés de leur vie quotidienne ont évolué, notamment dans les Grandes Plaines, où les chevaux ont rapidement été adoptés par des populations telles que les Lakotas, les Comanches, et les Cheyennes. Le cheval est devenu une partie intégrante de la culture de plusieurs sociétés amérindiennes. Il a inspiré des légendes, des cérémonies et a souvent été intégré dans l'art, la religion et les coutumes.

Le cheval a permis une plus grande mobilité, facilitant les déplacements sur de longues distances pour chasser, commercer ou se déplacer. Cela a aussi permis l'expansion de certaines populations sur des territoires plus vastes. Le cheval a transformé en particulier la chasse au bison en permettant des poursuites plus rapides et efficaces, rendant les chasses plus productives et facilitant l'obtention de nourriture et de ressources.

Avec le cheval, les populations autochrones sont devenues plus puissantes militairement, ce qui leur a permis de mieux défendre leur territoire contre les ennemis ou de mener des raids avec plus d'efficacité. Le cheval a donc influencé les relations entre tribus, parfois renforçant des alliances, mais aussi intensifiant les conflits pour le contrôle des ressources et des territoires.

La possession de chevaux est par ailleurs rapidement devenue un signe de richesse et de prestige. Cela a aussi favorisé l'essor de nouveaux systèmes d'échange et de commerce entre les différents groupes, et avec les populations européennes. Certaines sociétés ont même développé des réseaux de troc pour acquérir plus de chevaux ou des biens en lien avec leur utilisation.

Les forêts du Nord-Est.
Les populations  du Nord-Est  vivaient dans des régions boisées qui fournissaient du gibier, des poissons et des plantes. Ils pratiquaient l'agriculture, cultivant le maïs, les haricots et la courge. Les Hurons étaient sédentaires et vivaient de l'agriculture dans des villages fortifiés composés de maisons longues. Les Iroquois, également agriculteurs,  avec leur confédération, étaient les plus organisés politiquement et socialement. Les Miami et Leni-Lenape, bien que partageant certaines similitudes avec les Iroquois, avaient des structures sociales plus décentralisées. Les Shawnee, en tant que population semi-nomade, étaient plus orientés vers la chasse et l'agriculture saisonnière. Les Chippewa et les Algonquins, eux aussi semi-nomades, utilisaient des wigwams adaptés aux déplacements saisonniers. Toutes ces populations avaient une religion animiste  et pratiquaient des cérémonies centrées sur les cycles agricoles, les esprits de la nature, les ancêtres ou des entités protectrices comme le Tonnerre et les esprits des animaux, avec les chamans qui jouaient un rôle clé dans les rituels. Le Nord-Est était par ailleurs riche en mythes et récits oraux.

Chippewa (Ojibwé).
Les Chippewa ou Ojibwé  étaient des chasseurs-cueilleurs semi-nomades de la Grands Lacs (principalement autour du lac Supérieur, dans les actuels États du Michigan, Wisconsin, Minnesota, et l'Ontario au Canada). Ils chassaient les animaux de la forêt, comme le cerf, l'orignal et le castor, et pêchaient dans les lacs et les rivières. La cueillette de baies et de racines était essentielle. Ils récoltaient également le riz sauvage dans les zones humides. Ils vivaient dans des habitations appelées wigwams, des structures en bois recouvertes d'écorce ou de nattes de roseaux. Les Chippewa étaient organisés en clans basés sur la lignée paternelle, et ces clans étaient identifiés par des animaux totémiques (comme l'ours, l'aigle ou le poisson). Ils étaient des artisans talentueux, fabriquant des paniers, des mocassins en peau, et des vêtements brodés de perles.

Algonquin.
La Algonquins habitaient dans laallée de l'Outaouais, dans l'actuel Québec et en Ontario (Canada), autour de la rivière des Outaouais et des Grands Lacs. Ils vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ils chassaient principalement les grands animaux comme le cerf, le castor et l'orignal, et pratiquaient la pêche dans les nombreux lacs et rivières de leur région. Ils cueillaient aussi des baies et des plantes sauvages. Bien qu'ils aient pratiqué un peu d'agriculture, les Algonquins étaient principalement nomades, se déplaçant en fonction des saisons pour suivre les ressources disponibles. Les Algonquins construisaient des wigwams similaires à ceux des Chippewa, en utilisant du bois et de l'écorce de bouleau, facilement disponibles dans leurs forêts. Ils vivaient en petits groupes familiaux qui formaient des bandes plus grandes en hiver, et leur société était structurée autour de la parenté et des alliances avec d'autres groupes algonquiens voisins. Les Algonquins pratiquaient du commerce avec les autres populations  des Grands Lacs.

Mohicans.
Les Mohicans (parfois appelés Mahicans, à ne pas confondre avec les Mohegans) étaient une population algonquine situé dans le nord-est de l'Amérique du Nord, principalement le long de la rivière Hudson, dans l'actuel État de New York. Vers 1500, les Mohicans étaient principalement des agriculteurs, cultivant du maïs, des haricots et des courges. Ils vivaient aussi de la chasse et de la pêche et pratiquaient le troc avec d'autres tribus pour des biens. Ils habitaient dans des villages semi-sédentaires, composés de maisons longues qui hébergeaient plusieurs familles. Leur société était structurée en clans.

Wendat (Huron).
Les Wendat, Wendyots ou Hurons vivaient Sud de l'actuel Ontario, dans la région de la baie Georgienne et au nord du lac Ontario. Ils étaient des agriculteurs sédentaires et cultivaient principalement le maïs, les haricots et les courges. Ils complétaient leur alimentation avec la chasse et la pêche. Les Hurons étaient également de grands commerçants et échangeaient des produits comme le maïs, les fourrures et des objets en cuivre avec les peuples voisins. Les Hurons habitaient dans de grandes maisons longues en bois recouvertes d'écorce, qui pouvaient abriter plusieurs familles. Les maisons longues étaient situées dans des villages fortifiés, entourés de palissades pour se protéger des attaques ennemies. Leur société était matrilinéaire, et les décisions communautaires étaient prises par un conseil composé de représentants des différents clans.

Iroquois (Haudenosaunee).
Les Iroquois ou Haudenosaunee  étaient une population principalement installée dans la vallée de l'Ohio et autour des Grands Lacs (actuels États de New York, Ontario, et Québec). Ils étaient sédentaires et se consacraient surtout à l'agriculture, cultivant eux aussi les « trois soeurs » (le maïs, les haricots et les courges). Leur alimentation était également complétée par la chasse au cerf, à l'orignal, et à d'autres gibiers, ainsi que par la pêche. Ils pratiquaient une agriculture extensive, et leurs villages étaient organisés autour de grandes maisons longues, qui pouvaient abriter plusieurs familles étendues. Chaque famille était dirigée par une matriarche, et la société iroquoise était matrilinéaire. Les femmes avaient un rôle central dans les décisions communautaires et le contrôle des terres. Ils étaient organisés en une confédération de plusieurs nations, appelée la Confédération des Cinq Nations (Mohawk, Onondaga, Oneida, Cayuga et Sénécas) puis des Six Nations après l'ajout des Tuscarora au XVIIe siècle). Chaque nation avait son propre gouvernement, mais ils se réunissaient régulièrement dans un conseil central pour prendre des décisions communes.

Miami.
Les Miami étaient une population agricole qui vivait principalement dans les régions autour des Grands Lacs, et dans les actuels États de l'Indiana, de l'Illinois, et de l'Ohio. Il cultivait le maïs, les haricots, les courges et d'autres plantes, tout en pratiquant la chasse, la pêche et la cueillette pour compléter leur alimentation. Ils étaient aussi connus pour leur artisanat, en particulier la fabrication de poteries et de vêtements. Les Miami vivaient dans des villages constitués de maisons rondes, généralement en forme de huttes couvertes de roseaux ou d'écorce, et organisées autour d'une place centrale pour les activités communautaires. Leur société était organisée de manière hiérarchique, avec un chef et un conseil de sages qui prenaient les décisions importantes. Les Miami avaient aussi des liens commerciaux étroits avec leurs voisins, notamment les Algonquins et les Iroquois.

Leni-Lenape (Delaware).
Les Leni-Lenape ou Delaware, population de  la région autour de la rivière Delaware, dans les actuels New Jersey, Delaware, Pennsylvanie et une partie du sud de New York, étaient principalement des chasseurs-cueilleurs, mais ils pratiquaient aussi l'agriculture. Ils cultivaient le maïs, les haricots et les courges, et se nourrissaient également de gibier comme le cerf, le castor et les oiseaux. Ils pêchaient dans les rivières et récoltaient des racines, des baies et d'autres plantes sauvages. Les Leni-Lenape vivaient dans des maisons longues, semblables à celles des Iroquois, mais aussi dans des huttes rondes en bois et en roseaux. Ils étaient organisés en clans matrilinéaires, et chaque village était dirigé par un chef, généralement un homme élu pour sa sagesse et son expérience. Ils avaient une organisation politique décentralisée mais fonctionnaient selon des conseils communautaires.

Shawnee.
Principalement installés dans les régions boisées du centre des États-Unis, autour des actuels États de l'Ohio, du Kentucky, du Tennessee et de la Virginie, les Shawnee étaient unune population semi-nomade. Ils cultivaient le maïs, les haricots et les courges, mais leur alimentation reposait également sur la chasse, en particulier le cerf, l'élan et le bison, et la pêche dans les rivières locales. Les Shawnee habitaient dans des villages composés de maisons couvertes de roseaux ou d'écorce. Ces maisons étaient ordinairement rondes ou ovales. En période de chasse ou de guerre, ils se regroupaient dans des camps temporaires. Les Shawnee étaient organisés en tribus ou clans, chacun ayant des responsabilités particulières dans la gestion des ressources et des affaires communautaires.

Les Grandes Plaines (Lakota, Cheyennes, Comanches, etc.)
Les populations  des Grandes Plaines, qui couvrent une vaste région centrale de l'Amérique du Nord (parties du Canada, des États-Unis et du Mexique actuels), étaient traditionnellement des chasseurs-cueilleurs, avec un mode de vie nomade. Le bison était au cÅ“ur de leur subsistance, leur fournissant nourriture, vêtements, outils et abris. Ils vivaient souvent dans des tipis, des habitations légères et transportables, adaptées à leurs déplacements fréquents. Avec l'arrivée du cheval, les populations des Plaines adaptèrent rapidement leur mode de vie pour devenir des cavaliers experts, facilitant la chasse au bison et la mobilité. Cette culture équestre unique, souvent symbolisée par la liberté et la bravoure, est devenue emblématique des Grandes Plaines. Les sociétés des Plaines avaient une vision religieuse de la chasse. Elles prcevaient  le bison comme un don sacré. Elles pratiquaient aussi des rituels tels que la danse du Soleil, qui impliquait des prières pour l'harmonie entre les humains et les forces naturelles. 
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Le bison dans la culture des Indiens des Plaines

Le bison occupe une place centrale dans la culture des populations autochtones des Grandes Plaines d'Amérique du Nord. Cet animal majestueux n'était pas seulement une source de nourriture, mais aussi un symbole religieux et un pilier culturel, représentant la vie, la force et le lien sacré entre les humains et la nature. 

Le bison est vénéré comme un animal sacré et est souvent associé à des concepts et des valeurs tels que l'abondance, la générosité, la force et l'endurance. Dans la cosmogonie de plusieurs populations des Plaines, le bison est un don des esprits pour nourrir et soutenir le peuple. Pour les Lakota, par exemple, l'apparition du Bison Blanc (ou Bison Calf Woman) est un élément central de la religion. Selon la légende, cette figure sacrée est apparue sous la forme d'un bison blanc, enseignant aux Lakota des pratiques religieuses fondamentales, dont la pipe sacrée et la prière au Grand Esprit. La pipe sacrée, aussi appelée chanunpa, est utilisée pour les cérémonies, et le bison y est associé comme symbole de prière, de paix et de gratitude.

Le bison était également un élément vital de la survie matérielle. Chaque partie de l'animal était utilisée, rien n'était gaspillé. La viande fournissait la nourriture principale, qu'elle soit consommée fraîche ou transformée en pemmican (mélange de viande séchée, de graisse et parfois de baies). La peau était utilisée pour fabriquer des vêtements, des tipis, des couvertures, et des boucliers. Les os servaient d'outils, de pointes de flèche et d'aiguilles. Les cornes et les sabots étaient transformés en ustensiles et en décorations.

La chasse au bison était une activité centrale, non seulement pour les ressources, mais aussi pour la cohésion sociale de la communauté. Cette chasse exigeait une organisation complexe et était précédée de rituels de prière et de purification, notamment la danse du soleil qui symbolisait la gratitude envers les esprits et préparait les chasseurs pour cette tâche sacrée. Les guerriers qui partaient en chasse suivaient des pratiques rituelles et parfois des jeûnes pour honorer l'esprit du bison et pour que la chasse se déroule avec succès et dans le respect. Des cérémonies spécifiques étaient dédiées au bison pour exprimer la gratitude et pour renforcer le lien spirituel avec cet animal. La danse du bison est l'une de ces cérémonies, qui avait pour but de prier pour le retour des troupeaux et pour remercier le bison de sa générosité. Les danses et les chants honoraient les esprits des bisons, et de telles cérémonies symbolisaient le cycle de vie et de mort.

Avec l'arrivée des colons européens et l'expansion vers l'ouest, le massacre des bisons a dévasté les populations des Plaines, tant animales qu'humaines, car le bison était indispensable à leur survie et leur identité culturelle. Les autorités américaines ont sciemment encouragé la destruction massive des bisons pour affaiblir les populations autochtones et les forcer à s'installer dans des réserves. Cependant, depuis la fin du XXe siècle, les populations des Plaines se sont engagées dans des programmes de restauration du bison, qui  continue aujourd'hui d'incarner la force et la survivance de la culture autochtone.

Niitsitapi (Blackfoot).
Les Niitsitapi ou Blackfoot étaient des semi-nomades qui habitaient dans les Plaines du nord (Montana, Alberta, Saskatchewan), et vivaient principalement de la chasse, notamment du bison, qui constituait la base de leur alimentation, de leurs vêtements, et de leurs abris (tipis). Ils suivaient les troupeaux de bisons dans les plaines et complétaient leur régime alimentaire par des plantes sauvages. Leurs vêtements étaient fabriqués en peau de bison, et ils excellaient dans l'artisanat des perles et des broderies. Ils étaient organisés en bandes nomades et se réunissaient lors des grands rassemblements annuels.

Absaroka (Crow).
Population des plaines du nord (Montana, Wyoming, Dakota du Nord), les Absaroka ou Crows étaient des chasseurs de bisons, et leur mode de vie était très influencé par leur mobilité. Ils pratiquaient aussi la pêche et la cueillette de baies et de racines. Avec l'introduction du cheval au XVIIe siècle, ils sont devenus d'excellents cavaliers, ce qui a facilité leurs déplacements et la chasse au bison. Ils vivaient dans des tipis décorés de symboles et de motifs sacrés, souvent peints avec des images de leurs visions ou d'exploits militaires. Les Absaroka étaient célèbres pour leur artisanat de perles colorées, et leurs coiffures élaborées, souvent de longues plumes.

Dakota (Sioux).
Les Dakota, population des plaines et forêts de l'ouest des Grands Lacs (Minnesota, Dakota du Sud, Dakota du Nord), avaient un mode de vie semi-nomade, avec une économie de subsistance basée sur la chasse, la pêche, et la cueillette. Ils chassaient principalement le bison dans les plaines, mais ceux qui vivaient plus à l'est pratiquaient également un peu d'agriculture et cueillaient des baies et des plantes sauvages. Les Dakota vivaient dans des tipis en peau de bison pour les déplacements, mais utilisaient aussi des habitations en écorce dans les régions boisées. Leur société était organisée en clans, et ils pratiquaient une culture de partage et de soutien mutuel. Ils avaient une riche tradition artisanale, incluant les vêtements en peau brodés et les bijoux en perles.

Cheyenne.
Les Cheyenne, étaient à l'origine semi-agriculteurs et semi-nomades, mais au cours des siècles, ils se sont déplacés vers les Grandes plaines centrales (actuels Wyoming, Colorado, Nebraska, Kansas) où ils se sont spécialisés dans la chasse au bison. Avec l'introduction du cheval, ils ont adapté leur mode de vie et sont devenus des chasseurs et guerriers émérites. Les Cheyenne vivaient dans des tipis faits de peaux de bison, facilitant la mobilité. Leur culture incluait des vêtements décorés de perles et de franges, et des accessoires de guerre ornés de plumes. Leur société était très organisée, avec un conseil de chefs et des sociétés guerrières qui jouaient un rôle important dans la communauté.

Arapaho.
Habitants des plaines centrales (actuels Colorado, Wyoming, Nebraska et Kansas), les Arapaho vivaient initialement comme chasseurs-cueilleurs. Avant l'introduction du cheval, ils menaient un mode de vie semi-nomade, se déplaçant à pied et utilisant des traîneaux en bois pour transporter leurs affaires. Ils vivaient dans des tipis faits de peaux de bison, ce qui facilitait leurs déplacements constants pour suivre les troupeaux. La société arapaho était structurée en clans ou en bandes, et ils avaient des sociétés guerrières qui jouaient un rôle central dans la défense et les traditions. Leur artisanat incluait des perles et des broderies en plumes et en cuir.

Osage.
Les Osages vivaient dans les vallées fluviales et forêts du Midwest, principalement dans les régions qui sont aujourd'hui le Missouri, l'Arkansas, et l'Oklahoma. Ils menaient un mode de vie mixte qui combinait l'agriculture, la chasse et la cueillette. Ils cultivaient le maïs, les haricots, et les courges dans les terres fertiles le long des rivières. La chasse, en particulier au bison et au cerf, complétait leur alimentation. Cela les menait à se déplacer en fonction des saisons de chasse. Ils habitaient dans des villages de maisons longues ou en écorce lorsqu'ils pratiquaient l'agriculture, mais construisaient aussi des tipis pour leurs camps saisonniers de chasse. La société osage était hiérarchisée et organisée en deux moitiés appelées « Terre » et « Ciel », qui structuraient leur système de clans et de mariages. Leur artisanat incluait des vêtements en peau et des ornements en perles et en plumes.

Comanche.
Les Comanches vivaient à l'origine dans les montagnes Rocheuses, mais il migrèrent vers les Plaines du sud (actuels Texas, Oklahoma, et Nouveau-Mexique) ensuite, devenant l'une des principales populations des Grandes Plaines. Il étaient initialement des chasseurs-cueilleurs, mais avec l'introduction du cheval au XVIIe siècle, ils devinrent des chasseurs de bisons et des guerriers nomades. Le bison leur fournissait nourriture, vêtements et abris. Ils vivaient dans des tipis en peau de bison, qui étaient pratiques pour leurs déplacements fréquents dans les Grandes Plaines. La société comanche était organisée en bandes ou en groupes familiaux, avec des chefs élus pour leur bravoure et leur capacité de chef de guerre. Les Comanches se signalaient également par leurs armes, leurs compétences équestres exceptionnelles,et leur artisanat en cuir et en perles.

Pawnee.
Les Pawnees vivaient principalement dans les actuels Nebraska et Kansas. Ils faisaient partie des peuples caddoan et étaient semi-nomades. Ils combinaient l'agriculture (notamment le maïs, les haricots et les courges) avec la chasse au bison, activité cruciale pour leur subsistance et leur culture. Les Pawnees avaient une société très hiérarchisée avec une religion dans laquelle les astres tenaient une place importante. Les rituels Pawnees était couramment liées aux cycles agricoles et aux changements de saisons. Ils vivaient dans des villages de huttes en terre pendant les saisons agricoles et se déplaçaient pour chasser le bison à d'autres moments de l'année. Les Pawnee ont été soumis à des conflits avec d'autres tribus et, plus tard, avec les colons européens. Leurs terres ont été progressivement réduites au fil du temps, et ils ont finalement été déplacés vers une réserve en Oklahoma.

Mandan.
Les Mandan vivaient le long de la rivière Missouri, dans ce qui est aujourd'hui le Dakota du Nord. Sédentaires et agriculteurs, ils cultivaient le maïs, le tabac, et les haricots. Ils vivaient dans de grands villages fortifiés et faisaient du commerce avec d'autres populations des Plaines et des marchands européens. La société mandan était organisée en clans et le village jouait un rôle central dans leur culture. Ils avaient des cérémonies religieuses élaborées, notamment la Danse du Bison. Les Mandan ont été en partie décimés par les épidémies de maladies introduites par les Européens, comme la variole. Au XIXe siècle, ils ont subi de nombreux déplacements, souvent en alliance avec les Hidatsa et les Arikara pour survivre.

Arikara.
Les Arikara vivaient principalement dans l'actuel Dakota du Nord et du Sud,. Ils étaient un peuple semi-sédentaire qui habitait dans des villages de maisons en terre et en bois, le long des rivières Missouri et Grand. Ils étaient apparentés aux autres peuples de la région, tels que les Mandan et les Hidatsa. C'était un peuple agricole et qui chassait et pêchait pour compléter son alimentation. Les Arikara étaient organisés en villages, chacun dirigé par un chef ou un conseil de chefs. Ils avaient une société matrilinéaire. Les Arikara étaient des artisans habiles qui fabriquaient des objets en bois, en pierre et en cuir. Ils étaient également des commerçants actifs qui échangeaient des biens avec d'autres peuples de la région.

Hidatsa.
Les Hidatsa  vivait principalement dans l'actuel Dakota du Nord,. Ils étaient semi-sédentaires et habitaient dans des villages de maisons en terre et en bois, le long des rivières Missouri et Knife.  Ils  étaient des agriculteurs et également des chasseurs et des pêcheurs Ils étaient reconnus pour leur expertise dans la fabrication de canoës et de filets de pêche. Les Hidatsa étaient organisés en villages, chacun dirigé par un chef ou un conseil de chefs. Ils avaient une société matrilinéaire.Les Hidatsa avaient des relations commerciales et culturelles avec d'autres peuples amérindiens de la région, tels que les Mandan et les Arikara. Vers 1500, les Hidatsa étaient une société prospère et stable, avec une population estimée à environ 2 000 à 3 000 personnes. 

Le Sud-Est.
Les populations du du Sud-Est vivaient dans des terres fertiles et pratiquaient une agriculture intensive, cultivant les "trois soeurs", ainsi que tabac et tournesol. Ils vivaient dans des villages permanents, fréquemment entourés de palissades défensives, et construisaient des maisons en torchis. Ces populations, à l'instar des Cherokees, des Creeks et des Choctaws, avaient des systèmes politiques complexes avec des conseils de clans, des chefs de guerre et de paix, et une organisation matrilinéaire. Le conseil prenait des décisions collectives, ordinairement lors de cérémonies rituelles, comme par exemple la cérémonie du maïs vert), qui célébrait la récolte et incluait des rituels de purification pour renouveler la communauté et garantir une bonne saison agricole.

Natchez.
Les Natchez étaient une population sédentaire de la vallée du fleuve Mississippi, principalement dans l'actuel Etat du Mississippi. Ils vivaient d'une agriculture intensive, cultivant principalement du maïs, des haricots, des courges et du tournesol. La chasse (cerfs, oiseaux) et la pêche complétaient leur alimentation. Ils pratiquaient également le commerce avec des populations voisines, échangeant des biens comme des poteries, des outils et des produits agricoles. Ils habitaient dans des villages fortifiés et construisaient des monticules en terre, utilisés pour des cérémonies religieuses et pour l'habitat des élites. Les maisons étaient généralement faites de bois et de torchis, avec des toits en chaume. La société natchez était hiérarchique et structurée, avec une élite dirigeante et des classes sociales strictement définies. Le "Grand Soleil" était le chef suprême, considéré comme d'origine divine.

Cherokee.
Population des Appalaches et régions environnantes (actuels États de Caroline du Nord, Caroline du Sud, Tennessee, et Géorgie), les Cherokee vivaient principalement d'agriculture, cultivant le maïs, les haricots et les courges. Ils complétaient leur alimentation avec la chasse au cerf et au dindon, ainsi que la pêche. Ils étaient également engagés dans le commerce avec d'autres populations. Les Cherokee vivaient dans des villages permanents composés de maisons en bois et torchis, avec des toits en écorce ou en chaume. La société cherokee était divisée en clans matrilinéaires, et chaque village avait un conseil qui prenait les décisions collectives. Ils possédaient une structure politique bien développée, avec des chefs de guerre et de paix.

Muskogee (Creek).
Les Muskogee ou Creek vivaient dans Sud-est des États-Unis (actuels Alabama, Géorgie, Floride, et Caroline du Sud). Ils étaient aussi des agriculteurs, cultivant le maïs, les courges, les haricots, ainsi que du tabac et des melons. La chasse (cerfs, ours, petits animaux) et la pêche étaient importantes pour leur alimentation. Ils vivaient également du commerce de biens avec d'autres populations autochtones et plus tard avec les colons européens. Les Muskogee habitaient dans des villages organisés autour d'une place centrale où se trouvaient souvent des temples et des structures cérémonielles. Leurs maisons étaient faites de bois, de paille et de boue. La société était organisée en clans matrilinéaires, avec des conseils de village et des chefs pour la guerre et la paix. Ils étaient fédérés en une confédération flexible, appelée la Confédération Muskogee ou Confédération Creek.

• Les Séminoles faisaient partie de la grande famille des peuples muscogéens. Vers 1500, ils n'avaient pas encore émergé en tant que groupe distinct. Leurs ancêtres vivaient parmi les populations Creeks dans les régions de l'Alabama et de la Géorgie. Ils  pratiquaient l'agriculture (maïs, courge, haricot), la chasse et la pêche dans un environnement subtropical. Leur mode de vie était sédentaire, avec des villages permanents où ils vivaient dans des maisons ouvertes, adaptées au climat chaud. Leur société était organisée en clans matrilinéaires et fortement structurée. C'est au XVIIIe siècle que les Séminoles se formeront en Floride à partir de migrations Creek, fuyant la pression des colons européens et d'autres tribus.

• Les Choctaws étaient un autre peuple muscogéen. Ils vivaient dans le
sud-est de la vallée du Mississippi et formaient une société sédentaire et agricole, cultivant du maïs, des haricots et des courges, avec un système complexe de villages et de structures sociales. Comme les autres populations du sud-est, ils pratiquaient le jeu de balle (qui ressemblait au lacrosse) et avaient des cérémonies rituelles, dont la Green Corn Ceremony, une célébration importante des récoltes et du renouveau spirituel. Les villages étaient composés de maisons en bois et en torchis, souvent regroupées autour d'une place centrale. Leur culture et leurs coutumes leur donnaient une identité forte qui les distinguait des autres peuples voisins.

Calusa.
Les Calusa, population des côtes et îles du sud-ouest de la Floride étaient surtout pêcheurs, tirant leur subsistance des eaux riches en poissons, crustacés et coquillages. Ils ne pratiquaient presque pas l'agriculture. Leur environnement côtier et insulaire les exposait à des contacts fréquents avec d'autres population, et ils étaient connus pour leurs habiletés maritimes. Les Calusa construisaient des villages sur des monticules de coquillages et d'autres débris, appelés middens, pour élever leurs habitations au-dessus du niveau de l'eau. Ils utilisaient des canoës en bois pour le transport et la pêche. Leur société était hiérarchisée et dirigée par des chefs puissants qui organisaient le commerce et les échanges. L'artisanat des Calusa produisait notamment des sculptures en bois (pouvant avoir une vocation religieuse) et des outils en coquillage.

Le Sud-Ouest.
Les populations du Sud-Ouest vivaient (et vivent toujours) dans des environnements arides. Les Pueblos et les Havasupaï construisaient des maisons en adobe à plusieurs étages, tandis que les Navajos et Apaches vivaient dans des structures plus simples et semi-nomades.  Les Pueblos pratiquaient une agriculture avancée avec des systèmes d'irrigation élaborés pour cultiver le maïs, les haricots et la courge dans le désert. Les Navajos et Apaches combinaient agriculture et cueillette, et chasse de gibier local. Le populations du Sud-Ouest pratiquaient des rituels religieux variés, comme les danses Kachina des Hopis, où les danseurs représentent des esprits bienveillants. Elles excellaient aussi dans l'art, et ont créé de poteries finement décorées et des bijoux en argent et en turquoise.

Havasupai.
La population Havasupai vivait dans la région du Grand Canyon, dans l'actuel État de l'Arizona, plus précisément dans la vallée de Supai, au fond du Grand Canyon. Les Havasupai étaient principalement des agriculteurs et des chasseurs-cueilleurs. Ils cultivaient le maïs, les haricots, les courges, ainsi que d'autres légumes et plantes, grâce aux sources d'eau qui alimentaient leur vallée. La chasse, notamment au cerf, à l'antilope et au bison, complétait leur régime alimentaire. La pêche était également une source de nourriture dans les ruisseaux du canyon. Les  Havasupai vivait dans des maisons en adobe ou en matériaux naturels locaux comme la pierre et le bois. Leur mode de vie était semi-sédentaire, bien qu'ils aient dû parfois se déplacer à cause des conditions climatiques extrêmes et de l'isolement du canyon. Ils  organisés autour de la famille, avec des chefs désignés pour guider le groupe.

Pueblo.
Les Pueblos (Tañoans, Keresans, Hopi, Zuñi)  vivaient principalement dans les actuels New Mexico, Arizona et Colorado. Leur territoire comprenait des zones comme la vallée du Rio Grande et les mesas du Colorado. C'étaient des agriculteurs sédentaires, qui cultivaient principalement le maïs, les haricots, les courges et d'autres plantes. Ils ont développé des techniques d'irrigation sophistiquées pour cultiver des cultures dans le sol aride du désert. La chasse et la cueillette complétaient leur alimentation. Leurs villages étaient généralement situés sur des terrasses ou des mesas pour des raisons sécuritaires. Les Pueblos construisaient des maisons en adobe et en pierre. Elles avaient parfois en plusieurs étages et étaient accessibles par des échelles. Ces maisons étaient regroupées en villages fortifiés, où les gens vivaient en communautés organisées. La structure sociale était organisée autour des clans et des cercles religieux. Les Pueblos pratiquaient une forme de gouvernance communautaire dans laquelle les chefs de clans jouaient un rôle de leadership important.

• Les Hopi vivent principalement dans le nord-est de l'Arizona, dans des villages perchés sur les mesas du désert. Sédentaires et agriculteurs, ils  cultivaient le maïs, les haricots, les courges et le coton, malgré les conditions climatiques arides. Ils maîtrisaient des techniques agricoles avancées. Les Hopi pratiquent des rituels et des cérémonies comme les danses des Kachinas, des esprits de la nature qu'ils invoquent pour assurer des récoltes abondantes. Ils sont organisés en clans.

• Les Zuñi sont originaires de la région de l'actuel Nouveau-Mexique. Comme les Hopi, ils sont agriculteurs. Ils cultivent le maïs, les courges et les haricots, et vivent dans des villages en adobe. Les Zuñi pratiquent une religion riche en cérémonies, et leurs rituels comportent des danses et des célébrations pour invoquer la pluie et de bonnes récoltes. Ils croient en des esprits protecteurs et ont des mythes sur l'origine du monde. Comme les Hopi, iIls sont restés relativement isolés, ce qui leur a permis de conserver une grande partie de leurs traditions.

Apache et Navajo.
Les Apaches et les Navajos ont même origine. Ce sont des populations atabaskhanes (Na-Déné) venues de l'Ouest du Canada, sans doute  peu avant l'arrivée des Européens. Les Navajos étaient autrefois une simple groupe apache, dont ils n'ont commencé à être distingués qu'à partir du XVIIe siècle.
 â€¢ Les Apaches occupaient un large territoire, dans le Nouveau-Mexique, l'Arizona, le Texas et le nord du Mexique. Contrairement aux autres groupes de la région, les Apaches étaient principalement des chasseurs-cueilleurs et semi-nomades. Ils suivaient les troupeaux de bétail sauvage, comme le bison, et chassaient des animaux comme le cerf et l'antilope. Ils cultivaient aussi du maïs et d'autres cultures, mais l'agriculture était secondaire par rapport à la chasse. Ils se signalaient par leur grande mobilité et leurs compétences dans la guerre et la chasse. Les Apaches vivaient dans des habitations temporaires appelées wikiups, faites de branches, de roseaux et de peaux d'animaux. Leur vie était marquée par des déplacements fréquents, en particulier pendant les saisons de chasse et de guerre. Leur organisation sociale était basée sur des bandes, chacune dirigée par un chef. La structure sociale était plus décentralisée que celle des autres populations du sud-ouest.

• Les Navajos vivaient dans la région qui comprend les actuels États de l'Arizona, du Nouveau-Mexique, et de l'Utah. Comme les autres Apaches, à l'arrivée des Européens, ils étaient un peuple semi-nomade. Ilss pratiquaient aussi déjà l'élevage en plus de l'agriculture. Ils cultivaient le maïs, les haricots et les courges. L'élevage de bétail, notamment de moutons, est devenu plus important après l'arrivée des Européens. Les Navajos étaient également des chasseurs et des cueilleurs, utilisant les ressources naturelles de leur environnement désertique. Les Navajos construisaient des habitations appelées hogans, des structures en bois couvertes de terre ou de boue, qui étaient adaptées aux conditions climatiques rigoureuses de la région. Leur organisation sociale était axée sur les clans, chaque clan ayant des rôles et des responsabilités spécifiques. Ils avaient une structure familiale matrilinéaire, et les décisions importantes étaient souvent prises par des conseils familiaux ou de clan.

Le Grand Bassin.
Le Grand Bassin, qui comprend des régions de l'Utah, du Nevada et des parties de l'Oregon et de la Californie, est une région aride et montagneuse. Les populations autochtones y vivaient dans des conditions assez austères. C'étaient des chasseurs-cueilleurs, qui avaient adapté leur mode de vie aux ressources limitées de leur environnement. Leur alimentation reposait sur la cueillette de plantes, de racines, de graines et de petits animaux. Les groupes du Grand Bassin étaient généralement semi-nomades et avaient des structures sociales plus petites et flexibles pour s'adapter à la rareté des ressources.

Shoshone.
Les Shoshone vivaient dans le Grand Bassin (Nevada, Utah), et plus tard dans les montagnes Rocheuses (Wyoming, Idaho). Ils avaient un mode de vie diversifié, basé chez ceux du Grand Bassin, sur la chasse, la pêche et la cueillette. Ils chassaient le gibier, comme les cerfs et les antilopes, et pêchaient dans les lacs et rivières. Avec l'introduction du cheval au XVIIe siècle, certains groupes shoshones des montagnes Rocheuses sont devenus des chasseurs de bisons dans les plaines. Ils vivaient dans des huttes en paille et en bois, adaptées aux hivers froids et aux étés chauds de leur région. Les Shoshones utilisaient des tipis lors de leurs déplacements saisonniers. Ils étaient habiles dans l'artisanat des paniers, indispensables pour stocker les graines et plantes sauvages qu'ils récoltaient. Ils vivaient en petites bandes familiales et pratiquaient un système d'échange avec les groupes voisins.

Ute.
Les Utes, qui vivaient dans le Grand bassin et dans les Rocheuses (Colorado, Utah),  étaient des chasseurs-cueilleurs. Leur alimentation était basée sur la chasse aux grands et petits gibiers, comme les cerfs et les lapins, ainsi que la cueillette de racines, de graines et de baies. Certains groupes pratiquaient aussi un peu d'agriculture, cultivant le maïs et d'autres plantes dans des zones plus fertiles. Les Utes construisaient des huttes semi-permanentes en écorce et en bois, et en peaux pour les périodes de chasse. Ils étaient organisés en petites bandes familiales autonomes, mais se regroupaient pour certaines cérémonies et pour la chasse. Les Utes étaient également des artisans de paniers et fabriquaient des vêtements en peau de cerf décorés de perles.

Paiute.
 Population vivant principalement dans les zones arides Grand Bassin (Nevada, Utah, sud-est de la Californie), les Paiutes étaient des chasseurs-cueilleurs. Leur alimentation dépendait des ressources locales : ils chassaient de petits animaux (lièvres, marmottes) et pêchaient dans les rivières et lacs saisonniers. Ils cueillaient aussi des graines, des racines et des noix de pin, en les conservant pour les périodes de disette.  Les Paiutes construisaient des habitations temporaires en bois et en paille, comme des huttes en forme de dôme, bien adaptées à leur mode de vie nomade. Leur artisanat comprenait des paniers utilisés pour le transport et la collecte de nourriture. Ils étaient organisés en petites bandes familiales, qui se déplaçaient pour suivre les ressources saisonnières.

Le Plateau.
On donne le nom de Plateau à une région qui comprend les plateaux entre les montagnes Rocheuses et la chaîne des Cascades (parties de l'Idaho, de l'Oregon, de Washington et du Canada). Cette région était également habité par des populations dont les moyens de subsistance dépendaient principalement de la pêche, en particulier du saumon, qui migrait en grande quantité dans les rivières de la région. Ils complétaient leur alimentation avec la cueillette et la chasse. Les habitants du Plateau avaient des villages semi-permanents et des maisons en terre ou en bois, adaptées à un mode de vie moins nomade.

Nimi’ipuu (Nez Percé).
Implantés dans le Plateau du nord-ouest des États-Unis (Idaho, Oregon, Washington), les Nimi’ipuu ou Nez Percé étaient semi-nomades et vivaient principalement de la chasse (notamment au cerf et à l'orignal) et de la pêche au saumon. Après l'introduction du cheval, leur mode de vie a évolué vers une culture de chasse au bison dans les grandes plaines. Ils se déplaçaient selon les saisons pour chasser et cueillir des plantes comestibles. Ils vivaient dans des habitations temporaires, telles que des tipis et des huttes, qui facilitaient leurs déplacements saisonniers. Ils utilisaient des canoës pour la pêche et le transport le long des rivières. Leur artisanat incluait des objets en peau et des perles, et ils fabriquaient des outils en pierre et en os.

Yakima (Yakama).
Les Yakima vivaient dans la région du plateau du Columbia, dans l'actuel État de Washington, près des rivières Yakima et Columbia. Ils  étaient semi-nomades et dépendaient de la pêche, de la chasse et de la cueillette. La pêche au saumon dans le fleuve Columbia et ses affluents constituait une partie essentielle de leur alimentation, complétée par la chasse aux cerfs, aux élans et par la cueillette de baies et de racines comestibles. Ils habitaient dans des maisons semi-souterraines en hiver, faites de bois et de terre, ce qui les protégeait du froid. En été, ils construisaient des abris temporaires en écorce et en roseaux. Les Yakima excellaient dans la vannerie et la fabrication de paniers, qui servaient pour le transport et le stockage des aliments.

Salish (Flathead).
Les Salish ou Flathead menaient, dans les vallées et montagnes du nord-ouest du Montana, dans la région du Plateau du Columbia où ils étaient installés, un mode de vie semi-nomade basé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Ils chassaient les cerfs, les wapitis et, dans les plaines, les bisons, qu'ils suivaient parfois à cheval (après l'introduction du cheval au XVIIe siècle). La pêche et la cueillette de racines, de baies et de graines complétaient leur alimentation. Ils vivaient dans des huttes et des tipis faits de bois, d'écorce et de peaux, selon la saison et leurs déplacements. Leur société était structurée en petites communautés, habituellement dirigées par des chefs choisis pour leur sagesse. Leur artisanat incluait des paniers, des perles et des vêtements en peau de bison et de cerf.

Kutenai.
Les Kutenai (ou Kootenai) vivaient dans les  Rocheuses, à la frontière de l'actuelle Colombie-Britannique (Canada), du Montana et de l'Idaho (États-Unis). Cette population, qui parle une langue isolée, vivait dans un environnement forestier et montagnard où la chasse (au cerf, au wapiti et au caribou) et la pêche (surtout dans les rivières et les lacs) constituaient leurs principales activités de subsistance. Les Kutenai pratiquaient aussi la cueillette de plantes et de baies. Leurs habitations étaient des huttes et des abris temporaires, adaptés aux changements saisonniers et aux migrations pour la chasse et la pêche. Leur société était semi-nomade, mais ils entretenaient des relations commerciales avec les populations des Plaines et celles de la côte nord-ouest.

La côte Nord-Ouest.
Les populations de la côte nord-ouest vivaient de la pêche, notamment du saumon, et de la chasse maritime (baleines, phoques). Le climat tempéré de la région et la mer riche en ressources permettaient de nourrir une population relativement dense. Ces sociétés étaient organisées de manière hiérarchique et divisées en clans. Elles pratiquaient le potlatch, une cérémonie de partage et de redistribution des biens, qui visait à affirmer le prestige et la générosité d'un chef. Ces populations sont connues aussi pour leurs totems sculptés en bois, qui représentaient des ancêtres, des animaux mythiques et des esprits protecteurs. 
 

La tradition du potlatch

Le potlatch est une tradition cérémonielle et sociale des populations autochtones de la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord, notamment les Haïdas, Tlingits, Kwakwaka'wakw, et les Nuu-chah-nulth. Pratiqué principalement en Colombie-Britannique et en Alaska, le potlatch est une fête au cours de laquelle le chef ou un membre influent d'une famille hôte ou d'un clan donne des biens, tels que des couvertures, des boucliers en cuivre, des masques sculptés et d'autres objets de valeur, à leurs invités. Les cadeaux sont généralement de grande valeur et visent à démontrer la richesse et le statut de l'hôte. Les invités sont censés rendre des cadeaux de valeur égale ou supérieure lors d'un futur potlatch. Cela crée un cycle de dons et renforce les liens sociaux entre les familles et les clans. Les potlatchs impliquent un élément de concurrence, où les familles ou les clans essaient de surpasser les autres en termes de valeur et de quantité de cadeaux donnés. Les potlatchs s'accompagnent  de grands festins, avec une abondance de nourriture, notamment des fruits de mer, des viandes de gibier et d'autres plats traditionnels, ainsiq que des récits, des chants et des danses, qui aident à transmettre les traditions.

Au coeur du potlatch, il y a donc l'idée de distribution des ressources. En partageant ses biens, l'hôte prouve son statut et sa générosité. Les dons peuvent consister en objets artisanaux, couvertures,  bijoux,  aliments (et plus récemment, objets manufacturés modernes). Par le potlatch l'hôte démontre sa richesse et son importance et vise à renforcer ou  rehausser encore davantage  son statut social. Plus il distribue, plus il est respecté. Dans certaines populations, l'ampleur du potlatch peut effectivent déterminer l'ascension d'un individu au sein de la hiérarchie sociale. Les cadeaux échangés lors du potlatch peuvent aussi être essentiellement symboliques et représenter  des mariages ou des accords commerciaux. Ils servent alors à cimenter des alliances entre clans ou familles et à maintenir l'harmonie au sein de la communauté. Le potlatch est par ailleurs une occasion de transmettre les histoires et traditions orales. Des danses, chants et récits véhiculant les mythes et les valeurs ancestrales sont couramment intégrés dans la cérémonie. Ces performances rappellent aux participants leur histoire commune et leurs responsabilités envers leur culture.

Durant la colonisation, le gouvernement canadien a cherché à supprimer le potlatch, le considérant comme contraire aux valeurs occidentales de capitalisme et d'accumulation personnelle. En 1884, une loi en Colombie-Britannique a rendu illégal le potlatch, dans un effort pour assimiler les peuples autochtones et abolir leurs traditions. De nombreux chefs et membres des communautés ont été arrêtés pour avoir continué à organiser des potlatchs en secret. Ce n'est qu'en 1951 que le potlatch a été de nouveau autorisé au Canada, après l'abrogation des lois qui le criminalisaient. Depuis lors, il a fait l'objet d'une renaissance. Il est désormais vu non seulement comme une fête traditionnelle, mais comme un acte de résistance et de réappropriation culturelle.
Symbolisme et valeurs du potlatch

Haïda.
Les Haïda sont originaires de la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord, sur les îles de la Reine-Charlotte (Haida Gwaii) en Colombie-Britannique, au Canada, et dans le sud-est de l'Alaska. Cette population maritime dépendait de la pêche (notamment du saumon et du flétan) et de la chasse, en particulier aux mammifères marins. Ils excellaient dans l'art de la sculpture sur bois, créant des totems, des masques et des canoës. La société haïda était hiérarchisée et, structurée en clans matrilinéaires. Les Haïda, comme beaucoup d'autres populations autochones,  ont souffert de l'arrivée des colons européens et des épidémies qui les décimés. Néanmoins, ils ont réussi à préserver une grande partie de leur patrimoine culturel.

Tlingit.
Les Tlingit (côte sud-est de l'Alaska et îles proches) avaient une économie mixte basée sur les ressources marines et terrestres. Ils vivaient principalement de la pêche, en particulier du saumon, et de la chasse aux mammifères marins, mais ils chassaient aussi le cerf, l'ours, et d'autres animaux terrestres. Ils habitaient dans des maisons en bois appelées « maisons longues », fréquemment décorées de sculptures et de totems représentant des esprits animaux et les lignées familiales. La société tlingit était organisée en clans et en lignées matrilinéaires, avec des pratiques culturelles  telles que le potlatch.

Nuxalk (Bella Coola).
Installés le long de la côte centrale de la Colombie-Britannique, au Canada, les Nuxalk ou Bella Coola vivaient de la pêche (principalement du saumon), de la chasse aux mammifères marins, et de la cueillette de baies et de racines. Ils profitaient des ressources abondantes de la côte et des rivières environnantes, ce qui soutenait une vie semi-sédentaire. Ils habitaient dans des maisons longues en bois de cèdre, regroupées en villages permanents près de l'eau. Leur culture comprenait un artisanat complexe, notamment dans la sculpture de masques, de totems, et de poteries. Le potlatch, une cérémonie où l'on offrait des cadeaux et des festivités pour marquer des événements importants, jouait un rôle central dans leur société.

Kwakiutl (Kwakwaka'wakw).
Les Kwakiutl dépendaient principalement de la pêche, notamment du saumon et du hareng, et pratiquaient aussi la chasse aux mammifères marins et terrestres. La cueillette de fruits, de racines, et de plantes complétait leur alimentation. Ils habitaient dans de grandes maisons en bois de cèdre, décorées de sculptures représentant des symboles totémiques. Ils fabriquaient des totems, des masques de cérémonie et autres objets décoratifs en bois. Leur société était hiérarchisée, avec des rôles sociaux bien définis. Le potlatch était central dans leur culture, une cérémonie où la redistribution des richesses, les récits de lignées et les rites d'initiation étaient célébrés.

Coos.
Les Coos vivaient sur la côte sud de l'Orégon,  principalement de la pêche, de la chasse, et de la cueillette de coquillages, de baies, et d'autres plantes côtières. La pêche au saumon et d'autres poissons était au centre de leur subsistance, et ils se déplaçaient parfois selon les saisons pour exploiter diverses ressources. Les Coos construisaient  des habitations en bois ou en écorce, généralement près des rivières ou des estuaires. Leur artisanat comprenait le tissage et la vannerie, et ils fabriquaient des outils en bois, en os, et en pierre.

La Californie.
La Californie abritait plus d'une centaine de tribus parlant des langues variées. Les populations vivaient de la pêche, de la chasse, et de la collecte de glands, une source alimentaire de base, et parfois aussi de l'agriculture. Elles avaient des villages semi-permanents, avec des maisons de branchages. On y note une utilisation de techniques de gestion des forêts et prairies pour stimuler la croissance des plantes utiles. La Californie était riche en traditions sreligieuses et cérémonielles. Les mythes et rites avaient fréquemmment des liens étroits avec les cycles saisonniers.

Pomo.
Les Pomo vivaient  sur la côte nord et et dans les vallées du nord de la Californie (actuels comtés de Mendocino et Sonoma), dans un environnement riche en ressources naturelles. Leur mode de vie reposait donc sur la chasse, la pêche et la cueillette. Ils collectaient des noix de chêne, des graines et d'autres plantes, et pratiquaient aussi la pêche dans les rivières et la chasse aux petits mammifères et oiseaux. Les Pomo habitaient dans des maisons en bois et en herbes tressées. Ils étaient renommés pour leur artisanat de paniers exceptionnellement complexe et beau, souvent décoré avec des plumes, des coquillages et des perles. Ils vivaient en groupes familiaux et villages, chaque communauté ayant ses propres ressources et réseaux commerciaux.

Chumash.
Les Chumash vivaient dans un environnement côtier (côte sud de la Californie,  îles du Canal et terres de l'actuelle région de Santa Barbara) et se spécialisaient dans la pêche et la récolte de fruits de mer (comme les coquillages et poissons), ainsi que la chasse de petits mammifères et la collecte de glands, de baies et de graines. Ils fabriquaient des canoës en bois, appelés tomols, qui leur permettaient de naviguer entre les îles et le continent, facilitant le commerce et la pêche. Les Chumash habitaient dans des maisons en forme de dôme construites en bois et en roseaux. Leur artisanat comprenait des paniers tissés avec soin, des perles fabriquées à partir de coquillages, qui servaient aussi de monnaie. La société chumash était hiérarchisée, avec des chefs qui guidaient les villages et organisaient des échanges commerciaux.

Yokuts.
Les Yokuts, population de la vallée centrale de la Californie (notamment dela vallée de San Joaquin), étaient des chasseurs-cueilleurs qui exploitaient notamment les noix de chêne, qu'ils transformaient en farine, ainsi que les poissons et les animaux aquatiques des rivières. Ils chassaient également les cerfs, les oiseaux et les petits animaux. Ils pratiquaient la cueillette de diverses plantes sauvages pour compléter leur alimentation. Les Yokuts habitaient dans des villages semi-permanents et construisaient des huttes en paille et en bois. Ils excellaient dans la vannerie et produisaient des paniers décorés avec des motifs élaborés. Leur société était organisée en groupes familiaux et villages, avec une structure sociale plus souple que celle des Chumash.

Mi-Wok.
Les Mi-Wok vivaient en Californie centrale, répartis entre plusieurs groupes (les Mi-Wok de la Sierra, dans les montagnes de la Sierra Nevada, et ceux de la région de la baie de San Francisco). Ils avaient une culture basée sur la cueillette (surtout des glands qu'ils transformaient en farine), la chasse (cerfs, petits animaux) et la pêche. Les Mi-Wok vivaient dans des villages constitués de maisons semi-souterraines et de huttes en écorce, bien adaptées au climat. Leur culture sociale comportait des pratiques religieuses  liées notamment aux cycles saisonniers.

La région arctique et subarctique (Inuits, Yupiks, Dénés).
Les populations de la région subarctiques vivaient de la chasse (Caribou,orignal, castor, etc.) et de la cueillette. Certaines populations vivant au Nord des Grandes Plaines chassaient aussi le bison. Celles de l'Arctique, soumises à des condition plus extrêmes, chassaient les mammifères marins (phoques, morses). Toutes étaient semi-nomades. Elles habitaient dans des huttes ou des tentes en peau. Celles de l'Arctique construisaient des igloos. 

Inuit.
Les Inuits du Canada, de Alaska et du Groenland étaient des chasseurs-cueilleurs spécialisés dans la chasse de mammifères marins comme le phoque, la baleine et le morse, et, sur la terre ferme, du caribou. Leurs habitations comprenaient des igloos pour les mois d'hiver et des tentes en peaux durant l'été. Leur culture comprenait l'artisanat des vêtements de peau, les outils de chasse, et une riche tradition orale, ainsi que des chants et danses.

Yupik.
Les Yupik (ou Yupiit) sont une population inuit vivant dans les régions arctiques de l'Alaska occidental et en Sibérie orientale. En raison de leur environnement extrême, ils dépendaient principalement de la chasse aux mammifères marins (comme les phoques, morses, et baleines) pour leur nourriture, leurs vêtements, et leurs matériaux. Les Yupik utilisaient des kayaks pour la chasse et fabriquaient des habitations d'hiver semi-souterraines appelées quasi pour se protéger des températures glaciales. Ils pratiquaient des rituels et cérémonies en l'honneur des esprits de la nature et des animaux marins qu'ils chassaient.

Kutchin (Gwich'in).
Les Kutchin , ou Gwich'in, population de la région subarctique (Alaska, nord-ouest du Canada) étaient semi-nomades et vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette, avec une forte dépendance aux caribous et autres animaux des régions forestières. Ils habitaient dans des huttes temporaires construites en peaux et en bois pour pouvoir suivre le gibier saisonnier. Les familles élargies vivaient ensemble et se déplaçaient selon les migrations animales et les saisons.

Dane-zaa (Beaver).
Population subarctique, des les régions qui sont aujourd'hui le nord de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, Canada, les Dane-zaa ou Beaver étaient semi-nomades. Ils  se déplaçaient selon les saisons pour chasser, pêcher et cueillir. Leur alimentation dépendait principalement du gros gibier, comme le caribou et l'orignal, et ils complétaient avec du poisson et des plantes locales. Ils utilisaient des huttes ou des abris faits de bois et de peaux. Comme de nombreuses populations subarctiques, ils utilisaient des canoës pour se déplacer sur les rivières et transportaient leurs biens avec des traîneaux en hiver.

Déné. 
Les Déné (ou Athabascans) occupaient un vaste territoire dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord, englobant l'Alaska et une grande partie du Canada. Cette population de langue athapascane vivait dans un environnement subarctique et boréal et menait une vie semi-nomade, dépendant largement de la chasse (surtout le caribou, le wapiti et le castor), de la pêche et de la cueillette. Ils habitaient dans des camps temporaires faits de tentes en peau, qu'ils déplaçaient en fonction des migrations des animaux. Les Déné possédaient une culture riche, caractérisée par des croyances animistes et des pratiques chamaniques qui honoraient les esprits de la nature et des animaux. Leurs réseaux de commerce s'étendaient sur de vastes distances, reliant les peuples de l'intérieur aux communautés côtières.

Cri (Cree).
Les Cri ou Cree occupaient un vaste espace allant des Plaines canadiennes (prairies) jusqu'aux forêts de l'est du Canada. Selon les régions, les Cris étaient soit des chasseurs-cueilleurs vivant dans les forêts (Cris des forêts), soit des chasseurs de bisons des grandes plaines (Cris des plaines). Les Cris des forêts vivaient dans des wigwams (huttes en écorce et en peau), tandis que ceux des plaines utilisaient des tipis pour leur mobilité. Ils fabriquaient des vêtements en peaux et avaient une riche tradition artistique dans les perles et la broderie.

Les premiers contacts européens et leurs conséquences

Les premiers contacts entre les peuples autochtones d'Amérique du Nord et les Européens, entre 1492 et 1700, ont initié une période de bouleversements profonds pour les sociétés indigènes, modifiant radicalement leur mode de vie, leur structure sociale, et leur environnement. 

Les premiers contacts.
Bien avant Christophe Colomb, les Vikings avaient établi des colonies temporaires au Groenland et peut-être sur les côtes nord-est de l'Amérique du Nord, notamment à L'Anse aux Meadows (aujourd'hui Terre-Neuve). Ces premiers contacts n'ont cependant pas laissé de traces durables dans les cultures autochtones. Tout a été différent lorsque les Espagnols, avec Christophe Colomb en 1492, puis avec des expéditions dans les Caraïbes et le sud-est de l'Amérique du Nord (comme celle de Hernando de Soto), ont été parmi les premiers Européens à entrer en contact avec des populations comme les Timucuas, les Apalaches et les Natchez. Leur objectif principal était la recherche d'or et de ressources, et les contacts ont souvent été brutaux. Les Français, qui ont exploré les régions du Canada actuel avec des figures comme Jacques Cartier et Samuel de Champlain, ont établi des liens avec les Iroquois, les Hurons et les Algonquins. De même, les Anglais, avec des colonies comme celle de Jamestown (1607), ont rencontré les Powhatans en Virginie. Ces premiers contacts étaient généralement des échanges commerciaux, mais ils pouvaient aussi être des sources de tensions.

Les échanges commerciaux et la traite de la fourrure.
Les Français et les Hollandais ont initié un commerce des fourrures qui a profondément transformé les sociétés autochtones, surtout dans les régions du Canada et du nord des États-Unis. Les fourrures de castor étaient très prisées en Europe, et les populations autochtones comme les Hurons et les Algonquins se sont impliqués activement dans ce commerce. Celui-ci a introduit de nouveaux biens européens, comme les armes à feu, les outils métalliques et les textiles, qui ont modifié les économies locales. Ces biens ont renforcé la position de certaines tribus, mais ont également intensifié les rivalités entre groupes, notamment entre Algonquins et Iroquois,  pour le contrôle des routes commerciales.  Les Iroquois, en particulier, ont profité des armes obtenues par le commerce avec les Anglais et les Hollandais pour lancer des raids contre d'autres peuples, notamment dans le cadre des Guerres des Castors (1640-1701).

La propagation des maladies.
Les Européens ont apporté avec eux des maladies inconnues des populations autochtones, comme la variole, la rougeole, la grippe et même la peste. Ces maladies, contre lesquelles les populations indigènes n'avaient aucune immunité, ont provoqué des épidémies massives qui ont décimé jusqu'à 90 % de certaines populations en quelques décennies. Cette mortalité massive due aux épidémies a désorganisé de nombreuses sociétés,  leurs structures sociales, et souvent affaibli leur capacité de résistance face aux Européens. Ce déclin démographique a également provoqué la réorganisation de certains groupes, certains fusionnant pour survivre et d'autres se dispersant pour échapper aux épidémies. Certains groupes se sont aussi  déplacés vers de nouvelles terres pour échapper aux conflits ou aux pressions des Européens.

Les missions religieuses et la christianisation.
Les missionnaires catholiques, comme les jésuites et les franciscains, ont joué un rôle important dans les premiers contacts avec les populations autochtones, surtout en Nouvelle-France et dans les colonies espagnoles du Sud-Ouest. Leur objectif était de convertir les populations nes au christianisme. Bien que certains autochtones aient accepté la conversion, souvent pour des raisons de commerce ou de protection, d'autres ont résisté à l'influence religieuse européenne. Les conversions forcées ou les tentatives de suppression des pratiques religieuses autochtones ont mené à des tensions et des révoltes, comme la révolte des Pueblos contre les Espagnols en 1680. Les missions cherchaient aussi à acculturer les enfants autochtones en les éduquant dans des écoles chrétiennes. Cela a conduit à une transformation culturelle qui a eu des impacts durables sur les traditions et les langues indigènes.

Colonisation et conflits territoriaux.
 L'arrivée des Européens a mené à l'appropriation des terres indigènes,  par la force ou par des traités inégaux que les Indiens comprenaient mal ou étaient contraints de signer. Ces pertes de territoires ont privé les populations de leurs terres agricoles, de leurs sites sacrés et de leurs ressources naturelles. Des guerres comme la guerre anglo-powhatan en Virginie (1609-1614) et la guerre des Pequots (1636-1638) en Nouvelle-Angleterre témoignent de la résistance autochtone aux empiétements européens. Les conflits avec les colons étaient exacerbés par des alliances européennes, comme les alliances franco-iroquoises ou franco-algonquines, qui influençaient les relations entre tribus. Pour contrer la menace coloniale, certaines nations autochtones ont formé des confédérations ou renforcé des alliances intertribales, comme la Ligue des Iroquois et les alliances entre Algonquins et Français. Cependant, les guerres intertribales encouragées par les rivalités commerciales et politiques européennes ont souvent affaibli ces efforts d'unité.

Conséquences culturelles et sociales.
L'introduction de biens européens a eu un impact sur le mode de vie traditionnel. Les outils en métal, les armes à feu, et les produits textiles ont transformé les pratiques de chasse, d'agriculture, et de confection, rendant certains savoir-faire  moins courants. Le commerce et les contacts avec les Européens ont changé les rôles sociaux et les relations de pouvoir au sein de certaines sociétés. Par exemple, le commerce de la fourrure a donné aux chasseurs et aux chefs de commerce plus d'influence, parfois au détriment des anciens et des chefs religieux. Bien que de nombreux Indiens aient adopté des éléments de la culture européenne, beaucoup ont conservé leurs propres traditions et coutumes, parfois en les intégrant à des éléments étrangers. Cette acculturation partielle a entraîné une hybridation culturelle, avec des pratiques autochtones et européennes coexistant ou fusionnant.

La période de l'expansion américaine et la résistance

Entre 1700 et 1900, on assiste en Amérique du Nord à la confrontation entre l'expansion coloniale et la lutte des population autochtones pour protéger leurs terres, leur mode de vie et leur autonomie. À travers les déplacements forcés, les traités inégaux, les guerres et la répression, cette période révèle des stratégies variées déployées par les populations autochtones face à la colonisation progressive de leurs terres.

Expansions coloniale  (1700 - 1776) et  post-indépendance (1776 - 1830).
Avant l'indépendance des États-Unis, les Britanniques, les Français et les Espagnols se disputaient le contrôle de l'Amérique du Nord. De nombreux peuples autochtones, comme les Iroquois, les Algonquins et les Hurons, concluaient des alliances stratégiques avec les puissances coloniales dans des guerres telles que la Guerre de Sept Ans (1756-1763), espérant ainsi protéger leurs territoires. Après la guerre de Sept Ans, la Proclamation royale de 1763 interdisait l'établissement des colons britanniques à l'ouest des Appalaches, reconnaissant provisoirement les territoires autochtones dans cette région. Cependant, cette mesure a été largement ignorée par les colons, exacerbant les tensions. Après l'indépendance, les États-Unis ont adopté une politique d'expansion agressive vers l'ouest, encouragée par la philosophie du "Destin manifeste", l'idée que les Américains avaient pour mission divine d'étendre leur territoire d'un océan à l'autre. Les gouvernements américains signaient des traités avec les nations autochtones, mais beaucoup étaient souvent forcés, injustes ou non respectés. Des territoires entiers ont été cédés sous la contrainte, comme lors de la signature du Traité de Greenville en 1795 et d'autres accords similaires. Au début du XIXe siècle, les États-Unis ont encouragé une politique de "civilisation" visant à intégrer les autochtones en les incitant à adopter des pratiques agricoles et des structures politiques à l'européenne, espérant ainsi les "assimiler" pour faciliter leur intégration dans la société américaine.

La "Route des larmes" et la déportation des nations du Sud-Est.
Sous le président Andrew Jackson, le Congrès a adopté en 1830  l'Indian Removal Act, une loi autorisant le déplacement forcé des peuples autochtones de l'Est vers des territoires à l'ouest du Mississippi. Ce processus brutal a entraîné des déportations massives. Les populations Cherokee, Muscogee (Creek), Séminoles, Choctaws et Chickasaws, connus comme les "Cinq tribus civilisées", ont été déportés de leurs terres ancestrales vers des terres moins fertiles dans le Territoire indien (actuel Oklahoma). La marche forcée des Cherokee en particulier, appelée la "Route des Larmes", a causé la mort de milliers de personnes à cause de la faim, du froid et des maladies. En Floride, les Séminoles ont opposé une résistance farouche aux tentatives de déportation, menant à une série de guerres appelées les guerres séminoles (1817-1858). Certains ont fini par se rendre, mais d'autres ont trouvé refuge dans les Everglades, où ils ont pu échapper aux autorités américaines.

Les guerres des Plaines et la résistance armée (1850 - 1890)
Dans les Grandes Plaines et l'Ouest américain, la découverte d'or et l'expansion des chemins de fer ont entraîné une ruée vers l'ouest, provoquant des conflits avec les Sioux, les Cheyennes, les Arapahos et les Comanches. Ces populationsdépendaient du bison pour leur subsistance, mais la chasse intensive au bison par les colons a gravement affecté leurs modes de vie. Parmi les conflits armés et batailles emblématiques, mentionnons :

• La guerre de Red Cloud (1866-1868). - Menée par le chef Oglala Lakota Red Cloud (Nuage Rouge), cette guerre visait à protéger les terres de chasse des Sioux dans le Wyoming et le Montana contre l'occupation militaire américaine. Elle s'est conclue par la signature du Traité de Fort Laramie en 1868, qui garantissait les terres de la Grande Réserve Sioux.

• La bataille de Little Bighorn (1876). - Ce conflit, durant la Grande Guerre Sioux, a vu la défaite des troupes américaines du général Custer face aux Sioux et aux Cheyennes menés par Sitting Bull et Crazy Horse. Bien que victorieuse, cette bataille a intensifié la répression américaine contre les autochtones.

• Les guerres apaches. - Dans le Sud-Ouest, des leaders apaches comme Cochise et Geronimo ont résisté à l'armée américaine dans des guerres qui se sont étendues de 1850 à la reddition finale de Geronimo en 1886.

La destruction des bisons et ses conséquences (1870 - 1885).
Le bison, vital pour les cultures des Indiens des Plaines, a été délibérément exterminé par les colons pour les affaiblir. Entre 1870 et 1885, la population de bisons est passée de plusieurs millions à presque zéro. Sans bison pour se nourrir, se vêtir et échanger, les populations des Plaines ont subi de graves famines et se sont retrouvées dépendants des distributions alimentaires des agences fédérales. Ce bouleversement économique a joué un rôle décisif dans leur reddition finale aux autorités américaines.

Politique de confinement et vie dans les réserves (1880 - 1900)
Les autorités américaines ont contraint de nombreuses populations à vivre dans des réserves, généralement situées dans des zones éloignées, infertiles et dépourvues de ressources. Les réserves étaient sous le contrôle de l'Agence des Affaires Indiennes, qui imposait des règlements stricts. Le gouvernement a également tenté d'assimiler les Indiens en interdisant leurs langues, leurs pratiques religieuses et leurs coutumes traditionnelles. Les enfants étaient envoyés dans des pensionnats, comme le Carlisle Indian Industrial School, où ils subissaient des tentatives d'acculturation forcée pour devenir "civilisés".

Résistance culturelle.
À la fin du XIXe siècle, un mouvement religieux, la Danse des Esprits, a émergé parmi les Sioux et d'autres populations. Les adeptes croyaient que des danses rituelles permettraient la résurgence des bisons et la fin de la domination blanche. Ce mouvement a été perçu comme une menace par les autorités. Le 29 décembre 1890, à Wounded Knee (Dakota du Sud), l'armée américaine a massacré environ 300 Lakotas, principalement des femmes et des enfants, après une tentative d'interdire la Danse des Esprits. Cet événement tragique a marqué symboliquement la fin de la résistance armée autochtone contre l'expansion américaine.

Conséquences et héritage de la résistance autochtone.
La fin du XIXe siècle a laissé les nations autochtones des Etats-Unis affaiblies, dépossédées de la plupart de leurs terres et dépendantes du gouvernement fédéral. La perte de leur mode de vie traditionnel et l'imposition de la culture euro-américaine ont laissé des séquelles profondes, qui se manifestent encore aujourd'hui dans les problèmes socio-économiques des réserves. Malgré les tentatives d'assimilation, de nombreuses populations ont préservé leur culture, leurs langues et leurs traditions. La résistance a pris des formes variées, de la préservation de l'identité culturelle à des revendications politiques pour récupérer leurs droits et leurs terres.

Politiques d'assimilation et de répression culturelle 

Les politiques d'assimilation et de répression culturelle des populations autochtones d'Amérique du Nord, initiées à la fin du XIXe siècle et poursuivies au début du XXe siècle, ont été conçues pour effacer l'identité culturelle et sociale des peuples autochtones et les intégrer de force à la société euro-américaine. Ces politiques ont principalement consisté en la création de pensionnats, la répartition des terres des réserves, et la suppression des pratiques culturelles, religieuses et linguistiques autochtones. Ces initiatives ont eu des conséquences dramatiques sur les populations autochtones et continuent de laisser des traces profondes aujourd'hui.

Les pensionnats autochtones : assimilation forcée par l'éducation.
Dès les années 1870, les gouvernements des États-Unis et du Canada ont établi des pensionnats pour "civiliser" les enfants autochtones. Le but affiché était de "tuer l'Indien pour sauver l'Homme", selon la formule tristement célèbre de Richard Henry Pratt, un fondateur de ces institutions aux États-Unis. Dans ces écoles, les enfants étaient souvent éloignés de leurs familles dès leur plus jeune âge et forcés de vivre dans des conditions de discipline stricte, ordinairement accompagnées de malnutrition, de mauvais traitements et de travail forcé. La langue autochtone était interdite et sévèrement punie, et les enfants devaient parler anglais (aux États-Unis) ou français ou anglais (au Canada). La séparation d'avec leur culture d'origine a généré une rupture identitaire et des traumatismes psychologiques durables. De nombreux pensionnaires ont perdu leur langue maternelle et ont été déconnectés de leurs racines culturelles, laissant une fracture encore ressentie aujourd'hui.

Les gouvernements ont souvent confié la gestion des pensionnats aux institutions religieuses chrétiennes, catholiques et protestantes, qui imposaient aux enfants autochtones leurs croyances et leurs valeurs. La conversion religieuse était un objectif central, visant à remplacer les croyances et les pratiques culturelles autochtones par le christianisme. Les missionnaires ont également joué un rôle dans la restructuration des communautés et l'adoption des codes de valeurs européens. De nombreux rites traditionnels ont été diabolisés et réprimés, contribuant ainsi à une aliénation culturelle des populations autochtones.

Suppression des pratiques culturelles et religieuses.
Les gouvernements nord-américains ont mis en place des lois interdisant les pratiques religieuses autochtones, comme les danses rituelles et les cérémonies traditionnelles. Aux États-Unis, par exemple, la loi de 1883 a interdit des pratiques comme la Danse du Soleil, et au Canada, la Loi sur les Indiens (Indian Act) de 1884 a interdit des cérémonies comme le Potlatch et d'autres rites spirituels. Les systèmes de gouvernance traditionnels autochtones, où les chefs religieux et les conseils de clans jouaient un rôle central, ont été remplacés par des conseils de bande administrés sous la supervision du gouvernement. 

Réforme des terres et déstructuration des modes de vie.
 Aux Etats-Unis, une loi  de 1887 appelée Dawes Act  (ou General Allotment Act) a divisé les terres communautaires des réserves en lots individuels, distribués aux membres des tribus. L'objectif était d'encourager l'agriculture individuelle et de réduire les terres collectives pour favoriser l'assimilation. Mais une grande partie de ces terres a fini par être vendue aux colons non autochtones, entraînant une perte massive de territoires autochtones. Des politiques similaires ont été mises en Å“uvre au Canada pour subdiviser les terres et encourager les modes de vie agraires. Cependant, elles ont souvent favorisé les colons et appauvri les communautés autochtones en diminuant leur contrôle sur leurs terres traditionnelles.

Renforcement de la Loi sur les Indiens au Canada.
Créée en 1876 en Canada, la Loi sur les Indiens (Indian Act) a placé les populations des Premières Nations sous la tutelle de l'État canadien. Elle a imposé une structure politique étrangère aux communautés autochtones, en instituant des conseils de bande, souvent dirigés par des fonctionnaires blancs ou des administrateurs de la "réserve". Dans le cadre de cette loi, les autochtones n'avaient pas le droit de quitter leurs réserves sans autorisation officielle, et ils étaient considérés comme des "mineurs" sous la tutelle de l'État. Ils ont également été privés de droits politiques fondamentaux, comme celui de vote, et des droits de propriété étaient souvent restreints.

La renaissance et la reconnaissance des droits autochtones 

La renaissance et la reconnaissance des droits des populations autochtones au XXe siècle et au début du XXIe siècle représentent une transformation importante et continue dans les rapports entre les peuples autochtones et les gouvernements des États-Unis, du Canada, et d'autres pays. Les populations autochtones ont lutté pour reconquérir leur souveraineté, préserver leurs cultures et obtenir justice pour les abus passés, notamment à travers des mouvements sociaux, des revendications juridiques, et des initiatives de réconciliation nationale. Ces efforts ont permis des avancées en matière de droits humains, de gouvernance autonome, et de préservation des identités culturelles autochtones. Aux États-Unis, des lois comme l'Indian Civil Rights Act (1968) et l'Indian Self-Determination and Education Assistance Act (1975) renforcent les droits des nations autochtones. Au Canada, la Déclaration des droits des peuples autochtones de 2007 marque une avancée internationale pour les droits des peuples autochtones. Des événements comme la crise d'Oka au Canada (1990) ou le mouvement Standing Rock (2016) contre le projet d'oléoduc Dakota Access montrent aussi la persistance de la mobilisation pour la protection des terres sacrées et des droits.

Naissance des mouvements autochtones de défense des droits (1950-1970)
À la moitié du XXe siècle, les populations autochtones vivaient encore dans des conditions difficiles et étaient fortement discriminées. Leurs droits étaient souvent bafoués, et beaucoup vivaient dans la pauvreté, notamment dans les réserves sous la tutelle gouvernementale. Des organisations de défense des droits, comme le National Congress of American Indians (NCAI) aux États-Unis, l'American Indian Movement (AIM) ou encore l'Assemblée des Premières Nations (APN) au Canada, ont émergé pour militer contre la discrimination et pour la reconnaissance des droits fonciers et politiques. En 1973,  Aux États-Unis, AIM a mené l'occupation de Wounded Knee pour attirer l'attention sur les conditions de vie des populations autochtones et la violation de leurs droits. Cet événement est devenu emblématique de la lutte pour les droits autochtones.

Reconnaissance des droits fonciers et territoriaux.
À partir des années 1970, les populations autochtones ont mené de nombreuses batailles juridiques pour revendiquer leurs droits sur les terres ancestrales. Cela a abouti à d'importants règlements fonciers, comme le règlement des revendications territoriales des Inuits dans le territoire du Nunavut (Canada) en 1993, qui a créé une région autonome. Aux États-Unis, l'Alaska Native Claims Settlement Act, en 1971, a transféré 44 millions d'acres (environ 17,8 millions d'hectares) de terres aux populations  autochtones d'Alaska et a octroyé près d'un milliard de dollars en compensation. Ce règlement a servi de modèle pour d'autres revendications foncières. Des progrès ont également été faits pour donner aux populations autochtones un contrôle accru sur leurs propres terres et leur gouvernance, permettant la préservation des ressources naturelles et des activités traditionnelles. Dans certaines régions, des gouvernements autochtones ont été mis en place pour gérer des territoires autonomes.

Droits culturels et préservation des langues autochtones
Des programmes de revitalisation linguistique et des écoles d'immersion linguistique ont vu le jour pour enseigner les langues autochtones aux jeunes générations. Au Canada et aux États-Unis, des initiatives ont été lancées et sont toujours en cours pour documenter et enseigner ces langues menacées. Des lois ont été adoptées pour permettre aux populations autochtones de reprendre leurs pratiques religieuses et culturelles. Par exemple, l'American Indian Religious Freedom Act de 1978 a protégé les droits des peuples autochtones aux États-Unis de pratiquer leurs rites traditionnels. Les arts ont aussi connu un renouveau, et des artistes contemporains issus des populations autochtones sont désormais reconnus internationalement.  Aujourd'hui, les peuples autochtones jouent un rôle croissant dans la culture, que ce soit dans les arts, la littérature ou le cinéma. Des festivals, des galeries, et des publications mettent en lumière les oeuvres autochtones, et contribuent à redéfinir l'image et la place des populations autochtones dans la société moderne. Des efforts sont également faits pour intégrer l'histoire et la culture autochtone dans les programmes éducatifs. 

Reconnaissance légale des droits et réformes constitutionnelles.
Au Canada, la Loi constitutionnelle de 1982 loi reconnaît et confirme les droits des peuples autochtones, garantissant une protection juridique à leurs revendications et leur autonomie. Elle a également introduit des procédures pour la reconnaissance des traités passés. Des décisions de la Cour suprême, comme l'arrêt Delgamuukw en 1997 au Canada, ont réaffirmé les droits fonciers des Premières Nations et reconnu l'importance des preuves orales dans les revendications territoriales. L'adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2007 a aussi marqué une avancée majeure. Elle reconnaît le droit à l'autodétermination, aux terres ancestrales, et à la préservation des cultures autochtones. Bien que non contraignante, cette déclaration fournit un cadre de référence pour la reconnaissance des droits autochtones à l'échelle mondiale.

Vérité et réconciliation pour les abus des pensionnats autochtones.
Le Canada a mis en place la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2008-2015) pour documenter les abus et traumatismes des pensionnats autochtones, qui ont fonctionné jusque dans les années 1990. Son rapport final a révélé la nature systémique des abus et formulé des recommandations pour la réconciliation. En 2008, le gouvernement canadien a présenté des excuses officielles aux survivants des pensionnats et a alloué des fonds pour soutenir la guérison des populations autochtones. Aux États-Unis, des initiatives similaires ont vu le jour, même si elles sont moins institutionnalisées. En 2021, le Canada a instauré une journée nationale de la vérité et de la réconciliation (le 30 septembre) pour honorer les victimes des pensionnats et pour sensibiliser le public à l'histoire et aux séquelles de ces institutions.

Revitalisation économique et autodétermination.
Les peuples autochtones ont entrepris des initiatives pour le développement économique autonome, incluant la gestion de ressources naturelles, la création d'entreprises, et le tourisme culturel. De nombreux peuples autochtones exercent aujourd'hui leurs droits sur des ressources naturelles situées sur leurs terres ancestrales. Cela inclut l'exploitation de ressources énergétiques, de forêts et de terres agricoles, avec un souci de développement durable. Des structures de gouvernance autochtones autonomes se sont développées. Par exemple, le gouvernement du Nunavut, au Canada, est dirigé majoritairement par des Inuits et applique des lois et politiques qui respectent la culture et les priorités de la région.

Défis persistants et perspectives d'avenir.
Malgré les progrès, les populations autochtones d'Amérique du Nord continuent de faire face à des défis importants, notamment en matière de santé, d'éducation, et de logement. Le taux de pauvreté reste élevé, et des problèmes tels que le manque d'accès à l'eau potable et aux soins de santé sont fréquents dans de nombreuses réserves. Les femmes et les filles autochtones, en particulier, continuent de subir des taux de violence alarmants. Le Canada a mis en place une enquête nationale pour aborder le problème des femmes autochtones disparues et assassinées, une tragédie qui met en lumière les vulnérabilités persistantes.Par ailleurs, la réconciliation ne peut pas être vue autrement que comme est un processus continu. La reconnaissance des droits et de l'autonomie des peuples autochtones est essentielle pour construire une société plus juste. Des efforts pour décoloniser les structures de pouvoir et pour intégrer pleinement les populations autochtones dans les décisions politiques et économiques marquent une direction positive pour l'avenir. Mais beaucoup de chemin reste encore à parcourir.



Daniel Royot, Les Indiens d'Amérique du Nord, histoire d'un peuple, Armand Colin, 2007. - Depuis un demi-millénaire, les Amérindiens constituent une source inépuisable de fascination. Des civilisations précolombiennes ont subi l'intrusion de conquérants des temps modernes qui les ont fait brutalement entrer dans l'Histoire. Au-delà des mythes liés tant au substrat idéologique euro-américain qu'aux représentations spectaculaires de l'Indien du Canada et des États-Unis dans la culture de masse, cet ouvrage propose d'abord une vision de la diversité des peuples d'une Amérique primordiale.  l'échelle d'un continent, sont présentés les bâtisseurs de tumulus, les chasseurs de bison des Grandes Plaines, de l'alligator de Floride, les pêcheurs du Pacifique, les trappeurs des Grands Lacs, outre les nomades des déserts, parmi une multitude de tribus dont chacune a été animée d'un savoir ancestral depuis des temps immémoriaux. Après la colonisation par les Français, les Espagnols et les Anglais, la résistance à une immigration massive et souvent violente au XIXe siècle a permis de maintenir les valeurs natives malgré une dramatique chute démographique sur le territoire américain. Au travers de la renaissance amérindienne du XXe siècle, une diaspora issue des réserves affirme désormais son identité ethnique, s'inscrit dans la modernité, et revendique énergiquement ses droits sans se complaire dans la nostalgie d'un monde perdu. C'est ce parcours que nous invite à suivre cette étude nourrie des informations les plus récentes et d'une longue expérience du monde indien. (couv.).

George Catlin; Les Indiens d'Amérique du Nord, Albin Michel, 2007.

Paul Carlson, Les Indiens des Plaines, Albin Michel, 2004. - Ces Indiens nomades, chasseurs de bisons, sont certainement les plus familiers du grand public. Le livre de Paul Carlson dresse le portrait de cette culture à travers son histoire mais aussi son organisation sociale, politique, économique ou religieuse. Il retrace le choc de la conquête de l'Ouest jusqu'à la période contemporaine où les Indiens redonnent vie à leurs croyances et leurs traditions. Historien, enseignant, spécialiste de la culture des Indiens des Plaines,  Paul Carlson est l'auteur de nombreuse études sur ce sujet (couv.).

Serle Chapman, Nous, le Peuple - Un voyage à travers l'Amérique indienne, Albin Michel, 2004.  - Véritable voyage à travers le continent, de l'Alaska à l'Arizona, du Montana au Texas, ce livre est aussi un voyage d'une tribu à une autre, d'une histoire à une autre. Voyage à travers la culture indienne mais aussi dans l'histoire américaine pour finalement toucher à de grandes questions contemporaines. Avec près d'une quarantaine de personnalités et plus de cent photos qui accompagnent les textes, Nous, le Peuple s'établit comme un document exceptionnel et sans précédent. (couv).

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Dictionnaire Villes et monuments
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