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Histoire de l'art > La peinture
L'histoire de la peinture
La peinture aux Pays-Bas
L'École hollandaise
Jusqu'au XVe siècle l'art pictural est plus que médiocre dans les Pays-Bas, et ses artistes sont de beaucoup inférieurs aux élèves de l'école de Cologne. Les fragments de peintures murales du XIVe siècle qui subsistent encore n'ont qu'une valeur historique. Toutefois, dès cette époque, il y a des miniaturistes habiles dont les oeuvres nous sont conservées dans des manuscrits exécutés pour des princes français. On sait que Jean Van Eyck résida pendant plusieurs années à La Haye; il est probable qu'il y forma des élèves, mais le défaut de documents ne nous permet pas de déterminer avec précision l'influence qu'il exerça dans les provinces du Nord.

Au XVe siècle paraissent Albert van Ouwater dont aucune oeuvre authentique n'existe plus, et Thierry Bouts, né à Haarlem, dont l'activité artistique eut surtout Louvain pour théâtre; puis Jacques Kornelissen Van Oostzanen et Jean Mestaert, tous remarquables coloristes et possédant à un degré remarquable le sens de la nature. On pourait y ajouter Jérôme Bosch (Hieronymus van Aken), à l'oeuvre si singulière. Malheureusement, le temps ici encore une fois a opéré son oeuvre de destruction, et nous ne possédons presque plus de tableaux de ces artistes du XVe et du XVIe siècle qui peignaient à Leyde et à Haarlem, comme à Bruxelles, à Anvers et à Gand. Lucas de Leyde, élève de Cornelis Engelbrechtsen (1494-1533) en est le dernier et le plus célèbre. Peu de ses peintures subsistent encore, mais on possède de nombreuses gravures exécutées d'après ses dessins; il excella dans l'observation des scènes de la vie domestique. Il semble que dès l'origine le paysage et le genre aient été les spécialités de l'art hollandais, mais cette tendance fut bientôt enrayée par l'influence de la Renaissance-italienne, dont Jean Schoreel (1495-1562) passe pour avoir été l'initiateur dans les Pays-Bas du Nord. On conserve de lui au musée communal d'Utrecht un beau portrait d'Adrien IV, et, au musée archiépiscopal de la même ville, la Vierge et l'Enfant Jésus, imité de Raphaël sans servilité et avec beaucoup de science. Schoreel fut un véritable chef d'école. Ses élèves les plus distingués sont Maerten Van Haemskerk (1498-1574), qui, à la suite d'un voyage en Italie, exagéra les tendances du maître, et Antoine  Moor (1518-1578), habile portraitiste. Henri Goltzius (1558-1617) est moins connu par ses tableaux, qui sont rares, que par ses nombreuses gravures dans lesquelles il imita avec succès Lucas de Leyde, Albrecht Dürer et Michel-Ange. Otto Venius (1558-1629), doué de plus de science que d'imagination, fut à Rome l'élève de Frederico Zucchero, et devint un des maîtres de Rubens. Parmi les disciples marquants de l'influence italienne, il faut citer encore Abraham Bloemaert (1564-1651), Cornelis de Haarlem (1562-1628) et Pierre Lastmann (1583-1633). Ce dernier subit à Rome la puissante impression du Caravage, d'Adam Elzhaimer (1578-1620), et fut plus tard le maître de Rembrandt.
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Blomaert : Paysage avec paysans au repos.
Paysage avec paysans au repos, par Abraham Blomaert.

Les luttes terribles du XVIe siècle contre l'oppression espagnole devaient naturellement paralyser l'activité artitisque dans les Pays-Bas. Ces luttes sont une des causes qui firent passer tant de peintres hollandais en Italie, où ils allèrent chercher le moyen de se perfectionner que ne pouvait plus leur offrir un pays profondément ébranlé. Mais, comme les Pays-Bas du Nord sortirent finalement vainqueurs d'une lutte de quatre-vingts ans, et qu'ils acquirent richesse et puissance dans la même proportion que leur ennemie, l'Espagne, s'appauvrit et perdit son rang politique, ainsi l'art hollandais prit, pendant et après la guerre, un essor admirable. Les peintres néerlandais acquirent alors la conscience du monde qui leur convenait et découvrirent, pour ainsi dire, l'art national. La guerre avait fait surgir les héros de toute part, la nécessité avait retrempé le courage et élargi les idées. Partout on voit des hommes remarquables, braves sur les champs de bataille, experts en politique; les représenter, aussi bien séparément, à cause de leurs qualités personnelles, que groupés dans les assemblées de leurs corporations, lorsqu'ils partent pour s'exercer à la lutte, ou célèbrent de joyeuses fêtes, c'est ce dont les artistes font leur tâche favorite. 

Le XVIIe siècle

Dans les Pays-Bas au territoire si peu étendu, deux mondes se trouvent en présence : dans les provinces du Sud, toujours espagnoles, se maintiennent encore les anciennes autorités, politique et religieuse; dans les provinces du Nord ont surgi une nouvelle forme de gouvernement, le principe fédératif, un nouveau système politique et économique, et une nouvelle croyance. Ces deux mondes se reflètent d'une manière bien caractéristique dans l'art contemporain. Rubens emploie sutout l'art à la glorification de l'ancienne puissance et de l'ancienne foi, ce qui le rallie à l'art italien et aux idées mythologiques; l'art hollandais est le fruit de la nouvelle vie et de la nouvelle croyance; il prend un caractère national. Les écoles de Haarlem, de La Haye, de Leyde, de Delft, d'Amsterdam figurent au même rang. Les tableaux historiques sont remplacés par des groupes de portraits de représentants de la Commune. Les sujets religieux sont dépouillés de leur voile idéaliste et mystique pour être représentés avec toute la vérité possible et sous les formes les plus palpables, conformément au principe du protestantisme. Sans doute, il ne suffit pas, pour comprendre parfaitement la peinture flamande et la peinture hollandaise au XVIIe siècle, de se rappeler les conditions dans lesquelles se trouvait alors la société de part et d'autre, mais cette considération rend bien compte de l'opposition qui existe entre Rubens et les Hollandais, et qu'on a souvent méconnue.

Malgré mainte analogie extérieure, et notamment la même accentuation du coloris, les deux styles sont de principes tout différents : tandis que Rubens rompt avec la tradition artistique du pays, celle-ci devient le point de départ du mouvement hollandais. Pour comprendre Rubens, nous avons souvent besoin de recourir à l'histoire; dans les Hollandais, au contraire, nous reconnaissons la nature (A. Springer).
Au premier rang parmi les créations de l'école de peinture hollandaise figurent les tableaux dits de régents ou syndics, et de sociétés de tir (Doelen). L'usage s'introduit de faire en groupes les portraits des syndics des diverses corporations et des établissements d'utilité publique ou de bienfaisance, des membres des compagnies de gardes civiques, et de placer ces tableaux au siège de la société. Au nombre des plus anciennes toiles de ce genre se trouve le Banquet de gardes civiques peint en 1533 par Corneille Teunissen à Amsterdam. Cependant ce n'est que plus tard que ces sujets atteignent une véritable importance artistique. Parmi les maîtres de cette époque de transition, il faut citer Michel van Mierevelt de Delft (1561-1651), excellent portraitiste, qui eut pour élève son fils Pierre van Mierevelt (1695-1632), et Paul Moreelse (1571-1638); Jan van Ravesteyn (1572-1657), auteur de vastes tableaux conservés au musée communal de La Haye, représentant des échevins et des gardes civiques; Vroom (1556-1640), qui fut un des premiers peintres de marine; Adrien van  der Venne de Delft (1589-1622). Janson van Ceulen (1590-1664), et Daniel Mytens (1590-1658), peintres de portraits que Charles Ier d'Angleterre attira à sa cour; Gérard van Houthorst, dit Gherardo della Notte (1590-1636), élève de Bloemaert, puis du Caravage, réaliste plein de rudesse, qui ne recule pas devant la reproduction des objets vulgaires et même repoussants, et qui traite avec prédilection les scènes nocturnes où il produit de vigoureux contrastes de lumière; van Goyen (1596-1660), qui fut le précurseur de Ruisdael dans la peinture de paysage; Jean Davitsz de Heem (1606-1683) et son fils Corneille (1633-1684), qui excellèrent dans la peinture de fleurs et de fruits; Esaïas van de Velde (1597-1648), dont on possède des paysages d'hiver, des incendies, et des scènes de guerre, enfin Frans Hals le Vieux (1580-1666), qu'il faut ranger parmi les peintres hollandais, bien qu'il soit né à Malines, car il s'établit de bonne heure à Haarlem et y fonda une école florissante. Son oeuvre la plus ancienne est un Banquet de gardes civiques, au musée de Haarlem, où sont réunis ses principaux tableaux de ce genre, parmi lesquels ceux de 1633 et 1639 figurent au premier rang. Sa conception est d'une vivacité extrême, le coloris est d'une transparence et d'une harmonie admirables, l'ampleur de l'exécution est poussée à ce point que souvent les tons doivent tenir lieu de dessin. On doit aussi à Frans Hals de nombreux portraits et de merveilleuses reproductions de types populaires.

Rembrandt.
Nous arrivons à Rembrandt Harmensz van Ryn (1601-1669) le plus grand peintre de l'école hollandaise, l'artiste le plus original, le plus hardi, et, à coup sûr, l'un des plus extraordinaires qui se soient révélés dans les arts du dessin. Elève, d'abord, de Jacob Swanenburch, puis, pendant quelques mois, de Pierre Lastman, il travaille ensuite seul et à sa propre guise, et se fixe à Amsterdam. Il acquiert de bonne heure une grande célébrité; il vient à peine d'atteindre sa vingt-cinquième année, lorsque le professeur van Tulp d'Amsterdam lui commande la Leçon d'anatomie, où il prouvera l'art intense avec lequel il sait donner à un groupe de portraits une vie dramatique. En 1634, l'artiste épouse Saskia van Ulenburgh, fille d'un jurisconsulte, et multiplie les portraits de cette belle et souriante Frisonne. C'est la période heureuse et brillante de sa vie; les commandes affluent et la fortune lui sourit. Mais sa femme meurt en 1642, et la misère entre avec le deuil dans la maison désolée. Le capitaine Baning-Cok, avant voulu se faire peindre à la tête de sa compagnie d'arquebusiers, s'est adressé à Rembrandt, mais il n'a pas été satisfait de la façon dont son peintre l'a représenté; il est allé demander à van der Helst un portrait plus ressemblant, et le tableau improprement appelé la Ronde de nuit a marqué le déclin de la vogue de Rembrandt. 
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Rembrandt et Saskia.
Rembrandt et Saskia, par Rembrandt (1635).

Les clients vont devenir plus rares, les créanciers plus nombreux, et la faillite arrivera bientôt. Et cependant cette Ronde de nuit nous révèle le maître qui, par l'emploi intelligent du clair-obscur, sait transformer en une scène poétique d'un effet saisissant un événement prosaïque en soi. C'est dans le travail, acharné que le génial artiste va chercher un refuge. Jamais il n'a tant produit, ni de si belles oeuvres qu'en ces sombres années. C'est alors qu'il s'adonne au paysage et en même temps, avec une sympathie profondément humaine et poignante, à des sujets bibliques, comme le Bon Samaritain et les Pèlerins d'Emmaüs. Ce ne sont pas des tableaux d'église comme Rubens en avait produit des quantités pour les églises des jésuites. Rembrandt ne travaille que pour un petit nombre de bourgeois républicains et protestants - et encore la plupart sont-ils scandalisés et déroutés par ses libertés et ses trivialités - il peint surtout pour lui-même, pour l'entière satisfaction de son imagination et de son âme endolorie, et, dans sa solitude farouche, il élève au Christ fraternel, miséricordieux, des humbles et des souffrants, un monument selon son coeur. Sa manière devient de plus en plus ardente : les rouges commencent à jouer dans ses tableaux un rôle plus important; on y sent dans les ombres comme de l'or fauve en fusion, et jusque sous les noirs des vêtements de ses Syndics des drapiers (1661), des rousseurs profondes et mourantes. 

Dans le portrait si triste et si beau où il s'est représenté vieux et ridé; ses cheveux gris couverts d'un serre-tête, les chairs tombantes, mais le regard toujours direct, pensif et scrutateur, debout devant son chevalet, la palette qu'il tient la main n'est chargée que de deux tons : jaune et vermillon, et de fauves reflets rougeâtres éclaboussant la toile. Dans ses dernières années, à son foyer solitaire vient prendre place une femme, Hendrickie Stoffelz, qui fut la complaisante et secourable amie du pauvre Rembrandt, et rétablit dans ses affaires et sa maison désemparée un peu d'ordre et de bien-être. Elle revit dans l'admirable portrait du salon carré du Louvre, et c'est elle aussi qu'on retrouve dans la Bethsabée de la galerie Lacaze et dans la Baigneuse de la National Gallery. Mais cette amitié bienfaisante devait aussi être enlevée au pauvre grand homme. Hendrickie mourut six ans avant son maître. C'est dans la solitude et la détresse que Rembrandt, l'initiateur de tout l'art moderne, celui qui de la plus humble réalité a dégagé le plus d'humaine poésie, acheva le 8 octobre 1669 sa glorieuse et misérable vie, ne laissant que des vêtements de laine et de toile, et des instruments de travail (Émile Michel).

Les continuateurs de Rembrandt.
Une foule d'élèves et d'imitateurs se groupent autour de Rembrandt. Ils déploient un remarquable talent dans la peinture des moeurs hollandaises et des types des diverses classes sociales; ils observent avec finesse et reproduisent avec sincérité la vie intime et familière. Ce sont des réalistes au coloris puissant, qui excellent dans le maniement de la lumière et du clair-obscur. Parmi les élèves proprement dits du maître brillent Gerbrand van den Eeckhout (1621-1674), qui s'en rapproche par la chaleur et la clarté du coloris, au point que ses oeuvres sont souvent attribuées à Rembrandt lui-même; Govaert Flinck (1615-1660), qui est surtout connu comme portraitiste; Ferdinand Bol, (1611-1681), l'auteur du beau groupe des Quatre Syndics de la léproserie d'Amsterdam, qui, après la mort de Rembrandt, s'écarta de la tradition nationale dans ses compositions historiques; viennent ensuite Jean Livens (1607-1674); Jean Victors (1600-1670); le paysagiste Philippe de Koninck (1619-1689); Salomon Koninck (1609-1668), portraitiste et auteur de scènes bibliques visiblement inspirées par Rembrandt; Jacques Backer (1609-1651); Nicolas Maes de Dordrecht (1632-1693), qui passa la dernière partie de sa vie à Anvers et y subit d'une manière peu heureuse l'influence de l'école de Rubens; Charles Fabritius (mort en 1654), Bernard Fabritius, etc. 
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Bol : Portrait d'un enfant.
Portrait d'un enfant, par Ferdinand Bol (1656).

Un des plus remarquables parmi les peintres de cette époque est Jean Vermeer de Delft (1632-1675), qui peignit surtout des intérieurs, des scènes de ménage et de galanterie, des paysages. ou la perspective et le coloris sont également admirables; nous citerons aussi Pierre de Hooch (1632-1681), bien connu par ses effets de lumière, et enfin Gérard Dou (1613-1675), aux petits panneaux d'une excessive finesse : son Ecole du soir, ses Filles éclairées par une chandelle, ses Ermites sont universellement rénommés. Cependant il faut dire que le faire l'a emporté chez lui sur la poésie, et que l'essor de son imagination est restreint en proportion du soin qu'il prend pour arriver à une exécution minutieuse, qui, néanmoins, mérite les plus grands éloges. Son clair-obscur est plein de délicatesse et de profondeur, et sa précision de facture est sans exemple. Il est à son tour le maître d'un groupe nombreux d'élèves, dont François van Mieris le Vieux (1635-1681); Godefroid Schalcken (1643-1701); van Staveren, van der Neer, qui rivalisent de patience et d'adresse pour atteindre la perfection du rendu, mais qui sont dépourvus de toute spontanéité.

En dehors de l'école de Rembrandt.
A côté de Rembrandt se place son rival en réalisme Barthélémy van der Helst de Haarlem (1611-1670), le portraitiste favori de la riche bourgeoisie d'Amsterdam. On ne sait qui fut son maître ni quelles purent être ses relations avec Rembrandt, auquel d'ailleurs il n'a rien emprunté. Il a créé, outre ses portraits, des groupes de régents et de syndics, d'archets et d'arquebusiers. Son oeuvre la plus célèbre est le Banquet de la garde civique (1648); il rend la nature telle qu'elle est, sans y rien ajouter; ses peintures, largement exécutées et d'une grande justesse de touche, sont vraies jusqu'à l'illusion, mais elles ne laissent pas une impression profonde. Au contraire, dans chacune des oeuvres de Rembrandt, on voit percer la personnalité de l'artiste, qui saisit les objets à sa manière et les rend conformément à sa manière de sentir, tout en restant fidèle à la vérité. 

Gérard Ter Borch ou Terburg (1608-1681) est le peintre des intérieurs paisibles et élégants; il traite ses sujets avec beaucoup de distinction, et s'il s'attarde au fini des détails, il ne tombe pas dans les excès de mièvrerie des miniaturistes; et dans tout ce qu'il fait, il y a une idée et un élément pittoresque. C'est aussi un excellent peintre de portraits; sa toile la plus renommée dans ce genre est le Congrès de Münster, à la National Gallery. Même observation pour Gabriel Metsu (1630-1667), et son élève, Gaspard Netscher (1639-1684). Jean Steen (1626-1679) est aussi un peintre d'intérieurs, mais d'autre espèce que les précédents; dans ses tableaux, la scène se passe au cabaret, à la kermesse, ou bien ce sont des noces, des batailles de ménage, des exhibitions de charlatans; il saisit admirablement les ridicules, et on l'a souvent appelé le Molière de la peinture. Il existe bien de lui des compositions bibliques, mais elles sont la rare exception dans son immense bagage artistique. Les oeuvres de Steen sont d'une gaieté communicative et frappent l'attention par la puissance du coloris. 

Les deux van Ostade, Adrien (1610-1685) et Isaac (1621-1649), élèves de Hals, et subissant, le premier surtout, l'influence de Rembrandt, brillent par le sens du pittoresque; les paysans qu'ils mettent en scène sont pleins de vie et de caractère; Adrien est aussi d'une rare habileté dans l'emploi du clair-obscur, et enchante l'oeil par l'harmonie de sa couleur. Ils se rattachent ainsi au genre du Flamand Teniers, et ils firent de nombreux imitateurs : Cornelis Dusart (1660-1704); Cornelis Bega (1620-1664); André Bolh (1609-1644); Renier Brakenburgh (1650-1702); Henri Sorgh (1611-1670); Egbert Heemskerk (1498-1574); Molenaar (1610-1688); Thomas Wyck (1616-1677); Cornelis Saftleven (1610-1685), etc. Pierre van Laer (1613-1675) étudia en Italie et eut la chance de ne pas y perdre son originalité; il peignit avec succès des scènes de la vie rustique; son surnom de Bamboche indique suffisamment son genre préféré. Philippe Wouverman (1619-1668), imitateur de Nan Laer, est d'une valeur secondaire, mais d'une rare fécondité; on connut de lui plus de 800 toiles dont la majorité représente des scènes de chasse et des combats de cavalerie. Les spectacles militaires inspirent aussi J. van Huchtenburgh (1646-1733); Dirk Stoop (1610-1686); Henri Verschuring (1627-1690), et Pierre Wouverman (1623-1683). 

Le paysage.
Le XVIIe siècle vit aussi porter en Hollande la peinture de paysage à une extrême perfection. Tandis que Jean Wynants (1600-1679) s'attache de préférence aux sites sablonneux entrecoupés d'arbres et de cours d'eau, son élève, Adrien van de Velde (1635-1672), peuple de petites figures merveilleusement délicates les tableaux des grands paysagistes, ses contemporains Moucheron, Hobbema, Ruisdael et de son maître, Jacques van Ruisdael (1625-1682), traduit avec une incomparable poésie les intérieurs des forêts, les ciels d'orage, les vastes plaines; Meindert Hobbema (1638-1709) représente les villages entourés d'arbres, les moulins, les miroitements du Soleil sur les pièces d'eau et sur les champs de blé. Au-dessous d'eux se placent quantité d'artistes habiles Adrien Verboom (1628-1670); Salomon Ruisdael (1630-1681); Jean van Kessel (1641-1680); Aarl van der Neer (1603-1677); Josse van der Haeghen (1615-1669); Conrad Dekker (mort en 1648); Antoine Waterloo (1609-1670), etc.
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Van de Velde : Paysage avec une famille.
Paysage avec une famille, par Adriaan Van de Velde (ca. 1665).

A cette même époque, un autre groupe de paysagistes hollandais alla compléter ses études en Italie et subit à des degrés divers l'influence de Claude Lorrain et de Nicolas Poussin. Tels sont Claes-Pietersz Berghem (1620-1683), déjà bien inférieur aux précédents, mais habile cependant et réussissant particulièrement les troupeaux; Frédéric de Moucheron (1636-1686), Jean Lingelbach (1623-1674), Adam Pinacker (1621-1673), Jean Glauber (1646-1724), Herman van Swanevelt (1620-1656).

La peinture d'animaux.
Parmi les peintres d'animaux, il faut réserver une place d'honneur à Albert Cuyp (1620-1691), qui distribue la lumière et les ombres d'une manière digne de Rembrandt, et décerner la palme à Paul Potter (1625-1654), qui rend ses modèles aveu une vérité extraordinaire, une correction de dessin et une puissance de coloris merveilleux. Potter fut le maître de Charles Du Jardin (1625-1678), paysagiste et animalier charmant, mais inégal, et de Govert Camphuysen (1628-1672), praticien savant et énergique. On peut rattacher à ces peintres Abraham Hondius (1638-1695) dont les chasses et les combats d'animaux sont très mouvementés, et d'un dessin habile, si la lumière est dépourvue d'éclat. Mentionnons encore ici Melchior Hondecoeter (1636-1695), sans rival dans la peinture des oiseaux vivants, qu'il représente avec une maestria incomparable. 

Les autres genres.
Si nous passons aux genres secondaires, nous constaterons une riche et splendide production. La seconde moitié du XVIIe siècle vit en Hollande un très grand nombre de peintres de natures mortes : Guillaume Kalff (1621-1693), qui réunit le sens pittoresque à une couleur claire et puissante; Guillaume van Aelst (1626-1683), au pinceau sobre et vrai; J.-B. Weenix (1621-1660), dont le gibier mort est d'une fidélité et d'une exactitude magistrales, et bien d'autres que nous sommes obligé d'omettre. 

Parmi les peintres de fruits et de fleurs, nous devons signaler Abraham Mignon (1640-1679), élève de Jacob Murel, aux toiles minutieusement finies et quelque peu léchées; Maria van Oosterwyck (1630-1693), une des rares Hollandaises qui manièrent le pinceau avec succès; la « dynastie » des de Heem, dont les deux représentants les plus fameux sont Jean Davidsz de Heem (1600-1674), qui déploie un sentiment exquis de la nature en même temps qu'une science consommée, et Cornelis de Heem (1630-1671), dont les tableaux sont souvent attribués à son père et réciproquement; enfin, Justus van Huysum (1699-? ), naturaliste de premier ordre, qui, lui aussi, fonda une « dynastie » d'artistes. 
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Heem : Nature morte avec fleurs.
Nature morte avec Fleurs, par Cornelis de Heem (ca. 1660).

Quelques Hollandais excellèrent dans les vues de villes et d'édifices publics : les frères Job Berckheyden (1628-1698) et Goerrich Berckheyden (1630-1693), Jacques van der Ulft (1628-1688), Emmanuel Murand (1622-1700); ils sont tous dépassés par Jean van der Heyden (1637-1712). Les intérieurs d'églises sont spécialement traités par l'école de Delft dont les meilleurs représentants sont Emmanuel de Witte (1620-1692), qui fait preuve d'une connaissance exacte de la perspective et dont la finesse d'exécution révèle tous les détails sans dégénérer en sécheresse; Henri van Vliet (1611-1675), Dirck van Deelen (1605-1671), Pierre-Jean Saenredam (1597-1665).

Il n'est guère de paysagistes hollandais qui ne se soient essayés dans la peinture de marine. Van Goyen, Simon de Vlieger, Albert Cuyp, Salomon et Jacques van Ruisdael, pour ne citer que les plus illustres, se sont plu bien souvent à représenter des fleuves, des ports ou la mer. Mais il y a des artistes, assez peu nombreux d'ailleurs, qui ont fait de la marine leur spécialité. Guillaume van de Velde le Vieux (1610-1693) apprit son art en naviguant comme matelot, et acquit par cet apprentissage une connaissance merveilleuse du gréement et de l'aménagement des navires, qu'on remarque dans chacun de ses dessins; il fut attiré à la cour de Londres et comblé de biens par Charles ll et Jacques ll. Son fils, Guillaume le Jeune (1633-1707), consacra d'abord son pinceau à reproduire les fastes maritimes de son pays dans des oeuvres merveilleuses de transparence, de finesse et d'harmonie; mais en 1677, il passa en Angleterre, et consacra désormais son pinceau aux victoires que les Anglais remportaient sur ses compatriotes. Tandis que Guillaume van de Velde le Jeune peignait surtout la mer calme, Ludolf Backhuyzen (1631-1708), qui lui est du reste fort inférieur, a une prédilection marquée pour les tempêtes; ses tableaux, bien que durs et crus, ne manquent pas de poésie, et ils jouirent d'une vogue extraordinaire. Elève de Henri Dubbels (1620-1676), il fonda lui-même une école dont les plus brillants élèves furent Jean Claesz Rietschoof (1652-1719), Michel Madderstag (1659-1709), Abraham Stock (1650-1700). Parmi les émules de Van de Velde. nous citerons encore Renier Nooms (1612-1660), connu sans le surnom de Zeeman (= le Marin) et Lieve Verschuur (1630-1680).

Les XVIIIe et XIXe siècles

Le XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle marque le déclin de l'art hollandais; les traditions nationales se perdent et le classicisme reparait. Gérard de Lairesse (1610-1714), né à Liège, qui vint de bonne heure s'établir en Hollande, par sa dextérité ainsi que par sa fadeur, conquit rapidement les faveurs des bourgeois enrichis. Adrien van der Werff (1659-1722) subit son influence et contribua comme lui à remettre en honneur la mythologie galante et prétentieuse. La faveur fut pour longtemps aux figures mythologiques et aux académies léchées. C'est l'époque des petits-maîtres, mignards précieux et fades. Tout au plus peut-on citer, comme s'inspirant encore un peu de l'esprit de l'ancienne école, Jean-Maurice Quinckhard (1668-1772) et Cornelis Troost (1697-1750), dont les tableaux de régents, les portraits et les scènes de moeurs ne sont pas tout à fait indignes de la grande époque. Il faut cependant faire une exception pour la peinture de fleurs et de fruits qui conserva de l'éclat avec Rachel Ruysch (1664-1750). Jean van Huysum (1682-1749), Jean van Os (1744-1808), etc., et l'on doit citer aussi Jacques de Witt (1695-1754) pour l'influence qu'il exerça par ses grandes décorations murales en grisaille.
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Troost : le faux aveugle.
Le Bluff de l'aveugle, par Cornelis Troost.

Le XVIIIe siècle.
Vint le XIXe siècle. L'influence de David fit éclore dans les Pays-Bas la peinture académique qui eut pour principaux représentants Ezéchiel Davidson (1792-? ), Corneille Kruseman (1797-1857); Jean-Adam Kruseman (1804-1862) et Jean-Guillaume Pienenan (1779-1853). Les principaux peintres d'histoire furent Joseph Israëls (né en 1824), Charles Rochussen (né en 1814), J.-G. Schwartze (1802-1871) et sa fille Thérèse (née en 1851), Pierre van Schendel (1806-1870), plus connu comme peintre d'effets de lumière; Alma-Tadema (né en 1836), en Hollande, mais qui fut surtout l'élève et l'imitateur du peintre belge H. Leys; C. Bisschop (né en 1828), élève de Gleyre.

Pendant longtemps, les peintres hollandais du XIXe siècle se sont bornés à imiter d'une manière assez servile les maîtres de l'ancienne école; vers 1850 se dessina un mouvement vers l'esprit moderne, mais ce fut le résultat d'influences reçues dans les écoles de Dusseldorf, d'Anvers et de Paris; il n'y eut là rien de national. Les peintres les plus réputés du XIXe siècle sont : les paysagistes, A. Schelfout (1787-1870), B.-C. Koekkoek (1803-1862), G. Roelofs (né en 1822), H.-G. Ten Cate (1803-1856), J. van Ravenswaay (1789-1869), P. Verschuur (1842-1874), L. de Haas (né en 1832), G.-J. Vogel (1824-1879); les peintres de marine, Schouman (1770-1818), J.-C. Schote (1787-1838) et son fils Pierre (1808-1865), G. Gruyter (1817-1880), A. Waldorp (1803-1861), L. Meyer (1806-1866); les peintres de genre, B. van Hove (1790-1880), Versteeg (1756-1843), S.-L. Verveer (1813-1876), David Bles (né en 1821), H.-A. Van Trigt (né en 1829); les animaliers, J. Kobell (1779-1814), G.-J. van Os (1782-1861), Schouman (1770-1848); les peintres de fleurs A.-J. Haanen (née en 1814) et J. van de Sande-Bakhuyzen (né en 1835); les peintres de vues d'édifices, J. Bosboom (né en 1817), J. Weissembruch (1822-1880). Ary Scheffer est né à Dordrecht (1795-1858), mais appartient sans conteste à l'école française.(E. Hubert).

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