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T

La lettre T est employée par Frescobaldi dans ses oeuvres d'orgue et de cembalo pour indiquer la place d'un trille court, ou tremoletto; Pachelbel en fait le même usage en 1699; Gottlieb Muffat (1727) combine la lettre t avec d'autres signes et lui donne une forme particulière pour indiquer le trille court avec terminaison en grupetto.
Tablature. - Anciennement, toute musique écrite à l'aide de lignes, de notes ou de signes conventionnels. Règles du chant (tant de la musique que du poème) chez les maîtres chanteurs allemands. - Tableau, dessin, qui représente un instrument vent, et qui indique quels trous doivent être bouchés ou bien ouverts, pour former les diverses notes.

Table d'harmonie, et par abréviation table. - Surface plane sur laquelle est appliquée l'anche libre dans les instruments à vent; - au-dessus de laquelle passent les cordes, dans les instruments à cordes frappées, frottées ou pincées à manche; la table des instruments à cordes à manche est percée d'ouïes ou, de rosaces; on la fait de sapin. La table du piano est en sapin, son rôle est d'intensifier la sonorité des cordes; sa qualité dépend du grain du bois de sapin, du sens des fibres, de la position que le facteur donne au barrage.

Tabulature. - Notation conventionnelle usitée pour certains instruments, du Moyen âge jusque vers le XVIIIe s.

Tacet. - Locution latine signifiant « on se tait », qu'on inscrit sur les parties de chant ou d'orchestre dans les passages où l'exécutant doit se taire.

Taille. - Ancien nom de la voix de ténor. Dans les familles instrumentales, on désignait sous ce nom la partie moyenne : taille de hautbois, taille de violon. Dans le répertoire des anciens organistes français, les récits, ou solos en taille, confiés à un jeu de détail cromorne, voix humaine, tierce, etc. étaient fort appréciés, tandis que la basse de pédales et les accords d'accompagnement placés à la partie supérieure les encadraient. Ces récits en taille sont parfois très étendus. - Taille est aussi un terme de facture, pour désigner la largeur d'un tuyau sonore.

Talon. - Naissance de l'archet. Partie de l'archet que saisit la main de l'exécutant.  Dans les éditions d'oeuvres munies de signes pour l'exécution, la lettre T indique les passages qu'il faut jouer en se servant du talon de l'archet. Ce sont ceux auxquels on veut donner une plus grande énergie.

Tambour. - Caisse cylindrique dont les fonds sont formés de peaux tendues à chaque extrémité, sur l'une desquelles on frappe avec deux baguettes pour en tirer des sons. Le tambour est l'un des plus anciens instruments connus. Les tambours militaires furent introduits en Europe par les Sarrasins. Les tambours ne furent connus en France qu'au XVe siècle. Ils furent d'abord appelés « tambourins », et avaient la forme de cylindres creux, fermés par une peau tendue à chacune de leurs extrémités. Leur hauteur diminua peu à peu. Les peaux sont en veau parcheminé; celle de dessus est dite peau de batterie, l'autre peau de timbre. On a, depuis longtemps, augmenté la sonorité des tambours au moyen d'un timbre, c'est-à-dire d'une double corde de boyau fortement tendue sur la peau, et dont on peut à volonté régler la tension an moyen d'un clef.

Tambour de basque. - Tambour garni d'une seule peau et muni de grelots.

Tambourah. - Instrument de musique à trois ou
quatre cordes, formé d'une calebasse et d'une planchett. Etait utilisé chez les Berbères du Caire.

Tambourin. - Thoinot Arbeau décrit le tabourin à main, long d'environ 2 petits pieds et 1 pied de diamètre; sur les fonds de peaux on colloque des filets retors, qui « sont cause que quant le tabourin est battu d'ung batonnet ou avec les doigts, le son du dict tabourin est stridule et tremblotant ». Le tambourin provençal avec le flûtet eut son heure de vogue dans la société parisienne dans la seconde moitié du XVIIIe s.; un tambourinaire était attaché en 1750 à l'orchestre de l'Opéra; un autre, à celui de la Comédie Italienne. Un certain Châteauminois, vers 1772, se fit une clientèle d'élèves dans la société. Pour rendre le tambourin plus agréable, on imagina alors de le garnir de cordes métalliques vibrant par sympathie, au lieu des cordelettes dont parle Thoinot Arbeau.

Tambour-Maître, Tambour-Major. - Chef de la clique des tambours. Son insigne fut pendant une partie du XVIIIe s. et du XIXe s., une grande canne ornée de torsades de passementeries de couleur, qu'il lançait en l'air avec force tours de bras, plutôt pour amuser les badauds que pour donner à ses hommes les signaux nécessaires.

Tango. - Danse populaire de l'Amérique du Sud, et modifiée en Europe de diverses manières-: son rythme et le caractère de sa musique sont ceux de la havanaise ou habanera.

Tannhäuser. - Opéra en trois actes et quatre tableaux, paroles et musique de Richard Wagner (1845); drame musical écrit sur une célèbre légende germanique. Tannhauser, chevalier allemand, est partagé entre l'amour profane, où le tient Vénus, déesse du Venusberg, et l'amour, divin, représenté par Elisabeth de Hongrie, qu'il aima jadis, et, qui a conservé pour lui une profonde tendresse. Pardonné par Elisabeth, il commet le sacrilège d'exalter devant elle, au cours d'un tournoi de chant, les joies sensuelles du Venusberg. Il doit s'enfuir, et, comprenant sa faute, il prend le chemin de Rome. Mais le pape lui refuse son pardon, et à son retour il est sauvé du péché par la grâce d'Elisabeth, morte de douleur. Oeuvre inégale mais renfermant, à côté de quelques longueurs, des pages de premier ordre : l'ouverture où le thème du choeur des pèlerins se mêle au thème du Venusberg : la mélodie du pâtre; la marche des chevaliers, le chant de Wolfram : En contemplant cette assemblée immense; le choeur des pèlerins, la prière d'Elisabeth : O vierge sainte; la romance de Wolfram : O douce étoile ; etc.

Tantum ergo. - Deux mots latins commençant la cinquième strophe de l'hymne' Pange lingua, traitée en forme de motet et qui se chante pendant les saluts du Saint-Sacrement.

Tarentelle. - Danse  d'un caractère gai ayant originairement les rapports les plus grands avec la sicilienne. L'air en est à 6/8; il est court, mais se répète plusieurs fois. On l'accompagne d'ordinaire avec le calascione et le tambour de basque. Il y a une tarentelle dans La Muette, d'Auber (1828). On peut signaler : Tarentelle pour orchestre, par C. Cui; Tarentelle Slave, pour orchestre, par Dargomijsky; Tarentelle pour piano, de Chopin, op. 43.

Tarole. - Variété de tambour plat de même diamètre que le tambour ordinaire, mais beaucoup moins. haut et plus léger. Le son, qui est plus clair, mais porte moins loin, lui a fait appliquer le nom de caisse claire. C'est à peu près le tambour plat des orchestres militaires allemands.

Tasto solo, en italien = à touche seule,  employée dans l'exécution de la basse chiffrée pour indiquer les passages ou l'exécutant doit s'abstenir de placer des accords sur les notes de la basse.

Te Deum laudamus  (mots latins signifiant : Seigneur, nous louons. - Hymne célèbre, que l'on chante dans les circonstances solennelles chez les catholiques, et que la chronique apocryphe de Dace attribue conjointement à saint Ambroise et à saint Augustin, qui en auraient alternativement improvisé les versets dans la cathédrale de Milan, et que d'autres attribuent à saint Abond, à saint Hilaire de Poitiers, etc,

Tempérament. - Légère altération qu'on fait subir, dans les instru ments à sons fixes, à ceux de ces sons qui doivent rendre à la fois une note diésée et une note bémolisée supérieure d'un degré, comme ré dièse et mi bémol, afin d'atténuer l'effet désagréable que produirait cette substitution.

Temps. - Unité de durée choisie pour la division symétrique de la phrase musicale. Un nombre déterminé de durées forme un temps, un nombre déterminé de temps forme une mesure. Le temps premier est l'unité de valeur, sur laquelle se mesurent les sons. Ainsi qu'en arithmétique le nombre premier, en rythmique le temps premier est indivisible. Il était tel en effet chez les Anciens et dans le chant liturgique, où la brève sert aux combinaisons rythmiques en se multipliant, sans se diviser jamais. Temps fort, temps faible. Dans la musique mesurée moderne, notée avec barres de mesure, la division en compartiments symétriques, opérée par les barres de mesure, et la régularité de la battue, ou battement des temps, a conduit les musiciens à marquer fortement et à nommer temps fort le premier temps de chaque mesure binaire ou ternaire, le premier et le troisième, de la mesure binaire double, etc. Hugo Riemann, qu'a suivi d'Indy, adopte la théorie d'un temps léger et un temps lourd dans le rythme musical, sans les assimiler aux temps fort et faible de la mesure. Le temps léger et le temps lourd sont pour eux l'expression de l'accent rythmique, non celui des divisions symétriques de la mesure. Riemann, suivi par d'Indy, affirme qu' «  il n'est point de mélodie qui commence sur un temps lourd. » Il y a toujours une anacrouse ou préparation de l'accent. Mais cette anacrouse est parfois sous-entendue. 

Temps parfait, imparfait. - Dans la notation proportionnelle, on distinguait le temps parfait, tempus perfectum, où la division de l'unité était ternaire, du temps imparfait, où la division était binaire. Le temps parfait se marquait par un cercle fermé, O, le temps imparfait, par un demi-cercle. (Michel Brenet).

Ténèbres. - Nom donné à l'office qui se célèbre, dans la liturgie catholique, les mercredi, jeudi et vendredi saints, au soir, et qui était autrefois chanté pendant les ténèbres de la nuit. Cet office comporte le chant des lamentations de Jérémie. Il se termine chaque jour par le chant du Miserere. A la fin de chaque leçon, se place un répons. Les leçons à plusieurs voix, pour les lamentations, de Genêt et de Palestrina, les répons d'Ingegneri et de Victoria, le Miserere d'Allegri, comptent parmi les plus célèbres compositions expressives du XVIe s.

Teneur. - Dans le chant ecclésiastique, c'est le nom donné à la dominante du mode, ou note principale sur laquelle repose ou se tient la psalmodie

Tenir un son = prolonger le son pendant toute la durée prescrite, sans interruption.

Tenir l'orgue = jouer de l'orgue pendant un office ou un concert.

Ténor et Ténor (voix de). - Voix d'homme la plus élevée; l'étendue de la voix de ténor est d'environ une octave et une quinte. - Chanteur qui possède ce genre de voix. 

• Fort ténor ou ténor de grand opéra : celui qui a la voix assez aiguë et assez forte pour ne se servir jamais que de la voix de poitrine. 

• Ténor léger ou d'opéra-comique : celui dont la voix'est moins forte et qui, dans les notes élevées, est contraint de recourir à la voix de tête.

Il y a, sous le rapport du diapason, une différence entre la voix du ténor léger et celle du
fort tenor. Le fort ténor correspond au mezzo soprano de la voix de femme, à une octave plus bas; il est caractérisé par un médium puissant et un timbre barytonnant. Le ténor léger correspond au soprano de la voix de femme, à une octave plus bas; il a un timbre plus clair et une étendue plus grande, à l'aigu, que le fort ténor, mais ses notes graves sont plus faibles. Contains ténors, comme, jadis Duprez, donnent en voix de poitrine jusqu'au do; Tamberlick poussait même jusqu'au do # : mais ce sont là des exceptions. D'autre part, la voix de tête ou fausset permet au ténor de monter encore plus haut. Les parties de ténor s'écrivent soit en clef d'ut, 4e ligne; soit en clef de sol, mais alors à une octave plus haut que la voix.

Tenue. - Réunion de plusieurs sons semblables sous un signe de liaison, de manière à prolonger leur durée sans interruption au delà de la mesure ou pendant plusieurs mesures ou parties de mesure. C'est par des notes tenues que l'on traduit en notation moderne les longues durées des notations anciennes. - Tenue. - Dans le chant ou le jeu des instruments, prolongation de durée d'un son exprimée dans la notation par une liaison.

Terminaison. - Se dit, dans le chant liturgique, de la conclusion des versets d'un psaume, selon la formule spéciale à chaque mode, et déterminée par l'antienne, il ne faut pas confondre ces terminaisons avec les finales modales de l'antienne, qui donne la conclusion définitive. Dans la musique moderne, mouvement d'une mélodie ou d'un ensemble harmonique vers sa note ou son accord final. Chez les auteurs classiques, la terminaison est marquée par une cadence et se fait sur la tonique. Mais le sens de la phrase peut être laissé à dessein en suspens et se faire sans cadence sur un degré de la gamme autre que la tonique. La terminaison est souvent amenée par une coda.

Ternaire. - Se dit d'un rythme ou d'une mesure dont le mouvement se forme de trois temps ou trois unités de temps. Chez les anciens et dans le chant ecclésiastique, le rythme ternaire se compose de trois brèves ou temps premiers indivisibles.

Tessiture. - Série de sons qui convient le mieux à une voix et où celle-ci peut se mouvoir de la façon la plus aisée, et la plus favorable. Garnault s'est servi de ce mot pour caractériser la nature d'une voix, en le substituant au mot registre, qu'il réserve pour la division de la voix en parties on mécanismes différents :

«  la tessiture de la voix de basse contient deux registres distincts, le registre épais et le registre épais supérieur. ». 
La tessiture n'indique pas par elle-même le caractère d'une voix. Un soprano peut descendre dans les notes graves d'un alto, en gardant son timbre; une première basse peut monter dans les notes de la tessiture du ténor, sans cesser d'être une basse.

Tête. - On appelle tête du sujet, dans la fugue, le premier fragment du dessin mélodique choisi pour thème. - Tête. - Extrémité du manche des instruments à cordes frottées ou pincées. La tête est ordinairement terminée par quelque ornement, volute, ou figurine sculptée. - Voix de TêteVoix et Registre.

Tétracorde. - Division de l'octave en deux suites de quatre sons dont le premier et le dernier sont à distance de quarte juste. Un tétracorde diatonique renferme toujours deux tons et un demi-ton. Le tétracorde dont le demi-ton est au grave est «  par excellence  » le tétracorde des Grecs, qui  l'appelaient dorien :

Le tétracorde ayant le demi-ton au milieu était appelé phrygien :
Le tétracorde ayant le demi-ton à l'aigu s'appelait lydien :
Les tétracordes diatoniques se reproduisent semblables de quinte en quinte en montant : 
Si les tétracordes diatoniques s'unissent deux à deux, le son initial se reproduit toujours à l'octave; les modes sont donc engendrés par l'union de deux tétracordes. Dans la gamme moderne, les tétracordes constitutifs sont analogues comme séries de sons à ceux de l'octave lydienne antique, mais le rôle des degrés y est différent.

Tetrardus, ancien nom du mode de sol sans accidents, 7e et 8e tons du chant grégorien.

Thème. - Mélodie ou fragment de mélodie servant de sujet à une composition. Le thème a fini par se confondre souvent avec un simple schéma qui donne naissance aux formes mélodiques les plus variées. L'emploi d'un thème en ce sens a permis la construction « cyclique  » de vastes compositions symphoniques. Le Quatuor à cordes de V. d'Indy, op. 45 (1897), est construit tout entier sur 4 notes qui en sont le «  thème générateur  » :

Dans la 4e Symphonie de Guy Ropartz (1910), la cellule génératrice est :

devenue :

Théorbe. - Sorte de luth à manche double, en usage aux XVIe et XVIIe siècles.

Théorie. - La théorie musicale, comme la grammaire, est postérieure à la pratique.

« La théorie, dit Anglas, n'est qu'une sorte de justification a posteriori qui met en évi dence des relations particulièrement intéressantes entre des sensations universellement ressenties et des rapports mathématiques simples. »
La difficulté a été presque toujours de concilier les deux points, de vue de la science et de l'art. Il s'est créé une théorie scientifique étrangère à la pratique de l'art et au sentiment de ses formes et de sa beauté, et une pratique empirique ignorante des causes directrices de ces formes et de cette beauté. A toute époque, la théorie explicative des phénomènes et des procédés musicaux a varié, mais, à son tour, a influé sur leur développement ultérieur. On ne saurait doue s'appuyer exclusivement sur les écrits théoriques d'une époque pour en restituer ou pour en expliquer la musique, pas plus que l'étude des compositions seules ne saurait suffire. Théorie et pratique sont les deux faces de la culture musicale, et l'une ne saurait être sans l'autre. (M. B.).

Thésis. - Terme en usage dans la métrique ancienne et adopté dans le chant grégorien où il signifie l'abaissement, ou déposition de la voix sur les syllabes finales. En se servant de ce mot à propos du battement de la mesure, on doit se rappeler que, contrairement à notre usage actuel; la thésis, ou temps battu, coïncidait, avec le temps faible, Lors donc que l'on appelle rythme thétique celui dont l'accent coïncide avec le temps fort, on renverse le sens de la locution antique.

Thrène. - Chant funèbre en usage dans les temps anciens de la Grèce, entonné par des aèdes qui accompagnaient des femmes avec des cris et des gémissements.

Tibia, mot latin, désignant dans  l'Antiquité l'instrument à anche que les Grecs nommaient aulos et qui s'est perpétué au Moyen âge dans la chalemie, famille représentée de nos jours par les hautbois, clarinettes, bassons. - Tibia désigne aussi un jeu d'orgue des facteurs anglais modernes, bourdon à forte pression.

Tiento, mot espagnol. - Les organistes espagnols du XVIe au XVIIIe s. donnaient ce nom à des pièces tenant le milieu entre le prélude et le ricercar des musiciens des autres pays et qui semblaient destinées à « tâter  » le clavier, comme on le pratiquait dans le prélude. Le tiento compte parmi les formes originelles de la fugue classique : tel tiento de Aguilera (c. 1570-16...) a l'ampleur d'une fugue de Bach.

Tierce. - Intervalle de trois degrés. La tierce majeure est formée de deux tons; la tierce mineure, d'un ton et d'un demi-ton; la tierce est augmentée quand elle est formée de plus de deux tons; elle est diminuée quand elle est forme de moins de deux tons.

Timbales. - Bassin demi-sphérique en cuivre, recouvert d'une peau tendue, sur laquelle on frappe avec deux petites baguettes.

Timbre. - Qualité qui distingue deux sons de même hauteur et de même intensité. - Cloche ou clochette métallique, qui est frappée par un marteau. - Corde double à boyau, tendue au-dessus de la caisse d'un tambour, et qui en augmente le son. 

Tirannas. - Sorte d'airs populaires espagnols du genre des boléros et des seguidilles. Ils se chantent et ne se dansent pas. La mesure est à 3 temps, d'un mouvement un peu lent. On y introduit beaucoup de syncopes.

Tirant. - Tringle en bois dont l'extrémité, garnie d'un bouton ou d'une pommette, apparaît à portée de la main de l'organiste. Sa fonction est de faire ouvrir ou fermer les jeux en tirant ou enfonçant les soupapes du sommier, par l'intermédiaire des registres. C'est souvent par le seul nom de registre que l'on désigne à la fois le tirant et le registre qui en continue l'effet.

Tirasse. - Dans l'orgue, mécanisme faisant parler le clavier de pédales sur l'un des claviers manuels,  dont il tire les touches. En usage dès le XVe s., alors que les premiers pédaliers n'avaient pas encore de jeux séparés.

Tirata. - Les anciens auteurs du XVIIe et XVIIIe s. donnent ce nom à une formule d'ornementation mélodique consistant en une gamme diatonique de l'étendue d'une octave, qui précède, en montant ou en descendant, une note à appuyer. On la trouve sous ce nom et cette forme dans la liste des ornements que donne Praetorius dans son Syntagma, t. III (1618). Léopold Mozart (1756) donne des exemples variés de tiratas en montant et en descendant, et qui ne sont pas seulement d'une octave; l'un n'embrasse que la quinte, d'autres, la sixte; l'un monte l'octave en valeurs décroissantes; l'autre, en triolets; il y a une tirata chromatique, et une qui progresse en tierces. La tirata est employée par les modernes dans un sens descriptif : ex., scène de la forge de Siegfried, de Wagner; tempête, dans L'Etranger, de d'Indy; Berlioz, La Damnation de Faust (Invocation à la nature), exemple :

Tiré. - Mouvement imprimé à l'archet. On le prescrit par le signe ou . On le réserve pour les sons auxquels on veut donner plus de mordant ou d'intensité et pour les accords en triple et quadruple corde.

Toccata (pluriel toccate). - Ancienne pièce de musique, écrite pour le clavecin, le piano ou l'orgue, et ne différant de la sonate qu'en ce qu'elle n'était composée le plus ordinairement que d'un seul morceau. 

Tocsin. - Sonnerie ou tintement rapide de cloches, d'un nombre de coups déterminé, ou prolongé pendant un certain temps, et de nos jours signal d'alarme, d'incendie, etc. Pour la naissance des Dauphins de France, les cloches du palais et de la Ville de Paris sonnaient le tocsin pendant 3 jours et 3 nuits. Cet usage est mentionné dans le journal de Barbier, au 4 septembre 1729.

Tombeau. - Pièce de musique instrumentale dédiée à la mémoire d'un personnage. Les premières pièces portant ce titre semblent avoir été le Tombeau de Raquette, organiste de Notre-Dame, par le luthiste Gauthier (1640); le Tombeau du luthiste Mezangeau, par son rival Ennemond Gaultier dit le vieux, et le Tombeau de l'Enclos, par Denis Gaultier dit le jeune; la première de ces deux pièces est une allemande. Toutes deux datent des environs de 1650. Le Lamento sur la mort de Ferdinand IV, 1654, par Froberger, est une pièce du même genre pour le clavecin. On écrivait habituellement le tombeau dans la forme de l'allemande et de la pavane. Depuis cette époque et pendant le reste, du XVIIIe s., les tombeaux furent à la mode. Marin Marais, en composa plusieurs pour la viole, entre autres celui de Lulli; de Visée composa pour la guitare celui de Francisque Corbet, et d'Anglebert, pour le clavecin, celui de Chambonnières. L'un des derniers morceaux publiés sous ce titre fut le Tombeau de Mirabeau le patriote, pour le forte-piano, par F. A. Lemière, (1791). Un autre tombeau, plus récent, bien qu'il n'en porte pas le titre, est le poème pour orchestre de d'Indy, intitulé Souvenirs et dédié « à la mémoire de la bien-aimée. » (1908). (M. B.).

Ton. -  Le mot ton a plusieurs significations. C'est d'abord le plus long espace existant entre deux notes qui se succèdent diatoniquement : il y a des tons et des demi-tons. On donne aussi le nom de ton à la gamme dans laquelle est écrit un morceau de musique, et on le désigne par la première note de cette gamme, en le distinguant en ton majeur ou en ton mineur, selon la constitution de celle-ci. Un ton majeur a toujours un ton relatif mineur, et de même, un ton mineur a toujours un ton relatif majeur, c'est-à-dire que tous les deux sont en relation par l'armature : ils ont les mêmes altérations ou accidents à la clef. Le ton majeur a son relatif mineur à une tierce mineure (trois demi-tons) au-dessous de la tonique. Dans le tableau ci-joint, nous donnons toutes les gammes majeures (tons majeurs) avec les gammes relatives mineures (tons mineurs). Il y a aussi les tons d'église ou tons de plain-chant. - Certain degré d'élévation ou d'abaissement de la voix ou du son d'un instrument. - Corps de rechange qui font varier la tonalité de certains instruments (cor, cornet, trompette).

Tonada,  mot espagnol. - Pièce de chant ou de danse populaire en Espagne depuis une époque ancienne, appelée aussi tono.

Tonadilla ou Tonadille, mot espagnol. - Nom qu'on a donné en Espagne à une chanson bouffonne ou satirique dont la mesure et le mouvement changent plusieurs fois. On l'a appliqué plus tard à une petite pièce de théâtre courte et légère, parlée et chantée, dont la plus grande vogue se remarque dans la seconde moitié du XVIIIe s. On la représentait comme intermède entre les actes d'une tragédie, d'une grande comédie, ou à la fin d'une fête.

Tonaire.  - Recueil ou méthode de chant liturgique contenant des mélodies ou des spécimens de mélodies de chaque espèce classées dans l'ordre des huit tons.

Tonale (note). - On appelle note tonale, dans chaque gamme, les trois sons générateurs de cette gamme : le son primordial, ou tonique, sa quinte supérieure et sa quarte inférieure. (Voy. Résonance).

Tonalité. - Propriété caractéristique d'un ton. - Qualité d'un morceau de musique écrit dans un ton déterminé : la tonalité est indiquée par l'armature de la clef.

Tonic sol-fa. - Système de notation et d'enseignement de la musique inventé par John Curwen en 1860, et qui a pris en Angleterre un développement pratique considérable. De toutes les notations simplifiées, alphabétiques ou chiffrées, pour l'usage des choeurs, la tonic sol-fa est certainement la plus remarquable et la plus pratique.

Tonique. - C'est le nom de la corde principale qui établit le ton général du morceau. Toutes les pièces de musique finissent sur cette note que la mélodie, il est vrai, ne contient pas toujours comme note finale, mais qui se trouve au moins exprimée ou fort rarement sous-entendue comme basse de l'accord parfait qui le termine toujours. Tout autre conclusion ne donnerait pas l'idée d'achèvement, et le morceau resterait en quelque sorte suspendu, genre d'effet qui peut être d'un usage fréquent dans la musique dramatique où la nécessité d'enchaîner différentes scènes entre elles autorise cette licence. Mais si un pareil morceau vient à être exécuté séparément dans un concert, il faut nécessairement en modifier la conclusion pour que l'effet satisfasse l'auditeur. La tonique, entendue seule, n'exprime pas le mode. C'est la tierce, majeure ou mineure qui l'accompagne, seule ou faisant partie d'un accord parfait qui permet de caractériser le mode auquel appartient le morceau.

Tons commixtes, tons de plain-chant dans lesquels existent des phrases de chant qui appartiennent à d'autres tons qu'à leurs authentiques ou à leurs plagaux. (F. C.).

Tons compairs. Ce sont, dans le plain-chant, l'authentique et le plagal qui lui correspond : ainsi, le 1er ton est compair avec le 2e, le 3e avec le 4e, etc. Chaque ton pair est compair avec celui qui le précède. (B.).

Tonus peregrinus, ou ton précégrin. - Nom donné au mode dans lequel est composée la mélodie liturgique du psaume In exitu Israel, à l'office du dimanche, et qui s'écarte des autres modes par sa constitution, au point d'avoir été classé à part sous le titre de mode, ou ton irrégulier. Les théoriciens du Moyen âge l'ont classé quelquefois dans le tetrardus (Aurélien de Réomé), d'autres fois avec le protus. On en a recherché l'origine particulière dans la modalité byzantine, où se trouve en effet un tetrardus analogue. La mélodie de l'In exitu est citée par Hucbald (Xe s.) comme tonus novissimus. Ce serait la preuve qu'à cette époque un arrangement grégorien de la mélodie byzantine fut combiné et adopté. Mais aucune certitude absolue ne résulte des recherches et des comparaisons faites par les musicologues modernes. Cette mélodie a, un riche héritage musical, particulièrement dans la chanson populaire de toute époque et au XVIe s., dans les pièces polyphoniques basées sur de telles chansons, exemple : le premier motif du Chant des oiseaux, de Jannequin.

Torculus. - Figure de la notation neumatique médiévale, formée par la réunion de trois accents, adoptée dans la notation du chant grégorien pour exprimer une succession de trois notes, dont la seconde est plus élevée, sur une seule syllabe :

La notation neumatique se servait en outre d'une forme du même signe appelée torculus resupinus, où la formule était prolongée.

Tordion. - Ancienne danse française, appelée tourdion par Thoinot Arbeau. Elle formait la 3e partie de la basse danse et se dansait sur le même rythme que la gaillarde, mais « bas et par terre d'une mesure légère et concitée », à 3, composée de 6 minimes blanches, la 5e étant remplacée par un soupir. Le Recueil de danceries de CI. Gervaise (1554) donnait un autre rythme :

Mais Arbeau prend soin d'avertir que la mesure binaire appliquée par les éditeurs du XVIe s. à ces danses est une modification du rythme ternaire que ces mélodies avaient auparavant.
Touche. - Chacune des petites pièces d'ébène ou d'ivoire qui composent le clavier d'un orgue, d'un piano. Feuillet d'ébène collé le long du manche d'un violon, à l'endroit que touchent les cordes sous la pression du doigt.

Touchement. - Synonyme de battue, mais appliqué seulement au chant grégorien et  à la musique du Moyen âge et du XVIe s. dans lesquels il ne s'agit point de marquer les temps forts, et faibles d'une mesure symétrique, mais de guider du geste les exécutants en indiquant de la main comme points de repère, les retours égaux de l'unité rythmique choisie. Cette unité, pour la musique du XVIe s., est la semi-brève. 

Le touchement « n'exprime pas la composition de la mesure. Il précise simplement une valeur-unité, la semi-brève, composante des mesures. Il est un moyen pratique d'exécuter les plus ardues superpositions de rythmes disparates ». (Emmanuel).
Tourelle. - Partie d'un buffet d'orgue réunissant sur un plan circulaire, triangulaire, etc. un groupe de gros tuyaux de montre disposés symétriquement, et saillant hors de la façade du buffet.

Tournebout, ancien nom français d'une variété de cromorne.

Tragédie (musique dans la). - A l'imitation du théâtre grec, le théâtre moderne a fait quelquefois appel à la musique pour augmenter la beauté et la puissance, de la tragédie ou du drame par la participation de choeurs chantés. Le premier exemple fut donné en France par Racine, avec Esther (1688) et Athalie (1690) dont J.-B. Moreau composa les choeurs pour la maison de Saint-Cyr. Les choeurs d'Athalie ont été refaits par Mendelssohn pour une traduction allemande (vers 1843). Depuis cette époque, on a fréquemment suivi cet exemple, quand il s'agit surtout de pièces empruntées au répertoire antique.

Tragédie en musique. (Voy. Opéra). 

Trait. - Psaume chanté en tout ou en partie, à certains jours de pénitence, avant l'évangile, dans la messe de la liturgie catholique. Le trait appartient à la forme de chant appelé Directané, qui se déroule sans reprise ni répétition. Le trait est un des genres de chant grégorien qui reçoit, l'ornement de vocalises. Les versets sent alternés par les solistes, ou entre les solistes et le choeur. On y trouve dans le courant de la pièce des vocalises avec cadence telles, que celle-ci : 

C'est là une vocalise courte. Le trait se termine toujours par une longue vocalise, fixée d'avance comme les autres formules :

Transcription. - Arrangement d'un morceau de musique pour d'autres voix ou instruments que celui pour lesquels il a été écrit. Les éditions, de luth du XVIe s. contiennent de nombreux arrangements de ce genre, des motets et chansons polyphoniques célèbres. La Bataille de Jannequin, en particulier, a été l'objet de transcriptions devenues elles-mêmes fameuses, agrémentées de passages, de traits brillants, etc., et a donné l'essor à tout un genre. Du vivant même de Palestrina, il existe pour clavecin des transcriptions variées, de ses motets. Plus tard, le Livre de clavecin de d'Anglebert (1689) contient plusieurs transcriptions tirées des opéras de Lulli. Lorsque la transcription ne vise qu'à reproduire de plus près l'oeuvre originale, avec d'autres moyens, elle peut rendre les plus grands services à la musique. Les transcriptions d'oeuvres d'orgue de César Franck faites pour instruments à cordes ou pour piano par Ch. Bordes ou Bl. Selva en sont d'autres exemples remarquables. Mais la transcription, - déjà en usage au XVIe s., comme on vient de le voir, - qui ne reproduit que plus ou moins fidèlement les originaux en les agrémentant de traits de fantaisie, a été de tout temps et surtout au XIXe s., une des plus grandes causes de l'affaiblissement du goût musical. (M. B.).

Transmission. - Mécanisme permettant à l'organiste d'attribuer à chaque clavier séparément les jeux respectifs des autres claviers. L'invention de ce mécanisme, attribuée à un facteur allemand, Schaible, qui l'appliqua dans un orgue de Rome, y resta inaperçue et fut reprise et développée par le facteur allemand Merklin, longtemps établi en France.

Transpositeur. - Mécanisme adapté au piano et plus souvent à l'harmonium et consistant en un clavier mobile que l'on fait glisser de manière à jouer, sans changement de clef ni transposition écrite ou mentale, dans un autre ton que celui du morceau noté que l'on exécute. Les claviers transpositeurs rendent des services aux amateurs pour l'accompagnement des voix. Quelques petits orgue ont été munis de ce genre de clavier. 

Transposition. - Changement de tonalité d'un morceau de musique. Tout morceau de musique peut être chanté ou joué dans un autre ton que celui dans lequel il est écrit, sans que sa mélodie en soit modifiée. Ainsi, quand un morceau est écrit dans un ton trop haut ou trop bas, on le transpose. Il y a deux manières de transposer  :

1° En changeant la position des notes. On met à l'armature les signes constitutifs du ton choisi, puis on écrit chaque note du morceau à transposer au degré voulu, soit au-dessus, soit au-dessous, en ayant soin de toujours conserver, à l'aide des dièses et des bémols, quand il y a lieu, les mêmes intervalles entre les notes du modèle et celles de la transposition. 

2° En changeant de clef. Cette transposition consiste à supposer une autre clef que celle qui est placée au commencement de la portée, et à choisir celle qui correspond au ton dans lequel on veut transposer. Pour l'opérer, il faut savoir lire avec toutes les clefs, savoir appliquer mentalement l'armature du ton dans lequel on transpose, et connaître les modifications à faire aux altérations accidentelles. 

Traquenard. - Ancienne danse française peu usitée et sur laquelle on est peu renseigné. Le musicien allemand Cousser, a placé un traquenard à la fin du livre intitulé Composition de Musique suivant la méthode française, qu'il publia à Stuttgart en 1682, après avoir passé six ans à étudier à Paris la méthode de Lulli. Son traquenard est écrit dans la mesure à ¢ avec le rythme qui imite l'amble rompu du cheval, appelé traquenard, allure défectueuse, selon les techniciens. On trouve d'autres airs de même genre sous le même titre dans les oeuvres de Fischer, Muffat, Krieger, Erlebach, qui s'inspirent particulièrement de la musique française.

Travail. - En dehors du travail technique destiné à mettre le musicien en possession de tous ses moyens, le travail joue un grand rôle dans l'élaboration des oeuvres musicales. L'inspiration ne se manifeste pas nécessairement par des compositions sortant  toutes faites du cerveau du musicien : elle donne ordinairement une matière musicale; plus ou moins parfaite, que le travail, soit purement mental, soit fait la plume en main, peut seul mettre au point en la perfectionnant, en la modifiant de diverses manières. L'étude des cahiers d'esquisses de Beethoven est particulièrement intéressante à ce point de vue. (Voy. Développement et Variation).

Traviata (La). - Opéra en quatre actes, de Verdi, d'une inspiration généreuse et pathétique (1853). Le livret de Piave, est une adaptation de la Dame aux camélias. d'Alexandre Dumas fils. Parmi les principaux passages, il faut citer le choeur avec le brindisi : Burons, ami; l'air de Violetta : J'hésite encore, suivi de l'allégro : Pour jamais ta destinée; l'air de Rodolphe : A toi mon or; l'air de son père : Lorsqu'à de folles amours; le choeur des bohémiens; la romance de Violetta : Adieu, tout ce que j'aime; le duo émouvant de Rodolphe et de Violetta, etc.

Treble. - Au Moyen âge, nom français de la partie aiguë d'une composition à trois voix. C'est la traduction du mot triplum, triple. Ce mot, abandonné en France, s'est conservé dans la langue anglaise, où l'on dit treble pour dessus.

Treizième. - Intervalle de 13 degrés, redoublement de la sixte; formé d'une octave et une sixte.

Tremblant. - Organe de l'orgue ou de l'harmonium. Appareil en forme de soupape ou de roue à ailes en éventail, placé dans l'intérieur de la voie d'air et qui, mû par certains ressorts, ne permet le passage du vent que par saccades. Il produit la sonorité particulière de certains jeux d'orgues appelés Voix humaine,Vox humana, Unda maris, Éolienne, dans lesquels on produit intentionnellement des battements, c'est-à-dire un chevrotement ou un tremolo perpétuels, plus ou moins accentués. Il arrive ainsi qu'en prétendant imiter de plus près le timbre de la voix humaine, on communique au son le pire défaut d'une voix, le chevrotement. Aussi l'emploi de ces jeux est-il repoussé par la raison et le goût.

Tremblement. - Nom donné par les musiciens français du XVIIe et du XVIIIe s., à des « agréments » assez dissemblables, du genre du trille. D'après Mersenne (1636), il se notait, dans la musique de luth, par une virgule placée après la note, et s'exprimait par une inflexion à la seconde supérieure avec retour au son principal, ce qui est exactement le mordent des Italiens. La caractéristique du tremblement était qu'il « commençait par la note accidentelle ». Marpurg, en le notant, lui donne pour traduction ou pour synonyme l'italien trillo. Les signes  le désignent. L'Affilard (Principes, 1635) appelle tremblement subit un très court tremolo ou vibrato amenant le son final. Le Bègue (1677) en fait le synonyme de cadence et le marque par le signe   en lui donnant pour effet le trille à la note supérieure. D'Anglebert (1689) lui conserve cette acception et le distingue de la cadence, trille précédé d'un grupetto; il le divise en tremblement simple, tremblement appuyé précédé d'un léger arrêt sur la note supérieure, tremblement et pincé, tremblement auquel succède une inflexion à la note inférieure, formant  grupetto. Chez Couperin (1717), le tremblement, trille à la note supérieure, s'oppose au pincé, trille à la note inférieure.

Tremolo. - . Tremblement produit par les instruments archet lorsqu'on multiplie rapidement les vibrations sur une note.

Trepak. - Danse populaire de Russie et de l'Ukraine. Son rythme est binaire.

Triade. - C'est le nom donné à l'accord parfait majeur par les théoriciens du XVIe s., lorsque la pratique de la polyphonie vocale leur en eut révélé l'importance

Triangle. - Verge d'acier pliée en forme triangulaire et mise en vibration par le choc d'une baguette de même métal. On tient l'instrument suspendu par une corde ou un ruban pour l'isoler de la main qui l'empêcherait de vibrer. Avec le son fondamental, le triangle fait entendre un grand nombre d'harmoniques par lesquels sa tonalité est rendue indécise, ce qui permet de l'employer à l'orchestre dans des morceaux de toutes les tonalités. J. Cellier (1585) donne une figure de triangle fermé, tenu par un anneau fixe et traversé de 6 anneaux. Il l'appelle cimballe. 

« La Cimballe se pend au pouce de la main gauche et se frappe par dedans de la main droite avec un baston d'acier, de laquelle matière est la cimballe, avec les anneaux qui y pendent. »
Jusqu'au XVIIIe s., on fit des triangles garnis ainsi d'anneaux métalliques dont le tintement s'ajoutait à celui de la tige elle-même.

Tricotet. - Danse ancienne populaire en certaines provinces de France. Il y a des vers de Benserade sur « le Roy (Louis XIV) dansant un tricotet poitevin »; et Couperin en a tiré les rythmes de pièces de clavecin.

Trigone. - Forme antique du nable, se rapprochant de celle d'une petite harpe à colonne.

Trille. - Agrément d'exécution qui consiste dans le battement très rapide et plus ou moins prolongé d'une note avec la note qui lui est immédiatement supérieure.

Trio, en italien = à trois. - Désigne : 1° une pièce musicale écrite pour trois voix ou trois instruments; 2° la partie d'une pièce d'ensemble où originairement trois solistes seulement se faisaient entendre. 

1. Le trio piano, violon, violoncelle, se conforme dès son origine, comme coupe des morceaux, au plan de la sonate, et il n'est d'abord proprement qu'une sonate en
trio où le piano (clavecin) tient le rôle principal, les deux instruments à cordes servant d'accompagnement, et restant facultatifs. Schubert, dans ses Sonates en trio (1764 et 1767), donne un rôle personnel aux deux instruments à cordes, mais sa composition est d'une qualité maigre. A la même époque et sans que le droit de priorité soit jusqu'ici établi, des tendances semblables se manifestent chez J. Chrétien Bach, Mich. et Jos. Haydn. Les trios vocaux les plus célèbres apparaissent dans la musique dramatique du XVIIIe s. : le trio des Parques, dans Castor et Pollux de Rameau (1737); le trio entre don Juan, le commandeur et Leporello, dans Don Juan de Mozart (1787), et le trio des Masques, id., le trio «  Veillons mes soeurs », dans Zémire et Azor, de Grétry (de 1771), et, au XIXe s., celui de Guillaume Tell, de Rossini (1829).

2. Dans la Sérénade ou Concert pour les violons, flûtes et hautbois de Montéclair (1697) on trouve, dans la première suite, deux menuets dont l'un porte le mot tous et le second trio, et deux rigaudons, avec la même indication. Une telle indication est très rare. On ne rencontre ordinairement que « 1er menuet » et « 2e menuet ». Le second menuet est intitulé trio chez les classiques, depuis environ 1780. Ce titre a passé à la 2e partie du scherzo, développement du menuet.

Triolet. - Groupe de trois notes égales substitué à un groupe de deux notes ou de quatre notes et devant être exécuté dans le même temps. On le fait reconnaître en le surmontant du chiffre 3, accompagné du non d'un signe de liaison :

ou d'un signe de silence :
De subtiles nuances rythmiques sont supprimées par les modernes dans la forme du signe dont ils se servent pour réunir les groupes du triolet. Dans la même phrase, Dukas marque du trait courbé ordinaire les triolets croche qui passent chacun pour un temps de la mesure marquée 4/4, et il place un trait droit horizontal terminé aux deux extrémités par un crochet, sur les groupes de 3 noires qui passent chacun pour 2 temps et qui superposent un 6/4 au 4/4 :

Triple croche. - Figure de note en forme d'une croche dont la queue est munie de 3 crochets. Elle vaut la moitié d'une double croche.

Triplum. - Au Moyen âge, voix supérieure d'une composition à trois parties. (Voy. Treble).

Trisagion. - Invocation religieuse dont le texte Agios o Theos, Sanctus Deus, etc., est alternativement grec et latin et que, dans la liturgie romaine, on chante le vendredi saint.

Tristan et Yseult. - Drame lyrique en trois actes. poème et musique de Richard Wagner (1865). Le sujet est emprunté à une vieille légende celtique. La musique offre, avec des longueurs et des passages d'une difficile compréhension, des pages dans lesquelles la passion, la tendresse et la douleur sont exprimées avec les accents d'un pathétique déchirant. Parmi les plus belles pages de la partition on peut citer, au deuxième acte, le duo passionné de Tristan et d'Yseult; au troisième, le prélude avec solo de cor anglais, et la mort d'Yseult.

Triton. - Nom donné à l'intervalle de quarte augmentée, qui est composé de trois tons. La fausse relation de triton se produit lorsque le 7e degré, se produisant dans une partie harmonique précède ou suit immédiatement le 4e degré, mis dans une autre. Mais des successions de tierces ou de sixtes produisant cette fausse relation (appelée alors mi contra fa), étaient tolérées en certains cas, au Moyen âge. Pour éviter le triton mélodique, honni par les musiciens du Moyen âge et de la Renaissance, il faut en certains cas employer les accidents, dits de tradition, non marqués dans les textes mais exécutés par les chanteurs. Dans le début du Chant des oiseaux de Janequin :

le mi doit être bémolisé afin d'éviter le triton mélodique. D'ailleurs, les maîtres étaient loin de toujours redouter et toujours exclure ou corriger le triton. Le début en mode de fa, sans bémol, mode lydien, de la chanson de Janequin Las, pauvre cueur, contient dans ses quatre premiers vers cinq exemples de triton mélodique sans atténuation de sa dureté par le si bémol qui y est impossible; donc, l'emploi du triton est voulu et expressif :

Tritus, du grec tritos, troisième; désignation de la troisième espèce de mode liturgique, 5e et 6e tons grégoriens (finales fa et do).

Trois-huit. - Dénomination d'une mesure à trois temps, qui a la croche pour unité de temps. - Morceau dont la musique est à trois-huit.

Trois-quatre. - Dénomination d'une mesure à trois temps, qui a la noire pour unité de temps. - Morceau dont la mesure est à trois-quatre.

Trombone. -  Instrument à vent, composé de deux tubes (coulisses) recourbés qui peuvent entrer l'un dans l'autre, de manière à produire les différents tons ou demi-tons. Le trombone à coulisse est usité en France depuis Gossec (Sabinus, opéra; 1774). L'instrument est formé de deux parties principales; le papillon et la coulisse. Celle-ci est faite de deux tubes cylindriques disposés parallèlement et sur lesquels glissent deux autres tubes. Le trombone s'emploie a l'orchestre par groupe de trois : trombone-alto, trombone-ténor, trombone-basse. On a adapté au trombone des pistons, qui remplacent le jeu de la coulisse et rendent l'exécution plus facile.. Par contre, le son du trombone à pistons est moins beau et moins éclatant que celui du trombone à coulisse. Son étendue est celle des saxhorns. - Tombone-pistons  : trombone dans lequel des pistons remplacent le jeu des coulisses.

Trompe. - Instrument primitif formé d'une corne d'animal creusée, ou dont la forme est imitée en toute autre matière. Une trompe ne donne qu'une sorte de mugissement rauque, uniquement propre à servir de signal.

Trompette. -  Instrument à vent, en métal, d'un son éclatant. La trompette de cavalerie a une forme analogue à celle du clairon, mais elle est plus allongée. Sa sonorité est pure, stridente et claire. Elle est en mi bémol. Son étendue est de deux octaves et demie, mais ne possède que les notes indiquées ci-dessus. La trompette moderne est parente de la tuba de l'Antiquité; ce n'est qu'à une époque relativement récente (après le XVIe s.), qu'elle a pris la forme d'aujourd'hui, qui la rapproche du cor, avec un circuit plus allongé. L'accord est changé, comme dans les cors, par l'adjonction de tubes additionnels ou tons de rechange. Les plus usités sont ceux de do, mi bémol, fa, sol, si bémol. On note les parties de trompette comme celles de cor, mais la trompette sonne une octave plus haut. Les trompettes chromatiques à pistons ou trompettes d'harmonie remplacent de plus en plus cette dernière et sont en général en fa ou en si bémol. Les trompettes en mi bémol ou en si bémol sont notées le plus souvent comme une partie de cornet. Le timbre de la trompette est aigu et perçant, niais, allié aux autres cuivres, il est brillant et solennel.

Trompette marine. -  On donnait le nom de trompette marine à un instrument de musique à corde et à archet en usage au XVIIe s.  - Porte-voix.

Trope. - Dans la musique antique et le haut Moyen âge, synonyme de ton de transposition, ou de ton d'une façon absolue. - Trope. - Pièce liturgique formée par l'intercalation de paroles et de notes nouvelles dans le cours d'une mélodie et d'un texte préexistants. Les tropes furent en grande faveur pendant les IXe-XIe s. On en forma des livres entiers appelés tropaires. Tous les chants de l'Ordinaire de la messe furent ornés de tropes qui en paraphrasaient le texte et qui en allongeaient la mélodie. Certains restèrent en usage jusqu'au XVIIIe s. On peut citer un exemple moderne, d'intercalation analogue aux tropes dans la Messe de Sainte-Cécile, de Gounod (1855). Dans l'Agnus Dei, le ténor introduit les paroles Domine, non sum dignus, etc., qui sont reprises par le soprano après le second Agnus. Bien qu'admirée et vantée par Saint-Saëns, cette intercalation est extra-liturgique.

Troubadours. et Trouvères. - Les ancêtres des troubadours et des trouvères sont les jongleurs. A l'art de réciter des vers quelques jongleurs joignirent bientôt celui d'en composer; ils furent qualifiés de trouveurs. Les troubadours étaient des poète provençaux du Moyen âge.  Il ne faut pas confondre absolument les troubadours avec les trouvères, bien que ces deux termes ne soient que les formes différentes d'un même mot. Les troubadours parlaient la langue d'oc et les trouvères la langue d'oïl. Les premiers, répandus dans le midi de la France, couraient de château en château pour y chanter leurs poèmes, consistant en sonnets, pastorales,
chansons. Ils nommaient leur art : gaie science. Les plus fameux d'entre eux sont : Bernard de Ventadour, Arnaud Daniel, Peire Vidal. Les trouvères, poètes du nord de la France, et particulièrement de la Picardie, se livraient de préférence à la poésie épique ou lyrique. On leur doit des romans de chevalerie et les premiers essais de théâtre. Quelques trouvères furent même jugés dignes d'écrire les faits et gestes de leurs protecteurs; ainsi, Froissart, Chastellain. Molinet et Meschinot. Si le trouvère avait fait des études et savait le latin, sa condition se trouvait fort rehaussée; il traduisait ou imitait les oeuvres de l'Antiquité : tels furent, à la cour des rois d'Angleterre, Wace et Benoît de Saint-More. A partir du XIVe siècle, le rôle des troubadours est fini. Quant aux trouvères, leur histoire ne se prolonge pas au delà du XVe siècle.

Trouvère (Le) ou il Trovatore. - Opéra en quatre actes, livret italien de Salvatore Cammarano (traduction française d'Emilien Pacini), musique de Verdi. Livret romanesque et pathétique, Le comte de Luna veut épouser la belle Léonore; mais elle lui préfère le trouvère Manrique, élevé par la bohémienne Azucena. Léonore s'empoisonne. Le comte fait trainer Manrique au supplice; mais, au moment où meurt le trouvère, Azucena apprend au comte que c'est de son frère qu'il vient d'ordonner la mort. Musique admirable, malgré quelque monotonie dans l'accompagnement, par la puissance de l'expression et la richesse de l'inspiration. Parmi les passages les plus célèbres, nous citerons la cavatine de Léonora : L'amour ardent; la romance de Manrique : Triste exilé; le choeur des bohémiens le récit d'Azucena : La flamme brille; l'air du comte de Luna : Son regard, son doux sourire; la scène du Miserere, avec la cantilène de Léonora et le chant de Manrique; l'air d'Azucena: O ma patrie; etc. (1853).

Troyens (Les). - Opéra en cinq actes, paroles et musique d'Hector Berlioz (1863; partition qui contient des passages de premier mérite. Cette oeuvre fait suite à la Prise de Troie du même auteur et raconte l'arrivée des Troyens à Carthage et les amours d'Enée et de Didon. Parmi les plus beaux passages, il faut citer : le duo gracieux de Didon et de sa soeur Anna; l'air d'Ascagne; l'hymne à la Nuit et le beau duo d'amour de Didon et d'Enée  : Nuit d'ivresse et d'extase infinie; la chanson mélancolique du matelot Hylas, sur le mode hypomixolydien; l'air d'Enée : Ah! quand viendra l'instant des suprêmes adieux

Tsou-kou. -Tambour chinois, dont l'origine remonte à plus de deux mille ans avant l'ère chrétienne..

Tsou-kou.
Un tsou-kou.

Tsouma-koto. - Instrument de musique japonais, sorte de cithare montée de treize cordes.

Tsouma-koto
Un Tsouma-koto.

Tuba (nom latin antique de la trompette). - Instrument moderne à vent en cuivre, à tube conique et à pistons, formant les basses de la famille des saxhorns ou bugles à pistons. Le tuba en si bémol est à l'unisson du bugle baryton en si bémol, mais ses proportions plus larges permettent l'emploi du son fondamental, et ses 4 pistons fournissent onze positions.  Le tuba est en usage dans l'orchestre symphonique où il remplace l'ophicléide. Sa partie est notée dans le ton réel. Wagner a fait construire pour les représentations de Bayreuth  un quatuor de tubas, 2 ténors en si bémol et 2 basses en fa, destinés à compléter la famille des cors au grave; il les voulut munis d'une embouchure de cor, afin de les faire jouer par 4 des 8 cornistes compris dans son orchestre. Ces instruments sont l'équivalent des saxhorns altos de basses, appelés en Allemagne' Althorn et Euphonion. En France, les facteurs ont intitulé Basse et Contrebasse, sans plus d'explications, des instruments du genre tuba, à 4 ou à 5 pistons, dont font usage les musiques militaires en remplacement de l'ophicléide. - Tuba : Jeu d'orgue du genre trompette.

Turbae, en latin = foules. - Parties interprétées par le choeur, dans le chant de la Passion : on les désigne aussi sous le nom francisé de Turbes. Les premiers choeurs de Passion, pour le dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint, furent écrits par Binchois, en 1437, pour la chapelle des ducs de Bourgogne, à Bruges. On cite ensuite, parmi les plus célèbres turbes, celles d'Obrecht, de Victoria et de Suriano. 

Turlutaine. - Nom familier de la serinette, aux XVIIe et XVIIIe s. On disait par dérision d'une musique insipide : « C'est une turlutaine ».

Tutte corde, en italien  = toutes les cordes. - S'employait dans la musique de piano, lorsqu'il y avait eu précédemment l'emploi de la pédale unicorde. Cet effet ne se produit plus qu'approximativement dans le piano moderne, en lâchant la pédale de sourdine.

Tuyau. -  Tube à parois lisses et rigides, rendant un son lorsque la masse d'air qu'il renferme entre en vibration.

Tympanon. - Instrument de musique monté avec es cordes de laiton, qu'on touche avec des baguettes de bois.

Tympanonique (du grec tumpanon = tambour). - Art de figurer par des signes les batteries du tambour, en indiquant la cadence, le degré de vitesse et d'énergie, le jeu des baguettes. Ce système figuratif emploie, comme la musique, des portées différentes, des notes exprimées par des noires, etc.

Tympanum (mot latin, du grec tumpanon = tambour). - Tambour utilisé dans l'Antiquité, analogue au tambour de basque moderne : Les bacchantes dansaient au son du tympanum.

Typophone. - Instrument ou jeu d'harmonium inventé par Mustel, consistant en une série chromatique de diapasons mis en mouvement par un clavier de percussion. Les sons n'en produisant pas d'harmoniques à l'aigu, c'est surtout l'octave grave de la note touchée qui est sensible à l'oreille. (voy. Carillon).

Tyrolienne. - Chant populaire dans les Alpes du Tyrol, où il porte le nom allemand de Iodler ou Dudler. Il consiste ordinairement en une courte suite de petites phrases mélodiques qui se chantent sans texte sur quelques syllabes ou voyelles, et dont le caractère spécial est de passer constamment du registre grave au registre aigu, de la voix de poitrine à la voix de tête ou de fausset. Presque tous sont en rythme ternaire :

Ces chants ont eu un moment de vogue européenne au XIXe s. Ils ont été introduits ou imités dans quel ques opéras, telle la tyrolienne chantée dans le 1er acte de Guillaume Tell, de Rossini (1829). Lorsque ces chants sont exécutés à plusieurs voix, les chanteurs entrent successivement, au nombre de quatre au plus, le premier posant la mélodie, les autres la reprenant au-dessus, par étages. Tous les chants sont à trois temps. Il n'y a pas d'imitations ni de réponses véritables, les voix secondaires reprennent exactement la mélodie, à la tierce et à la sixte. Les harmonies accessoires qui se produisent aux débuts ou conclusions de phrases sont des plus simples. Après que le thème. ici noté comme basse, a été chanté seul, puis à deux voix, l'entrée de la troisième voix produit les successions suivantes :

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Dictionnaire Musiques et danses
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