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Vocalise,
n. f. - Chant ou partie de chant sur une voyelle.
L'origine des vocalises est orientale et remonte aux siècles de
l'Antiquité, où les Grecs
s'étonnaient d'entendre les prêtres égyptiens louer
leurs dieux. en proférant de longues séries de sons sur les
voyelles. Saint Augustin en fait mention dans
le chant chrétien, auVe s., en approuvant
hautement les chants de jubilation, comme
une « musique joyeuse sans mots », expression de « l'esprit
perdu dans la joie ».
Dans le chant
grégorien, les chants ornés de vocalises sont les traits,
les répons prolixes et surtout le répons-graduel
et l'alleluia, et l'offertoire.
Toute la musique
qui nous est connue depuis le haut Moyen âge
est abondante en vocalises expressives, qu'il s'agisse soit du chant d'un
soliste, soit de duos, trios ou quatuors. Spécimens de vocalises
(Voy. aussi Mélisme, Ornements)
: on y reconnaît déjà le dessin arrêté
de faire coïncider la principale vocalise avec le mot important, dans
les exemples I à IV.

L'école
du quatuor vocal,
avec Josquin Després, Palestrina, etc.,
offre des exemples nombreux de vocalise expressive (ex. V).
Avec la décadence
de cet art, l'expression ou la décoration sont, amoindries au profit
de la virtuosité un exemple d'Orlande de Lassus est caractéristique
déjà à ce point de vue; avec Monteverdi,
l'exagération s'accuse, et plus encore chez leurs contemporains.
Dans l'Historia Divitis, de Carissimi,
la vocalise suivante se trouve dans un solo de basse (ex. V I).
Un exemple curieux
de trait ornemental a été cité d'après les
Madrigaux
de Turini (1624) (ex. VII).
Bach
place sur le mot Freude dans un récit de la cantate'
Wachel,
betet une grande vocalise de style tout instrumental (ex. VIII).
Mais ensuite, sous
l'influence des virtuoses, qui ne voient dans la vocalise
qu'une vaniteuse
occasion de montrer leurs moyens, le procédé perd son sens
expressif, et devient une pure formule d'exercice destinée uniquement
à prouver le talent du chanteur. (Michel Brenet). |
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