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Ténor,
n. lat. m. - Dans les premières compositions harmoniques
ou contrepointiques, le ténor
était la partie la plus grave, la base de l'harmonie et du rythme,
au-dessus de laquelle se disposaient les autres voix,
motet,
triple, quadruple. Les ténors étaient donc, indépendamment
de la nature des voix, des mélodies ou des fragments de mélodies
choisis pour jouer le rôle de basse ou de partie fondamentale. C'est
leur acception au XIIIe et au XIVe
s.
A cette époque,
les musiciens puisent leurs ténors à deux sources, le chant
liturgique, la chanson profane. Lorsqu'on
choisissait un ténor profane, en langue vulgaire, son rythme était
conservé. Lorsqu'on empruntait un ténor au chant liturgique,
le déchanteur, n'ayant pas à se préoccuper d'un rythme
absent, n'envisageait que la succession mélodique, dont il réglait
la symétrie rythmique à sa guise, imposant au thème
une forme modale (rythmique) qu'il ne connaissait pas. C'est ainsi que
les contrepointistes s'accoutumèrent peu, à peu au travail
thématique.
Le Cantus
firmus était travaillé comme une matière inerte
à laquelle l'ouvrier donne la forme et la vie. On voit dès
le Moyen âge les contre-pointistes
se reprendre l'un à l'autre un même thème pour le traiter
différemment. On a trouvé jusqu'à six traitements
du ténor Eius, fragment du répons
Stirps Jesse (attribué
au roi Robert) dans le manuscrit de
Montpellier.
C'est par cette coutume devenue traditionnelle que l'on explique les traitements
renouvelés de thèmes chez les maîtres des XVe
et XVIe s.
Les manuscrits ne
portent généralement que le premier mot du texte du ténor
choisi : Aptatur, ou
Haec dies, etc. Cette absence de paroles,
jointe à la notation en ligatures, a fait supposer une exécution
instrumentale. C'est une hypothèse discutable. |
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