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P

P. - Abréviation pour piano, dans les nuances d'expression : cette indication était déjà en usage vers la fin du XVIe s. en opposition avec f (forte). 

Dans les pièces d'orgue, P est l'abréviation de Positif

Dans la notation alphabétique dite boétienne, P exprimait la double octave de A.

Paean. - Chant solennel et  religieux de triomphe dans l'Antiquité grecque. Le terme est devenu tradivement synonyme de chant funéraire.

Palestrinien, -ienne. - Dérivé du nom de Palestrina, et appliqué habituellement au genre de musique qu'il a illustré, c'est-à-dire à tout le style vocal polyphonique en usage de la fin du XVe s., aux débuts du XVIIe s. On ne saurait disconvenir que cette acception n'est pas très justement choisie, ce style ayant été principalement formé par Josquin Després.

Palette. - Dans les anciens instruments à clavier, nom des touches correspondant aux sons de la gamme diatonique, par opposition aux feintes, qui servaient aux sons diésés ou bémolisés.

Palinodie (du grec odè palin = chant en arrière, en sens contraire). - Selon la mythologie grecque, Stésichore, ayant dit du mal d'Hélène au début d'un poème, l'eut à peine achevé, qu'il fut frappé de cécité par les Dioscures, frères de cette princesse; mais il n'eut pas plutôt compris la cause de son malheur, qu'il remplaça les vers injurieux par des paroles élogieuses, et Hélène, satisfaite, lui fit rendre la vue. Ce chant fut depuis célèbres sous le nom de Palinodies. L'ode d'Horace à Tyndaris (Odes, 1, 16) est une charmante palinodie. Chanter la palinodie est devenu une expression proverbiale pour exprimer l'action de dire le contraire de ce qu'on avait dit d'abord, de se rétracter complètement. (P.).

Palotas. - Danse noble, mise à la mode en Hongrie vers les premières années du XIXe s. et qui se divisait ordinairement en trois mouvements appelés lassan (lent), czifra (orné) et fris ou friska (frais, vif). Liszt a conservé la forme générale du palotas et emprunté quelques-uns de ses thèmes les plus populaires, dans plusieurs de ses Rhapsodies hongroises. Les palotas servirent de modèles et de moule aux czardas. Le lassan offre le type de la habanera et du tango.

Pandore, en italien pandura; du grec pandoura. - Instrument à cordes pincées, à manche, d'origine fort antique, du type de la mandoline, dont elle forme la basse, en sonnant une octave au-dessous. Le musée du Conservatoire de Paris possède une belle pandore du luthier Vinaccia, datée de 1783, qui mesure 0,68 m de longueur et qui est montée de 4 cordes doubles. 

Pantomime. - Genre théâtral dans lequel la parole est absente. Elle est ramplacée par le geste, lui-même appuyé par la musique.

Parisienne (La). - Chant populaire, presque improvisé par Casimir Delavigne, immédiatement après la Révolution de juillet 1830. La pièce est en sept strophes avec un refrain, et, sans être d'un ordre bien élevé, a une sorte de chaleur qui, répondant à la passion du jour, lui donna une petite vogue éphémère. Elle fut écrite sur un chant musical qui existait dans l'oeuvre du compositeur Auber, et qui devint dès lors comme la Marseillaise officielle et habituelle des fanfares de la royauté de Juillet.

Parodie, air de chant sur lequel on a fait de nouvelles paroles. Au XVIIIe siècle on appelait Parodies les vaudevilles faits sur les airs d'opéra de Lulli et de Rameau. Parodier, c'est encore adapter des paroles à une musique instrumentale, ou transcrire pour instrument un air de chant.

Partie. - Portion d'un tout.

1. Portion d'une oeuvre musicale composée de plusieurs morceaux, ou portion d'un morceau contenant plusieurs reprises ou divisions.

2. Rôle destiné à une voix ou un instrument, dans une exécution d'ensemble.

D'après le.sens 1, on dit : Sonate en 3 parties, et d'après le sens 2, Sonate à 3 parties. Les langues étrangères, dans ce second sens, emploient ordinairement le terme correspondant à « voix » même s'il s'agit d'instruments. Choeur à quatre parties, celui où l'harmonie comprend quatre voix. Dans ce sens, la partie est donc une suite mélodique écrite pour se réunir harmoniquement à d'autres et former une composition à plusieurs voix ou plusieurs instruments. Les parties d'une composition harmonique se numérotent en commençant par la plus aiguë, qui est dite partie supérieure ou première partie. La partie la plus grave est appelée basse. On nomme parties extrêmes la partie supérieure et la basse. Les parties situées dans l'échelle entre la 1re partie et la basse sont dites parties intermédiaires. Leur nombre est variable et détermine le titre que portera le travail du compositeur, du point de vue théorique. On dira qu'une oeuvre est écrite, ou harmonisée à 2, à 3, à 4 parties, ou davantage. On dira qu'elle est écrite à  4 parties réelles, lorsqu'il y aura effectivement réunion harmonique ou contrepointique de quatre suites mélodiques se mouvant de leur dessin propre. Dans la musique ancienne, les parties sont souvent désignées par les noms des voix auxquelles elles correspondent, même si elles doivent être exécutées par des instruments(M. B.).

Partiel, qualificatif donné, dans l'étude du timbre aux sons plus généralement appelés sons harmoniques. Un son musical quelconque se décompose, à l'analyse, en un nombre d'au moins dix sons élémentaires ou partiels, dont le principal est dit son fondamental, et les autres, sons partiels, sons harmoniques, sons résultants. 

Partimento, mot. italien, pluriel partimenti. - Exercices de composition, consistant en basses chiffrées sur lesquelles les élèves développent le mouvement des parties harmoniques. Les Partimenti de Fenaroli sont restés célèbres.

Partita. - Titre de pièces, en allemand Parthien, Partie, donné comme équivalent de suite par des musiciens allemands d'autrefois à des compositions instrumentales. Ce terme est employé dans ce sens au XVIIe s., par Froberger (1693) et Kuhnau (1692); au XVIIe par Teof. Muffat (vers 1735 dans ses Componimenti), par J. S. Bach. Pachelbel se sert du mot partita comme équivalent de variation ou de diminution, pour les pièces qu'il écrit sur les chorals Sterbensgedanken. Il y a 9 partite ou variations qui suivent le choral Was Gott tut, das ist wolgetan. Bach emploie partita également dans le même sens.

Partition. -  Ensemble de toutes les parties d'une composition musicale. Dans une partition, les parties (voix et instruments) d'une composition musicale sont rangées les unes au-dessous des autres, de façon qu'elles correspondent exactement mesure par mesuure. La coutume est de grouper les instruments par familles, et pour chaque groupe de les disposer de haut en bas, les plus aigus d'abord et les plus graves rn dernier. On a ainsi trois groupes : en tête, celui les instruments à vent en bois (petite flûte, grandes flutes, hautbois, cor anglais, clarinettes, bassons, contrebasson); au-dessous de ceux-ci, les instruments à vent en cuivre et ceux à percussion (cors, tromtettes, cornets et bugles, trombones, tubes, timbales, triangles ,cymbales, tam-tam, tambour et grosse caisse); enfin, l'orchestre d'archet, qui entoure les parties vocales (premiers et seconds violons, altos ; voix soprano, alto, ténor, basse, choeuur disposé de la même façon; violoncelles, contrebasses; orgue). Les partitions de morceaux pour musiques miliaires sont ordinairement présentées ainsi : flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, saxophones et sarrussophones, bugles et cornets, altos, cors, barytons, trombones, basses, contrebasses, tambour, grosse caisse et cymbales. - On appelle partition de chant une partition contenant les parties de chant et une réduction au piano les parties d'orchestre. - Le nom de partition est encore donné à la règle usitée pour accorder l'orgue et le piano par tempérament.

Pas redoublé. - Sorte de marche vive, écrite en mesure six-huit, principalement en usage dans la musique militaire française depuis 1790, au moment où se forma le répertoire et le genre de ces bandes instrumentales, sous l'inspiration de Sarrette et de Gossec.

Passacaille. - Sorte de chaconne très lente. - Air sur lequel on la dansait.

Passage, en italien, passo, pluriel passi. - Ornement imprévu et au moins en apparence improvisé, qu'un chanteur italien au XVIIIe s. était tenu d'introduire dans ses airs, sans paraître l'avoir appris par coeur et en lui donnant des formes et des applications toujours renouvelées. Tosi (1723) regarde le passo comme « la production la plus digne de louanges d'un bon chanteur ». « Il est utile que celui qui chante mette la plus grande attention à apprendre l'art de le composer. » Cinq qualités y sont nécessaires : l'intelligence, l'invention, le temps, L'artifice et le goût. Tosi développe longuement cet axiome et donne des règles minutieuses sur l'emploi du passo, ses nuances, et les formules ornementales qui concourent à son embellissement (appogiature, trille, port de voix, scivolo et strascino). (Notes de passage).  (M. B.).

Passage (notes de). - On appelle ainsi les sons étrangers à l'harmonie placés entre deux notes essentielles de la phrase musicale ou de l'harmonie (notes radicales) et qui les réunissent par degrés conjoints. Les notes de passage peuvent être diatoniques ou chromatiques et figurer des dessins rythmiques variés, de différentes valeurs. Elles s'emploient généralement sur les temps faibles ou la partie faible des temps. On peut placer des notes de passage dans plusieurs parties à la fois. C'est ainsi que, dans la musique de clavier, se produisent des gammes en tierces ou en sixtes frappées ou brisées et des suites de quartes et sixtes. La rencontre de notes de passage en mouvement contraire produit souvent des dissonances très dures; elles sont tolérées dans la musique instrumentale, principalement lorsqu'elles sont notées en valeurs de peu de durée; les théoriciens de l'harmonie en défendent l'emploi dans la musique vocale.

Passemeze. - Danse ancienne, en usage au XVIe s. et au cours du XVIIe s. Thoinot Arbeau en parle (1589) comme d'une pavane jouée moins pesamment et d'une mesure plus légère. Le nom italien était pass'e mezzo ; c'est sous ce titre que Besard note quelques pièces dans son Thesaurus pour luth (1603), où il dit expressément que les passemeze sont appelés pavanes par les Français. Le manuscrit de luth 711 de la bibliothèque de Vesoul contient un passemeze romanesque à quatre temps, C, suivi de trois gaillardes romanesques, à 3/2, qui varient le même thème, ou plutôt le doublent. Peut-être est-ce une transcription d'une oeuvre d'orgue. Le sixième livre de Danceries de Claude Gervaise (vers 1550) contient une « pavane passemaize » qui répond à la définition de l'Orchésographie d'Arbeau par son allure plus légère que celle de la pavane :

Elle est suivie d'une gaillarde à 3.
La  passemeze, dit Mersenne (1636), est « un chant à l'italienne propre à danser [...], Elle servoit le temps passé d'entrée aux basses danses : or, elle se danse en faisant quelques tours par la salle avec certains pas posés, et puis en la traversant par le milieu, comme le mot le porte; ou bien elle a ce nom du pas et demy dont elle se mesure ». 
Malgré ce que dit Besard (1603), le Passemezo, traité à ¢, est distingué de la Padovana, à 6/8 dans le livre de luth d'Ant. Rotta (1645) où ces deux formes se rencontrent dans la même suite, séparées par une gaillarde. Dans le livre de luth de Math. Waisselins, une suite contient un passemeze suivi de la sua padoana à 6/8, et suo saltarello à 3/4 et la represe, 3/4.  (M. B.).

Passe-pied. - Danse légère, gaie et charmante; en mesure binaire, à pas glissés. Introduite à la cour de France à la fin du XVIe s. Encore en grande faveur sous Louis XIV et Louis XV, mais devenue ternaire et plus vive. Espèce de menuet vif où est admise la syncope que refuse le menuet. On distinguait au milieu du XVIIe s., plusieurs manières de danser le passe-pied, dont la plus répandue était appelée « le vieux passe-pied  ». On trouve quelques passe-pieds, notés à 3/4 et même à 6/8, par exception. La véritable mesure était 3/8. (Bourrée).

Passion. - Dans la liturgie catholique romaine, chant relatant la Passion de Jésus d'après les Evangiles et qui est chanté pendant le semaine sainte.

Pastorale. - Dans la musique instrumentale, morceau descriptif ou faisant allusion à une scène champêtre. Par un souvenir presque irréfléchi de chants populaires ou d'airs pastoraux joués sur la musette ou autre instrument, il est devenu conventionnel d'écrire les pastorales instrumentales dans la mesure à 12/8 ou d'autres analogues et d'y chercher des effets imités du hautbois ou autres instruments :

Comparez la Symphonie pastorale de l'Oratorio de Noël de Bach; I'andante de la Symphonie Pastorale de Beethoven; Sonate, op. 28 de Beethoven.
Pastorale du 8eConcerto de Locatelli, à quatre violons (1721) :
(M. B.).


Pastourelle. - Genre lyrique au moyen âge. La pastourelle a ordinairement pour sujet les propositions d'amour qu'un chevalier adresse, avec des succès divers, à une bergère. Le célèbre Jeu de Robin et Marion, d'A. de La Halle, est une pastourelle dramatisèe. - On nomme aussi pastourelle la quatrième figure de la contredanse française. 

Patte. - Ancien terme pour désigner la partie amincie qui termine le pavillon de certains instruments ou corps sonore : la patte du hautbois, la patte de la cloche.

Pause. - Intervalle de temps de la durée d'une mesure, qui, dans l'exécution musicale, indique un repos de cette durée. La valeur de la pause est à la fois absolue et relative : elle est absolue, parce qu'elle équivaut toujours à une mesure; elle est relative, en ce sens que la mesure étant à quatre, à trois ou à deux temps, la pause indique toujours le silence d'une mesure entière. La pause se marque par un trait horizontal très court et un peu épais, qui se place sous la quatrième ligne de la portée.  Lorsque, dans une partie, plusieurs pauses se succèdent, on tire une barre horizontale assez longue, surmontée  d'un chiffre indiquant le nombre de pauses à compter.

Pavane. - Ancienne danse lente et grave, apportée d'Espagne en France au XVIe siècle : la pavane se dansait par couples, en costume de cérémonie.

Pavillon. - Partie terminale d'un instrument à vent, qui s'élargit  brusquement à l'extrémité du tuyau. La forme du pavillon est sans action sur le timbre. Mais le développement conique dont il est l'évasement final est de toute nécessité et ses proportions déterminent la justesse des harmoniques. Le pavillon est sans utilité dans la clarinette, dont le tube est cylindrique. Glück a imaginé de faire aboucher les pavillons de deux cors en ré jouant à l'unisson pour produire une sonorité caverneuse dans le passage d'Alceste : « Caron t'appelle, entends sa voix  ».

Pédale. - Levier qu'on manoeuvre avec le pied, pour modifier les cordes d'une harpe, modifier les sons d'un piano, etc. - Touches du piano qu'on baisse de même. Gros tuyau d'orgue ou basse d'un autre instrument, que l'on fait sonner à l'aide d'une touche qu'on baisse avec le pied. - Note de basse, que l'on tient très longtemps.  -  Partie de la fugue, qui précède lacadence finale.

Pédalier. - Clavier de pédales de l'orgue, de clavecins et de pianos spéciaux. On en trouve l'usage dès le XVe s. Mais le pédalier fut lent à se répandre, et ne parla longtemps que par tirasses avec un autre clavier. Les claviers de pédales des anciennes orgues françaises jusqu'au commencement du XIXe s. se composaient de tenons ou petites pièces de bois fa sant saillie hors du plancher, sûr deux rangs un peu inclinés. A la même époque, existaient déjà dans les orgues allemandes des pédaliers plus commodes, composés de touches allongées et rapprochées les unes des autres, en sorte que l'exécutant pouvait les actionner soit de la pointe du pied, soit du talon. Le clavier de pédales, dans les grandes orgues, embrassait déjà 28 à 30 notes, du do de huit pieds au fa ou au sol correspondant à celui du milieu des claviers manuels, dès le début du XVIIe s. Titelouze en parle dans la préface de ses Hymnes (1623). En 1680, le pédalier du grand orgue de Rouen comprenait ces trente notes. Plus tard, c'était la dimension du pédalier de J.-S. Bach. En Angleterre, on ne construisit de claviers de pédales qu'en 1790, et sous forme de simples tirasses. Pour y suppléer, on ajoutait quelquefois au grave des claviers manuels, une série de tuyaux de 16 pieds sonnant à l'octave grave des basses exemple, l'orgue de la cathédrale d'Exeter, 1666. La forme qui était dite « à la française  » rendait très difficiles le jeu lié et l'exécution des passages rapides. Les claviers « à l'allemande  » leur furent substitués vers 1836; à cette époque, on refit ainsi, sur la demande de Boëly, le pédalier de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. Le Congrès catholique tenu à Malines en 1864 fixa dans sa section de musique religieuse, les dimensions d'un pédalier normal proposé aux facteurs pour l'unification de la construction et du jeu de l'instrument. Nombre des touches pour les orgues ordinaires, 27; pour les grandes orgues, 30; - largeur d'un pédalier de 27 touches, 0,975 m; - longueur apparente des touches, 0,60 m; - largeur des touches diatoniques, 0,065 m; - longueur des rehausses des dièses, 0,13 m; - hauteur des mêmes, 0,05 m, dépassant les notes naturelles de 0,025 m; - inclinaison vers la pointe du pied, environ 4 p. 100, soit 2 cm pour 60. La position du pédalier relativement aux claviers manuels fut également déterminée.  (M. B.).

Perce. - Proportions intérieures données au tuyau d'un instrument à vent. Certains instruments ont une perce cylindrique comme la clarinette, d'autres conique comme le hautbois, etc. La forme de la perce influe sur la résonance des harmoniques et par conséquent sur la formation du timbre.

Percussion. - Action de frapper. En musique, les instruments dits de percussion sont ordinairement destinés à marquer le rythme, et chacun d'eux n'a qu'un timbre uniforme, sauf les timbales, qui sont accordables et jouent un rôle à la fois rythmique et mélodique. Les instruments de percussion sont les tambours et caisses, avec leurs différentes variétés, dont la résonance se produit par l'effet d'une peau d'âne tendue sur une caisse cylindrique de bois, les triangles et gongs, instruments métalliques, l'un au timbre grêle et aigu, l'autre au timbre puissant et grave, et les cimbales.

Perfection. - Dans la notation proportionnelle, système de la division ternaire, marqué par un signe en forme de cercle ou O rond.

Périchole (La). - Opérette en deux actes, paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique d'Offenbach (Variétés, 1868). La Périchole, chanteuse des rues à Lima, est la fiancée du chanteur Piquillo. Lasse de la misère, elle accepte les brillantes propositions du vice-roi, avec l'intention formelle, d'ailleurs, de ne rien lui accorder. Mais l'usage du pays veut que la favorite du prince soit mariée. Piquillo, parfaitement ivre, est fait marquis, duc, et il épouse sa fiancée sans la reconnaître. Quand il apprend la vérité, il se révolte et on l'envoie au cachot. La Périchole s'évade avec lui et le vice-roi pardonne. Les auteurs du livret y ont semé à pleines mains leur esprit habituel et ils savent mettre, même dans la folie, un grain d'observation fort piquante. La partition d'Offenbach compte parmi ses meilleures. Outre la complainte burlesque dont le refrain est resté célèbre : Il grandira. car il est Espagnol, il faut rappeler, au premier acte, la lettre de la chanteuse à son amant; et, au second, la chanson de la Périchole : Je suis un peu grise, son duo avec Piquillo, le choeur des demoiselles d'honneur et la légende des amoureux : C'est au Pérou.

Péricope. - Passages de la Bible choisis en vue de la récitation dans une messe ou un office péricopes des prophètes, des épîtres, des évangiles. 

Périélèse. - Formule de cadence; en usage du XVIe au XIXe s., appelée aussi circonvolulion, que les chantres employaient dans le plain-chant et qui consistait à entourer la note finale d'une intonation ou d'une cadence en la faisant précéder des deux notes immédiatement supérieure et inférieure. Au lieu de :

les solistes entonnaient :

Périkope. - Terme de métrique ancienne appliqué à l'analyse mélodique : groupe de strophes inégales, ou de syzygies inégales qui se répètent.

Période. - Portion d'une mélodie formant un membre de phrase. A l'époque classique, la loi de la symétrie périodique domine toute la construction mélodique. Les mélodies ou les motifs mélodiques, servant de base aux oeuvres de tous genres, se classent d'après la symétrie de leurs périodes en phrases égales et qui se font exactement pendant, qui s'équilibrent exactement par deux, par quatre, par huit mesures. La période de huit mesures avec demi-cadence centrale, qui la subdivise en deux parties de chacune quatre mesures, est le type universel de construction mélodique pendant toute l'époque classique et déjà auparavant. La période de huit mesures divisée ou non est un héritage des formes de la danse. En se redoublant, elle devient une période de 16 mesures, beaucoup plus rare déjà. Les périodes irrégulières, impaires, qui existaient avant l'époque classique, chez les anciens contrepointistes, et chez Bach, reparaissent à l'époque  moderne.

Pes, nom latin signifiant pied. - Figure de la notation neumatique, autrement nommé podatus et représentant deux sons qui se suivent en montant.

Petite note. - Le nom de la petite note est appogiature . La petite note non barrée se prend sur la durée de la note qu'elle précède. La petite note barrée se prend « en levant  », sur la fin du temps qui précède la note principale.

Phrase. - Partie du discours musical formant une succession ordonnée de périodes, ou groupes mélodiques. Le sens de la phrase est achevé lorsqu'elle s'arrête sur un repos complet, ou cadence

Phrasé. - Art de ponctuer le discours musical et d'en faire sentir les divisions, les périodes, les suspensions, les repos, analogues aux césures de la poésie. Dans le chant, l'art de phraser dépend en grande partie de l'art de respirer. Le phrasé, l'art de phraser, dans l'exécution musicale, consistent essentiellement dans l'observation et le rendu de la ponctuation, c'est-à-dire du rythme, qui divise le discours musical en périodes logiquement scindées et enchaînées. Pendant longtemps, la notation n'a pas ou presque pas indiqué à l'exécutant les divisions du phrasé : le goût du chanteur ou de l'instrumentiste y suffisait. A mesure que la culture de la musique se répandait dans le monde des amateurs, il devint nécessaire de publier des éditions munies de signes spéciaux servant à les guider. Les signes de liaison, étendus sur toute une période mélodique, étaient appropriés à en marquer les divisions, le départ et le repos. On les a trop souvent confondus avec les barres de mesure, et en se bornant à les conformer au retour de celles-ci, on a produit ainsi des contre-sens. Exemple noté : fragment Sonate 29, n° 3 de Beethoven, édit. Köhler, et correction par Combarieu, dans sa Théorie du rythme, pp. 18-19, et 56 :

La préface de Frescobaldi pour ses Toccatas de 1614-1616 montre quelle importance et quels soins l'on donnait alors à toutes les nuances de mouvement, et à la distinction des membres de phrase. Couperin, en 1717, se plaint de ce que l'on confonde, en France, la mesure avec la cadence, l'une étant la règle de la quantité et l'autre « proprement l'esprit et l'âme qu'il faut y joindre  ». Toute l'expression du jeu reposait alors sur les nuances de durée, puisque les clavecins ne permettaient guère de gradation d'intensité. (M. B.).

Physharmonica. - Jeu d'anches libres construit dans diverses orgues vers 1820, et dont l'étude et l'emploi conduisirent à l'établissement de l'harmonium.

Pianissimo, terme italien exprimant le superlatif de la nuance piano. Se marque en abrégé par pp. Quelques modernes emploient ppp pour exprimer la nuance la plus douce à laquelle on puisse arriver.

Piano. - Instrument de musique, à clavier et à cordes. L'invention du marteau, au commencement du XVIIIe siècle, transforma, après beaucoup de perfectionnements, le clavecin en piano-forte, puis en piano La caisse du piano est un coffre solidement charpenté. Le sommier est la partie massive et résistante sur laquelle sont fixées les chevilles qui servent à tendre les cordes, et qui doit supporter l'effort considérable du tirage de ces cordes. Les cordes sont en laiton et en acier, et les plus grosses sont filées. Entre les cordes et le sommier est placée la table d'harmonie, dont l'office est de renforcer par sa résonance la vibration des cordes. Les touches
sont de deux sortes : blanches pour les notes naturelles, noires pour les notes altérées, les premières en ivoire, les autres en ébène. L'étendue du clavier est de 6 octaves 1/2, 6 octaves 3/4, ou 7 octaves. Enfin, il y a deux sortes de pédales : la pédale forte, qui augmente la sonorité, et la petite, qui, au contraire, assourdit et obscurcit les sons. On appelle mécanique du piano le système qui met en action les marteaux, les rattache aux touches, actionne les étouffoirs, etc. - Piano droit : piano dont les cordes et la table d'harmonie sont posées verticalement. - Piano oblique : Piano dont les cordes et la table d'harmonie sont placées obliquement. Piano à queue : piano dans lequel les cordes s'étendent horizontalement dans une boite qui forme une sorte de queue. - Le terme piano utilisé comme adverbe signifie  doucement, en adoucissant les sons (se figure souvent par un P); de même piano forte signifiera faible et immédiatement fort. 

 Piano mécanique. - Le premier modèle en fut inventé et construit à Paris par Debain, vers 1850. Son système consistait à ajouter à un piano droit une seconde série de marteaux mis en action par une série de leviers, D'autres pianos mécaniques ont été construits d'après des principes analogues. Le modèle appelé simplement « piano à manivelle » a été très répandu en Italie et en Angleterre. Un grand nombre de systèmes différents ont été produits depuis la fin du XIXe s. et se disputaient la clientèle des amateurs non musiciens, des cafés, etc.; le pianota, breveté en 1898, fonctionne par un mécanisme à air comprimé.  Il consiste en un appareil adapté au clavier d'un piano ordinaire et mû par un système de pédales, qui actionne le déroulement ou le déploiement de papiers perforés, contenant la notation du morceau à exécuter. Chaque perforation détermine le mouvement d'une simili-touche qui frappe la touche voulue du clavier de piano, et se substitue aux doigts de l'exécutant. Deux manivelles sont combinées pour régler le degré de vitesse de ce martelage. Divers perfectionnements essayés par les fabricants visent à procurer des nuances de mouvement et d'intensité. Le système appelé métrostyle consiste en un tracé sinueux que porte dans toute sa longueur le rouleau, de papier perforé et qui guide une aiguille modératrice.

Pibroch. - Mélodie instrumentale d'origine irlandaise, très souvent de transmission traditionnelle parmi les joueurs d'instruments populaires des Îles Britanniques. (Horn-pipe).

Pied. - Ancienne mesure de longueur, valant 0,324 m, qui s'est conservée dans la facture d'orgue, pour désigner certains jeux d'après les dimensions de leurs tuyaux les plus graves. Le son le plus grave des grandes orgues et de tout le système musical est l'ut0 (ut-1 de G. Lyon) sonnant par conséquent une octave plus bas que l'ut le plus grave du piano, et ceux octaves au-dessous de la note écrite, rendu par un tuyau ouvert de 32 pieds de 32,4 cm, ou 10,368 m. En montant à l'aigu, on a les jeux de 16 et huit pieds, ces derniers sonnant au diapason de la note écrite; les jeux de deux, quatre, un pied, et même 1/2 pied, sonnant respectivement une octave au-dessus les uns des autres pour une même note écrite. On a aussi construit tout à fait, exceptionnellement, des jeux de 64 pieds, une octave plus bas que le 32 pieds. Les mutations sonnant la quinte s'expriment en tiers de pied : la plus usitée est le petit nasard, de 2 pieds 2/3, le gros nasard étant de 5 pieds 1/3, et même de grands instruments ayant, à la pédale, une grosse quinte de 10 2/3. Les mutations qui sonnent la tierce ont pour mesure le cinquième de pied : on a ainsi les tierces de 6 pieds 2/5, 4 p. 1/5, 1 p. 3 /5. Celles, fort rares, qui sonnent la septième, sont basées sur le septième de pied : on a ainsi des septièmes de 4 pieds 4/7, 2 pieds 2/7, 1 pied 1/7. Dans la facture d'orgue, le mot pied est  également employé pour désigner la base des tuyaux parlants, souvent formée d'une autre matière que la partie résonnante. - Le pied est aussi une unité rythmique de la métrique ancienne ou moderne, formée elle-même de combinaisons de temps brefs et longs. Les genres rythmiques des Anciens sont : 

Genre à quatre temps : Dactyle  U U, Anapeste UU Spondée .

Genre à trois temps : Jambe , Trochée U. Tribrachys UUU.

Genre à cinq temps ou péon, composé de 3 + 2, genre crétique, ou de 2 + 3, genre bacchiaque.

Genre à six temps, ou ionique. Sa forme la plus simple est le molosse de trois longues . L'ionique majeur U U; l'ionique mineur Ù U ; l'hexabrachys, ou six brèves ÙU UU UU, etc. 

Comme corrélation aux mesures modernes, remarquer que ces mètres à six temps se divisent par trois, et n'ont aucun rapport avec nos rythmes en triolets, 6/8, etc. La concordance des mesures modernes avec les mètres antiques ne peut pas s'établir dans la plupart des cas. On peut dire dérivés du genre trochaïque nos mesures à 3/8, 3'/4', dont le numérateur indique le nombre des temps, le dénominateur leur valeur. Le rapprochement peut être essayé pour certaines mesures composées, mais sans mener à des résultats clairs et fixes. Cependant, les classifications de la métrique ancienne sont employées pour analyser les formes mélodiques des maîtres, de l'époque classique (Bach, Haydn, Mozart, Beethoven), par Combarieu, Dorsan van Reyschoot, etc. Elles ne peuvent s'appliquer qu'aux oeuvres de cette période, parce que la régularité symétrique des formes y est prédominante;  de plus, elles ne peuvent guère s'appliquer qu'aux formes instrumentales, parce que dans le chant, le compositeur attentif au sens et à l'expression des paroles, est amené à sacrifier ou à oublier les cadres symé triques. A plusieurs époques, littérateurs ou musiciens se sont cependant efforcés de composer suivant les mètres antiques, même les plus opposés à nos mesures. 

Piémontaise. - Danse ancienne à trois temps. Il y a une piémontaise dans le Tiers livre de Guitare de Le Roy (1552). (Monferrine).

Pierres sonores. - Plaques minces de talc ou de quartz, soigneusement établies et rangées d'après les degrés des gammes diverses, et qui, frappées d'un marteau, forment l'un des instruments de l'ancienne musique cultuelle des Chinois.

Pieux, -ieuse. - S'est employé au Moyen âge dans l'expression « chanson pieuse » ou sous la forme « piteuse ». 

Piffaro. - Sorte de cornemuse : leurs instrumentistes sont nommés pifferari. - Un piffaro est aussi un jeu d'orgue à double tuyau produisant un son élevé, doux et tremblant. Il paraît avoir été estimé en Allemagne au XVIIe s.

Pilote, ou Pilotis. - Partie du mécanisme du piano qui, par l'extrémité de la touche appelée pousse-pilote, se soulève pour laisser vibrer les cordes frappées par le marteau, et revient à sa place aussitôt qu'a cessé la pression du doigt. Partie du mécanisme de l'orgue, qui, en forme de petites tringles, transmet le mouvement des touches aux pièces qui communiquent avec les soupapes d'un sommier.

Pincé ou Pincement. - Agrément en usage dans l'exécution de la musique instrumentale française, du XVIe au XVIIIe s. Il s'exprimait chez les différents auteurs par différents signes : les luthistes le marquaient simplement par un point sous la lettre.  chez Chambonnières (1670); , chez Le Bègue (1677), une virgule, chez d'Anglebert (1689) et chez Rameau (1731), Dieupart (mort en 1740); une sorte de petit fleuron , chez Couperin (1713) :

Sa signification varie, mais très légèrement. Elle équivaut d'abord à un bref mordent à la note inférieure. C'est la forme appelée pincé simple par Couperin, qui y ajoute le pincé double, à trois battements semblables; et le pincé continu, qui est un trille à la note inférieure, indiqué par le fleuron et par un trait horizontal ondulé, prolongé pendant tout l'espace correspondant à la durée de son exécution. Le pincé est appelé martellement par Loulié. Il s'est maintenu sous le nom de mordent que lui donnaient les Italiens.

Pipeau, diminutif, de pipe. - Petit chalumeau rustique destiné à imiter le gazouillis des oiseaux.

Piquer. - S'emploie pour exprimer l'action, de marquer une note tout en la détachant. C'est seulement au cours du XIXe s. que la distinction des notes piquées et détachées s'est établie dans la musique de piano. Jusque vers 1850, les maîtres du clavier emploient indifféremment le point ou l'accent pour indiquer les unes ou les autres. C'est l'accent qui a été définitivement figé pour indiquer le piqué, le point étant réservé au détaché simple.

Pirouette. - Sorte de petite boîte adaptée au XVIe s. à l'embouchure des chalumeaux et hautbois primitifs, pour la rendre plus facile à jouer en couvrant la plus grande partie de l'anche.

Piston. - Mécanisme introduit dans certains instruments à vent en cuivre pour combler les lacunes de leur échelle chromatique, pour en assurer la justesse, ou encore pour faciliter l'exécution.

Pizzicato, en italien pizzicare = pincer. - S'emploie pour désigner, dans le jeu des instruments à archet, un mode d'attaque de la corde par le bout charnu des doigts, sans usage de l'archet, à la manière du jeu de la guitare, de la harpe, etc.  On se sert surtout de ce procédé à l'orchestre, pour les dessins d'accompagnement. On le prescrit par l'abréviation pizz, à laquelle succède le mot Arco ou col Arco lorsque l'exécutant doit de nouveau faire usage de l'archet. Exemple de pizzicati en accords :

Autre exemple :

Le jeu en pizzicati, à l'orchestre, est signalé dans l'orchestre de l'opéra Adonis (1797) de Keiser (?) au théâtre de Hambourg. Sous le titre de Duo merveille, Paganini a écrit une pièce dans laquelle un chant joué avec l'archet est accompagné en pizzicati par la main gauche :

Dans ses Variations sur le « God save the King-», opus 9, Paganini, à la quatrième variation, place les pizzicati à l'aigu en rapidité, sur une tenue grave de l'archet :


Plagal. - Dans le système modal du chant ecclésiastique, quatre des huit modes sont appelés plagaux ils s'étendent au grave de la finale et ont la teneur à la tierce ou à la quarte.

Plagiat.  - Emprunt ou imitation plus ou moins servile d'une oeuvre existante. Le plagiat., considéré de nos jours comme une action blâmable, n'avait pas originairement cette note infamante, lorsqu'il s'agissait de l'utilisation d'une oeuvre dans un but artistique. En dehors de l'emprunt proprement dit d'un thème musical à un autre auteur, les anciens compositeurs n'hésitaient nullement à adapter à leur but, en les modifiant s'il y avait lieu, les pièces préexistantes. Au XVIe s., on trouve ainsi des motets, des chansons polyphoniques, prises par un autre auteur pour en faire, avec d'autres paroles, un premier morceau de messe. Plus tard, Haendel fut célèbre pour ce genre d'opérations, depuis les simples gigues d'une Suite de Couperin, qu'il retranscrit et développe, jusqu'à des pièces entières qu'il déforme à peine pour les adapter à son oeuvre, et qui l'ont fait souvent accuser de contrefaçon. Il y a également plus qu'une réminiscence dans ce fait que seize mesures d'une Gigue de J.-S. Bach (Partita en si bémol), sont exactement transcrites, avec une augmentation des batteries d'accompagnement et en la au lieu d'être en si bémol, dans un air de Glück (Iphigénie en Tauride, acte IV). Également, la partie centrale de l'allegro de la Sonate en la mineur, écrite par Mozart à Paris en 1778, reproduit note pour note le passage correspondant de la partie d'une Sonate de Hullmandel parue, à Paris également, quelques mois auparavant. César Franck, dans le Scherzo en si de son Trio, a également presque identiquement reproduit des phrases entières du Scherzo que Boëly venait d'écrire pour orgue, dans le même ton.  (M. B.).

Plain-Chant. - Chant traditionnel de l'Eglise, dont saint Grégoire le Grand coordonné, complété et fixé le répertoire. Le plain-chant se distingue de la mu sique moderne par les formes spéciales de sa nota lion, par le caractère de sa tonalité et de ses mode (il n'a pas de note sensible), et par la nature de son rythme. Par elles-mêmes, les notes de plain-chant n'ont pas de valeur métrique; il y en a trois principales qui dans la notation ont une représentation spéciale-: la longue est carrée, avec une queue; la brève est carrée, et la semi-brève est faite en forme de losange.

Plectre. - Petit morceau de bois ou d'ivoire, recourbé à son extrémité, servant à pincer, dans l'antiquité, les cordes de la lyre et de la cithare; à l'époque moderne, les cordes de la mandoline, de la zitherharpe, etc.

Plein-jeu.  - Réunion de plusieurs  jeux de l'orgue en vue d'obtenir de grands effets de sonorité. Au XVIIe et au XVIIIe s., le plein-jeu se composait du prestant, du bourdon, de la doublette, de la cymbale et de la fourniture, auxquels on ajoutait, si l'on en disposait, les huit-pieds et seize-pieds (Nivers, Dom Bedos). Les variantes apportées à ces combinaisons n'en changeaient pas le principe, qui était l'union des jeux de fonds avec les jeux de mutation. Les organistes modernes, disposant d'un mécanisme perfectionné, combinent avec le plein-jeu ancien, les jeux de fonds et d'anches employés en masse, ce que l'on regardait autrefois comme incompatible. - On nomme aussi plein-jeu une pièce d'orgue écrite pour l'emploi de cette registration : les pleins-jeux sont à la fois majestueux et brillants. - Le terme plein-jeu s'emploie également dans l'harmonium comme synonyme de grand-jeu. - Enfin, dans la pratique des instruments à archet, le plein-jeu consiste à donner le maximum de sonorité.

Plique. - Figure de la notation neumatique, conservée dans la notation proportionnelle du Moyen âge, en forme de note carrée pleine à double queue, exprimant, selon la position de ces queues, diverses sortes d'appogiature :

et, dans la musique mesurée du même temps, des ligatures dont la dernière note était brève.

Pochette, ou Poche, ou Sourdine. - Petit instrument à cordes et à archet, à l'usage des maîtres de danse. La forme des pochettes est variable; celles dites pochettes-bateaux, se rapprochent de l'ancienne gigue plutôt que du violon, leur caisse étroite et longue ne formant qu'une pièce avec le manche qui est court et arrondi. La longueur totale varie de 35 jusqu'à 50 cm au plus, la largeur à la hauteur du chevalet est de 4 à 5 cm. La pochette est montée de quatre cordes. Instrument de fantaisie, la pochette était souvent faite de bois précieux ou ornée d'ivoire, d'écaille, d'argent, etc., de peintures en vernis Martin, etc. Le cheviller se termine souvent par une tête sculptée. Les pochettes-violons, signées parfois de luthiers célèbres, sont construites sur un patron analogue à celui du violon, de dimensions réduites mais variables, avec un manche taillé dans la même pièce de bois que la table du fond, et faisant corps avec elle. On connaît une pochette de Stradivarius, datée de 1717; elle a appartenu à Clapisson, qui l'introduisit dans l'orchestre de son opéracomique Les Trois Masques (1866) pour l'exécution d'un air de danse. On fabrique encore, sur le modèle du violon, des pochettes de qualité ordinaire. L'archet a environ 35 centimètres.

 Podatus, mot latin formé du grec = « qui a la figure d'un pied », allusion à l'une des formes primitives de ce signe. Figure de la notation neumatique médiévale résultant de la combinaison de l'accent grave et de l'accent aigu adoptée dans la notation du chant grégorien pour représenter deux sons ascendants sur la même syllabe :

Elle est formée de deux points superposés, réunis par un trait vertical à droite. Le podatus subpunctis de la notation neumatique se compliquait d'un second point, ou de plusieurs.

Point. - Signe identique à celui utilisé dans l'écriture ordinaire, et dont le sens peut être préciser par d'autres signes l'accompagnant. Parmi ses usages, on signalera seulement ici : le point d'arrêt, signe semblable au point d'orgue, et qui se place au-dessus d'un silence pour indiquer la suspension de la mesure :  les points de reprise, points placés à droite et à gauche des barres de mesure : à gauche, pour indiquer que l'on doit recommencer la partie du morceau qui précède; à droite, pour marquer l'endroit où l'on devra reprendre; etc.

Point d'orgue. - Signe en forme de point surmonté d'un demi-cercle placé horizontalement sur une figure de note pour en prolonger la valeur pendant une durée facultative . Il était appelé en Italie corona. Les virtuoses des anciennes écoles et les interprètes actuels des oeuvres de ces époques usaient et abusaient de la faculté qui leur était laissée de placer sur le point d'orgue un trait ornemental, ou une cadence, ou parfois une fantaisie tout entière, préparée ou improvisée. D' Indy, dans sa Sonate pour piano, op. 63, a employé également le signe ordinaire  et un signe à angles aigus  qui, d'après sa note, « signifie un léger point d'arrêt moins important ».

Pointe. - Extrémité de l'archet, opposée au talon, que saisit la main droite de l'exécutant. L'emploi de la pointe est prescrit dans certaines éditions par la lettre P. On la réserve aux sons légers, délicats et nets. 

Polka, danse qui tire son nom, selon les uns, de polacca (polonaise), et, selon les autres, du bohême polka (moitié), parce que c'est une danse à deux temps. Elle se produisit à Prague vers 1835, à Vienne en 1839, et fit sa première apparition à Paris sur le théâtre de l'Odéon en 1840. Les salons l'adoptèrent avec fureur. Sa forme s'est beaucoup modifiée; on en a fait une espèce de valse à 4 temps, et elle s'est rapprochée de la mazurka et de la schottisch. On voit par le poème que John Davis publia sur la danse, en 1596, qu'une danse du nom de volte avait beaucoup d'analogie avec la polka de nos jours.

Polonaise. - Danse marchée originaire de Pologne, exécutée sur un air à trois temps et d'un mouvement modéré. - Air sur lequel on l'exécute.

Polyphonie. - Union de plusieurs mélodies complètes en elles-mêmes, se joignant en accords consonants. La polyphonie des anciens maîtres met en oeuvre toutes les ressources du contrepoint simple, double et à plusieurs parties, et de l'imitation. Le thème choisi pour soutien de la composition est tantôt énoncé littéralement par une voix et entouré de dessins librement inventés aux autres voix (lesquels peuvent être, à leur tour choisis pour ténor d'une autre composition), tantôt divisé en fragments qui sont traités l'un après l'autre comme autant de thèmes particuliers; tantôt développé en imitations par toutes les parties. En examinant les oeuvres vocales polyphoniques de l'école pré-palestrinienne ou celles de Palestrina, on se convainc qu' « il n'y a dans cette forme d'art aucune partie de remplissage, comme on en rencontre dans les choeurs d'écriture harmonique; toutes les voix sont égales devant la mélodie et se meuvent librement dans l'espace sans dépendre ni de la basse, comme au XVIIIe siècle, ni de la partie supérieure, comme dans l'opéra italien » (d'Indy).

Polyrythmie. - Superposition, dans une composition harmonique, de parties, se mouvant chacune sur  un rythme différent. Il n'y a pas polyrythmie pour des valeurs différentes, mesurables sous la même cadence, mais seulement pour des valeurs semblables ou différentes, obéissant à des rythmes opposés. Les maîtres du Moyen âge et du XVIe s. superposaient les rythmes avec une aisance et une hardiesse qui se sont perdues pendant l'époque classique et que la rigidité de la mesure battue rendait impossible. Puisque la semi-brève, sous le régime de la perfection, valait trois, et sous celui de l'imperfection, deux, les maîtres usaient des deux signes simultanément pour faire coïncider sous le touchement de l'unité rythmique, la semi-brève, des groupes binaires et ternaires superposés, dont « l'antagonisme » produisait des effets puissants. Jannequin, dans ses chansons descriptives, y a recouru habilement. Brossard, en 1703, à l'article Gigue, cite une pièce à trois parties contenue dans les Arlificii musicali de Vitali, où le 1er violon est marqué à 12/8, le second à quatre temps et la basse à 3/1.

Polytonal. - Terme proposé pour caractériser la superposition de plusieurs tonalités, dans une composition harmonique. Alf. Bruneau en a donné un exemple, dans Le Rêve (1900), thème de la douleur de l'évêque.

Pont-Neuf. - Chanson ou vaudeville chanté sur le Pont-Neuf, à Paris. Au XVIIe s., un chanteur appelé « le Savoyard » chantait et débitait les exemplaires de ses chansons, dont il composait presque toujours les paroles et la musique, sur le Pont-Neuf, où l'on entendit après lui Tabarin, Gautier-Garguille, Gros-Guillaume et autres. Ces chansons étaient des pièces satiriques ou politiques d'actualité. La vogue-du Pont-Neuf dura jusqu'à la Révolution.

Porrectus. - Figure de la notation neumatique. Au Moyen âge conservée dans la notation du chant grégorien pour représenter la succession de trois sons, dont le second est plus grave, sur une même syllabe :

La notation neumatique comprenait en outre deux formes plus compliquées de la même figure, appelées porrectus flexus et porrectus subpunctis.

Port de voix. - Passage d'un son à un autre en glissant légèrement et très doucement sur les intervalles qui les séparent. Les anciens maîtres de chant distinguaient plusieurs sortes de ports de voix, ou plusieurs procédés dans son exécution : ils recommandaient aux chanteurs de s'en servir avec ménagement et reconnaissaient la difficulté de s'en servir avec sûreté et avec goût. - Ce nom a été également employé par les auteurs français du XVIIe et du XVIIIe s., pour désigner l'appogiature. Aussi bien que pour d'autres termes indiquant des agréments ou ornements, la locution « port de voix » a donc servi en des sens différents : il convient d'avoir toujours, cette observation présente à l'esprit, en étudiant les anciens traités de musique. Cet ornement est marqué et interprété différemment par les maîtres français des XVIIe et XVIIIe s., L'Affilard (1635) l'indique par un V placé au-dessus de la note et le traduit par un petit pincé :

Il y ajoute le port de voix double dans lequel une virgule renversée se place sous le V et succède à une barre oblique, le tout combinant la même petite note supérieure que l'accent, avec une formule avec note de passage :
Mais Chambonnières, dans ses pièces de clavecin, note et exécute tout autrement le port de voix : il le note par une croix et le joue :
D'Anglebert (1689) l'appelle « cheute ou port de voix en montant » et « en descendant » et le marque par une virgule. Couperin (1717) en distingue trois sortes, le port simple, double, et coulé, qu'il marque tous trois par une petite note et un signe en forme de fleuron, et qui s'exécutent :
En composition : artifice mélodique. Le port de voix noté en petites notes ou en notes ordinaires mesurées dans la musique de clavier et en général dans la musique instrumentale moderne, n'a plus qu'une relation nominale avec l'ornement vocal connu sous ce titre, puisque le glissement sur les sons intermédiaires est supprimé. (Michel Brenet).

Portée. - On nomme ainsi les cinq lignes parallèles sur on entre lesquelles on place les notes de musique. (La portée utilisé pour le plain-chant ne compte que quatre lignes).

Porte-vent. - Sac de la musette. Il est souvent fait de velours ou d'étoffes de soie, et brodé. Dans l'orgue, on nomme porte-vent les conduits ou canaux disposés pour porter et distribuer le vent des soufflets-aux sommiers.

Porte-voix. - Long tube ou cornet muni d'une embouchure et d'un pavillon évasé, destiné à porter au loin le son de la parole. L'énergie des vibrations est rassemblée tout entière à l'intérieur du cornet, ce qui favorise l'intensité sonore. Un bon porte-voix permet d'envoyer le son à cinq kilomètres.

Portunal. - Dans l'orgue allemand, jeu de flûte ouvert, en bois, appelé par quelques facteurs Clarabella.

Posaune, en allemand = trombone. - Ce nom se trouve parmi ceux des jeux d'orgues allemands du genre bombarde.

Pose de la voix. - On appelle une voix bien posée celle qui, dans toute son étendue, peut émettre les sons pleins, fermes, ronds et vibrants, sans vacillation ou tremblement. On obtient cette qualité par des études patientes d'émission de sons soutenus également avec une intensité moyenne pendant tout le temps que permet la pratique bien réglée de la respiration. Tosi (1723) attribuait à la pose de la voix, ou messa di voce, la plus grande importance; il voulait que l'élève apprenne d'abord à soutenir un son commencé pianissimo, porté peu à peu au fortissimo et ramené avec la même respiration à l'intensité initiale. 

Positif. - Petit buffet d'orgues autrefois posé en avant et séparément du buffet principal, quelquefois encastré dans le soubassement de celui-ci, ayant dans tous les cas son clavier particulier et se composant d'une série de jeux moins forts que ceux du clavier de « grand orgue-».

Position. - Situation relative des sons qui composent un accord. Le nom de position a été adopté par quelques théoriciens (par ex. Fétis) comme synonyme de renversement. Ils ont classé sous les titres de 1re, 2e et 3e positions les trois états de l'accord de trois sons fondamental et 1er et 2e renversements. D'autres se servent du mot position pour caractériser l'espacement plus ou moins considérable des sons : position très serrée, serrée, large, très large, selon que les notes sont à des distances plus ou moins grandes l'une de l'autre. - Position désigne aussi le placement du doigt sur la corde dans les instruments de la famille du violon (et de la viole). A la 1re position, l'index se pose sur le degré immédiatement à l'aigu de la corde à vide. En déplaçant sa main gauche vers le chevalet, et en la faisant successivement avancer d'un degré, l'exécutant passe à la 2e position, à la 3e, 4e et ainsi de suite. La 7e position est regardée comme la limite normale du violon à l'orchestre; elle permet d'atteindre le la :

Avant Beethoven, les maîtres n'écrivaient pas de parties d'orchestre dépassant la 5e position, limite à l'aigu : 
Beethoven a poussé le violon jusqu'à la 9e position, Wagner jusqu'à la 11e (fin de l'ouverture du Tannhäuser). Pour l'alto, on ne dépasse pas la 7e position; pour le violoncelle, la pratique des positions diffère, à cause de la longueur des cordes et les méthodes, qui énumèrent quatre positions, enseignent à les combiner entre elles pour pouvoir obtenir les séries de sons consécutives de plus de quatre sons.

Postlude. - Pièce de musique se jouant après une oeuvre ou après une cérémonie. Dans la musique religieuse d'orgue, le postlude est l'équivalent de la sortie.

Pot-pourri. - Assemblage de fragments d'origines diverses et qui peuvent se juxtaposer soit pour obtenir un effet comique, soit pour réunir des allusions à un même sujet. Le Moyen âge a ainsi connu la fatrasie, purement mélodique, et plus tard la fricassée, d'ordre polyphonique, nommée aussi quodlibet (quolibet). Le terme pot-pourri, au sens musical, semble apparaître au XVIIIe s. Le 3e recueil de Brunettes, publié par Ballard en 1711 contient une longue pièce intitulée Pot-poury, qui occupe dix pages et dont le texte sans suite contient quatre-vingts vers, avec les thèmes notés et juxtaposés, ensemble de chansons sans liaison. On trouve sous ce titre en 1790 Le Serment civique, pot-pourri national pour le piano-forte, etc., par Ponteau; en 1793, La Révolution du 10 août, sous le même vocable, par Lemière, etc. Au XIXe s., les pots-pourris extraits d'opéras et traités en fantaisie pour piano connurent une grande vogue. (Voy. aussi Priamel).

Préchantre, du latin praeccentor. - Dans les anciennes maîtrises, dignitaire ecclésiastique chargé de régler l'ordre des chants et d'en donner l'intonation. Dans les cathédrales, l'un des chanoines ou vicaires généraux chargés de la direction administrative ou de la surveillance de la maîtrise.

Préface. - Partie de la messe qui précède la consécration de l'hostie; et dont le chant est interprété en solo par le prêtre. L'assertion, qui a longtemps obtenu créance, d'après laquelle le chant de la préface serait un héritage direct de l'art grec antique est dénuée de fondement.

Prélude. -  Introduction instrumentale ou orchestrale à une oeuvre musicale. - Courte pièce musicale, ayant un caractère d'improvisation. -  Ce qu'on chante, ce qu'on joue, pour essayer sa voix, pour juger si l'instrument est d'accord.

Préluder. - Jouer ou improviser une courte fantaisie avant l'exécution d'une oeuvre musicale. L'art de préluder fut fort à la mode dans la musique de luth et de clavecin; du XVIe au XVIIIe s. Quelques virtuoses en ont continué la tradition jusqu'au seuil du XXe siècle. Cette tradition est abandonnée. On écrivait pour les amateurs des méthodes pour l'art de pré Iuder sans connaître l'harmonie. Celle de Grétry parut en 1802.

Préparation. - Emploi, dans la composition harmonique, d'une consonance précédant la dissonance. La préparation est de rigueur dans les accords par prolongation et dans les accords altérés qui forment l'harmonie dissonante artificielle. Elle est soumise à des règles particulières :  il faut qu'elle soit faite à la partie même on va se placer la dissonance; il faut, dans la mesure binaire; qu'elle ait une durée égale à celle de la dissonance; dans la mesure ternaire, onpermet que la consonance préparatoire n'occupe qu'une courte durée, à condition qu'elle soit placée au 3e temps de la mesure qui précède la dissonance. Telle est la doctrine. Déjà Beethoven s'en dispensait occasionnellement. Mais la pratique a ensuite abordé toute dissonance sans préparation :

Pression (dans l'orgue). - La pression de l'air, dans les soufflets et les sommiers de l'orgue, doit être équilibrée de façon à ce que les tuyaux sonores parlent bien, avec la justesse et la netteté requises. Dans l'orgue hydraulique de l'Antiquité et du haut Moyen âge, cet équilibre était obtenu par la pression de l'eau qui comprimait l'air destiné à alimenter le sommier. On a pu établir qu'une hauteur d'eau déterminant une différence de trois pouces et demi (environ 7,5 cm) avec l'eau était suffisante : ce chiffre indique la pression maximum nécessaire. Avec les orgues à soufflets, ces derniers étaient souvent insuffisants : on y remédiait en les multipliant et en surchargeant de grosses pierres ou de lingots de métal la table supérieure des soufflets. La pression constatée dans l'orgue antique resta sensiblement la même jusqu'au cours du XIXe siècle : les meilleures orgues avaient des pressions mesurées au manomètre hydraulique, s'étageant d'environ 4 centimètres à 7,5 cm. Mais, avec les progrès considérables de la soufflerie, obtenus à partir d'environ 1830, on put augmenter la pression d'air, et par conséquent la force des jeux. Une pression de 7,5 cm devint bientôt la moindre : avec les jeux d'anches, on arriva à des pressions de plus en plus fortes. Cavaillé-Coll, en 1839, inaugurait des sommiers à double laie, de manière à obtenir des pressions différentes pour le grave et l'aigu d'un même jeu, afin d'en équilibrer la sonorité, ce qu'avaient cherché en vain les facteurs de toute époque. Dans l'orgue de Saint-Sulpice (1862), de grands réservoirs « alimentaires » sont chargés par les soufflets à des pression de 10 à 20 cm de colonne d'eau de là, l'air passe dans des réservoirs « régulateurs » qui distribuent, l'air comprimé à des pressions variant de 8 à 15 cm. suivant les jeux ou les tuyaux. De leur côté, les facteurs anglais poussaient de plus en plus les pressions pour les grands jeux d'anche. Dès 1833, un jeu du Town-Hall de Birmingham avait 22 cm de pression; en 1867, quatre jeux d'anche du St. George's Hall de Liverpool avaient une pression renforcée à 55 cm; celui de la cathédrale Saint-Paul, de Londres (1872, restauré en 1891) a une tuba de 62 cm de pression et en 1896, Hop Jones proposait un jeu analogue de 2,50 m de pression pour la cathédrale de Worcester : mais ce dessein ne put être, pratiquement réalisé. Néanmoins, l'orgue de la cathédrale de Liverpool (1914) a des pressions allant de 8 cm à 1,72 m. La pression des doigts sur les claviers demande beaucoup de force dans les anciennes orgues : on a évalué à environ 550 à 600 grammes l'analogue de la force d'un doigt pour enfoncer les touches divers orgues demandaient même de 1200 à 1400 grammes. L'invention du levier pneumatique par Barker (1832), remédia à cet inconvénient, que les systèmes tubulaires ont complètement supprimé dans les orgues de construction nouvelle. (M. B.).

Pressus. - Figure de la notation neumatique du Moyen âge en forme de petit trait horizontal brisé, joint tantôt à une virga, tantôt à la seconde note d'une clivis et servant à indiquer dans un mouvement descendant, l'appui retenti de la voix sur l'avant-dernière note d'un groupe. Le pressus est donc un neume d'ornement.

Prestant. - Jeu d'orgue de quatre pieds, placé en montre, appelé en Angleterre « principal » de quatre pieds. Un des jeux les plus importants. C'est sur le prestant que se fait d'ordinaire la partition pour l'accord de l'orgue.

Prétintaille. - Nom donné, dans une acception dénigrante, aux ornements de mauvais goût que certains chantres ajoutaient au chant, aux XVIIe et XVIIIe s.

Prière. - Titre donné à des morceaux de musique religieuse sans destination spéciale et à des morceaux d'opéra, relatifs à des scènes religieuses. La Prière de Moïse, de Rossini (1822) eut en son temps une célébrité universelle. La Prière de César Franck, pour orgue (1860), est une des plus remarquables parmi ses compositions.

Priamel. - Sorte de lied burlesque, cultivée par les musiciens allemands du XVIe s. Analogue au quolibet, avec lequel elle se confond aisément, la priamel était formée, quant au texte, de commencements de poésies différentes, que suivaient une réunion de lieux communs sans suite, ou une énumération interminable de toutes les faces d'un sujet; au total, un assemblage d'éléments hétérogènes. L'origine littéraire de ce genre remonte aux premiers âges de la poésie allemande. Sa vogue n'est pas encore épuisée. On trouve sous le titre de quodlibet plusieurs pièces de ce genre mises en musique à quatre et à cinq voix dans le recueil de lieder de W. Schmeltzl (1544). La priamel était aussi instrumentale. En ce cas elle était probablement une transcription de musique vocale. On peut aussi la regarder comme ancêtre du pot-pourri. On trouve plusieurs Priamelnen tablature de luth dans les oeuvres pour le luth de Hans Iudenkünig (1523).

Principal. - Le plus important des jeux de l'orgue; on dispose communément en façade le plus grand nombre de ses tuyaux, ce qui lui fait donner vulgairement le nom de montre. Il est formé de tuyaux de flûte ouverts dont le plus grand mesure réellement huit pieds. Dans une intention décorative, on porte souvent ses tuyaux à une beaucoup plus grande dimension, en ayant soin de les ouvrir à la partie postérieure, à la hauteur de ton voulue. Dans un orgue à plusieurs claviers, chacun a son principal. Les orgues de moyenne grandeur ont souvent un principal de seize pieds à la pédale. Le principal de violon se caractérise par un diamètre de tuyau très étroit et une sonorité fraîche et claire. Il se classe parmi les jeux à bouche de la famille de la gambe. La grandeur de l'orgue se détermine d'ordinaire d'après celle du principal : on dit un orgue de 32 pieds de celui qui a un principal de 32 pieds.

Progression. - Répétition d'une formule mélodique ou harmonique sur un degré supérieur ou inférieur. Une série de progressions ascendantes ou descendantes constitue une marche harmonique

Prolation. - Terme usité à partir du XIVe s. pour indiquer les diverses manières de diviser une mesure. La mesure marquée par une longue parfaite pouvait être divisée en deux, c'était la prolation imparfaite, ou en trois, prolation parfaite. ( Notation proportionnelle).

Prologue. - Partie préliminaire d'un opéra, généralement étrangère au sujet de celui-ci et formant une sorte de cantate allégorique en action. Toutes les tragédies lyriques, pastorales, représentées sur la scène de l'Académie de musique, à Paris, de 1672 jusqu'au milieu du XVIIIe s. comportent un prologue. Le prologue disparut pour la première fois, croit-on, avec Zoroastre, de Rameau (1749), où il fut remplacé par une ouverture. Le prologue a reparu à l'époque moderne dans le sens d'une préparation à la pièce; d'une annonce de son sujet : tel est le sens du prologue des Troyens à Carthage, de Berlioz (1863), et de Rheingold, dans les Niebelungen, de Wagner (1854). Rheingold est à lui seul un spectacle développé, mais sans séparation en actes successifs. Il y a aussi un prologue exposant le sujet de la pièce dans Roméo et Juliette de Charles Gounod (1867). L'un des plus importants prologues modernes est celui du Mefistofele de Boïto (1875), qui se passe dans le ciel et ressemble à un oratorio.

Prolongation. - Artifice harmonique usité pour introduire une ou plusieurs dissonances dans un accord par a tenue d'une ou plusieurs notes de l'accord précédent. Lorsque la prolongation ne fait que suspendre l'entrée d'une des notes intégrantes de l'accord sur lequel elle a lieu, sans y ajouter un son, elle prend le nom de retard, ou suspension. Voy. ex. ci-dessous : accords par prolongation de la tierce et de l'octave de l'accord 1 produisant une 9e et une 7e dans le 2; B. L'octave de l'accord 1 prolongée retarde la tierce de l'accord, 2.

La prolongation est très fréquemment employée dans le style sévère. Elle est recommandée surtout en valeurs longues ou d'un temps au moins de la mesure. Plus elle est courte, plus elle perd de sa gravité. (Préparation).

Prononciation. - Manière de faire entendre les sons afférents aux diverses voyelles, consonnes, diphtongues, de chaque langue. D'une bonne prononciation dépend la possibilité d'une bonne articulation et la clarté du langage parlé ou chanté. L'étude de la prononciation d'une langue est indispensable au chanteur qui veut exécuter de la musique écrite sur des textes rédigés en cette langue. Les défauts de prononciation et les variantes qui résultent des habitudes locales de prononciation d'une même langue, loin de s'effacer dans le chant, s'y font remarquer davantage en semblant s'y exagérer. Les exercices de lecture à haute voix avec un bon maître sont excellents pour l'élève chanteur. La prononciation d'une langue s'altère et se modifie avec le temps, d'une époque à l'autre. La prononciation du latin dans le chant de l'église romaine a suivi la loi commune et s'est peu à peu transformée, en certaines contrées, jusqu'à atteindre des différences fondamentales de sonorité et d'accentuation d'un pays à l'autre. Après que l'unité de la liturgie eut été rétablie, et que l'unité du chant liturgique eut été prescrite par l'autorité pontificale dans toute l'Eglise catholique romaine, l'unité de la prononciation latine fut l'objet d'une active campagne entreprise par les principaux liturgistes. Elle eut une répercussion immédiate et sensible sur le chant. Appliquée avec un zèle excessif, la réforme se trouva contraire à la bonne interprétation d'oeuvres musicales des anciennes écoles, conçues en vue d'une accentuation toute différente des paroles. Le premier essai public et important de substitution de la prononciation dite « romaine » à la prononciation usuelle du latin en France, dans le chant liturgique, a été fait par la Schola Sainte-Cécile à Périgueux, le 21 novembre 1897. L'application en a été faite à la Messe brevis de Palestrina, avec Propre de la messe en chant grégorien. Cet exemple s'est peu à peu propagé dans l'ensemble de la France. (M. B.).

Propre. - Dans la liturgie, parties spéciales à un office, par opposition avec l'« Ordinaire » ou le « Commun ». S'emploie aussi pour désigner l'ensemble des offices liturgiques propres à une église, un diocèse, un pays.

Propriété. - Dans la doctrine de la solmisation par les muances, qui a régi pendant plusieurs siècles l'enseignement musical au Moyen âge, la constitution des hexacordes était différenciée en trois propriétés, dites par nature, par bécarre et par bémol. Dans la notation proportionnelle, la propriété d'une note était sa signification originelle elle devenait sans propriété si la forme en était modifiée, ou de propriété opposée si de longue elle devenait brève, ou vice-versa, etc. - Propriété artistique. -  Un compositeur ou l'éditeur auquel il a cédé une oeuvre définitivement ont l'entière propriété de cette oeuvre : édition, interprétation publique sous réserve de droits, etc. Le droit de propriété n'est pas illimité : après une période légale déterminée, un certain nombre d'années après la mort de l'auteur, l'oeuvre tombe dans le « domaine public » : il dévient alors loisible à qui le veut, de reproduire cette oeuvre.

Prose. - Hymne latine composée de vers sans mesure, mais rimés. - Forme de chant religieux qui consistait en un développement ajouté, paroles et mélodie, à la suite d'un chant.

Protus, du grec prôtos = premier. - Désignation numérique des deux premiers modes du chant grégorien.

Psallette, de psallere = chanter. - Maison où étaient élevés les enfants de choeur. Synonyme de Maîtrise.

Psalmodie. - Chant des psaumes dans la liturgie catholique. Le psaume est récité par un seul lecteur, ou en strophes alternées par deux choeurs (antiphonie) sur une note principale, appelée dominante ou corde récitative, que varie seulement à la fin de chaque vers, le mouvement de la voix qui précède la médiante, et à la fin de chaque verset, le mouvement vers la note finale. Il y a pour le chant simple de la psalmodie, huit formules principales ou tons réguliers, correspondant aux principaux modes, et divers autres tons spéciaux à certains offices. 

Psaltérion, mot grec. - Instrument de musique à cordes pincées, de forme triangulaire, comme la  cithare antique en forme de delta, se jouant avec un plectre. Il était fort en usage au Moyen âge. Toujours de petites dimensions, on le tenait soit suspendu au cou (chapiteau de Boscherville, XIIe s.), soit posé sur les genoux. Il ne faut pas confondre le psaltérion avec le tympanon. Le psaltérion est décrit au XIIIe s., par Jérôme de Moravie, comme monté de 24 cordes, construit en forme de delta majuscule grec; il l'appelle cithare. Mais l'ancienne cithare comportait une dizaine de cordes tendues à jour sur un cadre triangulaire, tandis que le psaltérion possédait sous les cordes une table, percée d'ouïes. J. Cellier, (Recueil de plusieurs singularités, 1585) connaît deux manières de jouer le psaltérion, l'une avec deux plumes (plectres?) des deux mains « et sont les plus imparfaits d'autant que au plus on ne peut faire que deux accords » et l'autre qui se joue avec les doigts en pinçant et « sont les plus parfaictz et se peuvent pincer trois ou quatre accords, non pas pour estre meslés si parfaictement que sus l'espinette ». Abandonné en d'autres contrées dès le XVIe s., il ne figure plus qu'à titre historique dans les ouvrages de Virdunget de Luscinius. (Manicordion). (M. B.).

Psaume. - Les psaumes sont des poèmes que l'on trouve dans la Bible. Dès que parut la musique à plusieurs voix, les musiciens s'emparèrent des psaumes pour les chanter a trois ou quatre voix ou davantage, accompagnés
ou non d'orgue et d'orchestre. 

Psautier. - Collection du texte des 150 psaumes recueillis ou composés à l'époque hébraïque, pour le Temple de Jérusalem, et qui, traduits en grec, en latin ou en langue vernaculaire, ont passé dans l'usage privé et public des différentes confessions chrétiennes. Dans les premiers siècles de l'Église, le chant, très simple, des psaumes, se transmettait par la tradition orale, qui restait appuyée sur les formules mélodiques de l'Antiquité juive. Le plus ancien psautier connu contenant des indications musicales, sous forme de signes de divisions et de sigles marquant la place des refrains, est le Psautier latin de Saint- Germain-des-Prés, du VIe s., à la Bibliothèque nationale (lat. 11947). Les réformés ont aussi, par extension, donné le nom de psautier à la collection des Paraphrases de Marot, et de Th. de Bèze qu'ils adoptèrent à la base de leur culte.

Psyché, opéra-comique en trois actes, paroles de Jules Barbier et Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra-Comique, 1857). Si le livret est incolore, la musique est pleine de grâce et de distinction. A citer : au premier acte, la jolie mélodie d'Eros, qu'accompagne un choeur à bouche formée; l'air de Mercure : Des dieux ,je suis le messager; la délicieuse romance de Psyché; un heureux quatuor; le duo d'Eros et Psyché, et un finale de grand style; au second, un choeur de femmes exquis et un second duo d'amour; an troisième, un choeur dansé plein de fou et de mouvement, le duo de Mercure et de Psyché, et l'air de celle-ci : Non, ce n'est pas Eros!

Punctum. - Figure de note en forme de point appartenant à la notation neumatique médiévale, et maintenue dans la notation du chant grégorien, où elle exprime un son isolé :

Pyrophone. - Appareil présenté comme instrument de musique par son inventeur, Frédéric Kastner (Les flammes chantantes, Paris, 1875) et resté à l'état de « curiosité acoustique ». Basé sur les propriétés sonores des flammes d'hydrogène réglées dans des tubes de dimensions appropriées et qu'un mécanisme actionné par un clavier rapprochait et écartait à volonté, il formait une sorte d'orgue à la fois lumineux et sonore dont le souvenir est conservé dans les traités de physique.

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Dictionnaire Musiques et danses
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