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Musiques et danses > La danse

Menuet

Menuet est une ancienne danse que l'on croit originaire du Poitou, et qui eut une grande vogue en France, pendant tout le XVIIIe siècle, durant les règnes de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, à la cour, dans la haute société, et sur le théâtre. Ce n'est qu'à l'époque de la Révolution que le menuet disparut. Il se dansait à deux, et commençait ordinairement le bal: il se composait essentiellement de quatre pas exécutés en forme de Z, avec un repos de quatre en quatre mesures, et deux reprises du même motif. 

On donne aussi le nom de menuet à l'air qui accompagne cette danse, ainsi qu'à la partie en trois temps, d'un mouvement modéré, dans une symphonie ou un quatuor. On cite parmi les menuets, ceux d'Exaudet, de Fischer, et de Grétry, qui eurent une grande réputation. Mozart a placé un menuet dans le première finale de Don Juan, Meyerbeer dans le cinquième acte des Huguenots, et Verdi au début du premier acte de Rigoletto. Par la suite le scherzo a remplacé le menuet. 
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Tiepolo : danseurs de menuet pendant le carnaval.
Danseurs de menuet pendant le carnaval, par Tiepolo.

Danse.
Le  principal caractère du menuet était une noble, une élégante simplicité. Il se dansait à deux, et c'était lui qui ouvrait le bal : assez lent, il comportait des mouvements des pieds et des bras très gracieux et un port droit et noble du corps. Compan décrit le menuet dans les détails le plus minutieux : il attribue à Pécourt, l'acteur de l'Opéra, l'ordonnance du menuet; celui-ci aurait changé la forme S qui était sa principale figure en Z; les pas comptés pour figurer cette lettre sont symétriques. Le pas de menuet se compose de quatre pas : 

« le premier est un demi-coupé du pied droit et un du gauche; un pas marché du pied droit, sur la pointe et les jambes étendues; à la fin de ce pas on laisse doucement poser le talon droit à terre, pour laisser plier le genou, qui, par ce mouvement, fait lever la jambe gauche, laquelle passe en avant en faisant un demi-coupé échappé, ce qui est le troisième mouvement de ce pas de menuet et son quatrième pas. »
Il y a d'autres pas de menuet : le menuet en arrière, le menuet de côté ou menuet ouvert.

On cite un danseur célèbre, Marcel, qui attachait à cette danse une importance très grande. La légende veut que don Juan d'Autriche soit venu à Paris pour voir Marguerite de Bourgogne danser un menuet. On cite aussi le menuet que Louis XIV dansa en 1653, sur la musique de Lulli.

Musique
Les airs de menuet sont à trois temps et d'un mouvement modérée, même lent. Les compositeurs de musique instrumentale introduisirent des menuets dans leurs symphonies, leurs quatuors, leurs sonates, après l'andante, et en firent un morceau d'école, d'une harmonie difficile. 

Ces menuets se composent d'une première partie, qui comprend trois reprises, et d'une seconde, qui n'en a le plus souvent que deux, et qu'on nomme trio dans les quatuors parce que le violoncelle n'y concourt point; toutes ces reprises se répètent la première fois, et, au da capo, on va de suite jusqu'à la fin de la première partie, que l'on reprend toujours après le trio. Certains menuets ont une queue (coda), que l'on exécute pour finir. 

Le menuet d'Exaudet, regardé comme le chef-d'oeuvre du genre, a sauvé de l'oubli le nom de ce musicien : il date du XVIIIe siècle; son auteur y a adapté des paroles de Favart :

Cet étang
Qui s'étend .
Dans la plaine, etc.
Cet air vieillot s'est joué pendant plusieurs générations dans toute la France.

Les airs de Fischer, de Grétry, surtout celui de la Dansomanie, ballet de Gardel, sont fameux.

Le menuet,  introduit au théâtre, y est souvent charmant : celui que Mozart a écrit dans le premier final de son Don Juan est d'un goût très pur; celui par lequel débute le cinquième acte des Huguenots est des plus brillants. 

Les compositeurs de musique instrumentale introduisaient autrefois des menuets, des gavottes, des gigues dans leurs pièces : mais les menuets seuls sont restés. On remarque dans les oeuvres de Boccherini qu'ils gardent le mouvement gracieux du menuet dansé. Mais, depuis, les musiciens allemands, notamment Haydn, Mozart, Beethoven,  l'ont modifié en lui donnant une prestesse et une vigueur qui renient son allure si rapide, que bien que la mesure reste à trois temps, on n'en peut battre qu'un seul. 

On appelle maintenant scherzo le menuet de symphonie ou de quatuor, morceau d'école, d'une harmonie cherchée qui contraste avec le gracieux andante qui le précède ou le suit. Le menuet comporte deux parties : la première a trois reprises; la seconde (appelée trio, car dans le quatuor, le violoncelle n'y concourt pas) n'a que deux reprises. Bach et Haendel ont contribué à ces modifications du menuet; c'est Haydn qui le premier l'introduisit dans la symphonie et lui donna plus de rapidité et de gaieté; Mozart y mit de la tendresse délicate; Beethoven le transforma en scherzo. (B. / Ph. Berthelot).

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Dictionnaire Musiques et danses
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