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La Garonne
(en latin Garumna ou Varumna) est un fleuve
de France. La Garonne descend du fond du Val
d'Aran![]() ![]() - ![]() La Garonne à Bossost, dans le Val-d'Aran (Espagne). Elle passe au pied de Saint-Bertrand-de-Comminges Elle reçoit la Save à gauche près de
Grenade et entre dans le département du Tarn-et-Garonne.
La Garonne passe auprès de Castelsarrasin et reçoit à droite le Tarn
grossi de l'Aveyron. Après son entrée dans le Lot-et-Garonne, sa direction
est plus accentuée vers l'Ouest Dans ce département elle arrose Agen Dans le département de la Gironde,
elle reçoit peu d'affluents importants et arrose La Réole, Langon La Garonne a produit autrefois des inondations désastreuses; il suffit de citer celles de 1436, 1770, de 1856 et de 1875. Le lit de la Garonne maritime, comme celui de la Gironde, a perdu de sa profondeur, et les grands navires ne remontent pas aussi facilement qu'autrefois jusqu'à Bordeaux. (G. Regelsperger). Les sources de la GaronneLa Garonne est le moins long des grands fleuves français : 650 kilomètres. Elle naît en Espagne, à peu de distance de la frontière française, par deux branches principales; l'une issue du Plà de Béret, l'autre du pic d'Anéto même, le mont le plus élevé de la Maladetta et de la chaîne même des Pyrénées. On parle aussi d'une troisième branche, plus orientale. Quoi qu'il en soit, c'est une controverse déjà ancienne et qui risque de n'être jamais solutionnée que celle de la véritable source de la Garonne; chacune des deux origines a ses partisans : les uns penchent pour le Plà de Béret, «-jaillissant de l'herbe, ne gelant jamais, ne débordant et ne tarissant jamais, la bonne petite source connue des troupeaux, aimée des bergers et des voyageurs (Franz Schrader, Annuaire du Club Alpin, 1888) ». C'est sa limpidité, sa pérennité, les services qu'elle a rendu de tout temps aux montagnards qui valent à cette fontaine l'hommage reconnaissant des Aranais. D'autres considèrent que la branche dont l'origine est la plus lointaine de l'embouchure doit être tenue pour le fleuve même. Ce serait alors le torrent sauvage formé du Malo auquel s'unit la Ruda, l'Aiguamoch issus des solitudes glacées des monts de la Maladetta qui l'emporterait, le Malo disparaissant tout entier, le trou du Toro, et reparaissant, ce qui d'ailleurs est contesté, au Goeuil de Jouéou (oeil de Jupiter). Ce qui demeure établi est que deux Garonnes, l'une descendant du Plà de Béret par 1872 mètres, l'autre venue du versant nord du pic d'Aneto par 1430 mètres d'altitude, s'unissent pour former un torrent rapide dévalant une pente de 27 mètres par kilomètre jusqu'à la frontière française au Pont-du-Roi, plus humble que son nom, sous lequel ce torrent court en eaux tumultueuses dans des défilés hérissés de rocs couverts de broussailles.La Garonne pyrénéenneLe fleuve naissant reçoit les eaux de quelques rivulets, roule de couloir en couloir jusqu'à Saint-Béat![]() ![]() La Neste, comme la
Garonne, a passé successivement les différents étages des terrains cristallins,
jurassiques, crétacés,
mais la rapidité du cours et l'abondance temporaire des eaux ne permettent
pas aux différentes formations géologiques d'exercer leur influence normale.
Sous le pont de Montréjeau ![]() La Garonne, à Saint-Martory (Haute-Garonne). Le Salat.
L'Arize.
« L'étroite vallée où coule la rivière torrentueuse est tout à coup barrée par une colline aux assises de roches blanches. Les eaux mugissantes pénètrent sous la voûte par unie porte triomphale et disparaissent dans les ténèbres. Vers le milieu du tunnel qui n'a pas 1 kilomètre de longueur, un énorme pilier soutient le dôme de la caverne et près de là des galeries latérales, noires de chauves-souris, se ramifient au loin dans les entrailles de la terre. » (L. Barron, La Garonne).L'Ariège. L'Ariège, dont les étymologistes se disputent l'origine du nom, les penchant pour Aurigera - qui roule de l'or - ce qui est exact, d'autres pour Aregia, Arega, rivière a 163 kilomètres de longueur; elle est le dernier et le plus important des affluents pyrénéens de la Garonne; elle prend sa source aux frontières de France et d'Andorre descendant par 1400 mètres d'altitude des roches anciennes aux flancs du pic Nègre qui dresse ses granits couverts de neige par 2852 mètres. L'Ariège, à la manière des autres torrents pyrénéens, s'engage dans une série de défilés étroits, encaissés, dans lesquels elle mugit et écume : « Entre ses rives s'ouvrent de frais vallons, très boisés, sombres, sonores, où bruissent des torrents, des cascades où miroitent des lacs bleus.» (L. Barron, ibid.).Elle reçoit à gauche le Vicdessos, à Foix ![]() - ![]() La Garonne à Toulouse. Photos : ©S. Jodra, 2008-2017. La Garonne, fleuve aquitainLa cluse de Boussens![]() ![]() ![]() ![]() La Garonne ne recevra
plus comme affluent de la rive gauche que le Ciron, petit cours d'eau n'ayant
pas 100 kilomètres de longueur, coulant entre des coteaux couverts des
plus riches vignobles du Bordelais Après l'Herz, rivière dont le canal du Midi accompagne le cours, c'est à droite et du Massif Central que viendront au grand sillon du bassin aquitain, suivant orientation est-ouest, les affluents importants qui sont le Tarn, le Lot, la Dordogne et le cortège de rivières dont ils entrainent avec eux les eaux. Le Tarn.
Après la traversée
du Rouergue L'autre affluent important du Tarn est, à droite, l'Aveyron. Long de 240 kilomètres, il traverse des régions très diverses géologiquement. Venu du Causse de Sauveterre où les eaux d'infiltration lui ont donné naissance, il décrit ses méandres dans des gorges moins grandioses que celles du Tarn, car il n'a pas dans son cours supérieur l'alimentation abondante du précédent, il traverse le Rouergue dont il longe les roches anciennes du nord au sud au contact des terrains jurassiques, reçoit le Viaur au cours également tourmenté. Le Lot.
Enfin, parvenu au
milieu des plaines riches, agricoles et fruitières de l'Agenais Le Drot.
La Dordogne.
La Cère, 115 kilomètres,
grossie de la Jordanne, vient du coeur du Cantal, où la vallée naissante
s'ouvre en face de celle de l'Alagnon, donnant par le col du Lioran accès
à la grande route ouest-est de l'Aquitaine La Dordogne, quittant
les sols cristallins du Cantal, élargit sa vallée dans les calcaires
jurassiques des Causses, d'où elle sort pour entrer dans la zone crétacée
du Périgord La Corrèze, 89 kilomètres, grossit à gauche la Vézère, elle vient des régions du plateau de Monédières, coule parallèlement à la Vézère et comme elle franchit par des chutes les différents étages marqués par la succession des gneiss, des granits et des schistes. La Montane, affluent de la Corrèze, est curieuse à ce titre que son cours présente le type même du torrent désordonné : tombant successivement de 42 mètres, puis de 27, enfin de 25 par une série de chutes vertigineuses. La Dordogne franchit
quelques rapides avant de pénétrer dans la plaine tertiaire ( C'est à Libourne
que la Dordogne reçoit l'Isle, 225 kilomètres, venue des plateaux du
Limousin L'Isle, grossie à droite de la Dronne qui reproduit ses propres traits, apporte à la Dordogne, mais malheureusement beaucoup trop loin dans son cours inférieur, un tribut considérable et qui demeure sans effet utile, car le fleuve principal est au confluent augmenté de l'afflux du flot marin sensible jusqu'à Castillon. La Dordogne, au bec d'Ambez, a une largeur de 1400 mètres; unie à la Garonne, elles constituent toutes deux un nouveau fleuve : la Gironde. C'est à bon droit que Garonne et Dordogne perdent ici leur nom, et ce n'est pas le seul exemple de fleuves dont la physionomie se transforme à ce point dans leur cours inférieur qu'une appellation nouvelle leur devient nécessaire. La Gironde.
« Quand on contemple la nappe de l'estuaire, écrit E. Reclus, non du sommet d'un promontoire, mais simplement du bord de la plage, on ne distingue même pas en entier le rivage opposé; quelques bouquets de pins séparés les uns des autres par la ligne blanche des eaux lointaines semblent former un archipel; le fleuve a pris l'apparence d'une mer semée d'îles et d'îlots. »Ces îlots boueux, alignés dans le sens du cours en un long chapelet, créent une sorte de séparation entre la Garonne et la Dordogne; jusqu'à l'océan Atlantique, le relief sous-marin marquera ainsi deux sillons dont Cordouan est l'aboutissement. La Gironde ronge
sa rive droite plus élevée, reportant le cours vers le Nord-Est; le dessin
de la côte de Saintonge Cependant, par sa largeur, par l'influence de la marée et par celle du flot fluvial lui-même qui aide à déblayer le chenal, la Gironde devient une sorte de long golfe fluvio-marin d'une profondeur de 10, 15 et jusqu'à 20 mètres : « Les cétacés et les poissons de mer remontent l'estuaire avec le flot; les marsouins continuent de jouer autour des navires comme s'ils étaient encore en plein Océan. » Le régime de la GaronneLa pente.La Garonne draine un bassin de 85.000 kilomètres carrés; la disposition du relief est celle d'un double plan incliné dont le fleuve est l'arête médiane : du Massif Central et des Pyrénées surtout, les monts plongent en déclivité assez rapide vers la plaine. Les chiffres précisent d'ailleurs suffisamment cette disposition des pentes : la branche maîtresse elle-même a dévalé 27 mètres par kilomètre jusqu'à Pont-du Roi où elle n'est plus qu'à 580 mètres; à Montréjeau, elle a baissé de 100 mètres encore; à Toulouse, à 400 kilomètres de sa source, elle est à 130 mètres, tandis que la Seine est à 30 mètres seulement; à Agen à 200 kilomètres de la mer, elle n'est plus qu'à 42 mètres; à Bordeaux, à 96 kilomètres de la mer, à 2 mètres seulement. La Garonne est de
tous les fleuves français celui dont la pente, dans le cours supérieur,
est le plus accentuée; il en est à peu près de même pour ses principaux
affluents, un peu moins cependant de ce fait qu'ils descendent des montagnes
sur les plateaux et de là dans la plaine par étages successifs. Cependant
l'Ariège, née par 1400 mètres est à Foix à 380 mètres et descend
de 1000 mètres en 82 kilomètres de cours supérieur, soit plus de 12
mètres au kilomètre; à Pamiers ![]() La Garonne à Agen. Photo : Steve Shupe, 2017. L'alimentation
du fleuve.
Les crues.
« Les inondations du cours moyen et supérieur dans le bassin de la Garonne, écrivait en son temps Marcel Dubois (Cours de géographie), sont des plus violentes. De fin décembre à fin juin on peut toujours s'attendre à un débordement. Il a lieu le plus souvent à la suite de fortes pluies amenées par les vents du nord-ouest. Ces précipitations non seulement ont une surabondance diluvienne mais encore entraînent les neiges et activent leur fonte, prématurée. Aussi la ville que le fléau éprouve le plus est-elle Toulouse, située en pIaine, au point où le fleuve encore étroit concentre les eaux de la Neste, du Salat et de l'Ariège. Il y a là une sorte d'entonnoir collecteur des eaux pyrénéennes qui se dégorge en amont de Toulouse et déchaîne sur cette ville un torrent furieux. »D'autre part, le lit de la Garonne n'est pas très profond, environ 6 mètres, soit 2 mètres à l'étiage et 4 mètres de hauteur de berges, ce qui est manifestement insuffisant pour retenir un flot beaucoup plus élevé, susceptible de monter jusqu'à 10 et même 12 mètres. Les inondations de 1875 furent générales clans le bassin, puisque le fleuve monta à 11,70 m à Agen, à 13,34 m à Castets; elles ont à Toulouse surtout laissé de tristes souvenirs. Il est vrai, et c'est ce que l'on a constaté lors de la crue de 1910 à Paris, que la Garonne, resserrée entre les quais, n'en monta que bien davantage. Les dégâts furent considérables : « Les usines furent démolies ou dévastées, les ponts s'écroulèrent, à l'exception d'un seul; le faubourg Saint-Cyprien, ville de 20.000 habitants qui occupe toute la rive gauche, en face de Toulouse, et plusieurs villages bâtis en briques crues, cimentées par un mauvais mortier, furent presque entièrement rasés; des centaines de personnes restèrent ensevelies sous leurs décombres. Les pertes matérielles causées par l'immense débâcle qui renversa plus de 7000 maisons furent évaluées à 85 millions de francs; en outre, des campagnes que l'inondation recouvrit de pierres devinrent incultivables pour des années. " (Marcel Dubois et Camille Guy, 1906).En aval de Toulouse, le Tarn et le Lot apportent au fleuve des eaux rapides et abondantes sur lesquelles, en raison de la déclivité, l'influence absorbante des sols n'a que peu d'action : grossis par la fonte des neiges, ils présentent des crues normales de printemps, mais gonflés par des pluies d'orages ou dues à la persistance des vents d'ouest, ils sont la cause de crues assez violentes. On a remarqué que le flot du Tarn, moins long, est plus rapide que celui du Lot qui s'attarde en méandres nombreux; en temps de crue, le flot du premier passe avant le second; quand, par suite de circonstances exceptionnelles, les deux flots se superposent, l'effet est désastreux. On attribue encore à la largeur de l'estuaire, à la pénétration de la marée et aux vents de l'océan Atlantique qui soufflent en tempête, un retardement du flot qui facilite les inondations. Enfin, on croit que celles-ci sont plus fréquentes de nos jours et plus considérables : on cite, au cours du XIXe siècle, sept inondations et beaucoup moins au XVIIIe et au XVIIe siècle; il y aurait là un effet dû non tant au changement de climat qu'au déboisement inconsidéré sur les pentes des Pyrénées et du Massif Central. Il est certain que la déforestation excessive a pu aggraver le régime des torrents affluents de la Garonne supérieure, tels que la Neste et la Pique, mais il est également évident que les inondations exposent aujourd'hui à plus de désastres qu'autrefois, de grandes cités, des ports se pressant sur les rives du fleuve et que par suite les débordements du fleuve restent mieux marqués dans le souvenir des populations riveraines. La Gironde est une masse d'eau fluviale et maritime dont le débit d'ailleurs régulier suit les mouvements des marées. Le débit moyen est de 1200 mètres cubes, mais c'est par millions de mètres cubes qu'il faut évaluer l'énorme quantité d'eau que refoule la mer. (Maurice Allain). |
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