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Les bassins

Un bassin hydrographique est un territoire dont les eaux se réunissent dans un réservoir commun; ceci suppose, en premier lieu, une inclinaison naturelle du sol vers le fond du bassin où viendront confluer les eaux pluviales et fluviales; en second lieu, une ligne de faite d'où partent les pentes et qui limite le bassin. Séparant les bassins les uns des autres, cette ligne s'appelle ligne de partage des eaux (aquarum divortium, disait Cicéron). Les bassins complètement clos par la ligne de partage des eaux ne sont pas très nombreux, car la plupart des cours d'eau se réunissent en un bassin fluvial; la plupart des bassins fluviaux aboutissent à la mer

Nous étudierons les bassins fluviaux, puis nous parlerons des bassins maritimes et océaniques; il sera question des bassins fermés an même temps que du type auquel ils se rattachent (bassin fluvial ou bassin maritime).

Les bassins fluviaux.
Un bassin fluvial est une surface de territoire plus ou moins vaste dont les eaux, suivant la pente naturelle du sol, viennent se réunir en un cours d'eau unique qui les déverse dans un réservoir commun. Presque toujours le bassin d'un fleuve comprend plusieurs bassins secondaires dont l'artère principale aboutit au fleuve. La majeure partie de la surface des continents est occupée par un nombre relativement restreint de grands bassins fluviaux ; mais ceux-ci sont séparés les uns des autres, dans leur partie la plus proche de la mer, par un grand nombre de bassins plus petits, dits bassins côtiers. Le plus souvent en effet, dans la région voisine de la mer, la pente du terrain aboutit directement à la nier sans rejoindre la dépression où coulent les grands fleuves. Le même fait se produit pour les presqu'îles, pour les petites îles. Comme exemple de bassins côtiers, on peut citer ceux qui, en très grand nombre, séparent les parties inférieures des bassins de la Seine et de la Loire

Dans certains cas, lorsque des montagnes plongent presque à pic sur la mer, la place manque pour la formation d'un bassin. Sur la côte occidentale de Norvège, par exemple, les eaux pluviales s'écoulent vers l'Atlantique sans qu'il y ait véritablement de bassin fluvial. Les grands bassins fluviaux présentent des aspects très variés. Quelques-uns s'allongent encaissés entre des plateaux et des montagnes parallèles, comme ceux des fleuves de la péninsule Indochinoise; d'autres forment un véritable amphithéâtre aussi large que long (bassins du , de la Seine, Amazone). Tantôt le fleuve coule à peu près au centre de son bassin, comme les trois fleuves que nous venons de citer : c'est ce qui a lieu lorsque les pentes du bassin sont inclinées à peu près de la même façon vers la partie centrale et que le grand fossé de la partie la plus basse, qui sert de lit au fleuve, est placé à peu près comme le grand diamètre d'un ovale. 

La ceinture des Alpes et des Apennins, qui encadre le bassin du Pô, est un des types les plus réguliers de ce genre. Tantôt le fleuve coule sur le côté (Rhône, Adour, Indus) et tous ses affluents importants viennent aboutir à une extrémité du bassin. C'est ce qui a lien lorsque la pente est tout d'un côté; ainsi, en France, les eaux descendant des Alpes sont poussées par l'inclinaison générale du sol jusqu'au pied des Cévennes, et c'est pourquoi le Rhône qui les recueille dans son lit suit toutes les inflexions de la chaîne qu'il longe et ne reçoit de cette chaîne que des torrents qui ont peu de développement. Il y a des fleuves qui parcourent successivement plusieurs bassins dont chacun est délimité, sauf sur le point par où s'échappent ses eaux : tel est le Danube qui draine trois bassins, s'échappant de celui de l'Allemagne du Sud par le défilé de Passau-Linz, de celui d'Autriche et Hongrie par le défilé des Portes-de-Fer; de même le bassin de l'Elbe, où la Bohème forme un premier bassin complètement distinct; de même le léniséi, dont le bassin en renferme deux autres : celui du haut léniséi et celui du lac Baïkal.

La ligne de partage des eaux est en général formée par des montagnes; les anciens cartographes, généralisant cette notion, encadraient la ceinture des bassins d'une véritable muraille montagneuse. Ce système était erroné. Il peut se trouver à l'intérieur d'un bassin fluvial des montagnes plus hautes que celles de sa ceinture; les plus hauts massifs des Alpes du Dauphiné sont assez éloignés de la ligne de partage des eaux; les Vosges sont dans le bassin du Rhin. Les chaînes de montagnes ne coïncident pas nécessairement avec la ligne de partage des eaux ; dans le Jura elle est perpendiculaire à l'axe de la chalne; dans l'Himalaya la chalne la plus haute est celle du Sud qui, presque nulle part, ne forme la ligne de partage des eaux .

En revanche, sur de longues étendues les limites des bassins sont constituées par des dos de terrain presque insensibles. Ces limites existent en effet partout où les eaux pluviales s'écoulent en suivant d'une manière constante des directions différentes; l'on en trouve dans des plaines et sur des plateaux dont les deux versants présentent à peine une différence de niveau. Nous citerons le plateau de la Beauce, entre la Seine et la Loire; les marécages de Pinsk entre la Vistule et le Dniepr ; la région des lacs du Minnesota entre le Mississippi, le bassin du Saint-Laurent et la rivière Rouge (Red River); les marécages du centre de l'Amérique du Sud où naissent des affluents du Paraguay et des grands tributaires de l'Amazone

Il y a même des cas où des communications naturelles existent entre deux bassins fluviaux. En temps de pluie les sources du Mississippi et de la rivière Rouge se confondent. L'Orénoque envoie par le Casiquare une partie de ses eaux au rio Negro, tributaire de l'Amazone. Sur une moindre échelle, dans le Val de Chiana en Italie, la ligne de faîte qui sépare l'Arno du Tibre est artificielle; en France même on peut citer un étang du département des Vosges qui se déverse à la fois dans la Moselle et dans la Saône.

Ainsi que nous l'avons dit, les bassins fermés sont rares; il ya des fleuves, comme le Jourdain, qui, parvenus au point le plus bas de leur bassin, y accumulent leurs eaux en un lac jusqu'à ce que l'équilibre s'établisse entre l'eau enlevée par l'évaporation et celle qu'apporte le courant fluvial; mais en général le réservoir lacustre finit par s'emplir jusqu'au bord et le fleuve se déverse le long d'une pente nouvelle qui aboutit à la mer. Parfois le réservoir intérieur est assez vaste pour mériter le nom de mer; mais l'histoire géologique semble prouver que ces mers intérieures finissent par se dessécher et se résoudre en quelques petits bassins lacustres isolés; c'est ainsi qu'aurait disparu la grande mer intérieure de l'Asie centrale. En l'état actuel du globe il n'y a guère qu'un bassin maritime vraiment digne de ce nom qui ne communique pas avec l'Océan, celui de la mer Caspienne.

Les bassins maritimes.
La grande majorité des bassins fluviaux aboutissent aux mers, et celles-ci se confondent dans les bassins océaniques. Il y a toutefois des bassins maritimes assez bien définis pour qu'on ne puisse les passer sous silence tel celui de la mer Noire qui communique avec la Méditerranée par une sorte de fleuve marin; telle la Méditerranée elle-même dont le bassin comprend, outre la surface maritime, la moitié de l'Europe, une partie de l'Asie et de l'Afrique; telle la baie d'Hudson, véritable mer située au nord du continent américain; la mer Rouge entre l'Asie et l'Afrique n'a pas, à proprement parler, de bassin; puisqu'elle ne reçoit aucun cours d'eau permanent, mais elle est une cuvette marine du même genre. 

Les bassins océaniques sont moins bien définis que les bassins fluviaux. Tandis que ceux-ci sont, sauf exception, complètement séparés les uns des autres, les bassins océaniques communiquent par de larges bras de mer et, sauf celui de l'océan Glacial Arctique, ils se confondent tous dans la partie méridionale du globe. Les chiffres que nous donnerons pour évaluer leurs superficies respectives ne sont donc que très approximatifs. Les bassins océaniques, avec les bassins de leurs tributaires, se partagent presque toute la surface de la terre; ils en occupent toute la partie marine et les quatre cinquièmes de la partie émergée. On en compte quatre : bassin de l'océan Glacial Arctique, bassin de l'océan Atlantique, bassin de l'océan Indien, bassin de l'océan Pacifique.

Le bassin de l'océan Glacial Arctique comprend près de 35 millions de km², dont un tiers environ est recouvert par les eaux; le reste est formé par la plaine de la Sibérie, le Nord de la plaine russe, les terres polaires et la plus grande partie de la plaine septentrionale de l'Amérique du Nord (avec la baie d'Hudson). Ce bassin est le seul où la surface émergée soit plus vaste que la surface marine; il reçoit quelques-uns des plus grands fleuves de la terre : Ob, léniséi, Léna, Mackenzie. 

Le bassin de l'océan Atlantique s'étend sur au moins 450 millions de km², dont une centaine environ sont recouverts par les eaux de la mer : ses fleuves drainent la plus grande partie de l'Europe, de l'Afrique, de l'Amérique du Sud, la moitié de l'Amérique du Nord, et une petite région de l'Asie; ils comptent au nombre des plus grands fleuves de la terre : Danube, Nil, Niger, Congo, Plata, Amazone, Mississippi, Saint-Laurent. 

Le bassin de l'océan Indien comprend environ quatre-vingts millions de km², dont moins du cinquième appartient aux terres émergées une grande partie de l'Australie, l'Iode, une partie de l'Asie antérieure, l'Afrique orientale; il ne possède que des fleuves de second ordre : Murray, lrraouaddi, Brahmapoutre et Gange, Indus, Chatt-el-Arab, Zambèze

Le bassin de l'océan Pacifique comprend environ 485 milions de km², dont un quinzième à peu près au-dessus du niveau de la mer. Limité par les plus hautes montagnes du globe, il n'a de fleuves notables qu'en Asie (Mékong, Yangzi, Huanghe, Amour)  et en Amérique du Nord (Yukon, Columbia, Colorado). Nous avons laissé en dehors de ce calcul la région polaire du Sud (20 millions de km²), où la distinction entre les terres et l'Océan ne peut même être faite. 

Les bassins fermés.
Quant aux bassins fermés, les plus vastes sont ceux de l'ancien continent; bien qu'ils tendent à se morceler, on peut les grouper en deux systèmes principaux : celui de la mer Caspienne (Volga et jadis Syr-Daria et Amou-Daria), et celui de l'ancienne Méditerranée asiatique. En Afrique, on peut citer ceux des lacs Tchad et Ngami (delta de l'Okavanho); en l'Amérique du Nord, celui du grand lac Salé; en Amérique du Sud, celui du lac Titicaca. Enfin, il y a des régions ou il ne pleut jamais ou si rarement qu'il ne s'y peut former de cours d'eau. Le désert de Gobi, une partie de l'Arabie, du Sahara, de l'Australie centrale n'appartiennent à aucun des bassins hydrographiques actuels. ( A.-M. B).

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