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Le mot lied, emprunté à la langue allemande, a obtenu droit de cité dans le vocabulaire musical français; on l'emploie aussi quelquefois, dans la langue littéraire, pour désigner certaines formes de la poésie germanique. En allemand, lied signifie « chant » ; ce mot a donc une acception très étendue, et on a pu l'appliquer à des oeuvres aussi diverses que le Nibelungenlied aux longues « aventures » épiques et les courts poèmes de Heine, réduits souvent à huit vers. En France, ce mot étranger possède une signification moins large, et s'applique moins au chant en général qu'aux chants et aux poèmes allemands sous leurs formes les plus concises et les plus caractéristiques. En tout cas, que l'on s'attache à la signification générale de ce terme en Allemagne, ou à celle plus restreinte qui lui est attribuée en France, le lied poétique est une pièce lyrique habituellement divisée en strophes, faite pour le chant ou qu'il faut du moins supposer chantée pour comprendre son juste caractère, et le lied musical est une composition vocale relativement peu développée, où la partie chantée a un rôle nettement prépondérant. Ces indications, à vrai dire, ne distinguent pas nettement le lied musical de la chanson, de la romance, de la ballade, et de la « mélodie vocale » contemporaine. C'est qu'en effet, en Allemagne, le mot lied est couramment employé pour toutes ces formes. Si, en français, on ne fait pas de ce terme le synonyme pur et simple des dénominations précédentes, c'est parce qu'il correspond, de préférence, à une couleur sentimentale particulière. D'ailleurs, les formes musicales dont il s'agit ne sont pas définies avec précision, sauf à quelques égards la ballade, et il est impossible de fixer clairement les limites qui les séparent. La chose est si vraie que l'on a pu traduire sans inconvénient le titre célèbre employé par Mendelssohn, Lieder ohne Worte, par Romances sans paroles; d'autre part, tel lied populaire de Thuringe, par exemple, Ach! wie ist's moeglich daun, est bien une jolie chanson sentimentale; le beau lied de Loewe, Es zogen drei Burschen, traduit fidèlement, en musique, une ballade d'Uhland; tels autres lieder, comme celui-ci, O Strassburg, O Strassburg, sont tout proches de la complainte; d'autres enfin, très nombreux, exigent une harmonisation vocale simple : ce sont des chorals, ou des choeurs de forme quelconque. Encore une fois, c'est lorsque la concision, la simplicité expressive, la franchise spontanée de la forme mélodique s'allient à une idée poétique également simple, très humaine, très générale, à un sentiment profond et vrai, immédiatement accessible, que le lied existe avec la plénitude de ses caractères. L'idée du poème chanté est presque toujours mélancolique, tendre, rêveuse, et la forme musicale qui la traduit exprime mieux le sentiment dominant de ce poème qu'elle ne détaille les significations particulières de mots distincts ou de membres de phrase isolés. Enfin la division en strophes est de beaucoup la plus fréquents dans le lied. Bien que le sens du mot lied soit déjà fort général, plusieurs compositeurs et musicographes allemands, parmi lesquels il faut citer en premier lieu le critique A.-B. Marx, ont voulu l'étendre encore. Ils ont baptisé du nom de lied-form une forme musicale d'exposition et de développement dont le principal caractère distinctif est de n'en pas avoir, et dans laquelle ils font rentrer les oeuvres les plus disparates, jusqu'à des « cavatines » et « sérénades » instrumentales, des « marches » et des «.rapsodies ». Cette manière incohérente d'appliquer l'idée et le nom du lied à des ouvrages où ce nom et cette idée n'ont que faire correspond bien aux tendances confuses de Raff et de son école; elle a été d'ailleurs abandonnée depuis longtemps. L'origine du Lied. Le temps des Minnesinger. Après ce brillant éclat, l'ombre se fait : le monde féodal germanique se désorganise, la poésie chevaleresque se tait graduellement, le chant quitte les cours princières et les châteaux; il se réfugie dans les villes, dans les centres où le commerce et les arts ont subsisté à la faveur des libertés locales. Heinrich von Meissen, surnommé Frauenlob, transmet en quelque sorte l'héritage amoindri des Minnesinger aux chanteurs bourgeois, les Meistersinger ou Maîtres chanteurs, qui en conservent quelques traditions, mais surtout s'essayent, timidement d'abord, dans une voie nouvelle, associant le caractère familier de la poésie populaire à un esprit très formaliste, ingénieux à multiplier les catégories et à classer toutes choses en poésie comme en musique. La renaissance du Lied. Dès le milieu du XVe siècle, on commence à former des recueils de chants populaires. Les deux plus remarquables sont Die Limburgische Chronik, contenant les lieder les mieux goûtés pendant un espace de temps que limitent à peu près les deux années 1347 et 1380, et le Locheimer Liederbuch, qui porte la date de 1452. Il y avait des chants de métiers, et de longues séries de strophes formant le récit d'un événement; mais bientôt tous ces thèmes poétiques s'élargissent, deviennent plus humains; la musique se fait plus libre, exprime davantage l'intimité du sentiment : les dernières années du XVe siècle et les premières du XVIe voient se produire un puissant et riche épanouissement du Volkslied. La mélodie de ces Volkslieder est courte, mais franche, bien caractéristique, très spontanée; souvent établie dans les modes ecclésiastiques, elle affirme souvent aussi, instinctivement et sûrement (avec une tendance marquée au mode majeur), l'harmonie et la tonalité modernes, et même des formes qui deviennent par la suite absolument générales et usuelles en musique, comme la division d'une phrase en deux membres égaux (avec identité des premières parties de ces deux membres) par une demi-cadence sur la dominante du ton. A cette époque, le chant des Meistersinger arrivait également à son apogée. Musicalement, il tenait de près aux modes ecclésiastiques; poétiquement, il décelait surtout des tendances morales, quelque peu sentencieuses. Toutes les villes importantes d'Allemagne possédaient des corporations de maîtres chanteurs. Parmi les plus célèbres de ces maîtres, on peut citer Müglin, Fischart, Rosenblüt, Nachtigal, Hans Sachs, Sebastian Brandt, Regenbogen, Marner, Puschmann. Au temps de la Réforme. Luther, qui joignait à son sens pratique un goût musical prononcé et même quelques connaissances en musique, contribua beaucoup à cette diffusion du chant populaire choral, envisagé comme moyen d'action, comme signe confessionnel et national. Peut-être composa-t-il quelques cantiques de ce genre; en tout cas, il adapta à plusieurs airs religieux en usage et aussi à des airs profanes les paroles allemandes traduites par lui de l'Ecriture, et des paraphrases des textes sacrés. A ce moment, le grand poète populaire de Nuremberg, le cordonnier Hans Sachs, se faisait aussi l'interprète, tour à tour élevé et familier, du sentiment national, et saluait Luther de son chant célèbre, Die Wittenbergische Nachtigall (le Rossignol de Wittenberg). Telle fut, d'ensemble, l'influence de la Réforme, et des hommes qui s'y rattachèrent, dans ses rapports avec le lied, particulièrement avec le chant choral. Bach. Le Lied au XVIIIe siècle. Gluck n'a touché qu'en passant au chant non dramatique, et une seule de ses compositions en ce genre est restée populaire; c'est le chant Wilkommen, o silberner Mond, souvent arrangé sous forme de choeur. Et il faut encore nommer Wenzel Müller, Benda, Kauer, Himmel, Weigl, Schneider, Naegeli, Zumsteeg, Anselm Weber, Ludwig Berger, Klein, Zelter et J.-Fr. Reichardt. Himmel avait fort peu de talent, mais quelques-uns de ses lieder sont restés, entre autres Die Sendung der Rose (An Alexis send' ich dich); un lied de Naegeli, Freut euch des Lebens, est également passé à la postérité. Zelter et Reichardt ont plusieurs fois été bien inspirés, surtout lorsqu'ils ont mis en musique des poésies de Goethe; il est même arrivé cette étrange fortune à Reichardt - dont le meilleur lied est sans contredit le Lied der Nacht qu'il composa sur des paroles de Tieck - que sa mélodie pour le chant de Claire dans Egmont (Freudvoll und Leidvoll) est plus connue en Allemagne et plus souvent chantée que celle écrite par Beethoven sur le même texte. Nous avons dû nommer Zelter et Reichardt, bien que leur activité en tant que compositeurs de lieder se soit manifestée surtout dans le premier tiers du siècle suivant; c'est qu'ils représentent, à côté et tout à fait en dehors des maîtres dont nous allons avoir à parler, l'aboutissement de l'école dont J.-A.-P. Schulz fut en quelque sorte le fondateur. De plus, Reichardt commença dès 1780 à mettre en musique des poèmes de Goethe; d'ailleurs, ils furent, avec les autres musiciens de ce groupe, les traducteurs musicaux de Gellert, de Voss, de Hoelty, etc., dont les poèmes, relativement courts, d'un sentiment assez direct et parfois vraiment poétique, préparèrent le grand cycle lyrique de Goethe. L'avènement du lied poétique de Goethe, et la création de la symphonie moderne, voilà les deux faits de première importance qui se produisent dans les trente dernières années du XVIIIe siècle. Le « père de la symphonie », Josef Haydn, avait grandi au milieu des lieder, aussi bien ceux qui subsistaient encore, vestiges du passé, que ceux qui devenaient populaires à leur tour, tout en émanant de musiciens professionnels. Fils d'un charron de village, le petit Seppi les avait chantés maintes fois; d'autre part, l'ancien lied, nous l'avons vu, jouait sous des formes diverses un rôle important dans la musique des maîtres du XVIIe siècle et de la première moitié du XVIIIe. Cette mélodie, chanson d'amour, chanson de danse, plainte de tristesse, où palpite l'âme du peuple, où se perpétuent des souffrances et des joies anonymes, va maintenant s'épanouir dans la musique symphonique moderne. La sentimentalité expressive qui souvent l'anime va fleurir avec plus de richesse dans l'adagio ou l'andante de la sonate et de la symphonie (qui, au point de vue musical formel, est une sorte de sonate orchestrale très développée); de même, les éléments rythmiques, chorégraphiques de la chanson de danse, très sensibles dans l'allegro, se localiseront avec une netteté plus grande encore en un morceau spécial, le minnetto de Mozart et de Haydn, le scherzo merveilleux de Beethoven. Goethe. Goethe sut comprendre la poésie populaire; il en dégagea le sentiment intime : il fit alors son lied à lui, ce lied profondément simple, mais hautement artistique dans sa simplicité, qui devait renouveler toute la poésie lyrique allemande. Des exemples mettraient en évidence ce que Goethe trouva dans le lied du peuple, ce qu'il y ajouta et comment il le transforma d'une manière toute personnelle. Il suffira, pour s'en faire une idée, de rapprocher l'admirable poème de Goethe, Es war ein Koenig von Thule (Il était un roi de Thulé), d'un Volkslied également admirable, Es waren zwei Koenigskinder : Il était une fois deux enfants royaux,(L'adolescent se noie en essayant d'arriver jusqu'à sa bien-aimée celle-ci dit à un pécheur de jeter ses filets dans les vagues; il ramène le corps du fils du roi.) Elle le prend dans ses bras,Ce n'est pas ici le lieu d'étudier avec détail les poèmes lyriques de Goethe, tantôt directement inspirés du chant populaire, comme ces délicieuses strophes, Haidenroeslein, tantôt plus indépendants d'allures, comme Der Soenger (Was hoer'ich draussen var dem Thor), tantôt d'un caractère absolument neuf, comme le chant de Mignon, Kennst du das Land. Mais si ce lied de Goethe eut une influence poétique immense, son influence musicale fut considérable également : non seulement il inspira toute une légion de compositeurs ordinaires, Zelter, Reichardt, Reissiger, entre autres, mais il venait à peine de naître que déjà Mozart en devinait la beauté et composait un court chef-d'oeuvre de mélodie expressive sur la belle poésie Das Veilchen; Beethoven aussi l'admirera, lui devra des pages émouvantes; il triomphera avec Schubert, et plus tard Schumann saura le prendre encore pour thème poétique à de pénétrantes inspirations. Le Lied au XIXe siècle. Peut-être même ces poètes allèrent-ils trop loin dans ce sens et la réaction que Heine personnifia un peu plus tard eut-elle une certaine utilité, Heine, le poète par excellence de la fantaisie tour à tour émue et ironique, capable de grossièretés et de laideurs artistiques, mais aussi des inspirations les plus délicates, des évocations les plus splendides, des accents les plus douloureux. En tout cas, ces romantiques et leurs successeurs rajeunirent la poésie allemande et l'enrichirent de lieder presque innombrables, dont beaucoup sont de purs chefs-d'oeuvre. Tel est, en résumé, ce grand mouvement poétique national, qui se rattache originairement au lied de Goethe, et que l'école romantique développa, avec une grande puissance et un esprit plus particulariste, mouvement qui coïncide avec celui de l'érudition allemande, avec la reconstitution des anciens poèmes du Moyen âge et des traditions légendaires par les Grimm, von der Hagen, Simrock, Goerres, Lachmann, etc., et qui est lié d'autre part au mouvement musical. Retour au lied musical. D'autres chants de lui sont de forme absolument populaire, par exemple Der freie Mann, Kriegslied, Molly's Abschied. On lui doit aussi des chants sacrés, principalement sur des textes de Geltert; l'un d'eux, Die Himmel rühmen des Ewigen Ehre, est célèbre. Mignon de Goethe lui a valu quelques-unes de ses plus belles inspirations lyriques, Kennst du dus Land, Nur mer die Sehnsucht kennt... Il a mis en musique les chants de Claire dans Egmont, et nul ne peut nier que le sentiment poétique et chantant du lied ne joue un rôle considérable en ses sonates comme en ses symphonies; ce rôle se précise même parfois beaucoup, par exemple dans le rondo en mi majeur de la vingt-septième sonate pour piano (op. 90) et dans le finale de la Symphonie pastorale. Il est même légitime d'affirmer que Beethoven a voulu faire un lied véritable, le lied des peuples réunis dans une fraternité joyeuse, en composant la musique de l'Ode à la joie de Schiller, mélodie simple et puissante, chant populaire au sens sublime du mot, qui termine et couronne la Neuvième Symphonie. Schubert, enfin, est par excellence le maître du lied musical, mais du lied sous toutes ses formes, allant de la simple Volksweise jusqu'au poème dramatique et musical tout ensemble. Avec lui, la mélodie vocale expressive, soutenue, colorée, enrichie par un accompagnement plus ou moins complexe, atteint un degré d'abondance, de beauté, de pathétique qui n'a jamais été surpassé. Elle coule, inépuisable, toujours nouvelle, toujours pénétrante et forte. Quels en sont les caractères, quelles en sont les qualités supérieures, tout cela demanderait une étude approfondie, trop développée pour le présent article. Disons seulement que telle des mélodies de Schubert, par exemple Haidenroeslein ou Am Brunnen vor dem Thore, est toute proche, par sa géniale simplicité, du Volkslied; telle autre, comme le Roi des Aulnes (Erlenkoenig), indique une rare vigueur de composition, de création musicale et devient un petit drame de la plus poignante émotion. D'autres, libres et complexes, très étranges même en leur structure, comme la Leichenfantasie, contiennent jusqu'à dix-sept changements de mouvements; certains s'enchaînent de façon à faire un cycle complet, tels Winterreise et Müllerlieder. Goethe est l'un des poètes qui ont le mieux inspiré Schubert; mais il ne faut oublier cependant ni Schiller, ni Willhelm Müller, ni Macpherson (poèmes attribués à Ossian), ni Mugrhofer, Schmidt, Klopstock, Ruckert, Kosegarten, Schober, Rellstab. L'apparition du Freiscfutz de Weber (1821) est un événement considérable, non seulement au point de vue du drame musical, mais encore pour le lied. Populaire par le choix du sujet, le Freischutz le devenait aussi par le rôle qu'y jouaient les Vollkslieder; Weber s'y inspirait des refrains du peuple, du sentiment de ces lieder anonymes, et même il les utilisait directement, c'est le cas de la ronde chantée des jeunes filles, Wir winden die der Jungfernkranz, Dame Euryanthe, quelques passages gardent l'empreinte de la mélodie populaire; dans Preciosa, on peut faire une remarque analogue, par exemple pour le choeur des bohémiens, Im Wald, et la mélodie, Einsam bin ich nicht alleine. De plus, Weber a mis en musique plusieurs des inspirations guerrières de Koerner, et il a composé sur divers textes des lieder délicieux, entre autres une Wiegenlied, Ich sah ein Roeschen, Voeglein einsam in dem Bauer, met Schoetzerl, etc. A l'actif de Louis Spohr, on peut citer quelques lieder, par exempte Die Rose et Der Bleicherin Nachtlied; il faut nommer aussi Conradin Kreutzer (qui s'inspira surtout d'Uhland), Lortzing, Marschner, Reissiger, dont on cite en particulier Nach der Heimath, Ein Veilchen auf der Wiese stand, Rungenhagen, qui mit en musique la Sérénade de Schiller et Die Capelle d'Uhland. Certains compositeurs n'ont même écrit que des harmonisations, arrangements, imitations ou transformations de Vollkslieder ainsi le nom de Silcher ne subsiste que grâce aux thèmes populaires qu'il a harmonisés, parfois enrichis, entre autres Aennchen von Tharaw, Ich hatte einen Kameraden, et Lorelei, exquise mélodie, inséparable désormais du poème de Heine : lch weiss nicht was soll es bedenten. On ne peut enfin oublier Franz Abt, Kücken, ni passer sous silence les lieder composés par Mendelssohn, Es ist bestimmt in Gottes Rath, Ringsum erschallt, Leisezieht in mein Gemüth, Es ist ein Schnitter, Wer hat dich du schoener Wald, Wartend, Frühlingslied, Auf Flügeln der Gesanges, etc. Quelques-uns de ces chants sont fort beaux, mais leur influence sur les compositeurs ultérieurs de lieder n'a pas été marquée. Schumann, si grand qu'il soit par ses pièces de piano, même par ses symphonies et ses oeuvres vocales et instrumentales de longue haleine, doit à ses lieder le meilleur de sa gloire. A s'est inspiré de textes fort variés, empruntés à Rückert, Reinick, Byron, Burns, Goethe, mais peut-être est-ce à Chamisso, Eichendorff et Heine, aux deux derniers surtout, qu'il doit, en majeure partie, ses mélodies les plus caractéristiques. Comme maître du lied, on le classe habituellement aussitôt après Schubert, Lui aussi a employé des formes très diverses, tantôt poussant l'énergie de l'accentuation jusqu'à un accent presque dramatique, par exemple dans ce poème de Heine, Die alten, boesen Lieder, tantôt se rapprochant du chant simple et populaire, par exemple dans ce lied : Ein Jüngling liebt ein Moedchen, Le rôle presque caché, réel cependant, du lied populaire dans l'oeuvre immense de Richard Wagner motiverait une étude de haut intérêt, mais de développements trop vastes pour qu'elle puisse trouver place ici; rappelons seulement qu'en dehors de ses drames, il a composé cinq mélodies pour voix seule avec accompagnement de piano - cinq chefs-d'oeuvre; deux de ces mélodies, intitulées Cinq Poèmes (Fünf Gedichte), constituent des esquisses musicales pour Tristan und Isolde; ces deux-là sont intitulées Dans la serre (lm Treibhaus) et Rêves (Troeume). De plus, Wagner a mis en musique les Deux Grenadiers de Heine, et composé deux belles mélodies sur des poésies françaises, l'Absence et Mignonne, allons voir si la rose (texte de Ronsard). Il est impossible de clore cette liste des musiciens allemands, auteurs de lieder, sans mentionner les beaux lieder de J. Brahms (l'un entre autres, Von ewiger Liebe, peut être pris comme le type de ses meilleurs), et les superbes lieder de Franz Liszt, trop peu connus en France. Ajoutons que parmi les jeunes musiciens, le lied n'est pas négligé, et, pour ne citer qu'un nom, que Humperdinck s'est excellemment inspiré des lieder populaires dans sa charmante partition, Hoensel und Gretel. Comme conclusion au résumé de l'histoire poétique et musicale du lied, où nous avons dû, de peur d'allonger démesurément cette étude, faire abstraction de tous les rapports qui existent entre L'évolution de la chanson française et celle du lied, comme aussi de toutes les influences artistiques que les différents pays de l'Europe ont exercées les unes sur les autres, - disons seulement que tous les Volkslieder demeurés en usage peuvent se rattacher à cinq ou six formes typiques simples et bien caractérisées. On les chante presque toujours à deux ou quatre parties, d'après l'harmonie naturelle, avec séries de tierces et de sixtes. Lorsque la tradition ou le travail des compositeurs modernes leur a donné des accompagnements distincts, ces accompagnements sont complètement subordonnés à la partie vocale, en tant qu'importance et intérêt. (Alfred Ernst). |
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