| Johann-Ludwig Uhland est un poète allemand, né à Tubingen le 26 avril 1787, mort à Tubingen le 13 novembre 1862. Il manifesta de bonne heure un goût très vif pour la poésie, et, tout en faisant son droit à l'Université de sa ville natale (1802-1808), il étudia avec ardeur les poètes allemands et français du Moyen âge; les recueils de chants populaires comme les Voix des peuples de Herder et le Cor merveilleux d'Arnim et Brentano furent aussi parmi les ouvrages qui décidèrent de sa vocation poétique. Dès cette époque, il publia, sous le pseudonyme de Volker, quelques poésies où se retrouve encore l'influence du romantisme à laquelle, dans la suite, il devait échapper de plus en plus. En 1810, il fit à Paris un séjour de huit mois, qu'il passa dans les bibliothèques à déchiffrer les manuscrits des vieux poètes français. Il puisa dans cette étude une érudition solide et la matière d'un grand nombre de ses chants. Uhland, en effet, tira peu de chose de son propre fonds. L'un des poètes les plus célèbres, les plus populaires de son pays, il ne saurait cependant être comparé aux grands lyriques allemands. Sa veine poétique était faible et tarit de bonne heure. S'il trouve parfois la note sentimentale (Der gute Kamerad, die Kapelle, etc ), il ne descend jamais jusqu'aux profondeurs du sentiment ; il demeure étranger à son oeuvre qui vaut surtout par la forme, l'harmonie, la mesure, la simplicité, le naturel, l'élégante sobriété de la langue. Telles sont les qualités qui distinguent Uhland et lui assignent une place honorable à côté des grands classiques; il faut ajouter qu'il possède un don singulier de faire revivre les héros de la légende qui serait d'un poète s'il savait aussi s'émouvoir aux spectacles qu'il évoque au lieu de s'y intéresser seulement en historien ou de s'en amuser en artiste. Uhland fut le chef de l'école souabe, cycle de poètes, tels que Justinus Berner, Schwab, Hauff, Mörike, etc., qui réagirent contre les excès du romantisme et remirent en honneur la simple naïveté de la poésie populaire. A son retour de Paris (1811), il fut attaché quelque temps au ministère de la justice de Württemberg (1812), puis exerça la profession d'avocat à Stuttgart. En même temps, il publiait dans les journaux et les revues un grand nombre de poésies qu'il fit éditer pour la première fois en 1815; ce volume contient le meilleur de son oeuvre; il comprend les ballades les plus connues (la Malédiction du chanteur, la Faucheuse, etc.), des poésies populaires et des chants patriotiques inspirés par les guerres de la délivrance (le Message de la victoire, etc.). Uhland s'est essayé, mais sans succès, au théâtre; il a publié une tragédie en cinq actes, Ernst, Herzog von Schwaben (Heidelberg, 1818), et, à l'occasion d'un concours organisé par le roi de Bavière, un drame en cinq actes, Ludwig der Bayer (Berlin, 1819), qui n'obtint pas le prix. La politique et l'érudition détournèrent insensiblement Uhland de la production poétique. Député de la ville de Tubingen aux Etats de Wurttemberg, il défendit avec énergie les libertés de son pays menacées par l'autorité royale. En 1822, il publia une étude très remarquable sur Walther von der Vogelweide, qui lui valut d'être nommé, en 1829, professeur de littérature allemande à l'Université de Tubingen. Il se démit de cette fonction en 1832 pour entrer à la Chambre comme député de Stuttgart. Il renonça momentanément à la vie politique (1839) pour ne s'occuper que de ses travaux d'érudition, mais fut arraché de nouveau à sa retraite par les événements de 1848. Député à l'Assemblée nationale de Francfort, il ne cessa de se montrer le défenseur ardent des idées libérales. Il se retira définitivement à Tubingen en 1850. Outre les oeuvres que nous avons énumérées, Uhland a publié diverses études scientifiques : Geschichte der altdeutschen Poesie; Geschichte der deutschen Dichtung am 15. und 16. Jahrhundert; Sagengeschichte der germanischen und romanischen Völker. La meilleure édition des Gedichte est celle d'Erich Schmidt et J. Hartmann (Stuttgart, 1898, 2 vol.). Il en existe des traductions françaises : l'une, avec une introduction de Saint-René-Taillandier, par Demonceaux et Kaltschmidt (Paris, 1866); une autre, par A. Pottier de Cyprey (Paris, 1895). Les drames se trouvent dans l'édition en 3 volumes (Stuttgart, 1863), et les ouvrages d'érudition ont été réunis sous le titre de : Schriften zur Geschichte der Dichiung und Sage (Stuttgart, 1863-1873, 8 vol., et édit. H. Fischer (Stuttgart, 1892, 6 vol.). (GE). | |