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Romance

Romance, mot qui désigna d'abord un poème composé en langue romance ou romane, et qui s'est ensuite appliqué dans un sens restreint aux chants populaires de l'Espagne, célébrant les grands événements de l'histoire nationale, les hauts faits des héros et des rois. Ces romances espagnoles sont généralement divisées en couplets (coplas) de 4 vers; les vers ont 8 syllabes, et ne sont pas rimés, mais seulement assonants.
Romance, petite pièce de vers, divisée en couplets d'égale étendue et de même mesure, et destinée à être chantée. La mélodie que le musicien lui applique est la même pour les divers couplets. La romance exprime particulièrement les sentiments tendres et langoureux, mais peut prendre un caractère dramatique ou passionné. L'origine de ce genre de composition remonte aux troubadours et aux trouvères. Celles de leurs pièces qui nous ont été conservées avec une notation musicale prouvent que la mélodie était courte, sans tonalité précise, d'un rythme indécis, et consistait en quelques sons plaintifs, monotones, dont la persistance finissait par saisir l'oreille et toucher le coeur : tel est le caractère des chants du châtelain de Coucy, d'Adam de La Halle, de Lescurel, etc. A partir du XVIe siècle, la romance française eut plus de vie et de mouvement, un rythme plus accusé, et un air de grâce qui la fit rechercher par toute l'Europe : les musiciens qui s'y exercèrent avec le plus de succès furent Leheurteur, Pierre Vermond, Beaulieu, Deschamps, Claudin, Du Caurroy. On a des romances agréables de Louis XIII, de Guédron, son maître de musique, et, sous Louis XIV, de Lulli, de Boisset, de Lambert, de Bernier, de Colin de Boismont, de Bury, de Colasse, de Campra, etc.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, la romance prit un développement analogue à celui de la musique elle-même, et l'on vit se succéder une multitude de fraîches inspirations, entre autres : Que ne suis-je la fougère, charmante idylle écrite par Riboutté sur un vieil air qu'on a faussement attribué à Pergolèse; Je l'ai planté, je l'ai vu naître par J.-J. Rousseau; Ô ma tendre musette, paroles de Laharpe, musique de Monsigny; Il pleut, il pleut, bergère, de Fabre d'Églantine, musique de Simon (directeur du théâtre des Variétés); L'Amour est un enfant trompeur, et Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, petits chefs-d'oeuvre du musicien J.-P. Martini; les Petits oiseaux, par Rigel; J'ai vu Lise hier au soir, par le hautboïste Garnier; J'aime à voir les hirondeles, par Devienne; Pauvre Jacques, oeuvre de la comtesse de Travenet, que les royalistes chantaient dans les premiers temps de la Révolution.

Certains compositeurs commencèrent à se consacrer tout entiers au genre de la romance; mais le sopraniste Albanèse est le seul de ce temps-là qui ait laissé des recueils agréables encore aujourd'hui. Après les orages de la Révolution, sous le Directoire, le Consulat et le premier Empire, plusieurs musiciens donnèrent des romances qui jouirent d'une popularité méritée : de ce nombre étaient Garat Boïeldieu, Pradher; on n'a point oublié non plus Carbonnel, auteur de Brigitte et de Pauvre Lise à quinze ans, ni Lambert, qui nous a laissé Les bords de la Loire, et De ma Céline amant modeste, ni Choron, dont la Sentinelle fit le tour de l'Europe, ni Pollet, auteur de la romance Fleuve du Tage. Mais les Compositeurs qui eurent les succès les plus nombreux et les plus prolongés furent Plantade et d'Alvimare, chez qui l'on commence à remarquer une certaine ambition dramatique dans les accompagnements. Quelques Italiens vinrent aussi cultiver la romance française; tels furent Godefroy Ferrari, Lamparelli, Mengozzi, Ballochi, et surtout Blangini, auteur de délicieux nocturnes. Deux femmes se firent également une brillante réputation, Mme Gail, et la reine Hortense, auteur du chant Partant pour la Syrie, que le second Empire français a pris pour chant national. C'est à la reine Hortense qu'on doit l'idée de former des albums de romances, et celle de joindre un dessin à chaque morceau.

Pendant le gouvernement de la Restauration, le premier rang parmi les auteurs de romances appartint à Romagnesi, dont les mélodies claires, faciles, bien écrites pour la voix, ont cette juste mesure de gaieté et de sentiment qui est aussi éloignée du gros rire que de l'emportement de la passion. A côté de lui brillèrent Amédée Rousseau, dit de Beauplan, qui publia une foule de chansonnettes vives et piquantes; Édouard Bruguière, dont les romances respirent une sensibilité touchante; Mme Pauline Duchambge, Mme Malibran, Panseron, etc. A la suite de la Révolution de 1830, en même temps que triomphait dans la littérature l'école romantique, Hippolyte Monpou tenta une transformation analogue de la romance : son Andalouse, d'une tournure si cavaliers, eut une vogue immense. Mais la mort prématurée de l'auteur fit avorter la musique romantique. Alors fut introduit un genre nouveau, que Loïsa Puget, qui en fut la créatrice, porta immédiatement à la perfection : ses romances sont de petits drames, de petits épisodes de la vie bourgeoise, mélangé du douce sensibilité, de bon sens et de gaité tempérée, avec des mélodies vives, bien rythmées et faciles à saisir. Dans le même temps, Masini, originaire de Florence, mettait dans la romance la grâce et la limpidité qui caractérisent le génie Italien; Il eut dans les salons de l'aristocratie la même vogue que Loïsa Puget avait obtenue chez les bourgeois. Il y eut moins de délicatesse, mais plus de franchise et de couleur, chez Théodore Labarre. A côté de Fréd. Bérat, plein d'émotion et de naturel, Grisar, Clapisson, Thys, Lagoanère, Latour, Chéret, Scudo, Vimeux, Vogel, Arnaud, Henrion, Nadaud se sont fait au XIXe siècle une réputation méritée.

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