| Martin Luther est le principal auteur de la réforme religieuse (Protestantisme), né à Eisleben (Saxe) en 1484, fils d'un ouvrier mineur, vécut d'aumônes pendant qu'il étudiait à Eisenach, et, après s'être fait recevoir maître en philosophie à l'université d'Erfurt (1505), entra chez les augustins de cette ville, où ses talents le firent bientôt distinguer. Tour à tour professeur à l'université de Wittemberg et chargé des affaires de son ordre à Rome (1510), on le voit, de retour en Saxe (1512), gagner la protection de l'électeur Frédéric, qui se chargea des frais de son doctorat. Dès 1516, Luther, qui d'abord avait montré le plus grand zèle pour l'autorité du pape et les divers points de doctrine et de discipline, laissa percer dans ses thèses le germe des nouveaux dogmes que la querelle des indulgences allait bientôt lui fournir l'occasion de répandre. Plein de cette assurance que donne l'enthousiasme, et soutenu d'ailleurs par tous ses anciens disciples, il jeta le gant aux champions de l'école dominicaine en publiant un programme de 95 propositions contre les indulgences; l'inquisiteur Tetzel, qui se porta son antagoniste, répondit par un programme plus étendu; mais il eut le tort de faire brûler comme inquisiteur le programme qu'il aurait dû seulement réfuter, et provoqua par là des représailles qui ne se firent pas attendre. L'Allemagne tout entière prit part à cette affaire. - Martin Luther (1484-1546). Luther se servit habilement de ses avantages pour attirer dans son parti presque tous les princes des petits états du Nord; et dès lors une simple querelle théologique se changea par les circonstances en une guerre qui menaça l'Europe d'une conflagration générale. Les tentatives pour enlever l'audacieux novateur sous le prétexte de transporter à Rome les débats de cette grande affaire intéressèrent plus vivement à sa querelle l'électeur de Saxe et l'université de Wittemberg; d'ailleurs, les coups qu'il portait à la suprématie pontificale en affranchissant les peuples de la contrainte qu'imposent les pratiques de l'Église romaine, mettaient à la disposition des princes les immenses domaines du clergé. Telles furent les deux principales causes de la rapidité avec laquelle s'effectua en Allemagne la révolution religieuse que consacra en 1526 la première diète de Spire, et qu'affermit 4 ans après la fameuse ligue de Smalcalde. Luther mourut dans sa ville natale le 18 février 1546. II avait épousé en 1525 une jeune et belle religieuse nommée Catherine Bora ou de Bohren, dont il eut six enfants, et qui ne lui survécut que six années. Luther, rejeta les commandements de l'Église, la loi du célibat ecclésiastique, les voeux monastiques, l'invocation des saints, la hiérarchie sacrée, etc., ne conserva des sacrements que le Baptême et l'Eucharistie, réduisant ce dernier à une simple formule de commémoration, et n'admettant la présence réelle que durant l'acte de la consécration : Nous ne nous arrêterons point à sa prétendue conférence nocturne avec le diable ni aux imputations calomnieuses dont sa vie privée a été l'objet. La liste des ouvrages de Luther, donnée par Rotermund (Supplément au Dict. de Joecher ), n'en présente pas moins de 400. Les deux principaux sont sa traduction en allemand de la Bible et le Catéchisme, publié en 1529 et traduit dans tous les idiomes. (A19).
| En bibliothèque - On distingue parmi les édit. complètes de ses Oeuvres celles de C.-F. Boerner, Leipzig, 1728-40, 23 vol. in-fol. (lat.. et allem.); J.-C. Walch, Balle, 1737-53, 24 v. in-4. Outre l'Hist. des variat. par Bossuet, on peut consulter sur Luther le Centifolium lutheranum de J.-A. Fabricius, sa Vie par Mélanchthon, et celle qu'a écrite en latin Hernschmied, etc. En librairie - Martin Luther, Les problèmes de l'autorité civile, Aubier, 2001. - De la Liberté du Chrétien, Aubier, 2001.- Propos de table, Aubier, 2001. - Du serf arbitre / Diatribe d'Erasme, Gallimard (Folio), 2001. - Oeuvres (I), Gallimard, La Pléiade, 1999. - Les grands écrits réformateurs, Flammarion (GF), 1999. Hervé Le Tellier, L'orage en août, Erasme, Faust, Luther : une rencontre, La Lettre volée, 2003. - Erik Erikson, Luther avant Luther, Flammarion, 2001. - Jean-Marie Valentin, Luther et la réforme, Desjonquières, 2001. - Olivier Boulnois, La puissance et son ombre, de Pierre Lombard à Luther, Aubier, 2001. - Lucien Febvre, Martin Luther, un destin, PUF, 2000. - Monique Cottret et Jean Delumeau, Le catholicisme en Luther et Voltaire, PUF, 2000. - Louis Arenilla, Luther et notre société libérale, rémanence et distorsions d'une pensée, L'Harmattan, 2000. - Michel Leplay, Martin Luther, Desclée de Brouwer, 1997. - Alain Patin et Daniel Olivier, Luther et la Réforme, L'Atelier, 1997. - Hellmut Diwald, Luther, Le Seuil, 1985. | | |