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Cantate

Cantate, petit poème fait pour être mis en musique, et composé de récits et d'airs. Le récit expose le sujet, et l'air exprime le sentiment que ce sujet fait naître. La cantate de Circé, dans J.-B. Rousseau, est un beau modèle du genre. En italien, Métastase a fait d'excellentes cantates.

On donne aussi le nom de Cantate à la musique composée sur un poème de ce nom. Les récits y deviennent des récitatifs, et les airs des mélodies qui portent le même nom. Dans plusieurs cantates, il y a trois récits, et chacun d'eux est suivi d'un air, ce qui fait trois parties distinctes, qu'on peut, à la rigueur, séparer l'une de l'autre. La première sert à l'exposition du sujet, la deuxième présente la scène principale, la troisième renferme la conclusion et termine par des réflexions ou des sentiments plus animés. Les premières pièces citées en Italie sous le nom de cantates sont dues à Benoît Ferrari, de Reggio, et ont été publiées à Venise en 1638. Dans cette même ville, Barbara Strozzi se donna comme inventrice de ce genre alors nouveau, dans la préface d'un recueil intitulé Cantate, Arie et Duetti, 1653. Originairement la cantate n'avait qu'un seul récit et un seul air; plus tard, le goût que l'on eut pour ce genre de musique lui en fit donner trois; puis on les réduisit à deux, le second air étant toujours d'un mouvement plus rapide que le premier.

La vraie cantate est à une seule voix, et d'autres pièces auxquelles on a mal à propos donné ce nom ne s'y rapportent ni pour le fond ni pour la forme. Ses caractères principaux sont l'élévation de la pensée, l'expression la plus vive dans les récitatifs, et la pureté la plus élégante dans les mélodies, qui ne doivent pas être surchargées de phrases parasites, mais rouler chacune sur une idée principale habilement développée. La forme définitive de la cantate parait avoir été fixée par Jacques Carissimi et Alexandre Stradella. Elle fut portée à sa perfection au XVIIIe siècle par Alexandre Scarlatti, après lequel on peut citer Gasparini, Lotti, Marcello, Emmanuel d'Astorga, Leo, Vinci, Pergolèse et Porpora. En France, Campra, Montéclair, Mouret, Batistin, Clérembault et l'abbé Bernier ont eu des succès dans ce genre. La cantate n'avait d'abord qu'un accompagnement de basse continue exécuté par le clavecin : Pergolèse imagina d'ajouter des violons d'accompagnement; puis on fit des cantates à plusieurs voix, avec choeurs et orchestre, c.-à-d. de véritables scènes dramatiques sans action ni intrigue. Des modèles de ces grandes cantates ont été donnés par Joseph Haydn dans la Création et les Saisons, et par Mozart dans le David pénitent : Mendelssohn en a composé deux, Paulus et Elias, qui l'ont placé à côté de ces grands maîtres. L'Ariane de Haydn, l'Adélaïde et l'Armide de Beethoven, le Chant sur la mort d'Haydn et la Primavera de Cherubini, la Sappho de Paër, etc., figurent encore parmi les belles cantates. Dans l'école française, Lesueur a aussi produit quelques ouvrages que l'on peut rattacher à ce genre. (A. de L.).

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Dictionnaire Le monde des textes
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