| Cantique (du latin canticum, morceau propre à être chanté), nom donné à certains morceaux lyriques de la Bible, destinés à célébrer des événements heureux et mémorables, à déplorer des malheurs importants, à remercier Dieu de ses bienfaits et de sa protection. Tels sont : le cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge, Cantemus Domino (Exode, c. 15, v. 1-20), plein de force et de rapidité; le cantique de Moïse mourant, Audite, coeli, remarquable par une certaine véhémence (Deutéronome, XXXII, v. 1-44); le cantique de Débora et de Barac, Qui sponte, après la victoire sur Sisara et son meurtre par Jahel (Juges, c. 5, v. 2-32); le cantique de David sur la mort de Saül et de Jonathas, Considera, Israël, où l'on trouve une expression tendre du sentiment de l'amitié (Rois, II, c. I, v. 18-28); le cantique de David pour remercier Dieu de l'avoir délivré de tous ses ennemis (Ibid., c. XXII); le cantique d'Ézéchias, plein d'une piété vraie, et remarquable par la naïveté du sentiment (Isaïe, c. 38, v. 10-21); le cantique de Judith, Laudate Dominum, après qu'elle eut tranché la tête d'Holopherne (Judith, c. 16, v. 2-22); le cantique du vieux Tobie, quand il a recouvré la vue (Tobie, c. 13); celui de Marie, Magnificat (St Luc, c. 1, v. 46-56); celui de Zacharie, Benedictus Dominus (Ibid., v. 68-76); celui de Siméon, Nunc dimittis (Ibid., c. 2, v. 29-33), le Cantique des Cantiques, etc. L'Église catholique a admis la plupart des cantiques dans la liturgie : le Magnificat; le Nunc dimittis; le Benedictus; le Cantemus Domino; le Benedicite opera omnia, cantique des trois jeunes Hébreux dans la fournaise; le Domine, audivi, cantique du prophète Habacuc; elle a aussi admis le Te Deum attribué généralement à St Ambroise, et par quelques-uns à St Augustin, à St Hilaire de Poitiers, à St Nicaise de Reims. Les cantiques font également partie de la liturgie des protestants; car les réformateurs avaient compris la puissance de ces chants populaires sur les imaginations. Il en existe un certain nombre de Luther, qui composa tout à la fois les paroles et la musique. Les cantiques de l'Écriture ont été souvent imités ou paraphrasés en France au XVIe et au XVIIe siècle; mais J. Racine a seul réussi en ce genre, où il s'est élevé très haut; J.-B. Rousseau et Lefranc de Pompignan, su XVIIIe siècle, s'y sont exercés avec succès, le premier surtout. Au Moyen âge, les cantiques chrétiens ont été très nombreux : les auteurs demandèrent leurs inspirations aux grands mystères de la religion et à la vie légendaire des saints. II était peu de paroisses qui n'eussent un cantique en langue vulgaire consacré à leur patron. Presque tous les diocèses possédèrent leur recueil particulier. Les Épîtres farcies et les Noëls sont de véritables cantiques. Les anciens auteurs ecclésiastiques distinguent les cantiques et les psaumes de la manière suivante : pour les premiers, on n'employait que les voix, tandis que pour les seconds les instruments se mêlaient au chant; quand les voix et les instruments alternaient, on se servait de l'expression cantique de psaume, toutes les fois qu'on commençait par les instruments (l'orgue entonne encore aujourd'hui le Magnificat et le Nunc dimittis), et on appelait le chant psaume de cantique si les voix commençaient. Il existe un assez grand nombre de recueils de cantiques, dits spirituels, écrits en langue vulgaire, et auxquels on adapte souvent des airs profanes; tels sont ceux de Saint-Sulpice, de Sainte-Geneviève, pour les Missions, etc. : la plupart n'ont aucune valeur littéraire. | |