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Mâcon (Mastico,
Matisconense castrum) est une commune de France ,
dans le département de la Saône-et-Loire; population : 34.500
habitants. Cette ville est bâtie sur la rive droite de la Saône.
Histoire.
On trouve dans les berges de la Saône,
en amont et en aval des quais de la ville, des silex taillés, des objets
de bronze et des poteries
primitives qui établissent qu'aux époques préhistorique
et protohistorique existait déjà un établissement
humain l'emplacement actuel de Mâcon. C'était en tous cas, comme
Chalon ,
une des principales places des Aedui, lorsque César
vint en Gaule .
Il y établit à demeure des troupes chargées d'assurer l'approvisionnement
de ses légions et la fabrication de ses armes de guerre. Les sculptures
et les inscriptions conservées au musée lapidaire, les objets découverts
à diverses reprises (notamment 30,000 monnaies
et plusieurs statuettes en 1764) attestent l'importance de la cité romaine .
Celle-ci fut dévastée par les barbares qui plusieurs fois envahirent
la Gaule dans la seconde moitié du IIIe
siècle. A peine relevée de ses ruines, elle fut saccagée par Attila
en 451, puis par les Sarrasins en 732,
par l'empereur Lothaire en 834, par les rois
Louis et Carloman en 880, par les Hongrois
en 937, par Guillaume, comte de Chalon, à la tête d'une bande de Brabançons,
en 1140, par Otton, duc de Méranie, en 1180, et par le roi Philippe-Auguste
en 1182.
En 1222, les habitants relevèrent les
murs qui depuis leur destruction par les Brabançons n'avaient été remplacés
que par des terrassements couronnés de palissades; l'évêché, le cloître,
le chapitre et la cathédrale furent également
fortifiés. Les Ecorcheurs ( La
criminalité au Moyen Age) purent néanmoins s'en emparer en 1361,
mais pendant la sanglante lutte qui divisa les Armagnacs
et les Bourguignons la ville résista aux
ennemis de Jean sans Peur et de Philippe
le Bon qui s'étaient rendus maîtres de la plupart des châteaux
de la région. Elle fut encore assiégée en 1470 par le dauphin d'Auvergne
qui commandait une armée pour Louis XI. Prise
le 5 mai 1562 par les troupes protestantes du sieur d'Entragues, elle fut
reprise le 18 août suivant par les soldats catholiques
du comte de Tavannes. Le 29 septembre 1567, les calvinistes
s'en emparèrent de nouveau, mais ils la reperdirent le 4 décembre de
la même année. Au cours de ces événements les deux partis commirent
dans la ville toutes sortes de cruautés; cependant elle échappa aux massacres
de la Saint-Barthélemy, grâce, dit-on, à la résistance que le bailli,
Philibert de Laguiche, opposa secrètement aux ordres de la cour. Enfin,
pendant les troubles de la Ligue, elle subit
dès le début l'influence de Mayenne et ne fit sa soumission à Henri
IV qu'en 1594.
La guerre
de Trente Ans et celle de la Fronde
furent pour elle la cause de nouvelles alarmes et l'occasion d'une réfection
complète des remparts. Ces derniers, y compris leurs cinq portes (du Pont,
de Bourgneuf, de la Barre, de l'Héritan et de Charolles), leurs tours
(notamment celles de Damas, des Halles, de la Porcherie, des Serpents,
Crêvecoeur, Marandon, Marmite et Paradis), et leurs bastions
(notamment ceux de Saint-Antoine, de Saint-Jean et de Saint-Pierre) disparurent
presque totalement à la fin du XVIIIe
siècle et au commencement du XIXe.
Les habitants de Mâcon ont reçu leurs
franchises d'un de leurs comtes, c.-Ã -d. avant le milieu du XIIIe
siècle, mais le texte le plus ancien que nous ayons de ces franchises
ne nous est parvenu que par une copie du commencement du XIVe
siècle contenant leur traduction en langue vulgaire. Elles ont ensuite
été confirmées à plusieurs reprises par les rois
de France. Les armes de Mâcon sont de gueules à trois annelets
d'argent posés deux et un.
Conciles
de Mâcon. - Les recueils spéciaux mentionnent six conciles,
tenus en 579, 581, 385, 624, 906, 1286, Nous ne nous occupons que des deux
qui sont les plus importants pour l'histoire ecclésiastique. Ils ont été
assemblés par ordre du roi Gontran.
581 ou 582. Les métropolitains
de Lyon, de Vienne,
de Sens ,
de Bourges, de Besançon
et de Tarentaise assistèrent à ce concile, avec quinze autres évêques.
On y fit dix-neuf canons : V. Défense aux clercs de porter de la soie
ou d'autres vêtements séculiers ne convenant pas à leur profession.
Les délinquants seront enfermés pendant trente jours, jeûnant au pain
et à l'eau. VII. Excommunication des juges qui auront fait arrêter un
clerc sans la permission de l'évêque, sinon pour cause criminelle, c.-à -d.
d'homicide, de vol et de maléfice. VIII. Défense aux clercs d'assigner
leurs confrères devant les juges séculiers, sous peine de trente coups
de discipline pour les clercs des ordres mineurs, et de trente jours de
prison pour les clercs des ordres majeurs, tous leurs différends devant
être portés et terminés auprès de l'évêque, des prêtres ou de l'archidiacre.
XII. Si les vierges ou religieuses consacrées à Dieu se marient, elles
seront excommuniées jusqu'à leur mort, ainsi que leurs maris. D'autres
canons défendent de donner aucun juif domine juge aux chrétiens, ou de
lui permettre d'être receveur des impôts. Les chrétiens
ne doivent point servir les juifs; s'ils
sont leurs esclaves ou leurs serfs, ils auront la faculté de se racheter.
23 octobre 585. Les
actes de ce concile sont souscrits par quarante-trois évêques présents
et par vingt députés d'évêques absents. Dans le préambule, l'évêque
de Lyon est désigné avec le titre de patriarche.
Après avoir jugé les évêques accusés d'avoir participé à la révolte
de Gondebaud, on fit vingt canons. I. Ceux
qui travailleront le dimanche seront punis : si c'est un avocat, par la
privation du droit de plaider; si c'est un paysan ou un esclave, par des
coups de bâton; si c'est un clerc ou un moine, par six mois d'excommunication.
III. Le baptême ne pourra être administré que le jour
de Pâques, à moins qu'il n'y ait danger de mort. IV. Tous les dimanches,
les hommes et les femmes apporteront des offrandes à l'autel, pour effacer
leurs péchés et avoir part aux mérites d'Abel. V. Les lois divines ont
accordé aux prêtres et aux ministres la dîme des biens. Les chrétiens
ont observé pendant longtemps ces lois. Mais, comme on les néglige, le
concile les renouvelle et ordonne, sous peine d'excommunication, de donner
la dîme aux ministres de l'autel. XII. Défense aux juges de connaître
des causes des veuves et des orphelins, sans appeler l'évêque ou un prêtre
commis par lui. XIII. Défense aux évêques d'avoir des oiseaux de chasse
et des chiens. XV. Quand un clerc des ordres majeurs et un laïque se rencontreront,
si l'un et l'antre sont à cheval, le laïque ôtera son chapeau; si le
clerc est à pied, le laïque descendra de cheval pour le saluer. XX. Il
sera tenu tous les trois ans ne synode national, qui sera indiqué par
l'évêque de Lyon et par le roi. Par ordonnance du 10 novembre, le roi
Gontran confirma les canons de ce concile et en prescrivit l'exécution.
(E.-H. V.).
Avant la Révolution,
Mâcon avait trois paroisses, Saint-Vincent (cathédrale),
Saint-Pierre (collégiale) et Saint-Etienne, une église
placée sous le vocable de saint-Nizier et qui appartenait à la confrérie
du confalon (pénitents blancs), une commanderie de l'ordre
de Malte, quatre couvents d'hommes, les jacobins,
les cordeliers, les capucins
et les minimes; trois couvents de femmes, les
ursulines, les carmélites et les visitandines;
un collège dirigé par des jésuites et un séminaire dirigé par des
oratoriens.
Monuments.
Le vieux Saint-Vincent (mon. hist.), dont
il reste deux tours, la façade et le narthex,
avec des peintures romanes et un tympan
sculpté (XIIe-XVe
siècles). - Le nouveau Saint-Vincent (1810-1816); Saint-Pierre, belle
église de style roman (1859-1864), qui a
remplacé un vieux Saint-Pierre, ancienne chapelle
des cordeliers, distinct du Saint-Pierre-hors-les-Murs,
démoli à la Révolution; Saint-Clément,
église rurale (XVe siècle). - La préfecture,
qui occupe l'emplacement et une partie des bâtiments de l'évêché bâti
au XVIIe siècle; l'hôtel de ville, avec
théâtre, bel hôtel Louis XV et Louis
XVI, commencé par le comte de La Baume-Montrevel en 1765; le palais
de justice, ancien hôtel des d'Igé (1716); le lycée, ancien collège
des jésuites (XVIIe
siècle). - Deux maisons gothiques
(XIVe siècle), une maison à pans de bois
(fin du XVe siècle ou commencement du
XVIe), l'hôtel Sénecé (XVIIIe
siècle). - Statue de Lamartine, bronze,
par Falguière (1878). - Quais et pont de douze arches sur la Saône (XVIIIe-XIXe
siècles). - Musée : peinture (Courbet,
Duez, Amaury-Duval, Chintreuil, Appian, etc.), gravure,
dessins (Prud'hon,
Ingres, H. Flandrin,
etc.), céramique, sculpture
(Captier, Puech, Brian, etc.), archéologie (silex de Solutré, bronzes,
monnaies et médailles,
mosaïque romaine, etc.). (GE). |
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