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La littérature américaine
La poésie américaine
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La poésie
Le roman Genres divers
Les commencements de la poésie américaine furent laborieux. De la foule de ceux qui, les premiers s'y essayèrent, peu de noms ou d'oeuvres se dégagent. Quelques-un méritent toutefois qu'on les tire de l'oubli :

John Trumbull (1750-1831) écrivit surtout pendant la Révolution américaine. Son principal ouvrage, Mac Fingal, est un poème burlesque, dirigé contre les ennemis de la liberté, les officiers anglais et les autres tories, et dont le caractère patriotique lui a surtout valu sa popularité.

Timothée Dwight (1752-1817) a composé la Conquête de Canaan, poème épique; la Perspective, qui rappelle Thompson; le Village florissant, calqué sur le Village abandonné de Goldsmith : sa versification soignée  exerça une grande influence sur le public et sur les auteurs.

On doit à Joel Barlow (1752-1812) , avocat, poète, diplomate, commerçant, un poème épique, la Colombiade, qui a passé quelque temps pour un chef d'oeuvre, et un sujet plus modeste, la Bouillie de maïs, dont les trois chants, fort courts, sont écrits avec aisance et esprit.

Le plus distingué des poètes de la période révolutionnaire est Philippe Freneau (1752-1832), descendant de protestants français réfugiés en Amérique après la révocation de l'édit de Nantes : malgré ses fonctions politiques et ses voyages, il a publié de nombreuses pièces, quelques-unes d'un caractère philosophique, mais la plupart plus originales, parce qu'elles se rapportent à la vie des Indiens ou à la lutte des Américains contre l'Angleterre

John Pierpont, né en 1785, a publié en 1816 les Airs de la Palestine, remarquables par une versification douce et harmonieuse, mais auxquels, toutefois, on préfère ses hymnes ou d'autres petites pièces lyriques

Richard-Henri Dana travailla dans un grand nombre de publications périodiques, et s'est distingué par un poème didactique, la Vie factice, par les Changements d'intérieur, et surtout par le Boucanier, dont le sujet est l'histoire des crimes commis par un pirate d'une île solitaire, et dont le style est original et puissant. 

Charles Sprague, né à Boston en 1791, a composé un poème didactique, la Curiosité, ainsi que les Frères et la Réunion de famille, petits tableaux des joies et des tristesses du foyer, que leur ton calme, pur, élevé, ont rendus populaires en Amérique.

Bryant.
Pour saluer un poète de premier ordre, laissant de côté ceux que l'on vient de nommer, ou encore les Clifton, les Francis Scott Key, les Saint John Honeywood, les Brainard, il faut arriver en 1817, l'année où, dans la North-American Review, William Cullen Bryant, donna son Thanatopsis, cet hymne de reconnaissance à la nature médicatrice de toutes souffrances, et qui se termine par ce conseil d'une grâce à la fois et d'une sévérité antiques : Ne crains pas la mort,

Approach thy grave, 
Like one who wraps the drapery of his couch 
About him, and lies down ta pleasant dreams.
B. C. Bryant dans Thanalopsis, dans le Chant des étoiles, le Cours du temps, révèle des qualités poétiques vraiment originales. La nature vivait en lui, il l'aime avec passion, mais avec sérénité, peut-être faut-il ajouter aussi, avec un peu de monotonie. Il a une délicatesse exquise de pensée, comme cette pièce intitulée Juin, où il réclame d'être enterré dans la verdure d'une prairie, ajoutant :
 Â« Mon bonheur sera peu de chose, seulement ceci, que ma tombe sera verte. » 
On a dit qu'il appartenait par l'inspiration au XVIIIe siècle français, à celui du Rousseau des Réveries, du Bernardin de Saint-Pierre des Études de la nature. Son style est plus ferme que sa pensée, parfois un peu raide, parfois obscur. Moins populaire que Longfellow, Bryant lui est cependant bien supérieur, par cette qualité même qui manquera à l'auteur d'Evangeline, la spontanéité.

Les "Brahmanes" et leur succession.
Bryant (1794-1878), mais surtout Longfellow (1807-1882),  Oliver Wendel Holmes (1809-1894) et James Russel Lowell (1819-1891) et quelques autres, forment un courant de poètes de la Nouvelle-Angleterre, que l'on connaît sous le nom Brahmanes (ou Brahmines). Ils tentent de fonder une poésie véritablement américaine, au travers de thèmes propres au Nouveau-Monde, mais ils restent, dans la forme de leur oeuvre très anglais, très "victoriens" : conventionnels, en somme.

Longfellow.
Lorsque parurent en 1840 les Voices of the night, Henry Wadsworth Longfellow, qui avait déjà trente-trois ans, était connu comme romancier par Hypérion (1839), et comme essayiste par Outre-Mer (1835); le roman, plutôt un poème en prose, était fort remarquable et le livre d'esquisses valait peut-être le Sketch book d'Irving. Alors, pendant des années devaient suivre ces recueils de vers qui répandirent son nom : les Ballades (1841 ), les Poems on Slavery (1842), le Beffroi de Bruges (1845). En 1847, c'était Evangeline, ce tour de force de versification, ce poème exquis, l'oeuvre la plus soignée et la plus littéraire du poète. Comme technique il y remettait en honneur l'allitération dont les poètes contemporains anglais ont fait depuis si grand usage. Quatre ans plus tard il faisait revivre le monde du Moyen âge dans sa célèbre Légende Dorée (1851), qui est empruntée à un vieux fabliau français : le prince de Souabe, atteint de la lèpre, ne peut être guéri que si une jeune fille consent à mourir pour lui ; la fille d'un de ses vassaux se dévoue, le prince guérit, et la paysanne devient impératrice. Par la suite, Longfellow aborde la vie coloniale américaine dans the Courtship of Miles Standish (1858), la vie sauvage dans Hiawatha, ce poème qui fut une tentative plus méritante qu'heureuse. Il avait donné encore, dans les mêmes années : The Sea ride and the Fire side, Birds of passage, Tales of a wayside Inn, une comédie, l'Etudiant espagnol, oeuvre un peu lente, mais contenant de belles scènes, ainsi que nombre de recueils divers, des traductions.

Longfellow  ne cessa de produire jusqu'à sa mort, mais sans plus ajouter à sa réputation. Cet écrivain n'est pas créateur; son imagination s'élève rarement au sublime; mais il ne tombe jamais, et traite ses sujets avec un charme attrayant. Le caractère de Longfellow est complet. Il y a en lui le lettré, qui va jusqu'à l'érudit, l'éducateur, poussé à instruire et à moraliser, enfin le poète lyrique. Il a l'esprit d'une flexibilité extrême, de la variété, de la fantaisie et même de l'observation. La vie quotidienne, les petites surprises du coeur, les émotions morales, ce sont les sources de ses meilleures inspirations. Il a fait, dans le sens que Goethe attachait au mot, des poésies de circonstance, chantant des choses vécues comme dans the Bridge, a Psalm of life, Haunted Houses; il atteint avec Excelsior la plus noble poésie. Son défaut, c'est un excès d'érudition : ce n'est pas impunément qu'un poète est professeur de littérature à l'université d'Harvard. D'originalité, il n'en a guère, il imite aussi volontiers qu'il crée et l'assimilation est souvent imparfaite. Pourtant, ce qui diminue le poète donne à l'homme un nouveau rôle : sa vaste culture littéraire fit de lui, en poésie, ce qu'Emerson devait être en morale, un éducateur. Il forma le goût de ses compatriotes : pendant qu'il  faisait connaître et apprécier  aux Américains l'Europe, il est resté assez européen pour être, parmi les poètes des États-Unis, le plus facile à comprendre en Europe; aussi a-t-il conquis en Angleterre une véritable popularité. 

Halleck.
Fitz-Green Halleck (1795-1867), qui fut populaire à son heure, reflet de Campbell et du Byron de Don Juan dans Fanny (1827), satire humoristique de la vie à New-York; on lui doit aussi :  le Château d'Alnwick, écrit après un Voyage en Angleterre; Marco Bozzaris et l'Ode à Burns.

Holmes.
Olivier Wendel Holmes, médecin à Boston, a publié de petites pièces didactiques, satiriques, lyriques, humoristiques, qui en font le plus gai des poètes américains. Il n'épargne pas ses concitoyens, et leur reproche de la manière la plus plaisante de se montrer trop sensibles à la flatterie ou aux censures des voyageurs et des critiques. 

Lowell.
De la même lignée est James Russell Lowell, qui manie avec le même talent la satire et l'ode patriotique. J. Russell Lowell, né en 1819, assigne pour but à la poésie moderne de célébrer la liberté, la divinité, la fraternité humaine. Il s'inspire donc des grandes questions sociales; il dit les joies d'une vie indépendante, l'honneur du travail. Dans la poésie intime il est parfois exquis : Under the willows, the Wind harp, the Requiem, the Token, the Forlorn en sont la preuve. En patois yankee, il a écrit un chef-d'oeuvre : the Courtin'. Une de ses plus belles pièces combat vivement la mesure politique par laquelle le Congrès a maintenu l'esclavage. Une élégie Sur la mort d'un enfant est pleine de calme et de pathétique. Parmi ses pièces les mieux accueillies, il faut compter la Fable adressée aux critiques (Fable for critics), excellente, bien que trop partiale, et dans laquelle il s'est amusé aux dépens d'une foule de ses confrères vivants, Emerson, Willis, Bryant, Hawthorne, Margaret Fuller. Le succès de cette satire lui inspira l'idée d'écrits les Biglow Papers, série de pièces satiriques sur des sujets politiques, notamment sur la guerre du Mexique et sur l'esclavage. Ces textes et son Ode recited at the Harvard Commémoration l'ont rendu célèbre. 

Willis.
Nathaniel Parker Willis, né à Portland en 1806 (mort en 1867), a commencé par publier des poèmes sacrés, où les sujets disparaissent sous le luxe des détails, et qui furent suivis par Mélanie (1835) et par deux drames, Tortesa l'usurier et Blanca Visconti (1839). Le plan de ces pièces est peu soigné; les scènes ne se tiennent pas; mais quelques-unes ont de la vivacité et de la force. Dans les morceaux de courte haleine, Willis brille par la fantaisie, l'entrain, la grâce, et quelquefois la force. Parmi ses meilleures compositions, on peut citer Parrhasius, le Printemps, Agar dans la désert et le Persécuteur, qui n'est autre que l'amour, dont la présence inattendue vient troubler le soldat, le chasseur, le pêcheur, l'étudiant et la jeune fille. 

Whittier.
John Greenleaf Whittier combat dans ses poèmes l'intolérance puritaine qui a poursuivi les quakers ses ancêtres, l'esclavage dont il demande l'abolition immédiate, la tyrannie de l'opinion publique contre laquelle il réclame les droits de la pensée individuelle.  Le principal caractère de ses oeuvres est une énergie qui ne recule jamais devant aucune expression pour rendre exactement l'idée, quelque violente qu'elle soit. National par le ton par l'indépendance, par les sujets, il a publié : Mogg Megow (en 1830), des Ballades, la Fiancée de Pennacook, les Légendes de la Nouvelle-Angleterre, l'Etranger à Lowell

Les poétesses.
Parmi les femmes poètes, que les États-Unis comptent en grand nombre à cette époque, nous nommerons les deux soeurs Lucretia-Maria et Margaret Davidson; l'une mourut à 17 ans, et l'autre avant 16 ans, en 1838. De la première on peut citer : A une étoile, Enchère extraordinaire (vente à l'encan des vieux garçons), Sur la crainte de la folie; et de la seconde, Lénore à  l'esprit de Lucretia, Stances à ma mère

Lydia Huntley Sigourney excelle à analyser une émotion profonde, à exprimer les douleurs de la femme, comme dans Le départ du fils de la veuve, la Mère émigrant, la famille d'Ecosse, et les sentiments bienveillants, comme dans Bienveillance et dans le Mariage de sourds-muets, ou patriotiques, comme dans la pièce intitulée : Notre pays

Maria Brooks est l'auteur de Zophiel, poème recommandé par Southey comme le plus original de son temps. Hannah GouId, Osgood, Etel Lyn Beers, l'auteur du chant populaire All quiet along the Potomac., Child, Mac Intosh, Margaret Fuller-Ossoli (morte avec son enfant et son mari, en revenant d'Italie en Amérique), Alice et Phoebe Carey, les trois soeurs Warfield,  Lee et Clarke, ont composé des vers dont certains très remarquables.

Et aussi...
Après eux, il n'y a plus que quelques noms à citer : Bret Harte, jamais banal, mais plus heureux en prose; T. Bailey Aldrich, l'auteur de charmantes ballades dont l'une, Babie Bell, est un petit chef-d'oeuvre; Washington Allston (1779-1843), de plus de talent comme peintre que comme poète; J. H. Payne (1792-1852), auteur de Home, Sweet home; Joseph Rodman Drake (1795-1820) a montré une grande richesse d'imagination dans le Lutin coupable, et un énergique enthousiasme dans sa pièce intitulée le Drapeau américain (American Flag); James Gates Pervical (1795-1856), qui fit preuve d'un talent sévère et loin du médiocre dans Clio (1822), la Femme abandonnée, the Dream of a Day (1843); R. H. Dana, plus connu comme romancier, auteur de the Buccanier (1827);  J. G. C. Brainard (1796-1828), qui a donné le Niagara; A. Gorton Green (1802-1868), auteur de la ballade populaire, Old Grimes;  Ch. Sprague (1791); R. H. Stoddard (1825), l'historien de la poésie américaine; Brownell (1820-1872); A. B. Street (1811); Bayard Taylor, plus connu par ses voyages, et qui a publié un volume de vers intitulé Poèmes de l'Orient; William Allen Butler, auteur d'une pièce pleine de coeur et d'esprit, Rien à mettre, dirigée contre le luxe exagéré de la toilette des femmes, et d'un poème plus long intitulé Deux millions, dans lequel il attaque avec une verve plus mordante encore l'égoïsme d'un millionnaire; Richard Wilde (1789-1847), à qui l'on doit quelques poèmes, mais aussi un curieux ouvrage en prose (Conjectures et recherches concernant l'amour, la folie et l'emprisonnement de Torquato Tasse); Hillhouse; Morris; John Burroughs; E.-C. Stedman; W. Winter ; Will Carleton, Henry Abbey, J.-W. Riley, Stephen Crane; et, après eux, Bliss Carman, Madison Cawein et Ch.-G.-D. Roberts, etc. 

La poésie californienne a trouvé son Bret Harte dans Joaquin Miller, le poète prolixe du Far West et dont les Chants des Sierras (1871) révélèrent un pittoresque nouveau. C'est un talent remarquable, tout spontané, un pionnier littéraire. ses rimes, sa mesure, sa grammaire même sont souvent en défaut, mais son inspiration est sincère, franche, exempte de petits procédés. On a cru découvrir qu'il imitait parfois Tennyson, Swinburne ou d'autres poètes anglais de moindre vol; cette imputation ne peut s'appliquer qu'à la forme, non au fond et à la substance de sa poésie, dont la seul mérite, au contraire, est l'originalité. 

En marge de la poésie.
Emerson.
D'abord philosophe, Emerson fut aussi un poète, mais un poète obscur, parfois insondable, doué certainement du plus haut talent lyrique, du don de rythmer ses émotions, mais aussi, malheureusement, de celui de condenser sa pensée jusqu'à la comprimer. Parmi ses oeuvres poétiques ont trouve : Chacun dans tous, A l'Abeille sauvage, le Problème les Avant-Coureurs, le Poète, etc.

Poe.
Edgard  Allan Poe (1811-1849) est surtout connu en Francecomme romancier, mais moins comme poète. II faut citer de lui la Cité dans la mer, la Terre des rêves, le Ver vainqueur, le Dormeur Annabel Lee, hymne funèbre à là mémoire de sa femme, enfin le Corbeau. Sans doute, Edgar Poe, a-t-il, en vers comme en prose, fait trop usage de l'antithèse, antithèse d'idées, antithèse de mots. Il est plus bizarre encore qu'original, et pourtant, s'abandonne-t-il à la sincérité de sa nature bonne et tendre, que, nous sommes pris et que nous nous attristons avec lui aux désillusions de ses fiévreuses amours.  On sent dans la poésie de Poe une imagination sombre, profonde, amie du fantastique, tourmentée par le mystère de la vie; quelle qu'ait été l'existence du poète, rien dans ses vers ne prêche pourtant l'ivresse, ni le désespoir, ni la mort. Ils se distinguent par un vif sentiment de l'art, joint à une mélodie douce; la donnée est d'abord excentrique, originale; mais les notes du vers se plient habilement aux exigences de la pensée.

Les précurseurs d'un siècle nouveau.
A côté de ces "classiques", brahmanes et autres, deux noms se détachent en parvenant enfin à s'émanciper nettement de l'influence anglaise : Walt Whitman et Emily Dickinson. Ils annoncent ce que sera la poésie américaine au siècle suivant : 

Walt Whitman.
Plus original encore, mais surtout étrange, presque inexplicable, est un autre poète américain, Walter Whitman (1819-1892), l'inventeur de la poésie sans rythme, sans mesure, sans mètre, se pliant à l'inspiration aux dépens de la prosodie, comme des cris de prophète ou de pythonisse. On a beaucoup discuté sur le talent de l'auteur des Leaves of grass et des Songs of parting. D'aucuns affirment que c'est un fou de génie. L'un des deux mots est de trop : Walt Whitman a du génie et pour être un grand poète il ne lui a manqué que d'être un artiste. Son oeuvre n'est qu'une gigantesque ébauche, sauvage, bruyante, passionnée, tellement originale qu'elle est comme en dehors des productions ordinaires d'un cerveau humain. Il veut nous faire croire que sa poésie est la poésie de l'avenir, mais elle n'est en réalité que la plus étrange et la plus passagère des exceptions. 

Emily Dickinson
Emily Dickinson  (1830-1886), poétesse discrète et solitaire, a passé toute sa vie à Amherst, une petite ville du Massachusetts. Isolée, elle ne pouvait qu'inventer. Son oeuvre, libre, iconoclaste, sensible, amusante et pénétrante, qui se compose de quelque 2000 poèmes, très courts, n'a été publiée pour l'essentiel qu'après sa mort, à partir de 1890, et encore pendant les trois premières décennies du XXe siècle. On retiendra son Masque de poètes (1878) et ses Poèmes (1890-1937).

La première moitié du XXe siècle.

Plusieurs revues, fondées dans les premières années du XXe siècle, ont préparé le renouveau d'une poésie qui s'étiolait. C'est d'abord la revue Poetry, fondée à Chicago en 1912 par Harriet Monroe, qui révèle des poètes tel que Carl Sandburg, Edgar Lee Masters, Vachel Lindsay, et surtout Ezra Pound et TS. Eliot; puis la Little Review, fondée à New York par Margaret Anderson, et dans laquelle publieront notamment  Wallace Stevens, Edna St Vincent Millay, Marianne Moore, Hilda Doolittle et William Carlos Williams. Illustrent également la poésie américaine de l'entre-deux guerres : Robert Frost, Edwin Arlington Robinson, E.E. Cummins, Hart Crane, Robinson Jeffers. 

Les imagistes.
Cette période a été marqué par un courant moderniste, né à Londres, mais en même temps tributaire de l'oeuvre d'Emily Dickinson, et appelé l'imagisme. Ezra Pound (1885-1972) est, dans la première période de son oeuvre, le principal représentant de ce courant. Après Pound, la figure de proue de l'imagisme a été Amy Lowell (1874-1925), qui était la soeur de l'astronome Percival Lowell. Elle  a publié notamment-: A Dome of Many-Coloured Glass, Men, Women and Ghosts, Sword Blades and Poppy Seed. A ce mouvement appartient aussi William Carlos Williams (1883 -1963), que le public ne reconnaîtra que tardivement, mais dont The Red Wheelbarrow , paru en 1923, est considéré comme le poème le plus représentatif, presque un manifeste de l'imagisme. 

Ezra Pound.
Ezra Pound, qui a longtemps vécu en Europe où il a été au contact de l'effervescence intellectuelle qui y régnait pendant les premières décennies du XXe, a poursuivi ensuite une oeuvre échappant à toute classification, et dont la publication, commencée en 1915, s'est poursuivie jusqu'à sa mort : les Cantos. Cherchant à puiser son inspiration dans toutes les productions de la culture humaine, ses textes sont souvent aussi obscurs que complexes. James Joyce, qui s'y  connaissait, les disait même impossibles à lire. 

TS Eliot.
Thomas Stearns Eliot (1888-1965), comme Pound, dont il a subi l'influence, fait lui aussi une carrière presque entièrement européenne (il se fera même naturaliser britannique en 1927).  L'essentiel de son oeuvre poétique se développe entre1917, date à laquelle il publie Prufrock and Other Observations et 1947, année de la parution de Four Quartets. Entre-temps, il aura publié, en 1925, The Waste land, son poème le plus connu. T.S. Eliot se consacrera ensuite au théâtre.

Après la seconde guerre mondiale.

L'objectivisme.
Parallèlement à l'imagisme un autre courant est apparu entre les deux guerres, mais il n'a commencé à se faire connaître qu'à partir du début des années 1960. Il s'agit de l'objectivisme, représenté par la deuxième génération des poètes modernistes; la première étant celles des Ezra Pound et des William Carlos Williams, dont ils ont subi l'influence. Les principaux poètes objectivistes des Etats-Unis sont : Louis Zukofsky (auteur de A, vaste poème commencé en 1928), Charles Reznikoff (Testimony), George Oppen et Carl Rakosi; ils seront rejoints un peu plus tard par Lorine Niedecker. Reprenant à leur compte le slogan de Williams "pas d'idées hors des choses", ils se donnent pour mot d'ordre l'honnêteté et la lucidité vis-à-vis du monde. 

Small press et readings.
Ce qui a fait connaître finalement les objectivistes, c'est la floraison, au début des années 1960, de quantité de petites revues (The Black Mountain Review, The Caterpillar, The Jargon press, Origin, Transition; The Troba, etc.), qui redécouvrent leurs poèmes en même temps qu'ils publient les poètes du moment. Un  autre moyen de diffusion de la poésie, qui se développe à la même époque, est celui des lectures publiques (readings). 

La beat generation.
Le phénomène des readings, devenu important aux Etats-Unis, a surgi en 1955, avec la lecture publique que fait Allen Ginsberg à San Francisco de son poème The Howl (la Clameur). Une lecture, qui marque en même temps la naissance du mouvement beat,  représenté dans la prose par Jack Kerouac et William Burroughs, notamment, et dans la poésie, outre Ginsberg (1926-1997), auteur de Kaddish et du Miroir vide, etc.,  par Gregory Corso (1930 - 2001), Kirby Doyle, Lawrence Ferlinghetti (qui fait connaître en Amérique de nombreux poètes français contemporains), Michael McClure, Harold Norse, Peter Orlovsky, Gary Snyder, Lew Welch et Philip Whalen. Un mouvement d'enfants gâtés et talentueux, mais à la dérive, et qui recherchent dans la drogue, le sexe, et les religions orientales des exutoires à leur nombrilisme. Les Beats (ou Beatniks, comme les a nommés en 1958 le San Francisco Chronicle) disparaîtront à la fin des années 1960.

Le Black Mountain.
Moins connu, mais peut-être plus intéressant est le mouvement du Black Mountain College (situé à Ashville, en Caroline du Nord, et qui apparaît comme une sorte de prolongement américain du Bauhaus). Dirigé entre 1953 et 1956 par le poète Charles Olson (1910-1970), auteur des Maximus poems,  il réunit des noms tels que Paul Blackburn (The Cities, 1967; Early selected y mas, 1972), Robert Creeley (For Love, 1962; Words, 1967)), qui après s'être installé à San Francisco sera le trait-union entre les Black Mountain et les Beats, Denise Levertov, Ed Dorn,  Robert Duncan (Roots and branches, 1964; Bending the bow, 1968), Larry Eigner, Hilda Morley, Joel Oppenheimer, John Wieners et Jonathan Williams.

L'Ecole de New York, et après.
Mentionnons encore l'école de New York, nébuleuse d'artistes (peintres, musiciens danseurs, etc.), et qui, pour ce qui est des poètes, rassemble, autour de Frank O'Hara - leur seul dénominateur commun, semble-t-il -, des courants très divers (transfuges de la mouvance Beat ou du Black Mountains), et des auteurs, que l'on ne saurait peut-être pas où ranger sinon : John Ashbery (Rivers and mountains; The double dream of spring), Ted Berrigan (Sonnets; Early morning rain), Joseph Ceravolo, Kenward Elmslie, Barbara Gues, Kenneth Koch (Ko), Bernadette Mayer, Alice Notley, Ron Padgett, Anne Ryan et James Schuyler (Crystal Lithium)

Dans les dernières années du XXe siècle, la poésie américaine semble être parvenu à la fin d'un cycle. Quelques valeurs sûres demeurent : John Ashbery, que l'on vient de citer, A. Ammons, Adrienne Rich, David Antin, Jerome Rothenberg, Galway Kinnell et John Hollander.  On y ajoutera les language poets : Clark Coolidge, Rosemary Waldrop, Michael Palmer, etc. (R. de Gourmont).

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