| Alfred, baron Tennyson est un poète anglais né à Somersby le 6 août 1809; mort à Aldworth le 6 octobre 1892. Fils d'un pasteur qui avait douze enfants; il fit à Cambridge des études brillantes et de non moins brillantes relations et publia déjà, avec son frère Frédéric, comme lui remarquablement talentueux, des Poems by two brothers (1827), puis seul Poems, chiefly lyrical (1830), qui attirèrent, par des qualités de premier ordre noyées dans une, phraséologie de mauvais goût, l'attention des lettrés. Après avoir quitté l'Université, il se retira complètement dans la vie de famille, ne vivant que pour les siens et pour la littérature. Il chercha jusqu'à la fin de sa vie, avec une invincible ténacité, à se perfèctionner dans son art, et ce souci de la perfection, tempéré par la vivacité et la chaleur des sentiments, communique à son oeuvre un caractère original qu'on a excellemment défini en disant que "Tennyson est le plus classique des romantiques". Les Poems, parus en 1833, comprennent les plus nobles et les plus imaginatives de ses productions : The Lady of Shalotl, The Miller's daughter, OEnone, A dream of fair women, et il est assez curieux de constater que la critique les accueillit mal. Mais le public ne ratifia pas son jugement et Tennyson commença à être populaire. La mort de son ami le plus cher, Arthur Hallam, le plongea dans une mélancolie dont ses futures poésies, The two voices, Thoughs of a suicide, révèlent la profondeur. Fort heureusement, le poète devint amoureux de sa belle-soeur Emily Sellwood, ce qui changea le cours de ses idées. Cet amour n'alla pas sans traverses; la famille Sellwood se montrant opposée à un mariage qui fut retardé jusqu'en 1850. Entre temps, Tennyson devenait célèbre. Il se liait avec Gladstone, le plus cordial de ses admirateurs. - Alfred Tennyson. Ses deux nouveaux volumes de Poems (1842), comprenant : The Mort d'Arthur, Ulysse, Godiva, Vision of Sin, Move eastward, happy heard, etc., atteignaient coup sur coup quatre éditions (1846) et In memoriam (1850), recueil des plus charmantes élégies de la littérature anglaise, le mettait au premier rang des poètes contemporains. Il succédait à Wordsworth comme poète-lauréat. Il sembla, pour commencer, qu'il se plût mal à la poésie officielle. L'ode à Wellington, l'une des plus admirées de ses oeuvres, fut froidement accueillie, et une poésie sur Balaclava sembla ridicule. Il ne fallut rien moins que le succès des fameuses Idylls of the King (1859) pour ramener à Tennyson la pleine faveur du public. Les critiques eux-mêmes, qui jusqu'alors s'étaient montrés malveillants, témoignèrent de la satisfaction. Désormais, aucun nuage ne vint ternir la renommée du poète. Les seuls incidents de sa vie paisible furent des voyages, des visites rendues par des amis et des admirateurs, d'interminables conversations littéraires avec eux, des correspondances. Gladstone lui fit donner la pairie en 1884, et il mourut plein de gloire. On lui fit à Westminster des obsèques somptueuses et on lui éleva un monument à côté de celui de Chaucer. En ses dix dernières années, Tennyson avait abordé la scène, et il avait remporté des succès d'estime avec The Falcon (1879), The Cup (1881), The Promise of May (1882), The Foresters (1891). Mais c'est dans l'élégie surtout qu'il a excellé : nul poète anglais n'a possédé, comme lui, le charme de l'imagination créatrice et la mélodie du vers. Il a été populaire pour d'autres raisons que ces raisons purement littéraires: il était profondément, sentimentalement Anglais; il chantait avec conviction la grandeur de son pays, la loyauté de ses enfants; il s'intéressait passionnément, il s'associait de coeur à leurs joies et à leurs peines; il voulait le bonheur du peuple anglais, il avait le culte de l'honneur anglais. Citons encore parmi ces oeuvres : The Lover's Tale (Londres, 1833); The Princess (1847, in-16); Maud and other Poems (1855, in-8); Helen's Tower-Clandeboye (1861, in-4); A welcome (1863, in-8); Idylls of the Hearth (1864, in-12); The window, or the loves of the wrens (1867, in-4); The Victim (1867, in-4); The Holy Grail (1869, in-8); Queen Mary (1875, in-8); Harold (1877, in-8); Ballads and other Poems (1880, in-8); Becket (1884, in-8); Tiresias and other Poems (1885, in-8); Locksley Hall, sixty years after (1886, in-8); Demeter and other Poems (1889, in-8); The Death of OEnone; Akbar's Dream and other Poems (1892, in-8). (R. S.). | |