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Histoire de l'Europe > L'Espagne > Au Moyen âge > La Castille |
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Aperçu | Des origines au règne de Ferdinand III | D'Alphonse X aux Rois catholiques |
La Castille sous la dynastie bourguignone (depuis Alphonse X). Aux règnes brillants d'Alphonse IX et de Ferdinand Ill succède celui si troublé d'Alphonse X, le Savant. Alphonse X, le Savant (el Sabio). En même temps, Alphonse X, plein d'ambition, la tête remplie de projets peu sensés, élevait des prétentions sur la Gascogne (1254), les Algarves, la Navarre (1255), et rêvait de se faire élire empereur d'Allemagne, se prévavalant des droits de sa mère, Béatrix de Souabe (1257). Pour ajouter à toutes ces difficultés, les Maures Andalous et l'émir de Grenade se révoltaient (1254-1268) et une longue et pénible guerre en résultait. Les ricos hombres, mécontents de ce que Alphonse avait cédé les Algarves au roi de Portugal, de ce que sa pauvreté ne lui permettait pas de leur donner des terres ou de l'argent, et aussi, à ce qu'il semble, de certaines dispositions législatives qui tendaient à restreindre leur indépendance, se mirent en insurrection sous prétexte du bien public et trouvèrent un appui dans les frères du roi et chez les chefs maures. Alphonse montra vis-à-vis des nobles révoltés, auxquels se joignirent bientôt les prélats, une grande modération, on pourrait presque dire une grande faiblesse, et traita avec eux; il se réconcilia aussi, au moins en apparence, avec l'émir de Grenade (1273). Il avait hâte de se rendre au concile de Lyon, pour y faire reconnaître ce titre d'empereur d'Allemagne, dont il se prévalait depuis seize ans. Pendant son absence, Youssef, sultan du Maroc, appelé par les Arabes d'Espagne, passa la Méditerranée avec de nombreux soldats et battit deux armées castillanes envoyées contre lui; Fernando, le fils aîné d'Alphonse X, mourut dans une de ces expéditions, des suites de ses fatigues. Pourtant, l'Andalousie était déjà si fortement occupée par les Castillans, qu'ils purent résister partout et que l'invasion africaine demeura à peu près sans effet ; aussi Youssef, abandonnant l'émir de Grenade qui l'avait appelé, repassa dans ses Etats, après avoir signé une trêve avec les Chrétiens. Alphonse X, qui revenait, désappointé de n'avoir pas été reconnu empereur, trouva de plus son royaume affligé par des dissensions intestines (1276). Don Sancho, son second fils, qui avait montré beaucoup de bravoure et d'habileté contre les Musulmans, prétendait être reconnu héritier présomptif de la couronne, de préférence à Alonzo de La Cerda, fils aîné de l'infant défunt, Fernando; il était soutenu par un parti puissant et Alphonse X lui-même le reconnut en cette qualité aux Cortès de Ségovie, disant que Fernando n'avait pu transmettre à son fils des droits à un trône que lui-même n'avait pas occupé. Mais la reine mère Violante, Blanche, femme d'Alphonse et mère de Fernando, Philippe Ill de France, père de cette princesse, le roi d'Aragon, l'infant don Fadrique défendirent les droits d'Alonzo de la Cerda et les droits éventuels de son frère Fernando, ou, comme on dit, des infants de la Cerda, tous deux réfugiés à la cour d'Aragon. Ils invoquaient le droit de représentation, tandis que leurs adversaires se réclamaient du droit d'immédiation, et, comme la question, ne s'étant jamais présentée en Castille pour l'héritage de la couronne, n'avait jamais été traitée, les uns et les autres trouvaient des arguments dans les fueros relatifs aux héritages privés, dans la loi romaine ou dans les coutumes des pays voisins. Une guerre avec la France, du côté de la Navarre, fut le résultat de cette querelle; en même temps, les armes d'Alphonse étaient malheureuses contre l'émir de Grenade et contre la ville d'Algésiras, secourue par Youssef. Alphonse X. Miniature des Siete Partidas. Par un traité avec Philippe III, Alphonse X convint que Sancho aurait la Castille, mais que don Alonzo de la Cerda en tiendrait en fief le royaume de Jaen. Don Sancho, irrité de cette clause, se révolta contre son père, le fit proclamer déchu du trône par les Cortès de Valladolid et se fit donner la régence du royaume (1281). Le vieux roi, abandonné de tous, se jeta dans les bras de son ancien ennemi, le sultan du Maroc, Youssef, tandis que Sancho trouvait un appui dans l'émir de Grenade. Après une lutte pleine de vicissitudes, Alphonse, à qui les Castillans revinrent et pour qui le pape s'était déclaré en jetant l'interdit sur les partisans de Sancho, mourut en maudissant son fils rebelle et léguant sa couronne à son petit-fils, Alonzo de la Cerda, puis à son frère, puis aux fils des infants de la Cerda, et à leur défaut au roi de France. Ce prince, qu'une ambition un peu folle et sa prodigalité rendirent malheureux, ne manquait pas de mérite; il passait pour un grand savant, aimait les lettres et les arts, fit faire une chronique qui porte son nom, et qu'on lui a même attribuée quelquefois; c'est une vaste et intelligente compilation des vieux historiens de l'Espagne et des légendes nationales; il écrivit aussi divers poèmes, mais surtout il s'appliqua à la confection de lois dont il a laissé trois recueils importants : I'Especulo, le Fuero real et les Siete Partidas. Sanche IV Maria de Molina présente son fils Ferdinand IV aux Cortès de Valladolid (1285), par Antonio Gisbert, 1863. Ferdinand IV. Alphonse XI. Peu après, il reçut à merci le chef de la maison de La Cerda et les comtes de Haro se soumirent. En Castille, la paix n'était plus troublée que par les intrigues de don Juan Manuel et des Lara. Le roi, après avoir fait déclarer par les Cortès qu'il fallait réduire ces sujets toujours rebelles, entra sur leurs terres, leur prit leur forteresse de Lerma en 1336, et les força à la soumission. Il put recommencer alors la guerre nationale contre les Maures, car les trêves étaient expirées. Ses soldats furent vainqueurs à la grande bataille d'Arcos; il eut une flotte dans le détroit pour empêcher les Africains de venir au secours de leurs coreligionnaires d'Espagne. En 1344, il enleva la forteresse d'Algésiras et il assiégeait Gibraltar quand il mourut en 1349. Pendant les cinq dernières années de sa vie, il avait rétabli l'ordre dans les finances, réparé les forces de son royaume, replacé l'émir de Grenade sous sa domination et donné à ses états une tranquillité qu'ils n'avaient pas connue depuis la mort de saint Ferdinand. Pierre, le Cruel Le pouvoir était alors aux mains d'Alonzo d'Albuquerque, qui, dans l'espoir d'assurer son autorité, donna au roi pour maîtresse la fameuse Maria de Padilla. Cela n'empêcha pas Pierre Ier, (sans doute d'après les desseins d'Albuquerque qui n'avait pas trouvé dans Maria de Padilla un instrument docile) d'épouser Blanche de Bourbon (1353); mais quelques jours après le mariage, le roi courut à Séville rejoindre sa maîtresse. Albuquerque, bientôt menacé, s'enfuit de la cour et s'unit aux mécontents, que la tyrannie et les crimes de Pierre ler avaient suscités. Parmi eux étaient Henri (Enrique) de Trastamare et Fadrique, frères naturels du roi. Un nouvel excès de celui-ci vint augmenter leur nombre; il avait épousé Juana de Castro (quoique son mariage avec Blanche de Bourbon n'eût pas été rompu), puis l'avait abandonnée, ce qui avait irrité la puissante famille des Castro. Tolède se prononça en faveur des insurgés et les habitants exigèrent que le roi traitât Blanche en reine. Peu après, Pierre Ier fut en guerre avec le roi d'Aragon. Celui-ci trouva naturellement des alliés dans Henri de Trastamare et dans bon nombre de seigneurs castillans; le roi de Castille, ayant sur ces entrefaites fait périr son oncle Don Juan, sa tante Léonore, sa tante Isabelle, son frère Fadrique et tenté de tuer un autre frère D. Tello, vit grossir de jour en jour le nombre de ses ennemis. Il éprouva quelques revers de 1357 à 1361, époque où le légat du pape parvint à faire signer la paix entre la Castille et l'Aragon. Dans cet intervalle, Pierre Ier avait encore fait mettre à mort ses deux frères à peine adolescents, D. Juan et D. Pedro et sa femme Blanche de Bourbon. De 1360 à 1362, il fit une guerre de peu d'importance contre les Maures d'Andalousie, mais se hâta de signer une trêve de ce côté, afin de pouvoir soutenir la guerre qui allait éclater de nouveau avec l'Aragon, allié cette fois à la France qui voulait venger la mort de Blanche de Bourbon. Après avoir fait reconnaître comme légitimes, aux Cortès de Burgos, en 1362, les enfants qu'il avait eus de Maria de Padilla et qui d'ailleurs moururent en bas âge, Pierre Ier s'allia aux rois du Portugal et d'Angleterre et se hâta d'envahir l'Aragon; il prit Téruel, Segorbe, Murviédro, Dénia, Alicante, et mit même le siège devant Valence (1364). Mais au secours de la place, vinrent le roi d'Aragon avec une flotte et Henri de Transtamare avec les grandes compagnies conduites par Bertrand Du Guesclin. Henri de Trastamare entra en Castille, où il fut reconnu roi par presque toutes les villes, occupa Séville et Burgos, tandis que Pierre Ier, abandonné de tous, dut chercher un refuge au Portugal (1366). Henri de Trastamare, proclamé sous le nom de Henri Il, ne pouvait garder, pour assurer son pouvoir, les grandes compagnies qui coûtaient cher à entretenir; après leur avoir payé leurs services, il les congédia, ne gardant que quinze cents lances avec Du Guesclin. Pendant ce temps, son rival fugitif intéressait à sa cause le prince de Galles, et vint bientôt avec une armée anglaise faire la guerre à Henri II. Celui-ci, malgré sa bravoure, fut battu entre Navarrette et Najera (1367), et presque tous les chevaliers français, parmi lesquels Du Guesclin, furent faits prisonniers. Grâce à l'appui du prince de Galles, Pierre ler fut rétabli sur le trône; il courut ses Etats pour réunir l'argent nécessaire à la paye des soldats anglais et n'épargna ni les confiscations, ni les crimes. La bataille de Najera, d'après les Chroniques de Froissart. Henri de Trastamare n'avait pas abandonné la lutte; il était allé en France, avait retrouvé une armée et revenait avec Du Guesclin. Toutes les villes sur son passage lui ouvrirent leurs portes et il parvint ainsi jusqu'à Montiel; il y battit l'armée de Pierre qui fut obligé de se retirer dans la forteresse. On sait comment il en sortit et comment, dans la tente de Du Guesclin, les deux frères se battirent à coups de dague : Pierre resta mort sur la place (1368). Maison de Trastamare. Jean Ier. La bataille d'Aljubarrota. Miniature du XVe s. Henri III, dit le Maladif. Aux Cortès de Madrid, en septembre, il révoqua tous les actes et surtout les donations exagérées de ses tuteurs, puis réprima quelques tentatives de révolte des grands seigneurs. Comme la trêve avec le Portugal était expirée, il envoya une flotte contre Lisbonne et put obtenir une nouvelle trêve de dix années, à des conditions honorables. Il s'appliqua ensuite à rétablir le calme dans ses Etats et à repousser les attaques des Maures; il venait de demander aux Cortès de Tolède des subsides pour entrer sur les terres du royaume de Grenade quand il mourut à vingt-huit ans, en 1406. Ce prince si actif, malgré ses souffrances physiques, fut pleuré de toute la Castille, à qui il avait rendu une situation prospère. Sous son règne, le royaume s'était accru d'une colonie importante, les Canaries, conquises par Jean de Béthencourt. Jean Il. Catalina succomba aussi en 1418, et les Cortès de Madrid (17 mars 1419) proclamèrent le roi majeur, quoi qu'il n'eut pas tout à fait l'âge voulu. Mais les princes de la famille royale voulurent s'emparer du pouvoir et le plus remuant d'entre eux, D. Enrique, un des fils de Ferdinand d'Antequera, quoique grand-maître de l'ordre de Saint-Jacques et par suite voué au célibat, usa de violence pour forcer le roi à lui donner la main de sa soeur Catalina avec le marquisat de Villena pour dot et à déclarer la dignité de grand-maître transmissible à ses descendants. Pendant plusieurs mois il garda le roi comme prisonnier; celui-ci put enfin s'échapper, avec l'aide de D. Alvaro de Luna, gagner le château de Montalvan où il fut assiégé par son cousin; il fut délivré par D. Juan, autre fils de Ferdinand d'Antequera, révoqua les actes qu'il avait signés sous la pression de D. Enrique, et celui-ci étant venu à sa cour, le roi Jean II le fit arrêter et jeter en prison, comme coupable d'intelligences avec le roi de Grenade (1422). D. Enrique en sortit bientôt, son frère, Alphonse V d'Aragon, ayant menacé la Castille d'une guerre, se rapprocha de son frère D. Juan qui l'avait autrefois combattu, et, avec l'aide d'une noblesse puissante, força le roi à éloigner son conseiller, le connétable Alvaro de Luna (1427). L'accord entre les deux infants ne dura pas; D. Juan, devenu roi de Navarre, craignit que D. Enrique ne prit trop d'empire sur le roi et demanda lui-même le rappel du favori de Luna, avec beaucoup d'autres nobles. Une amnistie générale et la cession par le roi de vastes domaines à Enrique au lieu du marquisat de Villena, ne ramenèrent pas la paix : les infants, s'appuyant sur l'Aragon et la Navarre, tinrent la campagne; mais le roi Jean Il avec le connétable de Luna porta le ravage en Navarre et en Aragon, et força ces deux pays à une trêve de dix ans; quant aux infants, qui s'étaient emparés de quelques villes d'Estrémadure, ils ne déposèrent pas les armes (1430); mais l'infant D. Pedro étant tombé entre les mains du roi de Castille, D. Enrique pour obtenir sa liberté, restitua les places qu'il occupait, et le pays put jouir d'une année de paix à l'intérieur. Jean Il en profita pour faire une courte guerre au royaume de Grenade. Ce n'était qu'une trêve aux guerres intestines; en 1438, elles recommencèrent; le roi de Navarre et D. Enrique envahirent la Castille et avec presque tous les nobles, exigèrent le renvoi du connétable qui était devenu tout-puissant et paraissait vouloir établir l'autorité absolue dans le royaume. Le roi se résigna à se séparer de son favori, qui partit pour Sépulveda (1439), et l'autorité tomba entre les mains des rebelles; ils gardèrent même le roi comme une sorte de prisonnier, à qui ils dictaient leurs volontés. Le fils aîné du roi, le jeune prince des Asturies, qui, marié à la fille du roi de Navarre, avait d'abord été parmi les révoltés, eut honte de l'esclavage ou était son père; il se rapprocha du connétable, et tous deux unissant leurs efforts enlevèrent Jean Il (1442). Nouvelle révolte de D. Enrique et de ses partisans; mais ils furent enfin battus à Olmedo (1445) et D. Enrique, blessé, mourut peu après. Le connétable reçut du roi qu'il avait si bien servi le titre de grand-maître de l'ordre de Saint-Jacques, devenu vacant par cette mort. Il était au comble de la puissance et des honneurs et pendant sept ans il sut se maintenir au milieu des séditions et des guerres civiles; il imposait sa volonté au roi, même dans des questions quasi privées et personnelles à celui-ci. Henri IV, l'Impuissant En 1462, quand la reine accoucha d'une fille, Juana, le bruit public fut qu'elle était née des relations de celle-ci avec Beltran de la Cueva, et l'infante fut universellement désignée par le sobriquet de la Beltraneja. Le roi, cependant, la fit reconnaître solennellement comme héritière du royaume, et comme pour braver la rumeur publique, il accumulait toutes sortes de donations sur la tête du favori. Les mécontents alors éclatèrent; le marquis de Villena, l'archevêque de Tolède, Carrillo d'Acunha et une foule d'autres nobles écrivirent au roi pour demander l'éloignement de Beltran de la Cueva, et pour être relevés du serment de fidélité qu'ils avaient prêté à l'infante Juana. Le roi, après une épreuve humiliante pour faire constater sa faculté d'être père, parut assez disposé à abandonner les droits de sa fille; il reconnut comme héritier présomptif son frère Alphonse, alors âgé de onze ans. Ce jeune prince amené au camp des rebelles fut par eux proclamé à Avila; mais un parti assez fort, indigné de l'humiliation qu'on avait fait subir au roi, se rapprocha de celui-ci et il y eut entre les deux partis une bataille assez vive à Olmedo (1467). Avila et ses remparts. Le résultat en fut indécis et la guerre continua; en 1468, le jeune Alphonse vint à mourir, et les mécontents, cherchant un prétendant pour le mettre à leur tête, offrirent la couronne à l'infante Isabelle, soeur de Henri. Elle refusa le titre de reine, mais exprima son désir de voir son droit comme héritière de la couronne établi nettement. Les nobles obligèrent le roi à lui reconnaître cette qualité et exigèrent une amnistie générale. Henri se soumit et le légat du pape, dans l'assemblée de Guisando, délia les seigneurs du serment qu'ils avaient prêté à Juana. Isabelle et Ferdinand V. Après quelques contestations peu graves entre les deux époux, il fut convenu qu'ils gouverneraient conjointement; qu'on mettrait dans les actes le nom du roi avant celui de la reine, qu'on ne se servirait que d'un même sceau, où leurs armes seraient réunies; que Ferdinand ne pourrait aliéner aucune propriété de la couronne sans le consentement d'Isabelle, que celle-ci nommerait seule les gouverneurs des villes et forteresses de Castille, etc. La reine exerça pleinement la part d'administration qui lui fut attribuée et l'accord entre elle et Ferdinand ne se démentit jamais; aussi les Espagnols les appellent-ils ensemble : los Reyes (les Rois). Les premières années de ce règne furent encore troublées par les discordes intestines. Alonzo Carrillo, l'archevêque de Tolède, qui depuis 1469 soutenait les intérêts d'Isabelle et de Ferdinand, ne fut pas satisfait de la part d'influence que ceux-ci, arrivés au trône, lui laissèrent; il se rapprocha alors du marquis de Villena, fils de celui qui sous Henri IV avait toujours été en lutte avec lui, et, unissant leurs griefs et leurs intérêts, ils proclamèrent que l'héritière légitime était l'infante Juana et appelèrent le roi du Portugal qui devait épouser cette princesse. La campagne que les coalisés menèrent contre Isabelle ne fut pas heureuse. Le marquis de Villena se vit enlever toutes ses forteresses et son domaine fut réuni à la couronne; le roi du Portugal, après plusieurs échecs partiels, fut mis en déroute par Ferdinand près de Toro (1476) et perdit les quelques places fortes que ses alliés de Castille lui avaient remis; après avoir en vain essayé de relever le parti de Juana, il fut obligé de signer la paix; les seigneurs castillans étaient depuis plusieurs années déjà rentrés sous l'autorité des souverains. Ceux-ci, pour remettre dans le pays troublé depuis tant d'années un peu d'ordre et de sécurité, avaient, aux Cortès de Madrid, en 1476, créé la Santa Hermandad, et sous leur administration vigilante, la Castille devenait pacifiée et prospère, quand un événement depuis longtemps attendu, la mort du roi d'Aragon, Jean II, en 1480, vint donner à Ferdinand la couronne d'Aragon. Cette réunion sous la même autorité des deux royaumes chrétiens, qui avaient absorbé peu à peu tous les petits Etats de la Péninsule et reconquis celle-ci sur les Maures, allait avoir de graves conséquences; mais ici, au point où commence l'histoire de l'Espagne unifiée, l'histoire du royaume de Castille finit . (E. Cat). |
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