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Eudoxe

Eudoxe de Cnide est un célèbre astronome et mathématicien grec, né à Cnide vers 409 av. J.-C., mort vers 356. Suivant Diogène Laërce, il était versé dans toutes les sciences. 

Il avait été disciple de Platon. Ses amis se cotisèrent pour lui fournir le moyen d'aller compléter ses études en Égypte. Agésilas, roi de Lacédémone, lui remit une lettre de recommandation pour Nectanabis, roi d'Égypte. Comme il s'agit ici de Nectanabis II, qui dut son trône à l'intervention puissante d'Agésilas, et qui régna de 361 (date de la mort d'Agésilas) à 356 avant J.-C., le voyage d'Eudoxe ne pouvait avoir lieu que dans la même année 361. Nectanabis fut le dernier prince indigène de l'Égypte. 

Entouré de soldats grecs, il se montrait en toutes occasions, favorable à la civilisation hellénique. Il reçut donc à sa cour et recommanda aux prêtres d'Héliopolis le protégé d'Agésilas. Eudoxe y passa, suivant Strabon, treize ans, portant la barbe et les cheveux ras pour se conformer à la coutume égyptienne. De retour dans son pays, il fut comblé d'honneurs. Il établit à Cnide un observatoire, fit de nombreuses observations. Il trouva en géométrie plusieurs théorèmes nouveaux, avança la théorie des sections coniques. On raconte que les prêtres égyptiens lui avaient prédit qu'il deviendrait fort célèbre, mais qu'il ne vivrait pas longtemps; ils avaient fondé cette double prédiction sur ce que, pendant son séjour à Héliopolis, il vit un jour son manteau léché par le boeuf Apis... Il mourut à l'âge de cinquante ans.

Eudoxe rapporta de son voyage une connaissance plus exacte de la révolution lunaire, et la période nommée tetraétéride. La révolution lunaire était, suivant lui, de 29 j. 12 h 8/11, ou de 29 j. 12 h. 43 mn 38 s; et la tétraétéride, période de quatre ans, chacun de 365 1/4 j., devait avec un jour intercalaire, ramener aux mêmes jours les intempéries des saisons, supposées sous la dépendance du Soleil. C'était la période des années bissextiles du calendrier julien.

Au rapport d'Archimède (dans l'Arénaire), Eudoxe estimait, on ignore d'après quelle méthode, le diamètre réel du Soleil seulement neuf fois plus grand que celui de la Lune. Malgré son extrême défectuosité, cette estimation montre qu'Eudoxe plaçait ces deux astres à des distances très inégales, bien que leurs diamètres apparents soient sensiblement égaux. Le plus éloigné devait donc être le plus grand. Connaissant la cause des éclipses de Soleil, il savait, par cela même, que cet astre est plus éloigné de nous que la Lune. 

On ne saurait s'imaginer combien la conception des différentes sphères auxquelles devaient être attachés les astres errants (planètes) retarda la marche de la science. Eudoxe vit ajouter encore à la complication des cieux solides. Ainsi, il donnait trois sphères au Soleil : la première, tournant de l'orient à l'occident autour des pôles du monde, devait exécuter, en 24 heures, son mouvement révolutif; la seconde, tournant de l'occident à l'orient autour de l'écliptique en 365 1/4 j., devait rendre compte du mouvement annuel; la troisième devait expliquer un certain mouvement très lent, obscurément indiqué, qui semble se rapprocher de la précession des équinoxes. Il donnait à la Lune également trois sphères, dont la première servait à faire comprendre son mouvement diurne, et les deux autres ses mouvements en longitude et en latitude. Les planètes devaient avoir chacune une sphère de plus que le Soleil et la Lune; cette quatrième sphère avait pour objet d'expliquer les stations et les rétrogradations des planètes situées en dehors des cercles de Mercure et de Vénus. Toutes ces sphères, au nombre de vingt-six (non compris la sphère des étoiles fixes), formaient autant de cieux particuliers, diversement enchâssés les uns dans les autres. Elles avaient leur racine dans l'esprit ou dans l'imagination même des humains, incapables de comprendre qu'un globe matériel puisse se mouvoir, librement suspendu dans l'espace.


Eudoxe composa plusieurs ouvrages qui ne nous sont point parvenus. Cependant son Traité des phénomènes se retrouve presque tout entier dans le poème d'Aratus, les Phénomènes. Le système d'Eudoxe fut aussitôt accueilli avec enthousiasme dans toute la Grèce, peut-être parce qu'il était plus absurde que les autres. Aristote lui-même l'admira et l'adopta [1]. Ideler (1830) et Letronne (1841) ont écrit sur les travaux d'Eudoxe. (Hoefer, 1873).
[1] Aristote, Métaphys., XII,8. - Simplicius, Comment. 46 du traité d'Aristote De caelo, II.
Eudoxe de Cyzique est un navigateur grec au service des souverains d'Alexandrie (IIe siècle avant J.-C.). Ce fut un de ces intrépides explorateurs auquel il ne manqua que des moyens d'exécution proportionnés à la grandeur de l'entreprise pour atteindre, deux cents ans avant notre ère, les résultats magnifiques obtenus si tard par les Espagnols et les Portugais. On lui doit d'avoir mis en relation commerciale l'Egypte avec l'Inde par la mer Rouge et le golfe Arabique, route ignorée de son temps, et une exploration des côtes de l'Afrique occidentale; il découvrit et doubla peut-être le cap de Bonne-Espérance, sans que sa découverte, restée ignorée, put servir à personne.

La date de sa naissance est inconnue; on sait seulement qu'il visita l'Egypte sous le règne de Ptolémée Evergète II et fut attaché à son service (146-117 av. J.-C.). Son enthousiasme pour les études géographiques et les explorations fut merveilleusement servi par le hasard. Vers cette époque, un Indien fut trouvé mourant de faim dans une barque sur les côtes de la mer Rouge. Amené à la cour et traité avec les plus grands soins, cet Indien raconta qu'il s'était embarqué sur les côtes de l'Inde, que bientôt il avait perdu de vue la terre, et que, sans savoir de quel côté le poussait le vent, il était venu échouer à l'endroit où on l'avait trouvé. Il se faisait fort de servir de pilote à un bâtiment que l'on équiperait pour le renvoyer dans son pays. L'offre fut acceptée, et Eudoxe, désigné par le roi pour accompagner le pilote indien, s'acquitta si bien de cette tâche qu'il ne tarda pas à revenir en Egypte avec une riche cargaison d'épices et de pierres précieuses. Le roi s'empressa de confisquer toutes ces marchandises et se réserva le monopole exclusif du commerce de l'Orient. Néanmoins, Cléopâtre, qui succéda à Evergète, envoya une seconde fois Eudoxe en Inde avec une cargaison qui devait servir aux échanges.

A son retour, les vents jetèrent le hardi navigateur sur la côte orientale de l'Afrique, l'Ethiopie, et là encore le hasard lui fut favorable. Parmi les débris de navires apportés par les vagues, il remarqua la proue d'un bâtiment ornée d'une tête de cheval sculpté. Les Carthaginois seuls possédaient, non des navires, mais de simples barques de commerce, ornées à la proue d'une tête de cheval, et nommées, à cause de cela, des chevaux, Ces débris, exposés au milieu du marché d'Alexandrie, furent, du reste, reconnus par des pilotes comme les restes d'un bâtiment de Gadès. Ainsi, le tour de l'Afrique était possible. Que Strabon, qui l'affirmait être impossible, ait regardé ce récit comme une fable, c'était son rôle; mais ne serait-il pas surprenant qu'Eudoxe ou l'un de ses biographes, C. Nepos et Possidonius, forgeant un conte, ait rencontré précisément la vérité?

Dépouillé encore une fois de ses richesses, le navigateur conçut le projet de vérifier le fait. Malheureusement, une grande obscurité enveloppe les voyages qu'il exécuta. C. Nepos suppose que, parti de la mer Rouge et du golfe Arabique, il revint à Alexandrie par Gadès, ayant ainsi doublé le cap méridional de l'Afrique; mais cette hypothèse est en désaccord avec certaines circonstances de la relation que l'on possède d'une seconde exploration qu'il voulut faire en sens inverse et qui n'eut pas de résultat. Parti d'Alexandrie, il visita toutes les villes des côtes de la Méditerranée, depuis Dicearchia (Puteoli), près de Naples, jusqu'à Marseille, puis jusqu'à Gadès, annonçant hautement partout qu'il se proposait d'aller en Inde par l'Océan, et rassemblant des fonds, au moyen desquels il arma un grand navire et deux barcasses semblables aux bâtiments légers des pirates. Il y embarqua de jeunes esclaves, musiciens, médecins, ou instruits dans quelque autre art, et fit voile pour l'Inde, poussé par des vents qui soufflaient sans interruption; mais, son équipage étant fatigué, il fut forcé d'aborder où le vent le portait, quoiqu'il redoutât l'effet du flux et du reflux. Il éprouva le désastre qu'il avait prévu : son grand navire toucha, mais doucement; de sorte qu'il ne fut pas subitement brisé; on put sauver les marchandises et même la plus grande partie des bois du vaisseau, dont on construisit une troisième barque, grande comme un bâtiment à cinquante rames. Eudoxe reprit sa route jusqu'à ce qu'il rencontrât enfin des peuples qui parlaient la même langue que celle dont il avait noté quelques mots par écrit, et il conclut que ces peuples étaient de la même nation que les Ethiopiens, chez lesquels il avait abordé autrefois, sur la côte orientale de l'Afrique. On remarquera que, s'il avait déjà exploré la côte occidentale dans un premier voyage, il aurait su à quoi s'en tenir sur ces peuples.

Renonçant pour cette fois à son voyage aux Indes, il revint en Maurétanie, vendit ses vaisseaux et se rendit par terre auprès du roi Bocchus, à qui il conseilla d'envoyer une flotte dans les pays d'où il venait. Mais ce prince craignit plus qu'il ne désira de faire la connaissance de ce peuple barbare, dont le voisinage pouvait devenir très incommode dès qu'on leur aurait montré le chemin qui menait dans son royaume. Cependant Eudoxe, ayant appris que, sous le prétexte de le charger de l'exécution de son projet, les Mauritaniens devaient l'abandonner dans quelque île déserte, se sauva sur les terres de la domination romaine et, de là, passa en Ibérie.

Il arma de nouveau un bâtiment à quille plate, et un autre à cinquante rames, l'un propre à reconnaître les côtes, l'autre à tenir le large. Il embarqua des outils de labourage, des graines de diverses espèces, des ouvriers pour bâtir des maisons, et recommença son voyage, résolu, si la navigation se prolongeait trop, d'hiverner dans une île, le long de la côte, d'y semer, d'y faire la moisson et d'achever ensuite l'entreprise. 

" Voilà, dit Possidonius, ce que j'ai appris des aventures d'Eudoxe. Sans doute les habitants de Gadès et de l'Ibérie savent ce qu'il en a été depuis."
Quelques savants, traitant Eudoxe de fou et d'imposteur, ont refusé de croire à ses voyages, et, à l'appui de cette opinion, ils invoquent l'autorité de Strabon et d'autres géographes de l'Antiquité, qui regardaient la circumnavigation de l'Afrique comme absolument impossible. D'autres auteurs, au contraire, vantant outre mesura ses talents et. les services qu'il rendit à la science, affectent de voir en lui un philosophe et un héros, luttant avec courage et avec bonheur contre la rapacité des souverains qui l'employèrent, les préjugés de son époque et les obstacles que la nature opposait sans cesse aux progrès des connaissances humaines. La vérité se trouve sans doute entre ces deux opinions opposées. Eudoxe possédait peut-être plus de courage que de probité; il usait sans scrupule de tous les moyens qui s'offraient à lui pour tenter les entreprises dans lesquelles le poussait l'infatigable activité de son esprit. Il avait apprécié par lui-même les avantages du commerce de l'Inde, et quand il fut forcé de quitter l'Egypte, probablement à la suite de détournements de marchandises, il résolut de parvenir à ses fins, malgré la défense de Ptolémée, et de se rendre dans l'Orient en faisant le tour de l'Afrique. 

Quand, au XVe siècle, les Turcs interrompirent toutes les communications qui existaient alors avec l'Inde par le Levant, des motifs semblables déterminèrent les nations de l'Europe à renouveler les tentatives d'Eudoxe. Des aventuriers découvrirent la route qu'il cherchait pour aller aux Indes; d'autres, très peu scrupuleux, exploitant la crédulité et l'avidité de leurs contemporains, équipèrent aux frais de leurs du dupes des expéditions nouvelles our aller à la découverte des eldorados de Occident. (PL).

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