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Le Diable
(du grec diabolos = diviseur) est dans les religions de la Bible
le principe du Mal. Il est le chef des démons,
nommé Satan en hébreu.
Les théologiens catholiques
nomment diables les anges déclins, ennemis
de Dieu et tentateurs des humains. Ils les appellent
encore démons, d'un mot grec (daimôn)
qui, dans la mythologie classique, s'applique
à des êtres intermédiaires entre les dieux
et les humains. Ils disent aussi esprits malins, esprits de ténèbres,
mauvais anges. La foi chrétienne enseigne
que Dieu a créé tous les anges purs et bons, et que le libre arbitre
des anges fut soumis par Dieu à une épreuve mystérieuse. Tandis que
les uns en sortirent vainqueurs et furent admis aux joies éternelles du
ciel, les autres résistèrent à Dieu, qui les
condamna aux supplices sans fin de l'enfer; ce
sont les diables ou démons. Ils cédèrent dans leur révolte à l'impulsion
d'un chef, souvent appelé le Diable par excellence, Satan
(c'est-Ã -dire l'Ennemi ou le Mauvais), ou encore Lucifer
( = le Brillant), par allusion à l'éclat des perfections dont il jouissait
avant sa chute, ou enfin Azazel,
Belzébuth.
En perdant la grâce de Dieu,
considèrent les Catholiques, les démons
ont conservé une partie des dons qui rendent la nature angélique supérieure
à la nature humaine. Aussi sont-ils encore capables d'exercer une certaine
puissance qui se manifeste de trois manières :
1° ils tentent les humains
et s'efforcent de les porter au mal pour les entraîner dans leurs propres
supplices;
2° ils tiennent les pécheurs endurcis
sous leur domination; ils peuvent même en certains cas jeter un trouble
profond dans les facultés humaines par l'obsession et la possession; ( E.-H.
Vollet, le Diable dans ses oeuvres,
texte en ligne).
3° ils ont un pouvoir mystérieux sur
la nature matérielle, au point même de produire parfois des prestiges
et des prodiges. Mais Dieu, en leur permettant d'exercer
ainsi, pour des raisons que connaît sa sagesse, leur activité malsaine,
la contient dans de justes limites. Il veille à ce que l'humain ne soit
pas tenté au delà de ses forces. En même temps, il a donné à son Eglise
le pouvoir de combattre efficacement les démons
par les prières, les bénédictions liturgiques et les exorcismes. Enfin,
les prodiges diaboliques se distinguent toujours des miracles divins par
la présence de quelque élément, impur ou ridicule, qui en trahit l'origine.
L'existence d'êtres malfaisants inférieurs
à la divinité, mais d'une nature supérieure à la nature humaine, était
généralement admise par les peuples anciens. Le déchiffrement des tablettes
mésopotamienne montre que les Babyloniens
( La
Religion mésopotamienne) croyaient qu'un être supérieur nommé Tiamat
s'était révolté contre les dieux, et un antique glossaire appelle le
serpent "l'ennemi des dieux" Les Perses
( La Religion
de l'Avesta )
croyaient que les esprits mauvais ou devs combattaient les izeds, c'est-Ã -dire
les bons. Les méfaits des devatas occupent une grande place dans la mythologie
hindoue .
Enfin, les Grecs ,
en admettant l'existence des démons, distinguaient
les bons (agathodaemones) des mauvais
(cacodaemones). On voit que les divers peuples se sont rencontrés
dans cette croyance, laquelle apparaît ainsi
profondément enracinée dans l'humanité.
Les théologiens protestants conservèrent
assez longtemps l'enseignement de la scolastique
sur les démons. Luther
avait une conception très vive et très réaliste de
Satan.
Pourtant, au XVIIIe siècle, Duncan, professeur
à l'académie de Saumur ,
s'efforce d'expliquer par la psychologie
et la physiologie les phénomènes relevés dans
l'affaire d'Urbain Grandier. Au XVIIe siècle,
en Allemagne, Christian Thomasius et Balthasar Becker commencèrent l'attaque
contre la croyance à Satan. Les rationalistes
expliquaient les maladies démoniaques par la psychologie expérimentale
et les assertions des Evangiles
par le système de l'accommodation. Les supranaturalistes, tout en conservant
les récits évangéliques, n'admettaient pas d'influences semblables dans
les temps modernes. (NLI).
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Max
Milner, Le Diable dans la littéature française : De Cazotte Ã
Baudelaire, 1772-1861, José Corti, 2007. - Max
Milner nous ouvre de larges fenêtres sur un monde troublant : celui qui
déchaîne contre la vie ses forces destructrices et obstinées. Milner
s'est demandé s'il n'existait pas, chez l'individu ou dans la masse, des
forces d'iniquité prêtes à se mettre en mouvement sur simple appel né
au fond du mystère. De là à rechercher en quoi consistaient dans la
vaste mer de la littérature, les diverses incarnations de Satan,
il n'y avait qu'un long pas difficile qui ne fit pas reculer Max Milner.
Il s'agissait pour lui moins de s'interroger sur la nature du diable, affaire
des théologiens, que sur l'attitude de l'homme en face des aspects du
mal les plus propres à l'atteindre. Un grand voyage dans le surnaturel.
(couv.). |
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