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Les monnaies
frappées par les Arabes avant et depuis l'hégire
composent une grande partie de la numismatique
orientale. Elles ont été frappées tout d'abord d'après
le modèle des pièces byzantines ou de celles des rois sassanides
de la Perse;
au point que certaines pièces anciennes offrent des images de Jésus,
de la Vierge, et même de quelques empereurs
romains et des Ptolémées
d'Égypte
: les noms de souverains sont quelquefois aussi en caractères latins,
surtout en Afrique.
Il n'est pas possible de faire une classe à part des monnaies arabes
proprement dites, et les orientalistes ont toujours réuni dans un
même groupe toutes les monnaies orientales frappées depuis
les premiers siècles de l'ère chrétienne jusqu'au
XIXe siècle. Si l'on admet une distinction
dans les populations selon les divisions linguistiques, on ne peut pas
l'admettre dans les monnaies, d'autant plus que celles-ci, émises
par des populations en majeure partie musulmanes, offrent des légendes
arabes pour la plupart. Fraehn distingue, dans la numismatique orientale,
les monnaies frappées par les musulmans, et celles des princes chrétiens
ou des dynasties qui ne professent ni l'islam
ni le christianisme.
La première série comprend trois grandes divisions :
1° les monnaies des Califes-omeyyades
et abbassides;
2° celles des dynasties formées
sous ces califes, tant en Asie
qu'en Europe
(Tahirides, Saffarides, Samanides, Bouides, Ghaznévides,
Bulgares de la Volga, Seldjoukides
du Khoraçan
et de l'Asie Mineure,
sultans du Kharezm,
Orthokides du Diarbékir, Atabeks de l'Irak et d'Alep,
Toulounides, Edrissites,Fatimides
et Ayyoubites d'Égypte,
Aghlabites et Mérinides du
Maghreb, princes arabes ou maures d'Espagne,
etc.) (Les
dynasties musulmanes);
3° celles des dynasties postérieures
aux califes (khans de Crimée,
Gengis-khanides, Turcomans
du Mouton-Blanc et du Mouton-Noir, rois d'Aoude et de Mysore, khans de
Khokand
et de Khiva,
Mamelouks, etc.).
Dans la 2e
série sont comprises :
1° les pièces des Bagratides
de Géorgie,
des Roupéniens d'Arménie,
des Génois en Crimée, des divers peuples européens
dans leurs possessions des Indes,
etc.;
2° celles des radjahs indiens, ainsi
que les monnaies chinoises et japonaises.
Parmi les chercheurs qui, après Fraehn,
ont le plus contribué à vulgariser à ses débuts
la science des monnaies orientales, il faut citer Soret, de Saulcy, Dore,
Marsden, Edward Thomas, le général Bartholomaei. Langlois
a publié une Numismatique des Arabes avant l'islamisme, où
il passe en revue les monnaies des Arabes de la Nabatène, de Palmyre,
d'Édesse, d'Atra, et enfin les pièces
si rares et si curieuses de l'Abyssinie.
Le plus grand nombre des monnaies orientales portent, sur les deux côtés,
des légendes en caractères arabes,
persans, ouïgours, turcs, hindous,
etc., avec on sans figures. Les monnaies arabes offrent rarement des représentations
figurées : sur l'un des côtés de la pièce, on
lit le nom du prince qui les a fait frapper, le lieu et la date de la fabrication;
sur l'autre côté, au revers, une légende pieuse tirée
du Coran,
ou bien la formule sunnite : Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mahomet
est son prophète. il existe des monnaies arabes dans les trois
métaux : or, argent, cuivre. Les Arabes ont même frappé
des monnaies de verre, par exemple en Égypte
et en Sicile.
Quelques pièces arabes d'Égypte ont la forme carrée.
Au temps des Croisades,
Saladin, comme marque d'estime pour la valeur
des Francs, fit représenter des fleurs de lis sur ses monnaies.
(D.). |
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