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Les Edrisites

Édrisites, Edrisides ou Idrisites sont une dynastie musulmane qui régna sur le Maghreb extrême et sur une partie du Maghreb moyen de 788 à 985 époque où les Fatimides s'emparèrent de toute l'Afrique septentrionale. Cette dynastie fut fondée par Edris, fils d'Abdallah, fils de Hasen III, fils de Hasen II, fils de Hasen es-Sibt, fils de Fatima, femme d'Ali et fille du Prophète. Vaincu à la bataille d'Elfakkh (786), où il avait pris parti pour son neveu Hoseïn contre le calife abbasside El-Mehdi, Edris s'enfuit en Egypte. Après être demeuré environ deux ans au Caire en compagnie de son fidèle affranchi Rached, il dut, pour éviter la colère du calife, fuir dans le Maghreb et vint s'établir à Oulili, petite ville située dans la montagne de Zerhoun, tout près de Méquinez. Bien accueilli en sa qualité de descendant du Prophète, Edris prit bien vite un grand ascendant sur les tribus berbères au milieu desquelles il vivait, et en 788 il se fit proclamer souverain des population qui entouraient Oulili. Peu à peu il agrandit ses Etats en s'avançant vers le Sud jusqu'à Tedla et vers l'Est jusqu'à Tlemcen, qui se rendit à lui. En même temps il contraignait les populations chrétiennes et juives qu'il rencontrait sur sa route à embrasser l'islam, et semblait devoir soumettre à son autorité tous les Berbères, lorsqu'il fut empoisonné par un émissaire du calife Haroun-er-Rachid, en 783. Edris n'ayant pas laissé d'enfant, sa mort allait mettre fin à la dynastie qu'il avait voulu fonder, lorsque Rached obtint des Berbères qu'ils reconnaîtraient comme successeur de son maître l'enfant qu'une concubine de ce dernier devait mettre au monde deux mois après. Cet enfant, auquel on donna le nom d'Edris le Jeune ou Edris II, succéda donc à son père, mais il ne reçut le serment de fidélité qu'en 804 à l'âge de onze ans. 

Durant sa minorité, Rached exerça le pouvoir jusqu'en 802, époque à laquelle il fut assassiné par un agent des Aghlabites (Les dynasties musulmanes au Moyen âge); il fut remplacé dans sa tutelle par Abou-Khaled Yezid. Un corps dévoué de cinq cents guerriers arabes, qui vinrent se ranger sous la bannière d'Edris ll, permit à ce prince d'étendre ses conquêtes et de n'avoir plus à redouter les défections des Berbères, qui étaient poussés à la révolte par les Aghlabites. II put alors faire périr impunément Ishaq ben Mahmoud, le chef des Aureba, qui avait donné asile à son père, et dont l'influence pouvait faire échec à la sienne; enfin pour mieux affirmer qu'il n'entendait pas rester dans la dépendance des tribus qui avaient confié l'autorité à son père, il abandonna Oulili pour aller établir sa capitale dans la ville de Fès- (Maroc), qu'il fonda en 807. Edris Il lutta d'abord avec succès contre les Aghlabites, et étendit la frontière de ses Etats à l'Est jusqu'aux rives du Chélif, mais la versatilité des Berbères, qui se laissaient volontiers corrompre par ses ennemis, l'empêcha de pousser ses conquêtes plus loin. Mohammed succéda à son père Edris Il en 828. Sur les conseils pernicieux de sa grandmère Kenza, Mohammed partagea son empire avec sept de ses frères. Cette mesure impolitique amena bientôt des guerres civiles qui furent, il est vrai, réprimées, mais qui jetèrent dans le nouvel empire les germes d'une décadence prochaine. 

Néanmoins Ali, qui succéda à son père Mohammed en 836, et Yahia Ier, qui succéda à son frère Ali en 848, administrèrent sagement leur royaume; ils agrandirent leurs Etats et leur assurèrent une prospérité plus grande encore que celle dont ils avaient joui jusqu'alors. En 859, sous le règne de Yahia ler, on construisit à Fès la célèbre mosquée dite d'Elqarouïn, et la capitale édrisite, grâce aux embellissements dont elle fut l'objet, prit rang parmi les grandes cités du Maghreb. La conduite scandaleuse de Yahia II, fils et successeur de Yahia Ier, occasionna une révolte qui lui fit perdre la couronne; son cousin Ali II, qui lui succéda, fut également chassé de Fès et remplacé par son cousin Yahia III. Malgré le gouvernement paisible de Yahia III, qui cependant mourut assassiné en 904, la dynastie édrisite ne put parvenir à rétablir son prestige affaibli par les tristes règnes de Yahia II et d'Ali II. Après avoir exercé le pouvoir sans trop de difficultés jusqu'en 917, Yahia IV fut attaqué par Messala, le caïd du chiite Obeïd-Allah qui gouvernait à Qaï rouan. Assiégé dans Fès, sa capitale, Yahia IV dut bientôt se rendre et se reconnaître vassal d'Obeïd Allah. A cette condition, il conserva ses Etats pendant quatre ans encore, mais en 921 il fut arrêté, chargé de chaînes et exilé à Asila. 

L'empire édrisite fut alors livré par Messala à Rihan Elketami, qui s'établit à Fès et gouverna le pays du rant près de deux ans. El-Hasen, surnommé El-Haddjam, essaya de rétablir en sa personne la dynastie édrisite, et en 992 il chassa Rihan de Fès. Cette tentative heureuse au début ne tarda guère à échouer. Mousa, fils d'Abou'lafia, émir miknacien, attaqua El-Hasen, le vainquit et s'empara de Fès (925). Désormais les Edrisites ne devaient plus posséder que le Rif et le pays de Ghomara; cependant l'un d'eux, Kennoun, réussit à étendre son autorité sur une autre partie du Maghreb. Mais ni son premier fils Abou'l-Aïch Ahmed qui se plaça sous la suzeraineté des Omeyyades d'Espagne (avant de périr en combattant les Chrétiens en 960), ni son second fils El-Hasen (Haçan II) qui succéda à son frère en 954 n'avaient la valeur nécessaire pour s'imposer aux Berbères et lutter contre les califes d'Espagne. Après avoir d'abord abdiqué en 974, El-Hasen reprit le pouvoir sur les quelques villes qui avaient reconnu son autorité; poursuivi à la fois par les Fatimides et les Ommeyades, il fut vaincu par ces derniers et conduit à Cordoue, où il fut mis à mort (984). Avec lui s'éteignait pour toujours la dynastie édrisite qui, en réalité, avait cessé d'exister dès l'année 947. (O. Houdas).

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Dictionnaire biographique
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