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 Histoire de l'Amérique > L'Amérique précolombienneAmérique du Sud et Caraïbes
Les anciennes cultures andines
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Les anciennes cultures andines, dont les plus connues sont celles des Incas, des Mochicas, des Chavín, des Nazcas et des Tiwanaku, se sont développées dans les Andes, dans les territoires actuels du Pérou, de la Bolivie, de l'Équateur, du Chili, de l'Argentine et de la Colombie. Ces cultures, expressions de la grande civilisation andine, ont fleuri dans des environnements géographiques variés, comprenant parfois des montagnes escarpées et des vallées fertiles, mais aussi sur les côtes arides du Pérou et du nord du Chili. 

Afin de s'adapter aux pentes abruptes des montagnes, les cultures andines ont développé des terrasses (andenes, sing. anden) permettant de cultiver à différentes altitudes. Des canaux d'irrigation et des aqueducs  ont été construits, notamment dans les régions désertiques, pour maximiser l'eau et soutenir l'agriculture. Les cultures andines sont à l'origine de la domestication de la pomme de terre, du maïs, du quinoa et de diverses sortes de haricots. Le maïs et la pomme de terre étaient des aliments de base dans leur régime alimentaire.

Ces cultures andines avaient des structures sociales rigides avec une classe dirigeante, perçue comme divine ou semi-divine, au sommet. Le système de clan (ayllu, hata ou pachaca) ou d'unité de base  a été au centre de la vie sociale et économique. Les membres d'un ayllu travaillaient ensemble pour subvenir aux besoins de la communauté et honorer leurs obligations envers les dirigeants. Dans le cas des Incas, il y avait une centralisation du pouvoir avec un empereur (le Sapa Inca) à la tête d'un vaste empire, avec un réseau de routes et de postes de relais (chasquis) pour maintenir le contrôle.

Les Andes, montagnes sacrées, ont joué un rôle central dans la religion. Chaque montagne était un dieu ou un esprit puissant (apu), et des sacrifices (animaux et parfois humains) y étaient faits pour obtenir des récoltes abondantes ou pour protéger la communauté. Les cultures andines adoraient de nombreux dieux liés à la nature, comme Inti (le dieu du soleil) et Pachamama (la déesse de la terre). Le temple de Chavín de Huantar et la citadelle de Machu Picchu en sont des exemples d'architecture sacrée. 

Les Andins excellaient dans la construction en pierre. Les Incas notamment construisaient des murs cyclopéens avec des pierres ajustées au millimètre près sans mortier. Des sites comme Machu Picchu, Sacsayhuamán et les pyramides de Caral montrent leur maîtrise de l'urbanisme, avec des espaces réservés pour les cérémonies religieuses, les résidences et les défenses militaires. Les Incas développaient des techniques pour résister aux séismes grâce à des murs inclinés vers l'intérieur et des blocs de pierre imbriqués qui absorbaient les vibrations.

Les Mochicas et les Nazcas, de leur côté, ont produit des céramiques finement décorées et des textiles colorés, fréquemment ornés de motifs géométriques ou de scènes mythologiques. L'or et l'argent étaient extraits et travaillés avec une grande habileté, notamment par les Mochicas et les Incas, pour fabriquer des objets rituels et des ornements. Les dessins géométriques et les formes stylisées représentent ordinairement des dieux, des animaux symboliques comme le condor, le puma et le serpent, ainsi que des figures mythologiques.

Les anciennes cultures andines se distinguent par leur capacité à tirer parti des environnements exigeants de la région andine, à bâtir des sociétés complexes et à développer des technologies agricoles, architecturales et religieuses avancées. Elles laissent un héritage impressionnant, notamment par l'empire inca, dernier grand État de cette région avant l'arrivée des Espagnols.

Période lithique

Culture de Monte Verde.
Découvert au Chili, le site de Monte Verde a révélé des preuves de présence humaine très ancienne (vers 12 000 av. JC), bien avant les autres sites andins. Les habitants étaient des chasseurs-cueilleurs qui vivaient en groupe. On y a trouvé des outils en pierre, des restes de plantes et de viande, ainsi que des structures en bois, témoignant d'une certaine sophistication et d'un mode de vie semi-sédentaire. La découverte de Monte Verde a changé notre compréhension de l'occupation humaine des Andes et de l'Amérique du Sud en général, prouvant que l'installation humaine était bien plus ancienne qu'on le pensait.

Culture de Paiján.
La culture de Paiján (nord du Pérou, vers 9000 - 5000 av. JC) est caractérisée par un mode de vie de chasseurs-cueilleurs spécialisés dans la chasse aux animaux locaux, notamment le cerf. Les habitants utilisaient des outils en pierre, comme les pointes de projectile, qui sont caractéristiques et faciles à reconnaître. Ces pointes allongées servaient principalement pour la chasse. Paiján et d'autres sites au nord du Pérou, révèlent des campements avec des vestiges de foyers et des outils de pierre.

Période archaïque

Culture de Las Vegas.
Située sur la côte de l'Équateur, la culture de Las Vegas (vers 8000 - 4000 av. JC) montre une transition vers des activités agricoles, tout en maintenant un mode de vie de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. Les populations de cette culture habitaient des campements semi-permanents. Les fouilles ont révélé des restes de plantes cultivées, des outils de pierre, et des preuves d'une consommation de coquillages et de poissons, attestant d'une diversification alimentaire.Las Vegas est une des premières cultures andines où l'on observe une domestication progressive des plantes, signe des débuts de l'agriculture en Équateur.

Culture de Guitarrero.
La culture de Guitarrero a commencé à se développer dans lavallée de Callejón de Huaylas, au Pérou, dès 5000 av. JC.). Elle représente elle aussi une transition vers la sédentarité avec l'introduction de l'agriculture dans la région andine. Les habitants pratiquaient une agriculture rudimentaire, cultivant des tubercules comme la pomme de terre. On a découvert des outils pour l'agriculture et de premiers exemples de céramique primitive. 

Culture de Nanchoc.
Les habitants de la culture Nanchoc (Pérou), qui vivaient vers 4000 à 3000 av. JC, pratiquaient l'agriculture et la domestication d'animaux, notamment des lamas et des alpacas, et vivaient dans des villages. Ils cultivaient le maïs et d'autres plantes locales, en développant des techniques agricoles comme la culture en terrasses, une méthode qui deviendra essentielle pour les cultures andines ultérieures. Nanchoc est l'un des sites les plus représentatifs de la Période archaïque, et montre des avancées significatives en agriculture et en domestication animale.

Culture de Caral.
 La culture Caral, découverte relativement récemment, est l'une des plus anciennes cultures d'Amérique et même du monde, ayant existé entre environ 3000 et 1800 avant notre ère. Elle est originaire de la région de Supe, située sur la côte nord de l'actuel Pérou. Caral a contribué à l''architecture, à l'organisation sociale et au développement de cultures andines ultérieures.

La ville de Caral, considérée comme le centre principal de cette culture, a été mise au jour dans les années 1990 par l'archéologue péruvienne Ruth Shady. Ce site archéologique a révélé des structures monumentales qui témoignent d'une société très organisée, avec des caractéristiques qui la placent parmi les premières civilisations connues, telles que celles de Mésopotamie et d'Égypte. 

Caral se signale par ses pyramides à degrés, dont certaines atteignent une hauteur de 20 mètres. Elles étaient utilisées probablement à des fins cérémonielles et religieuses. On trouve également sur le site des places circulaires et des amphithéâtres, témoignant d'une architecture complexe et d'un sens de la planification urbaine.

La société Caral semble avoir été pacifique, car aucun vestige d'armes ni de fortifications n'a été retrouvé sur le site. L'économie de Caral reposait en grande partie sur l'agriculture et la pêche, les habitants cultivant notamment du coton, de la calebasse et des haricots, en plus de commercer avec d'autres régions.

Les habitants de Caral ont conçu un réseau de canaux d'irrigation avancé, permettant une agriculture efficace dans une région semi-aride. Ils ont fabriqué des instruments de musique en os, en particulier des flûtes en os de pélican et de condor, illustrant l'importance de la musique dans leur culture.

La culture Caral entretenait des réseaux d'échange avec d'autres cultures côtières et amazoniennes. Des produits comme le poisson, le coton, les coquillages et d'autres ressources naturelles circulaient probablement par ces réseaux.

Bien que peu de choses soient connues de leurs croyances, les structures de Caral suggèrent que les cérémonies et les rituels jouaient un rôle central dans leur société. Les places circulaires pourraient avoir servi de lieux de rassemblement pour des rituels collectifs.

La culture Caral a probablement influencé les cultures andines qui ont suivi, en posant les bases d'une organisation sociale et économique complexe. Bien que la culture Caral ait disparu vers 1800 avant notre ère, son héritage architectural et son système d'organisation ont marqué durablement les sociétés qui ont prospéré dans la région andine par la suite. La ville de Caral a été déclarée patrimoine mondial de l'Unesco en 2009.

Période Initiale

La Période est caractérisée par l'essor de la céramique et des premiers édifices religieux. Les sociétés deviennent de plus en plus hiérarchisées et établissent des centres cérémoniels. On assiste aussi à  l'expansion de l'agriculture.

Culture de Kotosh.
La culture de Kotosh (Haute vallée de Huallaga, Pérou, vers 1800 - 1200 av. JC)   révèle un sens architectural et rituel avancé. Les structures (comme ses temples, et notamment le Temple des Mains Croisées) étaient en pierre, avec des pièces pour les rituels, ce qui montre une organisation religieuse et une élite chargée des rites. Le site de Kotosh est l'un des premiers exemples de temples andins avec des espaces rituels internes, annonçant l'importance de la religion dans les Andes.

Chiripa. 
La culture Chiripa (vers 1500 - 100 av. JC) s'est développée dans la région du lac Titicaca, dans l'actuelle Bolivie. Le site de Chiripa se distingue par ses structures circulaires appelées chullpas , qui étaient des tours funéraires. Les vestiges architecturaux comprennent également des temples et des espaces résidentiels. Chiripa a produit une céramique décorée avec des motifs géométriques et figuratifs, et des figurines en argile représentant des personnages humains et des animaux. On peut y voir un  précurseur de la civilisation de Tiwanaku et elle révèle aussi les débuts de l'organisation sociale et religieuse dans les Andes.

Las Haldas.
La culture de Las haldas  (vers 1800 - 1500 av. JC.)  est l'une des premières cultures de la côte andine à construire des structures monumentales. Le site de La Haldas, qui se situe sur la côte nord du Pérou, près de l'actuelle ville de Casma, comporte des pyramides à gradins en adobe, utilisées probablement pour des rituels religieux. L'architecture est impressionnante pour son époque et témoigne de l'ingéniosité en matière de construction. Cette culture montre le développement des premières sociétés complexes sur la côte péruvienne et préfigure des structures monumentales plus élaborées comme celles de Sechin Alto.

Sechin Alto.
Situé dans la vallée de Casma, sur la côte nord du Pérou, Sechin Alto (vers 1800 - 900 av. JC) est un complexe architectural massif, l'un des plus grands d'Amérique du Sud. Il est composé de pyramides, de places et d'édifices cérémoniels. Les sculptures murales de Sechin montrent des scènes de guerre, des personnages armés et des figures mutilées, ce qui est rare pour cette époque. Le site reflète une société hiérarchisée avec une classe dirigeante, et montre l'importance des rituels et peut-être des conflits dans la culture.

Horizon ancien ou Période de formation

Cette période, dominée par la culture Chavín, se signale par l'apparition d'une iconographie symbolique complexe et de formes d'art influencées par des idées religieuses. La céramique et les textiles atteignent des niveaux de qualité très élevés. Les cultures de cette période vont server de base aux civilisations plus complexes qui suivront dans les Andes, en particulier celles des Mochicas et les Nazcas et même, plus tard, celle de l'empire Inca.

La culture Chavín
La culture Chavín a prospéré entre environ 900 et 200 avant notre ère. Elle est nommée d'après le site archéologique de Chavín de Huántar, situé à 3 200 mètres d'altitude, dans les Andes centrales du Pérou, qui fut son principal centre religieux, politique et culturel. Ce site et abrite des temples monumentaux et des galeries souterraines. Il attirait des pèlerins de toute la région. L'architecture de Chavín de Huántar est impressionnante par ses constructions en pierre massives, avec des passages labyrinthiques et des chambres souterraines.

La religion comporte des divinités représentées sous des formes hybrides mélangeant humains et animaux (notamment félins, serpents et rapaces).  L'une des représentations religieuses les plus célèbres est le Lanzón, un monolithe de 4,5 mètres en forme de lance qui se trouve dans le temple principal de Chavín de Huántar, et qui représente un dieu aux traits de félin et de serpent. L'obélisque Tello  et d'autres sculptures en pierre illustrent une riche iconographie qui suggère des visions chamaniques et des transformations mythologiques.

Les Chavín fabriqaient des sculptures en pierre, des céramiques et des textiles détaillés. Leur style a influencé de nombreuses cultures ultérieures dans la région andine. Les têtes clouées, des sculptures en forme de têtes humaines ou animales fixées sur les murs des temples, sont caractéristiques de cette culture. Ces têtes représenteraient, ici encore, des transformations entre l'humain et le divin ou des visions hallucinatoires de chamans.

Le complexe de Chavín de Huántar possède un système hydraulique sophistiqué de canaux souterrains. Ce réseau permettait de canaliser les eaux du fleuve Mosna et de créer des effets sonores particuliers à l'intérieur du temple, probablement dans un but rituel ou pour impressionner les pèlerins.

La culture Chavín a eu une influence considérable sur les autres peuples andins, comme en témoigne la diffusion de motifs artistiques et de concepts religieux. Elle est souvent considérée comme une "culture mère" des Andes, ayant propagé ses idées et ses pratiques religieuses sur un vaste territoire. Elle a a joué en tout cas un rôle fondamental dans l'évolution des cultures andines en posant les bases d'une religion centralisée et d'une organisation sociale fondée sur des croyances religieuses communes.  Aujourd'hui, Chavín de Huántar est un site archéologique d'une importance mondiale et un patrimoine de l'Unesco depuis 1985.

Culture de Cupisnique.
La culture de Cupisnique  (côte nord du Pérou, vers 1000 - 200 av. JC.)  partage plusieurs éléments artistiques et religieux avec Chavín, bien qu'elle soit située sur la côte nord. Elle a produite une poterie distinctive aux motifs religieux. Les temples et les sculptures de Cupisnique montrent une maîtrise de la céramique et de la sculpture, souvent décorées de motifs serpentins et félins similaires à ceux de Chavín. La culture Cupisnique est un exemple de l'influence de Chavín sur les autres cultures de la région andine. Elle illustre aussi comment le modèle chavín était adopté, adapté et interprété différemment dans les régions côtières.

La culture Paracas
La culture Paracas  a prospéré entre environ 700 avant notre ère et 200 de notre ère sur la côte sud du Pérou. Les découvertes de la culture Paracas ont principalement eu lieu sur les sites de Cavernas (Paracas-Cavernas) et de Paracas-Necrópolis, dans la péninsule de Paracas (un nom quechua qui signifie "plui de sable). Ces découvertes ont été faites au début du XXe siècle par l'archéologue péruvien Julio C. Tello, dont les recherches ont permis de révéler l'importance de cette culture dans le contexte andin.

Cette culture se signale d'abord par ses textiles de grande qualité, parmi les plus élaborés et colorés de l'histoire des cultures andines. Les tissus Paracas étaient principalement fabriqués à partir de coton et de laine de camélidés (lamas, alpagas) et arborent des motifs parmi lesquels on remarque des figures humaines, animales et surnaturelles qui étaient vraisemblablement  reliées à des croyances religieuses et des visions chamaniques. Les textiles Paracas sont bien préservés grâce au climat aride de la région et sont considérés comme des chefs-d'oeuvre en raison de leur finesse et de la richesse de leurs coloris naturels. Certaines pièces comportent des milliers de fils par centimètre carré et témoignent de techniques de tissage très élaborées.  Les textiles Paracas découverts sont aujourd'hui exposés dans plusieurs musées, où ils sont considérés comme des pièces d'une importance historique majeure.

Les Paracas enterraient leurs morts dans des sépultures ordinairement situées dans des puits funéraires profonds. Les corps étaient momifiés et placés dans des positions foetales, entourés de couches de textiles et de divers objets.  Le site de Cavernas, en particulier, a révélé plusieurs de ces sépultures, où les momies étaient enveloppées dans des fardos, des paquets funéraires qui pouvaient contenir plusieurs couches de textiles et offrandes, tels que des céramiques et des outils. La momification chez les Paracas révèle leurs connaissances avancées dans la préservation des corps, ainsi que l'importance des pratiques rituelles et religieuses pour leur vision de l'au-delà.

L'une des particularités de la culture Paracas est l'usage de la trépanation crânienne. Des crânes avec des marques de trépanation ont été retrouvés, indiquant que les Paracas pratiquaient la chirurgie crânienne pour traiter diverses affections, peut-être liées à des traumatismes ou des maladies.  Certaines de ces opérations ont été réussies, les crânes montrant des signes de guérison autour des zones trépanées. Les Paracas pratiquaient aussi la déformation crânienne, une coutume qui consistait à modeler le crâne des enfants en utilisant des planches et des cordes pour en modifier progressivement la forme. Ce rituel visait peut-être à marquer le statut social ou religieux. Les crânes allongés retrouvés sont particulièrement distinctifs et sont associés aux élites de la culture Paracas. 

La céramique Paracas est moins complexe que leurs textiles. Son style unique est géométrique ou abstrait, avec aussi des représentations de figures humaines et animales. Elle est caractérisée par des motifs en relief et des peintures polychromes.   Certaines de ces céramiques étaient associées aux rituels funéraires et servaient de réceptacles pour les offrandes.

La culture Paracas a influencé de manière significative la culture Nazca qui lui a succédé dans la même région. En particulier, les techniques de tissage et certains motifs artistiques de Paracas se retrouvent dans l'art nazca, tout comme certaines pratiques funéraires. La culture Nazca a également hérité de certaines techniques agricoles et hydrauliques des Paracas, qui leur ont permis de cultiver dans des environnements arides.

La culture Chanquillo.
Le site de Chanquillo se trouve dans la vallée de Casma, au nord du Pérou. La culture de Chanquillo (vers 400 av. JC - 200 av. JC) se signale par ses structures à connotation astronomiques, notamment les treize tours alignées, et qui permettent de suivre le mouvement du soleil tout au long de l'année. Chanquillo est considéré comme l'un des plus anciens sites ayant accordé une importance au cycle solaire, sans doute en relation avec des rituels agricoles. 

Période intermédiaire ancienne

Cette période voit l'émergence de royaumes régionaux bien distincts et de cultures indépendantes comme les cultures  Nazca, Mochica et Tiahuanaco.

La culture Vicus.
La culture Vicus s'est développée dans le désert côtier du nord du Pérou,, principalement dans la vallée de la rivière Piura, entre environ 500 av. JC et 500 ap. JC. Cette culture a été redécouverte dans les années 1960, lorsque des fouilles archéologiques ont été menées dans le nord du Pérou. Toutefois, une grande partie des objets a été trouvée par des pilleurs de tombes avant que les archéologues ne puissent étudier le site de manière systématique, ce qui a compliqué les recherches et l'interprétation de cette culture.

Les Vicus n'ont laissé que peu de traces de grands centres urbains ou de pyramides comme d'autres cultures péruviennes, ce qui laisse penser que leur société pourrait avoir été plus dispersée. Les habitations et édifices de cette civilisation étaient généralement faits de matériaux simples comme l'adobe. La culture Vicus est surtout connue pour ses céramiques distinctives, ses techniques métallurgiques et ses pratiques funéraires. 

La céramique Vicus se caractérise par des couleurs vives, où dominent le rouge et les beige. Les potiers Vicus créaient des sculptures en céramique sous forme de figures humaines, animales et mythologiques. Les représentations sont très réalistes et offrent des scènes de la vie quotidienne, comme la chasse, l'agriculture et la musique. Les scènes érotiques sont également fréquentes, et reflètent des aspects culturels de la fertilité et de la religion. Les Vicus utilisaient souvent la technique de la "peinture négative", qui consiste à peindre des motifs qui apparaissent en négatif lorsqu'on cuit la céramique, une technique qui les différencie des autres cultures de l'époque.

Les artisans Vicus étaient aussi des experts en métallurgie, surtout dans la fabrication d'objets en cuivre et en or. Is recouraient à des techniques élaborées de soudure et de martelage et fabriquaient des bijoux, des masques funéraires, des haches et d'autres objets cérémoniels. La technique de l'or martelé et la soudure à haute température étaient particulièrement avancées, ce qui a permis de créer des objets de grande qualité, souvent ornés de symboles religieux ou de figures animales. Les objets métalliques de Vicus, en particulier ceux trouvés dans les tombes, sont d'une finesse et d'un symbolisme qui témoignent de leur importance dans les rituels.

Les sites funéraires de Vicus sont parmi les plus riches d'objets et d'artefacts retrouvés dans cette culture. Les tombes Vicus sont généralement profondes, en forme de puits, et contiennent des céramiques, des objets en or, des armes et des instruments de musique. Les défunts étaient enterrés avec de nombreux biens personnels, ce qui indique des croyances dans une autre vie après la mort, semblables à celles de nombreuses autres cultures andines.  Certaines tombes comportaient des sacrifices humains ou animaux, vraisemblablement dans le cadre de cérémonies religieuses visant à accompagner les défunts de haut rang dans l'au-delà.

La société Vicus semble avoir été hiérarchisée, avec une élite possédant des objets en métal précieux et des armes, ce qui laisse penser que les guerriers ou les chefs avaient un rôle important. L'économie de Vicus était probablement basée sur l'agriculture (notamment le maïs, les haricots, et les courges) et l'élevage, ainsi que sur l'artisanat, particulièrement la céramique et la métallurgie.  Les relations commerciales avec les cultures voisines, notamment les Moche et les Cupisnique, auraient contribué au développement de la culture Vicus et à l'enrichissement de ses pratiques artistiques et artisanales.

La culture Nazca.
La culture Nazca, qui s'est épanouie entre environ 200 avant notre ère et 600 de notre ère s'est épanouie sur la côte sud du Pérou. Elle est surtout connue pour ses mystérieuses lignes de Nazca (gigantesques géoglyphes visibles depuis le ciel), mais elle a également laissé un riche héritage en matière de céramique, de textile et d'architecture hydraulique. Les Nazcas ont habité dans une région désertique où ils ont développé une ingénierie sophistiquée pour assurer leur subsistance, notamment en cultivant des oasis artificielles.

Les lignes de Nazca, découvertes en grande partie dans les années 1920, sont sans doute l'aspect le plus emblématique de cette culture. Ces géoglyphes sont constitués de lignes droites, de figures géométriques et de formes animalières (colibri, araignée, singe, etc.) gravées dans le sol désertique. Certaines de ces figures mesurent plus de 200 mètres de long. L'objectif des lignes de Nazca reste débattu. Elles pourraîent correspondre à des itinéraires cérémoniels. Certains chercheurs pensent que les lignes de Nazca faisaient partie de rituels dédiés aux dieux pour invoquer la pluie ou s'assurer des bonnes récoltes. Les géoglyphes ont été réalisés en retirant la couche supérieure de graviers rouges du désert pour exposer le sol plus clair en dessous, créant ainsi des contrastes visibles. Leur préservation est due à l'aridité de la région, qui empêche l'érosion. Le site de ces lignes a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1994

La céramique Nazca se caractérise par ses couleurs vives et ses formes élégantes. Les poteries étaient fréquemment peintes avec des motifs géométriques, des figures animales et humaines, ainsi que des divinités. Les potiers Nazcas utilisaient jusqu'à une dizaine de pigments différents, et créaient ainsi des céramiques polychromes avec des tons rouges, jaunes, verts et violets. Ces poteries devaient servir dans des contextes cérémoniels et étaient enterrées avec les défunts comme offrandes funéraires.

Les Nazcas ont produit des textiles remarquables, grâce à des techniques de tissage complexes et à une palette de couleurs riche. Ces textiles montrent des motifs similaires à ceux des céramiques. Comme chez leurs prédécesseurs Paracas, les Nazcas considéraient les textiles comme des objets de grande valeur culturelle et religieuse. Des pièces textiles de grande qualité ont été retrouvées dans des sépultures.

La religion Nazca était probablement centrée sur le culte des éléments naturels, particulièrement l'eau, essentielle pour survivre dans leur environnement aride. Les divinités Nazcas étaient représentées sous forme de figures animales ou hybrides, telles que le jaguar, le serpent et l'oiseau, qui symbolisaient des pouvoirs surnaturels. La figure du tueur de têtes ou Decapitador est un motif fréquent dans l'art Nazca et représente une divinité liée à des rituels de décapitation, peut-être une pratique de fertilité ou de pouvoir, visant à s'attirer la bienveillance des dieux. Cahuachi était un grand centre cérémoniel avec des pyramides de terre et des places publiques qui servaient de lieu de rassemblement religieux. Des objets funéraires, des céramiques et des textiles ont été retrouvés à Cahuachi, témoignant des rituels et des pratiques religieuses Nazcas.

Les Nazcas ont développé un système d'irrigation qui leur a permis de survivre dans un environnement désertique. Ils ont construit des puquios, des canaux souterrains, dotés de puits en spirale, qui servaient à maintenir un approvisionnement en eau constant, même pendant les saisons sèches. Les puquios étaient conçus pour capter les eaux souterraines et les diriger vers les cultures, garantissant ainsi la viabilité de l'agriculture dans une région avec très peu de précipitations. Grâce à ce système, les Nazcas cultivaient le maïs, les haricots, les pommes de terre et le coton.

La société Nazca était probablement organisée en plusieurs petites chefferies ou groupes tribaux, sans centralisation politique forte. Ces communautés étaient reliées par des pratiques religieuses et culturelles communes, notamment les rituels associés aux grands géopglyphes. La présence de sépultures richement ornées et de grands centres cérémoniels laisse penser que les chefs et les prêtres jouaient un rôle majeur dans la société, notamment dans les rituels et la prise de décision concernant les ressources en eau.

Salinar.
La culture Salinar  (vers 400 av. JC - 200 av. JC) est localisée dans la région de La Libertad, dans la vallée de Virú, au nord du Pérou. Les Salinar construisaient des complexes défensifs et possédaient un style céramique distinctif, avec des vases à double bec et étrier. Ils pratiquaient également l'agriculture et l'irrigation. La culture Salinar est considérée comme un lien de transition entre les cultures Cupisnique et Mochica. Elle témoigne d'un besoin de protection, probablement dû à des conflits, et marque un développement dans les techniques agricoles et d'irrigation.

Culture Recuay.
La culture Recuay (vers 200 av. JC - 600 ap. JC) s'est développée dans les hautes terres de la région d'Ancash, dans le nord du Pérou. Les Recuay ont produit une céramique distinctive avec des représentations de guerriers et de scènes mythologiques. Ils avaient une bonne maîtrise de la sculpture sur pierre et construisaient des fortifications (unearchitecture défensive, qui reflète les tensions interethniques de l'époque)  et des tombes monumentales. Les objets en pierre, comme les monolithes, sont typiques de cette culture. 

Virú.
La culture Virú (vers 200 av. JC - 500 ap. JC) s'est développée dans la vallée de Virú, sur la côte nord du Pérou. Les Virú ont accompli des avancées en irrigation, qui leur ont permis de cultiver des zones arides. Leur architecture comprend des centres cérémoniels en adobe, et leur céramique porte des motifs géométriques et animaux. La culture Virú a influencé le développement de la civilisation Mochica, particulièrement en matière d'irrigation et de gestion des ressources en eau.

La culture Mochica.
La culture Mochica (ou Moche) s'est épanouie entre environ 100 et 700 de notre ère le long de la côte nord du Pérou. Les Mochica ont laissé des céramiques, qui figurent parmi les plus fines de l'époque précolombienne. Ces poteries représentent généralement des scènes de la vie quotidienne, des animaux, des guerriers et des divinités. Elles se recommandent pour leur réalisme et leurs détails. Les vases-portrait mochica sont des cruches sculptées en forme de têtes humaines avec des traits expressifs, qui peuvent représenter des individus spécifiques, probablement des membres de l'élite ou des chefs. Les céramiques mochicas abordent également des thèmes religieux, rituels et érotiques.

La culture mochica est également reconnue pour son travail du métal, particulièrement en or, argent et cuivre. Ils fabriquaient des bijoux, des masques, et des ornements destinés aux élites, qui reflétaient leur statut social. Leur expertise en métallurgie se retrouve dans des pièces sophistiquées comme des diadèmes, des pectoraux et des objets rituels ornés de motifs religieux. L'orfèvrerie mochica influencera les cultures andines ultérieures, notamment dans le symbolisme et les techniques de travail des métaux.

Les Mochica ont bâti des pyramides monumentales en adobe (briques de terre séchée), telles que la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna. Ces deux grandes structures sont situées près de Trujillo. La Huaca del Sol était probablement un centre politique, tandis que la Huaca de la Luna servait de lieu religieux où étaient menés des sacrifices et d'autres rituels. Ces pyramides comportent des fresques murales colorées, qui illustrent des scènes mythologiques. Le site archéologique de Sipán, découvert en 1987, qui a révélé des sépultures intactes de l'élite mochica. La tombe dite du Seigneur de Sipán, l'un des seigneurs mochicas les plus riches, contenait de nombreux objets en or, argent et cuivre, ainsi que des céramiques et des textiles. Cette découverte a permis aux archéologues de mieux comprendre les rituels funéraires et l'organisation de la société mochica. Les offrandes funéraires trouvées, ainsi que la complexité des sépultures, indiquent que les seigneurs mochicas étaient considérés comme des figures quasi divines.

La religion mochica est caractérisée par un riche panthéon. Les divinités apparaissent fréquemment sous la forme d' animaux et des figures mythologiques. Ai Apaec, surnommé le Décapiteur, était l'une des principales divinités de cette culture. Il est représenté avec des crocs et parfois un visage félin, il symbolisait la guerre et la fertilité. Les Mochica pratiquaient des sacrifices humains, plutôt de prisonniers de guerre, en hommage à leurs dieux. Ces rituels étaient représentés dans leur iconographie et se déroulaient probablement dans la Huaca de la Luna, où des restes de victimes sacrificielles ont été découverts. La symbolique des Mochica montre une forte connexion avec l'eau, en raison de son importance pour l'agriculture.

Les Mochica ont développé des systèmes d'irrigation permettant l'agriculture dans les régions arides de la côte nord péruvienne. Cette maîtrise de l'eau était essentielle à leur survie et à leur prospérité, car elle leur permettait d'entretenir une économie agricole florissante dans un environnement sec.. Ils cultivaient une grande variété de plantes, telles que le maïs, les haricots, les pommes de terre et la coca. 

La société mochica était très hiérarchisée, avec une élite guerrière et religieuse au sommet, suivie par des artisans spécialisés, des agriculteurs et des travailleurs. Les Mochica n'ont pas formé un empire unifié comme le feront les Incas. Ils étaient divisés en plusieurs royaumes indépendants mais culturellement liés, chacun contrôlé par un chef local. 

La culture mochica a fortement influencé les cultures qui lui ont succédé, notamment la culture Lambayeque et la culture Chimú, qui adopteront certaines techniques artistiques et de gestion de l'eau. Plus tard, l'empire Inca intégrera également plusieurs éléments de la société mochica, en particulier dans le domaine de l'agriculture et de l'artisanat.

La culture de Tiwanaku.
La culture Tiwanaku  a prospéré principalement sur l'Altiplano, autour du lac Titicaca, à la frontière actuelle entre la Bolivie et le Pérou. Elle s'est développée entre environ 300 av. JC. et 1100 apr. JC, atteignant son apogée entre les années 500 et 1000. Les Tiwanakus étaient établis autour de leur capitale, Tiwanaku (ou Tiahuanaco), une ville sacrée et un centre politique et religieux situé à près de 4000 mètres d'altitude. La culture Tiwanaku s'est développée dans un environnement difficile, avec un climat froid et des ressources limitées, mais ils ont su tirer parti de l'Altiplano grâce à des innovations agricoles sophistiquées. Ils ont inventé un système complexe de champs surélevés, qui leur permettait de cultiver de façon efficace malgré les conditions arides. Ces champs surélevés étaient entourés de canaux qui aidaient à réguler la température, à réduire les risques de gelées nocturnes, et à maintenir l'humidité des cultures.

La capitale de Tiwanaku était un centre monumental avec des structures impressionnantes comme le temple semi-souterrain,une place entourée de murs en pierre où sont gravées des têtes de figures humaines, la Porte du Soleil, une imposante porte monolithique ornée de gravures représentant des motifs religieux., ou encore le complexe de Kalasasaya, un temple sur une plateforme surélevée, possiblement utilisé pour des rituels religieux. Des constructions, qui témoignent de la maîtrise de la taille de la pierre, du travail de précision sur les blocs de roche, et de l'organisation architecturale de cette culture.

La religion des Tiwanakus était centrée sur des cultes liés à la nature, le soleil et les astres. Leur divinité principale semble avoir été Viracocha, le dieu créateur et civilisateur, représenté sur la Porte du Soleil, tenant des sceptres et entouré de symboles célestes. Cette religion influencera les cultures andines postérieures, notamment celle les Incas. La société Tiwanaku était vraisemblablement hiérarchisée, avec une élite religieuse et politique à sa tête. Leur influence s'étendait sur un vaste territoire, incluant une grande partie de l'Altiplano bolivien, du Pérou et du nord du Chili. Cette expansion était probablement liée à un réseau d'échanges commerciaux et à la diffusion de leur religion et culture.

La clture Tiwanaku a commencé à décliner autour de l'an 1000, probablement à cause de changements climatiques qui ont perturbé leur système agricole, ainsi que de tensions internes et de possibles conflits avec des groupes voisins. Vers 1100, la ville de Tiwanaku avait été abandonnée. Son influence se ressent cependant encore aujourd'hui dans les Andes, à travers l'art, les traditions agricoles et certains aspects de la religion des peuples andins. Les Incas, qui ont plus tard dominé cette région, considéraient les Tiwanakus comme des ancêtres prestigieux et ont intégré des éléments de leur culture.

Culture Lima.
La culture Lima (vers 100 - 650 ap. JC) s'est établie dans la région de la vallée de Rimac, qui correspond aujourd'hui à l'actuelle ville de Lima, sur la côte centrale du Pérou. Les Limas ont construit en adobe leurs monuments, qui sont visibles dans des sites tels que Maranga et Huaca Pucllana. Ils utilisaient des motifs géométriques et des couleurs vives dans leurs céramiques. Cette culture pratiquait également l'irrigation pour soutenir l'agriculture. La culture de Lima a contribué au développement urbain et religieux de la côte péruvienne, ainsi qu'à l'art de la poterie et de l'irrigation. Elle a influencé les cultures postérieures de la région avant d'être intégrée dans l'Empire Huari.

Horizon moyen : la culture Huari

Cette période est essentiellement marquée par l'expansion de la culture Huari (ou Wari), qui forme l'une des premières tentatives d'empire unifié dans la région andine.

La culture Huari
La culture Huari (ou Wari) s'est développée dans les Andes péruviennes entre environ 500 et 1000 ap. JC, soit au même moment que la culture Tiwanaku. Les Huari sont issus d'une fusion culturelle complexe dans les Andes centrales. Le site archéologique de Huari, près d'Ayacucho, était la capitale de cet empire et un centre administratif, religieux et militaire. À partir de ce site, la culture Huari a étendu son influence dans une grande partie de ce qui est aujourd'hui le Pérou, englobant des régions côtières, des vallées andines, et s'étendant jusqu'à des zones montagneuses éloignées.

Les Huari ont mis en place un système de contrôle centralisé basé sur des centres urbains fortifiés et des routes qui reliaient leurs colonies. L'architecture Huari se caractérise par des complexes de bâtiments en adobe et en pierre, organisés en fonction de fonctions administratives et religieuses. Les centres urbains, dont Huari et Pikillacta près de Cuzco, étaient souvent organisés en quadrillages, avec des résidences, des entrepôts et des places, illustrant une société hiérarchisée et organisée. Les Huari construisirent également un rgrand éseau de routes pour faciliter la circulation des biens, des personnes et des informations entre leurs centres régionaux. Ce réseau préfigure le système de routes qui sera plus tard perfectionné par les Incas. Les Huari utilisaient des terrasses pour cultiver dans les montagnes , optimisant ainsi les ressources limitées en terres agricoles. Ces terrasses permettaient aussi de prévenir l'érosion des sols, et leur usage s'est répandu dans l'ensemble de la région andine.

La religion des Huari s'inspirait fortement de la culture de Tiwanaku, avec laquelle elle partageait des symboles religieux et des représentations de divinités. On retrouve dans l'art Huari des figures anthropomorphes et des créatures mythologiques similaires aux divinités de Tiwanaku, comme Viracocha, le dieu créateur. L'art Huari se signale par ses céramiques aux motifs géométriques et ses textiles colorés, abriqués avec une grande habileté, et  ornés de symboles religieux ( motifs  abstraits, figures humaines et animales). Ces textiles ont eu une importance étaient utilisés pour marquer des statuts sociaux et des événements rituels.

La culture Huari semble avoir été organisée en un système centralisé, avec une élite contrôlant les régions à travers un réseau de gouverneurs et d'administrateurs locaux. Ce système était probablement renforcé par l'idéologie religieuse. Cette forme de gouvernance influencera les Incas, qui reprendront plus tard des aspects de la gestion Huari, en intégrant leurs systèmes de taxation, de contrôle agricole et d'infrastructure routière. L'empire Huari a commencé à décliner autour de l'an 1000.  À la suite de son déclin, diverses régions se sont autonomisées, mais l'influence Huari a perduré dans leurs pratiques et systèmes sociaux.

Période intermédiaire récente

La culture Manteño-Guancavilca.
La culture Manteño-Guancavilca  (vers 500 - 1532 apr. JC) s'est établie dans la région côtière de l'actuel Équateur. Les Manteño-Guancavilca sont connus pour leurs navires en balsa, qui leur permettaient de naviguer et d'échanger avec d'autres régions. Ils excellaient dans la production de céramiques et de sculptures en pierre, notamment les sièges cérémoniels en forme de U et les représentations de divinités.  Cette culture a développé le commerce maritime et les réseaux d'échange avec des régions aussi lointaines que le Mexique. Leur maîtrise de la navigation et leur artisanat ont influencé d'autres cultures andines. Ils ont été en contact avec les Incas juste avant la conquête espagnole.

La culture Chibcha.
Les Chibcha, également appelés Muiscas, ont développé leur culture (vers 800 - 1600 apr. JC) dans l'actuelle Colombie, principalement dans les hautes terres de la région de Cundinamarca et Boyacá. Les Chibcha avaient un grand savoir-faire en métallurgie, notamment dans le travail de l'or, ce qui a participé à inspirer le mythe de El Dorado. Leur société était organisée en confédérations et basée sur l'agriculture, la céramique et les pratiques religieuses associées aux cultes de la nature. La culture Chibcha est l'une des plus développées de la région colombienne. Elle montre un niveau avancé d'organisation sociale, de techniques agricoles et de production artisanale, avec des pratiques religieuses importantes et des échanges commerciaux avec d'autres groupes andins.

La culture Lambayeque (Sicán)
La culture Lambayeque (ou  culture  Sicán) s'est développée sur la côte nord du Pérou, principalement dans la région actuelle de Lambayeque, entre environ 750 et 1375 ap JC. Cette culturea succédé aux Mochicas (et peut en être vue comme un prolongement) et a influencé la culture Chimú qui lui a succédé. On lui doit de magnifiques oeuvres d'art en or, des céramiques sophistiquées et des grandes réalisations en ingénierie hydraulique. Elle tire son nom de la légendaire figure de Naymlap, un personnage mythique, arrivé en bateau par la mer avec  un entourage de serviteurs et de familles nobles, et qui aurait fondé la dynastie Lambayeque. Après sa mort, une lignée de dirigeants aurait perpétué son héritage.

La culture Lambayeque était organisée en une société hiérarchique où l'élite religieuse et politique détenait une grande partie du pouvoir. La structure sociale se composait de dirigeants, de prêtres, d'artisans et de cultivateurs. Les dirigeants étaient étroitement associés aux rituels religieux et aux croyances, étant souvent enterrés avec des richesses considérables. Les Lambayeques construisirent de vastes complexes cérémoniels et pyramides, comme les célèbres pyramides de Túcume, qui constituent l'un des plus grands ensembles de pyramides d'Amérique du Sud. Ces pyramides, faites en adobe, pouvaient être utilisées pour des cérémonies religieuses et servaient de mausolées pour les élites. Le site de Batán Grande est également un lieu important où ont été retrouvés de nombreux objets précieux, et qui servait de centre de la métallurgie lambayéquienne.

Les Lambayeques avaient une maîtrise exceptionnelle du travail du métal, particulièrement dans la création d'objets en or et en alliages. Ils maîtrisaient des techniques avancées, comme l'incrustation, le moulage et le placage, et produisaient des masques funéraires, des bijoux et des ornements destinés aux cérémonies. Leurs masques funéraires, ordinairement ornés de coquillages et de pierres semi-précieuses, sont remarquables pour leurs représentations stylisées de visages aux grands yeux en amande. Les Lambayeques créaient aussi des céramiques élégantes, reconnaissables par leur couleur noire et leurs formes typiques. Les céramiques lambayeques représentent habituellement des motifs liés à la mer et aux animaux, et parfois aussi des figures mythologiques et des scènes de la vie quotidienne. La céramique lambayeque se distingue par l'usage de représentations géométriques et la finesse des détails.

Grâce à un vaste réseau de canaux d'irrigation , les Lambayeques ont réussi à irriguer les terres arides de la région, rendant possible la culture du maïs, du coton, des courges et de divers fruits. Ce système hydraulique a permis une productivité agricole suffisante pour soutenir une population importante et une élite riche.

La religion lambayeque était centrée sur des dieux liés  au ciel et à la mer, avec des pratiques qui incluaient des sacrifices humains et des offrandes. La figure du dieu ailé, Ai Apaec, était très vénérée et souvent représentée dans l'art lambayéque. Les rituels funéraires des élites impliquaient des masques dorés et des objets métalliques précieux enterrés avec les défunts, pour accompagner et protéger leur passage vers l'au-delà.

Vers le XIVe siècle, la culture Lambayeque décline, probablement en raison de conflits internes, de changements climatiques (comme des épisodes d'El Niño) et de l'invasion de la culture Chimú. Les Chimús finiront par absorber les Lambayeques et hériter de plusieurs de leurs pratiques artistiques et techniques, en particulier en métallurgie.

Culture de Chachapoyas.
Située dans les montagnes du nord du Pérou difficiles d'accès, dans une région de forêts nuageuses, la culture Chachapoyas  (vers 800 - 1500 apr. JC) a construit des imposants bâtiments en pierre et des forteresses, telles que le site de Kuélap, un complexe entouré de murs massifs. Les Chachapoyas sont également connus pour leurs sarcophages anthropomorphes et leurs peintures murales. Bien que la culture Chachapoyas soit restée indépendante pendant longtemps, elle a été conquise par les Incas au XVe siècle. 

La culture Chimú.
La culture Chimú a prospéré sur la côte nord du Pérou entre les IXe et XVe siècles. Les Chimús sont les successeurs de la culture Mochica et d'autres groupes antérieurs, et ont occupé une vaste région côtière s'étendant de Piura jusqu'au sud de l'actuelle région de Lima. Ils ont progressivement étendu leur influence, créant une société très hiérarchisée, structurée en classes et dominée par des dirigeants appelés Cie Quich.

Chan Chan, capitale de l'empire chimú, est située près de l'actuelle ville de Trujillo. Ce site impressionnant couvre environ 20 km² et se compose de plusieurs complexes de palais, de temples, et de citadelles, avec des murailles massives en adobe. Les murs de Chan Chan sont ornés de motifs géométriques et de représentations d'animaux marins.

Les Chimús étaient d'excellents artisans, surtout dans la métallurgie et la céramique. : Ils travaillaient principalement l'or et l'argent, produisant des bijoux, des masques funéraires et des objets rituels. Ils utilisaient des techniques avancées, telles que le martelage, la soudure, et le placage. Leurs céramiques étaient pour la plupart de couleur noire, avec des formes représentant des animaux, des fruits, et des scènes de la vie quotidienne. Ces poteries se distinguent par des décors en relief ou en creux et par leur finition lisse et sombre. Bien que moins de textiles aient survécu, des fragments montrent qu'ils maîtrisaient des techniques de tissage complexes.

Les Chimús  cultivaient principalement du maïs, des haricots, du coton et divers fruits, et utilisaient aussi la pêche comme source de subsistance, pratiquant des techniques avancées pour exploiter la mer. Ils vénéraient plusieurs dieux liés à la mer, dont leur divinité principale qui était le dieu de la mer. Ils effectuaient des rituels et des sacrifices pour assurer la fertilité, les bonnes récoltes, et le succès des pêches. Les enterrements de l'élite étaient accompagnés de nombreux objets en or et en argent, témoignant d'une croyance en une vie après la mort.

Au XVᵉ siècle, l'empire inca, en pleine expansion, a fini par conquérir les Chimús sous le règne de l'inca Tupac Yupanqui. Après leur intégration à l'empire inca, de nombreux artisans chimús furent déplacés à Cuzco, la capitale inca, pour y transmettre leur savoir-faire. La culture Chimú a ainsi laissé un héritage important au Pérou, en particulier dans les domaines de l'artisanat et de l'architecture. Chan Chan est aujourd'hui un site archéologique classé au patrimoine mondial de l'Unesco, et les objets métalliques chimús sont exposés dans plusieurs musées du monde.

La culture Chancay
La culture Chancay s'est développée sur la côte centrale du Pérou, dans la région de la vallée de Chancay, près de l'actuelle Lima, entre environ 1000 et 1450 ap. JC. Elle  a également influencé les vallées voisines de Huaura, Chillón, et Rímac, et a atteint son apogée au cours de la période intermédiaire tardive, avant d'être intégrée à l'Empire inca au XVe siècle. Les premiers vestiges de la culture Chancay ont été découverts au XXe siècle, mais de nombreuses tombes ont malheureusement été pillées avant que des études archéologiques systématiques ne puissent être menées. Ce pillage a contribué à disperser les artefacts Chancay à travers le monde, dans des collections privées et dans des musées. Cette culture est surtout connue pour ses pratiques funéraires distinctes, ses céramiques caractéristiques, et ses textiles d'une grande finesse.

Les Chancay construisaient des centres cérémoniels et des habitations à partir de matériaux locaux, principalement en adobe, généralement agencés en terrasses. Les vestiges archéologiques montrent des complexes de temples et de structures administratives qui servaient de centres rituels et économiques.

La céramique Chancay est surtout reconnaissable par son style monochrome, principalement en beige ou en blanc avec des décorations noires. Les motifs sont ordinairement des figures géométriques, des lignes ondulées et des représentations de figures humaines et animales. Les potiers Chancay produisaient des vases anthropomorphes, qui pouvaient représenter des personnages stylisés aux expressions simples et aux visages plats. Ces représentations humaines sont parfois peintes avec des détails qui indiquent leur rang social ou leur rôle rituel.  La céramique comprend également des quenas (flûtes) et des figurines qui servaient dans des cérémonies religieuses.

La métallurgie, bien que moins développée que dans certaines cultures andines de la même époque, incluait des objets en argent, en cuivre et en or. Les artisans Chancay créaient des bijoux, des masques et des ornements. On pouvait les trouver dans les tombes. La culture Chancay excellait aussi dans l'artisanat du bois et la fabrication de sculptures et de masques. Ces masques étaient utilisés lors de cérémonies ou, eux aussi, placés dans les tombes. Les tombes sont souvent des chambres profondes, dans lesquelles les défunts étaient enterrés avec des objets personnels et des biens funéraires. La diversité des objets retrouvés dans les tombes laisse penser que la société Chancay était stratifiée, avec une élite enterrée avec des biens précieux, notamment des objets en métal et des textiles de haute qualité.

Les textiles Chancay sont parmi les plus impressionnants de la période précolombienne. Ils étaient fabriqués à partir de coton, laine de lama et d'alpaga, et parfois teints avec divers colorants. Les motifs sont variés, allant des géométries complexes aux représentations d'animaux, de plantes et de personnages mythologiques. Certains textiles représentent des divinités ou des personnages qui auraient pu être importants pour leurs croyances. Les techniques textiles impliquent le tissage, la broderie, la peinture sur textile et le travail en patchwork. Les "poupées Chancay", des figurines en tissu, et parfois ornées de cheveux humains,, sont un des exemples les plus célèbres. Ces poupées étaient peut-être utilisées comme amulettes ou objets rituels pour accompagner les défunts.

L'économie Chancay était largement basée sur l'agriculture, rendue possible par des systèmes d'irrigation qui permettaient de cultiver maïs, haricots, courges, et fruits. Les Chancay pratiquaient par ailleurs le commerce avec d'autres cultures côtières et andines. Ils échangeaient leurs céramiques, textiles et autres produits artisanaux contre des produits qu'ils ne produisaient pas, comme la laine d'alpaga des Andes et certains métaux précieux.

Horizon tardif : l'Empire inca

C'est l'époque de l'expansion de l'Empire inca, le plus grand empire précolombien des Amériques, qui s'étend sur une grande partie de la cordillère des Andes. 

L'Empire Inca.
L'Empire Inca, également appelé Tawantinsuyu ( = Les quatre régions unies), a été le plus vaste empire d'Amérique précolombienne. Il s'est développé entre le début du XVe siècle et l'arrivée des conquistadors espagnols en 1532. Son territoire  englobait des régions aujourd'hui situées au Pérou, en Bolivie, en Équateur, en Colombie, au Chili et en Argentine. Les Incas ont fondé une civilisation très organisée, avec des innovations avancées en agriculture, en architecture, en ingénierie et dans l'administration de leurs vastes territoires.

L'origine mythologique des Incas évoque Manco Cápac et Mama Ocllo, envoyés par le dieu soleil Inti pour fonder la ville de Cuzco, considérée comme le centre du monde inca. D’après des récits historiques et archéologiques, la culture inca s'est développée dans la région de Cuzco, au Pérou, autour du XIIe siècle, mais c'est au début du XVe siècle, sous l'empereur Pachacútec, que l'empire a réellement commencé son expansion rapide. Grâce à des alliances et des conquêtes militaires, les Incas ont intégré de nombreux peuples sous leur domination, unifiant les Andes sous un seul pouvoir.

Le Tawantinsuyu était divisé en quatre grandes régions, chacune gouvernée par un administrateur nommé par l'empereur (ou Sapa Inca). Cette organisation était très structurée et centralisée, permettant un contrôle efficace sur une population très diverse. Le pouvoir de l'empereur était absolu et sacré, et il était considéré comme le fils du Soleil. L'empire inca appliquait une politique d'intégration culturelle, souvent en imposant la langue quechua et en déplaçant des populations pour éviter les révoltes. L'empire avait également un système de mita : un devoir de travail rotatif imposé aux sujets pour les grands projets d'intérêt public, tels que la construction de routes, de temples et d'autres infrastructures.

L'Empire Inca a mis en place un réseau impressionnant de routes, long de plus de 40.000 kilomètres, connu sous le nom de Qhapaq Ñan. Ce réseau reliait les villes, les centres administratifs et les postes militaires de l'empire. Les chasquis, des messagers rapides, parcouraient ces routes pour transmettre des informations à travers l'empire grâce à des relais. Les Incas utilisaient également les quipu, un système de cordelettes nouées, pour stocker et transmettre des données administratives, comme les recensements ou les prélèvements de tributs, en l'absence de système d'écriture.

Sur les pentes escarpées des Andes, les Incas on construit des terrasses pour cultiver des produits de base comme la pomme de terre, le maïs et le quinoa. Ces terrasses prévenaient l'érosion et optimisaient l'utilisation des terres. Les Incas maîtrisaient également l'irrigation et construisaient des canaux pour acheminer l'eau jusqu'aux champs. Ils pratiquaient aussi une agriculture diversifiée, avec des centres agricoles à différentes altitudes, leur permettant de bénéficier d'une large gamme de produits dans tout l'empire.

La religion inca était polythéiste et panthéiste, avec une grande vénération pour les éléments naturels, comme le Soleil (Inti), la Terre (Pachamama) et la Lune (Mama Quilla). Les Incas considéraient l'empereur comme le fils du Soleil, ce qui renforçait le caractère sacré de sa position. Les Incas réalisaient des rituels, des sacrifices d'animaux, et parfois des sacrifices humains (appelés capacocha) pour honorer les dieux et maintenir l'équilibre cosmique. Le centre religieux de l'empire était le Temple du Soleil (Coricancha) à Cuzco, où des prêtres réalisaient des cérémonies importantes pour l'empire.

Les Incas ont développé une architecture monumentale, caractérisée par des murs de pierre taillée avec une grande précision, sans mortier, qui résistent encore aujourd'hui aux tremblements de terre. Machu Picchu est l'exemple le plus emblématique de leur savoir-faire architectural et de leur capacité à intégrer harmonieusement leurs constructions dans le paysage naturel. Ils construisaient également des forteresses comme Sacsayhuamán pour défendre la capitale, des entrepôts de stockage (collcas) pour les récoltes, et des ponts suspendus pour traverser les rivières encaissées des Andes.

A partir du XVIe, L'Empire Inca fut affaibli par des conflits internes, notamment une guerre de succession entre les princes Atahualpa et Huáscar. Lorsque les conquistadors espagnols, dirigés par Francisco Pizarro, sont arrivés en 1532, ils ont profité de ces divisions pour s'emparer du pouvoir. L'empereur Atahualpa fut capturé, et en quelques années, les Espagnols mirent fin à l'empire, malgré la résistance de quelques groupes incas dans les montagnes, notamment à Vilcabamba.



Adine Gavazzi, Beatrice Velarde, Andes précolombiennes, Hazan, 2010.
Cet ouvrage réalise pour la première fois une synthèse des plus hautes expressions de l'activité humaine sur les hauts plateaux andins, qui sont toujours entrelacées avec le fil invisible de la nature et gravitent autour de la beauté extraordinaire des paysages. Considéré comme un dialogue entre l'homme et la nature, le paysage est le pivot autour duquel se déroule l'histoire de ce livre, illustré par les photos exceptionnelles de Beatrice Velarde, par des reconstructions graphiques et des images en 3D sur les découvertes archéologiques les plus récentes. La richesse du paysage andin se distingue par la grande variété de plantes et d'animaux évoluant dans un écosystème très structuré. La combinaison de la biodiversité de la côte, des montagnes et de la forêt contribue à créer un environnement qui, au fil des siècles, a permis le développement de nombreux établissements humains. Cet enchevêtrement biologique abrite un paysage caractérisé par une extraordinaire diversité humaine dans laquelle les langues, les arts, les technologies et les traditions ont donné naissance à un réseau aussi complexe que l'environnement naturel. L'histoire de la diversité andine est intimement liée au développement de ce réseau culturel au sein du réseau naturel. D'un côté, on trouve le paysage naturel déterminé par la configuration géographique et biologique de chaque région. De l'autre, le paysage visible né de la combinaison de sa trame culturelle et de sa mémoire historique.   Les montagnes, les lacs et les rivières sont considérés comme des êtres vivants. Ils sont lus et écrits comme un texte à déchiffrer. Ils sont entremêlés comme un tissu qui recèlerait la voix des lieux saints : les huacas. (couv.). 
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