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 Histoire de l'AmĂ©rique > L'AmĂ©rique prĂ©colombienne
Les anciennes cultures andines
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Les anciennes cultures andines, dont les plus connues sont celles des Incas, des Mochicas, des ChavĂ­n, des Nazcas et des Tiwanaku, se sont dĂ©veloppĂ©es dans les Andes, dans les territoires actuels du PĂ©rou, de la Bolivie, de l'Équateur, du Chili, de l'Argentine et de la Colombie. Ces cultures, expressions de la grande civilisation andine, ont fleuri dans des environnements gĂ©ographiques variĂ©s, comprenant parfois des montagnes escarpĂ©es et des vallĂ©es fertiles, mais aussi sur les cĂ´tes arides du PĂ©rou et du nord du Chili. 

Afin de s'adapter aux pentes abruptes des montagnes, les cultures andines ont dĂ©veloppĂ© des terrasses (andenes, sing. anden) permettant de cultiver Ă  diffĂ©rentes altitudes. Des canaux d'irrigation et des aqueducs  ont Ă©tĂ© construits, notamment dans les rĂ©gions dĂ©sertiques, pour maximiser l'eau et soutenir l'agriculture. Les cultures andines sont Ă  l'origine de la domestication de la pomme de terre, du maĂŻs, du quinoa et de diverses sortes de haricots. Le maĂŻs et la pomme de terre Ă©taient des aliments de base dans leur rĂ©gime alimentaire.

Ces cultures andines avaient des structures sociales rigides avec une classe dirigeante, perçue comme divine ou semi-divine, au sommet. Le système de clan (ayllu, hata ou pachaca) ou d'unitĂ© de base  a Ă©tĂ© au centre de la vie sociale et Ă©conomique. Les membres d'un ayllu travaillaient ensemble pour subvenir aux besoins de la communautĂ© et honorer leurs obligations envers les dirigeants. Dans le cas des Incas, il y avait une centralisation du pouvoir avec un empereur (le Sapa Inca) Ă  la tĂŞte d'un vaste empire, avec un rĂ©seau de routes et de postes de relais (chasquis) pour maintenir le contrĂ´le.

Les Andes, montagnes sacrĂ©es, ont jouĂ© un rĂ´le central dans la religion. Chaque montagne Ă©tait un dieu ou un esprit puissant (apu), et des sacrifices (animaux et parfois humains) y Ă©taient faits pour obtenir des rĂ©coltes abondantes ou pour protĂ©ger la communautĂ©. Les cultures andines adoraient de nombreux dieux liĂ©s Ă  la nature, comme Inti (le dieu du soleil) et Pachamama (la dĂ©esse de la terre). Le temple de ChavĂ­n de Huantar et la citadelle de Machu Picchu en sont des exemples d'architecture sacrĂ©e. 

Les Andins excellaient dans la construction en pierre. Les Incas notamment construisaient des murs cyclopéens avec des pierres ajustées au millimètre près sans mortier. Des sites comme Machu Picchu, Sacsayhuamán et les pyramides de Caral montrent leur maîtrise de l'urbanisme, avec des espaces réservés pour les cérémonies religieuses, les résidences et les défenses militaires. Les Incas développaient des techniques pour résister aux séismes grâce à des murs inclinés vers l'intérieur et des blocs de pierre imbriqués qui absorbaient les vibrations.

Les Mochicas et les Nazcas, de leur côté, ont produit des céramiques finement décorées et des textiles colorés, fréquemment ornés de motifs géométriques ou de scènes mythologiques. L'or et l'argent étaient extraits et travaillés avec une grande habileté, notamment par les Mochicas et les Incas, pour fabriquer des objets rituels et des ornements. Les dessins géométriques et les formes stylisées représentent ordinairement des dieux, des animaux symboliques comme le condor, le puma et le serpent, ainsi que des figures mythologiques.

Les anciennes cultures andines se distinguent par leur capacité à tirer parti des environnements exigeants de la région andine, à bâtir des sociétés complexes et à développer des technologies agricoles, architecturales et religieuses avancées. Elles laissent un héritage impressionnant, notamment par l'empire inca, dernier grand État de cette région avant l'arrivée des Espagnols.

PĂ©riode lithique

Culture de Monte Verde.
Découvert au Chili, le site de Monte Verde a révélé des preuves de présence humaine très ancienne (vers 12 000 av. JC), bien avant les autres sites andins. Les habitants étaient des chasseurs-cueilleurs qui vivaient en groupe. On y a trouvé des outils en pierre, des restes de plantes et de viande, ainsi que des structures en bois, témoignant d'une certaine sophistication et d'un mode de vie semi-sédentaire. La découverte de Monte Verde a changé notre compréhension de l'occupation humaine des Andes et de l'Amérique du Sud en général, prouvant que l'installation humaine était bien plus ancienne qu'on le pensait.

Culture de Paiján.
La culture de Paiján (nord du Pérou, vers 9000 - 5000 av. JC) est caractérisée par un mode de vie de chasseurs-cueilleurs spécialisés dans la chasse aux animaux locaux, notamment le cerf. Les habitants utilisaient des outils en pierre, comme les pointes de projectile, qui sont caractéristiques et faciles à reconnaître. Ces pointes allongées servaient principalement pour la chasse. Paiján et d'autres sites au nord du Pérou, révèlent des campements avec des vestiges de foyers et des outils de pierre.

PĂ©riode archaĂŻque

Culture de Las Vegas.
Située sur la côte de l'Équateur, la culture de Las Vegas (vers 8000 - 4000 av. JC) montre une transition vers des activités agricoles, tout en maintenant un mode de vie de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. Les populations de cette culture habitaient des campements semi-permanents. Les fouilles ont révélé des restes de plantes cultivées, des outils de pierre, et des preuves d'une consommation de coquillages et de poissons, attestant d'une diversification alimentaire.Las Vegas est une des premières cultures andines où l'on observe une domestication progressive des plantes, signe des débuts de l'agriculture en Équateur.

Culture de Guitarrero.
La culture de Guitarrero a commencĂ© Ă  se dĂ©velopper dans lavallĂ©e de CallejĂłn de Huaylas, au PĂ©rou, dès 5000 av. JC.). Elle reprĂ©sente elle aussi une transition vers la sĂ©dentaritĂ© avec l'introduction de l'agriculture dans la rĂ©gion andine. Les habitants pratiquaient une agriculture rudimentaire, cultivant des tubercules comme la pomme de terre. On a dĂ©couvert des outils pour l'agriculture et de premiers exemples de cĂ©ramique primitive. 

Culture de Nanchoc.
Les habitants de la culture Nanchoc (Pérou), qui vivaient vers 4000 à 3000 av. JC, pratiquaient l'agriculture et la domestication d'animaux, notamment des lamas et des alpacas, et vivaient dans des villages. Ils cultivaient le maïs et d'autres plantes locales, en développant des techniques agricoles comme la culture en terrasses, une méthode qui deviendra essentielle pour les cultures andines ultérieures. Nanchoc est l'un des sites les plus représentatifs de la Période archaïque, et montre des avancées significatives en agriculture et en domestication animale.

Culture de Caral.
 La culture Caral, dĂ©couverte relativement rĂ©cemment, est l'une des plus anciennes cultures d'AmĂ©rique et mĂŞme du monde, ayant existĂ© entre environ 3000 et 1800 avant notre ère. Elle est originaire de la rĂ©gion de Supe, situĂ©e sur la cĂ´te nord de l'actuel PĂ©rou. Caral a contribuĂ© Ă  l''architecture, Ă  l'organisation sociale et au dĂ©veloppement de cultures andines ultĂ©rieures.

La ville de Caral, considĂ©rĂ©e comme le centre principal de cette culture, a Ă©tĂ© mise au jour dans les annĂ©es 1990 par l'archĂ©ologue pĂ©ruvienne Ruth Shady. Ce site archĂ©ologique a rĂ©vĂ©lĂ© des structures monumentales qui tĂ©moignent d'une sociĂ©tĂ© très organisĂ©e, avec des caractĂ©ristiques qui la placent parmi les premières civilisations connues, telles que celles de MĂ©sopotamie et d'Égypte. 

Caral se signale par ses pyramides à degrés, dont certaines atteignent une hauteur de 20 mètres. Elles étaient utilisées probablement à des fins cérémonielles et religieuses. On trouve également sur le site des places circulaires et des amphithéâtres, témoignant d'une architecture complexe et d'un sens de la planification urbaine.

La société Caral semble avoir été pacifique, car aucun vestige d'armes ni de fortifications n'a été retrouvé sur le site. L'économie de Caral reposait en grande partie sur l'agriculture et la pêche, les habitants cultivant notamment du coton, de la calebasse et des haricots, en plus de commercer avec d'autres régions.

Les habitants de Caral ont conçu un réseau de canaux d'irrigation avancé, permettant une agriculture efficace dans une région semi-aride. Ils ont fabriqué des instruments de musique en os, en particulier des flûtes en os de pélican et de condor, illustrant l'importance de la musique dans leur culture.

La culture Caral entretenait des réseaux d'échange avec d'autres cultures côtières et amazoniennes. Des produits comme le poisson, le coton, les coquillages et d'autres ressources naturelles circulaient probablement par ces réseaux.

Bien que peu de choses soient connues de leurs croyances, les structures de Caral suggèrent que les cérémonies et les rituels jouaient un rôle central dans leur société. Les places circulaires pourraient avoir servi de lieux de rassemblement pour des rituels collectifs.

La culture Caral a probablement influencé les cultures andines qui ont suivi, en posant les bases d'une organisation sociale et économique complexe. Bien que la culture Caral ait disparu vers 1800 avant notre ère, son héritage architectural et son système d'organisation ont marqué durablement les sociétés qui ont prospéré dans la région andine par la suite. La ville de Caral a été déclarée patrimoine mondial de l'Unesco en 2009.

PĂ©riode Initiale

La PĂ©riode est caractĂ©risĂ©e par l'essor de la cĂ©ramique et des premiers Ă©difices religieux. Les sociĂ©tĂ©s deviennent de plus en plus hiĂ©rarchisĂ©es et Ă©tablissent des centres cĂ©rĂ©moniels. On assiste aussi Ă   l'expansion de l'agriculture.

Culture de Kotosh.
La culture de Kotosh (Haute vallĂ©e de Huallaga, PĂ©rou, vers 1800 - 1200 av. JC)   rĂ©vèle un sens architectural et rituel avancĂ©. Les structures (comme ses temples, et notamment le Temple des Mains CroisĂ©es) Ă©taient en pierre, avec des pièces pour les rituels, ce qui montre une organisation religieuse et une Ă©lite chargĂ©e des rites. Le site de Kotosh est l'un des premiers exemples de temples andins avec des espaces rituels internes, annonçant l'importance de la religion dans les Andes.

Chiripa. 
La culture Chiripa (vers 1500 - 100 av. JC) s'est dĂ©veloppĂ©e dans la rĂ©gion du lac Titicaca, dans l'actuelle Bolivie. Le site de Chiripa se distingue par ses structures circulaires appelĂ©es chullpas , qui Ă©taient des tours funĂ©raires. Les vestiges architecturaux comprennent Ă©galement des temples et des espaces rĂ©sidentiels. Chiripa a produit une cĂ©ramique dĂ©corĂ©e avec des motifs gĂ©omĂ©triques et figuratifs, et des figurines en argile reprĂ©sentant des personnages humains et des animaux. On peut y voir un  prĂ©curseur de la civilisation de Tiwanaku et elle rĂ©vèle aussi les dĂ©buts de l'organisation sociale et religieuse dans les Andes.

Las Haldas.
La culture de Las haldas  (vers 1800 - 1500 av. JC.)  est l'une des premières cultures de la cĂ´te andine Ă  construire des structures monumentales. Le site de La Haldas, qui se situe sur la cĂ´te nord du PĂ©rou, près de l'actuelle ville de Casma, comporte des pyramides Ă  gradins en adobe, utilisĂ©es probablement pour des rituels religieux. L'architecture est impressionnante pour son Ă©poque et tĂ©moigne de l'ingĂ©niositĂ© en matière de construction. Cette culture montre le dĂ©veloppement des premières sociĂ©tĂ©s complexes sur la cĂ´te pĂ©ruvienne et prĂ©figure des structures monumentales plus Ă©laborĂ©es comme celles de Sechin Alto.

Sechin Alto.
Situé dans la vallée de Casma, sur la côte nord du Pérou, Sechin Alto (vers 1800 - 900 av. JC) est un complexe architectural massif, l'un des plus grands d'Amérique du Sud. Il est composé de pyramides, de places et d'édifices cérémoniels. Les sculptures murales de Sechin montrent des scènes de guerre, des personnages armés et des figures mutilées, ce qui est rare pour cette époque. Le site reflète une société hiérarchisée avec une classe dirigeante, et montre l'importance des rituels et peut-être des conflits dans la culture.

Horizon ancien ou PĂ©riode de formation

Cette période, dominée par la culture Chavín, se signale par l'apparition d'une iconographie symbolique complexe et de formes d'art influencées par des idées religieuses. La céramique et les textiles atteignent des niveaux de qualité très élevés. Les cultures de cette période vont server de base aux civilisations plus complexes qui suivront dans les Andes, en particulier celles des Mochicas et les Nazcas et même, plus tard, celle de l'empire Inca.

La culture ChavĂ­n
La culture Chavín a prospéré entre environ 900 et 200 avant notre ère. Elle est nommée d'après le site archéologique de Chavín de Huántar, situé à 3 200 mètres d'altitude, dans les Andes centrales du Pérou, qui fut son principal centre religieux, politique et culturel. Ce site et abrite des temples monumentaux et des galeries souterraines. Il attirait des pèlerins de toute la région. L'architecture de Chavín de Huántar est impressionnante par ses constructions en pierre massives, avec des passages labyrinthiques et des chambres souterraines.

La religion comporte des divinitĂ©s reprĂ©sentĂ©es sous des formes hybrides mĂ©langeant humains et animaux (notamment fĂ©lins, serpents et rapaces).  L'une des reprĂ©sentations religieuses les plus cĂ©lèbres est le LanzĂłn, un monolithe de 4,5 mètres en forme de lance qui se trouve dans le temple principal de ChavĂ­n de Huántar, et qui reprĂ©sente un dieu aux traits de fĂ©lin et de serpent. L'obĂ©lisque Tello  et d'autres sculptures en pierre illustrent une riche iconographie qui suggère des visions chamaniques et des transformations mythologiques.

Les Chavín fabriqaient des sculptures en pierre, des céramiques et des textiles détaillés. Leur style a influencé de nombreuses cultures ultérieures dans la région andine. Les têtes clouées, des sculptures en forme de têtes humaines ou animales fixées sur les murs des temples, sont caractéristiques de cette culture. Ces têtes représenteraient, ici encore, des transformations entre l'humain et le divin ou des visions hallucinatoires de chamans.

Le complexe de Chavín de Huántar possède un système hydraulique sophistiqué de canaux souterrains. Ce réseau permettait de canaliser les eaux du fleuve Mosna et de créer des effets sonores particuliers à l'intérieur du temple, probablement dans un but rituel ou pour impressionner les pèlerins.

La culture ChavĂ­n a eu une influence considĂ©rable sur les autres peuples andins, comme en tĂ©moigne la diffusion de motifs artistiques et de concepts religieux. Elle est souvent considĂ©rĂ©e comme une "culture mère" des Andes, ayant propagĂ© ses idĂ©es et ses pratiques religieuses sur un vaste territoire. Elle a a jouĂ© en tout cas un rĂ´le fondamental dans l'Ă©volution des cultures andines en posant les bases d'une religion centralisĂ©e et d'une organisation sociale fondĂ©e sur des croyances religieuses communes.  Aujourd'hui, ChavĂ­n de Huántar est un site archĂ©ologique d'une importance mondiale et un patrimoine de l'Unesco depuis 1985.

Culture de Cupisnique.
La culture de Cupisnique  (cĂ´te nord du PĂ©rou, vers 1000 - 200 av. JC.)  partage plusieurs Ă©lĂ©ments artistiques et religieux avec ChavĂ­n, bien qu'elle soit situĂ©e sur la cĂ´te nord. Elle a produite une poterie distinctive aux motifs religieux. Les temples et les sculptures de Cupisnique montrent une maĂ®trise de la cĂ©ramique et de la sculpture, souvent dĂ©corĂ©es de motifs serpentins et fĂ©lins similaires Ă  ceux de ChavĂ­n. La culture Cupisnique est un exemple de l'influence de ChavĂ­n sur les autres cultures de la rĂ©gion andine. Elle illustre aussi comment le modèle chavĂ­n Ă©tait adoptĂ©, adaptĂ© et interprĂ©tĂ© diffĂ©remment dans les rĂ©gions cĂ´tières.

La culture Paracas
La culture Paracas  a prospĂ©rĂ© entre environ 700 avant notre ère et 200 de notre ère sur la cĂ´te sud du PĂ©rou. Les dĂ©couvertes de la culture Paracas ont principalement eu lieu sur les sites de Cavernas (Paracas-Cavernas) et de Paracas-NecrĂłpolis, dans la pĂ©ninsule de Paracas (un nom quechua qui signifie "plui de sable). Ces dĂ©couvertes ont Ă©tĂ© faites au dĂ©but du XXe siècle par l'archĂ©ologue pĂ©ruvien Julio C. Tello, dont les recherches ont permis de rĂ©vĂ©ler l'importance de cette culture dans le contexte andin.

Cette culture se signale d'abord par ses textiles de grande qualitĂ©, parmi les plus Ă©laborĂ©s et colorĂ©s de l'histoire des cultures andines. Les tissus Paracas Ă©taient principalement fabriquĂ©s Ă  partir de coton et de laine de camĂ©lidĂ©s (lamas, alpagas) et arborent des motifs parmi lesquels on remarque des figures humaines, animales et surnaturelles qui Ă©taient vraisemblablement  reliĂ©es Ă  des croyances religieuses et des visions chamaniques. Les textiles Paracas sont bien prĂ©servĂ©s grâce au climat aride de la rĂ©gion et sont considĂ©rĂ©s comme des chefs-d'oeuvre en raison de leur finesse et de la richesse de leurs coloris naturels. Certaines pièces comportent des milliers de fils par centimètre carrĂ© et tĂ©moignent de techniques de tissage très Ă©laborĂ©es.  Les textiles Paracas dĂ©couverts sont aujourd'hui exposĂ©s dans plusieurs musĂ©es, oĂą ils sont considĂ©rĂ©s comme des pièces d'une importance historique majeure.

Les Paracas enterraient leurs morts dans des sĂ©pultures ordinairement situĂ©es dans des puits funĂ©raires profonds. Les corps Ă©taient momifiĂ©s et placĂ©s dans des positions foetales, entourĂ©s de couches de textiles et de divers objets.  Le site de Cavernas, en particulier, a rĂ©vĂ©lĂ© plusieurs de ces sĂ©pultures, oĂą les momies Ă©taient enveloppĂ©es dans des fardos, des paquets funĂ©raires qui pouvaient contenir plusieurs couches de textiles et offrandes, tels que des cĂ©ramiques et des outils. La momification chez les Paracas rĂ©vèle leurs connaissances avancĂ©es dans la prĂ©servation des corps, ainsi que l'importance des pratiques rituelles et religieuses pour leur vision de l'au-delĂ .

L'une des particularitĂ©s de la culture Paracas est l'usage de la trĂ©panation crânienne. Des crânes avec des marques de trĂ©panation ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, indiquant que les Paracas pratiquaient la chirurgie crânienne pour traiter diverses affections, peut-ĂŞtre liĂ©es Ă  des traumatismes ou des maladies.  Certaines de ces opĂ©rations ont Ă©tĂ© rĂ©ussies, les crânes montrant des signes de guĂ©rison autour des zones trĂ©panĂ©es. Les Paracas pratiquaient aussi la dĂ©formation crânienne, une coutume qui consistait Ă  modeler le crâne des enfants en utilisant des planches et des cordes pour en modifier progressivement la forme. Ce rituel visait peut-ĂŞtre Ă  marquer le statut social ou religieux. Les crânes allongĂ©s retrouvĂ©s sont particulièrement distinctifs et sont associĂ©s aux Ă©lites de la culture Paracas. 

La cĂ©ramique Paracas est moins complexe que leurs textiles. Son style unique est gĂ©omĂ©trique ou abstrait, avec aussi des reprĂ©sentations de figures humaines et animales. Elle est caractĂ©risĂ©e par des motifs en relief et des peintures polychromes.   Certaines de ces cĂ©ramiques Ă©taient associĂ©es aux rituels funĂ©raires et servaient de rĂ©ceptacles pour les offrandes.

La culture Paracas a influencé de manière significative la culture Nazca qui lui a succédé dans la même région. En particulier, les techniques de tissage et certains motifs artistiques de Paracas se retrouvent dans l'art nazca, tout comme certaines pratiques funéraires. La culture Nazca a également hérité de certaines techniques agricoles et hydrauliques des Paracas, qui leur ont permis de cultiver dans des environnements arides.

La culture Chanquillo.
Le site de Chanquillo se trouve dans la vallĂ©e de Casma, au nord du PĂ©rou. La culture de Chanquillo (vers 400 av. JC - 200 av. JC) se signale par ses structures Ă  connotation astronomiques, notamment les treize tours alignĂ©es, et qui permettent de suivre le mouvement du soleil tout au long de l'annĂ©e. Chanquillo est considĂ©rĂ© comme l'un des plus anciens sites ayant accordĂ© une importance au cycle solaire, sans doute en relation avec des rituels agricoles. 

Période intermédiaire ancienne

Cette pĂ©riode voit l'Ă©mergence de royaumes rĂ©gionaux bien distincts et de cultures indĂ©pendantes comme les cultures  Nazca, Mochica et Tiahuanaco.

La culture Vicus.
La culture Vicus s'est développée dans le désert côtier du nord du Pérou,, principalement dans la vallée de la rivière Piura, entre environ 500 av. JC et 500 ap. JC. Cette culture a été redécouverte dans les années 1960, lorsque des fouilles archéologiques ont été menées dans le nord du Pérou. Toutefois, une grande partie des objets a été trouvée par des pilleurs de tombes avant que les archéologues ne puissent étudier le site de manière systématique, ce qui a compliqué les recherches et l'interprétation de cette culture.

Les Vicus n'ont laissĂ© que peu de traces de grands centres urbains ou de pyramides comme d'autres cultures pĂ©ruviennes, ce qui laisse penser que leur sociĂ©tĂ© pourrait avoir Ă©tĂ© plus dispersĂ©e. Les habitations et Ă©difices de cette civilisation Ă©taient gĂ©nĂ©ralement faits de matĂ©riaux simples comme l'adobe. La culture Vicus est surtout connue pour ses cĂ©ramiques distinctives, ses techniques mĂ©tallurgiques et ses pratiques funĂ©raires. 

La céramique Vicus se caractérise par des couleurs vives, où dominent le rouge et les beige. Les potiers Vicus créaient des sculptures en céramique sous forme de figures humaines, animales et mythologiques. Les représentations sont très réalistes et offrent des scènes de la vie quotidienne, comme la chasse, l'agriculture et la musique. Les scènes érotiques sont également fréquentes, et reflètent des aspects culturels de la fertilité et de la religion. Les Vicus utilisaient souvent la technique de la "peinture négative", qui consiste à peindre des motifs qui apparaissent en négatif lorsqu'on cuit la céramique, une technique qui les différencie des autres cultures de l'époque.

Les artisans Vicus étaient aussi des experts en métallurgie, surtout dans la fabrication d'objets en cuivre et en or. Is recouraient à des techniques élaborées de soudure et de martelage et fabriquaient des bijoux, des masques funéraires, des haches et d'autres objets cérémoniels. La technique de l'or martelé et la soudure à haute température étaient particulièrement avancées, ce qui a permis de créer des objets de grande qualité, souvent ornés de symboles religieux ou de figures animales. Les objets métalliques de Vicus, en particulier ceux trouvés dans les tombes, sont d'une finesse et d'un symbolisme qui témoignent de leur importance dans les rituels.

Les sites funĂ©raires de Vicus sont parmi les plus riches d'objets et d'artefacts retrouvĂ©s dans cette culture. Les tombes Vicus sont gĂ©nĂ©ralement profondes, en forme de puits, et contiennent des cĂ©ramiques, des objets en or, des armes et des instruments de musique. Les dĂ©funts Ă©taient enterrĂ©s avec de nombreux biens personnels, ce qui indique des croyances dans une autre vie après la mort, semblables Ă  celles de nombreuses autres cultures andines.  Certaines tombes comportaient des sacrifices humains ou animaux, vraisemblablement dans le cadre de cĂ©rĂ©monies religieuses visant Ă  accompagner les dĂ©funts de haut rang dans l'au-delĂ .

La sociĂ©tĂ© Vicus semble avoir Ă©tĂ© hiĂ©rarchisĂ©e, avec une Ă©lite possĂ©dant des objets en mĂ©tal prĂ©cieux et des armes, ce qui laisse penser que les guerriers ou les chefs avaient un rĂ´le important. L'Ă©conomie de Vicus Ă©tait probablement basĂ©e sur l'agriculture (notamment le maĂŻs, les haricots, et les courges) et l'Ă©levage, ainsi que sur l'artisanat, particulièrement la cĂ©ramique et la mĂ©tallurgie.  Les relations commerciales avec les cultures voisines, notamment les Moche et les Cupisnique, auraient contribuĂ© au dĂ©veloppement de la culture Vicus et Ă  l'enrichissement de ses pratiques artistiques et artisanales.

La culture Nazca.
La culture Nazca, qui s'est épanouie entre environ 200 avant notre ère et 600 de notre ère s'est épanouie sur la côte sud du Pérou. Elle est surtout connue pour ses mystérieuses lignes de Nazca (gigantesques géoglyphes visibles depuis le ciel), mais elle a également laissé un riche héritage en matière de céramique, de textile et d'architecture hydraulique. Les Nazcas ont habité dans une région désertique où ils ont développé une ingénierie sophistiquée pour assurer leur subsistance, notamment en cultivant des oasis artificielles.

Les lignes de Nazca, découvertes en grande partie dans les années 1920, sont sans doute l'aspect le plus emblématique de cette culture. Ces géoglyphes sont constitués de lignes droites, de figures géométriques et de formes animalières (colibri, araignée, singe, etc.) gravées dans le sol désertique. Certaines de ces figures mesurent plus de 200 mètres de long. L'objectif des lignes de Nazca reste débattu. Elles pourraîent correspondre à des itinéraires cérémoniels. Certains chercheurs pensent que les lignes de Nazca faisaient partie de rituels dédiés aux dieux pour invoquer la pluie ou s'assurer des bonnes récoltes. Les géoglyphes ont été réalisés en retirant la couche supérieure de graviers rouges du désert pour exposer le sol plus clair en dessous, créant ainsi des contrastes visibles. Leur préservation est due à l'aridité de la région, qui empêche l'érosion. Le site de ces lignes a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1994

La céramique Nazca se caractérise par ses couleurs vives et ses formes élégantes. Les poteries étaient fréquemment peintes avec des motifs géométriques, des figures animales et humaines, ainsi que des divinités. Les potiers Nazcas utilisaient jusqu'à une dizaine de pigments différents, et créaient ainsi des céramiques polychromes avec des tons rouges, jaunes, verts et violets. Ces poteries devaient servir dans des contextes cérémoniels et étaient enterrées avec les défunts comme offrandes funéraires.

Les Nazcas ont produit des textiles remarquables, grâce à des techniques de tissage complexes et à une palette de couleurs riche. Ces textiles montrent des motifs similaires à ceux des céramiques. Comme chez leurs prédécesseurs Paracas, les Nazcas considéraient les textiles comme des objets de grande valeur culturelle et religieuse. Des pièces textiles de grande qualité ont été retrouvées dans des sépultures.

La religion Nazca était probablement centrée sur le culte des éléments naturels, particulièrement l'eau, essentielle pour survivre dans leur environnement aride. Les divinités Nazcas étaient représentées sous forme de figures animales ou hybrides, telles que le jaguar, le serpent et l'oiseau, qui symbolisaient des pouvoirs surnaturels. La figure du tueur de têtes ou Decapitador est un motif fréquent dans l'art Nazca et représente une divinité liée à des rituels de décapitation, peut-être une pratique de fertilité ou de pouvoir, visant à s'attirer la bienveillance des dieux. Cahuachi était un grand centre cérémoniel avec des pyramides de terre et des places publiques qui servaient de lieu de rassemblement religieux. Des objets funéraires, des céramiques et des textiles ont été retrouvés à Cahuachi, témoignant des rituels et des pratiques religieuses Nazcas.

Les Nazcas ont développé un système d'irrigation qui leur a permis de survivre dans un environnement désertique. Ils ont construit des puquios, des canaux souterrains, dotés de puits en spirale, qui servaient à maintenir un approvisionnement en eau constant, même pendant les saisons sèches. Les puquios étaient conçus pour capter les eaux souterraines et les diriger vers les cultures, garantissant ainsi la viabilité de l'agriculture dans une région avec très peu de précipitations. Grâce à ce système, les Nazcas cultivaient le maïs, les haricots, les pommes de terre et le coton.

La société Nazca était probablement organisée en plusieurs petites chefferies ou groupes tribaux, sans centralisation politique forte. Ces communautés étaient reliées par des pratiques religieuses et culturelles communes, notamment les rituels associés aux grands géopglyphes. La présence de sépultures richement ornées et de grands centres cérémoniels laisse penser que les chefs et les prêtres jouaient un rôle majeur dans la société, notamment dans les rituels et la prise de décision concernant les ressources en eau.

Salinar.
La culture Salinar  (vers 400 av. JC - 200 av. JC) est localisĂ©e dans la rĂ©gion de La Libertad, dans la vallĂ©e de VirĂş, au nord du PĂ©rou. Les Salinar construisaient des complexes dĂ©fensifs et possĂ©daient un style cĂ©ramique distinctif, avec des vases Ă  double bec et Ă©trier. Ils pratiquaient Ă©galement l'agriculture et l'irrigation. La culture Salinar est considĂ©rĂ©e comme un lien de transition entre les cultures Cupisnique et Mochica. Elle tĂ©moigne d'un besoin de protection, probablement dĂ» Ă  des conflits, et marque un dĂ©veloppement dans les techniques agricoles et d'irrigation.

Culture Recuay.
La culture Recuay (vers 200 av. JC - 600 ap. JC) s'est dĂ©veloppĂ©e dans les hautes terres de la rĂ©gion d'Ancash, dans le nord du PĂ©rou. Les Recuay ont produit une cĂ©ramique distinctive avec des reprĂ©sentations de guerriers et de scènes mythologiques. Ils avaient une bonne maĂ®trise de la sculpture sur pierre et construisaient des fortifications (unearchitecture dĂ©fensive, qui reflète les tensions interethniques de l'Ă©poque)  et des tombes monumentales. Les objets en pierre, comme les monolithes, sont typiques de cette culture. 

VirĂş.
La culture Virú (vers 200 av. JC - 500 ap. JC) s'est développée dans la vallée de Virú, sur la côte nord du Pérou. Les Virú ont accompli des avancées en irrigation, qui leur ont permis de cultiver des zones arides. Leur architecture comprend des centres cérémoniels en adobe, et leur céramique porte des motifs géométriques et animaux. La culture Virú a influencé le développement de la civilisation Mochica, particulièrement en matière d'irrigation et de gestion des ressources en eau.

La culture Mochica.
La culture Mochica (ou Moche) s'est épanouie entre environ 100 et 700 de notre ère le long de la côte nord du Pérou. Les Mochica ont laissé des céramiques, qui figurent parmi les plus fines de l'époque précolombienne. Ces poteries représentent généralement des scènes de la vie quotidienne, des animaux, des guerriers et des divinités. Elles se recommandent pour leur réalisme et leurs détails. Les vases-portrait mochica sont des cruches sculptées en forme de têtes humaines avec des traits expressifs, qui peuvent représenter des individus spécifiques, probablement des membres de l'élite ou des chefs. Les céramiques mochicas abordent également des thèmes religieux, rituels et érotiques.

La culture mochica est également reconnue pour son travail du métal, particulièrement en or, argent et cuivre. Ils fabriquaient des bijoux, des masques, et des ornements destinés aux élites, qui reflétaient leur statut social. Leur expertise en métallurgie se retrouve dans des pièces sophistiquées comme des diadèmes, des pectoraux et des objets rituels ornés de motifs religieux. L'orfèvrerie mochica influencera les cultures andines ultérieures, notamment dans le symbolisme et les techniques de travail des métaux.

Les Mochica ont bâti des pyramides monumentales en adobe (briques de terre séchée), telles que la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna. Ces deux grandes structures sont situées près de Trujillo. La Huaca del Sol était probablement un centre politique, tandis que la Huaca de la Luna servait de lieu religieux où étaient menés des sacrifices et d'autres rituels. Ces pyramides comportent des fresques murales colorées, qui illustrent des scènes mythologiques. Le site archéologique de Sipán, découvert en 1987, qui a révélé des sépultures intactes de l'élite mochica. La tombe dite du Seigneur de Sipán, l'un des seigneurs mochicas les plus riches, contenait de nombreux objets en or, argent et cuivre, ainsi que des céramiques et des textiles. Cette découverte a permis aux archéologues de mieux comprendre les rituels funéraires et l'organisation de la société mochica. Les offrandes funéraires trouvées, ainsi que la complexité des sépultures, indiquent que les seigneurs mochicas étaient considérés comme des figures quasi divines.

La religion mochica est caractérisée par un riche panthéon. Les divinités apparaissent fréquemment sous la forme d' animaux et des figures mythologiques. Ai Apaec, surnommé le Décapiteur, était l'une des principales divinités de cette culture. Il est représenté avec des crocs et parfois un visage félin, il symbolisait la guerre et la fertilité. Les Mochica pratiquaient des sacrifices humains, plutôt de prisonniers de guerre, en hommage à leurs dieux. Ces rituels étaient représentés dans leur iconographie et se déroulaient probablement dans la Huaca de la Luna, où des restes de victimes sacrificielles ont été découverts. La symbolique des Mochica montre une forte connexion avec l'eau, en raison de son importance pour l'agriculture.

Les Mochica ont dĂ©veloppĂ© des systèmes d'irrigation permettant l'agriculture dans les rĂ©gions arides de la cĂ´te nord pĂ©ruvienne. Cette maĂ®trise de l'eau Ă©tait essentielle Ă  leur survie et Ă  leur prospĂ©ritĂ©, car elle leur permettait d'entretenir une Ă©conomie agricole florissante dans un environnement sec.. Ils cultivaient une grande variĂ©tĂ© de plantes, telles que le maĂŻs, les haricots, les pommes de terre et la coca. 

La sociĂ©tĂ© mochica Ă©tait très hiĂ©rarchisĂ©e, avec une Ă©lite guerrière et religieuse au sommet, suivie par des artisans spĂ©cialisĂ©s, des agriculteurs et des travailleurs. Les Mochica n'ont pas formĂ© un empire unifiĂ© comme le feront les Incas. Ils Ă©taient divisĂ©s en plusieurs royaumes indĂ©pendants mais culturellement liĂ©s, chacun contrĂ´lĂ© par un chef local. 

La culture mochica a fortement influencé les cultures qui lui ont succédé, notamment la culture Lambayeque et la culture Chimú, qui adopteront certaines techniques artistiques et de gestion de l'eau. Plus tard, l'empire Inca intégrera également plusieurs éléments de la société mochica, en particulier dans le domaine de l'agriculture et de l'artisanat.

La culture de Tiwanaku.
La culture Tiwanaku  a prospĂ©rĂ© principalement sur l'Altiplano, autour du lac Titicaca, Ă  la frontière actuelle entre la Bolivie et le PĂ©rou. Elle s'est dĂ©veloppĂ©e entre environ 300 av. JC. et 1100 apr. JC, atteignant son apogĂ©e entre les annĂ©es 500 et 1000. Les Tiwanakus Ă©taient Ă©tablis autour de leur capitale, Tiwanaku (ou Tiahuanaco), une ville sacrĂ©e et un centre politique et religieux situĂ© Ă  près de 4000 mètres d'altitude. La culture Tiwanaku s'est dĂ©veloppĂ©e dans un environnement difficile, avec un climat froid et des ressources limitĂ©es, mais ils ont su tirer parti de l'Altiplano grâce Ă  des innovations agricoles sophistiquĂ©es. Ils ont inventĂ© un système complexe de champs surĂ©levĂ©s, qui leur permettait de cultiver de façon efficace malgrĂ© les conditions arides. Ces champs surĂ©levĂ©s Ă©taient entourĂ©s de canaux qui aidaient Ă  rĂ©guler la tempĂ©rature, Ă  rĂ©duire les risques de gelĂ©es nocturnes, et Ă  maintenir l'humiditĂ© des cultures.

La capitale de Tiwanaku était un centre monumental avec des structures impressionnantes comme le temple semi-souterrain,une place entourée de murs en pierre où sont gravées des têtes de figures humaines, la Porte du Soleil, une imposante porte monolithique ornée de gravures représentant des motifs religieux., ou encore le complexe de Kalasasaya, un temple sur une plateforme surélevée, possiblement utilisé pour des rituels religieux. Des constructions, qui témoignent de la maîtrise de la taille de la pierre, du travail de précision sur les blocs de roche, et de l'organisation architecturale de cette culture.

La religion des Tiwanakus était centrée sur des cultes liés à la nature, le soleil et les astres. Leur divinité principale semble avoir été Viracocha, le dieu créateur et civilisateur, représenté sur la Porte du Soleil, tenant des sceptres et entouré de symboles célestes. Cette religion influencera les cultures andines postérieures, notamment celle les Incas. La société Tiwanaku était vraisemblablement hiérarchisée, avec une élite religieuse et politique à sa tête. Leur influence s'étendait sur un vaste territoire, incluant une grande partie de l'Altiplano bolivien, du Pérou et du nord du Chili. Cette expansion était probablement liée à un réseau d'échanges commerciaux et à la diffusion de leur religion et culture.

La clture Tiwanaku a commencé à décliner autour de l'an 1000, probablement à cause de changements climatiques qui ont perturbé leur système agricole, ainsi que de tensions internes et de possibles conflits avec des groupes voisins. Vers 1100, la ville de Tiwanaku avait été abandonnée. Son influence se ressent cependant encore aujourd'hui dans les Andes, à travers l'art, les traditions agricoles et certains aspects de la religion des peuples andins. Les Incas, qui ont plus tard dominé cette région, considéraient les Tiwanakus comme des ancêtres prestigieux et ont intégré des éléments de leur culture.

Culture Lima.
La culture Lima (vers 100 - 650 ap. JC) s'est établie dans la région de la vallée de Rimac, qui correspond aujourd'hui à l'actuelle ville de Lima, sur la côte centrale du Pérou. Les Limas ont construit en adobe leurs monuments, qui sont visibles dans des sites tels que Maranga et Huaca Pucllana. Ils utilisaient des motifs géométriques et des couleurs vives dans leurs céramiques. Cette culture pratiquait également l'irrigation pour soutenir l'agriculture. La culture de Lima a contribué au développement urbain et religieux de la côte péruvienne, ainsi qu'à l'art de la poterie et de l'irrigation. Elle a influencé les cultures postérieures de la région avant d'être intégrée dans l'Empire Huari.

Horizon moyen : la culture Huari

Cette période est essentiellement marquée par l'expansion de la culture Huari (ou Wari), qui forme l'une des premières tentatives d'empire unifié dans la région andine.

La culture Huari
La culture Huari (ou Wari) s'est développée dans les Andes péruviennes entre environ 500 et 1000 ap. JC, soit au même moment que la culture Tiwanaku. Les Huari sont issus d'une fusion culturelle complexe dans les Andes centrales. Le site archéologique de Huari, près d'Ayacucho, était la capitale de cet empire et un centre administratif, religieux et militaire. À partir de ce site, la culture Huari a étendu son influence dans une grande partie de ce qui est aujourd'hui le Pérou, englobant des régions côtières, des vallées andines, et s'étendant jusqu'à des zones montagneuses éloignées.

Les Huari ont mis en place un système de contrôle centralisé basé sur des centres urbains fortifiés et des routes qui reliaient leurs colonies. L'architecture Huari se caractérise par des complexes de bâtiments en adobe et en pierre, organisés en fonction de fonctions administratives et religieuses. Les centres urbains, dont Huari et Pikillacta près de Cuzco, étaient souvent organisés en quadrillages, avec des résidences, des entrepôts et des places, illustrant une société hiérarchisée et organisée. Les Huari construisirent également un rgrand éseau de routes pour faciliter la circulation des biens, des personnes et des informations entre leurs centres régionaux. Ce réseau préfigure le système de routes qui sera plus tard perfectionné par les Incas. Les Huari utilisaient des terrasses pour cultiver dans les montagnes , optimisant ainsi les ressources limitées en terres agricoles. Ces terrasses permettaient aussi de prévenir l'érosion des sols, et leur usage s'est répandu dans l'ensemble de la région andine.

La religion des Huari s'inspirait fortement de la culture de Tiwanaku, avec laquelle elle partageait des symboles religieux et des reprĂ©sentations de divinitĂ©s. On retrouve dans l'art Huari des figures anthropomorphes et des crĂ©atures mythologiques similaires aux divinitĂ©s de Tiwanaku, comme Viracocha, le dieu crĂ©ateur. L'art Huari se signale par ses cĂ©ramiques aux motifs gĂ©omĂ©triques et ses textiles colorĂ©s, abriquĂ©s avec une grande habiletĂ©, et  ornĂ©s de symboles religieux ( motifs  abstraits, figures humaines et animales). Ces textiles ont eu une importance Ă©taient utilisĂ©s pour marquer des statuts sociaux et des Ă©vĂ©nements rituels.

La culture Huari semble avoir Ă©tĂ© organisĂ©e en un système centralisĂ©, avec une Ă©lite contrĂ´lant les rĂ©gions Ă  travers un rĂ©seau de gouverneurs et d'administrateurs locaux. Ce système Ă©tait probablement renforcĂ© par l'idĂ©ologie religieuse. Cette forme de gouvernance influencera les Incas, qui reprendront plus tard des aspects de la gestion Huari, en intĂ©grant leurs systèmes de taxation, de contrĂ´le agricole et d'infrastructure routière. L'empire Huari a commencĂ© Ă  dĂ©cliner autour de l'an 1000.  Ă€ la suite de son dĂ©clin, diverses rĂ©gions se sont autonomisĂ©es, mais l'influence Huari a perdurĂ© dans leurs pratiques et systèmes sociaux.

Période intermédiaire récente

La culture Manteño-Guancavilca.
La culture Manteño-Guancavilca  (vers 500 - 1532 apr. JC) s'est Ă©tablie dans la rĂ©gion cĂ´tière de l'actuel Équateur. Les Manteño-Guancavilca sont connus pour leurs navires en balsa, qui leur permettaient de naviguer et d'Ă©changer avec d'autres rĂ©gions. Ils excellaient dans la production de cĂ©ramiques et de sculptures en pierre, notamment les sièges cĂ©rĂ©moniels en forme de U et les reprĂ©sentations de divinitĂ©s.  Cette culture a dĂ©veloppĂ© le commerce maritime et les rĂ©seaux d'Ă©change avec des rĂ©gions aussi lointaines que le Mexique. Leur maĂ®trise de la navigation et leur artisanat ont influencĂ© d'autres cultures andines. Ils ont Ă©tĂ© en contact avec les Incas juste avant la conquĂŞte espagnole.

La culture Chibcha.
Les Chibcha, également appelés Muiscas, ont développé leur culture (vers 800 - 1600 apr. JC) dans l'actuelle Colombie, principalement dans les hautes terres de la région de Cundinamarca et Boyacá. Les Chibcha avaient un grand savoir-faire en métallurgie, notamment dans le travail de l'or, ce qui a participé à inspirer le mythe de El Dorado. Leur société était organisée en confédérations et basée sur l'agriculture, la céramique et les pratiques religieuses associées aux cultes de la nature. La culture Chibcha est l'une des plus développées de la région colombienne. Elle montre un niveau avancé d'organisation sociale, de techniques agricoles et de production artisanale, avec des pratiques religieuses importantes et des échanges commerciaux avec d'autres groupes andins.

La culture Lambayeque (Sicán)
La culture Lambayeque (ou  culture  Sicán) s'est dĂ©veloppĂ©e sur la cĂ´te nord du PĂ©rou, principalement dans la rĂ©gion actuelle de Lambayeque, entre environ 750 et 1375 ap JC. Cette culturea succĂ©dĂ© aux Mochicas (et peut en ĂŞtre vue comme un prolongement) et a influencĂ© la culture ChimĂş qui lui a succĂ©dĂ©. On lui doit de magnifiques oeuvres d'art en or, des cĂ©ramiques sophistiquĂ©es et des grandes rĂ©alisations en ingĂ©nierie hydraulique. Elle tire son nom de la lĂ©gendaire figure de Naymlap, un personnage mythique, arrivĂ© en bateau par la mer avec  un entourage de serviteurs et de familles nobles, et qui aurait fondĂ© la dynastie Lambayeque. Après sa mort, une lignĂ©e de dirigeants aurait perpĂ©tuĂ© son hĂ©ritage.

La culture Lambayeque était organisée en une société hiérarchique où l'élite religieuse et politique détenait une grande partie du pouvoir. La structure sociale se composait de dirigeants, de prêtres, d'artisans et de cultivateurs. Les dirigeants étaient étroitement associés aux rituels religieux et aux croyances, étant souvent enterrés avec des richesses considérables. Les Lambayeques construisirent de vastes complexes cérémoniels et pyramides, comme les célèbres pyramides de Túcume, qui constituent l'un des plus grands ensembles de pyramides d'Amérique du Sud. Ces pyramides, faites en adobe, pouvaient être utilisées pour des cérémonies religieuses et servaient de mausolées pour les élites. Le site de Batán Grande est également un lieu important où ont été retrouvés de nombreux objets précieux, et qui servait de centre de la métallurgie lambayéquienne.

Les Lambayeques avaient une maîtrise exceptionnelle du travail du métal, particulièrement dans la création d'objets en or et en alliages. Ils maîtrisaient des techniques avancées, comme l'incrustation, le moulage et le placage, et produisaient des masques funéraires, des bijoux et des ornements destinés aux cérémonies. Leurs masques funéraires, ordinairement ornés de coquillages et de pierres semi-précieuses, sont remarquables pour leurs représentations stylisées de visages aux grands yeux en amande. Les Lambayeques créaient aussi des céramiques élégantes, reconnaissables par leur couleur noire et leurs formes typiques. Les céramiques lambayeques représentent habituellement des motifs liés à la mer et aux animaux, et parfois aussi des figures mythologiques et des scènes de la vie quotidienne. La céramique lambayeque se distingue par l'usage de représentations géométriques et la finesse des détails.

Grâce à un vaste réseau de canaux d'irrigation , les Lambayeques ont réussi à irriguer les terres arides de la région, rendant possible la culture du maïs, du coton, des courges et de divers fruits. Ce système hydraulique a permis une productivité agricole suffisante pour soutenir une population importante et une élite riche.

La religion lambayeque Ă©tait centrĂ©e sur des dieux liĂ©s  au ciel et Ă  la mer, avec des pratiques qui incluaient des sacrifices humains et des offrandes. La figure du dieu ailĂ©, Ai Apaec, Ă©tait très vĂ©nĂ©rĂ©e et souvent reprĂ©sentĂ©e dans l'art lambayĂ©que. Les rituels funĂ©raires des Ă©lites impliquaient des masques dorĂ©s et des objets mĂ©talliques prĂ©cieux enterrĂ©s avec les dĂ©funts, pour accompagner et protĂ©ger leur passage vers l'au-delĂ .

Vers le XIVe siècle, la culture Lambayeque décline, probablement en raison de conflits internes, de changements climatiques (comme des épisodes d'El Niño) et de l'invasion de la culture Chimú. Les Chimús finiront par absorber les Lambayeques et hériter de plusieurs de leurs pratiques artistiques et techniques, en particulier en métallurgie.

Culture de Chachapoyas.
SituĂ©e dans les montagnes du nord du PĂ©rou difficiles d'accès, dans une rĂ©gion de forĂŞts nuageuses, la culture Chachapoyas  (vers 800 - 1500 apr. JC) a construit des imposants bâtiments en pierre et des forteresses, telles que le site de KuĂ©lap, un complexe entourĂ© de murs massifs. Les Chachapoyas sont Ă©galement connus pour leurs sarcophages anthropomorphes et leurs peintures murales. Bien que la culture Chachapoyas soit restĂ©e indĂ©pendante pendant longtemps, elle a Ă©tĂ© conquise par les Incas au XVe siècle. 

La culture ChimĂş.
La culture Chimú a prospéré sur la côte nord du Pérou entre les IXe et XVe siècles. Les Chimús sont les successeurs de la culture Mochica et d'autres groupes antérieurs, et ont occupé une vaste région côtière s'étendant de Piura jusqu'au sud de l'actuelle région de Lima. Ils ont progressivement étendu leur influence, créant une société très hiérarchisée, structurée en classes et dominée par des dirigeants appelés Cie Quich.

Chan Chan, capitale de l'empire chimú, est située près de l'actuelle ville de Trujillo. Ce site impressionnant couvre environ 20 km² et se compose de plusieurs complexes de palais, de temples, et de citadelles, avec des murailles massives en adobe. Les murs de Chan Chan sont ornés de motifs géométriques et de représentations d'animaux marins.

Les Chimús étaient d'excellents artisans, surtout dans la métallurgie et la céramique. : Ils travaillaient principalement l'or et l'argent, produisant des bijoux, des masques funéraires et des objets rituels. Ils utilisaient des techniques avancées, telles que le martelage, la soudure, et le placage. Leurs céramiques étaient pour la plupart de couleur noire, avec des formes représentant des animaux, des fruits, et des scènes de la vie quotidienne. Ces poteries se distinguent par des décors en relief ou en creux et par leur finition lisse et sombre. Bien que moins de textiles aient survécu, des fragments montrent qu'ils maîtrisaient des techniques de tissage complexes.

Les ChimĂşs  cultivaient principalement du maĂŻs, des haricots, du coton et divers fruits, et utilisaient aussi la pĂŞche comme source de subsistance, pratiquant des techniques avancĂ©es pour exploiter la mer. Ils vĂ©nĂ©raient plusieurs dieux liĂ©s Ă  la mer, dont leur divinitĂ© principale qui Ă©tait le dieu de la mer. Ils effectuaient des rituels et des sacrifices pour assurer la fertilitĂ©, les bonnes rĂ©coltes, et le succès des pĂŞches. Les enterrements de l'Ă©lite Ă©taient accompagnĂ©s de nombreux objets en or et en argent, tĂ©moignant d'une croyance en une vie après la mort.

Au XVᵉ siècle, l'empire inca, en pleine expansion, a fini par conquérir les Chimús sous le règne de l'inca Tupac Yupanqui. Après leur intégration à l'empire inca, de nombreux artisans chimús furent déplacés à Cuzco, la capitale inca, pour y transmettre leur savoir-faire. La culture Chimú a ainsi laissé un héritage important au Pérou, en particulier dans les domaines de l'artisanat et de l'architecture. Chan Chan est aujourd'hui un site archéologique classé au patrimoine mondial de l'Unesco, et les objets métalliques chimús sont exposés dans plusieurs musées du monde.

La culture Chancay
La culture Chancay s'est dĂ©veloppĂ©e sur la cĂ´te centrale du PĂ©rou, dans la rĂ©gion de la vallĂ©e de Chancay, près de l'actuelle Lima, entre environ 1000 et 1450 ap. JC. Elle  a Ă©galement influencĂ© les vallĂ©es voisines de Huaura, ChillĂłn, et RĂ­mac, et a atteint son apogĂ©e au cours de la pĂ©riode intermĂ©diaire tardive, avant d'ĂŞtre intĂ©grĂ©e Ă  l'Empire inca au XVe siècle. Les premiers vestiges de la culture Chancay ont Ă©tĂ© dĂ©couverts au XXe siècle, mais de nombreuses tombes ont malheureusement Ă©tĂ© pillĂ©es avant que des Ă©tudes archĂ©ologiques systĂ©matiques ne puissent ĂŞtre menĂ©es. Ce pillage a contribuĂ© Ă  disperser les artefacts Chancay Ă  travers le monde, dans des collections privĂ©es et dans des musĂ©es. Cette culture est surtout connue pour ses pratiques funĂ©raires distinctes, ses cĂ©ramiques caractĂ©ristiques, et ses textiles d'une grande finesse.

Les Chancay construisaient des centres cérémoniels et des habitations à partir de matériaux locaux, principalement en adobe, généralement agencés en terrasses. Les vestiges archéologiques montrent des complexes de temples et de structures administratives qui servaient de centres rituels et économiques.

La cĂ©ramique Chancay est surtout reconnaissable par son style monochrome, principalement en beige ou en blanc avec des dĂ©corations noires. Les motifs sont ordinairement des figures gĂ©omĂ©triques, des lignes ondulĂ©es et des reprĂ©sentations de figures humaines et animales. Les potiers Chancay produisaient des vases anthropomorphes, qui pouvaient reprĂ©senter des personnages stylisĂ©s aux expressions simples et aux visages plats. Ces reprĂ©sentations humaines sont parfois peintes avec des dĂ©tails qui indiquent leur rang social ou leur rĂ´le rituel.  La cĂ©ramique comprend Ă©galement des quenas (flĂ»tes) et des figurines qui servaient dans des cĂ©rĂ©monies religieuses.

La métallurgie, bien que moins développée que dans certaines cultures andines de la même époque, incluait des objets en argent, en cuivre et en or. Les artisans Chancay créaient des bijoux, des masques et des ornements. On pouvait les trouver dans les tombes. La culture Chancay excellait aussi dans l'artisanat du bois et la fabrication de sculptures et de masques. Ces masques étaient utilisés lors de cérémonies ou, eux aussi, placés dans les tombes. Les tombes sont souvent des chambres profondes, dans lesquelles les défunts étaient enterrés avec des objets personnels et des biens funéraires. La diversité des objets retrouvés dans les tombes laisse penser que la société Chancay était stratifiée, avec une élite enterrée avec des biens précieux, notamment des objets en métal et des textiles de haute qualité.

Les textiles Chancay sont parmi les plus impressionnants de la période précolombienne. Ils étaient fabriqués à partir de coton, laine de lama et d'alpaga, et parfois teints avec divers colorants. Les motifs sont variés, allant des géométries complexes aux représentations d'animaux, de plantes et de personnages mythologiques. Certains textiles représentent des divinités ou des personnages qui auraient pu être importants pour leurs croyances. Les techniques textiles impliquent le tissage, la broderie, la peinture sur textile et le travail en patchwork. Les "poupées Chancay", des figurines en tissu, et parfois ornées de cheveux humains,, sont un des exemples les plus célèbres. Ces poupées étaient peut-être utilisées comme amulettes ou objets rituels pour accompagner les défunts.

L'économie Chancay était largement basée sur l'agriculture, rendue possible par des systèmes d'irrigation qui permettaient de cultiver maïs, haricots, courges, et fruits. Les Chancay pratiquaient par ailleurs le commerce avec d'autres cultures côtières et andines. Ils échangeaient leurs céramiques, textiles et autres produits artisanaux contre des produits qu'ils ne produisaient pas, comme la laine d'alpaga des Andes et certains métaux précieux.

Horizon tardif : l'Empire inca

C'est l'Ă©poque de l'expansion de l'Empire inca, le plus grand empire prĂ©colombien des AmĂ©riques, qui s'Ă©tend sur une grande partie de la cordillère des Andes. 

L'Empire Inca.
L'Empire Inca, Ă©galement appelĂ© Tawantinsuyu ( = Les quatre rĂ©gions unies), a Ă©tĂ© le plus vaste empire d'AmĂ©rique prĂ©colombienne. Il s'est dĂ©veloppĂ© entre le dĂ©but du XVe siècle et l'arrivĂ©e des conquistadors espagnols en 1532. Son territoire  englobait des rĂ©gions aujourd'hui situĂ©es au PĂ©rou, en Bolivie, en Équateur, en Colombie, au Chili et en Argentine. Les Incas ont fondĂ© une civilisation très organisĂ©e, avec des innovations avancĂ©es en agriculture, en architecture, en ingĂ©nierie et dans l'administration de leurs vastes territoires.

L'origine mythologique des Incas évoque Manco Cápac et Mama Ocllo, envoyés par le dieu soleil Inti pour fonder la ville de Cuzco, considérée comme le centre du monde inca. D’après des récits historiques et archéologiques, la culture inca s'est développée dans la région de Cuzco, au Pérou, autour du XIIe siècle, mais c'est au début du XVe siècle, sous l'empereur Pachacútec, que l'empire a réellement commencé son expansion rapide. Grâce à des alliances et des conquêtes militaires, les Incas ont intégré de nombreux peuples sous leur domination, unifiant les Andes sous un seul pouvoir.

Le Tawantinsuyu était divisé en quatre grandes régions, chacune gouvernée par un administrateur nommé par l'empereur (ou Sapa Inca). Cette organisation était très structurée et centralisée, permettant un contrôle efficace sur une population très diverse. Le pouvoir de l'empereur était absolu et sacré, et il était considéré comme le fils du Soleil. L'empire inca appliquait une politique d'intégration culturelle, souvent en imposant la langue quechua et en déplaçant des populations pour éviter les révoltes. L'empire avait également un système de mita : un devoir de travail rotatif imposé aux sujets pour les grands projets d'intérêt public, tels que la construction de routes, de temples et d'autres infrastructures.

L'Empire Inca a mis en place un réseau impressionnant de routes, long de plus de 40.000 kilomètres, connu sous le nom de Qhapaq Ñan. Ce réseau reliait les villes, les centres administratifs et les postes militaires de l'empire. Les chasquis, des messagers rapides, parcouraient ces routes pour transmettre des informations à travers l'empire grâce à des relais. Les Incas utilisaient également les quipu, un système de cordelettes nouées, pour stocker et transmettre des données administratives, comme les recensements ou les prélèvements de tributs, en l'absence de système d'écriture.

Sur les pentes escarpées des Andes, les Incas on construit des terrasses pour cultiver des produits de base comme la pomme de terre, le maïs et le quinoa. Ces terrasses prévenaient l'érosion et optimisaient l'utilisation des terres. Les Incas maîtrisaient également l'irrigation et construisaient des canaux pour acheminer l'eau jusqu'aux champs. Ils pratiquaient aussi une agriculture diversifiée, avec des centres agricoles à différentes altitudes, leur permettant de bénéficier d'une large gamme de produits dans tout l'empire.

La religion inca était polythéiste et panthéiste, avec une grande vénération pour les éléments naturels, comme le Soleil (Inti), la Terre (Pachamama) et la Lune (Mama Quilla). Les Incas considéraient l'empereur comme le fils du Soleil, ce qui renforçait le caractère sacré de sa position. Les Incas réalisaient des rituels, des sacrifices d'animaux, et parfois des sacrifices humains (appelés capacocha) pour honorer les dieux et maintenir l'équilibre cosmique. Le centre religieux de l'empire était le Temple du Soleil (Coricancha) à Cuzco, où des prêtres réalisaient des cérémonies importantes pour l'empire.

Les Incas ont développé une architecture monumentale, caractérisée par des murs de pierre taillée avec une grande précision, sans mortier, qui résistent encore aujourd'hui aux tremblements de terre. Machu Picchu est l'exemple le plus emblématique de leur savoir-faire architectural et de leur capacité à intégrer harmonieusement leurs constructions dans le paysage naturel. Ils construisaient également des forteresses comme Sacsayhuamán pour défendre la capitale, des entrepôts de stockage (collcas) pour les récoltes, et des ponts suspendus pour traverser les rivières encaissées des Andes.

A partir du XVIe, L'Empire Inca fut affaibli par des conflits internes, notamment une guerre de succession entre les princes Atahualpa et Huáscar. Lorsque les conquistadors espagnols, dirigés par Francisco Pizarro, sont arrivés en 1532, ils ont profité de ces divisions pour s'emparer du pouvoir. L'empereur Atahualpa fut capturé, et en quelques années, les Espagnols mirent fin à l'empire, malgré la résistance de quelques groupes incas dans les montagnes, notamment à Vilcabamba.



Adine Gavazzi, Beatrice Velarde, Andes précolombiennes, Hazan, 2010.
Cet ouvrage rĂ©alise pour la première fois une synthèse des plus hautes expressions de l'activitĂ© humaine sur les hauts plateaux andins, qui sont toujours entrelacĂ©es avec le fil invisible de la nature et gravitent autour de la beautĂ© extraordinaire des paysages. ConsidĂ©rĂ© comme un dialogue entre l'homme et la nature, le paysage est le pivot autour duquel se dĂ©roule l'histoire de ce livre, illustrĂ© par les photos exceptionnelles de Beatrice Velarde, par des reconstructions graphiques et des images en 3D sur les dĂ©couvertes archĂ©ologiques les plus rĂ©centes. La richesse du paysage andin se distingue par la grande variĂ©tĂ© de plantes et d'animaux Ă©voluant dans un Ă©cosystème très structurĂ©. La combinaison de la biodiversitĂ© de la cĂ´te, des montagnes et de la forĂŞt contribue Ă  crĂ©er un environnement qui, au fil des siècles, a permis le dĂ©veloppement de nombreux Ă©tablissements humains. Cet enchevĂŞtrement biologique abrite un paysage caractĂ©risĂ© par une extraordinaire diversitĂ© humaine dans laquelle les langues, les arts, les technologies et les traditions ont donnĂ© naissance Ă  un rĂ©seau aussi complexe que l'environnement naturel. L'histoire de la diversitĂ© andine est intimement liĂ©e au dĂ©veloppement de ce rĂ©seau culturel au sein du rĂ©seau naturel. D'un cĂ´tĂ©, on trouve le paysage naturel dĂ©terminĂ© par la configuration gĂ©ographique et biologique de chaque rĂ©gion. De l'autre, le paysage visible nĂ© de la combinaison de sa trame culturelle et de sa mĂ©moire historique.   Les montagnes, les lacs et les rivières sont considĂ©rĂ©s comme des ĂŞtres vivants. Ils sont lus et Ă©crits comme un texte Ă  dĂ©chiffrer. Ils sont entremĂŞlĂ©s comme un tissu qui recèlerait la voix des lieux saints : les huacas. (couv.). 
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