|
. |
|
|
Aperçu | Le règne de Louis XVI | Le procès et l'exécution |
![]() | Louis XVI succéda à son grand-père Louis XV sur le trône de France![]() « Il n'y a que M. Turgot et moi qui aimions le peuple. »Maurepas, vieux routier de cour et d'intrigues, remontra sans doute au roi que Turgot allait trop vite et trop loin, bref le grand ministre fut renversé, les corporations furent rétablies sur un nouveau pied et les abus refleurirent (1776). Malesherbes avait précédé son ami dans la retraite, sans avoir rien obtenu, ni pour la liberté individuelle, ni pour les protestants, ni contre la barbarie des procédés d'instruction criminelle. Le comte de Saint-Germain, également congédié, avait remis en honneur la discipline militaire et réprimé les malversations. Mais, d'une part, il avait blessé la dignité française en introduisant les coups de plat de sabre dans l'échelle des punitions, et d'autre part, il avait, par la réduction précipitée des corps d'élite (maison du roi), jeté des germes de désaffection dans le monde des gentilshommes. Après Clugny, qui inventa la loterie royale, il fallut appeler aux finances le banquier genevois et protestant Necker qui fit sans doute et des économies et d'utiles réformes dans le système de la perception et de la ferme, mais que les circonstances politiques jetèrent bientôt dans les emprunts. Le 6 février 1778, après deux ans d'hésitation, le roi de France ![]() Statues de Louis XVI et de Marie-Antoinette (basilique de Saint-Denis). © Photo : Serge Jodra, 2011. Le ministère de Calonne poussa jusqu'à l'absurde le système des emprunts; il gaspilla l'argent à plaisir en faveur de la reine, des princes, des gens de cour, sous prétexte «-qu'il faut paraître riche pour trouver de l'argent », ou encore (suivant une explication sans doute trop ingénieuse) dans l'intention d'acculer le roi à la nécessité des réformes. Depuis la mort de Maurepas (1781), Marie-Antoinette dominait presque exclusivement l'esprit et le coeur de Louis XVI. La scandaleuse affaire du Collier n'ouvrit pas les yeux à ce prince, et l'acquittement du cardinal de Rohan par le parlement fut à son adresse une insulte dont il jura de se venger, mais dont il ne se releva pas plus que la reine. Il fallut bientôt après que Calonne avouât la situation : pour combler le déficit, il ne restait plus qu'une chose, le sacrifice des abus. La première Assemblée des notables ne le lui accorda pas; elle le renversa, et poussa au pouvoir l'archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, à qui naguère Louis XVI n'avait pas voulu accorder l'archevêché de Paris, en disant : « Il faut au moins qu'un archevêque de Paris croie en Dieu. »Vaincu par l'opposition du parlement auquel le garde des sceaux Lamoignon tenta vainement de substituer, sous le nom de « cour plénière », une simple chambre d'enregistrement, Loménie de Brienne, après un essai de banqueroute, dut céder la place au second ministère de Necker (25 août 1788), dont le nom seul releva le crédit. Il n'y avait plus qu'une ressource au double point de vue politique et financier : réunir les Etats généraux du royaume. La seconde Assemblée des notables fut convoquée afin de délibérer sur la forme de cette réunion et sur le mode des élections pour les trois ordres. Le gouvernement sut laisser adroitement dans le doute la question de savoir si les bureaux des notables avaient conclu pour ou contre le doublement du tiers. En réalité, si les notables avaient voté par tête, ils auraient conclu contre ce doublement. Necker l'obtint du roi, par le célèbre Résultat du conseil du 28 décembre 1788, que la nation considéra comme ses étrennes, et les Etats généraux se réunirent à Versailles le 5 mai. Telle était alors la confiance qu'inspirait le ministre, telle était la popularité du roi que, malgré une disette de blé inouïe et un froid des plus rigoureux, l'hiver de 1788 à 1789 n'avait été troublé à Paris par aucun mouvement grave il n'y avait même jamais eu moins de crimes contre les personnes. Tous les coeurs étaient à l'espérance. L'on ne s'attendait pas pourtant à une sorte de changement à vue, et il n'y avait alors, attachée au mot de révolution, aucune idée de violence : les Cahiers en témoignent. ![]() Louis XVI. La plupart ne songeaient qu'à une monarchie constitutionnelle de forme anglaise, mais laissant plus de place aux intérêts démocratiques. La République n'avait pour ainsi dire pas de partisan. Rousseau n'avait-il pas répété qu'un grand Etat ne pouvait se passer d'un roi? Bien que la Révolution soit resté, même à Paris, fort longtemps royaliste, elle n'en absorbe pas moins peu à peu le règne de Louis XVI, dont l'histoire est désormais inséparable de celle de l'Assemblée constituante, de l'Assemblée législative et de la Convention. Pour les détails on se reportera aux pages qui leurs sont consacrées. Nous n'avons ici qu'à indiquer la succession incohérente d'espérances et de soupçons, d'amour et de fureur que la conduite personnelle du roi inspira tour à tour à la nation et à ses représentants jusqu'au jour où un dénouement fatal trancha le lien qui avait uni trop longtemps les destinées de la Révolution à la mauvaise foi (d'ailleurs consciencieuse) d'un homme à la fois faible et entêté, sensible et violent, laborieux et inintelligent, dévot et parjure, courageux de sa personne et incapable de suivre une résolution politique. Longtemps on voulut se persuader que Louis XVI consentirait à prendre la direction du mouvement révolutionnaire. Les reproches ne s'adressaient qu'à son entourage : « On n'a jamais vu le roi céder qu'à une force irrésistible, et cependant, aussitôt après, le peuple lui en a su gré. » (La Marck)La fiction que le roi est trompé par des conseillers perfides, qu'il est séparé de la nation par les ministres, les courtisans, les princes, les prélats, par la reine elle-même, qu'il n'est qu'un instrument irresponsable entre leurs mains, cette fiction, loin de le faire mépriser et écarter, lui ménage ou contraire une sorte de considération mêlée de pitié dont il abuse et qu'il prend pour une garantie de sécurité personnelle. Entre la nation et le roi, ce n'est pas une comédie politique, c'est une comédie de cour. Le roi se dit et se croit le père de ses sujets : ceux qui lui parlent au nom de la nation se plaisent à lui jurer un amour éternel. A nous il semble qu'après l'injure à laquelle le tiers état répondit par la séance du Jeu de Paume, après le coup d'État manqué du 23 juin 1789, la Constituante au moins aurait pu être détrompée. Mais les deux ordres privilégiés qui de gré ou de force avaient dû se réunir au tiers état faisaient tout pour maintenir la fiction, entretenir l'illusion et regagner leurs avantages. Trois jours après la prise de la Bastille ![]() ![]() « Voilà le peuple qui vous idolâtre, que votre seule présente enivre, et dont les sentiments pour votre personne sacrée ne peuvent être l'objet d'un doute. Il n'est pas un homme ici qui ne soit prêt à verser pour vous, pour votre autorité légitime, jusqu'à la dernière goutte de son sang. »Malgré ces belles assurances, le roi se dispensa d'aller rendre grâces à Notre-Dame ![]() ![]() ![]() Après l'échec de divers complots « pour délivrer le roi », complots dont la cocarde blanche ou la cocarde noire étaient les signes de ralliement, Louis XVI accepta le décret qui interdisait toute autre cocarde que la tricolore. Aussitôt les députés se confondent en remerciements « pour le meilleur des pères, le plus grand des monarques », etc. (discours du président de Beaumetz). Les actes répondent aux paroles. Le roi est supplié de fixer lui-même le chiffre de sa liste civile, et, de peur qu'il ne se gêne, de consulter moins ses goûts d'économie que la dignité de sa couronne et l'amour de ses sujets. En fait, la liste civile fut surtout employée en subventions aux émigrés, aux princes, aux conspirateurs politiques et écrivains contre-révolutionnaires; l'on sait que Mirabeau, sans rien abandonner de ses idées, en eut sa part. Les désirs du roi sont aussi respectueusement suivis quant au douaire de la reine. Le parlement de Paris s'était montré lui-même plus difficile. Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération, journée nationale et parisienne entre toutes, fut aussi, au dire des plus clairvoyants, une journée monarchique : « Oui, écrivait Bancal des Issarts dix jours après, oui, il faut des idoles, il faut des fers aux grandes nations, tout sert à m'en convaincre, et la Fédération elle-même », etc.Ce roi idolâtré de son peuple ne songeait cependant qu'à s'enfuir. Il n'avait rien fait pour s'opposer au départ du comte d'Artois (le futur Charles X) et des premiers émigrés. Il avait autorisé en février 1791 celui du comte de Provence (le futur Louis XVIII) qui fut arrêté et ne réussit dans son projet que deux mois plus tard. Les tantes du roi s'en allèrent également à Rome avec son assentiment. Le roi aurait pu en faire autant, d'après La Marck, au printemps de 1791, mais il redoutait l'ambition cependant bien intermittente du duc d'Orléans, et sans doute cette considération fut pour lui d'un aussi grand poids que les conseils de Mirabeau, lequel admettait bien que le roi quittât Paris, mais non le royaume. Quinze jours après la mort du grand orateur, le roi veut se rendre à Saint-Cloud afin d'y faire ses pâques de la main d'un prêtre non assermenté à la constitution. Il dut y renoncer (18 avril) devant l'attitude de la population et de la garde nationale, mais, d'après le même La Marck, s'il fût allé se plaindre à l'Assemblée, elle lui aurait sans doute ouvert le passage. Une seconde tentative eut lieu le 11 juin. Enfin, le 20, il prit la route de Montmédy Nul ne crut aux prétextes misérables que le roi avait énoncés dans une proclamation laissée aux Tuileries « Nous n'avons plus de ressources que dans les puissances étrangères. »Mallet du Pan négocie avec l'Autriche ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() « Nous resterons à Paris, dit la reine. C'est l'avis du duc de Brunswick. Son plan est de venir dans ces murs mêmes nous délivrer. »La cour comptait sur d'Hervilly et sur six mille partisans dévoués pour disperser la Législative. Le dénouement fut tout autre. Vaublanc, et bien d'autres, furent stupéfaits de la victoire de Paris. Louis XVI et sa famille, d'abord relégués au Luxembourg ![]() ![]() ![]() -- ![]() Les adieux de Louis XVI à sa famille. - Il est signifié au roi que l'entrevue doit prendre fin (gravure de J.-L. Benoît le Jeune). |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|