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Clermont-Ferrand |
Clermont-Ferrand (Nemossos, Augusto-Nemetum, Clarus Mons) est une commune de France, chef-lieu du département du Puy-de-Dôme, à 382 kilomètres au Sud de Paris. Sous l'Ancien régime, Clermont était la capitale du gouvernement d'Auvergne. L'intendance était à Riom. Population : 143 000 habitants. Cette ville s'étage sur un monticule qui domine à l'Est la Limagne et qui est lui-même dominé de tous les autres côtés, au Nord par les coteaux de Chanturgues, célèbres par leurs vins, à l'Ouest par le puy de Dôme et ses contreforts, au Sud par les collines de Beaumont et d'Aubière et le plateau de Gergovia. Les rues étroites de sa partie ancienne, ses maisons bâties avec la lave noirâtre du pays, l'absence d'un cours d'eau important, contribuent à lui donner un aspect austère, surtout dans le quartier situé autour de la cathédrale. La ville moderne se développe à la fois vers l'Ouest, où se trouve la place de Jaude, centre de l'animation, et où elle se rejoint presque avec Royat-les-Bains, et vers l'Est où l'attirent Montferrand, et la gare. Clermont-Ferrand. Histoire. Clermont passa dans le calme les derniers siècles de l'Empire romain et saint Austremoine vint y prêcher le christianisme vers 250. Mais peu de temps après commença pour Clermont une période de ruines et de désastres. Déjà, vers le milieu du IVe siècle, un chef de bandes germaniques, que Grégoire de Tours appelle Chrocus, s'était emparé de la ville; c'est encore très probablement elle qu'il faut voir dans l'Urbs arverna prise en 412 par les lieutenants d'Honorius. Resté fidèle à l'Empire romain croulant, Clermont se défendit victorieusement contre le roi des Wisigoths, Eurik, qui vint l'assiéger en 474. L'héroïsme des habitants, admirablement dirigé par Ecdicius, fils ou beau-fils de l'empereur Avitus, et par l'évêque Sidoine Apollinaire força le roi barbare à abandonner la place. Mais cette belle résistance fut inutile car, l'année suivante, l'empereur Julius Nepos céda aux Wisigoths Clermont avec toute la Gaule à l'Ouest du Rhône. Vestiges gallo-romains du temple de Mercure, au sommet du Puy de Dôme. Passé sous la domination franque à la suite de la bataille de Vouillé, Clermont, après la mort de Clovis, échut avec le reste de l'Auvergne à son fils Thierry. Mais la trahison d'Arcadius qui livra Clermont au roi de Paris, Childebert (538), amena Thierry en Auvergne. S'il n'entra pas dans la ville, il en ravagea du moins les environs (532). Sous Clotaire, Chramne régna à Clermont au nom de son père. Avec les Carolingiens Clermont subit une série de désastres. Pour avoir suivi le parti de Waïfre et de Hunald, la ville fut prise par Pépin le Bref (760); les Vikings la saccagèrent en 864, puis en 910 ou 916; enfin l'incendie de 966 la ruina presque entièrement. Elle était cependant relevée de ses cendres quand le roi Robert y vint en pèlerinage à Notre-Dame-du-Port, en 1031, et quand le pape Urbain II y prêcha la première croisade en 1093. Le roi Louis le Jeune y passa ensuite en 1163 et Thomas Becket y séjourna l'année suivante (1164). La ville de Clermont allait être troublée au siècle suivant par la double lutte de ses évêques contre les comtes et dauphins d'Auvergne d'abord, contre les bourgeois ensuite. La première de ces luttes se termina par le don, à titre de dépôt, par le comte Guy II, du comté de Clermont à son frère l'évêque Robert (1202). La seconde fut plus longue. En mai 1198, l'évêque Robert avait prêté à l'égard des anciennes franchises de Clermont « aquelas bonas costumas que mei ancessors tengront als lors ancessors-» un serment dont le texte nous a été conservé dans un vidimus de Guillaume Alamela, clerc tenant le sceau du roi en Auvergne, daté de 1284. Ce fut à propos de cet acte que s'engagea la bataille entre l'évêque et les bourgeois, le premier tendant à en restreindre la portée, les seconds à l'exagérer. La constitution de la confrérie, de l'Hôpital-Juré (1251), l'accord de 1253, la reconnaissance de la supériorité d'Alphonse de Poitiers par les bourgeois (1255), l'émeute de 1261, enfin l'octroi d'une nouvelle charte entre 1262 et 1270, marquent les principaux épisodes d'une lutte qui se termina par la mainmise du roi sur les privilèges de Clermont (1269). Les bourgeois tentèrent vainement de les recouvrer à plusieurs reprises, notamment en 1284. Si Charles V leur permit de s'assembler pour délibérer de leurs affaires (1379), si Louis XI leur octroya des lettres de consulat (août 1480), qui furent d'ailleurs contestées par l'évêque Charles de Bourbon (1484), mais que confirmèrent Catherine de Médicis (10 juin 1552) et plus tard Louis XIII, ce ne fut en réalité que des actes sans valeur pratique. Pendant ces luttes, la ville fut assez souvent visitée par les rois de France. Louis VIII y passa en 1226; saint Louis y vint en 1252 et y maria son fils aîné, Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon, en 1262. Philippe le Bel y séjourna du 3 au 12 mars 1304 et y fit juger les Templiers d'Auvergne en 1309. Enfin Philippe VI de Valois y passa en 1335 en allant en pèlerinage à Avignon. Il en fut de même pendant la Guerre de Cent ans durant laquelle la ville fut successivement visitée par Charles V (1370 et 1374), Du Guesclin (1380), Charles VI (1394) et enfin Charles VII, soit comme régent (1420), soit comme roi (1433 et 1437). Clermont joua du reste un certain rôle durant cette période. Quoique menacé à différentes reprises par les routiers (la criminalité au Moyen âge) et désolé par la peste en 1413, on y tint des Etats provinciaux qui votèrent des subsides pour la défense du centre de la France (1356, 1358, 1359, 1374, 1377, 1382, 1388) et les premiers Grands-Jours (1425). Le maréchal d'Audrehem y traita avec Seguin de Badefol en 1362 et la ville envoya des secours à Jeanne d'Arc en 1429. Resté fidèle au roi pendant la Praguerie, durant laquelle on y négocia avec le dauphin (1440), et visité par Louis XI en 1465, Clermont demeura calme jusqu'aux premiers mouvements de la Réforme. Il n'y a à signaler dans son histoire, à cette période, que la rédaction des coutumes d'Auvergne qui y fut faite en 1510 et le passage de François Ier en 1533. Les Guerres de religion allaient lui rendre une certaine importance. Dès 1535, le chanoine Coustave annonçait au chapitre qu'il avait reçu un livre protestant et en 1545 des placards réformés furent affichés devant la cathédrale. Trois ans plus tard, Thibaut Brosses, chanoine de Notre-Dame-du-Port, embrassait la Réforme et le principal Claude Mosnier était banni de la ville pour le même fait (1548). En 1554, les hosties du custode de la cathédrale étaient profanées. Les processions de 1561 et le passage de Charles IX à Clermont (1566) n'arrêtèrent pas les progrès de la Réforme. En 1566 un calviniste fut brûlé vif pour n'avoir pas tapissé au passage d'une procession. La Saint-Barthélemy fut moins terrible à Clermont qu'ailleurs, grâce à Montmorin-Saint-Herem, son gouverneur (1571). En partie par loyalisme, en partie par rivalité avec Riom devenu ligueur, la ville demeura fidèle au roi. Le duc d'Alençon y passa en allant au siège d'Issoire (1577). On y tint les Grands-Jours de 1562 et les Etats provinciaux de 1588 et les Clermontois contribuèrent au gain de la bataille de Cros-Rolland et à la reprise d'Issoire (1590), qui mit fin aux guerres religieuses en Auvergne. Tympan sculpté, rue des Grands-Jours, à Clermont-Ferrand. Jusqu'à la Révolution on ne trouve à signaler dans l'histoire de Clermont que l'arrestation de Charles de Valois, comte d'Auvergne, sur la place de Jaude, pour avoir conspiré avec Biron (9 novembre 1604), la première annexion avec Montferrand (1630), la peste de 1631, les fameux Grands-Jours de 1665 dont Fléchier a laissé l'amusant récit, la réunion définitive avec Montferrand (1731) et la mission du père Bridaine (1740). L'assemblée provinciale de 1787 fut le prélude de la Révolution. La sénéchaussée de Clermont envoya aux Etats généraux le comte de Montboissier, l'évêque de Bonal, Huguet et Gaultier de Biauzat, qui devint en 1790 maire de la ville. Ce dernier ne put empêcher les émeutes et les pillages de grains chez Mlle Pasquier (1790). Cependant malgré l'emprisonnement d'un certain nombre de prêtres et de suspects (1793) et la désaffectation des églises, dont deux, Saint-Pierre et Saint-Genès, furent démolies en 1796 et 1797, la Terreur ne fut pas très redoutable à Clermont. On y organisa comme partout la garde nationale et les sociétés populaires, on y célébra les fêtes de la Fédération, de la Raison (novembre 1793) et de l'Etre suprême (8 juin 1794), mais les principales victimes furent huit à neuf républicains massacrés par la réaction à l'affaire de Bois-le-Cros (9 juillet 1797). L'érection de la fontaine de la Pyramide à la mémoire de Desaix (1801) marque la fin de la période révolutionnaire. Après des mouvements dans la garnison, qui refusait de recevoir le drapeau blanc en 1811 et 1815, Clermont fut occupé par une division autrichienne en 1815. En juillet 1830, la garnison fraternisa avec la population, malgré le général Sainte-Suzanne qui la commandait et qui se suicida de désespoir. Sous la monarchie de Juillet, Clermont fut à trois reprises le théâtre de troubles graves : en 1832, où on essaya d'élever des barricades dans la rue de l'Écu; en 1838, à l'occasion des funérailles de Montlosier; en 1841, où il y eut plusieurs morts et blessés. Par la suite, Clermont a reçu dans ses murs Napoléon III et l'impératrice en 1862 et a failli devenir, en 1870, le siège du gouvernement de la Défense nationale. Clermont-Ferrand a gagné plus tard le surnom de Cité du pneu, avec l'implantation des usines Michelin, dont l'origine remonte à 1886 (fondation par André et Edouard Michelin, eux-mêmes petits fils d'un fabricant de machines agricoles, implanté à Clermont depuis les années 1830). Armoiries. Monuments. Notre-Dame-du-Port, à Clermont-Ferrand. Cathédrale Notre-Dame. La cathédrale Notre-Dame de Clermont-Ferrand. Il n'y a pas de grand portail à l'occident; l'église est fermée de ce côté par un grand mur. Tout l'édifice a une belle toiture en plomb, placée au commencement du XVIe siècle. On a conservé un plan provenant de l'ancien chartrier du chapitre, et qui avait été proposé en 1440 pour l'achèvement de la cathédrale à l'occident; il est regrettable qu'on ne l'ait pas exécuté, bien que le gothique riche dans lequel il est conçu ne soit pas en rapport avec le gothique pur des constructions premières. La cathédrale de Clermont a été bâtie en pierres de lave (pierre noire de Volvic), fort abondantes en Auvergne; la couleur violet foncé de ces pierres lui donne un aspect original. On doit remarquer la hardiesse des voûtes, la hauteur des 56 piliers qui les soutiennent, la régularité des arcs en tiers-point, la transparence de la galerie qui règne entre les arcades inférieures et les fenêtres, les vitraux des rosaces du transept et des fenêtres de l'abside. Ces vitraux sont du XIIIe siècle, tandis que les verrières de la nef, fort endommagées par un orage en 1835, appartiennent au XVIe. Entre la nef et le choeur il y avait un jubé, construit en 1440; on l'a détruit vers 1780. L'édifice, dans son état actuel, a 97,50 m de longueur, 40,50 m de largeur au transept, et 32,50 m de hauteur sous voûte. Autres édifices religieux. Sarcophage des Carmes : l'aveugle de naissance. On trouve encore des restes de l'abbaye de Saint-Alyre au couvent des ursulines; de celle de Saint-André à l'orphelinat des frères de la Doctrine chrétienne; du couvent des Jacobins aux visitandines, etc. Edifices civils. L'église (mon. hist.) est un vaste édifice construit au XIIIe siècle, mais très remanié aux XIVe et XVe; des deux tours qui la surmontaient une seule subsiste. D'abord simple paroisse, elle fut érigée en collégiale au XVe siècle. Montferrand : Maison (Grande rue). Escalier intérieur. Nombreuses maisons intéressantes du Moyen âge ou de la Renaissance, parmi lesquelles il faut citer la maison de l'Éléphant (mon. hist.), ainsi nommée de son enseigne, la maison de l'Apothicaire (XVe s.) (mon. hist.), l'hôtel du gouverneur Jean de Doyat (1480), la maison des Mallet (1510), la maison du sire de Beaujeu (XVIe s.) et la maison Desplats (1586). Restes d'une commanderie de l'hôpital. L'ancien couvent des ursulines a été converti en grand séminaire. Monferrand appartint successivement pendant le Moyen âge aux comtes, puis aux dauphins d'Auvergne, à la famille de Beaujeu, qui lui confirma une charte de privilèges en 1291, et la céda à Philippe le Bel en 1298. Auparavant elle avait été assiégée et prise par Louis VI en 1126, prise par Philippe-Auguste en 1196, et enfin elle fut prise par les Anglais en 1388. Donnée en supplément d'apanage au duc d'Anjou (le futur Henri III) en août 1569, elle fut plus tard comprise dans l'apanage du comte d'Artois. La prospérité de Montferrand excita au XVIIe siècle l'envie des habitants de Clermont qui réussirent dès 1630 à obtenir des lettres patentes d'annexion qui ne reçurent d'application qu'un siècle plus tard. Curiosités naturelles. |
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