| Arcadius, né en 377, auguste en 383, nommé empereur d'Orient en 395, mort en 408. Fils de Théodose Ier, il devint, en 395, à la mort de son père, empereur d'Orient. A peine âgé de dix-huit ans, il commandait à la moitié du monde romain tandis que l'autre partie était confiée à son frère Honorius, enfant de onze ans. Avec ces deux princes commence réellement la décadence de l'empire : l'armée désorganisée, commandée par des favoris et des eunuques incapables et avides, ne pourra plus arrêter les barbares qui s'établiront dans toutes les parties de l'ancien monde romain. Si l'Occident est un moment défendu contre leurs invasions par le général Stilicon, l'Orient, dès le début du règne d'Arcadius, est saccagé par les Huns et les Goths. Ce jeune prince n'avait ni énergie ni jugement et son extérieur même révélait la faiblesse et l'incapacité de son âme. Son règne de treize ans n'est qu'une succession ininterrompue de révolutions de palais et d'invasions de barbares. Le favori déchu lance contre Constantinople des hordes que son heureux mais toujours incapable successeur arrêtera seulement par des concessions honteuses et humiliantes. Théodose avait recommandé ses deux fils à Stilicon, et il l'avait chargé de s'occuper tout spécialement des provinces placées sous l'autorité du trop jeune Honorius; l'Orient devait être administré par le préfet Rufin. Rufin sut habilement capter la confiance d'Arcadius et cessa bientôt tout rapport avec le "tuteur" Stilicon. Ce Gaulois, enorgueilli de la haute situation qu'il occupait dans l'empire, aspirait à devenir le collègue d'Arcadius; pour se préparer les voies, il avait projeté mariage du prince avec sa propre fille, Mais Stilicon, bien servi par le chambellan Eutrope, déjoua les projets de ce téméraire ambitieux. A l'insu de Rufin, Arcadius épousa Eudoxie, fille du Franc, Bauton. Rufin excite alors les barbares à envahir l'empire. Les Huns s'avancent jusqu'à Antioche, et le Goth Alaric envahit la Thrace; Stilicon, qui veut l'arrêter, reçoit l'ordre de ne pas entrer en Orient. Tout semble réussir à Rufin, et il va être proclamé auguste par Arcadius lui-même quand il est assassiné sur l'ordre de Gaïnas, dévoué à Stilicon (395). Eutrope, qui lui succéda dans la faveur d'Arcadius, ne vit bientôt en Stilicon qu'un dangereux rival. Au lieu de profiter de la victoire que ce général a remportée sur les Wisigoths, au mont Phaloé, il traite avec les barbares : il abandonne même à Alaric l'Illyricum oriental, pendant qu'un sénatus-consulte confisque les biens et domaines de Stilicon en Orient (396). A Constantinople, Eutrope était le maître absolu; et tout ce qu'il y avait de plus brave dans l'empire fut obligé de se courber devant l'eunuque favori d'Arcadius. Les plus hautes dignités de l'État furent avilies par cet ancien esclave qui devint même consul en 398. Honorius, sur les conseils de Stilicon, refusa de le reconnaître comme tel, et décida que désormais les ordres envoyés de Constantinople ne seraient plus exécutés en Occident. C'était la séparation définitive des deux empires. L'Orient supportait avec peine le joug de cet éhonté parvenu. La reine Eudoxie ne cessait de demander à son époux la disgrâce d'Eutrope; elle l'obtint enfin en 399, au moment où Gaïnas déchaînait sur l'empire les Goths cantonnés en Phrygie. Eutrope, abandonné de tous, fut d'abord sauvé par le patriarche Chrysostome, puis, attiré à Chalcédoine, il fut condamné à mort et exécuté. Gaïnas était déjà en révolte ouverte et s'avançait vers l'Hellespont avec le Goth Tirbigild. Arcadius dut accepter les conditions des barbares et prendre comme ministre son ancien général. Mais les excès et les prétentions de Gaïnas et de ses soldats excitèrent le mécontentement du peuple. Les Goths furent en partie massacrés et Gainas, obligé de quitter précipitamment Constantinople, fut battu avec les débris de l'armée gothique au passage de l'Hellespont, par Fravitta, commandant des troupes impériales (401). Eudoxie resta alors seule maîtresse de l'empereur et de l'empire. Elle profita de sa toute-puissance pour dénouer avec autorité les intrigues de son palais et assouvir ses haines. Sa plus illustre victime fut le partriarche Chrysostome, censeur véhément de ses débauches et des dépravations de la cour. Le saint évêque, exilé une première fois en 403, puis rappelé par son peuple, fut de nouveau condamné en 404 et transporté dans le Taurus, puis dans le Pont, où il mourut en 407. Eudoxie était morte quelques mois après le second exil du patriarche (404), laissant à Arcadius un jeune enfant, Théodose, qui, dès le berceau, avait reçu "les titres de César et d'Auguste". Les dernières années du règne d'Arcadius furent encore troublées par la dévastation de plusieurs provinces. Les Huns, sous Uldin, s'avancèrent jusqu'en Thrace et les Isauriens ravagèrent une partie de l'Asie Mineure. Arcadius mourut enfin en 408, la même année que le célèbre Stilicon, le dernier défenseur de Rome. Arcadius avait montré un grand zèle pour la religion chrétienne, et les lois qu'il promulgua à ce sujet indiquent bien que le christianisme était déjà la religion officielle de l'empire. En 396 il avait ordonné la confiscation des temples païens et avait interdit les assemblées des hérétiques. Il fit chasser les Apollinaristes de Constantinople, et décida que les chrétiens seuls seraient admis aux emplois. Il permit cependant aux juifs (La Diaspora juive) de pratiquer leur religion et défendit aux gouverneurs de province de les inquiéter en cette matière. Arcadius aurait voulu aussi que la justice fut promptement rendue et que les vrais coupables seuls fussent retenus en prison, mais, trompé par ses favoris, il signa souvent des sentences odieuses et des lois indignes. Ce prince, dominé tour à tour par ses ministres, ses eunuques et sa femme, a laissé à la postérité le souvenir d'un des règnes les plus tristement funestes à l'empire. A sa mort, la misère la plus complète régnait dans toutes les provinces de l'Orient, ravagées par les barbares, ruinées par des tremblements de terre, souvent en proie à la famine et à la peste. (A19). | |