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Katmandou, Kathmandou ou Kathmandu (anc. Kantipur) est la ville la plus grande en même temps que la capitale du Népal. Elle a été bâtie à gauche de la Vichnumati (Bishnumati), sous-affluent du Gange et affluent de la Bagmati, dans une vallée située près du centre du pays, à 1340 m d'altitude; population : 980 000 habitants (agglomération : 1,5 million d'habitants). Des indications archéologiques suggèrent que le développement humain de Katmandou, ainsi que des « villes jumelles » proches de Patan (Lalitpur; 130-000 hab.) et de Bhaktapur (Bhadgaon; 80 0000 hab.), a commencé il y a près de 2000 ans. Aujourd'hui, les trois villes constituent le coeur culturel, économique et administratif du Népal, ainsi que le point d'accès principal à l'Himalaya pour le tourisme. Panorama de Katmandou. L'ancienne ville de Katmandou est une vieille cité de briques aux rues tortueuses et étroites, qui entourent Durbar Square (Basantapur Durbar ou Hanuman Dhoka), formé d'édifices richement décorés, d'époque et de style différents; nombreux temples à toits de bronze ou de cuivre doré. Tout autour de ce noyau pittoresque s'est construite une ville moderne, à la circulation anarchique (le voitures roulent à droite ou à gauche selon l'inspiration du conducteur), et très polluée. L'agglomération a fini par englober les localités voisines, à commencer par Patan, au Sud, et les sanctuaires de Swayambunath, à l'Ouest, de Pashupatinath et de Bodnath (Boudhanath), à l'Ouest.
Carte de la vallée de Katmandou. La géologie et la paléontologie montrent que la vallée de Katmandou a été couverte par un grand lac entre environ il y a 2,8 millions d'années et il y a 10.000 ans. Ce paléo-lac semble s'être asséché à cause des variations climatiques régionales et des évolutions tectoniques (surrection de l'Himalaya) qui ont créé un système de drainage naturel en ouvrant le passage à huit cours d'eau, dont les principaux sont les rivières Bagmati, Vishnumati, Dhobi Khola (Dhobikhola), Manohara, Hanumante et Tukucha (Tukucha Khola).
La vallée de Katmandou est située dans la zone tempérée chaude. Les hivers sont secs, ensoleillés et doux (température moyenne autour de 10°C); les étés sont chauds ( températures entre 28 et 30 ° C) et pluvieux; les deux tiers des précipitations, qui peuvent être très variables d'une année sur l'autre, ont lieu pendant les mois de mousson, de juin à août). Les forêts qui entourent l'agglomération sont composées d'arbres à feuilles caduques. Les essences dominantes sont le chêne, l'orme, le hêtre, l'érable; les conifères font leur apparition dans les parties les plus élevées. Histoire de KatmandouOrigines. Histoire ancienne.La mythologie népalaise donne plusieurs origines à Katmandou, se référant probablement à l'origine de plusieurs localités distinctes; l'archéologie atteste d'ailleurs l'existence de plusieurs villages très anciens dans la vallée. Des fouilles menées à Hadigaon et Lubhu, dans la partie Sud, ont mis au jour des murs de briques et des outils remontant au Néolithique. Les sites de Katmandou et de deux autres villages voisins ont révélé des vestiges remontant au IIe siècle avant notre ère. La plus ancienne inscription connue remonte à 185 av. J.-C. Selon une tradition rapportée par un texte bouddhique, le Swayambhu Purana, qui au moins sur un point s'accorde avec les données géologiques, la vallée de Katmandou était autrefois un lac appelé Nagdaha. Celui-ci aurait été drainé à l'aide d'un lotus (déposé à l'endroit où se dresse l'actuel stupa de Swayambunath) par le bodhisattva Manjushree (Manjusri). Il y aurait établi une ville nommée Manjupattan, dont il aurait confié le gouvernement à un certain Dharmakar. Le Gopalraj Vansawali, une généalogie des rois du Népal, ajoute que plusieurs dynasties, les Mahispala, les Aabhir et les Kirati, se sont ensuite succédé dans la vallée. Les Kirati. Nandi, le taureau de Shiva, dans le Temple d'or de Pashupatinath. Histoire médiévale. Le Stûpa de Bodhnath et ses "chevaux de vent" (fanions). Les Lichchavi et les Thakuri.
La nouvelle ville est protégée par huit casernes, placées sous la protection des déesses du panthéon newar, les ajimas. Les stupas de Bodhnath et de Swayambunath semblent aussi dater de cette époque. En tout cas, il existe déjà un édifice, situé au sud-ouest de l'actuel Durbar square, rendez-vous des voyageurs et des négociants, le Kaasthamandap, dont on fera dériver le nom de Katmandou. Parmi ces voyageurs, certains venant de Chine, tels Xuanzang (Hiouen-Tsang), au VIIe siècle, décrivent d'autres édifices de la ville tels que le Managriha, le Kailaskut Bhawan ou le Bhawan Bhadradiwas. Ils attestent aussi de la coexistence pacifique, au Népal, du bouddhisme et de l'hindouisme. Après une longue période d'instabilité, les Thakuri sont remplacés par la dynastie des Malla. Durbar Square, à Patan. A droite, le temple de Krishna (Chyasin Deval), de plan octogonal; au centre, une fontaine, la cloche de Taleju et, au fond, l'un des pavillons du Palais royal; à gauche, le temple de Taleju (partie du Palais royal) et le temple, plus petit, d'Hari Shankar. Les Malla.
La plupart des édifices des Durbar squares de Katmandou, de Patan et de Bhaktapur remontent à cette époque. Dès le XIVe siècle, l'art religieux newar (c'est-à-dire des autochtones de la vallée de Katmandou) se répand sur une grande partie de l'Himalaya central et même au-delà : des artistes népalais sont appelés au Tibet et en Chine. Le "style pagode" né dans la vallée de Katmandou a été apporté par l'architecte népalais Arniko à Lhassa et à Pékin, d'où il a rayonné sur toute l'Asie orientale. Le sanctuaire de Pashupatinath, sur la Bagmati, sera bâti sous le règne de Mahendra Malla, vers 1560. Le Népal s'enrichit, en retour d'idées, venues de l'extérieur, de l'Inde, de la Chine, de la Perse, et même d'Europe, comme en témoigne une inscription datant du roi Pratap(a) Malla, auto-proclamé roi des poètes (1654). De nombreux ouvrages circulent, qui traitent de droit, de morale, d'histoire, de religion, de médecine. Le théâtre aussi se développe; des pièces sont jouées sur les places publiques.
Histoire moderne et contemporaine. En conflit avec l'Angleterre, qui établit son empire en Inde, le Népal se tourne un temps vers la France. De cette époque datent plusieurs édifices militaires à l'architecture moderne, tels que la caserne de Katmandou. Mais, vaincu finalement par les Britanniques, le royaume se voit contraint d'accepter une forme de protectorat de leur part. A partir du moment où une dynastie de premiers ministres, les Rana, s'empare du vrai pouvoir en 1846, le pays se ferme aux étrangers, à l'exception des officiels britanniques. Les Shah sont relégués à des rôles de représentation. C'est de cette époque que date l'essor dans la capitale d'une architecture dans le style du néoclassicisme européen. Les bâtiments les plus remarquables de Katmandou construits alors sont l'ancien palais royal Narayanhiti (reconverti en musée depuis 2008), Kaisar Mahal, Shital Niwas, Singh Durbar (le Parlement, au sud-Est de la ville), etc. En 1934, un tremblement de terre qui tue plus de 8000 personnes au Népal, détruit une grande partie de la vallée de Katmandou. De très nombreux édifices anciens sont endommagés ou disparaissent complètement. La reconstruction marquera cependant une nouvelle étape dans l'évolution de la ville. Une grande voie commerçante Est-Ouest, New Road, est ouverte à partir de Durbar square, en direction de Kanti Path, autre grand axe bordé de commerces et de grands hôtels.
En 1951, dans le sillage de l'indépendance de l'Inde et du désengagement britannique, le roi Tribhuvan, s'appuyant sur le parti du Congrès népalais, renverse le régime des Rana et rétablit le pouvoir des Shah. Le pays s'ouvre de nouveau ouvert aux étrangers. Avec l'afflux des alpinistes occidentaux, les premiers hôtels modernes font leur apparition à Katmandou. A partir des années 1960, de nombreux troubles sociaux aux causes diverses (corruption du pouvoir, conséquences de la politique chinoise au Tibet, rébellion maoïste, etc.) ont troublé le pays. Cette période c'est achevée en 2008 avec le renversement de la monarchie et l'instauration d'une république parlementaire, laissant espérer des jours meilleurs pour le Népal. Mais dans l'intervalle l'économie du pays aussi bien que celle de la capitale a beaucoup souffert. Le tourisme, un temps florissant à Katmandou et sur les pentes de l'Himalaya, s'est trouvé lui aussi tout entier à relancer. Aujourd'hui, à Katmandou, l'empoisonnement de l'air par la pollution automobile n'est pas non plus le moindre défi à relever.
Les quartiers de KatmandouKatmandou est ceinturé par une rocade (Ring road) qui englobe aussi Patan, mais laisse à l'extérieur Pashupatinath, et longe l'aéroport. Une artère dirigée du Sud au Nord, Kanti Path partage la ville en deux parties inégales : à l'Est, la Nouvelle ville, qui s'étend jusqu'à l'aéroport et que la rivière Bagmati sépare de Patan; à l'Ouest, la Vieille ville, bien plus petite, et bordée de quartiers plus récents (le populaire et industrieux Chhretrapati, Thamel, pourri de touristes, Lazimpat, le quartier des ambassades, au Nord, Teku au Sud, et, à l'Ouest, de Swayambu, de l'autre côté de la Vishnumati. Entre la Nouvelle et la Vieille villes, un espace indécis longe à l'Est Kanti path, avec le palais de Narayanhiti, Rani Pokari (un petit palais blanc construit au centre d'un bassin), Ratna park, l'esplanda de Tundikel, le stade, etc.La Vieille ville. Durbar Square.Nous donnons ici une description de la ville, telle qu'elle se présentait avant le séisme de magnitude 7,8 qui a affecté le Népal le 25 avril 2015, et qui a fait 8700 morts et 3 millions de sinistrés dans le pays. Nombre des monuments cités ici ont été complètement détruits. De façon générale, les vieux quartiers ont été ceux qui ont subi le plus de dommages La Vieille ville, densément peuplée, riche en temples et palais bouddhistes et hindous, conserve encore, malgré les progrès constants et rapides du béton, de nombreux exemples d'édifices de style newar, avec, notamment, leurs fenêtres en bois finement sculpté. Elle a conservé aussi en partie sa structure en blocs, où les habitations s'organisent autour d'une vaste cour (bahal), accessible par un porche discret , préservant ainsi des îlots de calme qui contrastent avec l'agitation des rues alentour. - Edifices de Durbar Square (Katmandou). Comme c'est le cas pour les autres villes de la vallée, la vieille ville de Katmandou possède en son centre un Durbar square (Durbar ou Darbâr = Conseil, Assemblée ou Audience). Parmi les édifices les plus importants de cet espace à la topographie confuse ont peut mentionner : • Kasthamandap (en newari ou nepâlbhâsa), Maru Sattal ou « abri en bois »), déjà présent au XIIe siècle, est supposé être l'édifice en bois le plus ancien du monde à subsister. Son toit, de style pagode, ne remonte qu'au XVIe siècle. • Le Kumari Ghar (Kumari Bahal) est un palais de briques rouges, au Sud de Durbar Square, où vit la Kumari de Katmandou.
Thamel. Rues de Thamel. Autour de KatmandouLes sanctuaires.Avec ses très nombreux temples et ses grands sanctuaires, Katmandou est aussi la capitale religieuse du Népal. Le trois principaux centres de dévotion se trouvent à sa périphérie-: Pashupatinath, où se déroule notamment la grande fête de Maha Shivaratri (la grande nuit de Shiva), est hindouiste; Swayambunath et Bodhnath, remarquables par leurs grands stûpas, sont bouddhistes. Pashupatinath. La partie haute possède également de très nombreux édicules à flanc de colline (petits temples de Shiva, tous sur le même plan, gardés par un statue de Nandi et possédant un lingam en leur centre). Au sommet, accessible par des escaliers, il y a une forêt peuplée de singes, où l'on peut aussi signaler le grand temple de Vishwarup dont les hautes murailles aveugles cachent aussi une enceinte aux allures de cour de ferme. Vue générale de la partie basse de Pashupatinath. Au centre le toit à étages du Temple d'or.
Ci-dessous : Afflux de fidèles au Temple d'or de Pashupatinath, lors du Maha Shivaratri. Swayambunath. On a construit ici le premier stûpa. Dans le symbolisme bhouddiste, un stupa est une représentation des différentes parties du cosmos. Mais cet édifice fondateur, détruit par un tremblement de terre a été remplacé par celui que l'on voit aujourd'hui, avec sa haute flèche d'or. Des édicules, symboles de quatre éléments (eau, air, terre, feu), sont également disposés à proximité. Au débouché de l'escalier, les temples d'Anantapura et de Pratapura, deux édifices blancs blancs, en forme de pain de sucre (style indien sikhara), encadrent un grand dorge doré, symbole à la fois bouddhiste et hindouiste de la foudre. A l'arrière, à noter en particulier, un temple dédié à Hariti, la déesse newar (ajima) de la variole, une grande structure cubique qui accueille les lampes à beurre et le jardin des Chaityas, espace qui rassemble une multitude de petits stûpas. Il y a également deux monastères (gompas), des statues de Bouddha, un musée, etc. -
Bodhnath (Boudha).
Patan. Cette place est traversée par une rue dont la partie orientale est presque entièrement bordée par le Palais royal, avec ses différents édifices et ses cours intérieures (chowks). Autour d'une de ces cours, accessible par une belle porte aux embrasures et au tympan sculptés (la Porte d'Or), on a établi un musée d'art religieux réputé. De l'autre côté de la rue, se dressent plusieurs temples, parmi lesquels on peut mentionner le Chyasin Deval, dédié à Krishna et dont l'architecture dénote des affinités avec le style sikhara d'Inde du Nord, et le temple d'Hari Shankar, une divinité hybride, à la fois Shiva et Vishnou. A quelques centaines de mètres, au Nord de la place, on remarque le temple de Kumbeshwar, à 5 étages et dédié à Shiva, non loin duquel se trouve l'un des quatre stûpas qui marquaient autrefois les limites de Patan, et surtout le Temple d'or de Patan (Kwa Bahal), sanctuaire bouddhiste à l'ornementation d'une extraordinaire richesse. Dans ce quartier, certaines rues ouvrent un panorama dégagé sur les crêtes enneigées de l'Himalaya. Intérieur du Temple d'Or, à Patan.
A moins de quinze kilomètres du centre de la capitale, Bhaktapur ( = la Cité des dévôts en hindi, Bhadgaon en népali, Khwopa en newari) est la la troisième ville de la vallée de Katmandou. Surplombant la Hanumante, elle est comme une Venise continentale (sans les canaux!), avec ses étroites et sombres rues pavées réservées aux piétons et son architecture conservée à l'identique depuis des siècles. Outre Durbar square, deux autres places (Taumadhi Tole et Tachupal Tole) regroupent les principaux temples. A Durbar square, on remarque notamment : La Porte dorée (Lu Dhowka), surmontée par une représentation de Kali et de Garuda; la Porte des lions, gardée par deux statues de ces fauves, et par celle de Bhairab (Shiva) et d'Ugrachandi (Durga); la statue du roi Bhupatindra Malla, sur sa colonne; le Palais aux cinquante-cinq fenêtres, construit au XVe siècle sous le roi Yaksha Malla; le temple de Pashupati, qui rappelle celui de Pashupatinath; le temple de Batsala, avec sa cloche; etc. Tachupal Tole (ou Dâttatreya Tole) se situe à l'autre extrémité de la ville. La vaste esplanade rectangulaire, accueille en son centre le temple de Dâttatreya, bâti en 1427 sous le roi Yaksha Malla, d'un style archaïque, ainsi que deux colonnes supportant des statues, l'une de Vishnou, l'autre d'un griffon, qui se tournent le dos. A l'angle d'une ruelle adjacente se trouve la fenêtre du Paon, magnifiquement sculptée (la tête de l'oiseau ,arraché il y a quelques années, semble avoir été restaurée depuis). Parmi les autres points d'intérêt de Bhaktapur, on peut encore mentionner : plusieurs grands bassins (pokhari) : Rani, Siddha, Bhaiya, Ghuyia, à l'Ouest, et, à l'Est, Kamali; au Sud de Durbar square, Talako Tole, la place des potiers, sur laquelle les artisans font sécher leurs pièces et qui possède deux temples de Ganesh. Plus bas encore, le long de la rive de l'Hanumante, il existe un singulier petit sanctuaire à ciel ouvert dédié à Hanuman.
L'angle Nord-Est du Durbar square de Bhaktapur, avec la Porte d'or, le palais aux 55 fenêtres et la colonne de Bhupatindra Malla. Photos : © Serge Jodra, 2011. |
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