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Xuanzang (Hiouen-Tsang)
est un pèlerin chinois de l'époque des
Tang, qui visita l'Asie centrale et l'Inde,
de 629 à 645 ap. JC. Né à Tchin-lieou en 599, d'une famille distinguée,
il fit preuve, dès sa première jeunesse, de mérites exceptionnels, et
obtint à l'âge de treize ans l'entrée dans les ordres, sans être astreint
à l'examen préalable. Il alla tour à tour entendre les maîtres les
plus distingués et, troublé par leurs interprétations divergentes, il
résolut d'aller chercher en Inde, dans la patrie du bouddhisme,
les textes originaux et les explications traditionnelles. Malgré les ordres
impériaux qui fermaient rigoureusement la frontière chinoise pour éviter
des complications redoutées, il se mit en route en 629, encouragé par
un songe et soutenu par la complicité de fonctionnaires dévots. Il franchit
le grand désert de sable, traversa les royaumes des Ouïgours,
des Kao-tchang, d'Akini, de Kiu-tchi, de Po-lou-kia, tantôt accueilli
en grande pompe et honoré comme un hôte d'élite, tantôt maltraité,
incarcéré, menacé de mort, toujours calme et résolu. Il passa les monts
Ling-chang, longea le lac Issikoul, entra chez les Tou-kioue (Turks), descendit
au Sud par Tachkent, le Ferghana,
Samarcande,
les Portes de Fer, Bactres et Bamyan,
recueillant ou propageant la doctrine au hasard des rencontres, sur ce
rude chemin où le bouddhisme avait marqué sa voie par des couvents. En
mai 630, il passait l'Hindou-Kouch et foulait enfin le sol si désiré
de l'Inde.
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Xuanzang.
Les multiples États qui morcelaient Ã
ce moment l'Inde féodale marquent dès lors les laborieuses étapes du
voyageur; Xuanzang écoute, il discute, il copie, il s'informe, il explore,
mystique
comme un moine, pratique comme un Chinois. Son itinéraire suit les traces
vénérables du Maître Taxile, le Cachemire,
où il séjourna deux ans; le haut Pendjab, la Djoumna, le Gange et la
terre, sainte entre toutes, de Kapilavastou, où naquit le Bouddha;
Gaya, où il atteignit l'Intelligence Parfaite; Bénarès,
où il fit tourner la roue de la Loi; il resta près de deux ans
au couvent de Nalanda, sanctuaire glorieux des études bouddhiques.
Attiré par la réputation des moines singhalais, il entreprend de gagner
à pied le Sud de l'Inde pour s'y embarquer; mais arrivé à Kanchi (Conjeveram),
il apprend que l'île de Ceylan (Sri Lanka) est troublée par la guerre
civile, renonce à son projet, traverse le Deccan, rejoint la côte occidentale,
la suit jusqu'Ã l'Indus dont il remonte le cours, et retourne vers Nalanda.
Mais son nom est alors célèbre; les plus grands rois veulent voir le
pèlerin venu de si loin, à travers tant de périls, et qui s'est acquis,
même entre les moines de l'Inde, une éclatante réputation de science
et de sainteté.
Xuanzang se rend chez le roi du Kamaroupa
(Assam), mais l'empereur de l'Hindoustan, Harcha Vardhana Siladitya, le
réclame et menace de le ravir à son vassal par les armes, s'il le faut.
Il cède, et Harcha convoque en son honneur une assemblée religieuse,
où Xuanzang triomphe des hérétiques; il reste pendant six mois l'hôte
du roi, qui le comble de faveurs; mais, pressé d'assurer à ses compatriotes
le profit de ses labeurs, il se sépare de Harcha qui cherche en vain Ã
le retenir, et prend le chemin du retour. Lié par une promesse qu'il a
donnée au roi de Kao-tchang, il refuse de prendre la voie de mer, moins
pénible malgré les dangers d'une longue navigation, regagne l'Afghanistan,
escalade le Pamir avec une escorte de jour en jour réduite et un convoi
encombrant, coupe par le Kashgar, le Bhoutan,
le désert, touche la frontière de Chine le 1er
janvier 645.
Sa gloire l'a devancé partout la population
se presse sur son passage, impatiente de contempler l'intrépide voyageur
et d'adorer les saintes reliques
qu'il apporte. L'empereur Taizong, qui n'ose
plus lui reprocher son départ clandestin, prescrit à ses officiers de
le traiter avec des honneurs exceptionnels. Xuanzang arrive à Si-ngan-fou,
la capitale de l'Ouest, le 1er avril; malgré
les accidents et les pertes, il ramène les précieuses images du Bouddha
exécutées en Inde, et 657 ouvrages manuscrits. L'empereur le prie
d'accepter un poste de ministre; il s'excuse et il est nommé supérieur
du couvent du Grand Bonheur. Un comité de traduction, constitué par édit,
groupe autour de lui et sous sa direction les écrivains et les interprètes
les plus habiles, et publie en moins de vingt ans la version de 740 ouvrages,
en 1335 livres. Malgré cet énorme labeur, Xuanzang recueille en outre
ses notes de voyage, dont la rédaction est confiée par décret à Pien-k;
elles paraissent en 646, sous le titre de Ta thang-si-yu-ki,
Mémoires
sur les pays occidentaux au temps de la grande dynastie Tang. L'empereur
lui-même en écrit la préface. Taizong meurt en 649; son successeur Gaozong
témoigne au pèlerin la même vénération. Xuanzang, nommé supérieur
du couvent de la Grande Bienfaisance, ne quitte plus la personne de l'empereur.
Il meurt dans une sorte d'extase sainte en 664, à l'âge de soixante-cinq
ans. Un de ses disciples, Hoei-li, publia en 665 «
la Vie du Maître
de la Loi du couvent de la Grande Bienfaisance
»; Yen-tsong avait
complété la biographie.
La vie et les mémoires de Xuanzang sont
des documents d'une valeur incomparable pour l'étude de l'histoire et
de la géographie orientales au VIIe siècle;
observateur précis et consciencieux, versé dans les langues et les littératures
de la Chine et de l'Inde, Xuanzang a présenté dans un résumé substantiel
tous les renseignements propres à faire connaître les moeurs et coutumes,
la forme des vêtements, l'étendue grande ou médiocre des royaumes, l'abondance
ou la rareté des produits du sol. La science européenne n'a qu'à ratifier
le jugement du critique chinois. Il est permis d'affirmer que, sans Xuanzang,
l'histoire de l'Inde au VIIe siècle serait
encore un obscur chaos, l'histoire du bouddhisme sanscrit une énigme insoluble.
(Sylvain Lévi).
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En
bibliothèque. -
Stanislas Julien a traduit en français la biographie et les mémoires
: Histoire de la vie de Hiouen-tsang et de ses voyages dans l'Inde depuis
l'an 629 jusqu'en 645, par Hoei-li et Yen-tsong, suivis de documents et
d'éclaircissements géographiques tirés de la relation originale de Hiouen-tsang
(Paris, 1853). - Mémoires sur les contrées occidentales, traduits
du sanscrit en chinois en l'an 648, par Hiouen-tsang, avec un mémoire
analytique sur la carte, cinq index et une carte japonaise de l'Asie centrale
et de l'Inde ancienne (Paris, 1857-1858, 2 vol.). Beal a donné des
mêmes ouvrages une version anglaise qui diffère fort peu de Julien :
The Life of Hiuen-tsiang, by the Shamans Hwui li and Yeng-tsung, with
a preface containing on account of the works of I-tsing (Londres, 1888);
Buddhist Records of the Western World, translated from the chinese of
Hiuen-tsiang (A. D. 629) (Londres, 1884).
En
librairie. - Richard Bernstein, Le
Voyage ultime (sur les pas de Hsung Tsang, le moine bouddhiste qui traversa
l'Asie en quête de la vérité), éd. Sully, 2004. |
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